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PROCÉDURE PÉNALE
Le cours de procédure pénale vise aussi à déterminer les règles qui doivent
être suivies et les formes à respecter pour la constatation et la poursuite des
infractions pour l’établissement de preuves, et le jugement du délinquant à
l’audience.
Introduction :
Il faut retrouver les bons coupables des infractions, il faut éviter les erreurs
judiciaires et donc il y a un autre impératif essentiel, c’est la recherche de la
vérité. Plus les autorités qui vont rechercher les preuves, que ce soit des
policiers ou des juges, vont avoir des pouvoirs contraignants, vont pouvoir
retenir une personne pour l’interroger, entrer de force dans des appartements
pour les perquisitionner, plus elles ont de chances de parvenir à la vérité. Mais
en échange si elles ont trop de pouvoirs contraignants, elles vont porter
atteinte à la liberté, réputation, dignité de la personne, de gens qui n’y sont
pour rien.
C’est pourquoi, il y aura trois parties. A la fin d’une enquête de police, elle va
rendre compte de cette enquête au Parquet et il va décider de poursuivre ou
de ne pas poursuivre.
Ne pas poursuivre c’est ne rien faire qui s’appelle classement sans suites. Si
on a une personne qui a avoué et qui est délinquant primaire, le parquet peut
décider que cela ne vaut pas le coup de poursuivre devant le tribunal et le
parquet proposera une mesure. La décision de ne pas poursuivre sera
toujours homologuée d’un juge du siège.
· Soit parce que des éléments nouveaux laissent penser qu’un innocent a
peut être été condamné (on peut reprendre le procès),
· Soit si il apparait par une décision de condamnation de la France par la
CourEDH que l’individu qui a été condamné définitivement n’a pas vu tous
ses droits, et notamment ses droits de la défense, respecté (il pourra y
avoir un recours en réexamen suite à une condamnation de la France par
la CourEDH).
La procédure pénale aboutie à une décision de relaxe ou d’acquittement ou
de condamnation. C’est parce que le procès pénal conduit à une décision
aussi importante pour l’individu qu’à titre exceptionnel, on a admis des recours
contre une décision définitive, recours qu’il n’existe qu’en matière pénale.
C’est une spécificité pénale parce que c’est trop grave pour la personne
condamnée.
Dans une procédure civile, le demandeur comme le défendeur est une partie
privée. Dans un procès pénal, le défendeur, celui auquel on va imputer les
faits et qui bénéficie la présomption d’innocence, est aussi une personne
privée, physique ou morale. En revanche, dans un procès pénal, le
demandeur, celui qui a intérêt à ce qu’on retrouve les coupables et à ce qu’on
les sanctionne, est celui qui est responsable de l’ordre public. Le demandeur
dans un procès pénal est l’Etat parce qu’il a intérêt dans un souci d’ordre
public à ce qu’on retrouve les coupables, à ce qu’ils soient sanctionnés et
l’Etat est représenté par des magistrats qui ne jugent pas, qui appartiennent
au Parquet (ou ministère public).
Dans un procès civil le ministère public donne son avis sur la bonne
application de la loi alors qu’au pénal il en demande au juge l’application. au
pénal seulement les magistrats du ministère public sont demandeur en ce
qu’ils représentent l’Etat et donc ne peuvent nullement participer au jugement
car on ne peut pas être juge et partie. Le ministère public est dans la
hiérarchie sous les ordres du garde des sceaux, ce qui est discuté. Le
ministère public a comme fonction d’être demandeur dans un procès pénal.
La ressemblance est que dans un cas comme dans l’autre le jugement sera
fait par un tribunal indépendant, et notamment indépendant de l’exécutif, c'est-
à-dire un tribunal de l’ordre judiciaire.
Le droit pénal a une vie indépendante de la procédure pénale par les règles
qu’il impose à tout citoyen de ne pas commettre telle ou telle infraction, pour
éviter un procès et une sanction. Par son caractère prescripteur didactique, il
a une vie complètement indépendante du procès. La procédure pénale n’est
pas systématiquement la matière des gens malhonnêtes mais la matière qui
peut tomber sur n’importe quel citoyen.
On va voir dans les sources de procédure pénale qu’on a non seulement les
principes supra-législatifs sur le plan interne du bloc de constitutionnalité, sur
le bloc international les principes issus de la CEDH et du pacte international
des droits civils et politiques, mais encore en tête du code de procédure pénal
il y a des principes préliminaires auxquels toutes les règles de procédure
pénale doivent obéir.
III. Les sources de procédure pénale
Décision du 30 juillet 2010 : le CC a dit que certes la garde à vue a déjà été
examinée par le CC en 1993, mais depuis, le nombre de garde à vue, même
pour les infractions mineures a explosé. Et la garde à vue est dans la plupart
des affaires le moment essentiel de recherche des preuves. Compte tenu de
ces éléments, de l’importance de ce moment de la garde à vue, les garanties
accordées ou gardées à vue sont insuffisantes. C’est pourquoi le CC a déclaré
la garde à vue telle qu’elle est, est inconstitutionnelle. Mais si on fait tomber la
garde à vue, l’interpellation du coauteur ne sert à rien et donc il est sauvé. Le
CC a dit certes que c’est inconstitutionnel mais pour l’instant il faut bien
continuer comme cela. Et donc il a reporté la déclaration d’inconstitutionnalité
au 1er juillet 2011.
La chambre criminelle statut dans une affaire déterminée. Notre prof a été
convaincu par l’argument de sécurité juridique. on ne s’en serait pas sorti
d’être obligé en attendant la loi nouvelle d’annuler systématiquement toutes
les gardes à vue.
En revanche, on verra qu’il y a dès lors qu’il s’agit d’infractions graves (torture,
meurtre etc.) limitativement énumérées par le législateur, commises en bande
organisée, le législateur a prévu des règles particulières de garde à vue qui
peuvent être longue et surtout dans lesquelles l’entretien avec l’avocat, c'est-
à-dire le seul moment où quelqu’un peut vérifier que les policiers agissent en
toute régularité, est reporté. Alors qu’en droit commun il intervient tout de
suite, l’entretient de 30 minutes est reporté au bout de 48h de garde à vue, et
même pour le trafic de stupéfiant et terrorisme au bout de 72h. Le Conseil
constitutionnel en 2004 l’avait déclaré conforme à la constitution. Or la
criminalité en bande organisée n’a pas explosé en nombre. Du coup, le
Conseil constitutionnel sur la garde à vue sur ces affaires, a dit qu’il l’avait
déjà vu et considéré que l’atteinte à la liberté d’aller et venir et atteinte aux
droits de la défense, n’est pas une question nouvelle et donc il ne peut/veut
rien dire.
La chambre criminelle est allée plus loin : elle a dit que le report de l’entretien
de 30 minutes avec l’avocat comme c’est le cas pour toutes les affaires de
criminalité organisée, est également contraire aux droits de la défense de
l’article 6 de la CEDH parce que ce report est automatique pour toute une
catégorie d’infraction, alors que pour être conforme à l’article 6 qui admet que
certaines circonstances obligent à limiter les droits de la défense, il ne devrait
résulter que de circonstances particulières à chaque personne gardée à vue.
Et on verra que le législateur a l’air d’être en train d’en tenir compte.
On peut être privé de liberté pendant 48h sans être traduit devant l’autorité
judiciaire indépendante (pour criminalité organisée). On se dit que 48h on est
presque à « l’aussitôt ».
Arrêt du 15 décembre 2010 : bien que le ministère public ne soit pas une
autorité judiciaire indépendante, une garde à vue de 25h et 5 minutes (et donc
prolongée) est régulière en raison de sa brièveté. C’est une garde à vue à
peine prolongée. Ca veut dire qu’il reste une incertitude. Si on a une garde à
vue de 46h on ne sait pas ce que déciderait la chambre criminelle.
B. La loi
En matière de procédure pénale, il n’y a pas de chose moins grave, tout est
essentiel. Tout doit venir du législateur lui-même. Chaque règle de procédure
pénale pose une question de garantie des droits fondamentaux, notamment
des droits de la défense.
Loi du 9 septembre 1986 : créé une cour d’assises sans jurés. Certains
crimes seraient jugés sans juré. Ca changeait certaines règles de procédure.
Pour la cour d’assises de droit commun avec juré, pour que l’individu soit
reconnu coupable d’un crime il faut une majorité qualifiée, c'est-à-dire plus
qu’une voix de différence. Alors que dans la cour d’assises sans jury il suffit
d’une majorité simple des magistrats professionnels pour que l’individu soit
reconnu coupable. C’est pourquoi, logiquement le législateur avait décidé
quand il a créé cette cour d’assises sans jury, qu’elle ne pourrait juger que des
crimes de terrorismes commis après sa promulgation puisqu’elle supprimait un
avantage au justiciable. On l’avait fait pour éviter que les jurés ne subissent
des pressions.
La cour d’assises chargée de juger les crimes en principe comprend des jurés
populaires tirés au sort. Seule la cour d’assises chargée de juger des crimes
comporte des jurés populaires.
Toute cette règlementation est sous tendue par les principes supra-législatifs
mais aussi sous-tendu par quelques principes qui n’ont que valeur législative
et qui sont inscrits en tête du code de procédure pénale il y a un article
préliminaire à valeur législative dans lequel sont énumérés tous les grands
principes qui sous-tendent la règlementation inscrite dans les articles suivants.
· équitable
· contradictoire
Il faut être sur que le magistrat demandeur ne puisse pas décider que le
parquet soit cantonné dans son rôle de demandeur et pas décideur. C’est
pourquoi il est indiqué qu’il doit y avoir séparation des autorités chargées de
l’action publique ( : celle qui est demandeur au procès pénal) et des autorités
de jugement. L’action publique tend à imposer une sanction pénale, par
opposition à l’action civile qui tend à réparer un dommage fut il né d’une
infraction. Séparation du parquet dans son rôle de demandeur et des juges du
siège dans leur rôle de décideur. L’autorité judiciaire veille à l’information et à
la garantie des droits des victimes au cours de toute la procédure pénale, ca
peut être même dès l’enquête. Dans la phase judiciaire la victime peut être
demandeur à côté du procureur de la république. Ensuite il y a les droits des
personnes poursuivies.
A quoi sert l’article préliminaire qui n’a que valeur législative alors que tout est
dans le bloc de constitutionnalité ou au moins dans ce que le conseil
constitutionnel a tiré du bloc de constitutionnalité. C’est aussi dans ce que la
CourEDH a tiré de la CEDH. On peut aussi dire que cet article officialise la
volonté du législateur de respecter ces grands principes. L’article préliminaire
a été inscrit au code par la loi du 15 juin 2000 mais en tête du code que
depuis la loi de 2000. Au fur et à mesure les avocats ont pris l’habitude
d’invoquer l’article préliminaire en même temps que la CEDH et du coup bien
souvent la chambre criminelle quand elle prend une décision, invoque à la fois
les deux textes.
Arrêt du 15 juin 2010 : il s’agissait d’un individu poursuivi qui avait choisi son
avocat. Et pas de chance, le jour de l’audience l’avocat n’était pas disponible
et donc il avait demandé par télécopie avant l’audience le renvoie du dossier à
une autre audience pour qu’il puisse être disponible et les juges ne s’en
étaient pas préoccupés. Il n’y a pas eu de réponse du tout. L’avocat s’en est
plaint et a obtenu gain de cause devant la cour de cassation qui a considéré
qu’en vertu du code préliminaire du code de procédure pénale et de l’article 6
§ 3 de la CEDH, toute personne poursuivie avait droit à l’assistance d’un
avocat de son choix et si on n’a pas de quoi le payer le droit de s’en faire
donner un d’office. Sinon le droit à l’assistance d’un avocat il n’est pas
complet. Les juges sont arrivés à la conclusion que le tribunal aurait du
répondre à la demande de renvoie de l’avocat et elle a cassé la décision. La
personne a eu gain de cause à la fois sur le fondement interprété de la
chambre criminelle, de la CEDH et de l’article préliminaire.
On a un projet de loi qui prévoit des situations dans lesquelles soit la présence
de l’avocat est retardée soit au moins la présence lors des auditions. Une
personne qui est entendue sans contrainte peut quand même avouer
n’importe quoi ou ce qu’elle a fait. Le projet prévoit de rajouter quelque chose
à l’article préliminaire : aucune condamnation ne pourrait être prononcée
uniquement sur des propos tenus hors de la présence d’un avocat.
Partie 1 : les investigations de la police
La police a une double fonction : à la fois une fonction de police administrative
et une fonction de police judiciaire. Et toutes personnes qui ont des pouvoirs
de police ont cette double fonction. La police administrative tend au maintien
de l’ordre, c'est-à-dire à la prévention des infractions. La police a un pouvoir
de surveillance et d’injonction. La police judiciaire consiste à constater les
infractions et à en rechercher les auteurs. C’est en plein de la procédure
pénale. Mais il n’y a pas forcément de cassure nette entre les deux rôles.
La police au sens stricte est composée d’une police nationale et d’une police
municipale mais la police municipale a surtout une mission de surveillance et
d’assistance, c'est-à-dire de police administrative, elle peut collaborer à des
missions de police judiciaire mais jusqu’à présent sans moyen de coercition
sur les personnes. La police nationale comporte plusieurs directions comme la
sureté publique pour la petite et moyenne délinquance. Le service même de
police judiciaire s’occupe de la grande criminalité.
Quels sont les droits des individus qui travaillent dans ces différents services ?
Les OPJ ont les pouvoirs de contrainte ! Ca veut dire aussi bien
perquisitionner de force lorsqu’il y a flagrant délit et éventuellement dans
l’enquête préliminaire en l’absence de flagrant délit mais il faut l’autorisation
d’un juge du siège. L’APJ ne peut pas aller perquisitionner de force. Seule
l’OPJ peut décider de nous placer en garde à vue.
La liste des OPJ est donnée par l’article 16 du code de procédure pénale : les
maires et leurs adjoints, les membres les plus gradés de la gendarmerie, les
officiers et les membres commissaires de la police nationale.
Les APJ sont indiquées aux articles 20 et 21 du CPP : les agents supérieurs
de police judiciaire sont des inspecteurs de la police nationale et des
gendarmes qui n’ont pas la qualité d’OPJ.
Les APJ peuvent constater les infractions à travers des procès verbaux. En
principe les APJ adjoint ne peuvent pas le faire. Les APJ adjoint rendent
compte à leurs agents supérieurs des rapports. En matière de circulation les
APJ adjoints peuvent constater eux-mêmes des infractions et dresser des
procès verbaux.
Celui qui a pour fonction le maintien de l‘ordre public, celui qui est intéressé au
déroulement des enquêtes de police, ce sont les membres du Parquet, les
membres du ministère public. le chef de chaque Parquet au premier degré est
le procureur de la république. la direction des opérations de police judiciaire
appartient au procureur de la république.
En vertu de l’article 41 alinéa 4 du CPP le procureur de la république « a
tous les pouvoirs et prérogatives attachées à la qualité d’officier de police
judiciaire ». Il dirige l’enquête et en même temps il a les pouvoirs de contrainte
dans les limites fixées par le législateur. Il peut se déplacer sur les lieux et à
partir du moment où il est sur les lieux il peut accomplir lui-même les actes de
police dans les limites fixées par la loi.
Il y a aussi des gens qui ont des missions ponctuelles de police judiciaire pour
certaines infractions.
Depuis une loi de décembre 2009 qui a inclus au CPP un article 28-2 : les
agents des services fiscaux en matière d’infraction fiscale ont aussi des
pouvoirs de police judiciaire, selon le même schéma que les agents des
douanes.
Tous ces agents doivent avoir l’autorisation et être contrôlés par un juge
judiciaire. Par ailleurs, on pourrait dire que tout citoyen a le pouvoir le plus
léger de police qui est le pouvoir d’interpeller (mais pas arrêter) et de retenir
sur place en attendant la police l’auteur d’un crime ou délit flagrant (celui qui
est entrain de se commettre ou qui vient de se commettre). C’est l’article 73
du CPP qui énonce que « toute personne a qualité pour appréhender l’auteur
d’un crime ou délit flagrant et pour le conduire devant l’OPJ le plus proche ».
Mais on doit utiliser le moins de violence possible, sous peine de perdre cette
permission de la loi.
I. La mission de la police
Mission de police administrative : pour la prévention des infractions, consiste
non seulement à surveiller mais aussi à rassurer, voir à aider. Cette mission
comporte aussi un minimum d’actions sociales.
Les officiers de police judiciaire vont agir sous le contrôle du parquet sous le
contrôle du juge d’instruction s’il est désigné pour aller voir s’il y a des charges
suffisantes. Donc on retrouve la police dans l’enquête de police et puis une
fois les poursuites judiciaires entamées dans le cadre de l’instruction et
exécutant les missions confiées par le juge d’instruction.
Loi dite sécurité liberté de février 1981 qui a réglementé tous ces contrôles
d’identité qui préalablement appartenaient au non droit. Changement de
majorité avant un loi du 10 juin 1983, on a débattu de la nécessité de
maintenir ces contrôles d’identité de police administrative. On a donné des
arguments de droit comparé, ces contrôles existent en GB, Belgique et Suisse
par exemple. Il vaut mieux les avoir règlementé. Depuis 1983 on n’a jamais
songé à supprimer la réglementation des contrôles d’identité des polices
administratives. Il y a des réformes qui ont étendues la possibilité de contrôle
d’identité. La cour de justice de l’UE pourrait restreindre.
Arrêt de la 1ère chambre civile du 10 mai 2006 : cette fois ci il a juste fait un
demi-tour sur un marché à la vue des policiers. La cour de cassation a
considéré que ca ne constituait pas une raison plausible de soupçonner qu’un
individu avait commis une infraction.
Si ce sont des arrêts de la 1ère chambre civile c’est parce qu’ c’est dans le
cadre d’une procédure administrative même s’il pourrait y en avoir en théorie
une pénale.
En vertu du 2ème alinéa de l’article 78-2 du CPP, les contrôles sont possibles
dans des lieux et pour des périodes de temps déterminées sur réquisition
écrite du procureur de la république aux fins de recherche et de poursuite
d’infractions qu’il précise. La cour de cassation a précisé que le procureur n’a
pas besoin de démontrer que dans les lieux où il le fait il y a beaucoup
d’infraction. Pour les infractions concernant le terrorisme, les armes,
stupéfiants, les vols aggravés, sur réquisition les véhicules peuvent être visités
selon l’article 78-2-2 du CPP. Tout ca ce n’est que de la police judiciaire.
Il y a deux sortes :
En revanche, le procès verbal de contrôle doit indiquer en quoi dans les lieux
où le contrôle a été fait, il y avait un risque réel d’atteinte à l’ordre public.
2) Les contrôles frontaliers sont justifiés uniquement par les lieux où l’on
veut vérifier les titres de séjour
A l’heure actuelle, le code les prévoit dans les ports, aéroports, trains
internationaux jusqu’au premier arrêt en France, gares ferroviaires et routières
ouvertes au trafic international. Il faut une zone située à 20km en deçà de nos
frontières avec les Etats Schengen.
C’est un contrôle pour vérifier les titres de séjour, il n’est pas lié à un risque
quelconque d’atteinte à l’ordre public. Systématiquement les contrôles
peuvent être faits dans ces lieux et ils sont officiellement pour vérifier les titres
de séjour. En revanche, ils ne sont fait que pour vérifier les titres de séjour et
ils ne doivent pas être détournés de leur objet c'est-à-dire par exemple
permettre à un contrôle de police judiciaire dans les conditions extralégales.
Quand on va loin dans la recherche des preuves c’est normal que ce soit un
juge judiciaire avec toutes les garanties qui s’en mêlent. Le juge d’instruction a
plus de pouvoir que les policiers dans l’enquête et il présente pour les citoyens
plus de garantie statutaire en tant que juge judiciaire.
La police peut voir les informations venir à elle ou au contraire aller les
chercher et les constater d’elle-même.
Exception : sauf pour les crimes commis sur les mineurs de moins de 15 ans
pour les parents en ligne directe et pour les personnes astreintes au secret
professionnel.
S’agissant des procès verbaux par lesquels la police constate les infractions,
article 430 du CPP : les procès verbaux ne valent qu’à titre de simple
renseignement. En principe la parole du policier n’est pas plus importante que
la parole du n’importe quel témoin. Le principe de preuve en matière pénale
est gouverné par un principe d’intime conviction du juge. Ca signifie que le
juge attache l’importance qu’il veut à chaque élément de preuve. Le juge
détermine à lui seul la crédibilité qu’on peut avoir dans tel ou tel élément de
preuve. En pratique, du fait de l’intime conviction il est possible que le juge
leur attache plus d’importance qu’à des dénonciations émanent de simples
particuliers. Mais de toute façon, et d’un stricte point de vue législatif, le
principe souffre des exceptions.
Ca joue aussi pour certains délits comme les délits à la police des chemins de
fer, les infractions à la législation du travail qui sont constatés normalement
par les inspecteurs du travail, et s’ils constatent que les règles d’hygiène et de
sécurité n’ont pas été respectées, cette constatation ne fait foi que jusqu’à
preuve contraire par écrit ou témoin. La jurisprudence l’interprète strictement.
A. Les perquisitions
On a une exception dans la loi qui donne plus de pouvoir de coercition aux
policiers. Pour les enquêtes relevant de cette matière la police va pouvoir
fouiller de nuit. Il s’agit de la criminalité en bande organisée. S’il s’agit d’une
enquête portant par exemple sur des faits de meurtre en bande organisée,
qu’il y a flagrant délit, la fouille de nuit est possible même dans les lieux
d’habitation. S’il s’agit d’une enquête préliminaire de criminalité en bande
organisée, les fouilles de nuit sont possibles en dehors du lieu même
d’habitation, dans les dépendances du lieu d’habitation, c'est-à-dire dans les
caves et garages.
Une juge du siège ce n’est pas l’OPJ qui va aller voir le juge pour avoir
l’autorisation. L’OPJ qui veut aller de nuit rapidement faire une fouille en
criminalité organisée s’adressera au procureur de la république et c’est le
procureur de la république qui demandera l’autorisation de cette perquisition
de nuit uniquement pour la criminalité en bande organisée au juge des libertés
et de la détention. La perquisition de nuit est subordonnée à l’autorisation du
JLD suite à une requête du procureur de la république.
En vertu de l’article 56-1 du CPP qui a été complété par une loi de 2005, les
perquisitions dans les cabinets d’avocat ne peuvent être faites que par un
magistrat (le procureur de la république puisqu’on est dans l’enquête) en
présence du bâtonnier de l’ordre qui a seul le droit de prendre connaissance
des documents. La loi de 2005 a précisé que pour que la perquisition soit
possible il fallait une décision écrite, toujours du procureur de la république,
indiquant la nature des infractions sur lesquelles portent l’enquête, les raisons
justifiant la perquisition. Et à peine de nullité, aucune saisie ne peut concerner
les documents relatifs à d’autres infractions. En outre, le bâtonnier peut
s’opposer à la saisie d’un document. Lorsque le bâtonnier s’oppose à la saisie
d’un document, le débat est porté devant celui qui fait arbitre lorsqu’il y a un
vrai problème dans l’enquête de police c'est-à-dire devant le JLD qui au vue
des pièces communiquées, doit décider si ca peut être saisi ou non dans les 5
jours. Il rend une ordonnance motivée non susceptible de recours.
Article 56-3 du CPP : les perquisitions aux cabinets des médecins, notaires,
avoués ou huissiers ne peuvent être faites que par un magistrat (procureur de
la république car on est dans l’enquête de police) en présence d’un
responsable de l’ordre ou de l’organisation professionnelle.
Il y a des dispositions particulières pour les perquisitions dans les locaux des
entreprises de presse pour préserver la liberté de l’information. Ces
dispositions particulières sont prévues à l’article 56-2 du CPP. La dernière
modification date d’une loi du 4 janvier 2010. On a calqué les perquisitions
dans les locaux d’entreprise de presse sur les perquisitions dans les cabinets
d’avocat depuis cette loi de 2010. Il doit y avoir une décision écrite du
procureur qui précise sur quelles infractions portent l’enquête, les raisons de
la perquisition. C’est un journaliste du local qui prend connaissance des
documents et qui peut s’opposer à la saisie avec le même système de
contestation tranchée par le JLD. Et la loi de 2010 précise que le magistrat, ici
le procureur, veille au respect du secret des sources et à l’absence
d’obstacles ou de retard injustifiés à la diffusion de l’information.
Cette règle signifie que l’annulation ne sera prononcée que si la personne qui
invoque l’irrégularité peut prouver que cette irrégularité lui a causé un
préjudice (grief). Le but de cette règle est d’éviter qu’un plaideur invoque la
nullité ou à des fins dilatoires ou pour le seul plaisir d’échapper à la justice,
d’échapper au jugement. Il faut qu’il y ait eu irrégularité mais aussi que ca lui
ait causé un préjudice. Qu’est ce qui se serait passé si la perquisition avait été
régulière ? On aurait empêché la ruse du policier qui amènerait lui-même
l’objet recherché dans l’appartement. Si on avait été là on aurait peut être pu
empêcher que le policier aille fouille à tel endroit. Quand est ce que
l’irrégularité a causé un grief ? On ne sait pas exactement ce qui s’est passé.
Dans l’affaire du 3 avril 2007, l’occupant a émis des réserves, a protesté, a dit
que c’était une ruse puisqu’il n’était pas là, pas de représentant et pas de
témoin. On ne peut pas être sur que la perquisition ne comporte pas une ruse.
Quand est ce que l’annulation sera refusée au motif qu’il y a irrégularité mais
qu’elle n’a causé aucun préjudice ? Si les policiers n’ont rien trouvé de
compromettant en fouillant l’appartement, et que c’est irrégulier, ca n’a causé
aucun préjudice, ca n’a aucun intérêt de demander la nullité. La question est
de savoir lorsque l’individu proteste. La jurisprudence décide qu’il n’y a pas de
préjudice lorsque l’occupant n’émet aucune contestation sur l’origine des
objets découverts.
Arrêt du 15 juin 2000 : une perquisition et une saisie au domicile d’un individu
qui n’était pas là car il était gardé à vue au commissariat et sans qu’il ait
désigné un représentant et sans témoin. Ils reviennent au commissariat avec
des objets compromettant. Les policiers lui montrent les objets et l’individu
n’émet aucune contestation. Ensuite, il est poursuivi à la suite de l’enquête de
police, l’avocat tombe sur le PV de perquisition, il demande l’annulation et
s’est fait refuser. La cour de cassation a dit que l’irrégularité n’a pas eu pour
effet de porter atteinte aux intérêts du prévenu puisqu’il n’a émit aucune
contestation sur l’origine des objets lorsqu’ils lui ont été présentés durant sa
garde à vue. La règle pas de nullité sans grief est susceptible de rassurer car
il faudra prouver un préjudice et c’est très difficile, il faut prouver que ca se
serait passé autrement si l’acte avait été régulier.
Est-ce qu’il y des cas où la fouille d’un lieu privé peut être faite sans le
consentement de l’occupant ?
On dit qu’il y a perquisition forcée lorsque la fouille est faite par la police sans
l’accord de l’occupant des lieux. Ca n’est pas toujours possible, on est que
dans l’enquête de police et pas judiciaire. Il y a une catégorie d’enquête où les
perquisitions forcées sont possibles : dans les enquêtes de flagrance.
En revanche lorsque la dénonciation n’est pas anonyme, elle peut, selon les
circonstances, valoir indice apparent d’infraction flagrante.
Arrêt du 1er octobre 2003 : un utilisateur d’internet qui révèle à la police la
détention par un autre utilisateur de photos de mineurs à caractère
pornographique. Il s’agissait d’un indice apparent de l’infraction. Il n’y avait pas
eu de ruse.
Arrêt du 12 mai 1992 : on sonne chez une personne, c’est les policiers qui
disent qu’ils veulent fouiller l’appartement. On dit non. Mais trop tard, ils ont
aperçu des sacs contenant des objets bizarres, l’ensemble des objets qu’ils
étaient en train de chercher. A partir du moment où ils voient un indice
apparent de l’infraction qui est entrain de se commettre (recel), ils peuvent
faire une perquisition sans leur consentement.
La police ne peut fouiller de force que s’il y a eu une infraction qui est en train
ou qui vient de se commettre et surtout qu’elle dispose d’indices apparents de
cette infraction, sachant que des dénonciations anonymes non corroborés par
d’autres éléments ne sont pas susceptible de constituer un indice apparent
d’infraction.
Le reste des indices vont provenir de la parole des individus. Cette parole de
l’individu est normalement recueillie au cours d’audition par la police. Et à ce
stade il n’y a que des personnes soupçonnées et donc on parle seulement
d’audition et pas d’interrogatoire. Mais exceptionnellement, les policiers vont
pouvoir se servir des paroles d’une personne à son insu. Il va donc pouvoir y
avoir des écoutes téléphoniques.
Article 706-95 du CPP : les écoutes doivent être autorisées par le JLD sur
requête du procureur de la république. On a donc un double verrou. Autorisé
pour 15 jours renouvelables une fois. Les opérations d’écoute sont faites sous
le contrôle du JLD. Il s’agit d’infractions énumérées à l’article 706-73 du CPP.
A l’heure actuelle, toutes ces personnes peuvent être placées en garde à vue.
Ca veut dire en théorie l’OPJ a toute possibilité de placer en garde à vue.
C’est pace que les OPJ ont tout loisir de placer en garde à vue, même pour
des délits mineurs. Il y avait une cour d’appel qui avait accepté d’annuler la
garde à vue en disant aux policiers qu’elle ne nécessitait pas à l’enquête. La
chambre criminelle a cassé : la décision de placer en garde à vue une
personne soupçonnée d’avoir commis une infraction relève d’une faculté que
l’OPJ tient de la loi et qu’il exerce sur le contrôle du procureur.
Exemple: dans une enquête pour outrage, une garde à vue avait été
contestée et la Cour d’appel a accepté de l’annuler. La chambre criminelle de
la Cour de cassation a cassé : «La décision de placer en garde à vue une
personne soupçonnée d’avoir commis une infraction relève d’une faculté que
l’OPJ tient de la loi et qu’il exerce sous le seul contrôle du procureur».
Le projet de loi prévoit à ce sujet que la garde à vue ne peut être décidée que
si elle est indispensable à l’enquête soit pour maintenir la personne à
disposition de la police, soit pour l’empêcher de faire disparaître ces preuves
ou pour faire cesser une infraction.
Les mineurs de moins de 13 ans, ne peuvent pas être placés en garde à vue
même quand ils sont soupçonnés, mais les mineurs de 10 à 13 ans peuvent
être retenus en cas d’indices graves ou concordants de commission de crime
ou de délit pour lequel la peine est supérieure à 5 ans. Ils peuvent être
retenus pour le temps nécessaire à leur déposition sur réquisition du
procureur pour une durée qui ne doit pas dépasser 12h renouvelable une fois.
Le texte dit pour 24h maximum renouvelables une fois sur autorisation écrite
et motivée du procureur auquel en principe le gardé à vue doit être présenté.
Ces durées de droit commun ne sont pas appelés à changer. La seule chose
qui devrait changer est que la prolongation ne pourrait pas avoir lieu lorsque
l’enquête porte sur des faits pour lesquels la peine encourue est inférieure à
1an.
Une loi de 2006 a prévu une prolongation au-delà des 48h de deux fois 24h et
donc on arrive à 6 jours. Ces nouvelles prolongations ne sont possibles que
sur autorisation du JLD lorsqu’il y a un risque sérieux de l’imminence d’une
action terroriste en France ou à l’étranger ou une nécessité impérative de
coopération internationale.
La garde à vue s’accompagne de garanties :
La première est que la garde à vue est enregistrée lorsqu’il s’agit d’une part
d’une garde à vue de mineurs (en toute matière) et d’autre part de majeur en
matière criminelle.
Une loi de 2007 a dit que lorsque l’enregistrement ne peut être effectué en
raison d’une impossibilité technique, il en est fait mention au PV
d’interrogatoire qui précise la nature de cette impossibilité et que le procureur
en est immédiatement avisé. Là-dessus, la chambre criminelle est assez
stricte et il y a eu une affaire où les policiers n’avaient pas enregistrés en
matière, la chambre criminelle a considéré que la condition d’enregistrement
n’avait pas été remplie.
Il y a un droit que possède le gardé à vue et qui ne lui est pas notifié. Pendant
1 an entre 2002 et 2003 ce droit a été notifié, on avisait la personne gardée à
vue qu’elle avait le choix de faire des déclarations, de répondre aux questions
ou de se taire. En d’autres termes, la personne gardée à vue qui n’est pas
forcément juriste, était informée qu’elle pouvait se taire et elle était informée
dès le début de la garde à vue. Et puis ca a été supprimé par une loi du 18
mars 2003.
De quoi est il informé et dont il sera toujours informé dans la loi nouvelle ?
Article 63-3 du CPP : le gardé à vue est prévenu qu’il a droit à un examen
médical au plus tard dans les 3h à partir du début de la garde à vue, à sa
propre demande mais aussi à la demande du procureur ou de l’OPJ lui-même.
S’il y a une prolongation au bout des 24h, l’examen médical peut être
demandé une seconde fois en cas de prolongation. On ne peut pas choisir
notre médecin, il est désigné par le procureur ou par un OPJ et son rôle
essentiel est de se prononcer sur l’aptitude au maintien en garde à vue. Et on
le prévient de son droit à s’entretenir avec un avocat. Il s’agit uniquement d’un
entretien de 30 minutes avec un avocat, si on en a un on peut faire appeler le
sien, sinon on demande qu’on nous en désigne un.
Cet entretien a lieu dès la première heure de garde à vue. Pas plus que les
interprètes, les avocats sont en train d’attendre le client au commissariat et
donc il faut tout de suite que le policier appelle un avocat. En d’autres termes
c’est tout de suite qu’on a droit à l’entretient mais concrètement ce n’est pas
tout à fait tout de suite que l’avocat sera là. Quand il arrive l’avocat est informé
de la nature et de la date présumée de l’infraction. Et pendant 30 minutes il
répondra aux questions du gardé à vue et au passage il vérifiera que les
garanties de la garde à vue ont été respectées. A l’heure actuelle l’avocat n’a
pas accès aux procès verbaux d’audition, il n’assiste pas aux auditions. Et
donc il est là seulement pour rassurer et vérifier l’apparente régularité de la
garde à vue, il n’exerce pas de droit de la défense. S’il y a prolongation il a
encore 30 minutes, en principe au début de la 25ème heure.
Projet :
Arrêt du 4 janvier 1996 : une personne est placée un soir en garde à vue
alors qu’elle est en état d’ébriété, on lui notifie pas ses droits et on la met en
cellule de dégrisement. La logique aurait voulu que le lendemain matin on lui
notifie ses droits et qu’ensuite on l’auditionne. Mais le lendemain matin on l’a
fait sortir de la cellule, on l’auditionne et ensuite on lui notifie les droits. Du
coup le retard marche plus ici. Si elle était en mesure de répondre c’est qu’elle
était en mesure de comprendre ses droits et donc il n’y a plus la circonstance
insurmontable.
Il faut qu’il soit fait, sous peine de nullité, mention au PV des diligences
accomplies par l’OPJ pour faire prévenir un avocat et donc pour permettre
l’entretien le plus rapidement possible.
La poursuite de la garde à vue d’une personne dans des conditions qui sont
selon le constat médical incompatible avec son état de santé, porte
nécessairement atteinte à ses intérêts. la jurisprudence de la chambre
criminelle est plutôt libérale car sauf force majeure toute irrégularité fait
automatiquement annuler la garde à vue. La chambre criminelle, après avoir
prévu le principe de l’annulation automatique de la garde à vue, la chambre
criminelle en limite l’étendue. D’abord seule la garde à vue peut être annulée
et pas ce qui l’a précédé. Ce qui veut dire concrètement que si on a été
interpelé en flagrant délit, même si on nous a pas notifié les droits tout de
suite, l’interpellation elle-même en flagrant délit est parfaitement valable et
même si toute la garde à vue ensuite est annulée, on peut parfaitement être
poursuivi. Ces poursuites se fonderont sur l’interpellation et la constatation
directe par la police. Seule la garde à vue peut être annulée et pas
l’interpellation qui l’a précédé.
Article 173-1 du CPP : les demandes de nullité qui sont faites en cas de
poursuite pour qu’on retire les PV du dossier, doivent être présentés tout de
suite devant le TC et s’il s’agit d’une instruction, dans un délai relativement
bref qui est de 6 mois à compter du moment où le juge d’instruction nous
impute les faits, c'est-à-dire nous constitue défendeur, c'est-à-dire nous met
en examen. Les nullités doivent être invoquées rapidement pour ne pas
constituer un moyen dilatoire.
- ou il rentre chez lui et repart libre sans citation à comparaître : le parquet va-
t-il décider de poursuivre ou de classer ?
A l’issu de la garde à vue il est possible que le gardé à vue soit déféré devant
le représentant du ministère public (celui qui a la charge de poursuivre).
Comment cela va se passer ? L’OPJ va téléphoner au procureur. Le
représentant du parquet lui rendra une déposition qui lui permettront de
prendre sa décision.
Il faut qu’il y ait eu non seulement le procureur mais aussi que celui-ci ait eu le
temps de l’envoyer devant un juge du siège. Et du coup, le projet a suivi cette
position du CC, c'est-à-dire qu’en principe le délai de déferrement devant le
parquet est de maximum 20h, mais si il y a eu prolongation de la garde à vue
au-delà de 24h, dans ce délai de 20h doit se situer à la fois le déferrement
devant le procureur et puis ensuite la présentation décidée par le procureur à
un juge du siège. A cause de cela, au délai de la garde à vue va se rajouter
un délai supplémentaire et dans des conditions très pénibles.
En d’autres termes, une chose est à prouver à la fois dans l’action publique et
dans l’action civile : l’existence de l’infraction. Donc il y a un lien entre l’action
civile et l’action publique. Le ministère public ne s’occupe pas des dommages
et intérêts, et la victime n’a pas à s’occuper de la condamnation pénale mais
que des dommages et intérêts. Mais, pour avoir ces dommages et intérêts, il
faut que l’infraction soit prouvée. Donc la victime pourrait bien profiter de
l’action publique: il y a un lien entre l’action civile, lorsque la faute découle
d’une infraction, et l’action publique.
Dans chaque cour d’appel, le procureur général a autorité à la fois sur son
parquet, celui de la cour d’appel, c'est-à-dire sur les avocats et substituts
généraux près sa cour d’appel, et aussi autorité sur les chefs des parquets
des tribunaux de grande instance de son ressort. Le chef de parquet au
niveau de chaque TGI est le procureur de la république, il a autorité sur son
propre parquet, c'est-à-dire sur ses substituts.
A. La subordination hiérarchique
Le texte qui fixe les pouvoirs du garde des sceaux par rapport aux pouvoirs du
parquet est l’article 30 du CPP : le ministre de la justice conduit la politique
d’action publique déterminée par le gouvernement, il veille à la cohérence de
son application sur le territoire de la république. Chaque membre du parquet a
le pouvoir de prendre une décision dans une affaire déterminée. Dans les
affaires peu importantes il y a des classements sans suite. A cette fin il
adresse aux magistrats du ministère public des instructions générales d’action
publique. ca veut dire qu’il dira au parquetier de laisser tomber pour des
petites infractions des délinquants primaires mais au contraire poursuivez
systématiquement pour telle ou telle infraction.
Est-ce que le garde des sceaux peut intervenir dans des affaires
déterminées ? Il peut dénoncer au procureur général les infractions à la loi
pénale dont il a connaissance et lui enjoindre par instruction écrite et versée
au dossier d’engager ou de faire engager des poursuites ou de saisir la
juridiction compétente de telle réquisition écrite que le ministre juge opportune.
En d’autres termes ce qu’il faut retenir est qu’à l’heure actuelle, avec un écrit
qui est dans le dossier, en vertu de l’article 30, le garde des sceaux peut
donner l’ordre de poursuivre dans une affaire déterminée.
Dans les ordres venant de la hiérarchie il y a trois limites, trois choses qui
limitent les ordres de la hiérarchie. Il y en a un qui limite la possibilité d’ordre
provenant du garde des sceaux dans les affaires individuelles. « il peut
enjoindre d’engager des poursuites » et donc a contrario il y a un ordre que le
garde des sceaux ne peut pas donner.
1ère limite : le garde des sceaux ne peut pas donner l’ordre de classement
sans suite !!! Mais le procureur général peut donner l’ordre au procureur de la
république de ne pas poursuivre.
2ème limite : les chefs de parquet ( : procureur généraux et de la république)
ont des pouvoirs propres. S’ils prennent une décision de poursuivre ou de ne
pas poursuivre, contre l’ordre de leur supérieur ce sera une faute disciplinaire.
Mais un procureur de la république a pris la décision de poursuivre alors que
le procureur général lui avait demandé de classer, les poursuites seront
valables. Et si un procureur de la république ne veut pas poursuivre alors que
le procureur général le lui demande, ce dernier ne peut pas se substituer au
procureur de la république.
3ème limite : la plume est serve mais la parole est libre. Ca veut dire que si
devant une cour d’assise un procureur général dit à la cour qu’il a demandé 20
ans de réclusion criminelle parce qu’il en avait reçu l’ordre mais qu’en fait il
pense que les individus doivent être acquittés, ce n’est pas une faute
disciplinaire.
Qu’est ce qui arrive aux magistrats du parquet quand ils commettent une faute
disciplinaire ? Ils ne sont pas inamovibles, c'est-à-dire qu’ils peuvent en cas
de faute disciplinaire être rétrogradé ou déplacé d’office. C’est subordonné à
l’avis du conseil supérieur de la magistrature, mais juste à l’avis.
B. L’indivisibilité
Le ministère public n’a pas toujours dans cette appréciation d’opportunité une
totale liberté. Il y a quelqu’un qui vient modifier le jeu, qui vient entraver cette
liberté du ministère public. La victime en réclamant ses dommages et intérêts
devant les tribunaux répressifs a le pouvoir de déclencher l’ensemble du
procès pénal, action publique comprise. Et donc, il y a pour le ministère public
provenant de la victime une entrave à la liberté de ne pas poursuivre car si la
victime se constitue partie civile devant les tribunaux répressifs, elle déclenche
automatiquement l’action publique et le procès pénal ira jusqu’au bout. Dans
cette hypothèse le ministère public ne peut pas faire obstacle aux poursuites.
Soit il peut se dire qu’il ne veut pas poursuivre devant les tribunaux, il ne veut
pas saisir les tribunaux pour qu’on arrive à un jugement mais l’infraction est
pas trop grave, on est face à quelqu’un qui a avoué généralement est
délinquant primaire, le législateur lui a donné la possibilité d’ordonner autre
chose qu’une procédure judiciaire comme par exemple une médiation, et c’est
ce qu’on appelle les alternatives aux poursuites.
Le classement sans suite ne décide pas dans le procès pénal. C’est une
décision administrative et non juridictionnelle. En vertu de l’article 40-2 alinéa
2 du CPP : le classement sans suite doit être motivé (il peut être motivé sur
l’opportunité mais il doit être indiqué) et il doit être notifié par écrit non
seulement au plaignant mais aussi aux victimes identifiées qui n’ont pas
portés plainte. Ca provient d’une loi du 31 décembre 2007. Depuis cette loi un
classement sans suite doit être motivé et notifié aux victimes qu’elles aient
porté plainte ou non. Mais c’est seulement généralement fait, et donc pas
toujours.
Ce n’est pas la décision d’un juge et donc il n’y a pas de recours juridictionnel
contre le classement sans suite. En revanche, on peut s’adresser au supérieur
hiérarchique puisqu’il y a possibilité d’un recours hiérarchique de la part de
toute personne qui a signalé l’infraction (et donc pas seulement les victimes).
Le classement sans suite, par définition, n’a aucune autorité de chose jugée
puisque rien n’a été jugé. Et concrètement ca signifie qu’il est tout à fait
provisoire. Et que tout d’un coup le procureur peut décider de saisir un juge,
peut changer d’avis, décider de poursuivre, tant que le délai de prescription
n’est pas acquis. En vertu du principe de l’opportunité des poursuites, un
procureur peut parfaitement changer d’avis.
Le législateur a inventé une autre alternative aux poursuites qui est un peu
plus lourde. On va proposer une mesure. Ce n’est pas une peine car pas de
jugement ni de poursuites. Mais ca peut rappeler certaines sanctions pénales,
et c’est sans jugement.
B. La composition pénale
L’intéressé peut se faire assister par un avocat avant de donner son accord.
Et avant de donner son aval, le juge du siège peut décider d’entendre l’auteur
et la victime assister le cas échéant de leur avocat. À ce propos, on a parlé de
justice contractuelle. Car ici, le principe même est l’accord, et le juge du siège
est juste là pour vérifier que tout se passe de façon régulière.
Cela avait commencé par les petits délits «urbains» : violences légères,
abandons de famille. Ca a été élargi à tout délit dont la peine ne dépasse pas
5 ans. C’est aussi applicable en matière de contravention et la composition
pénale peut être appliquée aux mineurs de moins de 13 ans.
Le réquisitoire contient la relation des faits puisque c’est là-dessus que le juge
d’instruction doit travailler. Il indique selon lui de quelle infraction il s’agit. Mais
le procureur n’est pas lui qui juge donc c’est son idée à lui mais c’est une
qualification purement provisoire. Ce qui est important est la relation des faits.
Le procureur peut faire son réquisitoire contre une personne dénommée ou
contre X. si c’est contre personne dénommée il se peut qu’en fin de parcours
ca soit une autre personne ou personne. Simplement, quand le procureur fait
un réquisitoire contre personne dénommée ca veut dire qu’il a des soupçons
propres, le juge d’instruction va être obligé d’apporter tous les droits de la
défense à la personne nommée.
A. La citation directe
C. La comparution immédiate
Domaine de la comparution immédiate : possible pour tous les délits sauf ceux
très particuliers comme les délits de presse, politiques, commis par les
mineurs. C’est possible pour tous les délits en vertu de l’article 395 du CPP.
L’hypothèse est que c’est un délit flagrant qui vient de se commettre. C’est
l’héritière de la procédure de flagrant délit. Pour que cette procédure puisse
être employée quand le délit est flagrant il faut que la peine soit d’au moins 6
mois.
Cette procédure est aussi utilisable selon l’article 395 quand il apparait au
procureur de la république que les charges réunies sont suffisantes et que
l’affaire est en état d’être jugée. Le maximum encouru doit être d’au moins 2
ans. Jusqu’à une loi de 2002 le législateur ne voulait pas appliquer cette
procédure aux délits les plus graves. Il fallait donner un vrai temps de défense.
La procédure de comparution immédiate n’était pas applicable aux délits dont
la peine était supérieure à 7 ans. Et puis c’est la loi de 2002 qui a généralisé
la procédure à l’ensemble des délits d’une gravité minimum. On pouvait
s’interroger sur l’application dans le temps de cette loi : est ce qu’elle était
susceptible de s’appliquer à des délits pour lesquels la peine encourue était
supérieure à 7 ans, commis avant la promulgation de la loi. Est-ce qu’elle était
d’application immédiate ? La réponse est oui : arrêt du 7 janvier 2004. Les lois
de procédure pénale sont d’application immédiate. Mais au moins pour les
gros délits avoir étendu par cette procédure est défavorable à la personne
poursuivie. Le législateur pour les lois de procédure ne fait pas de distinction.
On voit les inconvénients de cette application immédiate qui est de droit
positif.
· soit il la refuse.
Si le délit est nettement plus grave, c'est-à-dire lorsque la peine encourue est
supérieure à 7 ans, le délai s’allonge, l’audience est fixée à une date comprise
entre 2 et 4 mois. Et puis le jour de l’audience, il se peut que le tribunal ne
rende pas sa décision sur le champ, qu’il mette en délibéré et qu’il y ait un
renvoie. Ca risque de trainer. Si le prévenu est libre il n’y a pas vraiment de
problème. Si le prévenu est en détention la décision du tribunal doit être
rendue obligatoirement dans les 2 mois qui suivent la première comparution.
S’il s’agit d’un délit grave, peine encourue supérieure à 7 ans, la décision doit
être rendue dans les 4 mois. En d’autres termes, dans ce cas là, si le tribunal
a renvoyé à la date limite, c'est-à-dire aux 4 mois, il n’a plus le temps pour
délibérer, il doit délibérer sur le champ, sinon on n’est pas dans les 4 mois.
Il y a un autre mode qui permettra d’être jugé plus vite, plus facilement mais
pour lequel il faut l’accord du prévenu dans le cadre de délits pas trop graves.
C’est la forme du plaider-coupable. La procédure jusqu’à la décision sur la
peine ira beaucoup plus vite.
En ce qui concerne le domaine il faut que ce ne soit pas trop grave : les délits
pour lesquels la peine encourue ne dépasse pas 5 ans. C’est le procureur de
la république qui décide d’utiliser cette procédure de lui-même (d’office) ou à
la demande de l’intéressé assisté de son avocat.
Il y avait une pratique des procureurs qui se disaient qu’on va tenter cette
procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité mais
on va en même temps pour une date plus éloignée faire une citation devant le
tribunal. Ca veut dire que si la comparution réussissait, il y a bien
homologation, la citation devenait sans objet et on rayait l’affaire du rôle du
tribunal. Et si ca réussissait pas, la personne refuse la peine ou il n’y a pas
d’homologation, le tribunal est tout de suite saisi et l’individu sait qu’il y aura
une audience devant le tribunal. La pratique de la double convocation d’une
part pour une procédure de plaider-coupable et d’autre par pour une
procédure classique à une date plus éloignée, avait l’avantage de permettre
de gagner du temps en cas d’échec du plaider-coupable. Elle pouvait avoir
l’inconvénient de faire pression sur le prévenu pour qu’il accepte la proposition
de peine. C’est pourquoi la chambre criminelle avait décidé que la double
convocation était irrégulière. Ca pouvait être un moyen de pression pour que
le prévenu accepte la proposition du procureur : arrêt du 14 octobre 2008.
Le législateur a brisé cette jurisprudence dans une loi du 12 mai 2009 sur la
simplification du droit, dans un nouvel article 495-15-1 du CPP : il a décidé
que la mise en œuvre d’une procédure de plaider-coupable n’interdisait pas
au procureur de procéder simultanément à une convocation en justice
classique. Dès qu’il y a eu la QPC de ce texte, la chambre criminelle.
Il faut savoir à quelles conditions la victime d’une infraction peut exercer son
action.
La première hypothèse est celle dans laquelle l’infraction a été commise par
un fonctionnaire et elle constitue une faute de service. En ce cas, qui est ce
qui va effectivement payer la victime ? C’est l’Etat. Quelles sont les seules
juridictions qui sont habilitées à condamner financièrement l’Etat ? Les
juridictions administratives. Ce sera l’Etat qui indemnisera la victime de
l‘infraction commise par un fonctionnaire. Ce sont donc les juridictions
administratives qui attribueront les dommages et intérêts. Mais la victime a
parfaitement le droit de saisir au préalable les tribunaux répressifs pour faire
constater l’infraction.
Article 418 alinéa 3 du CPP : la partie civile peut réclamer des dommages et
intérêts. S’il y a eu une médiation entre l’auteur et la victime et que la
médiation a réussi, le ministère public ne peut plus poursuivre puisqu’il a
choisi une alternative qui a réussie. La victime, en acceptant la médiation,
s’engage elle aussi à ne plus agir. Si elle arrive devant les tribunaux répressifs
avant le ministère public, le but de la victime est de tout déclencher et qu’il y
ait une peine, ca montre le caractère vindicatif de l’action de la victime.
Lorsque la personne morale ne bénéficie pas d’un texte de loi qui lui accord
l’action civile, généralement, la jurisprudence déclare l’action irrecevable. Il y
avait l’infraction de fraude électorale. S’était constitué une association pour le
respect du suffrage universel pour se constituer partie civile. Or ce n’est pas
détachable de l’intérêt général et donc irrecevabilité. Avant qu’il y ait un texte
de loi, déjà les tribunaux avaient accordé l’action civile à des associations de
lutte contre les violences sexuelles ou une fois à une association de lutte
contre l’exclusion sociale. La cour d’appel de Colmar avait déclaré l’action
recevable : l’objet de l’association est de lutter contre l’exclusion sociale.
Ensuite le législateur a accordé un texte aux associations de lutte contre
l’exclusion sociale. De la même façon la jurisprudence a précédé la loi pour
les associations de lutte contre la violence routière.
I. L’option de la victime
Elle a le choix entre porter son action civile devant les tribunaux répressifs ou
devant les tribunaux civils. L’action de la victime résulte de la combinaison des
articles 3, alinéa 1, et article 4, alinéa 1, du CPP.
Article 3 alinéa 1 CPP : prévoit que la victime d’une infraction peut exercer
son action civile en même temps que l’action publique et même si l’action
publique n’est pas engagée. L’action publique c’est l’action intentée par le
ministère public qui tend à la reconnaissance, à la constatation de l‘infraction,
à la reconnaissance de la responsabilité pénale et à une condamnation.
L’article 5 du CPP dit que la victime qui a choisi de porter son action devant
les tribunaux civils, elle ne peut pas se désister et saisir les tribunaux
répressifs. En revanche, lorsque la victime a porté son action devant les
tribunaux répressifs elle peut changer d’avis et se désister et partir au civil
selon l’article 426 du CPP. A l’irrévocabilité il y a une exception contenue à
l’article 5 CPP et qui est subordonnée à deux conditions :
Premièrement, un jugement sur le fond n’a pas encore été rendu par la
juridiction civile. Or la juridiction pénale est saisie de l’action publique par le
ministère public. Cette exception correspond à la situation où la victime n’avait
pas pensé qu’il s’agissait d’une infraction ou n’avait pas cru que le ministère
public exercerait des poursuites. Le changement d’avis de la victime ne
change rien pour la personne poursuivie.
Il y a deux situations :
Mais en matière de délit il peut y avoir instruction. Est qu’on peut déclencher
devant le juge d’instruction ? En matière de délit, la victime peut par voie
d’action, c'est-à-dire la première, saisir le juge d’instruction d’une constitution
de partie civile et à ce moment là ce sera le même système qu’en matière de
crime. Mais les juges d’instruction sont débordés, le législateur a essayé de
retarder l’action de victimes qui bien souvent n’ont même pas le nom de la
personne à laquelle ils reprochent une infraction.
C’est pourquoi, l’article 85 du CPP issu d’une loi de 2007 prévoit qu’en
matière de délit la plainte avec constitution partie civile de la victime n’est
recevable qu’au bout d’un certain temps, lorsqu’on est sur que le ministère
public ne voudra pas déclencher lui-même. En d’autres termes, le législateur a
voulu essayer en matière de délit de décourager l’initiative de la victime
devant le juge d’instruction. C'est-à-dire que la victime ne pourra faire sa
plainte que soit si le procureur de la république lui a fait savoir qu’il
n’engagerait pas de poursuite, en d’autre terme il lui a notifié le classement
sans suite. Soit que 3 mois se soient écoulés depuis le dépôt de la plainte
simple de la victime auprès du procureur ou 1 mois après que le procureur ait
eu connaissance de la plainte déposée auprès de la police. La prescription est
suspendue pendant ces 3 mois.
Il y a deux hypothèses :
· La victime intervient par voie d’action : elle est la première à s’adresser aux
tribunaux répressifs. Elle intente l’action civile à un moment où le ministère
public n’a pas déclenché l’action publique.
Par exemple l’audition d’un témoin, par exemple une expertise ou une
perquisition.
Remarque : la victime ne peut le faire que quand elle arrive la première par
voie d’action puisque par voie d’intervention il y a déjà le ministère public. Il y
a un tronc commun entre l’action civile quand elle est née d’une infraction et
l’action publique : l’existence même de l’infraction qui a deux branches : la
peine et les dommages et intérêts. à partir du moment où la victime arrive
avec son action civile, elle va tout déclencher quand elle arrive devant les
tribunaux répressifs. Si le ministère public décide de classer une affaire, la
victime peut donc forcer les poursuites.
Est-ce qu’une composition pénale définitive (c'est-à-dire qui avait reçu l’aval
du juge du siège, du président du tribunal et ca avait fonctionné) validée et
exécutée a autorité de la chose jugée sur le civil ?
Que fait la victime de l’infraction si l’auteur n’est pas retrouvé, ou s’il est
insolvable ? Quel est le sort de cette victime ? On a créé un fond de garantie,
essentiellement alimenté par les cotisations de l’assurance, pour indemniser
les victimes d’infractions lorsqu’elles ne peuvent pas pour des raisons
matérielles obtenir l’indemnisation de l‘auteur de l’infraction. Le fond de
garantie leur donne dès lors que la victime a subi un préjudice corporel d’une
certaine importance (il faut que l’ITT soit au moins égale à 1mois) et même le
fond de garantie indemnise les victimes en cas de préjudice matériel lorsque
l’absence d’indemnisation mettrait la victime dans une situation matérielle ou
psychologique grave.
Arrêt du 9 avril 2009 : une personne a fait une chute en poursuivant le voleur
à l’arrachée du sac à main de sa femme. Il avait invoqué son préjudice
personnel au pénal. Le voleur à l’arrachée était insolvable. La première
commission d’indemnisation disait au mari qu’il avait conscience du risque et
qu’il a commis une faute. La cour de cassation a dit que le préjudice du mari
était indemnisable, on ne peut pas lui faire grief de ne pas être resté passif
alors qu’il avait fait application de l’article 73 du CP.
L’action publique tend à reconnaitre une culpabilité qui par hypothèse est
purement personnelle. Evidemment, l’action publique ne peut pas être
poursuivie contre les héritiers de la personne poursuivie. On n’est pas
pénalement responsable des personnes dont on hérite. Les faits extinctifs du
décès ne profitent pas aux coauteurs et complices.
D’autre part, l’action civile elle survivra au décès puisque l’action civile tend à
l’attribution de dommages et intérêts qui seront une dette de la succession.
B. L’écoulement du temps : le problème de la prescription de
l’action
L’action sera irrecevable si elle n’a pas été exercée pendant longtemps. Il y a
deux idées principales : une idée d’oubli, voir de pardon, et une idée de
dépérissement des preuves.
L’idée d’oubli ou de pardon fait que la prescription est inacceptable pour les
crimes les plus graves : le génocide et les autres crimes contre l’humanité, ils
sont imprescriptibles. Si le droit français avait suivi le droit international et
notamment le droit issu de la Convention de Rome qui avait créé la cour
pénale internationale, il aurait aussi déclaré les crimes de guerres
imprescriptibles. La loi a allongée les délais mais ne les a pas rendus
imprescriptibles. Les seuls crimes imprescriptibles sont le génocide et les
autres crimes contre l’humanité.
La jurisprudence a tout fait pour éviter qu’il y ait prescription, on peut jouer sur
le point de départ du délai de prescription mais aussi sur des questions
d’interruption de la prescription.
En ce qui concerne les délais de prescription, ils sont plus courts que la
prescription de la peine, ce qui est logique puisque pour la prescription de la
peine c’est le délai au bout duquel une peine qui a été définitivement
prononcée ne pourra pas être exécutée. Puisque la peine a été définitivement
prononcée, on n’a plus le risque de dépérissement des preuves. Pour la
prescription de l’action, les délais de droit commun sont de 10 ans en matière
de crime, 3 ans en matière de délit et 1 an en matière de contravention. Il y a
des délais différents pour certaines matières. Quelques uns sont beaucoup
plus courts mais il s’agit de délit et pas de crime, là où il faut aller vite.
Par exemple en matière électorale la prescription est de 6 mois. Pour les délits
de presse qui concernent la diffamation et l’injure, la prescription est de 3
mois, mais ces 3 mois deviennent 1 an lorsque c’est à caractère raciste. Pour
les délais plus longs, la prescription est de 20 ans pour les crimes et les délits
de nature sexuel commis contre les mineurs. La prescription est de 30 ans
pour les crimes et 20 ans pour les délits en matière de trafic de stupéfiant,
terrorisme, et crime de guerre.
Loi Loppsi 2 : loi qui a été définitivement votée mais qui a été soumise au CC
avant sa promulgation. Le CC ne s’est pas encore intéressé à cette loi et donc
elle n’est pas encore promulguée. Cette loi prévoit que pour toute une série de
délits commis à l’encontre d’une personne vulnérable, le point de départ de la
prescription sera repoussé au moment où l’infraction apparait à la victime
dans des conditions qui lui permettent d’agir. Il y a tout un mouvement de
report du délai de la prescription. En outre, les délais de prescription peuvent
être interrompus ou suspendu. Tout acte d’interruption de la prescription fait
repartir la totalité de la prescription à zéro, fait courir un nouveau délai de
prescription complet. On est en matière de délit, prescription de 3 ans, au bout
d’un an il y a un acte d’interruption, un nouveau délai de 3 ans part de cet acte
interruptif.
Arrêt du 28 juin 2005 : plusieurs jeunes filles dans un centre social, en état
de vulnérabilité qui avaient disparues. Il n’y avait pas eu d’actes de poursuite.
C’était un soupçon de crime, mais au moment où on s’est dit qu’il fallait
soupçonner quelqu’un c’était passé. On s’est aperçu qu’à temps le procureur
avait adressé une demande de renseignement à DAS et la chambre criminelle
a décidé qu’une demande de renseignement adressé par le procureur à une
administration était interruptive de prescription si « le contexte démontrait
l’intention du procureur de poursuivre ».
Mais ce principe que la victime n’a aucun pouvoir pour éteindre l’action
publique fait objet d’une exception et d’une atténuation, à chaque fois pour
des infractions précises. Pour quelques infractions qui touchent la vie privée
des gens ou leur personne intime, le ministère public, par exception, ne peut
poursuivre que s’il y a plainte préalable de la victime. C’est le cas de la
diffamation, de l’injure et de l’atteinte à la vie privée. Dans ce cas là, si la
victime commence par déposer sa plainte et qu’en cours de procédure elle
change d’avis, elle retire sa plainte, pour ces quelques infractions, le retrait de
la plainte conduit à l’extinction de l‘action publique.
Le principe est que la victime ne peut pas par sa volonté éteindre l’action
publique.
Section 2 : les immunités
Arrêt du 11 octobre 2005 : les propos qui figurent dans les conclusions d’un
avocat échappent à toute condamnation même s’ils sont injurieux parce qu’ils
ne sont pas étrangers à la cause. De la même façon, il ne peut pas y avoir de
poursuite pour les mêmes infractions (injure, diffamation et outrage) pour les
comptes rendus judiciaires ( : les débats) à condition qu’ils soient fidèles et
faits de bonne foi.
Arrêt du 28 novembre 2006 : s’est posé la question d’un compte rendu tardif.
Un article de presse avait reproduit la plaidoirie d’un avocat presque un mois
après les débats et plus d’une semaine après le prononcé du jugement. Il y
avait des diffamations dans la plaidoirie et donc l’article qui la reproduisait était
constitutif d’une infraction de diffamation. Cette reproduction tardive de
plaidoirie n’est pas un compte rendu d’audience bénéficiant de l’immunité. S’il
n’y a pas d’immunité l’auteur principal est l’auteur de la publication, et a été
poursuivit pour diffamation. Il a été démontré que le journaliste avait reçu le
texte de la plaidoirie des mains de l’avocat. Il n’y a pas d’immunité pour le
complice. Du coup l’avocat s’est retrouvé poursuivi comme complice. Il a été
poursuivi pour avoir aidé à une publication tardive inutile du texte diffamatoire.
Il arrive qu’au cours des débats il y ait des injures et diffamations. La loi sur la
presse, dans son article 41 alinéa 1 a décidé qu’aucunes poursuites
n’étaient possibles pour les discours et pour les paroles prononcées dans
l’une ou l’autre assemblée (AN ou Sénat). Selon l’alinéa 2, il n’y a pas lieu à
responsabilité (pénale ou civile) pour les comptes rendus dans la presse des
séances publiques de l’AN ou du Sénat quand ils sont faits de bonne foi.
L’immunité ne joue pas pour la publication d’un entretient minutieusement
préparé avec le rapporteur d’une commission parlementaire.
Pour les petits tribunaux on a le même juge qui assure l’audience civile et
d’autres jours assurent l’audience pénale. Même chose quand on manque de
personnel.
Dans les deux justices civiles et pénales il y a unité de recrutement et de
statut des juges. Dans les deux justices, ce sont des magistrats de carrière à
une exception près qu’on retrouve dans les deux justices qu’est le juge de
proximité. Les juges du siège sont inamovibles : ils ne peuvent pas être
rétrogradés et pas non plus être déplacés sans leur consentement même sous
couvert d’avancement. En revanche, s’ils ont commis une faute, leur
responsabilité civile peut être engagée mais après que les tribunaux aient
annulés comme irrégulier l’acte pour lequel leur responsabilité est engagée.
Très exceptionnellement un magistrat pourra être récusé à la demande d’une
partie dans des cas précis visés à l’article 668 et suivants du CPP. Ces cas
précis sont ceux où il y a un risque que le juge soit lié ou ait un rapport avec
l’une des parties.
Dans les deux justices civiles et pénales il y a des voies de recours identiques
puisqu’il y a le même principe de double degré de juridiction avec la même
exception pour les toutes petites affaires. Et dans les deux matières aussi il y
a un contrôle de légalité par la cour de cassation. Mais il existe en matière
pénale deux voies de recours supplémentaires qui sont tout à fait
exceptionnelles puisqu’elles interviennent bien qu’une décision a acquis
l’autorité de la chose jugée.
La première voie de recours est un pourvoi en révision qui peut être formé
exceptionnellement lorsqu’un fait nouveau fait apparaitre qu’un individu
vraisemblablement innocent a été condamné définitivement. C’est le pouvoir
pour éviter uniquement l’erreur judiciaire dans le sens condamnation d’un
innocent.
I. La charge de la preuve
En droit civil la charge de la preuve incombe au demandeur. La règle selon
laquelle la preuve incombe au demandeur joue aussi en matière pénale. Or, le
demandeur en pénal est d’une part le ministère public et aussi, s’il y en a une,
la victime. Donc la preuve incombe au ministère public et à la victime. S’y
ajoute en matière pénale une raison de principe qu’est la présomption
d’innocence et qui s’oppose fondamentalement à ce qu’on demande à
l’individu de prouver qu’il n’est pas responsable pénalement. On trouve trois
formulations distinctes en droit français.
Article 427 alinéa 1 : les infractions qui peuvent être établies par tout mode
de preuve et le juge décide d’après son intime conviction. En matière pénale
toutes les preuves sont sur le même plan. En matière d’acte juridique, on a pu
pré-constituer la preuve, on a pu se conserver un écrit. En matière de fait
juridique, il y a le principe de liberté de la preuve, n’importe quel mode de
preuve. Or l’infraction est un fait juridique. C’est le juge qui déterminera
librement la confiance qu’il peut avoir dans la véracité de chaque élément de
preuve, par exemple la sincérité d’un aveu et c’est également le juge qui
déterminera la force démonstrative d’un raisonnement à partir de tel ou tel
indice. La présomption tombera à partir du moment où le juge s’estimera
suffisamment convaincue par une telle concordance d’indices et qu’elle
supprime tout doute raisonnable (pas forcément tout doute). Le rôle de
l’avocat est d’empêcher cela.
Article 427, alinéa 2, du CPP : le juge ne peut fonder sa décision que sur des
preuves qui lui sont apportées au cours des débats et contradictoirement
discuté devant lui. Comme toutes les preuves doivent être soumises à la
discussion des parties, elles doivent apparaitre dans le dossier ou dans les
débats oraux. Du coup, le juge ne peut pas aller recueillir des renseignements
en dehors du procès parce que ces renseignements échapperaient à la libre
discussion des parties.
C. La loyauté de la preuve
La jurisprudence condamne tout procédé déloyal utilisé par des juges ou par
des policiers pour se procurer un élément de preuve. Par exemple un juge
d’instruction ne peut pas imiter la voix d’un individu. La jurisprudence
condamne les enregistrements ou les photos clandestines lorsque c’est en
dehors des cas prévus par le législateur. En fait, ce que la jurisprudence
condamne essentielle c’est une ruse employée par des policiers qui
déterminerait la commission d’une infraction. La ruse est légale tant qu’elle
permet la constatation d’une infraction.
Exemple : un policier peut se cacher dans un placard pour constater les faits,
c’est autorisé.
Arrêt du 4 juin 2008 : les policiers ont créé un filet pour faire plonger dedans
les pédophiles. La police de NY avait créé un site de pornographie infantile, il
y avait des pédophiles qui allaient sur ce site sans savoir qu’il était exploité par
la police de NY. Mais là on a dit que ca ne marche pas : on les poursuit pour
être allé sur le site de pédopornographie et c’est la police qui a déterminé
l’infraction. On a considéré que la déloyauté d’un tel procédé rendait
irrecevable les éléments de preuve obtenus même si à l’occasion de cette
connexion les gens avaient avoués d’autres infraction déjà commises.
Le caractère secret : c’était secret à l’égard des tiers, des personnes qui
étaient extérieures à l’instruction. Ce caractère est dans son principe
maintenu. Il faut maintenir l’honneur du mis en examen, ce n’est pas la peine
que tout le monde soit au courant de sa mise en examen. Il y a aussi le but de
faciliter la recherche des preuves. Dans son principe on n’a pas supprimé le
secret de l’instruction. Ce secret s’impose aux professionnels, c'est-à-dire aux
personnes qui concourent à la fonction ( : magistrat et greffier), et aux
personnes qui sont liées par un secret professionnel ( : les avocats). Donc les
parties privées (partie civile et mis en examen) peuvent parler.
Donc elle est toujours écrite, complètement contradictoire (pour les parties
ouvertes à la libre discussion sur un plan d’égalité) et partiellement secrète
(secrète avec des ouvertures de sécurité).
Depuis une loi de 2007, qui a été mise en application au 1er mars 2008. En
vertu de l’article 88-1, le président du tribunal peut de lui-même ou à la
demande d’une partie désigner pour une seule affaire plusieurs juges
d’instruction qui travaillent dans le même pôle d’instruction. Il pourrait aussi le
faire au cours de l’instruction à la demande d’une partie ou du juge
d’instruction. On attend que soit mise en œuvre la réforme qui prévoit la mise
en place de collèges de l’instruction et de la désignation de trois juges qui
prendraient ensemble les décisions importante. Cette réforme a été votée
mais la réforme a été reculée à une date en 2014.
Il est saisi in rem, c'est-à-dire des faits et non in personam, et pas du cas
d’une personne. Le juge d’instruction est saisi de tous les faits contenus dans
l’acte de saisine. L’acte de saisine est soit le réquisitoire introductif ou la
plainte avec constitution partie civile. Il doit rechercher sur tous les faits
indiqués et uniquement sur les faits dénoncés dans le réquisitoire ou la
plainte. Le juge d’instruction peut parfaitement modifier la qualification
proposée par le parquet. Le parquet on le voit bien comme demandeur. Il ne
peut instruire que sur les faits qui sont indiqués dans l’acte de saisine : il ne
peut pas découvrir d’autres faits et s’y intéresser. Ce n’est pas le juge
d’instruction qui détermine l’étendue de la saisine du tribunal, mais c’est le
demandeur.
Donc concrètement, à l’occasion d’une instruction sur les faits dénoncés par le
parquet, le juge d’instruction en découvre d’autres sur lesquels il pourrait être
intéressant d’instruire. Le juge d’instruction peut quand même faire en urgence
sur ces faits nouveaux opérer des vérifications sommaires. Mais, comme il
n’en est pas encore officiellement saisi, ces vérifications sont faites sans
pouvoir de contrainte. Par exemple il ne peut pas faire une perquisition forcée.
Une fois qu’il a vérifier la vraisemblance des faits nouveaux, il est obligé de
communiquer le dossier au procureur de la république pour solliciter ce
dernier un « réquisitoire complémentaire ou supplétif ». Le procureur est
indépendant par rapport au juge d’instruction et au moins en théorie il a
parfaitement le droit de refuser le réquisitoire supplétif. Et donc à ce moment
là le juge d’instruction n’est pas saisi, il ne pourra rechercher.
Ce sont tous les actes de recherche des preuves. Des éléments de preuve on
en a déjà recueilli dans l’enquête de police et donc on va retrouver des actes
qu’on a déjà vu dans l’enquête de police. Par exemple des perquisitions, des
auditions ou même interrogatoire (à partir du moment où il y aura des mis en
examen). Pour tous ces actes le juge d’instruction a plus de pouvoir de
contrainte que n’en avaient les policiers dans l’enquête car sa recherche de
preuve s’accompagne de garanties.
Mais les parties (le procureur, la partie civile et le mis en examen) peuvent
demander au juge d’instruction d’effectuer tel ou tel acte d’instruction, par
exemple d’entendre tel témoin. Soit le juge d’instruction est d’accord sur
l’utilité de l’acte et il le fait. Soit le juge d’instruction estime que la demande est
inopportune et là le juge d’instruction peut refuser de faire droit à cette
demande. Mais s’il refuse il doit l’indiquer dans une ordonnance motivée qui
est en principe susceptible d’appel dans le délai d’un mois, devant la chambre
de l’instruction.
L’objet de la preuve porte non seulement sur les faits matériels indiqués dans
le réquisitoire mais aussi sur la personnalité des individus mis en examen.
Cette enquête de personnalité du mis en examen est obligatoire en matière de
crime, et la cour de cassation a décidé que l’absence d’enquête de
personnalité ne constituait pas une cause de nullité.
1) Les constatations matérielles