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 Procédure pénale

Par coursdedroit le 6 Mars 2014 à 18:24

PROCÉDURE PÉNALE
Le cours de procédure pénale vise aussi à déterminer les règles qui doivent
être suivies et les formes à respecter pour la constatation et la poursuite des
infractions pour l’établissement de preuves, et le jugement du délinquant à
l’audience.

Enfin la procédure pénale règlemente l’autorité et les effets des décisions


prononcées par les juridictions répressives ainsi que les voies de recours dont
ces décisions peuvent faire l’objet.

La procédure pénale a été règlementée en France pendant 150 ans par le


Code d’instruction criminelle de 1810, code napoléonien. Le nouveau code a
été introduit par la loi de 1957. Il est depuis modifié chaque année.

L'intéret de la procédure pénale est de deux ordres :

- pour la société, victime d’infractions.

- Pour l’individu aussi, considéré à tord ou à raison comme étant l’auteur de


l’infraction commise.

En premier lieu la procédure pénale est indispensable à l’application du droit


pénal. C’est la concrétisation du droit pénal général. Il ne suffit pas que le
législateur prévoie et punisse les actes délictueux. Il faut encore qu’il établisse
des règles.
L’intérêt de la société exige une répression pénale rapide et certaine. La
procédure pénale doit avoir précisément pour objectifs...

La procédure pénale ne cesse d'être l'objet de modifications, sous la pression


de la Cour Européenne des Droits de l'Homme et du Conseil constitutionnel.
Après les lois de 2004 et de 2007 relives à la phase préparatoire du procès
pénal, sont intervenues la loi du 14 mars 2011 sur la sécurité intérieure, la loi
du 14 avril 2011 reformant la garde à vue, la loi du 10 août 2011 sur le
tribunal correctionnel citoyen et enfin la loi du 13 décembre 2011
d'allégement de certaines procédures juridictionnelles. Suite aux travaux du
comité de réflexion présidé par Ph. Léger un avant-projet de refonte du Code
a été préparé. En attendant cette réforme, ce Précis expose de manière
raisonnée les principes généraux de la procédure

Introduction :

La procédure pénale soulève des problèmes essentiels.

Le premier est la liberté d’aller et venir puisqu’en cours de procédure quand


on est encore présumé innocent on peut avoir sa liberté d’aller et venir
supprimée tout de suite. Liberté des gens, réputation des gens. Il y a une
présomption d’innocence. Les enjeux essentiels sont la liberté et la réputation.

Il faut retrouver les bons coupables des infractions, il faut éviter les erreurs
judiciaires et donc il y a un autre impératif essentiel, c’est la recherche de la
vérité. Plus les autorités qui vont rechercher les preuves, que ce soit des
policiers ou des juges, vont avoir des pouvoirs contraignants, vont pouvoir
retenir une personne pour l’interroger, entrer de force dans des appartements
pour les perquisitionner, plus elles ont de chances de parvenir à la vérité. Mais
en échange si elles ont trop de pouvoirs contraignants, elles vont porter
atteinte à la liberté, réputation, dignité de la personne, de gens qui n’y sont
pour rien.

Tout l’objet de la procédure pénale va être d’essayer de concilier les impératifs


de recherche de la vérité avec les garanties des individus, tous présumés
innocents. Cet équilibre est perpétuellement imparfait, il est impossible à
atteindre complètement, et c’est pourquoi il y a des modifications constantes,
des réformes constantes des règles de procédure pénale.

I. L’objet de la procédure pénale


Dans le mot procédure il y a le mot procès. Ca se passe devant un ou des
juges. Au sens étymologique la procédure pénale serait le déroulement du
procès pénal depuis le moment où un juge est saisi jusqu’à une décision
définitive insusceptible de recours, c’est celle qui fera tomber la présomption
d’innocence. Les questions de preuve en matière de procédure pénale seront
essentielles. Tout va dépendre de la preuve que l’accusation pourra ou ne
pourra pas apporter.

Mais il y a deux constatations qui commandent de ne pas limiter la procédure


pénale au déroulement du procès au sens stricte, c'est-à-dire du procès
judiciaire.

Premièrement, quand le procès s’ouvre devant un juge, le plus souvent c’est


une juridiction de jugement, mais le procès pour les infractions les plus graves
s’ouvre devant un juge qui lui-même va rechercher des éléments à charge et à
décharge ( : preuves). Quand le procès s’ouvre devant un juge, le terrain est
déjà largement défriché. La partie est déjà engagée. La partie se joue pour la
personne soupçonnée en grande partie dans l’enquête de police, que l’avocat
doit assister la personne soupçonnée lorsqu’elle est auditionnée par la
contrainte (elle est venue au commissariat). Quand le procès s’ouvre devant
un juge, la partie est déjà engagée parce que la police est passée par là et
qu’elle a recherché à chaud un maximum d’indices, ce n’est pas encore des
preuves complètes. La procédure pénale concrètement se commence devant
des personnes qui ont des fonctions de police judiciaire et qui exercent ces
fonctions pour le Parquet procureur de la république. C’est le Parquet qui va
être demandeur au procès pénal car c’est lui qui au nom de l’Etat veut qu’on
retrouve les coupables et qu’on les sanctionne.

Deuxièmement, lorsqu’une infraction est constatée ou fait l’objet d’une plainte


ou d’une dénonciation (la plainte émane de la victime, la dénonciation émane
de tiers), il y aura toujours quelques investigations faites par la police, mais il
n’y aura pas toujours un procès judiciaire car celui qui est principalement
chargé de saisir un juge en matière pénale, c'est-à-dire le Parquet, peut
décider de classer, c'est-à-dire de ne pas poursuivre, de laisser tomber.

C’est pourquoi, il y aura trois parties. A la fin d’une enquête de police, elle va
rendre compte de cette enquête au Parquet et il va décider de poursuivre ou
de ne pas poursuivre.

Partie 1 : les investigations de la police

Partie 2 : la décision de poursuivre ou de ne pas poursuivre

Ne pas poursuivre c’est ne rien faire qui s’appelle classement sans suites. Si
on a une personne qui a avoué et qui est délinquant primaire, le parquet peut
décider que cela ne vaut pas le coup de poursuivre devant le tribunal et le
parquet proposera une mesure. La décision de ne pas poursuivre sera
toujours homologuée d’un juge du siège.

Partie 3 : le procès judiciaire

C’est le moment à partir duquel la juridiction est saisie.

Définition procédure pénale : on peut définir la procédure pénale comme la


description des interventions des autorités étatiques (police et juges) depuis la
plainte, la dénonciation ou la constatation d’une infraction jusqu’à une
éventuelle décision définitive.

Exceptionnellement, malgré l’autorité définitive de la chose jugée, la


procédure pénale trouve le moyen de ne pas s‘arrêter à une définition
définitive parce qu’à titre exceptionnel, même quand il y a une décision
définitive, un recours peut très exceptionnellement être fait,

· Soit parce que des éléments nouveaux laissent penser qu’un innocent a
peut être été condamné (on peut reprendre le procès),
· Soit si il apparait par une décision de condamnation de la France par la
CourEDH que l’individu qui a été condamné définitivement n’a pas vu tous
ses droits, et notamment ses droits de la défense, respecté (il pourra y
avoir un recours en réexamen suite à une condamnation de la France par
la CourEDH).
La procédure pénale aboutie à une décision de relaxe ou d’acquittement ou
de condamnation. C’est parce que le procès pénal conduit à une décision
aussi importante pour l’individu qu’à titre exceptionnel, on a admis des recours
contre une décision définitive, recours qu’il n’existe qu’en matière pénale.
C’est une spécificité pénale parce que c’est trop grave pour la personne
condamnée.

II. Les rapports de la procédure pénale et d’autres


branches du droit

A. Comparaison entre la procédure pénale et la procédure


civile

Dans une procédure civile, le demandeur comme le défendeur est une partie
privée. Dans un procès pénal, le défendeur, celui auquel on va imputer les
faits et qui bénéficie la présomption d’innocence, est aussi une personne
privée, physique ou morale. En revanche, dans un procès pénal, le
demandeur, celui qui a intérêt à ce qu’on retrouve les coupables et à ce qu’on
les sanctionne, est celui qui est responsable de l’ordre public. Le demandeur
dans un procès pénal est l’Etat parce qu’il a intérêt dans un souci d’ordre
public à ce qu’on retrouve les coupables, à ce qu’ils soient sanctionnés et
l’Etat est représenté par des magistrats qui ne jugent pas, qui appartiennent
au Parquet (ou ministère public).

Dans un procès civil le ministère public donne son avis sur la bonne
application de la loi alors qu’au pénal il en demande au juge l’application. au
pénal seulement les magistrats du ministère public sont demandeur en ce
qu’ils représentent l’Etat et donc ne peuvent nullement participer au jugement
car on ne peut pas être juge et partie. Le ministère public est dans la
hiérarchie sous les ordres du garde des sceaux, ce qui est discuté. Le
ministère public a comme fonction d’être demandeur dans un procès pénal.

La victime va pouvoir déclencher le procès pénal, mais il y a toujours le


ministère public à côté d’elle. Avant d’avoir causé une infraction elle a causé
un trouble social. On a toujours le ministère public qui est là comme
demandeur.

La ressemblance est que dans un cas comme dans l’autre le jugement sera
fait par un tribunal indépendant, et notamment indépendant de l’exécutif, c'est-
à-dire un tribunal de l’ordre judiciaire.

Il y a aussi des règles identiques en procédure pénale et civile qui tendent à


l’impartialité des juges et qui tendent à l’égalité des parties, ce qu’on a appelé
l’égalité des armes entre demandeur et défendeur. En procédure pénale les
enjeux touchent plus particulièrement la personne dans ses droits les plus
fondamentaux.
On peut aussi dire que les problèmes de preuve sont encore plus épineux en
procédure pénale qu’en procédure civile. D’abord parce qu’en matière civile
c’est quelque fois plus simple. On a souvent en matière civile une preuve
préconstituée. Par exemple en matière d’acte juridique on a pu établir par écrit
un contrat et on l’a sous la main. Une infraction est un fait juridique et donc on
n’a aucune preuve préconstituée, et on n’a jamais une preuve parfaite, on a
seulement un ensemble d’apparence, un ensemble d’indices. La preuve est
plus difficile à obtenir et ca influe dans toutes les phases du procès. On n’a de
véritable preuve qu’en fin de procédure, et encore pas de preuve parfaite. Les
textes sur la présomption d’innocence disent qu’elle tombe « au-delà de tout
doute raisonnable ». Le juge aura un rôle plus important dans la recherche de
preuve en matière pénale qu’en matière civile.

Les règles sur la charge de la preuve obéissent à une logique identique en


matière pénale et civile même si le respect strict de cette logique est encore
plus nécessaire en matière pénale pour préserver la présomption d’innocence.

B. Procédure pénale et droit pénal

Dans son aspect sanctionnateur, lorsqu’il conduit au prononcé d’une peine ou


d’une mesure, le droit pénal n’existe pas sans procédure pénale. Cela signifie
qu’en principe aucune peine ne peut être prononcée sans qu’il y ait eu un
jugement définitif qui fait tomber la présomption d’innocence.

Le droit pénal a une vie indépendante de la procédure pénale par les règles
qu’il impose à tout citoyen de ne pas commettre telle ou telle infraction, pour
éviter un procès et une sanction. Par son caractère prescripteur didactique, il
a une vie complètement indépendante du procès. La procédure pénale n’est
pas systématiquement la matière des gens malhonnêtes mais la matière qui
peut tomber sur n’importe quel citoyen.

C. Procédure pénale et liberté publique

Inévitablement, parce que la procédure pénale conduit à rechercher la vérité,


la procédure pénale a un rôle inquisiteur et du coup attentatoire aux droit
individuels. C’est pourquoi, quand il règlemente la procédure, le législateur
doit se préoccuper des droits de l’individu face aux autorités qui recherchent
les preuves, c'est-à-dire aux policiers et aux juges. Droit de se défendre
complètement, droit au respect de son domicile, droit au respect de la vie
privée, c’est les droits de la défense. Cela explique l’importance des principes
parmi les sources de procédure pénale.

On va voir dans les sources de procédure pénale qu’on a non seulement les
principes supra-législatifs sur le plan interne du bloc de constitutionnalité, sur
le bloc international les principes issus de la CEDH et du pacte international
des droits civils et politiques, mais encore en tête du code de procédure pénal
il y a des principes préliminaires auxquels toutes les règles de procédure
pénale doivent obéir.
III. Les sources de procédure pénale

A. Les principes supra-législatifs

· Premièrement, sur le plan interne :


Dans la constitution elle-même on a la nécessaire intervention de l’autorité
judiciaire dès lors qu’il y a atteinte aux libertés individuelles au sens large (pas
seulement la liberté d’aller et venir mais aussi dignité de la vie privée). Article
66 de la Constitution. Il ne peut pas y avoir atteinte à la liberté individuelle
sans un contrôle de l’autorité judiciaire. Jusqu’à présent l’autorité judiciaire
était les juges du siège et les membres du ministère public. Mais la CourEDH
qui a interprété la notion d’autorité judiciaire indépendante nous dit qu’il n’y a
pas le parquet. Alors il y aura peut être un jour un problème là-dessus.

Dans la DDHC de 1789 il y a non seulement la présomption d’innocence mais


l’exercice de l’ensemble des droits de la défense. En d’autres termes, chaque
fois qu’est promulgué une loi de procédure pénale, le CC s’il est saisi doit
vérifier si l’ensemble des droits de la défense au sens large ont bien été
respectés. On demande au CC de vérifier si l’équilibre recherche de la vérité
et droit individuel est respecté. Maintenant, à l’occasion d’un procès, que ce
soit devant les juridictions judiciaires ou administratives, peut être soumise la
QPC. Les parties la poseront devant le tribunal des juges, elle remontera
jusqu’à la cour de cassation qui fera la sélection.

La garde à vue est la rétention d’une personne soupçonnée dans un


commissariat aux fins d’audition. Il y en a de plus en plus pour des infractions
mineures, ce qui est pas normal qu’à ce stade là il n’y ait pas tous les droits de
la défense. Il n’y a pas de personne poursuivie mais il y a des personnes
soupçonnées. Si on fait reconnaitre que notre garde à vue est irrégulière, on la
fait annuler et donc tout ce qu’on a dis malencontreusement ca va être annulé.
Et si c’est les seules preuves qu’ils avaient contre nous c’est important. En
garde à vue, la personne n’est pas avertie de son droit de se taire. On a
soulevé la QPC avec le texte de 1993 qui avait déjà été soumis à l’époque, il
avait dit que ca allait pour l’équilibre recherche de la vérité et garantie
individuelles.

Décision du 30 juillet 2010 : le CC a dit que certes la garde à vue a déjà été
examinée par le CC en 1993, mais depuis, le nombre de garde à vue, même
pour les infractions mineures a explosé. Et la garde à vue est dans la plupart
des affaires le moment essentiel de recherche des preuves. Compte tenu de
ces éléments, de l’importance de ce moment de la garde à vue, les garanties
accordées ou gardées à vue sont insuffisantes. C’est pourquoi le CC a déclaré
la garde à vue telle qu’elle est, est inconstitutionnelle. Mais si on fait tomber la
garde à vue, l’interpellation du coauteur ne sert à rien et donc il est sauvé. Le
CC a dit certes que c’est inconstitutionnel mais pour l’instant il faut bien
continuer comme cela. Et donc il a reporté la déclaration d’inconstitutionnalité
au 1er juillet 2011.

· Deuxièmement, les règles de la Convention européenne de


sauvegarde des droits de l’homme (Conseil de l’Europe) :
Article 8 de la CEDH : droit au respect de la vie privée. Cet article a prévu
qu’exceptionnellement il pouvait être porté atteinte à ce droit au respect de la
vie privée si c’était prévu par un texte précis, si c’était nécessaire pour
répondre à certains objectifs parmi lesquels il y a la recherche des coupables
d’infraction. Et surtout si l’atteinte portée au droit au respect de la vie privée
était proportionnée à l’objectif, c'est-à-dire la recherche des coupables. En
matière d’écoute téléphonique on a eu un problème car il y avait une
jurisprudence qui la réglementait et deux fois la CourEDH nous a dit que notre
droit n’est pas assez précis quant aux conditions dans lesquelles on écoute.

Article 6 CEDH : droit au procès équitable. Le principe même du procès


équitable, même si c’est plus grave en matière pénale, c’est normal qu’on ait
bien aussi droit à un procès équitable en matière civile. Le premier alinéa de
l’article 6 concerne tout procès : « toute personne a droit à ce que sa cause
soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable par
un tribunal indépendant et impartial établi par la loi qui décidera soit des
contestations sur ses droits et obligations en matière civile soit... ». En
revanche, les deux alinéas de l’article 6 ne concernent que la procédure
pénale : alinéa 2 présomption d’innocence et alinéa 3 les droits de la défense
de l’accusé.

Article 5 CEDH : droit à la liberté.

La chambre criminelle écarte toute disposition législative interne qui ne


garantirait pas le droit à un procès équitable de l’article 6 de la CEDH et
particulièrement les droits de l’accusé inscrit à l’alinéa 3 de l’article 6. La
CourEDH ou la cour de cassation considèrent que cette formule concerne
toute personne sur laquelle présente des soupçons d’avoir commis une
infraction. Du coup cela tombe avant que tout individu soit poursuivi par le
juge judiciaire. Dans l’enquête de police, il peut y avoir plusieurs personnes
soupçonnées qui peuvent être gardées à vue pour les besoins de l’enquête et
y être entendus. Selon la CEDH les droit de l’article 6 alinéa 3 s’appliquent
aussi à la personne gardé à vue s’il s’agissait d’un individu soupçonné.

Par trois décisions du 19 octobre 2010, la chambre criminelle a décidé,


suivant la CourEDH, et faisant le pendant de ce qu’avait décidé le conseil
constitutionnel lors de la QPC, que l’absence de notification du droit de se
taire, qui n’est pas fait actuellement, et l’absence de véritable droit de la
défense dès le début de la garde à vue, sont contraires à l’article 6 de la
CEDH. Les gardes à vue telles qu’elles sont pratiquées sont irrégulières tant
par rapport à la Constitution que par rapport à la CEDH. On n’est pas vraiment
avancé puisque la chambre criminelle calque au point de vue temporelle sa
décision sur celle du Conseil constitutionnel.
Le conseil constitutionnel a dit qu’on ne va quand même pas pouvoir annuler
toutes les gardes à vue tant que le gouvernement ne s’est pas prononcé, et
donc il reportait les effets de la décision d’inconstitutionnalité au 1er juillet
2011, il reportait au vote définitif d’une nouvelle loi. La chambre criminelle a
reporté les effets de la conventionalité au moment de l’entrée en vigueur d’une
nouvelle loi sur la garde à vue, au plus tard au 1er juillet 2011.

La chambre criminelle statut dans une affaire déterminée. Notre prof a été
convaincu par l’argument de sécurité juridique. on ne s’en serait pas sorti
d’être obligé en attendant la loi nouvelle d’annuler systématiquement toutes
les gardes à vue.

Toujours sur le fondement du texte conventionnel, la chambre criminelle est


allée plus loin que le conseil constitutionnel. Le conseil constitutionnel avait
accepté de revoir comme question nouvelle la garde à vue dans ses règles
générales, la garde à vue de droit commun. Il a dit que certes autrefois telle
qu’elle était réglementé, il l’avait déclaré conforme à la constitution. Mais
parce qu’à l’heure actuelle on met beaucoup de personnes en garde à vue
pour des infractions pour lesquelles on pourrait convoquer la personne au
commissariat, là ca change tout. C’est pourquoi il accepte d’étudier la question
et qu’il déclare contraire aux droits de la défense de la DDHC de 1789.

En revanche, on verra qu’il y a dès lors qu’il s’agit d’infractions graves (torture,
meurtre etc.) limitativement énumérées par le législateur, commises en bande
organisée, le législateur a prévu des règles particulières de garde à vue qui
peuvent être longue et surtout dans lesquelles l’entretien avec l’avocat, c'est-
à-dire le seul moment où quelqu’un peut vérifier que les policiers agissent en
toute régularité, est reporté. Alors qu’en droit commun il intervient tout de
suite, l’entretient de 30 minutes est reporté au bout de 48h de garde à vue, et
même pour le trafic de stupéfiant et terrorisme au bout de 72h. Le Conseil
constitutionnel en 2004 l’avait déclaré conforme à la constitution. Or la
criminalité en bande organisée n’a pas explosé en nombre. Du coup, le
Conseil constitutionnel sur la garde à vue sur ces affaires, a dit qu’il l’avait
déjà vu et considéré que l’atteinte à la liberté d’aller et venir et atteinte aux
droits de la défense, n’est pas une question nouvelle et donc il ne peut/veut
rien dire.

La chambre criminelle est allée plus loin : elle a dit que le report de l’entretien
de 30 minutes avec l’avocat comme c’est le cas pour toutes les affaires de
criminalité organisée, est également contraire aux droits de la défense de
l’article 6 de la CEDH parce que ce report est automatique pour toute une
catégorie d’infraction, alors que pour être conforme à l’article 6 qui admet que
certaines circonstances obligent à limiter les droits de la défense, il ne devrait
résulter que de circonstances particulières à chaque personne gardée à vue.
Et on verra que le législateur a l’air d’être en train d’en tenir compte.

En d’autres termes, en se fondant sur l’article 6 de la CEDH, la chambre


criminelle a été plus loin que le conseil constitutionnel pour déclarer le droit
actuel de la garde à vue irrégulier. Elle s’est intéressée non seulement aux
gardes à vue de droit commun comme le CC mais aussi aux gardes à vue en
matière de criminalité organisée et elle a dit insuffisance des droits de la
défense.

· Article 8 CEDH : droit à la vie privée.


· Article 6 CEDH : droit de la défense, et tout de suite, dès qu’il y a
soupçon.
· Article 5 de la CEDH : concerne le droit à la sureté, c'est-à-dire à la
liberté d’aller et venir, en d’autres termes le droit de ne pas être privé de sa
liberté au delà d’un délai raisonnable et sans garantie précise.
Jurisprudence importance sur 2 points de procédure pénale :

« Délai raisonnable » de suppression de la liberté : certains vont en prison


alors qu’ils sont présumés innocents : détention provisoire. La chambre
criminelle apprécie à chaque fois le délai raisonnable de la détention de
sureté. Même si toutes les autres conditions sont respectées, à partir du
moment où il n’y aurait plus de raison valable de détention provisoire, ou alors
le fait que la personne soit encore détenue qui est du à un retard non justifié
de la procédure, la détention provisoire n’est plus dans un délai raisonnable.
Cette détention provisoire ne peut s’appliquer qu’aux mis en examen ( :
individu auquel le juge d’instruction impute les faits parce qu’il y a entre lui des
indices au moins graves ou concordants).

Dans les garanties qui touchent la privation de la liberté de l’article 5, lorsqu’on


est privé de liberté c’est le droit à être aussitôt traduit « devant un magistrat
qui indiquera à l’individu la raison pour laquelle il est privé de liberté et qui
pourra contester cette privation de liberté ». ca peut concerner des privations
de liberté très courte et donc la garde à vue.

La question qui s’est posé, d’abord à la CourEDH puis à la chambre


criminelle, comment interpréter ce mot magistrat ? Les membres du Parquet
sont des magistrats. Mais la CourEDH dès le départ a dit que ce magistrat au
sens de l’article 5 de la CEDH est une autorité judiciaire indépendante. Est-ce
que les membres du Parquet sont une autorité judiciaire indépendante ? Pas
à pas, la CourEDH a dit que les membres du ministère public français ne sont
pas au sens de l’article 5 une autorité judiciaire indépendante pour deux
raisons :

Premièrement, parce qu’ils dépendent hiérarchiquement du pouvoir exécutif


(garde des sceaux ministre de la justice).

Deuxièmement, parce que dans une procédure pénale, le membre du


ministère public n’a pas une fonction indépendante, il a la fonction de
demandeur, c’est lui qui à l’issu de l’enquête va décider de poursuivre ou de
ne pas poursuivre. Et donc par définition il n’est pas indépendant.

On peut être privé de liberté pendant 48h sans être traduit devant l’autorité
judiciaire indépendante (pour criminalité organisée). On se dit que 48h on est
presque à « l’aussitôt ».
Arrêt du 15 décembre 2010 : bien que le ministère public ne soit pas une
autorité judiciaire indépendante, une garde à vue de 25h et 5 minutes (et donc
prolongée) est régulière en raison de sa brièveté. C’est une garde à vue à
peine prolongée. Ca veut dire qu’il reste une incertitude. Si on a une garde à
vue de 46h on ne sait pas ce que déciderait la chambre criminelle.

Article 5 § 3 CEDH : toute personne privée de liberté a le droit d’être aussitôt


traduite devant une autorité judiciaire indépendante.

B. La loi

On vertu de l’article 34 de la Constitution, toutes les règles de procédure


pénale sont du domaine législatif au sens strict, il n’y a pas de partage entre le
législatif et règlementaire. Toute la procédure, y compris celle qui concerne le
jugement des contraventions est du domaine du Parlement.

En matière de procédure pénale, il n’y a pas de chose moins grave, tout est
essentiel. Tout doit venir du législateur lui-même. Chaque règle de procédure
pénale pose une question de garantie des droits fondamentaux, notamment
des droits de la défense.

En revanche, les règles de procédure pénale, en principe on ne peut pas les


dire favorables ou défavorables à la personne poursuivie : ca tend à la fois à
une bonne administration de la justice et à la garantie des droits de chaque
citoyens. C’est pourquoi il n’y a pas en procédure pénale de principe
d’interprétation stricte. En principe parce qu’on pourrait concevoir si le
législateur institue une juridiction d’exception, que l’attribution de compétence
soit interprété strictement.

Quand on verra la règlementation de la procédure pénale, c’est essentiel


parce que là aussi c’est fait pour assurer les droits individuels, les cas où la
police peut entrer de force chez nous ou au contraire on peut les rejeter. Mais
s’il y a une irrégularité, si un policier outrepasse ses droits, au-delà de ce qui
lui est autorisé par le code de procédure pénal, ce qui intéresse la personne
est de faire annuler les actes irréguliers car ces actes irréguliers ont peut être
apporté des preuves contre elle. Ca peut être un contrôle d’identité irrégulier,
au-delà des conditions définies par le législateur par exemple.

Parfois la loi, lorsqu’elle prévoit une règlementation, indique expressément


que c’est à peine de nullité ! Ca signifie que si la règle n’est pas respectée,
l’acte est annulé. Parfois la loi dans le texte même parle de la nullité, c’est la
nullité textuelle.

D’autre fois, la plupart du temps, même pour des règles essentielles, le


législateur n’a rien dit, il n’a pas ajouté « à peine de nullité ». S’il y avait la
règle d’interprétation stricte on ne pourrait pas prononcer la nullité.

La jurisprudence a créé la notion de « nullité substantielle » : la nullité peut


être prononcée dès lors qu’une disposition du code de procédure pénal a été
violée, même si cette sanction n’est pas expressément prévue dans le texte.
En d’autres termes, parce qu’il n’y a pas de principe d’interprétation stricte, la
jurisprudence a pu étendre les possibilités d’annulation en créant la catégorie
des nullités substantielles à côté des quelques nullités textuelles.

En matière de procédure pénale, en vertu de l’article 112-2 du code pénal,


toute loi nouvelle est en principe d’application immédiate. Mais quelques fois
le législateur essaye d’être honnête, la loi est plus sévère, elle va supprimer
des garanties pour la personne qui va la subir.

Loi du 9 septembre 1986 : créé une cour d’assises sans jurés. Certains
crimes seraient jugés sans juré. Ca changeait certaines règles de procédure.
Pour la cour d’assises de droit commun avec juré, pour que l’individu soit
reconnu coupable d’un crime il faut une majorité qualifiée, c'est-à-dire plus
qu’une voix de différence. Alors que dans la cour d’assises sans jury il suffit
d’une majorité simple des magistrats professionnels pour que l’individu soit
reconnu coupable. C’est pourquoi, logiquement le législateur avait décidé
quand il a créé cette cour d’assises sans jury, qu’elle ne pourrait juger que des
crimes de terrorismes commis après sa promulgation puisqu’elle supprimait un
avantage au justiciable. On l’avait fait pour éviter que les jurés ne subissent
des pressions.

La cour d’assises chargée de juger les crimes en principe comprend des jurés
populaires tirés au sort. Seule la cour d’assises chargée de juger des crimes
comporte des jurés populaires.

Loi du 30 décembre 1986 : la nouvelle cour d’assise est d’application


immédiate. On a donc jugé avec une cour d’assise composé uniquement de
magistrats professionnels. Toute loi de procédure ou de compétence est
d’effet immédiat, sauf disposition contraire.

Toutes les règles de la procédure pénale sont contenues dans le code de


procédure pénal. Le code de procédure pénale date de 1958. On a une
structure du procès dans laquelle les différentes phases sont
interdépendantes. Moments de réforme les plus essentiels du code de
procédure pénale :

Loi du 15 juin 2000 : elle renforce la présomption d’innocence et les droits


des victimes qui ont intérêt à ce que l’infraction soit constatée. Equilibre entre
les droits de la personne poursuivie et l’intérêt des victimes.

Loi du 9 mars 2004 : loi d’adaptation de la justice aux évolutions de la


criminalité. A côté des règles de droit commun, cette loi a créé des règles qui
permettent peut être plus facilement de découvrir la vérité, mais qui diminuent
les garanties individuelles du citoyen et les droits de la défense des personnes
soupçonnées. Elle l’a créé pour toute une catégorie d’infraction regroupée
sous le terme de criminalité en bande organisée. Donc bien souvent dans
l’enquête de police, instruction et jugement, on nous présentera des règles et
des exceptions avec la criminalité en bande organisée.
On a essayé de modifier un certain nombre de règles pour essayer dans
l’avenir de limiter le risque d’erreurs judiciaires. La loi qui a modifié les choses
l’a fait très doucement.

Loi du 5 mars 2007 : tend à renforcer l’équilibre de la procédure pénale, tend


à faire attention que les droits de la défense ne soient pas sacrifiés sur l’hôtel
de la recherche de la vérité surtout quand l’opinion publique est émue. Pose le
problème de la présomption d’innocence et de la détention provisoire. Elle a
renforcé l’équilibre de la procédure pénale seulement sur des points précis.

A la suite de cela on a envisagé une réforme globale de l’ensemble de la


procédure pénale. On a pensé à un nouveau code de procédure pénal. Le
projet supprimait le juge d’instruction et donc donnait tous les pouvoirs en
matière de recherche des preuves aux parties, c'est-à-dire d’une part au
ministère public d’un côté, face à lui à la personne soupçonnée, sous le
contrôle, sous l’arbitrage d’une autorité judiciaire indépendante, d’un juge du
siège qu’on aurait appelé « le juge de l’enquête et des libertés ».

Toute cette règlementation est sous tendue par les principes supra-législatifs
mais aussi sous-tendu par quelques principes qui n’ont que valeur législative
et qui sont inscrits en tête du code de procédure pénale il y a un article
préliminaire à valeur législative dans lequel sont énumérés tous les grands
principes qui sous-tendent la règlementation inscrite dans les articles suivants.

Ces principes sont regroupés en 3 rubriques :

Les objectifs généraux de la procédure pénale sont d’être :

· équitable

· contradictoire

· la procédure pénale doit préserver l’équilibre des droits des parties.

Il faut être sur que le magistrat demandeur ne puisse pas décider que le
parquet soit cantonné dans son rôle de demandeur et pas décideur. C’est
pourquoi il est indiqué qu’il doit y avoir séparation des autorités chargées de
l’action publique ( : celle qui est demandeur au procès pénal) et des autorités
de jugement. L’action publique tend à imposer une sanction pénale, par
opposition à l’action civile qui tend à réparer un dommage fut il né d’une
infraction. Séparation du parquet dans son rôle de demandeur et des juges du
siège dans leur rôle de décideur. L’autorité judiciaire veille à l’information et à
la garantie des droits des victimes au cours de toute la procédure pénale, ca
peut être même dès l’enquête. Dans la phase judiciaire la victime peut être
demandeur à côté du procureur de la république. Ensuite il y a les droits des
personnes poursuivies.

Toujours dans l’article préliminaire on indique que toute personne poursuivie a


droit à être informée des charges qui existent contre elle. Puisque la personne
est présumée innocente, les mesures de contraintes nécessaires pour
rechercher la vérité doivent être limitées, proportionnées, ne doivent pas
porter atteinte à la dignité de la personne et ces mesures de contrainte doivent
être faites sous le contrôle d’une autorité judiciaire indépendante. Le jugement
doit être rendu dans un délai raisonnable. Le principe de double degré de
juridiction est inclus à l’article préliminaire.

A quoi sert l’article préliminaire qui n’a que valeur législative alors que tout est
dans le bloc de constitutionnalité ou au moins dans ce que le conseil
constitutionnel a tiré du bloc de constitutionnalité. C’est aussi dans ce que la
CourEDH a tiré de la CEDH. On peut aussi dire que cet article officialise la
volonté du législateur de respecter ces grands principes. L’article préliminaire
a été inscrit au code par la loi du 15 juin 2000 mais en tête du code que
depuis la loi de 2000. Au fur et à mesure les avocats ont pris l’habitude
d’invoquer l’article préliminaire en même temps que la CEDH et du coup bien
souvent la chambre criminelle quand elle prend une décision, invoque à la fois
les deux textes.

Arrêt du 15 juin 2010 : il s’agissait d’un individu poursuivi qui avait choisi son
avocat. Et pas de chance, le jour de l’audience l’avocat n’était pas disponible
et donc il avait demandé par télécopie avant l’audience le renvoie du dossier à
une autre audience pour qu’il puisse être disponible et les juges ne s’en
étaient pas préoccupés. Il n’y a pas eu de réponse du tout. L’avocat s’en est
plaint et a obtenu gain de cause devant la cour de cassation qui a considéré
qu’en vertu du code préliminaire du code de procédure pénale et de l’article 6
§ 3 de la CEDH, toute personne poursuivie avait droit à l’assistance d’un
avocat de son choix et si on n’a pas de quoi le payer le droit de s’en faire
donner un d’office. Sinon le droit à l’assistance d’un avocat il n’est pas
complet. Les juges sont arrivés à la conclusion que le tribunal aurait du
répondre à la demande de renvoie de l’avocat et elle a cassé la décision. La
personne a eu gain de cause à la fois sur le fondement interprété de la
chambre criminelle, de la CEDH et de l’article préliminaire.

Arrêt du 11 mai 2010 : la chambre criminelle a appliqué l’article préliminaire


tout seul, dans un cas d’interprétation des textes dans le vide d’une disposition
législative. Il s’agissait devant le juge d’instruction de l’audition d’un expert
demandé par le procureur, en présence du procureur mais en l’absence du
défendeur (du mis en examen et de son avocat) et ensuite l’avocat s’est plaint
de ne pas avoir été convoqué. Il a obtenu gain de cause en vertu de l’article
préliminaire qui impose l’équilibre des droits des parties, c'est-à-dire du
procureur demandeur et du défendeur. On parle d’égalité des armes. Du coup
ici ils n’avaient pas respecté une stricte égalité puisque l’avocat n’était pas là.

On a un projet de loi qui prévoit des situations dans lesquelles soit la présence
de l’avocat est retardée soit au moins la présence lors des auditions. Une
personne qui est entendue sans contrainte peut quand même avouer
n’importe quoi ou ce qu’elle a fait. Le projet prévoit de rajouter quelque chose
à l’article préliminaire : aucune condamnation ne pourrait être prononcée
uniquement sur des propos tenus hors de la présence d’un avocat.
Partie 1 : les investigations de la police
La police a une double fonction : à la fois une fonction de police administrative
et une fonction de police judiciaire. Et toutes personnes qui ont des pouvoirs
de police ont cette double fonction. La police administrative tend au maintien
de l’ordre, c'est-à-dire à la prévention des infractions. La police a un pouvoir
de surveillance et d’injonction. La police judiciaire consiste à constater les
infractions et à en rechercher les auteurs. C’est en plein de la procédure
pénale. Mais il n’y a pas forcément de cassure nette entre les deux rôles.

Exemple : le policier qui règle la circulation, il effectue normalement une


mission de police administrative. Mais si en même temps il voit un
automobiliste passer au feu rouge, il va constater l’infraction et là ca va
devenir une activité de police judiciaire. Quand on étudiera les contrôles
d’identité, on verra que d’après ce qu’a dit le législateur, il y en a qui là pour
maintenir l’ordre et d’autres pour rechercher les éventuels auteurs d’infraction.
Mais bien souvent un simple contrôle de police administrative abouti à la
découverte d’une infraction.

Chapitre 1 : l’organisation de la police

Section 1 : le personnel de police

On va distinguer ceux dont l’une des missions essentielles est la police


judiciaire et ceux qui n’ont qu’occasionnellement un rôle de police judiciaire.

I. Les fonctionnaires de police


Il faut savoir parmi eux qui va avoir des pouvoirs importants, des pouvoirs de
contraintes, et qui n’en aura pas.

A. Les différents corps de police

Traditionnellement la police est composée de la police au sens stricte et la


gendarmerie. Longtemps ils ont dépendus de deux ministères différents.
Pendant un certain temps ils avaient eu quelque mal à travailler ensemble.
Alors que les gendarmes dépendaient du ministère de la défense, ils sont
désormais placés sous l’autorité du ministère de l’intérieur, comme les
policiers. Il y a une gendarmerie départementale et une gendarmerie mobile.
Et il y a des fonctions spécialisées comme la gendarmerie de haute
montagne.

La police au sens stricte est composée d’une police nationale et d’une police
municipale mais la police municipale a surtout une mission de surveillance et
d’assistance, c'est-à-dire de police administrative, elle peut collaborer à des
missions de police judiciaire mais jusqu’à présent sans moyen de coercition
sur les personnes. La police nationale comporte plusieurs directions comme la
sureté publique pour la petite et moyenne délinquance. Le service même de
police judiciaire s’occupe de la grande criminalité.

Quels sont les droits des individus qui travaillent dans ces différents services ?

B. La hiérarchie du personnel dans les fonctions de police


judiciaire

L’article 15 du code de procédure pénale distingue des officiers de police


judiciaire et des agents de police judiciaire. Il y ajoute aussi dans la catégorie
de police judiciaire : il y a les agents de police judiciaire et agents de police
judiciaire adjoint. La différence essentielle est entre OPJ et APJ.

Les OPJ ont les pouvoirs de contrainte ! Ca veut dire aussi bien
perquisitionner de force lorsqu’il y a flagrant délit et éventuellement dans
l’enquête préliminaire en l’absence de flagrant délit mais il faut l’autorisation
d’un juge du siège. L’APJ ne peut pas aller perquisitionner de force. Seule
l’OPJ peut décider de nous placer en garde à vue.

La liste des OPJ est donnée par l’article 16 du code de procédure pénale : les
maires et leurs adjoints, les membres les plus gradés de la gendarmerie, les
officiers et les membres commissaires de la police nationale.

Les APJ sont indiquées aux articles 20 et 21 du CPP : les agents supérieurs
de police judiciaire sont des inspecteurs de la police nationale et des
gendarmes qui n’ont pas la qualité d’OPJ.

Les agents adjoints de la police judiciaire sont des fonctionnaires de la police


nationale ou des gendarmes de rang inférieur dans la hiérarchie.

Les APJ peuvent constater les infractions à travers des procès verbaux. En
principe les APJ adjoint ne peuvent pas le faire. Les APJ adjoint rendent
compte à leurs agents supérieurs des rapports. En matière de circulation les
APJ adjoints peuvent constater eux-mêmes des infractions et dresser des
procès verbaux.

II. Les personnes extérieures à la police chargées


de certaines fonctions de police judiciaire
Il y a quelqu’un qui s’agissant des opérations de police judiciaire a la direction
des opérations.

A. La direction des opérations

Celui qui a pour fonction le maintien de l‘ordre public, celui qui est intéressé au
déroulement des enquêtes de police, ce sont les membres du Parquet, les
membres du ministère public. le chef de chaque Parquet au premier degré est
le procureur de la république. la direction des opérations de police judiciaire
appartient au procureur de la république.
En vertu de l’article 41 alinéa 4 du CPP le procureur de la république « a
tous les pouvoirs et prérogatives attachées à la qualité d’officier de police
judiciaire ». Il dirige l’enquête et en même temps il a les pouvoirs de contrainte
dans les limites fixées par le législateur. Il peut se déplacer sur les lieux et à
partir du moment où il est sur les lieux il peut accomplir lui-même les actes de
police dans les limites fixées par la loi.

Il y a aussi des gens qui ont des missions ponctuelles de police judiciaire pour
certaines infractions.

B. Les missions ponctuelles

Ce sont des fonctionnaires spécialisés dans certaines infractions et ces


pouvoirs de police judiciaire leur sont accordés par le législateur qui indique
les conditions exactes. Par exemple les agents de douane ont des pouvoirs
d’OPJ en ce qui concerne les infractions douanières. Le législateur a prévu
que ce sont seulement certains agents des douanes, c’est seulement en
principe sur réquisition du procureur de la république.

Depuis une loi de décembre 2009 qui a inclus au CPP un article 28-2 : les
agents des services fiscaux en matière d’infraction fiscale ont aussi des
pouvoirs de police judiciaire, selon le même schéma que les agents des
douanes.

Tous ces agents doivent avoir l’autorisation et être contrôlés par un juge
judiciaire. Par ailleurs, on pourrait dire que tout citoyen a le pouvoir le plus
léger de police qui est le pouvoir d’interpeller (mais pas arrêter) et de retenir
sur place en attendant la police l’auteur d’un crime ou délit flagrant (celui qui
est entrain de se commettre ou qui vient de se commettre). C’est l’article 73
du CPP qui énonce que « toute personne a qualité pour appréhender l’auteur
d’un crime ou délit flagrant et pour le conduire devant l’OPJ le plus proche ».
Mais on doit utiliser le moins de violence possible, sous peine de perdre cette
permission de la loi.

Section 2 : le fonctionnement de la police

I. La mission de la police
Mission de police administrative : pour la prévention des infractions, consiste
non seulement à surveiller mais aussi à rassurer, voir à aider. Cette mission
comporte aussi un minimum d’actions sociales.

Mission de police judiciaire : recherche d’éléments de preuve et de recherche


des personnes susceptibles d’être responsables des infractions. A cet égard,
l’article 14 du CPP distingue les deux moments où les policiers et les
gendarmes exercent leur pouvoir de police judiciaire. En tout début de
procédure, c'est-à-dire dans l’enquête de police, avant que le procureur ait
décidé s’il saisi ou non un juge, les policiers et gendarmes exercent leurs
pouvoirs sous la direction du procureur de la république. Il constate les
infractions dans des procès verbaux ou rapports.
Dans l’hypothèse où le parquet décide de saisir les tribunaux pour arriver à un
jugement, en matière de crime obligatoire et en matière de délit, avant le
jugement le procureur va saisir un juge d’instruction chargé de rassembler des
éléments de preuve pour voir s’il y en a suffisamment pour qu’une personne
soit renvoyée en jugement. Ce juge d’instruction, il va récupérer les plus gros
dossiers, les dossiers de crime, les dossiers délicats. Le travail matériel il va le
faire faire par la police et la gendarmerie, par ceux qui ont des missions de
police judiciaire. En d’autres termes, dans un deuxième temps la police
judiciaire va agir pour le compte du juge d’instruction sous ses ordres. L’ordre
donné s’appelle « commission rogatoire ».

Les officiers de police judiciaire vont agir sous le contrôle du parquet sous le
contrôle du juge d’instruction s’il est désigné pour aller voir s’il y a des charges
suffisantes. Donc on retrouve la police dans l’enquête de police et puis une
fois les poursuites judiciaires entamées dans le cadre de l’instruction et
exécutant les missions confiées par le juge d’instruction.

II. Le contrôle et la responsabilité de la police


Article 12 du CPP : l’autorité directe exercée sur la police et la gendarmerie
l’est par le procureur de la république. Mais c’est complètement vrai que pour
les enquêtes, puisqu’au deuxième stade c’est le juge d’instruction.

Article 38 du CPP : La surveillance est exercée par le procureur général et


s’il y a un problème le procureur général peut saisir la chambre d’instruction
qui est chargée du contrôle, qui peut prononcer des sanctions et qui peut se
saisir elle-même. La chambre d’instruction est une chambre de la cour
d’appel.

Article 227 du CPP : la chambre de l’instruction peut sans préjudice des


sanctions disciplinaires infliger à l’OPJ ou APJ par ses supérieurs
hiérarchiques donner des observations ou qui pourra ne plus exercer ses
fonctions de police judiciaire décidé par la chambre de l’instruction. Les
policiers peuvent avoir des sanctions disciplinaires, civiles (si par leur faute ils
ont causé un préjudice et là l’action de droit commun se fait devant les
tribunaux de l’ordre judiciaire, dans leur activité la police est susceptible de
commettre une infraction pénale comme infraction de violation de domicile si
elle fait une perquisition forcée qui n’est pas dans le cadre de la loi ou si elle
retient quelqu’un en dehors du cadre légal).

Article 6-1 du CPP : les poursuites pénales contre un policier ou contre un


magistrat sont subordonnées à la constatation préalable de l’irrégularité de
procédure pénale. Par exemple pour pouvoir porter plainte contre un policier
pour violation de domicile il faut d’abord dans le cadre de la procédure pénale,
que les tribunaux aient constatés que la perquisition forcée était irrégulière.

Chapitre 2 : les contrôles et vérifications d’identité

C’est le tout premier moment où la police intervient à un moment où il n’y a


peut être encore rien de pénal.
Il y a des contrôles d’identité qui sont faites dans un but de police
administrative, c'est-à-dire pour prévenir les infractions, maintenir l’ordre et
d’autres contrôles d’identité faites dans un but de police judiciaire, c'est-à-dire
essayer de retrouver auteurs de l’infraction. même les contrôles d’identité de
police administrative, c'est-à-dire dans des circonstances de maintien de
l’ordre permettent parfois de découvrir des infractions qui constituent alors le
prélude à un éventuel procès pénal. La 1ère fois que les contrôles d’identité ont
été réglementés, c’est dans une loi dite sécurité liberté de février 1981, qui a
réglementé ce contrôle d’identité. Loi juin 83, on a débattu de la nécessité du
maintien du contrôle d’identité de la police administrative, on a donné des
arguments de droit comparé, et surtout, on adit qu’il vaut mieux les avoir
réglementés. Union européenne possibilité de contrôle juridictionnel. Il vaut
mieux avoir des contrôles d’identité réglementés avec possibilité d’un contrôle
juridictionnel que rien avec risque que des pratiques s’instaurent en marge du
droit. En 83, on n’a jamais songé à supprimer réglementation des contrôles
d’identité, notamment de la police administrative, mais il y a eu reformes qui
ont étendu possibilité de contrôles d’identité.

Contrôle d’identité, pas même chose que vérification d’identité. Contrôle


d’identité= moment où policier nous demande de prouver notre identité, dure
quelques minutes normalement. Mais si on ne peut pas prouver son identité,
le contrôle est suivi d’une vérification d’identité. Vérifier= c’est la police qui la
fait. Pour pouvoir vérifier, faire des recherches, il faut nous avoir sous la main.
La vérification comporte ainsi un pouvoir sur la personne, le pouvoir à retenir
(atteinte à la liberté d’aller et de venir) dont on vérifie l’identité, retenir pendant
maximum 4 heures. Il n’y a pas systématiquement une vérification derrière un
contrôle d’identité. La vérification d’identité existe dans le contrôle, c’est un
risque du contrôle.

Loi dite sécurité liberté de février 1981 qui a réglementé tous ces contrôles
d’identité qui préalablement appartenaient au non droit. Changement de
majorité avant un loi du 10 juin 1983, on a débattu de la nécessité de
maintenir ces contrôles d’identité de police administrative. On a donné des
arguments de droit comparé, ces contrôles existent en GB, Belgique et Suisse
par exemple. Il vaut mieux les avoir règlementé. Depuis 1983 on n’a jamais
songé à supprimer la réglementation des contrôles d’identité des polices
administratives. Il y a des réformes qui ont étendues la possibilité de contrôle
d’identité. La cour de justice de l’UE pourrait restreindre.

Comment se passent les contrôles ? On parle de contrôle d’identité et de


vérification d’identité. Le contrôle d’identité est le moment où un policier nous
demande notre identité, ca doit durer quelques minutes. Mais si on ne peut
pas prouver notre identité, le contrôle est suivi d’une vérification d’identité. La
vérification va être faite par la police, elle va comporter un pouvoir sur la
personne, le pouvoir de retenir l’individu dont on vérifie l’identité, pendant
maximum 4h.
Le résultat du contrôle est relativement obligatoire, la vérification d’identité est
un risque du contrôle.

Section 1 : les contrôles d’identité au sens stricte

En vertu de l’article 78-2 alinéa 1 du CPP, les officiers de police judiciaire,


ceux qui ont les pouvoirs de contrainte, et les agents de police judiciaire sous
la responsabilité des OPJ, peuvent inviter une personne à justifier de son
identité par tous moyens. A priori on n’est pas obligé de prouver notre identité
avec une carte d’identité. Il faut savoir quand un OPJ ou APJ peut nous inviter
à justifier notre identité, quelles sont les conditions. Et il faut savoir comment
on peut justifier de notre identité.

I. Les conditions des contrôles d’identité


Il y en a qui sont fait dans un but de police judiciaire donc pour la recherche de
preuve dans le cadre de la délinquance, et d’autres qui sont fait pour le
maintien de l’ordre, c'est-à-dire au moins théoriquement dans un but préventif.

A. Les contrôles d’identité relevant de la police judiciaire

1) Dans le cadre d’une infraction déterminée

En vertu de l’article 78-2 alinéa 1 du CPP, les contrôles d’identité sont


possibles sur toute personne à l’égard de laquelle existe une ou plusieurs
raisons plausibles de soupçonner qu’elle a commis ou tenté de commettre une
infraction.

Et dans cette hypothèse, en vertu de l’article 78-2-3 du CPP, la fouille du


véhicule de la personne est également possible.

Arrêt de la 1ère chambre civile du 17 janvier 2006 : il s’agissait d’un individu


qui avait tenté de se dissimuler à la vue d’un véhicule de police. Il y avait une
raison plausible de soupçonner qu’il n’avait pas la conscience tranquille. Ca a
été approuvé par la cour de cassation : est constitutif d’un comportement
laissant légitimement croire que la personne qui l’adopte est sur le point de
commettre ou vient de commettre, l’attitude consistant de se dissimuler à la
vue d’un véhicule de police.

Arrêt de la 1ère chambre civile du 10 mai 2006 : cette fois ci il a juste fait un
demi-tour sur un marché à la vue des policiers. La cour de cassation a
considéré que ca ne constituait pas une raison plausible de soupçonner qu’un
individu avait commis une infraction.

Arrêt de la 1ère chambre civile du 25 octobre 2005 : une personne devait


aller à l’hôpital mais elle a systématiquement refusé, ce qui a fait soupçonnée
les policiers. Ils ont contrôlés l’identité à cause de ça. L’avocat a tout de suite
plaidé l’irrégularité du contrôle d’identité qui avait permis l’interpellation. Un
refus de soin est insusceptible de caractériser une ou plusieurs raisons
plausibles de soupçonner une infraction de séjour irrégulier.

La même année la cour de cassation avait décidé qu’une dénonciation


anonyme mais non corroborée par d’autres indications n’était pas une raison
plausible de soupçonner qu’il y avait commission d’une infraction.

Si ce sont des arrêts de la 1ère chambre civile c’est parce qu’ c’est dans le
cadre d’une procédure administrative même s’il pourrait y en avoir en théorie
une pénale.

Un soupçon plausible de ce qu’on se prépare à commettre un crime ou un


délit, ce n’est pas très évident. Ou qu’elle est susceptible de fournir des
renseignements utiles à l’enquête en cas de crime ou de délit. Ou qu’elle fait
l’objet de recherches ordonnées par l’autorité judiciaire. Ce texte s’il est très
large, c’est d’abord parce qu’il comprend les témoins, les auteurs d’actes
préparatoires et aussi parce qu’il suffit d’une raison plausible.

2) Contrôle sur réquisition du procureur

En vertu du 2ème alinéa de l’article 78-2 du CPP, les contrôles sont possibles
dans des lieux et pour des périodes de temps déterminées sur réquisition
écrite du procureur de la république aux fins de recherche et de poursuite
d’infractions qu’il précise. La cour de cassation a précisé que le procureur n’a
pas besoin de démontrer que dans les lieux où il le fait il y a beaucoup
d’infraction. Pour les infractions concernant le terrorisme, les armes,
stupéfiants, les vols aggravés, sur réquisition les véhicules peuvent être visités
selon l’article 78-2-2 du CPP. Tout ca ce n’est que de la police judiciaire.

Le législateur y a ajouté une possibilité plus large de contrôle d’identité dans


un but de police administrative, pour maintenir l’ordre, pour éviter qu’il y ait
des infractions.

B. Les contrôles de police administrative

Il y a deux sortes :

· Premièrement, il y en a un qui est pour prévenir les infractions.

· Deuxièmement, il y en a prévu pour contrôler aux frontières ou dans les


aéroports internationaux l’identité des personnes qui doivent avoir un titre de
séjour.

1) Les contrôles sont possibles pour prévenir une atteinte à l’ordre


public notamment à la sécurité des personnes ou des biens

C’est un contrôle d’identité de n’importe qui, quel que soit le comportement de


la personne contrôlée. Ca brise une jurisprudence libérale de la chambre
criminelle qui voulait éviter qu’on ne confonde contrôle de police judiciaire et
administrative.

En revanche, le procès verbal de contrôle doit indiquer en quoi dans les lieux
où le contrôle a été fait, il y avait un risque réel d’atteinte à l’ordre public.

Dans le cadre de ce contrôle, pour prévenir une atteinte à l’ordre public, la


fouille des véhicules est possible, s’il accepte, à défaut s’il refuse sur
instruction du procureur qui doit être obtenu dans les 30 minutes. Pendant les
30 minutes le véhicule peut être immobilisé. Article 78-2-4 du CPP.

2) Les contrôles frontaliers sont justifiés uniquement par les lieux où l’on
veut vérifier les titres de séjour

A l’heure actuelle, le code les prévoit dans les ports, aéroports, trains
internationaux jusqu’au premier arrêt en France, gares ferroviaires et routières
ouvertes au trafic international. Il faut une zone située à 20km en deçà de nos
frontières avec les Etats Schengen.

C’est un contrôle pour vérifier les titres de séjour, il n’est pas lié à un risque
quelconque d’atteinte à l’ordre public. Systématiquement les contrôles
peuvent être faits dans ces lieux et ils sont officiellement pour vérifier les titres
de séjour. En revanche, ils ne sont fait que pour vérifier les titres de séjour et
ils ne doivent pas être détournés de leur objet c'est-à-dire par exemple
permettre à un contrôle de police judiciaire dans les conditions extralégales.

Arrêt du 3 mai 2007 : la police reçoit un renseignement anonyme disant qu’à


la gare de Montpellier une personne qui est décrit par le correspondant
anonyme se livre à un trafic de stupéfiant.

Alors que normalement ce sera un contrôle de police judiciaire, si elle


interpelle et qu’il y a des poursuites, les poursuites risquent de tomber car
fondées sur un contrôle d’identité irrégulier. Mais Montpellier est ouvert au
trafic international désigné par arrêté. Donc il va faire son contrôle d’identité
sous la forme d’un contrôle frontalier. Donc le policier invoque le contrôle
frontalier. L’avocat va plaider qu’il y a détournement du contrôle d’identité, que
le contrôle d’identité frontalier ne peut être fait que pour vérifier les titres de
séjour et que là il a été fait pour voir s’il y avait eu une infraction. La chambre
criminelle a dit qu’elle ne voulait pas de ce contrôle d’identité, elle a annulé le
contrôle : le contrôle frontalier de l’article 78-2 alinéa 4 est destiné
uniquement à vérifier les documents de séjour et ne doit pas permettre
d’éluder les conditions applicables aux autres types de contrôles, en
l’occurrence c’était un contrôle de police judiciaire de l’alinéa 1, il manquait la
raison plausible de soupçonner qu’il se livrait à un trafic de stupéfiant.

La cour de justice de l’UE a décidé dans un arrêt du 22 juin 2010 que le


contrôle d’identité aux frontières avec les Etats de Schengen étaient contraires
au droit communautaire : libre circulation entre Etats de l’UE. A la suite de
cette décision, on va être obligé de supprimer les contrôles d’identité frontalier.
II. Les modalités des contrôles
Quels sont les documents à présenter ?

D’abord on a à prouver notre identité. La preuve de l’identité peut se faire par


tout moyen. On peut demander aux personnes qui nous accompagnent de
témoigner pour nous. Si la personne ne peut ou veut prouver son identité, le
policier peut l’emmener pour vérifier.

Les personnes qui n’appartiennent pas à un pays de l’UE doivent à l’occasion


du contrôle d’identité, présenter leur titre de séjour. Certes la cour de
cassation a dit qu’on ne pouvait pas leur demander d’emblé en déduisant leur
qualité d’étranger. Mais le problème du contrôle d’identité, il fallait des
éléments objectifs comme l’immatriculation d’un véhicule. Mais le contrôle
d’identité, sur notre carte d’identité il y a notre nationalité et donc on a un
élément objectif qui indique de quelle nationalité on est. Et à partir de là on
doit présenter les titres de séjour. C’est le problème du contrôle d’identité. Ce
sont l’occasion même de découvrir une entrée et un séjour irrégulier. Il ne peut
pas y avoir de véritable fouille à corps dans un contrôle d’identité mais la
police n’hésite pas à faire une « palpation de sécurité » et que s’il y a quelque
chose qui a le volume d’une arme, elle aura envie de continuer. Mais on n’a
pas à répondre aux questions.

Section 2 : la vérification d’identité

C’est une mini enquête qui permet à la police de rechercher elle-même


l’identité d’un individu lorsqu’il n’a pas pu ou voulu la donner lors du contrôle.
Elle comprend un droit de rétention, 4h maximum, et un droit d’interpellation.

I. Les prérogatives des policiers


Ils ont le pouvoir de retenir l’individu soit sur plus soit dans un local de police
ou gendarmerie le temps nécessaire à la vérification qui est de 4h maximum.
En théorie l’individu peut faire prévenir le procureur qui peut y mettre fin. Les
policiers peuvent procéder à toutes opérations de police sauf la prise
d’empreintes digitales et de clichés photographie qui ne peuvent être faites
que lorsqu’elles sont l’unique moyen d’établir l’identité de l’intéressé qui doit
être autorisé par le procureur, mentionné au procès verbal et spécialement
motivé. La rétention peut être exercée dans un local de police.

II. Les garanties de l’individu


Pendant la vérification elle-même : la loi prévoit que le procureur de la
république de la personne qui fait l’objet de la vérification, est chargée de
contrôler l’opportunité et la régularité de la vérification de l’identité. Le seul
problème est que les procureur sont débordés.
Seul l’OPJ a des pouvoirs de contrainte. Dès le début de la rétention, l’individu
est présenté à un OPJ et doit prouver par tout moyen son identité, il peut avoir
droit à un téléphone. Il a le droit de faire aviser le procureur de la république.
Le procureur de la république peut venir. A l’issu de la vérification, soit on n’a
rien constaté comme indice d’infraction ou de séjour irrégulier et là au bout de
4h maximum il faut libérer la personne. La vérification ne doit pas laisser de
trace, elle ne peut pas donner lieu à une mise en mémoire sur fichier. La loi
prévoit que le procès verbal de vérification et les pièces de la vérification
doivent être détruits sous le contrôle du procureur de la république. si la
vérification n’a pas conduit à la constatation d’une infraction, il doit y avoir
aucune trace de la vérification. Si la vérification a conduit à une infraction à la
législation, il y a eu interpellation et il y a des chances que la personne ne soit
pas libérée et que ca se poursuive par une garde à vue, ou par une rétention
administrative. L’avocat de l’individu peut tenter de demander la nullité du
contrôle d’identité qui a permis de découvrir l’infraction.

Chapitre 3 : la constatation des infractions et la recherche des


preuves

Article 14 alinéa 1 du CPP : les autorités de police judiciaire sont chargées


de constater les infractions à la loi pénale, d’en rassembler les preuves et d’en
rechercher les auteurs, tant qu’une information n’est pas ouverte (information
est synonyme d’instruction)

Quand on va loin dans la recherche des preuves c’est normal que ce soit un
juge judiciaire avec toutes les garanties qui s’en mêlent. Le juge d’instruction a
plus de pouvoir que les policiers dans l’enquête et il présente pour les citoyens
plus de garantie statutaire en tant que juge judiciaire.

Section 1 : la constatation des infractions

La police peut voir les informations venir à elle ou au contraire aller les
chercher et les constater d’elle-même.

I. Les informations portées à la connaissance de


la police : plaintes et dénonciations
Article 17 du CPP : les autorités de police judiciaire reçoivent les plaintes et
dénonciations. Les plaintes émanent de la victime et les dénonciations
émanent de tiers.

Article 434-1 du code pénal : tout citoyen a parfois une obligation de


dénoncer dont le non respect est pénalement sanctionné.

Exception : sauf pour les crimes commis sur les mineurs de moins de 15 ans
pour les parents en ligne directe et pour les personnes astreintes au secret
professionnel.

Les plaintes et dénonciations doivent être transmises sans délai (article 19


CPP) au procureur de la république. Mais, deux remarques :
Arrêt 1er décembre 2004 : si la police n’a pas eu le temps de transmettre la
plainte au procureur de la république et qu’elle a préféré commencer d’elle-
même et toute seule l’enquête, les actes qu’elle a accomplis sont valable.

S’agissant des procès verbaux par lesquels la police constate les infractions,
article 430 du CPP : les procès verbaux ne valent qu’à titre de simple
renseignement. En principe la parole du policier n’est pas plus importante que
la parole du n’importe quel témoin. Le principe de preuve en matière pénale
est gouverné par un principe d’intime conviction du juge. Ca signifie que le
juge attache l’importance qu’il veut à chaque élément de preuve. Le juge
détermine à lui seul la crédibilité qu’on peut avoir dans tel ou tel élément de
preuve. En pratique, du fait de l’intime conviction il est possible que le juge
leur attache plus d’importance qu’à des dénonciations émanent de simples
particuliers. Mais de toute façon, et d’un stricte point de vue législatif, le
principe souffre des exceptions.

Il y a des situations dans lesquelles le procès verbal qui constate une


infraction fait foi ( : preuve) jusqu’à preuve contraire. Et donc à partir du
moment où on a un PV qui constate une infraction, il n’y a plus de
présomption d’innocence. Il va falloir prouver que le PV ne dit pas juste et qu’il
n’a pas commis l’infraction. Et de plus dans les matières où le PV fait foi
jusqu’à preuve contraire, cette preuve contraire ne peut être rapportée que
soit par écrit soit par témoins. Témoin est celui qui vient à la barre et qui prête
serment et du coup si il ment il peut être poursuivi pour faux témoignage.

Le principal est en matière de contraventions :

Arrêt du 5 janvier 2005 : il s’agissait d’une contravention pas trop grave


puisqu’on verra qu’elles sont jugées par le juge de proximité et qui a une
exception de double degré de juridiction pour les 4 premières classes. C’était
du stationnement. La personne n’avait pas payé et avait suivi la procédure
normale, elle avait contestée l’amende et demandé l’audience devant le juge
de proximité et avait invoqué un certain nombre d’arguments. Il n’y avait pas
eu de témoins et elle n’avait pas rapporté une preuve écrite. Mais comme elle
avait niée qu’il y avait des éléments douteux, le juge de proximité a relaxé, lui
a donné gain de cause en disant qu’il y a un doute.

Les juges de proximité ne sont pas des magistrats professionnels, ils


connaissent un peu de droit. Il s’est dit qu’on lui avait appris qu’il y avait une
présomption d’innocence et comme il y avait un doute il devait relaxer. Il n’y a
pas d’appel car c’est pas assez important. Le Parquet a formé un pourvoi en
cassation et la chambre criminelle a cassé la décision de relaxe en disant que
le juge de proximité n’a pas indiqué expressément que la preuve contraire aux
énonciations du PV avait été rapporté par écrit ou par témoin. Là le PV qui
constate une contravention a vraiment une force très importantes, on ne peut
lutter contre que strictement que par écrit ou témoin.

Ca joue aussi pour certains délits comme les délits à la police des chemins de
fer, les infractions à la législation du travail qui sont constatés normalement
par les inspecteurs du travail, et s’ils constatent que les règles d’hygiène et de
sécurité n’ont pas été respectées, cette constatation ne fait foi que jusqu’à
preuve contraire par écrit ou témoin. La jurisprudence l’interprète strictement.

Par exemple un instructeur du travail était dans une entreprise, il avait


constaté une infraction à la législation du travail et du coup il s’était fait
violemment insulté par un des dirigeants de l’entreprise et il avait dressé le PV
pour constater en outre un délit d’outrage. Or devant le tribunal la personne
concernée contestait ce délit d’outrage. Il n’y avait que pour ce qui était
expressément visé dans le code du travail, les infractions, que le PV ne valait
vraiment. Sinon ca ne vaut qu’à titre de simple renseignement. Le PV sur
l‘outrage ne vaut pas plus.

Et puis, exceptionnellement, quelques PV dans des matières particulières font


foi jusqu’à une procédure rare : la procédure d’inscription de faux. Cette
procédure d’inscription de faux est une procédure restrictive par laquelle on
accuse un agent assermenté d’avoir fait un faut en écriture publique, dans un
acte public d’avoir dit quelque chose de contraire à la réalité. C’est donc une
procédure très restrictive car c’est grave. Il s’agit de matières où les infractions
sont constatées par des agents spécialisées et où ils puissent rapporter la
preuve : c’est vrai des PV des douaniers qui constatent les fraudes des délits
en matières douanières et les PV qui constatent les délits de pêche.

Donc en principe le PV est un simple renseignement. Exception : preuve


contraire qui ne peut être rapportée que par écrit ou témoin pour toutes les
contraventions et quelques délits.

A la suite de ces constatations, d’une réception d’une plainte ou dénonciation,


la police va entamer une enquête pour essayer de rechercher les éventuels
coupables qui pourraient être poursuivis. La police le fera à travers deux types
d’enquête de police. Il y a l’enquête de flagrant délit (au sens large : délits et
crime), c’est l’enquête qui est faite par la police lorsqu’un délit ou un crime
flagrant est entrain ou vient de se commettre. Dans ce cas là il faut aller vite
pour tout de suite recueillir un maximum d’indices. Du coup là la police va
avoir pas mal de pouvoirs. Dans tous les cas où l’infraction ne vient pas de se
commettre, on dit qu’il y a enquête préliminaire. Mais quelque soit le type
d’enquête, dans les deux types d’enquête, la police cherche à recueillir le
maximum d’indices. On va classer ces indices comme indices provenant
d’objet ou de personnes.

La recherche d’indices provenant directement de personnes peut conduire à


une atteinte à la liberté d’aller et venir ou à une atteinte à l’intimité corporelle
ou encore à une atteinte à l’intimité de la vie privée. C’est pourquoi, la
recherche de ces indices doit être particulièrement réglementée. Et la
recherche d’indices provenant d’objets peut conduire les policiers à entrer
dans les domiciles privés et peut donc porter atteinte à l’intimité de la vie
privée et il faut donc une règlementation précise.

I. Les indices provenant d’objets


Ce que fait un officier de police judiciaire quand il enquête surtout en flagrant
délit, il va voir sur les lieux de l’infraction. Donc d’abord bien souvent une
enquête commence par un transport sur les lieux par l’officier de police
judiciaire. Lorsqu’il s’agit d’une infraction flagrante, c'est-à-dire qui est entrain
de se commettre ou qui vient de se commettre, le transport sur les lieux est
obligatoire après que le procureur ait été avisé et il peut venir lui-même le
procureur. L’officier de police judiciaire doit prendre toutes les mesures pour
éviter la disparition des indices et ordonner les examens techniques et
scientifiques nécessaires. Or tous les éléments ne sont pas nécessairement
sur les lieux de l’infraction. Souvent des objets et documents utiles à l’enquête
sont détenus par des individus ou se situe dans des lieux privés.

Le législateur a prévu (en réglementant, à quelle condition et comment, en


prévoyant des garanties) et réglementé la réquisition de documents et les
perquisitions. En principe, à l’intérieur des lieux privés c’est tout ce qui a été
réglementé et prévu par la loi et donc en principe c’est tout ce qui a été
autorisé, et donc on peut espérer qu’à partir du moment où ils ne sont pas
inscrits dans la loi, tout autre mode d’intrusion dans les lieux privés serait
interdit.

Arrêt 21 mars 2007 : il s’agissait d’une enquête préliminaire pour trafic de


voiture volée. Du coup, dans le cadre de cette enquête préliminaire, les
policiers avaient prient des photos clandestines de l’extérieure à l’insu des
personnes, de personnes et de voiture. En ce qui concerne les photos
clandestines de personnes, il est évident que c’est interdit, c’est un délit et
donc la preuve devait être annulée, ne pouvait pas servir. Pour les voitures, la
chambre criminelle a décidé que les photos clandestines de voitures prises à
l’intérieur d’une propriété privée, étaient illicites parce qu’elles constituaient
une ingérence dans la vie privée qui n’était prévue par aucun texte. Il aurait
fallu un texte de loi. Toute atteinte à la vie privée pour rechercher les indices
d’une infraction, si elle n’est pas prévue dans le CPP est illicite.

A. Les perquisitions

Ce qui caractérise la perquisition est la fouille par un officier de police


judiciaire pour rechercher des objets susceptibles de servir de preuve dans un
procès pénal et éventuellement pour les saisir. C’est l’officier lui-même qui
fouille. Si le propriétaire des lieux donne des objets aux policiers, c’est lui-
même qui cherche si un tiers n’aurait pas introduit des objets à son insu, ce
n’est pas une perquisition. Et donc il n’y a pas à respecter la règlementation
qu’on va voir. C’est parce que le policier vient fouiller chez nous, que même si
on est d’accord pour qu’il le fasse, on va prendre des précautions et il y aura
des règles générales, des garanties.

La perquisition est possible non seulement chez toute personne susceptible


d’avoir participé à l’infraction mais aussi chez celles qui paraissent détenir des
objets relatifs à l’infraction. Par exemple les tribunaux admettent une
perquisition dans un bar dont les personnes soupçonnées d’un vol étaient des
habitués.
Donc de toute façon, même quand il y a l’accord, il y a des règles générales,
des garanties à respecter. On va donc voir d’abord les règles générales
applicables à toute perquisition, c'est-à-dire aussi bien une perquisition
consentie qu’une perquisition forcée sans l’accord de l’occupant dans les cas
où elle est possible. On verra ensuite dans quels cas le policier peut venir
fouiller même quand on s’y oppose.

1) Les règles générales : les garanties qui s’appliquent pour toutes


perquisitions

La première règle est le moment de la perquisition. Il ne peut pas y avoir de


fouille la nuit dans un lieu privé. Il ne peut pas y avoir de perquisition entre 21h
et 6h du matin. Du moment que la perquisition a commencé avant 21h elle
peut se poursuivre, elle est régulière.

On a une exception dans la loi qui donne plus de pouvoir de coercition aux
policiers. Pour les enquêtes relevant de cette matière la police va pouvoir
fouiller de nuit. Il s’agit de la criminalité en bande organisée. S’il s’agit d’une
enquête portant par exemple sur des faits de meurtre en bande organisée,
qu’il y a flagrant délit, la fouille de nuit est possible même dans les lieux
d’habitation. S’il s’agit d’une enquête préliminaire de criminalité en bande
organisée, les fouilles de nuit sont possibles en dehors du lieu même
d’habitation, dans les dépendances du lieu d’habitation, c'est-à-dire dans les
caves et garages.

On fait intervenir, quand dans l’enquête de police il y a des pouvoirs


exceptionnels, le législateur fait intervenir un juge le plus indépendant, c'est-à-
dire un juge du siège. C’est important. Il faut l’autorisation d’un juge du siège
indépendant du TGI. En criminalité en bande organisée, pour perquisitionner
de nuit, les policiers doivent avoir l’autorisation du juge des libertés et de la
détention !

Une juge du siège ce n’est pas l’OPJ qui va aller voir le juge pour avoir
l’autorisation. L’OPJ qui veut aller de nuit rapidement faire une fouille en
criminalité organisée s’adressera au procureur de la république et c’est le
procureur de la république qui demandera l’autorisation de cette perquisition
de nuit uniquement pour la criminalité en bande organisée au juge des libertés
et de la détention. La perquisition de nuit est subordonnée à l’autorisation du
JLD suite à une requête du procureur de la république.

Quelles sont les garanties ?

La police devra rédiger un PV dans lequel elle relatera le déroulement de la


perquisition. Ce PV va être dans le dossier, d’abord dans le dossier de
l’enquête puis l’avocat va consulter le PV et va pouvoir a posteriori vérifier que
les formalités ont été respectées. En principe l’occupant, titulaire des droits sur
les lieux visités, doit être présent à la perquisition. A défaut, s’il n’est pas là, il
doit y avoir la présence d’un représentant de son choix lorsqu’il s’agit d’une
perquisition au domicile de la personne soupçonnée, ou de deux de ses
parents ou alliés s’il s’agit d’une personne non soupçonnée mais qui pourrait
détenir des objets. Si on ne peut pas, encore à défaut, devront être là deux
témoins librement choisis par les enquêteurs. Il y a des lieux qui comportent
des intérêts essentiels qui peuvent être le secret professionnel et la liberté de
l’information. Donc il y a des dispositions supplémentaires pour les
perquisitions effectuées dans certains lieux pour protéger aussi bien le secret
professionnel que la liberté d’information.

En vertu de l’article 56-1 du CPP qui a été complété par une loi de 2005, les
perquisitions dans les cabinets d’avocat ne peuvent être faites que par un
magistrat (le procureur de la république puisqu’on est dans l’enquête) en
présence du bâtonnier de l’ordre qui a seul le droit de prendre connaissance
des documents. La loi de 2005 a précisé que pour que la perquisition soit
possible il fallait une décision écrite, toujours du procureur de la république,
indiquant la nature des infractions sur lesquelles portent l’enquête, les raisons
justifiant la perquisition. Et à peine de nullité, aucune saisie ne peut concerner
les documents relatifs à d’autres infractions. En outre, le bâtonnier peut
s’opposer à la saisie d’un document. Lorsque le bâtonnier s’oppose à la saisie
d’un document, le débat est porté devant celui qui fait arbitre lorsqu’il y a un
vrai problème dans l’enquête de police c'est-à-dire devant le JLD qui au vue
des pièces communiquées, doit décider si ca peut être saisi ou non dans les 5
jours. Il rend une ordonnance motivée non susceptible de recours.

S’est posé un problème qui soulève la question de l’interprétation stricte. Le


texte parle de documents qui peuvent être saisi.

Arrêt du 8 aout 2007 : il y a une enquête préliminaire concernant des faits de


détention d’image de mineur à caractère pornographique. Et un avocat est
soupçonné d’être dans le coup et donc en enquête préliminaire le procureur
décide d’une perquisition de la recherche de faits relatifs à cette détention
d’image. Le bâtonnier prend connaissance des documents et les policiers
veulent saisir l’ordinateur portable de l’avocat et le disque dure de l’ordinateur
fixe. Le bâtonnier s’y oppose. Le seul moyen de pouvoir saisir est la décision
du JLD. Le procureur fait une requête au JLD et le JLD refuse, il déclare la
requête irrecevable et il applique l’interprétation stricte. Le JLD a dit que le
texte qui envisage la saisie avec son autorisation est l’article 56-1 du CPP et
il parle de saisie de documents. Or le matériel informatique ce n’est pas un
document et donc il est incompétent pour autoriser la saisie du matériel
informatique. La cour de cassation a cassé la décision du JLD déclarant la
requête du procureur irrecevable. Ca revenait à dire que le matériel
informatique ne peut jamais être saisi.

Article 56-3 du CPP : les perquisitions aux cabinets des médecins, notaires,
avoués ou huissiers ne peuvent être faites que par un magistrat (procureur de
la république car on est dans l’enquête de police) en présence d’un
responsable de l’ordre ou de l’organisation professionnelle.

Il y a des dispositions particulières pour les perquisitions dans les locaux des
entreprises de presse pour préserver la liberté de l’information. Ces
dispositions particulières sont prévues à l’article 56-2 du CPP. La dernière
modification date d’une loi du 4 janvier 2010. On a calqué les perquisitions
dans les locaux d’entreprise de presse sur les perquisitions dans les cabinets
d’avocat depuis cette loi de 2010. Il doit y avoir une décision écrite du
procureur qui précise sur quelles infractions portent l’enquête, les raisons de
la perquisition. C’est un journaliste du local qui prend connaissance des
documents et qui peut s’opposer à la saisie avec le même système de
contestation tranchée par le JLD. Et la loi de 2010 précise que le magistrat, ici
le procureur, veille au respect du secret des sources et à l’absence
d’obstacles ou de retard injustifiés à la diffusion de l’information.

Arrêt de 2006 : il y avait eu perquisition au siège d’un journal. On cherchait


une violation du secret professionnel. Les opérations avaient été menés
rapidement et les policiers avaient pris une copie de ce qui les intéressait, et
avaient laissés les ordinateurs. En revanche, ce n’est pas sur qu’il y aurait la
même décision maintenant car ce n’est pas sur que ca respecte le secret des
sources.

Quelle est la sanction du non respect de ces garanties ?

Rien si ce n’est pas suivi d’une procédure judiciaire. Le problème est si on


trouve des choses et qu’à la suite de l’enquête il y a une procédure judiciaire
et qu’on trouve un PV de perquisition irrégulière. Il a intérêt à demander
l’annulation de la perquisition irrégulière. Les preuves qui ont été obtenues à
l‘aide de la perquisition doivent être rejetées du dossier.

Article 59 alinéa 2 : indique expressément que les règles générales


concernant les perquisitions doivent être respectées à peine de nullité. Le
code lui-même prévoit la nullité comme sanction, c’est ce qu’on appelle la
nullité textuelle.

Arrêt du 3 avril 2007 : une perquisition avait eu lieu en l’absence de


l’occupant, et sans représentant, et ils avaient trouvé 100 kg de cannabis.
C’est à la suite de ça qu’on l’avait poursuivi et mis en examen pour détention
de stupéfiant. Mais perquisition irrégulière, on a fait annuler la perquisition. Il y
a eu annulation car il y avait irrégularité. C’est le prix à payer pour être sur où
toutes les atteintes aux droits et libertés sont entourées de garanties.

Attention : la question de la possibilité pour le JLD d’être compétent pour une


saisie d’ordinateur a changé car la loi de 2010 a ajouté « ou objet ».

La nullité, lorsqu’il y a irrégularité, n’est pas toujours prononcée bien que le


texte la prévoit expressément et qu’il s’agit donc d’une nullité textuelle. En
effet, il y a une restriction à la possibilité de prononcer l’annulation d’un acte
irrégulier qu’il s’agisse d’une nullité textuelle ou substantielle, provient d’une
règle générale du droit processuel, que l’on retrouvera aussi en procédure
civile qui est la règle « pas de nullité sans grief ». Article 802 du CPP.

Cette règle signifie que l’annulation ne sera prononcée que si la personne qui
invoque l’irrégularité peut prouver que cette irrégularité lui a causé un
préjudice (grief). Le but de cette règle est d’éviter qu’un plaideur invoque la
nullité ou à des fins dilatoires ou pour le seul plaisir d’échapper à la justice,
d’échapper au jugement. Il faut qu’il y ait eu irrégularité mais aussi que ca lui
ait causé un préjudice. Qu’est ce qui se serait passé si la perquisition avait été
régulière ? On aurait empêché la ruse du policier qui amènerait lui-même
l’objet recherché dans l’appartement. Si on avait été là on aurait peut être pu
empêcher que le policier aille fouille à tel endroit. Quand est ce que
l’irrégularité a causé un grief ? On ne sait pas exactement ce qui s’est passé.
Dans l’affaire du 3 avril 2007, l’occupant a émis des réserves, a protesté, a dit
que c’était une ruse puisqu’il n’était pas là, pas de représentant et pas de
témoin. On ne peut pas être sur que la perquisition ne comporte pas une ruse.

Quand est ce que l’annulation sera refusée au motif qu’il y a irrégularité mais
qu’elle n’a causé aucun préjudice ? Si les policiers n’ont rien trouvé de
compromettant en fouillant l’appartement, et que c’est irrégulier, ca n’a causé
aucun préjudice, ca n’a aucun intérêt de demander la nullité. La question est
de savoir lorsque l’individu proteste. La jurisprudence décide qu’il n’y a pas de
préjudice lorsque l’occupant n’émet aucune contestation sur l’origine des
objets découverts.

Arrêt du 15 juin 2000 : une perquisition et une saisie au domicile d’un individu
qui n’était pas là car il était gardé à vue au commissariat et sans qu’il ait
désigné un représentant et sans témoin. Ils reviennent au commissariat avec
des objets compromettant. Les policiers lui montrent les objets et l’individu
n’émet aucune contestation. Ensuite, il est poursuivi à la suite de l’enquête de
police, l’avocat tombe sur le PV de perquisition, il demande l’annulation et
s’est fait refuser. La cour de cassation a dit que l’irrégularité n’a pas eu pour
effet de porter atteinte aux intérêts du prévenu puisqu’il n’a émit aucune
contestation sur l’origine des objets lorsqu’ils lui ont été présentés durant sa
garde à vue. La règle pas de nullité sans grief est susceptible de rassurer car
il faudra prouver un préjudice et c’est très difficile, il faut prouver que ca se
serait passé autrement si l’acte avait été régulier.

Est-ce qu’il y des cas où la fouille d’un lieu privé peut être faite sans le
consentement de l’occupant ?

2) Les perquisitions forcées

On dit qu’il y a perquisition forcée lorsque la fouille est faite par la police sans
l’accord de l’occupant des lieux. Ca n’est pas toujours possible, on est que
dans l’enquête de police et pas judiciaire. Il y a une catégorie d’enquête où les
perquisitions forcées sont possibles : dans les enquêtes de flagrance.

En revanche, dans l’enquête préliminaire, on n’a pas de raison d’aller vite, la


possibilité pour la police d’effectuer une perquisition sans le consentement de
l’occupant est exceptionnelle.

a) Les perquisitions forcées peuvent être faites dans l’enquête de


flagrance
A la perquisition il faut assimiler la fouille à corps. La définition de l’enquête de
flagrance est faite à l’article 53 du code de procédure pénale. Il y a enquête
de flagrance lorsqu’un crime ou un délit (pas question de donner ces pouvoirs
important pour une malheureuse contravention) est entrain de se commettre
ou vient de se commettre. Le code ajoute une autre situation d’enquête de
flagrance : lorsque la personne soupçonnée est poursuivie par la clameur
publique ou présente des traces ou indices « dans un temps très voisin de
l’action ».

C’est dans l’enquête de flagrance que la police a le pouvoir d’entrer de force


dans les domiciles privés et de fouiller car il y a urgence à recueillir les indices
et il y a moins de précautions à prendre. Mais ces pouvoirs vont durer
combien de temps ? L’enquête de flagrance, en vertu de l’article 53 alinéa 2
ne peut durer que 8 jours. C’est dans les 8 jours à partir des faits que les
policiers auront les pouvoirs de perquisition forcée. Au bout des 8 jours, ils
n’ont plus les pouvoirs de perquisition forcée.

Le législateur a ajouté une exception : lorsque l’enquête porte sur un crime ou


un délit dont la peine encourue est au moins égale à 5 ans, l’enquête de
flagrance peut être prolongée de 8 jours supplémentaires. Sur décision du
procureur, lorsque les investigations ne peuvent être différées. En d’autres
termes lorsqu’il y a encore urgence.

Problème : un transport de stupéfiant est une infraction, c’est du trafic de


stupéfiant, c’est une infraction continue. Lorsqu’une infraction est en train de
se commettre la police peut faire une fouille à corps ou perquisition sans
l’accord de la personne. On appelle anonymement le commissariat de police
en disant que Madame Mayer détient des stupéfiants chez elle. Mais il faut
qu’il y ait des indices apparents du crime ou délit en train de se commettre ou
qui vient de se commettre. La chambre criminelle en imposant cette logique
des indices apparents a décidé qu’une dénonciation anonyme était
insusceptible de constituer un indice apparent d’infraction flagrante et donc
insusceptible de permettre une perquisition ou une fouille à corps forcée. La
perquisition sans le consentement est irrégulière.

Arrêt du 11 juillet 2007 : les policiers reçoivent un appel téléphonique


anonyme les informant de la présence de stupéfiant dans une automobile en
stationnement. On ne peut pas utiliser les textes de contrôle d’identité. Les
policiers savent que sur un simple appel anonyme ils ne vont pas pouvoir aller
perquisitionner l’automobile, et du coup ils consultent les fichiers et ils
constatent que le véhicule appartient à l’individu qui est connu des services de
police pour avoir déjà été condamné pour infraction à la législation sur les
stupéfiants. Ils appellent le procureur et lui demande s’ils peuvent faire
quelque chose. le procureur donne l’autorisation de déplacer le véhicule et
ensuite de fouiller le véhicule. Ils trouvent des stupéfiants. La chambre
criminelle a annulé la perquisition forcée parce qu’elle a dit qu’il n’y a pas
d’indices apparents et objectifs d’infraction flagrante.

En revanche lorsque la dénonciation n’est pas anonyme, elle peut, selon les
circonstances, valoir indice apparent d’infraction flagrante.
Arrêt du 1er octobre 2003 : un utilisateur d’internet qui révèle à la police la
détention par un autre utilisateur de photos de mineurs à caractère
pornographique. Il s’agissait d’un indice apparent de l’infraction. Il n’y avait pas
eu de ruse.

Il y a des cas où en faisant son boulot de police administrative, ce que la


jurisprudence admet comme être parfois de la police administrative, elle va
tomber sur des indices apparents. Suite à une palpation de sécurité la police
se rend compte qu’elle a un volumineux trousseau de clefs. La chambre
criminelle a considéré que ca valait indice apparent. La palpation de sécurité a
donné l’indice apparent.

Arrêt du 5 janvier 2005 : accident de la circulation et il y a un blessé


inconscient qui ne peut pas donner son identité. Les policiers recherchent son
identité. Et pour ca ils fouillent un sac qu’ils ont découvert sur le bord de la
route. Dans le sac ils trouvent des armes et des munitions. La chambre
criminelle a considérée que l’opération de police administrative pouvait être
continuée en enquête de police judiciaire parce que par hasard les policiers
étaient tombés sur ces indices apparents.

Arrêt du 12 mai 1992 : on sonne chez une personne, c’est les policiers qui
disent qu’ils veulent fouiller l’appartement. On dit non. Mais trop tard, ils ont
aperçu des sacs contenant des objets bizarres, l’ensemble des objets qu’ils
étaient en train de chercher. A partir du moment où ils voient un indice
apparent de l’infraction qui est entrain de se commettre (recel), ils peuvent
faire une perquisition sans leur consentement.

La police ne peut fouiller de force que s’il y a eu une infraction qui est en train
ou qui vient de se commettre et surtout qu’elle dispose d’indices apparents de
cette infraction, sachant que des dénonciations anonymes non corroborés par
d’autres éléments ne sont pas susceptible de constituer un indice apparent
d’infraction.

b) La possibilité de perquisition forcée est exceptionnelle et soumise à


autorisation dans l’enquête préliminaire, c'est-à-dire en l’absence
d’indice apparence de flagrance

Exceptionnel car de toute façon dans l’enquête préliminaire il peut y avoir


perquisition forcée que si l’enquête porte sur un crime ou un délit pour lequel
la peine encourue est d’au moins 5 ans. Cette perquisition forcée ne peut être
faite qu’avec autorisation d’un juge du siège, le JLD. Quand le JLD a une
autorisation à donner, c’est le procureur de la république qui s’adresse à lui. Il
faut une autorisation du JLD saisi par le procureur à la demande de l’OPJ.

S’il donne l’autorisation, le JLD doit préciser la qualification au moins


provisoire de l’infraction et doit préciser en quoi la perquisition forcée est
nécessaire. Cette perquisition ne peut avoir d’autre objet, à peine de nullité,
que la recherche des infractions mentionnées dans la décision du JLD. Mais si
(par hasard) la perquisition relève d’autres infractions, la constatation de ces
infractions n’est pas nulle. Les policiers, leur but est uniquement la recherche
d’une infraction sur laquelle il y a enquête, ils n’ont pas le droit de rechercher
des éléments d’une autre infraction.

B. Les réquisitions pour obtenir des documents

En vertu de l’article 60-1 du CPP les OPJ peuvent demander à toute


personne, tout établissement ou organisme privé ou public ou toute
administration publique susceptible de détenir des documents intéressant
l’enquête, de leur remettre ces documents. Quand ces perquisitions
concernent une personne tenue au secret professionnel, la remise des
documents ne peut intervenir qu’avec son accord.

Cet article concerne l’enquête de flagrance. Il y a un texte semblable qui est


l’article 77-1-1 pour l’enquête préliminaire. Ils doivent avoir l’autorisation du
procureur, ils ne peuvent pas le faire d’eux même. La jurisprudence admet
que si on est dans l’enquête préliminaire et qu’il n’y a pas eu autorisation du
procureur, c’est une cause de nullité. Elle demande même pas la preuve d’un
grief. Mais elle restreint beaucoup la portée de l’autorisation du procureur
dans l’enquête préliminaire. La chambre criminelle considère que la nécessité
de l’autorisation du procureur en enquête préliminaire ne s’applique pas à la
consultation par la police de fichiers auxquels elle a normalement accès. Là la
chambre criminelle considère qu’il ne s’agit pas de réquisition, la police n’a
pas été demander à quelqu’un, elle a pris l’initiative d’aller consulter le fichier
d’immatriculation des voitures volées. La chambre criminelle a dit qu’il ne
s’agit pas de réquisition et donc il ne s’agissait pas de l’article 77-1-1 : arrêt
du 15 septembre 2009.

Arrêt du 23 mai 2006 : la chambre criminelle dit que l’autorisation du


procureur dans l’enquête préliminaire de faire des réquisitions, n’est soumise
à aucune forme particulière. Par conséquent, elle peut être non écrite mais du
coup, on ne peut plus apporter la preuve de ce que l’autorisation a été sollicité
et obtenue ou n’a pas été sollicité et obtenue. Il faut retenir la possibilité de
réquisition sous réserve du secret professionnel, sans que les juges du fond
s’en mêlent, par les policiers suite à une autorisation fut elle verbale.

Question à la pause : Perquisition dans un cabinet d’avocat. Le procureur


souhaitait saisir des objets ordinateurs et disque dur. Le bâtonnier s’y
opposait. Et donc la contestation a été présentée devant le JLD et il dit qu’il
n’accepte les contestations que portant sur la saisie d’un document. Donc il
n’a pas de pouvoirs pour trancher. Et on s’étonnait de ce qu’il y ait eu de la
part du procureur un recours en cassation et une cassation. la décision du
JLD d’autoriser au non la saisie est prise sans recours. C’est sans recours sur
l’objet même de la décision, qu’il dise oui ou non sur la saisie là il n’y a pas de
recours. Mais ca n’exclu pas le pouvoir en cassation portant sur les pouvoirs
d’une autorité judiciaire de la méconnaissance de l’étendue de ses pouvoirs.
C’est le vice d’excès de pouvoir. Mais là il y avait un vice d’insuffisance de
pouvoir. Ca ne portait pas sur l’opportunité de la saisie. Il y a eu une
modification législative : le législateur, pour éviter ce genre de difficultés a
rajouté par une loi de 2010 dans le texte relatif aux perquisitions dans un
cabinet d’avocat la possibilité de saisir des documents OU OBJETS et du
coup d’élever la contestation devant le JLD non seulement pour la saisie d’un
document mais aussi pour la saisie d’un objet. Désormais c’est donc réglé.

II. La recherche des indices provenant des


personnes

A. Les prélèvements sur la personne

Ca vient pas de la personne mais de ce qu’elle a sur elle. Tout témoin ou


suspect, donc même la personne qui ne fait pas l’objet de soupçons, peut
subir une mesure prélèvement externe. Par exemple, quelqu’un qui a sur ses
vêtements des traces de sang ou quelqu’un qui a des traces de boue, des
cheveux arrachés. S’il s’agit que d’un témoin il peut toujours refuser, mais il y
aura des « raisons plausibles que ». S’il s’agit d’une personne soupçonnée et
qu’elle refuse, elle peut être sanctionnée par une amende.

Concernant les seules personnes soupçonnées, dans les deux types


d’enquête (enquête préliminaire et flagrance), elle est encore très utile pour
les indices provenant des objets, beaucoup moins pour les personnes. Il y a
deux prélèvements que les personnes soupçonnées doivent subir.

Premièrement, lorsqu’une personne est soupçonnée d’avoir commis une


infraction relevant du fichier des empruntes génétiques, c'est-à-dire d’une
infraction grave, la police peut décider d’un prélèvement biologique. On va
comparer l’ADN avec celle qu’on a déjà dans le fichier. En principe, si la
personne refuse, elle a juste une sanction pécuniaire (amende). Mais, lorsque
la personne a déjà été condamnée à au moins 10 ans sur réquisition écrite du
procureur, on peut lui faire le prélèvement de force.

Fichier des empruntes génétiques : fichier dans lequel il y a l’ADN de


personnes en principe condamnées mais il y en a aussi qui n’ont pas été
condamnés par exemple lorsqu’elles sont pénalement irresponsables,
condamnés pour des infractions énumérées graves mais au départ le fichier
contenait les auteurs d’infraction sexuelles, c’est pour cela qu’il a été créé,
ensuite il y a eu d’autres infractions comme atteinte aux personnes, mais
aussi les condamnés pour des infractions d’une certaine importance pour
délinquance contre les biens.

Deuxièmement, on a un prélèvement fait essentiellement dans l’intérêt des


victimes. Lorsqu’il y a des indices graves de ce qu’une personne a commis
une infraction sexuelle, on peut lui faire une prise de sang aux fins de
dépistage d’une MST. Si elle refuse, amende en principe, et à la demande de
la victime la prise de sang peut être faite sans le consentement de l’intéressé
sur réquisition écrite du procureur de la république.

Le reste des indices vont provenir de la parole des individus. Cette parole de
l’individu est normalement recueillie au cours d’audition par la police. Et à ce
stade il n’y a que des personnes soupçonnées et donc on parle seulement
d’audition et pas d’interrogatoire. Mais exceptionnellement, les policiers vont
pouvoir se servir des paroles d’une personne à son insu. Il va donc pouvoir y
avoir des écoutes téléphoniques.

B. Les écoutes téléphoniques

C’est exceptionnel. Au stade de l’enquête de police, les écoutes


téléphoniques ne sont possibles que lorsqu’il s’agit d’une enquête portant sur
des faits de criminalité en bande organisée. En d’autres termes, s’il s’agit
même des infractions les plus graves mais pour lesquelles il n’y a pas bande
organisée, dans l’enquête de police il n’y a pas possibilité d’écoute
téléphonique. Le juge d’instruction dans la phase judiciaire peut ordonner des
écoutes téléphoniques. En 2004 le législateur a prévu la possibilité d’écoute
en matière de criminalité organisée.

Article 706-95 du CPP : les écoutes doivent être autorisées par le JLD sur
requête du procureur de la république. On a donc un double verrou. Autorisé
pour 15 jours renouvelables une fois. Les opérations d’écoute sont faites sous
le contrôle du JLD. Il s’agit d’infractions énumérées à l’article 706-73 du CPP.

Meurtre, torture, séquestration, proxénétisme, trafic de stupéfiant, terrorisme,


blanchiment d’argent, association de malfaiteurs, infraction en matière d’arme,
vol d’une certaine importance et l’aide à l’entrée et au séjour irrégulier. Quant
à la notion de bande organisée il faut qu’il y ait un regroupement pour la
préparation ou la commission de ces infractions. Or comme la bande
organisée est une circonstance aggravante de certaines infractions, elle est
définie à l’article 132-71 du CPP : tout groupement formé ou toute entente
établie en vue de la préparation d’infractions (celles qui sont énumérées)
caractérisées par un ou plusieurs faits matériels.

Arrêt du 26 mars 2008 : La jurisprudence a plutôt minimisé le contrôle du JLD


en décidant que ce contrôle ne portait que sur la façon dont la disposition
d’écoute était installée sur la durée et que ce contrôle ne portait pas sur la
transcription des PV d’écoute. Même si le JLD a pas du tout été informé (il a
quand même donné l’autorisation) des actes accomplis, la chambre criminelle
a dit qu’elle ne prononce pas la nullité parce que cette irrégularité n’a pas eu
pour effet de porter atteinte aux intérêts de la personne concernée.

C. Les témoignages et auditions

Auditions pour quelqu’un qui ne vient pas d’elle-même, plutôt pour la


personne soupçonnée.

1) Le particularisme du témoignage anonyme

Le témoignage anonyme peut porter atteinte aux droits de la défense. La


personne poursuivie aura beaucoup de mal à réfuter un témoignage
anonyme. Mais il peut être utile parce que certaines personnes peuvent
craindre si elles témoignent des représailles de la part de la personne contre
laquelle elles auront témoignés.
A titre exceptionnel, uniquement dans les enquêtes qui portent sur un crime
ou un délit pour lequel la peine encourue est au moins égale à 3 ans, le
témoignage anonyme est possible s’il s’agit d’une personne contre laquelle il
n’existe pas d’indices et dont le témoignage est susceptible de mettre
gravement en danger la vie ou l’intégrité physique ou celle de ses proches. En
fait c’est une loi de 2001 qui a admis cette possibilité de témoignage
anonyme, que l’identité d’un témoin n’apparaisse pas dans un PV. Comme le
secret gardé sur l’identité du témoin est susceptible d’entrer directement en
contradiction avec les droits de la défense, le législateur a pris des
précautions pour préserver ses droits. Le témoignage ne sera anonyme que si
c’est nécessaire. Il y a donc des gens qui vont vérifier qu’effectivement la
décision d’accorder l’anonymat au témoin. Cette décision sera prise par le JLD
sur requête motivée du procureur.

En outre, si l’enquête est suivie d’une procédure judiciaire, en d’autre termes


si la personne contre laquelle le témoin anonyme a témoigné est poursuivie, la
personne poursuivie pourra toujours contester l’anonymat si au regard des
circonstances de l’infraction ou de la personnalité du témoin la connaissance
de son identité est indispensable à l’exercice des droits de la défense.

Autre possibilité : la personne poursuivie peut demander une confrontation


avec le témoin par l’intermédiaire d’un dispositif technique d’audition à
distance, on va modifier la voix.

Et enfin, le législateur a précisé qu’aucune condamnation ne pourra être


prononcée sur le seul fondement de déclaration de témoins anonymes, dont
l’identité est restée secrète pour la personne poursuivie.

2) Les mesures de coercition nécessaires aux auditions

L’audition suppose souvent la présence des individus dans les locaux de


police judiciaire, c'est-à-dire au commissariat ou à la gendarmerie. Pour cela il
faut que la personne y soit venue et il faut aussi éventuellement qu’on ai pu
les retenir si elle a aucune envie d’y rester.

Venue des individus dans les locaux de police :

Premièrement, l’OPJ sait où la personne se trouve et donc on lui envoie une


convocation. Mais, il peut y avoir des gens qui ne répondent pas à une
convocation, ou la police prend des devants dont on peut craindre qu’elle ne
réponde pas à la convocation. Dans ce cas l’OPJ peut contraindre à
comparaitre, à venir au commissariat, non seulement toute personne
soupçonnée, mais aussi tout témoin qui ne répond pas à une convocation
« dont on peut craindre qu’il n’y réponde pas ». et quelque soit le type
d’enquête, non seulement dans l’enquête de flagrance mais aussi dans
l’enquête préliminaire. Mais en principe l’OPJ ne peut pas arriver tout de suite,
donc en principe l’OPJ doit demander l’autorisation du procureur.
Il y a une exception en matière de flagrance : sauf en ce qui concerne l’auteur
d’une infraction flagrante (article 73) et aussi sauf en ce qui concerne toute
personne qui se trouve sur les lieux (article 62 alinéa 2).

Mais si la personne quel a police souhaite entendre n’est pas localisée, il y a


deux hypothèses. Si elle n’est soupçonnée de rien, la police laisse tomber. Si
la personne est soupçonnée d’avoir commis une infraction au moins de
moyenne gravité, crime ou délit pour lequel la peine encourue est d’au moins
3 ans, quelque soit le type d’enquête, le procureur de la république peut
délivrer un mandat de recherche. Si la personne est trouvée, on peut la mettre
en garde à vue et les policiers qui enquêtaient peuvent se rendre sur les lieux
pour entendre la personne.

Est-ce qu’on peut la garder de force au commissariat ? C’est le problème de la


garde à vue. C’est la rétention forcée dans des locaux de police judiciaire
d’une personne soupçonnée pour les besoins d’une enquête. Le principe de la
garde à vue est la contrainte.

Jusqu’à présent la jurisprudence considérait que même si une personne était


interpelée de force, lorsqu’arrivée au commissariat elle acceptait sans
contrainte d’être auditionnée, il n’y avait pas lieu de la placer en garde à vue
et du coup il n’y avait pas besoin de lui donner les garanties de la personne
gardée à vue.

Arrêt du 8 septembre 2004 et arrêt du 26 octobre 2005.

Le projet de loi prévoit que s’il y a eu interpellation forcée il doit


systématiquement y avoir les garanties de la garde à vue. Seules les
personnes soupçonnées qu’elles ont commis une infraction peuvent être
placées en garde à vue. Les autres personnes, les simples témoins qu’on a pu
faire venir de force, puisqu’elles ne peuvent pas être placées en garde à vue,
elles ne peuvent être retenues au commissariat que le temps strictement
nécessaire à leur déposition. Ce n’est pas une garde à vue et il n’y a pas les
garanties de la garde à vue. Le projet de loi donne une durée maximum : pour
les personnes non soupçonnées, la rétention pour audition ne peut pas durer
plus de 4h.

A l’heure actuelle, toutes ces personnes peuvent être placées en garde à vue.
Ca veut dire en théorie l’OPJ a toute possibilité de placer en garde à vue.
C’est pace que les OPJ ont tout loisir de placer en garde à vue, même pour
des délits mineurs. Il y avait une cour d’appel qui avait accepté d’annuler la
garde à vue en disant aux policiers qu’elle ne nécessitait pas à l’enquête. La
chambre criminelle a cassé : la décision de placer en garde à vue une
personne soupçonnée d’avoir commis une infraction relève d’une faculté que
l’OPJ tient de la loi et qu’il exerce sur le contrôle du procureur.

Le projet de loi prévoit que même s’agissant d’une personne soupçonnée, la


garde à vue ne peut être décidée que si elle est indispensable à l’enquête soit
pour maintenir la personne à disposition de la police soit pour l’empêcher de
faire disparaitre des preuves ou pour faire cesser une infraction grave contre
les personnes. Le projet essaye d’énumérer les conditions de la garde à vue.

Exemple: dans une enquête pour outrage, une garde à vue avait été
contestée et la Cour d’appel a accepté de l’annuler. La chambre criminelle de
la Cour de cassation a cassé : «La décision de placer en garde à vue une
personne soupçonnée d’avoir commis une infraction relève d’une faculté que
l’OPJ tient de la loi et qu’il exerce sous le seul contrôle du procureur».

Le projet de loi prévoit à ce sujet que la garde à vue ne peut être décidée que
si elle est indispensable à l’enquête soit pour maintenir la personne à
disposition de la police, soit pour l’empêcher de faire disparaître ces preuves
ou pour faire cesser une infraction.

Les mineurs de moins de 13 ans, ne peuvent pas être placés en garde à vue
même quand ils sont soupçonnés, mais les mineurs de 10 à 13 ans peuvent
être retenus en cas d’indices graves ou concordants de commission de crime
ou de délit pour lequel la peine est supérieure à 5 ans. Ils peuvent être
retenus pour le temps nécessaire à leur déposition sur réquisition du
procureur pour une durée qui ne doit pas dépasser 12h renouvelable une fois.

Le texte dit pour 24h maximum renouvelables une fois sur autorisation écrite
et motivée du procureur auquel en principe le gardé à vue doit être présenté.
Ces durées de droit commun ne sont pas appelés à changer. La seule chose
qui devrait changer est que la prolongation ne pourrait pas avoir lieu lorsque
l’enquête porte sur des faits pour lesquels la peine encourue est inférieure à
1an.

Il y a des matières dans lesquelles, et là non plus ca ne devrait pas changer,


la durée maximum de garde à vue est plus longue. Ce sont toutes les
infractions de criminalité en bande organisée. La durée totale de garde à vue
est de 4 jours maximum pour la criminalité en bande organisée. Si la garde à
vue n’est pas relative à une enquête portant sur la criminalité en bande
organisée, au bout de 48h maximum la garde à vue doit cesser. En criminalité
organisée, au bout de 48h, il peut y avoir une décision de renouvellement et là
ca commence à être grave. Pour l’instant on n’a toujours pas vu un magistrat
du siège. Au bout des 48 le JLD peut décider sur présentation du gardé à vue,
d’une première prolongation de 24h suivie d’une seconde (là c’est pas la
peine que la personne lui soit présentée) de 24 nouvelles heures. Ca fait donc
en criminalité organisée 4 jours maximum au milieu desquels ont a vu un
magistrat du siège, une autorité judiciaire indépendante. Il n’est pas prévu que
ca change.

Une loi de 2006 a prévu une prolongation au-delà des 48h de deux fois 24h et
donc on arrive à 6 jours. Ces nouvelles prolongations ne sont possibles que
sur autorisation du JLD lorsqu’il y a un risque sérieux de l’imminence d’une
action terroriste en France ou à l’étranger ou une nécessité impérative de
coopération internationale.
La garde à vue s’accompagne de garanties :

La première est que la garde à vue est enregistrée lorsqu’il s’agit d’une part
d’une garde à vue de mineurs (en toute matière) et d’autre part de majeur en
matière criminelle.

Une loi de 2007 a dit que lorsque l’enregistrement ne peut être effectué en
raison d’une impossibilité technique, il en est fait mention au PV
d’interrogatoire qui précise la nature de cette impossibilité et que le procureur
en est immédiatement avisé. Là-dessus, la chambre criminelle est assez
stricte et il y a eu une affaire où les policiers n’avaient pas enregistrés en
matière, la chambre criminelle a considéré que la condition d’enregistrement
n’avait pas été remplie.

Deuxièmement, les garanties accordées dès le début de la garde à vue. En


principes ces garanties sont accordées dès le moment où il y a contrainte.
Donc théoriquement, si un individu a été interpellé par contrainte, c’est dès ce
moment là qu’il faut lui notifier ses droits. Cependant, la jurisprudence a
considéré que la notification des droits ne pouvait pas se faire sur la voie
publique. Par conséquent, dès le début de la garde à vue signifie dès l’arrivée
au commissariat. Et puis s’il s’agit de quelqu’un qui est venu volontairement et
qui a commencé à parler de lui-même, c’est au moment où on le retient de
force qu’on doit lui notifier ses droits. Les droits doivent être notifiés dès le
début de la contrainte. Cela non plus ca ne devrait pas être modifié.

Dès le début de la garde à vue le procureur est prévenu, la personne retenue


est informée de la nature et de la date probable de l’infraction sur laquelle
porte l’enquête. Et dès le début de la garde à vue on notifie à la personne
retenue l’ensemble de ses droits avec éventuellement la présence d’un
interprète. La jurisprudence a admis que ca puisse être par téléphone mais le
projet de loi prévoit que dans ce cas là il faudra quand même le plus vite
possible que l’interprète vienne pour que la personne puisse poser des
questions sur ses droits. Les droits sont notifiés avec éventuellement un
interprète.

Il y a un droit que possède le gardé à vue et qui ne lui est pas notifié. Pendant
1 an entre 2002 et 2003 ce droit a été notifié, on avisait la personne gardée à
vue qu’elle avait le choix de faire des déclarations, de répondre aux questions
ou de se taire. En d’autres termes, la personne gardée à vue qui n’est pas
forcément juriste, était informée qu’elle pouvait se taire et elle était informée
dès le début de la garde à vue. Et puis ca a été supprimé par une loi du 18
mars 2003.

A travers la QPC, le CC d’une part a déclaré que la non information du droit


au silence était inconstitutionnelle et donc qu’il faudrait que le législateur y
remédie mais que ca pouvait attendre jusqu’au 1 er juillet 2011, et d’un autre
côté la chambre criminelle a statué par rapport à l’article 6 de la CEDH et
suivant en cela la CourEDH elle a dit que la non notification du droit au silence
était inconventionnelle. On a été condamné par la CourEDH le 14 octobre
2010 parce qu’on n’informait pas le gardé à vue au droit au silence et que
c’était contraire à la CEDH. Dans le projet de loi qui a été voté il est prévu que
la personne gardée à vue est informée de son droit de se taire. Elle a le choix
de faire des déclarations, de répondre aux questions ou de se taire. C’est un
point qui ne bougera pas du projet de loi. Le gardé à vue sera forcément
informé du droit de se taire.

De quoi est il informé et dont il sera toujours informé dans la loi nouvelle ?

Il est informé de ses droits touchant sa famille, le médecin et l’avocat. Sa


famille ca veut dire qu’il peut faire prévenir quelqu’un.

Article 63-2 du CPP : toute personne placée en garde à vue peut à sa


demande faire prévenir au plus tard dans les 3h du placement en garde à vue
par téléphone une personne avec laquelle elle vie habituellement ou l’un de
ses parents en ligne directe, l’un de ses frères et sœurs ou son employeur. Le
projet de loi pour l‘instant prévoit un changement : on peut faire prévenir en
plus l’employeur alors que pour l’instant on a « ou ». Le second alinéa prévoit
que le procureur de la république peut refuser qu’on prévienne un membre de
la famille.

Article 63-3 du CPP : le gardé à vue est prévenu qu’il a droit à un examen
médical au plus tard dans les 3h à partir du début de la garde à vue, à sa
propre demande mais aussi à la demande du procureur ou de l’OPJ lui-même.
S’il y a une prolongation au bout des 24h, l’examen médical peut être
demandé une seconde fois en cas de prolongation. On ne peut pas choisir
notre médecin, il est désigné par le procureur ou par un OPJ et son rôle
essentiel est de se prononcer sur l’aptitude au maintien en garde à vue. Et on
le prévient de son droit à s’entretenir avec un avocat. Il s’agit uniquement d’un
entretien de 30 minutes avec un avocat, si on en a un on peut faire appeler le
sien, sinon on demande qu’on nous en désigne un.

Cet entretien a lieu dès la première heure de garde à vue. Pas plus que les
interprètes, les avocats sont en train d’attendre le client au commissariat et
donc il faut tout de suite que le policier appelle un avocat. En d’autres termes
c’est tout de suite qu’on a droit à l’entretient mais concrètement ce n’est pas
tout à fait tout de suite que l’avocat sera là. Quand il arrive l’avocat est informé
de la nature et de la date présumée de l’infraction. Et pendant 30 minutes il
répondra aux questions du gardé à vue et au passage il vérifiera que les
garanties de la garde à vue ont été respectées. A l’heure actuelle l’avocat n’a
pas accès aux procès verbaux d’audition, il n’assiste pas aux auditions. Et
donc il est là seulement pour rassurer et vérifier l’apparente régularité de la
garde à vue, il n’exerce pas de droit de la défense. S’il y a prolongation il a
encore 30 minutes, en principe au début de la 25ème heure.

Arrêt du 13 décembre 2006 : l’audition pouvait être commencée avant


l’arrivée de l’avocat, avant l’entretien avec l’avocat, mais au moment où
l’avocat arrivait au commissariat l’audition devait être interrompue pour que
l’entretien avec l’avocat ait lieu. Le bâtonnier, pour envoyer un avocat avait été
prévenu 5 minutes après le placement en garde à vue. L’avocat est arrivé
1h35 plus tard et à ce moment là immédiatement l’audition avait été
interrompue pour l’entretient. La chambre criminelle a dit que c’était bon, il n’y
a pas d’irrégularité. Ce qui est gênant est que l’avocat n’assure pas vraiment
la défense de la personne soupçonnée.

Dans certaines matières, l’entretien avec l’avocat est reculé en fonction de la


matière, à l’issu des 48 premières heures, c'est-à-dire juste après la
prolongation par le JLD dans toutes les matières de criminalité en bande
organisée. Et même, l’entretien est reculé au bout de 72h, c'est-à-dire
seulement après la deuxième prolongation par le JLD, en matière de
terrorisme et de trafic de stupéfiant en bande organisée. Par conséquent
puisque c’est matière par matière, l’écart se creusait terriblement entre le droit
commun et des criminalités particulières.

Projet :

Premier point quant à l’objet de l’intervention de l’avocat : avec le projet il y a


toujours un entretien de 30 minutes, mais si l’avocat le demande il a accès
aux PV d’audition et d’examen médical. A donc connaissance de ce qui se
passe. Si le gardé à vue le demande, l’avocat assiste aux auditions, il peut
même demander à ce que des questions soient posées au gardé à vue mais
l’OPJ peut s’y opposer. Dans le projet, si le gardé à vue a manifesté son
intention que l’avocat assiste aux auditions, l’audition doit être retardée de 2h
maximum pour attendre l’avocat. Le sénat a voté un texte selon lequel le
procureur peut décider que l’audition aura lieu tout de suite s’il y a des
investigations urgentes à faire ou un danger pour les personnes. La
modification fondamentale est qu’en plus de l’entretien l’avocat peut avoir
accès aux PV d’audition et même à la demande du gardé à vue assister aux
auditions.

A quel moment l’avocat intervient ?

En droit commun c’est tout de suite et ensuite au bout de 24h s’il y a


prolongation. Mais il y a des possibilités exceptionnelles de reporter certaines
interventions de l’avocat. Ca concerne toutes les matières, quelque soit l’objet
de l’enquête, on peut reporter la consultation des PV d’audition et la présence
de l’avocat aux auditions pendant 12h sur décision du procureur et quand la
peine encourue est supérieure à 5 ans, on peut reporter pour 12h
supplémentaires, sur décision du JLD. En d’autres termes le principe est tout
de suite avocat, entretient, consultation du PV et assistance aux auditions.
Mais le procureur peut décider que pendant 12h on laisse les policiers
tranquilles faire leur travail.

La chambre criminelle dans son contrôle de conventionalité a dit qu’il est


inconventionnel que pour toute une catégorie d’affaire l’intervention de
l’avocat soit reportée. En effet, pour être proportionnée, cette limitation des
droits du gardé à vue doit se fonder sur des circonstances particulières à
l’enquête. En d’autres termes, la chambre criminelle a dit qu’on ne peut pas
reporter pour toute une matière. Le report n’est proportionné qu’en fonction de
chaque affaire. Et donc dans les possibilités exceptionnelles de report il va y
avoir et uniquement en criminalité organisée, une possibilité de report de toute
intervention de l’avocat, donc y compris de l’entretient. Mais dans un premier
temps jusqu’à 24h et il faudra une décision jusqu’à 24 dans le texte du Sénat
c’est sur décision du procureur. Et même dans quelques affaires de criminalité
organisée il peut y avoir un report jusqu’à la fin des 48h et même jusqu’au 72h
s’il s’agit de terrorisme ou de trafic de stupéfiant. On peut donc revenir à une
absence de l’avocat aussi long qu’en droit actuel mais sur décision du JLD.

Si ces garanties ne sont pas respectées, quelle sera la sanction ? Sont-elles


susceptible de conduire à l’annulation de la garde à vue en tout ou en partie ?

Une irrégularité ne peut pas conduire à la nullité lorsqu’elle résulte de


circonstances insurmontables. Par exemple lorsque le procureur n’avait pas
été informé dès le début de la garde à vue, la chambre criminelle décide qu’il
n’y a pas nullité du moment que le retard est due à des circonstances
insurmontables.

Arrêt du 27 novembre 2007 : il s’agissait d’une personne interpelée à la suite


d’une bagarre. Il était blessé, il fallait le conduire à l’hôpital. Il était en état de
grande excitation. Et du coup elle a considéré que ca contraignait les policiers
à accomplir de nouvelles taches supplémentaires qui justifiait qu’ils n’aient
prévenus le procureur qu’après 1h15.

Pour la notification des droits, si quelqu’un est en grand état d’ébriété, il ne va


pas comprendre. La chambre criminelle a décidé que l’état d’ébriété du gardé
à vue constituait une circonstance insurmontable justifiant un retard dans la
notification des droits. Mais elle a fait ca très concrètement et ca ne justifie pas
n’importe quel retard.

Arrêt du 4 janvier 1996 : une personne est placée un soir en garde à vue
alors qu’elle est en état d’ébriété, on lui notifie pas ses droits et on la met en
cellule de dégrisement. La logique aurait voulu que le lendemain matin on lui
notifie ses droits et qu’ensuite on l’auditionne. Mais le lendemain matin on l’a
fait sortir de la cellule, on l’auditionne et ensuite on lui notifie les droits. Du
coup le retard marche plus ici. Si elle était en mesure de répondre c’est qu’elle
était en mesure de comprendre ses droits et donc il n’y a plus la circonstance
insurmontable.

Il faut qu’il soit fait, sous peine de nullité, mention au PV des diligences
accomplies par l’OPJ pour faire prévenir un avocat et donc pour permettre
l’entretien le plus rapidement possible.

En l’absence de circonstances insurmontables, s’il y a une irrégularité comme


un retard dans la notification des droits, le principe est que la nullité est quasi
automatique. La jurisprudence a décidé que toute irrégularité de la garde à
vue porte nécessairement atteinte aux intérêts de la personne gardée à vue.
En d’autres termes il y a l’exigence du grief qui est présumé de façon
irréfragable avec le terme « nécessairement ».

La poursuite de la garde à vue d’une personne dans des conditions qui sont
selon le constat médical incompatible avec son état de santé, porte
nécessairement atteinte à ses intérêts. la jurisprudence de la chambre
criminelle est plutôt libérale car sauf force majeure toute irrégularité fait
automatiquement annuler la garde à vue. La chambre criminelle, après avoir
prévu le principe de l’annulation automatique de la garde à vue, la chambre
criminelle en limite l’étendue. D’abord seule la garde à vue peut être annulée
et pas ce qui l’a précédé. Ce qui veut dire concrètement que si on a été
interpelé en flagrant délit, même si on nous a pas notifié les droits tout de
suite, l’interpellation elle-même en flagrant délit est parfaitement valable et
même si toute la garde à vue ensuite est annulée, on peut parfaitement être
poursuivi. Ces poursuites se fonderont sur l’interpellation et la constatation
directe par la police. Seule la garde à vue peut être annulée et pas
l’interpellation qui l’a précédé.

Ensuite, seule une partie de la garde à vue sera généralement annulée, la


partie réalisée pendant qu’il y avait irrégularité. On suppose qu’on a été placé
en garde à vue aujourd’hui à 10h du matin. On nous a notifié sans
circonstances insurmontable nos droits à 13h et à 18h on nous a déféré au
parquet. Le moment de la garde à vue irrégulier c’est avant qu’on nous notifie
les droits, entre 10h et 13h. Entre 10h et 13h la garde à vue est irrégulières.
Tous les PV dressés pendant ce temps là, jusqu’à 13h, sera annulé
automatiquement. En revanche, à partir de 13h la garde à vue est régulière.
Tous les PV de garde à vue entre 13h et 18h subsisteront. Seuls seront
annulé les auditions qui ont été effectuées à un moment où la garde à vue
était irrégulière.

Est-ce que la demande de nullité pourrait procurer à une personne poursuivie


un moyen dilatoire ? Le législateur a voulu que les demandes de nullités
soient faites rapidement et pas au dernier moment pour retarder un procès.

Article 173-1 du CPP : les demandes de nullité qui sont faites en cas de
poursuite pour qu’on retire les PV du dossier, doivent être présentés tout de
suite devant le TC et s’il s’agit d’une instruction, dans un délai relativement
bref qui est de 6 mois à compter du moment où le juge d’instruction nous
impute les faits, c'est-à-dire nous constitue défendeur, c'est-à-dire nous met
en examen. Les nullités doivent être invoquées rapidement pour ne pas
constituer un moyen dilatoire.

Dans le cas où le gardé à vue est remis en liberté :

- ou bien la police lui notifie de la part du parquet une citation à comparaître


devant un tribunal correctionnel

- ou il rentre chez lui et repart libre sans citation à comparaître : le parquet va-
t-il décider de poursuivre ou de classer ?

En matière de délit le délai de prescription est de 3 ans. En cas d’absence de


poursuite, le gardé à vue est informé de son droit d’interroger le procureur (lui
envoyer une lettre) au bout de 6 mois sur la suite qu’il entend donner à
l’enquête. En principe, sauf si on était gardé à vue dans le cadre d’une
enquête pour criminalité en bande organisée (on a des règles inscrites à
l’article 106-105 du CPP) lorsqu’il est interrogé au bout des 6 mois sur la suite
qu’il entend donner à l’enquête, le procureur n’est pas tenu de répondre.

A l’issu de la garde à vue il est possible que le gardé à vue soit déféré devant
le représentant du ministère public (celui qui a la charge de poursuivre).
Comment cela va se passer ? L’OPJ va téléphoner au procureur. Le
représentant du parquet lui rendra une déposition qui lui permettront de
prendre sa décision.

En vertu de l’article 706-106 du CPP, s’il s’agissait d’une enquête sur de la


criminalité en criminalité organisée, le gardé à vue comparait devant le
procureur en présence de son avocat qui peut consulter le dossier sur le
champ. A contrario, pour l’instant en droit positif dans les autres domaines le
déferrement se fait sans avocat et pourtant c’est un moment important
puisque c’est là que le parquet va prendre sa décision. A priori ce n’est qu’en
criminalité organisée qu’il y a un avocat. Ca veut dire que la liberté de cet
individu qui a pu être supprimée pendant maximum 48h, mais ca va continuer,
ce n’est pas immédiatement.

En vertu de l’article 803-2 du CPP, en principe à l’issu d’une garde à vue le


gardé à vue doit être présenté au parquetier le jour même. ca veut dire que si
le policier est en train de finir d’entendre le gardé à vue, et qu’il est encore 7h
du soir il doit appeler.

Article 803-3 du CPP : en cas de nécessité, le déferrement ( : présentation au


parquetier), peut se faire le jour suivant mais au plus tard dans les 20h à
compter de la fin de la garde à vue. Ca veut dire qu’il peut se rajouter
maximum 20h de privation de la liberté en plus de la garde à vue. Le gardé à
vue doit avoir la possibilité de s’alimenter, d’avertir ses proches, d’être de
nouveau consulté par un médecin, de consulter un avocat. Ce délai n’est pas
applicable en vertu du même texte quand la garde à vue a duré plus de 72h
c'est-à-dire en criminalité organisée car on ne peut pas rajouter encore 20h à
plus de 72h. Les locaux où on attend dans les couloirs de passer devant le
parquet sont dans un état de délabrement intense. S’il y a eu 23h de garde à
vue, ca nous fait 43h au plus tard on voit le parquetier. La CourEDH nous dit
que ca n’est pas une autorité judiciaire indépendante. A la rigueur 23h ca
passe, le reste c’est quand même beaucoup.

La chambre criminelle a admis la QPC sur la constitutionnalité des 20h de


rétention aux fins de déferrement. Et là, le CC a pris une solution de demi-
mesure qui en l’état actuelle des choses ne parait pas complètement
choquante. Il a dit par décision du 17 décembre 2010 que les 20h maximum
de rétention aux fins de déferrement sont en principe constitutionnel à
condition que le magistrat du parquet soit avisé immédiatement de l’arrivée du
gardé à vue dans les locaux de dépôt, là où il sera déféré. Le CC a ajouté que
dans l’hypothèse où la garde à vue a fait l’objet d’un renouvellement, c'est-à-
dire où elle a duré plus de 24h, dans les 20h supplémentaires il faudra que le
procureur traduise le gardé à vue devant un juge du siège parce que sinon ca
va faire trop longtemps pour qu’une personne dont la liberté est supprimée
voit un juge du siège. Ca veut dire que si la garde à vue a été renouvelée, il
faut qu’avant le bout des 20h la personne voit le procureur parce qu’il faut que
le procureur ait le temps dans les 20h de l’envoyer devant le tribunal en
comparution immédiate, soit de l’envoyer devant le juge d’instruction ou soit
devant un JLD.

Il faut qu’il y ait eu non seulement le procureur mais aussi que celui-ci ait eu le
temps de l’envoyer devant un juge du siège. Et du coup, le projet a suivi cette
position du CC, c'est-à-dire qu’en principe le délai de déferrement devant le
parquet est de maximum 20h, mais si il y a eu prolongation de la garde à vue
au-delà de 24h, dans ce délai de 20h doit se situer à la fois le déferrement
devant le procureur et puis ensuite la présentation décidée par le procureur à
un juge du siège. A cause de cela, au délai de la garde à vue va se rajouter
un délai supplémentaire et dans des conditions très pénibles.

On peut ajouter qu’en principe, au sommet de la hiérarchie du parquet, c'est-


à-dire le ministre de la justice, reçoit un rapport annuel rendu public, rendant
compte des mesures de garde à vue prises dans chaque ressort de tribunal et
de l’état des lieux de garde à vue. Le parquet est hiérarchisé et donc dans le
ressort d’une cour d’appel, chaque procureur de la république va envoyer son
rapport au procureur général qui vont faire remonter les rapports au garde des
sceaux qui va rendre public ce rapport annuel. On en arrive donc à
l’organisation du ministère public.
Partie 2 : la décision de poursuivre ou de ne pas
poursuivre
Poursuivre est entendu dans le sens saisir les autorités judiciaires de l’action
publique. L’action publique est l’action qui tend à la condamnation pénale d’un
individu déclaré coupable d’avoir commis une infraction. C’est ce qui
correspond à l’aspect du droit pénal. Et à cette action publique on oppose
l’action civile. L’action civile est l’action qui conduit à la condamnation de
l’auteur d’une faute civile constitutif d’une infraction, à verser des dommages
et intérêts à la victime de cette faute. Logiquement, l’action publique appartient
au ministère public, c’est lui au nom de la société qui réclame la condamnation
pénale. C’est donc lui qui a l’initiative du déclenchement des poursuites. C’est
inscrit à l’article 1er du CPP.

L’action civile appartient à la victime de l‘infraction, elle exerce son action


civile. elle doit démontrer l’infraction, le lien de causalité etc. mais le ministère
public, pour obtenir une condamnation, il avait à démontrer une infraction et
que c’est bien telle personne poursuivie qui en est responsable. En d’autres
termes, on a une chose qui est à prouver à la fois dans l’action publique et
dans l’action civile quand la victime a été victime d’une infraction.

Logiquement, l’action publique appartient au ministère public. C’est lui qui, au


nom de la société, réclame la condamnation pénale. C’est donc lui qui a
l’initiative du déclenchement des poursuites. Ceci est inscrit à l’article 1 er du
CPP. Logiquement encore, l’action civile appartient à la victime de l’infraction
qui exerce son action civile. Pour exercer l’action civile, la victime d’une
infraction doit démontrer la faute. Le ministère public, pour obtenir une
condamnation, avait à démontrer l’infraction et la personne qui en est
responsable. Donc il faut déterminer une sanction.

En d’autres termes, une chose est à prouver à la fois dans l’action publique et
dans l’action civile : l’existence de l’infraction. Donc il y a un lien entre l’action
civile et l’action publique. Le ministère public ne s’occupe pas des dommages
et intérêts, et la victime n’a pas à s’occuper de la condamnation pénale mais
que des dommages et intérêts. Mais, pour avoir ces dommages et intérêts, il
faut que l’infraction soit prouvée. Donc la victime pourrait bien profiter de
l’action publique: il y a un lien entre l’action civile, lorsque la faute découle
d’une infraction, et l’action publique.

La victime normalement n’a pas à s’occuper de la condamnation pénale, elle


veut juste des dommages et intérêts. Mais pour les avoir il faut prouver
l’infraction. Il y a donc un lien entre l’action civile et l’action publique. C’est
pourquoi, selon l’article 1er alinéa 2 du CPP : la victime peut exercer son
action civile devant les tribunaux répressifs (si c’est un délit devant le tribunal
correctionnel). Pour cela elle va être obligée de prouver l’infraction. Du coup,
la victime, en choisissant d’exercer son action civile devant les tribunaux
répressifs, déclenche l’action publique. En d’autres termes, l’initiative du
déclenchement des poursuites appartient au ministère public mais
indirectement cette initiative peut appartenir à la victime.

Le déclenchement des poursuites pénales appartient d’abord au ministère


public mais aussi à la victime.

Chapitre 1 : La poursuite ( : saisir les tribunaux pénaux) par le


ministère public

L’article 31 du CPP reprécise ce qui est inscrit à l’article 1er du CPP : le


ministère public exerce l’action publique et requiert l’application de la loi. Or s’il
y a une infraction ca veut dire qu’une règle dans le code pénal a été violée, et
donc c’est le rôle du ministère public d’exercer l’action publique, que si la
victime a déclenché elle-même, parce que c’est le premier concerné par
l’action publique, le juge d’instruction demandera au parquet ses réquisitions.

Section 1 : l’organisation et le statut du ministère public

Le ministère public représente la société et concrètement est organisé en un


corps hiérarchisé de magistrat rattachés de par leur statut actuel au pouvoir
exécutif. Autre raison qui leur retire leur indépendance : ils sont
systématiquement demandeur au procès pénal.

I. L’organisation du ministère public


Il s’agit de magistrats issus de la même formation que les juges du siège. Au
sommet de la hiérarchie du Parquet, il y a un membre du pouvoir exécutif qui
est le ministre de la justice. Ce ministre de la justice a autorité d’une part sur le
procureur général près la cour de cassation, c'est-à-dire le chef du parquet de
la cour de cassation, et les procureurs généraux auprès de chaque cour
d’appel. Le procureur général près la cour de cassation a autorité sur le
parquet de la cour de cassation, c'est-à-dire sur ses avocats généraux.

Dans chaque cour d’appel, le procureur général a autorité à la fois sur son
parquet, celui de la cour d’appel, c'est-à-dire sur les avocats et substituts
généraux près sa cour d’appel, et aussi autorité sur les chefs des parquets
des tribunaux de grande instance de son ressort. Le chef de parquet au
niveau de chaque TGI est le procureur de la république, il a autorité sur son
propre parquet, c'est-à-dire sur ses substituts.

Le garde des sceaux, s’il veut s’adresser à un substitut déterminé, il va passer


par le procureur général de sa cour d’appel, qui va lui même en référer au
procureur de la république du TGI, qui va en référer au substitut qui dépend
de lui.

Garde des sceaux :

- Parquet : Parquet de chaque cour d’appel -> parquet de chaque


TGI
- Cour de cassation

II. Le statut du ministère public

A. La subordination hiérarchique

La première règle essentielle du statut du ministère public est une


subordination hiérarchique, subordination à l’intérieur du parquet. Le parquet
est indépendant par rapport aux magistrats du siège. Il est aussi indépendant
par rapport aux victimes. Le parquetier peut dire que selon lui il ne s’agit pas
d’une infraction, il n’est pas lié par la demande des victimes, ce sont deux
demandeurs indépendants. En revanche, à l’intérieur du parquet ils doivent
obéir à leurs supérieurs hiérarchiques. Or les ordres peuvent venir du ministre
de la justice qui doit informer au chef de parquet. Ses ordres sont transmis par
l’intermédiaire de la hiérarchie d’une part et directement lorsque le garde des
sceaux veut s’adresse directement par voie de circulaire.

Le texte qui fixe les pouvoirs du garde des sceaux par rapport aux pouvoirs du
parquet est l’article 30 du CPP : le ministre de la justice conduit la politique
d’action publique déterminée par le gouvernement, il veille à la cohérence de
son application sur le territoire de la république. Chaque membre du parquet a
le pouvoir de prendre une décision dans une affaire déterminée. Dans les
affaires peu importantes il y a des classements sans suite. A cette fin il
adresse aux magistrats du ministère public des instructions générales d’action
publique. ca veut dire qu’il dira au parquetier de laisser tomber pour des
petites infractions des délinquants primaires mais au contraire poursuivez
systématiquement pour telle ou telle infraction.

Est-ce que le garde des sceaux peut intervenir dans des affaires
déterminées ? Il peut dénoncer au procureur général les infractions à la loi
pénale dont il a connaissance et lui enjoindre par instruction écrite et versée
au dossier d’engager ou de faire engager des poursuites ou de saisir la
juridiction compétente de telle réquisition écrite que le ministre juge opportune.
En d’autres termes ce qu’il faut retenir est qu’à l’heure actuelle, avec un écrit
qui est dans le dossier, en vertu de l’article 30, le garde des sceaux peut
donner l’ordre de poursuivre dans une affaire déterminée.

Remarque 1 : ca a été très contesté. On a eu un projet qui interdisait au garde


des sceaux toute instruction dans les affaires individuelles, interdire de donner
l’ordre de poursuivre. Ce projet n’a pas été adopté.

Dans les ordres venant de la hiérarchie il y a trois limites, trois choses qui
limitent les ordres de la hiérarchie. Il y en a un qui limite la possibilité d’ordre
provenant du garde des sceaux dans les affaires individuelles. « il peut
enjoindre d’engager des poursuites » et donc a contrario il y a un ordre que le
garde des sceaux ne peut pas donner.

1ère limite : le garde des sceaux ne peut pas donner l’ordre de classement
sans suite !!! Mais le procureur général peut donner l’ordre au procureur de la
république de ne pas poursuivre.
2ème limite : les chefs de parquet ( : procureur généraux et de la république)
ont des pouvoirs propres. S’ils prennent une décision de poursuivre ou de ne
pas poursuivre, contre l’ordre de leur supérieur ce sera une faute disciplinaire.
Mais un procureur de la république a pris la décision de poursuivre alors que
le procureur général lui avait demandé de classer, les poursuites seront
valables. Et si un procureur de la république ne veut pas poursuivre alors que
le procureur général le lui demande, ce dernier ne peut pas se substituer au
procureur de la république.

3ème limite : la plume est serve mais la parole est libre. Ca veut dire que si
devant une cour d’assise un procureur général dit à la cour qu’il a demandé 20
ans de réclusion criminelle parce qu’il en avait reçu l’ordre mais qu’en fait il
pense que les individus doivent être acquittés, ce n’est pas une faute
disciplinaire.

Qu’est ce qui arrive aux magistrats du parquet quand ils commettent une faute
disciplinaire ? Ils ne sont pas inamovibles, c'est-à-dire qu’ils peuvent en cas
de faute disciplinaire être rétrogradé ou déplacé d’office. C’est subordonné à
l’avis du conseil supérieur de la magistrature, mais juste à l’avis.

B. L’indivisibilité

Les magistrats du parquet agissent au nom de l’ensemble du corps et pas en


leur nom propre, ils peuvent se remplacer les uns les autres dans chaque
affaire. En d’autres termes, alors que les magistrats du siège doivent avoir
assisté à toutes les audiences, ce n’est pas le cas des magistrats du parquet
car ils ont un rôle à jouer, ils n’ont pas d’opinion à se faire. Si cette
subordination hiérarchique est si capital c’est parce qu’ils ont un choix décisif :
poursuivre ou ne pas poursuivre. Le principe de l’opportunité des poursuites
n’est pas admis dans tous les pays.

Section 2 : la liberté de ne pas poursuivre

I. Le principe de l’opportunité des poursuites


Le ministère public reçoit les plaintes et dénonciations qui lui sont adressés
directement ou transmises par la police et il reçoit les résultats de l’enquête et
quelque fois quand il y a un gardé à vue il demande à le voir. Il commence par
se demander, par vérifier si une poursuite serait légale. Si la poursuite ne lui
parait pas légale, ca s’arrête là, il va classer. Si la poursuite lui parait légale il
va se poser une seconde question : est ce que la poursuite lui parait
opportune ? Le parquetier vérifie la légalité d’éventuelles poursuites, c'est-à-
dire il vérifie que les faits qu’on lui dénonce, qu’apparemment il n’y a pas de
cause évidente d’irresponsabilité, il va vérifier qu’il n’y a pas prescription, que
les tribunaux français sont compétents et pour cela il va recherche si la loi
pénale française est a priori applicable.

Dans un deuxième temps le procureur recherchera s’il lui parait opportun de


saisir les tribunaux répressifs, c'est-à-dire d’engager l’action publique pour que
quelqu’un soit déclaré responsable et se voit condamner à une peine. Le
procureur peut décider de ne pas engager de poursuite lorsque l’auteur n’a
pas été identifié par l’enquête et serait trop difficile à identifier. Le procureur
peut aussi décider de ne pas engager de poursuites lorsque la matérialité de
l’infraction et la culpabilité de l’auteur sont probables. En d’autres termes on a
une personne très soupçonnée sous la main, on connait l’infraction et il
n’engagera pas de poursuites c’est son droit. Mais exceptionnellement il peut
ne pas le faire pour des infractions importantes.

Les magistrats du ministère public pouvaient décider de saisir un juge n’était


pas opportun même lorsque l’auteur probable était identifié et que l’infraction
était vraiment importante. Il s’agit de cas où le ministère public a l’impression
que poursuivre poserait plus de trouble à l’ordre public que l’infraction elle-
même. En ce cas, en vertu du principe de l’opportunité des poursuites, il peut
parfaitement ne rien faite, ne pas saisir la juridiction et classer sans suite.
Souvent il s’agit d’infraction pour lesquelles les règles d’éthique ne sont pas
les mêmes pour tous.

Par exemple le problème de l’euthanasie : ceux qui donnent la mort à des


malades en phase terminale à ceux qui le demande. On n’a pas le droit de
disposer de notre propre vie et du coup il s’agit là en dépit du consentement
de la victime d’un homicide volontaire. un certain nombre de fois il y a des
gens célèbres qui ont indiqué qu’ils avaient volontairement donné la mort à un
de leur compagnon et qui l’ont indiqué à un moment où il n’y avait pas
prescription. Le ministère a considéré qu’il n’y avait pas lieu à poursuivre, ca
n’était pas opportun. Ce principe d’opportunité des poursuites permet de ne
pas poursuivre dans un cas comme ca. Ce principe engendre un risque
d’arbitraire mais la hiérarchie du parquet permet au moins de rétablir une
certaine unité géographique même si le supérieur hiérarchique ne peut que
donner des ordres et ne pas se substituer au procureur de la république.

Le ministère public n’a pas toujours dans cette appréciation d’opportunité une
totale liberté. Il y a quelqu’un qui vient modifier le jeu, qui vient entraver cette
liberté du ministère public. La victime en réclamant ses dommages et intérêts
devant les tribunaux répressifs a le pouvoir de déclencher l’ensemble du
procès pénal, action publique comprise. Et donc, il y a pour le ministère public
provenant de la victime une entrave à la liberté de ne pas poursuivre car si la
victime se constitue partie civile devant les tribunaux répressifs, elle déclenche
automatiquement l’action publique et le procès pénal ira jusqu’au bout. Dans
cette hypothèse le ministère public ne peut pas faire obstacle aux poursuites.

Inversement et exceptionnellement, pour quelques infractions qui touchent la


vie privée, par exemple l’abandon de foyer, la diffamation ou l’injure, le
législateur exige que les poursuites soient précédées d’une plainte de la
victime. En d’autres termes, pour quelques infractions pour lesquelles la
victime a été touchée dans sa personnalité, le législateur décide à titre
exceptionnel qu’il faut que le ministère public donne son accord, décide que
les poursuites du ministère public ne sont valables que si elles sont précédées
par une plainte de la victime. Cette condition préalable constitue pour le
ministère public une entrave à la liberté de poursuivre. Mais encore une fois
c’est dans quelques matières. Ce qui est à retenir est la possibilité pour la
victime de déclencher dans des cas où le ministère public ne voulait pas
déclencher la procédure judiciaire.

Ce principe peut conduire :

Soit le ministère ne fait rien, il classe sans suite.

Soit il peut se dire qu’il ne veut pas poursuivre devant les tribunaux, il ne veut
pas saisir les tribunaux pour qu’on arrive à un jugement mais l’infraction est
pas trop grave, on est face à quelqu’un qui a avoué généralement est
délinquant primaire, le législateur lui a donné la possibilité d’ordonner autre
chose qu’une procédure judiciaire comme par exemple une médiation, et c’est
ce qu’on appelle les alternatives aux poursuites.

Soit il décide de poursuivre.

II. La décision de classement sans suite


On dit qu’on atteint 80% des affaires où il y a eu une enquête ou une plainte,
de classement sans suite. Il y a au moins 55% de cas où l’auteur n’a pas pu
être identifié lors d’une enquête. Il y a un peu plus de 4% de poursuites de
pure opportunité.

Le classement sans suite ne décide pas dans le procès pénal. C’est une
décision administrative et non juridictionnelle. En vertu de l’article 40-2 alinéa
2 du CPP : le classement sans suite doit être motivé (il peut être motivé sur
l’opportunité mais il doit être indiqué) et il doit être notifié par écrit non
seulement au plaignant mais aussi aux victimes identifiées qui n’ont pas
portés plainte. Ca provient d’une loi du 31 décembre 2007. Depuis cette loi un
classement sans suite doit être motivé et notifié aux victimes qu’elles aient
porté plainte ou non. Mais c’est seulement généralement fait, et donc pas
toujours.

Ce n’est pas la décision d’un juge et donc il n’y a pas de recours juridictionnel
contre le classement sans suite. En revanche, on peut s’adresser au supérieur
hiérarchique puisqu’il y a possibilité d’un recours hiérarchique de la part de
toute personne qui a signalé l’infraction (et donc pas seulement les victimes).
Le classement sans suite, par définition, n’a aucune autorité de chose jugée
puisque rien n’a été jugé. Et concrètement ca signifie qu’il est tout à fait
provisoire. Et que tout d’un coup le procureur peut décider de saisir un juge,
peut changer d’avis, décider de poursuivre, tant que le délai de prescription
n’est pas acquis. En vertu du principe de l’opportunité des poursuites, un
procureur peut parfaitement changer d’avis.

Le classement a seulement un effet juridique : il permet à l’individu qui a été


entendu par la police à la suite d’une plainte ou d’une dénonciation de
poursuivre l’auteur de la plainte ou de la dénonciation en dénonciation
calomnieuse. Dans les cas où le ministère public ne peut pas engager des
poursuites, pour les petites infractions, il y a des solutions autres que les
tribunaux correctionnels.
III. Les alternatives aux poursuites
Elles ont été réglementées par une loi du 23 juin 1999 qui a confié la maitrise
de ces alternatives au procureur de la république. Parmi ces alternatives, on
passe des plus simples à ce qui est le plus lourd, on se met à la place de la
personne qui a fait l’objet d’une enquête et qui a reconnue une infraction pas
trop grave.

A. Les classements sous conditions

Le ministère public va classer mais à la condition qu’il y ait un accord entre


l’auteur et la victime. Ces classements sous conditions sont règlementés à
l’article 41-1 du CPP. Le texte dit que le procureur peut avant de se
prononcer sur l’action publique, c'est-à-dire à un moment où il peut encore
décider de classer, procéder au rappel des obligations résultantes de la loi. En
d’autres termes c’est juste un rappel à l’ordre. Il peut orienter l’auteur des faits
vers une structure sanitaire, sociale ou professionnelle. L’usage de stupéfiant
est un délit et donc si la personne accepte de s’y plier il n’y aura pas de
poursuite. Il peut aussi demander à l’auteur des faits de régulariser cette
situation, de réparer le dommage ou s’il s’agit d’une infraction dans le cadre
familial (essentiellement des violences) le procureur peut demander à l’auteur
de résider hors du domicile du couple. Et, mais là il faut l’accord des deux, le
procureur peut faire procéder à une médiation entre l’auteur et la victime. Si la
médiation réussie, le procureur ne poursuivra pas, il classera. Si en revanche
la médiation échoue, le procureur retrouve sa liberté. Ce qui a été dit dans le
cadre de la médiation ne pourra pas être utilisé s’il y a des poursuites ensuite.

Le législateur a inventé une autre alternative aux poursuites qui est un peu
plus lourde. On va proposer une mesure. Ce n’est pas une peine car pas de
jugement ni de poursuites. Mais ca peut rappeler certaines sanctions pénales,
et c’est sans jugement.

B. La composition pénale

Avant toute poursuite, le procureur de la république offre au délinquant qui a


reconnu les faits d’exécuter une mesure en échange de l’extinction de l’action
publique. Le classement est ici définitif. C’est un accord entre le procureur et
la personne qui a commis l’infraction. On a eu peur que ce soit très
déséquilibré cet accord et donc on a décidé que l’accord entre le procureur et
la personne qui a avoué sur la mesure qui va être prise, doit obtenir l’aval d’un
juge du siège. Comme c’est juste l’aval, un juge de proximité peut donner son
aval dans la mesure de composition.

Ces mesures peuvent être une amende qu’on appelle amende de


composition, versée au trésor public. Au début on y gagnait
systématiquement, elle ne pouvait pas dépasser la moitié de la somme
encourue pour l’infraction. Mais depuis 2004 ca peut aller jusqu’au maximum
encourue pour l’infraction. L’échelonnement est possible dans la limite d’un
an. Ca peut être un travail d’intérêt général non rémunéré pour 60h maximum.
Ca peut être remise du permis de conduire, chasser, obligation de suivre un
stage de citoyenneté, de suivre un stage professionnel. Interdiction de paraitre
dans les lieux de commission de l’infraction, de rencontrer les victimes ou les
co-auteurs du territoire national. Evidemment il n’y a pas d’emprisonnement
possible (car pas de condamnation) mais il peut y avoir une amende qui peut
aller jusqu’au maximum encouru.

L’intéressé peut se faire assister par un avocat avant de donner son accord.
Et avant de donner son aval, le juge du siège peut décider d’entendre l’auteur
et la victime assister le cas échéant de leur avocat. À ce propos, on a parlé de
justice contractuelle. Car ici, le principe même est l’accord, et le juge du siège
est juste là pour vérifier que tout se passe de façon régulière.

Domaines dans lesquelles il peut y avoir une composition pénale :

Cela avait commencé par les petits délits «urbains» : violences légères,
abandons de famille. Ca a été élargi à tout délit dont la peine ne dépasse pas
5 ans. C’est aussi applicable en matière de contravention et la composition
pénale peut être appliquée aux mineurs de moins de 13 ans.

En matière pénale une juridiction du fond peut demander un avis à la cour de


cassation. La juridiction avait demandé à la cour de cassation si une amende
de composition qui avait été correctement exécutée pouvait ou non constituer
le premier terme d’une récidive. La cour de cassation a répondu par avis du
18 janvier 2010.

Section 3 : l’engagement des poursuites c'est-à-dire la


décision du procureur de saisir un juge

La décision de poursuite est irrévocable, il n’y a même pas de recours


hiérarchique possible. A partir du moment où les tribunaux ont été saisi il faut
une décision. Le ministère public peut toujours abandonner l’accusation. A
partir du moment où l’action est déclenchée elle va jusqu’à une décision
définitive, donc jusqu’au bout.

Autrement dit, décision du procureur de saisir la justice. La décision de


poursuivre est irrévocable. Même pas de recours hiérarchique possible. À
partir du moment où les tribunaux ont été saisis, même si ce sont des
poursuites contre X, il faut qu’il y ait un jugement. Le ministère public peut
toujours abandonner l’accusation mais à partir du moment où les poursuites
sont lancées il faut aller jusqu’au bout. Si le procureur décide de saisir la
justice, il va se demander s’il est obligatoire (c’est le cas en matière de crime)
ou opportun (pour un très faible pourcentage de délits, notamment
délinquance financière pour lesquels les faits sont compliqués ou encore un
délit dont l’auteur n’est pas identifié), que de nouveaux éléments de preuve en
plus de ceux dans l’enquête soient recherchés, cette fois-ci non pas par des
policiers mais par un juge du siège (indépendant) avant que le dossier ne
parvienne devant la juridiction de jugement.
Le procureur se demande s’il est obligatoire, le cas en matière de crime, ou
opportun, pour un très faible pourcentage de délit, que de nouveaux éléments
de preuve soient recherchés par un juge du siège indépendant avant que le
dossier ne parvienne devant la juridiction de jugement. Si on est en matière de
crime ou si le ministère public veut poursuivre pour un délit dont l’auteur n’est
pas identifié, on ne va pas juger X et donc forcément il va falloir un juge
d’instruction.

I. La saisine d’une juridiction d’instruction


L’acte par lequel le procureur saisi une juridiction d’instruction s’appelle un
« réquisitoire afin d’informer » (informer : rechercher des éléments de preuve
à charge et à décharge) on l’appelle aussi le « réquisitoire introductif
d’instance ». Ce réquisitoire peut être défini comme une requête adressée
par le procureur au juge d’instruction pour que celui-ci recherche à charge et à
décharge des éléments de preuve sur les faits contenus dans le réquisitoire.
Ce réquisitoire va saisir le juge d’instruction de l’affaire. Il ne peut pas être
annulé.

Arrêt du 5 juin 2002 : un réquisitoire dans lequel le procureur saisissait le


juge d’instruction à propos de la réunion d’un collectif proposant la légalisation
du cannabis et investissement d’un squatte pour y installer un coffee shop. La
cour de cassation a dit que le réquisitoire aurait pu être annulé que s’il avait
été irrégulier dans sa forme. Le juge d’instruction peut rendre une
« ordonnance de refus d’informer ». Quand on a un réquisitoire régulier dans
la forme, il faut au moins une décision du juge d’instruction et si il trouve des
choses à charge on a juridiction de jugement.

Lorsque le parquet décide de poursuivre, la saisine du juge d’instruction est


obligatoire en matière de crime et sauf exception et même pour les délits
commis par des mineurs. Pour les délits commis par des majeurs, l’instruction
est facultative. La plus part du temps le parquet saisi directement le tribunal
correctionnel et elle est statistiquement rare (4% des délits).

Le réquisitoire contient la relation des faits puisque c’est là-dessus que le juge
d’instruction doit travailler. Il indique selon lui de quelle infraction il s’agit. Mais
le procureur n’est pas lui qui juge donc c’est son idée à lui mais c’est une
qualification purement provisoire. Ce qui est important est la relation des faits.
Le procureur peut faire son réquisitoire contre une personne dénommée ou
contre X. si c’est contre personne dénommée il se peut qu’en fin de parcours
ca soit une autre personne ou personne. Simplement, quand le procureur fait
un réquisitoire contre personne dénommée ca veut dire qu’il a des soupçons
propres, le juge d’instruction va être obligé d’apporter tous les droits de la
défense à la personne nommée.

II. La saisine directe par une juridiction de


jugement
Ca suppose que la personne soupçonnée soit identifiée. Il y a différents
procédés de saisine plus ou moins contraignant pour les individus poursuivis
selon la confiance que l’on peut faire à l’individu poursuivi. Dans certains cas
on peut le laisser en liberté en attendant le jugement, dans d’autre on
considère qu’il y aurait un risque à le laisser en liberté.

A. La citation directe

La citation directe intervient dans l’hypothèse où la personne soupçonnée n’a


pas été déférée au procureur soit qu’elle n’ait pas fait l’objet d’une garde à
vue, qu’elle ait été entendue le temps nécessaire à sa disposition, soit qu’à
l’issu de sa garde à vue le procureur ait décidé qu’il ne souhaitait pas la voir,
peut être plus tard. Cette citation est la convocation faite à un prévenu de
comparaitre devant le tribunal correctionnel, le tribunal de police ou le juge de
proximité. La citation se fait par exploit d’huissier, il faut les faits reprochés, la
qualification provisoire, le texte de loi applicable, si on n’a pas d’avocat on
peut demander qu’un avocat nous soit commis d’office. Cette citation à
comparaitre peut être notifiée par l’OPJ ou même par un APJ sur instruction
téléphonique du Parquet.

B. La convocation par procès verbal

C’est dans l’hypothèse où le procureur estime que le prévenu peut rester en


liberté en attendant le jugement. Donc le procureur ne demandera aucune
mesure de détention à un juge du siège. Cette convocation par procès verbal
est réglementée à l’article 394 du CPP. C’est ce qu’on appelait autrefois le
rendez-vous judiciaire. Le procureur invite le prévenu à comparaitre devant le
tribunal correctionnel dans un délai compris entre 10 jours et 2 mois. Il lui
notifie les faits reprochés, il lui remet le double du procès verbal mentionnant
ces éléments.

Si le prévenu ne se présente pas au tribunal il ne pourra pas invoquer une


excuse pour invoquer un nouveau jugement. Si le prévenu veut un avocat
commis d’office, le parquetier avise l’avocat qui peut aussitôt consulter le
dossier de l’enquête. Le procureur peut penser qu’il y a quelques précautions
à prendre, que sans supprimer la liberté du prévenu, il peut paraitre opportun
de l’encadrer. Ces interdictions sont comprises dans le contrôle judiciaire. Si le
parquet estime qu’une mesure de contrôle judiciaire est opportune, il ne peut
pas prendre lui-même la décision, le parquetier est demandeur et donc ne
peut pas être juge et partie.

Ce qu’il peut faire c’est traduire immédiatement le prévenu devant un juge du


siège. Ce juge du siège est le JLD. Et c’est le JLD qui décidera après avoir
entendu le prévenu et son conseil si il prononce un contrôle judiciaire ou pas.
il n’est pas obligé de faire droit aux réquisitions du parquet, c’est le JLD qui
décide.

C. La comparution immédiate

C’est un mode de saisine du tribunal décidé par le procureur de la république


lorsqu’il souhaite le jugement immédiat de la personne qui lui est déférée.
Lorsque ce jugement immédiat n’est pas possible, ou que le prévenu le
refuse, le procureur souhaite que la personne soit placée en détention pour
quelques jours. En d’autre terme, le procureur souhaite qu’on règle tout de
suite la question et si on ne peut pas il va demander au JLD une détention
jusqu’à ce que la comparution devant le tribunal puisse être faite. C’est donc
un cas où il peut y avoir une courte détention provisoire avant le jugement
alors qu’il n’y a pas de nouvelle recherche de preuve par un juge judiciaire.

Domaine de la comparution immédiate : possible pour tous les délits sauf ceux
très particuliers comme les délits de presse, politiques, commis par les
mineurs. C’est possible pour tous les délits en vertu de l’article 395 du CPP.
L’hypothèse est que c’est un délit flagrant qui vient de se commettre. C’est
l’héritière de la procédure de flagrant délit. Pour que cette procédure puisse
être employée quand le délit est flagrant il faut que la peine soit d’au moins 6
mois.

Cette procédure est aussi utilisable selon l’article 395 quand il apparait au
procureur de la république que les charges réunies sont suffisantes et que
l’affaire est en état d’être jugée. Le maximum encouru doit être d’au moins 2
ans. Jusqu’à une loi de 2002 le législateur ne voulait pas appliquer cette
procédure aux délits les plus graves. Il fallait donner un vrai temps de défense.
La procédure de comparution immédiate n’était pas applicable aux délits dont
la peine était supérieure à 7 ans. Et puis c’est la loi de 2002 qui a généralisé
la procédure à l’ensemble des délits d’une gravité minimum. On pouvait
s’interroger sur l’application dans le temps de cette loi : est ce qu’elle était
susceptible de s’appliquer à des délits pour lesquels la peine encourue était
supérieure à 7 ans, commis avant la promulgation de la loi. Est-ce qu’elle était
d’application immédiate ? La réponse est oui : arrêt du 7 janvier 2004. Les lois
de procédure pénale sont d’application immédiate. Mais au moins pour les
gros délits avoir étendu par cette procédure est défavorable à la personne
poursuivie. Le législateur pour les lois de procédure ne fait pas de distinction.
On voit les inconvénients de cette application immédiate qui est de droit
positif.

Comment se passe la procédure ? C’est décrit dans les articles 396 et


suivants du CPP.

Hypothèse où il n’est pas possible de réunir le tribunal le jour même où le


prévenu a été présenté au procureur. La réunion du tribunal le jour même est
impossible car la personne est déférée au procureur un dimanche par
exemple. Le problème est que si il a utilisé cette procédure c’est parce que le
procureur ne veut pas qu’il rentre chez lui. Lorsque la réunion du tribunal est
impossible le jour même, le procureur traduit le prévenu devant un juge du
siège, lequel en attendant mieux, le JLD va recueillir les déclarations du
prévenu, l’avocat étant immédiatement avisé. Le JLD prend sa décision :

· soit il accepte la détention

· soit il la refuse.

S’il refuse la détention, la procédure ne peut pas être mise en œuvre. Le


parquetier doit revenir à la convocation par procès verbal. Si le JLD accepte la
détention, le JLD rend une ordonnance spécialement motivée qui permet la
détention mais qui obligera le procureur à faire comparaitre le prévenu devant
le tribunal le 3ème jour ouvrable suivant. Si ca va plus loin on est
automatiquement remis en liberté.

Qu’est ce qui se passera au moment où la réunion du tribunal sera possible ?


Le Conseil est là et la personne comparait devant le tribunal en présence de
son conseil si le dossier parait complet au tribunal, le président du tribunal
demandera au prévenu s’il accepte expressément en présence de son avocat
d’être jugé tout de suite. En d’autres termes, le prévenu ne peut être jugé
immédiatement quand il comparait devant le tribunal qu’avec son accord
recueilli en présence de l’avocat. Le tribunal va décider du sort du prévenu en
attendant le jugement et le risque est qu’il prolonge la détention provisoire.

Si le prévenu accepte d’être jugé immédiatement, l’audience a lieu. Si le


dossier n’apparait pas complet au tribunal ou que le prévenu refuse d’être jugé
immédiatement, le tribunal décidera d’une part d’une date ultérieure de
jugement et d’autre part du sort du prévenu en attendant ce jugement. Le
tribunal peut décider de le laisser ou de le remettre en liberté. Le tribunal peut
décider la liberté ou d’un contrôle judiciaire ou bien alors d’un placement ou
d’un maintien en détention provisoire, en attendant le jugement. Dans le
même temps le tribunal peut décider d’une rechercher supplémentaire de
preuve, on l’appelle un supplément d’information conduite par un membre du
tribunal. Il peut éventuellement même considérer que l’affaire est si
compliquée qu’il faudrait une instruction et donc renvoyer au procureur pour
qu’il fasse une instruction. Le renvoie doit être fixé à une date comprise entre
2 et 6 semaines.

Si le délit est nettement plus grave, c'est-à-dire lorsque la peine encourue est
supérieure à 7 ans, le délai s’allonge, l’audience est fixée à une date comprise
entre 2 et 4 mois. Et puis le jour de l’audience, il se peut que le tribunal ne
rende pas sa décision sur le champ, qu’il mette en délibéré et qu’il y ait un
renvoie. Ca risque de trainer. Si le prévenu est libre il n’y a pas vraiment de
problème. Si le prévenu est en détention la décision du tribunal doit être
rendue obligatoirement dans les 2 mois qui suivent la première comparution.
S’il s’agit d’un délit grave, peine encourue supérieure à 7 ans, la décision doit
être rendue dans les 4 mois. En d’autres termes, dans ce cas là, si le tribunal
a renvoyé à la date limite, c'est-à-dire aux 4 mois, il n’a plus le temps pour
délibérer, il doit délibérer sur le champ, sinon on n’est pas dans les 4 mois.

Si les prévenus sont condamnés, en principe il y a un double degré de


juridiction et l’appel a normalement un effet suspensif. Donc en principe, il y a
quelqu’un qui serait resté en détention jusqu’à son jugement en comparution
immédiate et il est condamné et du coup comme il a décidé de faire appel, il
peut rentrer chez lui. Il y a un certain illogisme. C’est pourquoi le législateur a
décidé que par exception à l’effet suspensif de l’appel, lorsque le tribunal
décide d’un emprisonnement sans sursis, il peut ordonner le maintien en
détention par décision motivée. Il restera en prison bien qu’il fasse appel. Mais
il est toujours présumé innocent. C’est pourquoi le législateur impose que la
cour d’appel rende sa décision dans les 4 mois à partir de l’appel. Si elle ne le
fait pas il y a remise en liberté (ce qu’on appelle élargissement).

Il y a un autre mode qui permettra d’être jugé plus vite, plus facilement mais
pour lequel il faut l’accord du prévenu dans le cadre de délits pas trop graves.
C’est la forme du plaider-coupable. La procédure jusqu’à la décision sur la
peine ira beaucoup plus vite.

D. La comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité

Cette procédure est réglementée aux articles 495-7 et suivants du CPP.

En ce qui concerne le domaine il faut que ce ne soit pas trop grave : les délits
pour lesquels la peine encourue ne dépasse pas 5 ans. C’est le procureur de
la république qui décide d’utiliser cette procédure de lui-même (d’office) ou à
la demande de l’intéressé assisté de son avocat.

Le procureur propose une peine principale ou complémentaire encourue pour


l’infraction qui a été avouée. Par exemple si on a avoué un vol, les peines d’un
vol c’est amende ou emprisonnement, donc le procureur peut parfaitement
proposer une amende toute seule ou il peut aussi proposer de la prison. Si le
procureur propose une amende, elle ne peut pas dépasser le maximum
encouru. Si le procureur propose la prison, la durée de l’emprisonnement est
limitée doublement : d’une part elle ne peut pas dépasser 1 an et d’autre part
elle ne peut pas dépasser la moitié de la peine encourue. L’emprisonnement
peut être subi sous le régime de la semi-liberté (en prison la nuit et les
weekends). Le prévenu ne peut accepter cette proposition qu’en présence de
son avocat. C’est grave et donc il peut demander un délai de 10 jours avant
de se prononcer. Pendant ces 10 jours le procureur peut présenter le prévenu
devant le JLD pour que celui-ci décide d’un contrôle judiciaire ou très
exceptionnellement une détention provisoire lorsqu’il a proposé un
emprisonnement au moins égale à 2 mois fermes avec exécution immédiate.
Si le prévenu refuse, le procureur reprend son entière liberté et donc il peut le
citer à comparaitre devant le tribunal, il peut le convoquer par PV.

Si le prévenu accepte la proposition il y aura une procédure d’homologation


devant le président du TGI ou un juge délégué. Il y a une véritable audience.
Le prévenu et son avocat sont entendus.

Avis du 18 avril 2005 : la cour de cassation a dit que le procureur devait


assister aux débats de cette audience d’homologation. Ca paraissait logique
puisque c’est l’équivalent raccourcis d’une audience de jugement. Allant
contre cet avis, une loi du 26 juillet 2005 a décidé que la présence du
ministère public à l’audience d’homologation n’était pas obligatoire.

La décision d’homologation, le président du tribunal juge délégué peut refuser


l’homologation. Le président du tribunal peut accepter d’homologuer, elle est
prononcée en présence du ministère public. Le condamner peut faire appel de
la décision d’homologation. Le condamné peut faire appel de l’ordonnance
d’homologation et à ce moment là le Parquet peut faire appel incident.
Arrêt du 10 novembre 2010 : le ministère public ne dispose pas du droit de
relever appel à titre principal, c'est-à-dire que si le juge homologue, le prévenu
peut faire appel et aussi le parquet, mais le parquet ne peut pas tout seul faire
appel le premier.

Il y avait une pratique des procureurs qui se disaient qu’on va tenter cette
procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité mais
on va en même temps pour une date plus éloignée faire une citation devant le
tribunal. Ca veut dire que si la comparution réussissait, il y a bien
homologation, la citation devenait sans objet et on rayait l’affaire du rôle du
tribunal. Et si ca réussissait pas, la personne refuse la peine ou il n’y a pas
d’homologation, le tribunal est tout de suite saisi et l’individu sait qu’il y aura
une audience devant le tribunal. La pratique de la double convocation d’une
part pour une procédure de plaider-coupable et d’autre par pour une
procédure classique à une date plus éloignée, avait l’avantage de permettre
de gagner du temps en cas d’échec du plaider-coupable. Elle pouvait avoir
l’inconvénient de faire pression sur le prévenu pour qu’il accepte la proposition
de peine. C’est pourquoi la chambre criminelle avait décidé que la double
convocation était irrégulière. Ca pouvait être un moyen de pression pour que
le prévenu accepte la proposition du procureur : arrêt du 14 octobre 2008.

Le législateur a brisé cette jurisprudence dans une loi du 12 mai 2009 sur la
simplification du droit, dans un nouvel article 495-15-1 du CPP : il a décidé
que la mise en œuvre d’une procédure de plaider-coupable n’interdisait pas
au procureur de procéder simultanément à une convocation en justice
classique. Dès qu’il y a eu la QPC de ce texte, la chambre criminelle.

Le CC a statué dans une décision du 10 décembre 2010 : il a décidé que


cette double convocation était constitutionnelle, que la loi était
constitutionnelle. Au moment de prendre la décision, on a le choix entre
accepter ce que propose le parquet ou décider d’aller plaider notre cause
devant le tribunal. Ca montre encore plus nettement que le plaider-coupable
est un véritable jugement mais moins sévère et accepté.

Chapitre 2 : la poursuite par la victime

La victime exerce l’action civile : elle va demander réparation pour un


préjudice né d’une infraction. Donc elle aura à démontrer l’infraction, le
préjudice et le lien de causalité. Mais en engageant cette action civile devant
les tribunaux répressifs, elle va en même temps déclencher l’action publique,
c'est-à-dire l’action qui tend au prononcé d’une peine.

Il faut savoir à quelles conditions la victime d’une infraction peut exercer son
action.

Section 1 : les conditions de l’action de la victime

On va distinguer selon que la victime de l‘infraction est une personne physique


ou morale. Les personnes morales, notamment les associations, défendent
des intérêts, des idéaux qui sont normalement les idéaux de la société, et
donc l’action de la personne morale quand elle défend ses intérêts peut entrer
en concurrence avec le ministère public qui défend l’intérêt de l’ensemble de
la société.

I. L’action civile des personnes physiques


Pour pouvoir agir, les personnes physiques doivent invoquer un préjudice
certain et actuel né d’une infraction selon les articles 2 et 3 du CPP. Ce
préjudice doit également être personnel et direct. Et c’est sur ce caractère
direct qu’il y a eu de la jurisprudence.

Arrêt du 23 octobre 2010 : crime de viol incestueux. L’enfant qui est né à la


suite de ce crime subit il un préjudice personnel et direct du fait de l’infraction.
La chambre criminelle a décidé que oui en raison premièrement de
l’impossibilité dans laquelle il sera d’établir sa filiation. Article 310-2 du Code
civil, en raison de traumatismes psychologiques.

Arrêt du 14 novembre 2007 : l’infraction est une infraction d’escroquerie et la


personne qui prétend qu’elle a subi un préjudice personnel et direct c’est une
banque. Un jeune homme intercepte un courrier d’une banque à l’égard de
ses parents. Il veut prendre connaissance des codes d’accès bancaire des
parents par internet. Il fait procéder à des virements à son profit à partir des
comptes des parents. C’est de l’escroquerie. La banque est obligée de re-
créditer les comptes de ses clients qui ont été débités à tort en vertu des
obligations civiles. La banque se porte partie civile contre le jeune homme
pour escroquerie. Et le préjudice ne découle pas directement de
l’escroquerie : l’action de la banque est irrecevable car si elle est obligée de
rembourser c’est en vertu de ses obligations contractuelles et l’argent qu’elle a
perdu découle d’abord directement de ses obligations contractuelles et
indirectement de l‘escroquerie. La cour de cassation a cassé : les manœuvres
frauduleuses qui avaient eu pour effet de faire débiter les comptes des clients
étaient directement à l’origine du préjudice subit par la banque.

Arrêt du 29 septembre 2009 : un coureur cycliste qui est poursuivi pour


infraction de dopage et on a une société qui sponsorise son équipe qui se
porte partie civile dans les poursuites pour dopage en disant que l’infraction a
eu des répercutions directes sur son image de marque. La chambre criminelle
a dit que la société qui sponsorise ne subit pas de préjudice personnel et
direct du fait du dopage d’un des coureurs de l’équipe qu’elle sponsorise,
même si ce dopage et même la condamnation a pu avoir quelques
répercutions sur son image de marque. Elle subit des dommages collatéraux.

Il n’est pas nécessaire que la victime puisse effectivement obtenir les


dommages et intérêts des tribunaux répressifs pour qu’elle puisse engager
son action. En d’autres termes, la victime peut saisir les tribunaux répressifs
de l’action civile dans des hypothèses où elle a conscience que le préjudice
ne pourra pas être réparé par ces juridictions. Ca sert à la victime à faire
constater l’infraction. Or l’existence de l’infraction est le fait générateur du
préjudice. Officieusement si la victime qui ne peut pas obtenir les dommages
et intérêts des tribunaux répressif les saisi quand même de son action civile,
c’est quand elle souhaite déclencher les poursuites pénales. A priori les
tribunaux répressifs peuvent accorder eux même des dommages et intérêts.

La première hypothèse est celle dans laquelle l’infraction a été commise par
un fonctionnaire et elle constitue une faute de service. En ce cas, qui est ce
qui va effectivement payer la victime ? C’est l’Etat. Quelles sont les seules
juridictions qui sont habilitées à condamner financièrement l’Etat ? Les
juridictions administratives. Ce sera l’Etat qui indemnisera la victime de
l‘infraction commise par un fonctionnaire. Ce sont donc les juridictions
administratives qui attribueront les dommages et intérêts. Mais la victime a
parfaitement le droit de saisir au préalable les tribunaux répressifs pour faire
constater l’infraction.

Arrêt du 30 octobre 2006 : l’infraction est une infraction de diffamation. Et


cette diffamation n’est pas reprochée à n’importe qui, elle est reprochée au
directeur de la police de l‘air et des frontière de l’aéroport de Roissy. Cette
diffamation résulte de propos non détachables du service. La victime ne peut
rien obtenir pécuniairement. La chambre criminelle a dit que l’impossibilité
pour une victime d’obtenir l’indemnisation de son préjudice devant le juge
pénal ne fait pas obstacle à la saisine de ce juge. Le juge pénal devra
rechercher si les faits dont se plaint la victime constituent bien une infraction
imputable aux fonctionnaires.

Arrêt du 20 septembre 2006 : il s’agissait d’un enseignant qui était poursuivi


pour violence volontaires à l’égard d’un parent. Il parait que c’est une faute de
service. Et à partir du moment où c’est une faute de service, c’est l’Etat qui
paye à la place de l’enseignant. Donc la victime ne pouvait pas obtenir
réparation de son préjudice devant les tribunaux répressif, mais elle pouvait
engager son action, qu’elle pouvait se constituer partie civile devant les
tribunaux répressifs pour faire établir la culpabilité du prévenu, mais ce n’est
pas lui qui paye.

La deuxième hypothèse : les tribunaux admettent aussi que la victime peut


agir lorsqu’elle ne veut pas réclamer de dommages et intérêts.

Article 418 alinéa 3 du CPP : la partie civile peut réclamer des dommages et
intérêts. S’il y a eu une médiation entre l’auteur et la victime et que la
médiation a réussi, le ministère public ne peut plus poursuivre puisqu’il a
choisi une alternative qui a réussie. La victime, en acceptant la médiation,
s’engage elle aussi à ne plus agir. Si elle arrive devant les tribunaux répressifs
avant le ministère public, le but de la victime est de tout déclencher et qu’il y
ait une peine, ca montre le caractère vindicatif de l’action de la victime.

II. L’action civile des personnes morales


Le préjudice doit être personnel et direct et il n’est pas nécessaire que la
victime réclame de l’argent des tribunaux récessif pour qu’elle puisse engager
son action. Mais le caractère personnel du préjudice est beaucoup plus
difficile à apprécier s’agissant d’une personne morale.
Il n’y a aucune difficulté lorsque la personne morale se plaint de ce qu’une
infraction a causé un préjudice à ses intérêts matériels. Par exemple, il y a eu
un vol dans les locaux d’une association et le peu d’argent qu’elle avait a
disparu. On a un préjudice matériel personnel et direct et donc elle peut se
porter partie civile. Le problème survient lorsque la personne morale,
essentiellement une association ou un syndicat, se plaint de ce que l’infraction
a porté atteinte aux idéaux ou aux intérêts collectifs qu’elle a pour mission de
défendre. Et là, il y a un problème plus aigue pour l’action civile devant les
tribunaux répressifs parce que les idéaux défendus par une association ne
sont pas toujours détachables des intérêts de l’ensemble de la société. Et par
conséquent la personne morale risque de concurrencer le ministère public.
C’est une exception de plus au principe d’opportunité des poursuites : une
association va pouvoir déclencher les poursuites dans un cas où le ministère
public ne souhaitait pas déclencher.

Le législateur a opéré un choix : il a dit qu’il y a des associations dont les


objectifs apparaissent tellement essentiels qu’il est souhaitable pour tout le
monde qu’elle puisse exercer l’action civile lorsqu’il y a atteinte à leurs
objectifs par une infraction. Et dans ce cas là il les a nommés. Le législateur a
donné l’action civile aux association de lutte contre le racisme, aux association
de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre, aux
association de lutte contre les violences sexuelles, aux associations de
protection de la nature et aux association de lutte contre les sectes. Le
législateur précise que ce type d’association pourra exercer l’action civile. il
s’agit d’intérêts qui doivent être promu à tel point que c’est bien qu’il y ait un
groupement qui en plus du ministère public puissent saisir les tribunaux
répressifs.

Pour certaines de ces associations, le législateur a précisé que l’action civile


ne pouvait être engagée qu’avec l’accord de la victime. En d’autres termes on
a des associations privilégiées parce qu’en fonction de leurs idéaux le
législateur leur a donné expressément la possibilité d’action partie civile mais il
peut y avoir des conditions.

Et il y a d’autres personnes morales qui ont obtenus du législateur l’action


civile mais la jurisprudence s’en méfie, elle la restreint. Ce sont les syndicats
professionnels qui peuvent se porter partie civile dès lors qu’un préjudice
direct ou indirect a été causé à l’intérêt collectif de la profession. Avec ce mot
indirect ca va assez loin. La jurisprudence a plutôt restreint cette action civile.

Exemple : il y avait eu une agression subie par un agent de l’administration


pénitentiaire qui avait subi des violences volontaires. La chambre criminelle a
dit qu’il y a une seule personne qui est atteinte, et donc l’action du syndicat est
irrecevable.

Exemple : il y avait eu une dégradation et destruction volontaire de locaux des


services fiscaux. Le syndicat général des impôts s’était porté partie civile en
disant que c’était ses locaux, ses lieux de travail. La chambre criminelle a dit
non, ca n’appartient pas à la profession et donc elle a déclaré l’action
irrecevable.
Arrêt du 13 avril 2010 : l’infraction était le vol de truffes sur un terrain privé.
La fédération régionale des trufficulteurs avait dit qu’elle se constituait partie
civile. ca a été déclaré irrecevable.

Lorsque la personne morale ne bénéficie pas d’un texte de loi qui lui accord
l’action civile, généralement, la jurisprudence déclare l’action irrecevable. Il y
avait l’infraction de fraude électorale. S’était constitué une association pour le
respect du suffrage universel pour se constituer partie civile. Or ce n’est pas
détachable de l’intérêt général et donc irrecevabilité. Avant qu’il y ait un texte
de loi, déjà les tribunaux avaient accordé l’action civile à des associations de
lutte contre les violences sexuelles ou une fois à une association de lutte
contre l’exclusion sociale. La cour d’appel de Colmar avait déclaré l’action
recevable : l’objet de l’association est de lutter contre l’exclusion sociale.
Ensuite le législateur a accordé un texte aux associations de lutte contre
l’exclusion sociale. De la même façon la jurisprudence a précédé la loi pour
les associations de lutte contre la violence routière.

Arrêt du 14 février 2006 : un membre du conseil régional qui lors d’une


commission tient des propos discriminatoires et racistes. La région à laquelle il
appartient se constitue partie civile dans les poursuites pour discrimination en
disant qu’elle a subit un préjudice puisqu’il y a atteinte à l’image et à la
réputation de la région. La chambre criminelle a déclaré l’action irrecevable :
la région ne subit aucun préjudice direct même s’il peut y avoir une atteinte à
son image et à sa réputation.

Arrêt du 8 février 2006 : un maire avait été condamné pour corruption. La


ville s’était constituée partie civile sur son préjudice moral : ca porte atteinte à
l’image de la ville. La chambre criminelle a dit que la condamnation de son
maire pour corruption cause pour la ville un préjudice moral personnel et direct
dans la mesure où il porte atteinte à une notoriété connue dans le monde
entier. Donc l’action est recevable.

Ce qu’il faut retenir : soit il y a un texte de loi, et quand il est large la


jurisprudence limite, mais sinon on accorde l’action civile comme le législateur
l’a voulu. Soit il n’y a pas de texte de loi et la jurisprudence fait ce qu’elle veut
en fonction du préjudice invoqué et en fonction de la nature de la personne
morale.

Section 2 : les modalités d’exercice de l’action civile d’une


personne physique ou morale d’une infraction

On va devant les tribunaux répressifs. Mais en même temps cette infraction


constitue aussi une faute civile et donc on va devant les tribunaux civils.

I. L’option de la victime
Elle a le choix entre porter son action civile devant les tribunaux répressifs ou
devant les tribunaux civils. L’action de la victime résulte de la combinaison des
articles 3, alinéa 1, et article 4, alinéa 1, du CPP.
Article 3 alinéa 1 CPP : prévoit que la victime d’une infraction peut exercer
son action civile en même temps que l’action publique et même si l’action
publique n’est pas engagée. L’action publique c’est l’action intentée par le
ministère public qui tend à la reconnaissance, à la constatation de l‘infraction,
à la reconnaissance de la responsabilité pénale et à une condamnation.

Article 4, alinéa 1, du CPP : l’action civile peut être exercée séparément de


l’action publique. Généralement la victime choisi plus souvent de porter son
action devant les tribunaux répressifs car ca ira plus vite pour elle et parce
qu’elle va profiter des preuves apportées par le ministère public.

Si le prétendu responsable auteur de l’infraction est mis hors de cause, la


partie qui s’est constituée au pénal risque elle-même d’être condamnée pour
dénonciation calomnieuse (elle savait qu’elle se plaignait de quelque chose de
faux) ou téméraire (faute d’imprudence). Ce choix entre la voie pénale et la
voie civile est irrévocable au moins dans un sens. C’est ce qu’on appelle en
latin la règle electa una via.

L’article 5 du CPP dit que la victime qui a choisi de porter son action devant
les tribunaux civils, elle ne peut pas se désister et saisir les tribunaux
répressifs. En revanche, lorsque la victime a porté son action devant les
tribunaux répressifs elle peut changer d’avis et se désister et partir au civil
selon l’article 426 du CPP. A l’irrévocabilité il y a une exception contenue à
l’article 5 CPP et qui est subordonnée à deux conditions :

Premièrement, un jugement sur le fond n’a pas encore été rendu par la
juridiction civile. Or la juridiction pénale est saisie de l’action publique par le
ministère public. Cette exception correspond à la situation où la victime n’avait
pas pensé qu’il s’agissait d’une infraction ou n’avait pas cru que le ministère
public exercerait des poursuites. Le changement d’avis de la victime ne
change rien pour la personne poursuivie.

II. L’exercice de l’action civile devant les tribunaux


répressifs

A. Les formes de la constitution partie civile

Il y a deux situations :

Premièrement, le ministère public a déjà saisi le tribunal répressif de l’action


publique. La victime peut aller au pénal et elle sait que les poursuites ont été
déclenchées par le ministère public. On dit qu’ici la victime agit par voie
d’intervention, elle intervient dans un procès pénal qui est déjà engagé. Si le
ministère public a saisi un juge d’instruction, la victime peut se constituer en
portant plainte devant ce juge d’instruction à n’importe quel moment, elle se
constitue partie civile devant le greffier du juge d’instruction. S’il s’agit d’un
délit et que le ministère public a saisir le tribunal correctionnel, la victime peut
intervenir avant l’audience soit par une déclaration au greffe ou une lettre
recommandée avec accusé de réception, soit avec télécopie. Et puis pendant
les débats et jusqu’à la clôture des débats, la victime peut engager son action
devant le tribunal soit en arrivant avec un avocat et en déposant sa demande
au greffe, ce qu’on appellera des conclusions.

La victime ne s’est pas manifestée pendant toute la procédure de première


instance jusqu’à la clôture des débats, il y a une décision du tribunal
correctionnel, il y a un appel, est ce que la victime peut arriver devant la
chambre des appels correctionnels en disant qu’elle veut intervenir comme
partie civile par voie d’intervention. La victime ne peut pas intervenir pour la
première fois en cause d’appel en ce qui concerne son préjudice et le lien de
causalité entre ce préjudice et l’infraction, ce serait contraire au principe du
double degré de juridiction.

Deuxièmement, lorsque la victime souhaite saisir les juridictions pénales alors


que le ministère public n’a pas engagé l’action publique. En d’autres termes, la
victime est le premier demandeur à se présenter devant les juridictions
pénales. On dit que c’est par voie d’action. Dans ce cas là, s’il s’agit d’un
crime, l’instruction est obligatoire, et donc elle doit saisir un juge d’instruction.
Donc en matière de crime la victime se constitue partie civile devant le juge
d’instruction, elle fait une lettre écrite datée et signée adressée au juge
d’instruction et qui est déposée au greffe.

Qu’est ce qui va se passer à partir de ce moment là ? S’il n’y a qu’un juge


d’instruction c’est lui qui va récupérer l’affaire sinon il va y avoir un juge
d’instruction désigné. Ce juge d’instruction va transmettre la plainte de la
victime au procureur de la république pour obtenir ses réquisitions. La victime
a déclenché le procès pénal. Dans ce cas là, la victime, sauf si elle a l’aide
juridictionnelle, va devoir consigner les frais du procès selon l’article 88 du
CPP. Toutefois, le juge d’instruction peut dispenser de consignation une partie
civile dépourvue de ressources suffisantes. S’il s’agit d’un délit, on est toujours
dans l’hypothèse où le ministère public n’a encore rien fait, la victime peut
saisir directement le tribunal correctionnel par voie d’huissier si elle a un nom.
Elle n’a pas en revanche à sa disposition la convocation par PV et la
comparution immédiate.

Mais en matière de délit il peut y avoir instruction. Est qu’on peut déclencher
devant le juge d’instruction ? En matière de délit, la victime peut par voie
d’action, c'est-à-dire la première, saisir le juge d’instruction d’une constitution
de partie civile et à ce moment là ce sera le même système qu’en matière de
crime. Mais les juges d’instruction sont débordés, le législateur a essayé de
retarder l’action de victimes qui bien souvent n’ont même pas le nom de la
personne à laquelle ils reprochent une infraction.

C’est pourquoi, l’article 85 du CPP issu d’une loi de 2007 prévoit qu’en
matière de délit la plainte avec constitution partie civile de la victime n’est
recevable qu’au bout d’un certain temps, lorsqu’on est sur que le ministère
public ne voudra pas déclencher lui-même. En d’autres termes, le législateur a
voulu essayer en matière de délit de décourager l’initiative de la victime
devant le juge d’instruction. C'est-à-dire que la victime ne pourra faire sa
plainte que soit si le procureur de la république lui a fait savoir qu’il
n’engagerait pas de poursuite, en d’autre terme il lui a notifié le classement
sans suite. Soit que 3 mois se soient écoulés depuis le dépôt de la plainte
simple de la victime auprès du procureur ou 1 mois après que le procureur ait
eu connaissance de la plainte déposée auprès de la police. La prescription est
suspendue pendant ces 3 mois.

B. Les effets de la constitution de partie civile

Il y a deux hypothèses :

· La victime agit par voie d’intervention : elle intervient au moment où le


procureur a déjà déclenché l’action publique. elle intervient pour l’action civile.

· La victime intervient par voie d’action : elle est la première à s’adresser aux
tribunaux répressifs. Elle intente l’action civile à un moment où le ministère
public n’a pas déclenché l’action publique.

Il y a des effets communs de l’action de la victime dans les deux hypothèses.


Dans tous les cas, dès lors qu’elle se constitue partie civile, la victime devient
partie à l’ensemble du procès pénal. Partie c’est partie demanderesse : elle
demande la constatation de l’infraction pour éventuellement obtenir des
dommages et intérêts. Elle aura droit à la notification des actes de procédure.
Elle aura le droit devant le juge d’instruction de faire des demandes d’acte. ca
veut dire que comme le ministère public ou comme le défendeur qui est mis
en examen, elle pourra suggérer au juge d’instruction de faire tel ou tel acte
de recherche de preuve.

Par exemple l’audition d’un témoin, par exemple une expertise ou une
perquisition.

Suggérer ca va un peu plus loin puisque si le juge d’instruction refuse il doit le


faire par ordonnance motivée. Cette ordonnance n’a pas seulement l’intérêt de
la motivation, elle est susceptible d’appel. La victime a l’exercice des voies de
recours. Elle ne peut plus être entendue comme témoin car si elle est partie
elle n’est pas extérieure à l’affaire et à partir du moment où elle est partie elle
risque d’être poursuivie pour dénonciation calomnieuse (on l’accuse d’avoir
menti) ou téméraire (on l’accuse d’avoir dénoncé avec beaucoup de légèreté).
Ici la victime devient partie demanderesse à l’ensemble du procès pénal,
qu’elle soit arrivée la première ou la seconde.

Il y a un second effet de la constitution partie civile qui joue uniquement dans


l’hypothèse où la victime s’est constituée par voie d’action, c'est-à-dire où elle
s’est constituée devant les tribunaux répressifs la première, à un moment où
le ministère public n’avait pas déclenché l’action publique. Puisqu’il est saisi
d’une constitution de partie civile, le juge répressif doit s’interroger sur
l’existence de l’infraction et sur la responsabilité de telle ou telle personne. A
partir du moment où un juge répressif doit s’interroger sur l’existence de
l’infraction, le travail du juge pénal est de trancher des questions pénales et
pas de dommages et intérêts. Donc il y aurait quelque chose de gênant à ce
que si le ministère public fait rien, le juge répressif a tout un procès à faire
uniquement sur l’action civile, sans se préoccuper de la peine. C’est pourquoi,
en application de l’article 1er alinéa 2 du CPP, une jurisprudence ancienne
qui date de 1906, arrêt Laurent Atthalin.

Arrêt du 8 décembre 1906 Laurent Atthalin : en application de l’article 1er


alinéa 2 du CPP, la cour de cassation décide que lorsque la victime se
constituait par voie d’action, elle déclenchait en même temps que l’action civile
l’action publique.

Remarque : la victime ne peut le faire que quand elle arrive la première par
voie d’action puisque par voie d’intervention il y a déjà le ministère public. Il y
a un tronc commun entre l’action civile quand elle est née d’une infraction et
l’action publique : l’existence même de l’infraction qui a deux branches : la
peine et les dommages et intérêts. à partir du moment où la victime arrive
avec son action civile, elle va tout déclencher quand elle arrive devant les
tribunaux répressifs. Si le ministère public décide de classer une affaire, la
victime peut donc forcer les poursuites.

III. L’exercice de l’action civile devant les tribunaux


civils
Lorsque la victime d’une infraction agit devant les tribunaux civils, les
modalités et les résultats de son action vont dépendre du procès pénal si il y
en a un, si le ministère public de son côté agit. En d’autres termes, l’action
civile devant les tribunaux civils dépend de l’action public devant les tribunaux
répressifs à partir du moment où le procès civil n’est pas encore jugé
définitivement au moment où le ministère public de son côté met en
mouvement le procès pénal. La chose jugée au pénal aura autorité sur le civil.

Il y aura sursis au jugement de l’action civile devant les tribunaux civils en


attendant les résultats de l’action pénale. Le criminel tient le civil en l’état.

A. Le sursis au jugement de l’action civile devant les tribunaux


civils

Cette nécessité pour le tribunal civil d’attendre la solution donnée au pénal, de


sursoir à statuer, est inscrite à l’article 4 alinéa 2 du CPP. Pour qu’il y ait
sursis, il faut que l’action publique devant les tribunaux répressifs ait été mise
en mouvement par le ministère public avant ou pendant l’exercice de l’action
civile par la victime devant les tribunaux civils. Si la victime reste devant les
tribunaux civils, le tribunal civil devra sursoir à statuer si l’action de la victime
au civil porte sur la réparation du dommage de l’infraction.

Il y a sursis même lorsque le défendeur n’est pas le même au pénal et au civil,


c'est-à-dire concrètement lorsque l’action civile est dirigée contre le tiers
civilement responsable, c'est-à-dire le plus souvent l’assureur. Ce sursis a un
caractère d’ordre public, le tribunal civil doit de lui-même sursoir à statuer car
lorsqu’interviendra la décision du tribunal elle aura autorité de la chose jugée
sur le civil.

B. L’autorité de la chose jugée au pénal


La décision pénale concerne toute la société et pas seulement la victime. Le
juge pénal a plus de pouvoir d’investigation en matière de preuve : il a plus de
pouvoirs propres de recherche des preuves, en d’autres termes la justice
pénale est plus inquisitoire que la justice civile. Cette autorité de la chose
jugée a un caractère absolu à l’égard de tous et elle s’attache à toutes les
décisions définitives des juridictions de jugement. C’est elle et elle seule qui dit
s’il y a infraction et si telle personne est coupable. Cette autorité s’attache à la
qualification de l’infraction, aux faits et sur la décision de culpabilité.

Est-ce qu’une composition pénale définitive (c'est-à-dire qui avait reçu l’aval
du juge du siège, du président du tribunal et ca avait fonctionné) validée et
exécutée a autorité de la chose jugée sur le civil ?

Arrêt du 13 janvier 2009 : l’ordonnance de validation de la composition


pénale n’avait pas autorité de la chose jugée au civil. A partir du moment où le
plaidé coupable est considéré comme une modalité de poursuite,
l’homologation qui n’a pas fait l’objet d’appel dans les délais ou qui a été
confirmé en appel, a autorité de la chose jugée, il y a jugement définitif.

Quelles sont les conséquences pratiques concrètes de cette autorité de chose


jugée ? Si la juridiction pénale a condamné, a déclaré la personne
responsable pénalement, le juge civil ne peut pas refuser les dommages et
intérêts pour absence de faute puisque la constatation de la faute qui a été
faite au pénal s’impose au civil. Le juge civil pourra partager la responsabilité
et donc réduire les dommages et intérêts, mais il ne pourra pas les supprimer.
Inversement s’il y a au pénal acquittement (crime) ou relaxe, le juge pénal a
décidé qu’il n’y avait pas de faute pénale, pas de responsabilité. Des
dommages et intérêts peuvent être accordés sur un fondement purement civil
distinct de la faute. Si l’infraction reprochée était une infraction intentionnelle,
le juge civil pourra accorder des dommages et intérêts pour faute de
négligence.

Par exemple : une personne qui se trompe de manteau.

Lorsque l’infraction reprochée est une faute d’imprudence, si la juridiction


pénale a considérée qu’il y avait un lien direct entre l’infraction et le préjudice
et qu’il y a relaxe au pénal, la juridiction civile ne pourra pas accorder des
dommages et intérêt pour faute. En revanche, si la juridiction pénale a
considéré que l’acte reproché avait seulement contribué à créer le dommage,
la juridiction pénale ne peut condamner que s’il y a imprudence qualifiée. En
dépit d’une relaxe au pénal, la juridiction civile pourra accorder des dommages
et intérêts pour imprudence simple. C’est ce que nous dit l’article 4-1 du
CPP, c’est la conséquence de la dissociation de la faute pénale et de la faute
civile d’imprudence puisque depuis la loi de juillet 2000, la faute pénale
d’imprudence est plus restreinte que la faute civile d’imprudence.

Que fait la victime de l’infraction si l’auteur n’est pas retrouvé, ou s’il est
insolvable ? Quel est le sort de cette victime ? On a créé un fond de garantie,
essentiellement alimenté par les cotisations de l’assurance, pour indemniser
les victimes d’infractions lorsqu’elles ne peuvent pas pour des raisons
matérielles obtenir l’indemnisation de l‘auteur de l’infraction. Le fond de
garantie leur donne dès lors que la victime a subi un préjudice corporel d’une
certaine importance (il faut que l’ITT soit au moins égale à 1mois) et même le
fond de garantie indemnise les victimes en cas de préjudice matériel lorsque
l’absence d’indemnisation mettrait la victime dans une situation matérielle ou
psychologique grave.

Ca ne bénéficie qu’aux victimes personnes physiques. La demande doit être


adressée à une commission qui siège auprès de chaque TGI, commission
d’indemnisation des victimes de l’infraction. Cette commission est présidée
par le juge déléguée aux victimes. Il peut y avoir un recours devant la
commission nationale d’indemnisation si on n’est pas d’accord sur le montant.
La commission d’indemnisation peut ou même doit refuser toute indemnisation
en cas de faute de la victime, lorsqu’elle a contribuée à son dommage.

Arrêt du 9 avril 2009 : une personne a fait une chute en poursuivant le voleur
à l’arrachée du sac à main de sa femme. Il avait invoqué son préjudice
personnel au pénal. Le voleur à l’arrachée était insolvable. La première
commission d’indemnisation disait au mari qu’il avait conscience du risque et
qu’il a commis une faute. La cour de cassation a dit que le préjudice du mari
était indemnisable, on ne peut pas lui faire grief de ne pas être resté passif
alors qu’il avait fait application de l’article 73 du CP.

Chapitre 3 : l’impossibilité de poursuivre

Ce qui peut valoir l’impossibilité de poursuivre c’est soit l’extinction totale de la


procédure ou de l’action publique ou alors une immunité dont bénéficierait
certaines personnes.

Section 1 : l’extinction de l’action publique

I. L’extinction due à des événements naturels

A. Le décès de la personne poursuivie

L’action publique tend à reconnaitre une culpabilité qui par hypothèse est
purement personnelle. Evidemment, l’action publique ne peut pas être
poursuivie contre les héritiers de la personne poursuivie. On n’est pas
pénalement responsable des personnes dont on hérite. Les faits extinctifs du
décès ne profitent pas aux coauteurs et complices.

D’autre part, l’action civile elle survivra au décès puisque l’action civile tend à
l’attribution de dommages et intérêts qui seront une dette de la succession.
B. L’écoulement du temps : le problème de la prescription de
l’action

L’action sera irrecevable si elle n’a pas été exercée pendant longtemps. Il y a
deux idées principales : une idée d’oubli, voir de pardon, et une idée de
dépérissement des preuves.

L’idée d’oubli ou de pardon fait que la prescription est inacceptable pour les
crimes les plus graves : le génocide et les autres crimes contre l’humanité, ils
sont imprescriptibles. Si le droit français avait suivi le droit international et
notamment le droit issu de la Convention de Rome qui avait créé la cour
pénale internationale, il aurait aussi déclaré les crimes de guerres
imprescriptibles. La loi a allongée les délais mais ne les a pas rendus
imprescriptibles. Les seuls crimes imprescriptibles sont le génocide et les
autres crimes contre l’humanité.

La jurisprudence a tout fait pour éviter qu’il y ait prescription, on peut jouer sur
le point de départ du délai de prescription mais aussi sur des questions
d’interruption de la prescription.

En ce qui concerne les délais de prescription, ils sont plus courts que la
prescription de la peine, ce qui est logique puisque pour la prescription de la
peine c’est le délai au bout duquel une peine qui a été définitivement
prononcée ne pourra pas être exécutée. Puisque la peine a été définitivement
prononcée, on n’a plus le risque de dépérissement des preuves. Pour la
prescription de l’action, les délais de droit commun sont de 10 ans en matière
de crime, 3 ans en matière de délit et 1 an en matière de contravention. Il y a
des délais différents pour certaines matières. Quelques uns sont beaucoup
plus courts mais il s’agit de délit et pas de crime, là où il faut aller vite.

Par exemple en matière électorale la prescription est de 6 mois. Pour les délits
de presse qui concernent la diffamation et l’injure, la prescription est de 3
mois, mais ces 3 mois deviennent 1 an lorsque c’est à caractère raciste. Pour
les délais plus longs, la prescription est de 20 ans pour les crimes et les délits
de nature sexuel commis contre les mineurs. La prescription est de 30 ans
pour les crimes et 20 ans pour les délits en matière de trafic de stupéfiant,
terrorisme, et crime de guerre.

Le point de départ du délai de prescription est en principe le jour où l’infraction


a pris fin. Par exception, pour les crimes et certains délits commis contre les
mineurs, c’est reporté à leur majorité. La jurisprudence est pas très claire dans
la qualification de l‘infraction et quelques fois, quant le législateur a été un peu
ambigüe, la jurisprudence choisie entre infraction instantanée ou continue.
C’est net pour des infractions commises par voie de la presse et par voie
d’internet. Par exemple en principe pour la publicité en faveur du tabac, la
chambre criminelle a considéré qu’il s’agissait d’une infraction continue, et
donc les 3 ans de prescription puisqu’il s’agit d’un délit, ne commencent à
courir que le jour où le message litigieux disparait. C’est un arrêt du 17
janvier 2006.
Arrêt du 6 janvier 2009 : il s’agissait d’une diffamation. La prescription de la
diffamation commise via internet part de la mise à disposition du message, du
jour où le message diffamatoire arrive sur internet, c’est un délit instantané.

Parfois, la jurisprudence recule la prescription au jour où l’infraction pouvait


être constatée. Il s’agit d’infractions relativement occultes, de gens qui se
pensent malin, qui vont essayer de cacher leur infraction. Par exemple abus
de biens sociaux. Le point de départ de cette prescription est reculée jusqu’au
jour de présentation des comptes. En matière d’abus de confiance, le point de
départ est reculé au jour où la victime a pu s’en apercevoir. Un délit d’écoute
clandestine : la jurisprudence a admis que la prescription ne courrait que du
jour où les écoutes avaient pu être décelées.

Loi Loppsi 2 : loi qui a été définitivement votée mais qui a été soumise au CC
avant sa promulgation. Le CC ne s’est pas encore intéressé à cette loi et donc
elle n’est pas encore promulguée. Cette loi prévoit que pour toute une série de
délits commis à l’encontre d’une personne vulnérable, le point de départ de la
prescription sera repoussé au moment où l’infraction apparait à la victime
dans des conditions qui lui permettent d’agir. Il y a tout un mouvement de
report du délai de la prescription. En outre, les délais de prescription peuvent
être interrompus ou suspendu. Tout acte d’interruption de la prescription fait
repartir la totalité de la prescription à zéro, fait courir un nouveau délai de
prescription complet. On est en matière de délit, prescription de 3 ans, au bout
d’un an il y a un acte d’interruption, un nouveau délai de 3 ans part de cet acte
interruptif.

Est interruptif de prescription tout acte d’instruction ou de poursuite, la


jurisprudence y a assimilé les actes de l’enquête de police. Même un PV
contenant la dénonciation de l’infraction a été considérée comme un acte
interruptif de prescription.

Arrêt du 28 juin 2005 : plusieurs jeunes filles dans un centre social, en état
de vulnérabilité qui avaient disparues. Il n’y avait pas eu d’actes de poursuite.
C’était un soupçon de crime, mais au moment où on s’est dit qu’il fallait
soupçonner quelqu’un c’était passé. On s’est aperçu qu’à temps le procureur
avait adressé une demande de renseignement à DAS et la chambre criminelle
a décidé qu’une demande de renseignement adressé par le procureur à une
administration était interruptive de prescription si « le contexte démontrait
l’intention du procureur de poursuivre ».

Dans le cas d’une lycéenne qui avait disparue, la chambre criminelle a


considéré que la diffusion de fiches de recherche de la victime constituait un
acte interruptif de prescription. Même s’il n’y avait pas eu de poursuites dans
le délai, du moment où il y avait eu des fiches c’était pour d’éventuelles
poursuites et donc on retrouvait un délai de 10 ans qui partait de la dernière
fiche de recherche.

La jurisprudence, à partir des textes essaye par différents moyens de retarder


le jeu de lap rescription, au moins dans les cas où ca parait le plus choquant.
On dit qu’il y a suspension lorsque le délai de prescription recommence à
courir là où il s’était arrêté. Il y a suspension pendant tout le temps où il y a
une impossibilité d’agir pour des raisons de fait, par exemple une grève
générale, voir une grève générale des magistrats et du personnel des greffes,
ou pour des raisons de droit par exemple si l’auteur est non identifié la victime
doit attendre 3 mois et donc pendant ce délai la prescription est suspendue.
La prescription est d’ordre public, c'est-à-dire que la personne soupçonnée ne
peut pas y renoncer.

II. L’extinction de l’action publique due à des


manifestations de volonté
L’action publique est d’ordre public comme l’ensemble du droit pénal.
Cependant, la volonté du législateur peut conduire à l’extinction de l‘action
publique lorsqu’il décide d’une loi d’amnistie puisque la loi d’amnistie
rétroactivement retire aux faits leur caractère pénal. Il est plus rare que ce soit
la volonté des parties au procès pénal qui permette d’éteindre l’action
publique.

Dans l’hypothèse où le ministère public a choisi une alternative aux poursuites


qui a été couronnée de succès, il devient tout à fait impossible de déclencher
l’action publique. Mais pour que ce soir couronné de succès il faut la volonté
de l’auteur de l’infraction. Et donc la volonté du ministère public jointe à celle
de l‘auteur de l’infraction conduit dans certains cas à l’extinction de l’action
publique. en revanche, a priori la volonté des victimes qui ne sont concernées
que par les dommages et intérêts, ne sont pas susceptible d’éteindre l’action
publique.

Lorsque la victime a déclenché le procès pénal par voie d’action, si elle


change d’avis et si elle retire sa plainte, une fois que l’action publique a été
déclenchée, même si c’est par la victime, elle va jusqu’au bout. C’est ce que
dit l’alinéa 2 de l’article 2 du CPP : le retrait d’une plainte, qu’elle soit simple
ou avec constitution partie civile, est sans effet sur l’action publique.

Mais ce principe que la victime n’a aucun pouvoir pour éteindre l’action
publique fait objet d’une exception et d’une atténuation, à chaque fois pour
des infractions précises. Pour quelques infractions qui touchent la vie privée
des gens ou leur personne intime, le ministère public, par exception, ne peut
poursuivre que s’il y a plainte préalable de la victime. C’est le cas de la
diffamation, de l’injure et de l’atteinte à la vie privée. Dans ce cas là, si la
victime commence par déposer sa plainte et qu’en cours de procédure elle
change d’avis, elle retire sa plainte, pour ces quelques infractions, le retrait de
la plainte conduit à l’extinction de l‘action publique.

La deuxième exception touche des infractions à propos desquelles les


dommages et intérêts dus à des administrations ont un caractère à la fois
indemnitaire et punitif. Il s’agit des infractions fiscales. Dans ces domaines la
transaction entre l’administration lésée et l’auteur de l’infraction éteint l’action
publique.

Le principe est que la victime ne peut pas par sa volonté éteindre l’action
publique.
Section 2 : les immunités

Il s’agit de celle qui tout en laissant subsister l’infraction rendent irrecevable


les poursuites pénales à l’égard de certaines personnes et parfois dans
certaines circonstances.

I. Les immunités familiales


C’est plutôt les infractions économiques commises à l’intérieur de la famille,
les atteintes aux biens.

Article 311-12 du Code pénal : les vols commis à l’intérieur de la famille ne


peuvent pas donner lieu à des poursuites pénales. L’idée est une idée de
discrétion, de convenance et de décence. Le législateur n’applique l’immunité
qu’aux vols entre ascendants et descendants et aux vols entre époux à une
période où ils ne sont pas autorisés à résider séparément.

Il y a des cas où la société doit assurer le maximum de protection aux époux.


Depuis une loi de 2006, l’immunité entre époux ne joue pas, ne s’applique pas
lorsque le vol porte sur des objets ou des documents indispensables à la vie
quotidienne de la victime. Par exemple un titre de séjour ou un moyen de
paiement. En revanche, la jurisprudence a étendue l’immunité familiale aux
autres délits ayant pour objet une atteinte à la propriété comme l’escroquerie
et l’abus de confiance. Violation qui profite à la personne qui bénéficiera de
l’immunité et donc qui ne nuit pas à l’impératif de sécurité juridique.

II. Les immunités judiciaires


Les immunités judiciaires ont pour objet d’assurer la plus grande liberté de la
défense sans risque de poursuites pénales. Le but est que l’avocat puisse dire
ce qu’il veut du moment que c’est dans l’objet du procès.

Article 41 alinéa 3 de la loi du 29 juillet 1981 exclu toute action en


diffamation, injure ou outrage pour les paroles prononcées et les écrits
produits ( : conclusions) devant les tribunaux, à condition qu’il ne s’agisse pas
de faits étrangers à la cause, à condition que ca touche la procédure en cours.

Arrêt du 11 octobre 2005 : les propos qui figurent dans les conclusions d’un
avocat échappent à toute condamnation même s’ils sont injurieux parce qu’ils
ne sont pas étrangers à la cause. De la même façon, il ne peut pas y avoir de
poursuite pour les mêmes infractions (injure, diffamation et outrage) pour les
comptes rendus judiciaires ( : les débats) à condition qu’ils soient fidèles et
faits de bonne foi.

Arrêt du 28 novembre 2006 : s’est posé la question d’un compte rendu tardif.
Un article de presse avait reproduit la plaidoirie d’un avocat presque un mois
après les débats et plus d’une semaine après le prononcé du jugement. Il y
avait des diffamations dans la plaidoirie et donc l’article qui la reproduisait était
constitutif d’une infraction de diffamation. Cette reproduction tardive de
plaidoirie n’est pas un compte rendu d’audience bénéficiant de l’immunité. S’il
n’y a pas d’immunité l’auteur principal est l’auteur de la publication, et a été
poursuivit pour diffamation. Il a été démontré que le journaliste avait reçu le
texte de la plaidoirie des mains de l’avocat. Il n’y a pas d’immunité pour le
complice. Du coup l’avocat s’est retrouvé poursuivi comme complice. Il a été
poursuivi pour avoir aidé à une publication tardive inutile du texte diffamatoire.

III. Les immunités politiques


Elles ont pour but de permettre à la démocratie et au pouvoir de l’exécutif de
fonctionner.

A. Les débats parlementaires

Il arrive qu’au cours des débats il y ait des injures et diffamations. La loi sur la
presse, dans son article 41 alinéa 1 a décidé qu’aucunes poursuites
n’étaient possibles pour les discours et pour les paroles prononcées dans
l’une ou l’autre assemblée (AN ou Sénat). Selon l’alinéa 2, il n’y a pas lieu à
responsabilité (pénale ou civile) pour les comptes rendus dans la presse des
séances publiques de l’AN ou du Sénat quand ils sont faits de bonne foi.
L’immunité ne joue pas pour la publication d’un entretient minutieusement
préparé avec le rapporteur d’une commission parlementaire.

B. Les chefs d’Etat

En ce qui concerne le PR, il y a la loi constitutionnelle du 23 février 2007.


Le PR est irresponsable des actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions
qui touchent les fonctions elles mêmes. En revanche il est responsable
pénalement des actes accomplis à titre privé pendant l’exercice de ses
fonctions et du coup de tous les actes accomplis avant son entrée en fonction.
Il faut savoir si on peut le poursuivre. On ne peut pas le poursuivre pendant
l’exercice de ses fonctions et pendant le mois qui suit la cessation de ses
fonctions. Il bénéficie d’une immunité pendant l’exercice des fonctions. La
prescription est suspendue.

Il y a aussi une immunité au bénéfice des chefs d’Etat étranger. En revanche,


il y a une coutume international qui admet qu’il n’y a plus d’immunité et donc
que les ex-chefs d’Etat étrangers puissent être poursuivis après cessation de
leur fonction soit pour des infractions commises à titre privé soit surtout pour
des crimes internationaux, et comme c’est une coutume on n’a pas de
définition précise de ces crimes internationaux (génocide, crime contre
l’humanité, crime de guerre, crime de terrorisme les plus graves).
Partie 3 : le procès pénal
On va décrire le déroulement du procès devant les tribunaux.

Chapitre préliminaire : le cadre du procès pénal

Section 1 : la justice pénale

I. Comparaison de la justice pénale et de la justice


civile
Les tribunaux et cours pénaux et les tribunaux et cours civiles sont des
formations à fonction différenciées de la même juridiction. Le tribunal de
police, composé d’un magistrat, appartient au TI et le tribunal correctionnel,
ensembles des chambres correctionnelles du TGI. Le président du tribunal a
parfois un rôle à jouer au pénal. La cour d’appel contient des chambres civiles
et pénales.

Pour les petits tribunaux on a le même juge qui assure l’audience civile et
d’autres jours assurent l’audience pénale. Même chose quand on manque de
personnel.
Dans les deux justices civiles et pénales il y a unité de recrutement et de
statut des juges. Dans les deux justices, ce sont des magistrats de carrière à
une exception près qu’on retrouve dans les deux justices qu’est le juge de
proximité. Les juges du siège sont inamovibles : ils ne peuvent pas être
rétrogradés et pas non plus être déplacés sans leur consentement même sous
couvert d’avancement. En revanche, s’ils ont commis une faute, leur
responsabilité civile peut être engagée mais après que les tribunaux aient
annulés comme irrégulier l’acte pour lequel leur responsabilité est engagée.
Très exceptionnellement un magistrat pourra être récusé à la demande d’une
partie dans des cas précis visés à l’article 668 et suivants du CPP. Ces cas
précis sont ceux où il y a un risque que le juge soit lié ou ait un rapport avec
l’une des parties.

Principe de collégialité : en principe la justice qu’elle soit civile ou pénale, est


rendue à plusieurs. C’est une garantie des justiciables. On se trompe moins
car on peut débattre, c’est le principe même du délibéré. C’est aussi une
garantie pour les magistrats. En matière civile comme en matière pénale il y a
des exceptions au principe de collégialité, pour ce qui est peu important. Le
juge d’instance, dans sa formation civile, statue toujours à juge unique. C’est
également le cas des juges pénaux en matière de contravention, le juge de
proximité et le juge de police. Pour les affaires un peu plus grave mais pas
très grave, devant le TGI il y a des exceptions à la collégialité. En matière
pénale il y a des exceptions à la collégialité même quand il s’agit de délit, donc
même devant le tribunal correctionnel.

Mais depuis 2 lois de 1999 et surtout de 2005, pour un certain nombre de


délits énumérés à l’article 398-1 du CP : violences volontaires, vol, blessures
involontaire seulement à l’occasion de la conduite d’un véhicule, les abandons
de familles : le tribunal correctionnel statue à juge unique sauf en comparution
immédiate. Ce juge unique ne peut pas prononcer une peine supérieure à 5
ans. Ce juge unique peut décider de revenir à la formation collégiale en raison
de la complexité de l’affaire, de l’importance de la peine susceptible d’être
prononcée, ou alors à la demande des parties privées ou du ministère public.
Il y a un autre juge qui est juge unique, il a des attributions à la fois civile et
pénale pour juger quand c’est pas trop grave les infractions commises par des
mineurs, c’est le juge des enfants. Il statue à juge unique car la justice
apparait comme plus humaine, plus proche des justiciables.

En principe, le juge d’instruction, c'est-à-dire celui qui va rechercher des


éléments de preuve à charge et à décharge pour décider si cela vaut la peine
de renvoyer en jugement un ou plusieurs individus, statue à juge unique. C’est
une règle traditionnelle car on a considéré que le juge d’instruction était un
homme actif. A la suite de l’affaire Doutreau on a envisagé que la phase
d’instruction puisse être collégiale. Le législateur avait envisagé deux temps
pour parvenir à la collégialité de l’instruction. Dans un premier temps,
l’instruction restait par principe à juge unique. Mais dans les affaires les plus
délicates, tout de suite ou en cours d’instruction le président du tribunal
pouvait saisir plusieurs juges d’instructions ensembles. Ils travaillaient donc
sur une même affaire, c’est la co-saisine. Pour faciliter cette co-saisine, dans
un certains nombre de tribunaux on a créé des pôles de l’instruction qui
regroupaient l’ensemble des juges d’instruction dans le tribunal. Et du coup
quand on a une affaire compliquée où le président du tribunal veut désigner
plusieurs juges il prend dans le pôle de l’instruction. Et puis il était prévu que
dans un deuxième temps les pôles de l’instruction seraient remplacés par des
collèges de l’instruction et que systématiquement les décisions les plus
importantes (et notamment celles de savoir si on renvoie en jugement ou on
décide d’un non lieu) seraient prises à plusieurs. On a reporté les collèges
d’instruction en 2014. Le principe est que l’instruction est faite à juge unique.

Dans les deux justices civiles et pénales il y a des voies de recours identiques
puisqu’il y a le même principe de double degré de juridiction avec la même
exception pour les toutes petites affaires. Et dans les deux matières aussi il y
a un contrôle de légalité par la cour de cassation. Mais il existe en matière
pénale deux voies de recours supplémentaires qui sont tout à fait
exceptionnelles puisqu’elles interviennent bien qu’une décision a acquis
l’autorité de la chose jugée.

La première voie de recours est un pourvoi en révision qui peut être formé
exceptionnellement lorsqu’un fait nouveau fait apparaitre qu’un individu
vraisemblablement innocent a été condamné définitivement. C’est le pouvoir
pour éviter uniquement l’erreur judiciaire dans le sens condamnation d’un
innocent.

La deuxième voie de recours est le pourvoi en réexamen après condamnation


de la France par la CourEDH : quelqu’un a été condamné définitivement en
France, il apparait que ses droits procéduraux tels qu’ils sont garantis par la
CEDH ont été violés, la plupart du temps il suffit que la CourEDH condamne la
France à lui verser tant d’indemnités mais d’autres fois lorsque par exemple il
aurait été condamné parce que son droit au procès équitable a été bafoué,
dans ces cas là peut être n’aurait il pas été condamné. C’est pourquoi lorsque
la réparation par indemnité apparait suffisante, le droit français admet que
l’individu dont les droits ont été méconnus puisse demander le réexamen de la
condamnation, il le demande à une commission placée auprès de la cour de
cassation.

II. Les particularités de la justice pénale


Il y a des juges distincts pour les différentes phases de la procédure judiciaire.
Il y a d’abord un juge d’instruction chargé de réunir des éléments de preuve à
charge et à décharge afin de décider s’il y a lieu de faire comparaitre un ou
plusieurs individus en jugement. Et ensuite des juges différents décident de
l’existence de l’infraction, de la responsabilité des personnes poursuivies et de
la mesure de la sanction. En d’autres termes il y a un organe un juge plus actif
qui recherche les éléments de preuve et des tribunaux qui décident.

La première particularité est l’existence de juridiction dont la fonction n’est pas


de juger des individus mais seulement de décider à la suite d’un travail de
rechercher des preuves s’il y a des charges. Il y a un juge d’instruction dont le
travail consiste à réunir des éléments de preuve à charge et à décharge et à la
suite de ca prendre la décision de fin d’instruction. Au deuxième degré il y a la
chambre de l’instruction qui est la juridiction d’appel de l’instruction. Le juge
d’instruction recherche des éléments de preuve et ce travail d’enquêteur il faut
qu’il soit régulier, il faut que les perquisitions obéissent aux règles légales.
Donc au second degré la chambre de l’instruction a un premier rôle : contrôler
la régularité des actes, non seulement de l’instruction mais aussi des actes de
l’enquête. Le juge d’instruction prend aussi des décisions, il peut en prendre
en cours d’instruction et il en prend une essentielle en fin d’instruction (non
lieu ou renvoyer en jugement). Il peut y avoir un appel dont la chambre
d’instruction est juridiction d’appel des ordonnances prises par le juge
d’instruction. Comme pour toute juridiction d’appel, les arrêts de la chambre
de l’instruction peuvent faire l’objet d’un pourvoi en cassation. Un juge
d’instruction ne peut jamais participer au jugement des affaires qu’il a
instruites. C’est le principe de la séparation de l’instruction et du jugement
pour éviter les idées préconçues. C’est une manifestation du droit au procès
équitable.

La seconde particularité est l’existence dans certaines juridictions de jugement


de jurés populaires qui représentent le peuple, en d’autres termes de juges
non professionnels qui ne sont pas appelés aux fonctions de jurés pour des
compétences particulières, mais simplement comme représentant de
l’ensemble de la société. On procède par tirage au sort, ils sont tirés au sort à
partir des listes électorales. Ces jurés populaires on ne les trouve que pour les
jugements des crimes, c'est-à-dire au sein des cours d’assises où au premier
degré il y a trois magistrats professionnels et 9 jurés. Et au second degré on a
3 magistrats professionnels et 12 jurés. C’est à partir de 23 ans qu’on peut
être juré. Il y a des exceptions pour des affaires d’atteinte à la sureté
extérieure de l’Etat pour lesquelles il n’y a pas de jurés populaires. Il est
question d’introduire des jurés populaires au sein des tribunaux correctionnels.
C’est le signe de ce que l’ensemble de la société adhère au jugement, on ne
peut pas couper la justice du peuple, particulièrement en matière pénale.

Troisième particularité de la justice pénale : il y a des règles différentes de la


justice civile, notamment en matière de délai et de preuve. La justice pénale
est plus formaliste que la justice civile, ne serait ce que pour donner des
garanties à la personne poursuivie. Les règles sont plus précises. Mais on
verra aussi que comme en matière civile toute irrégularité n’entraine pas
nécessairement l’annulation de l‘acte.

Section 2 : la preuve pénale en justice

La preuve porte non seulement sur la commission des faits et la participation


des personnes poursuivies, mais aussi sur leur personnalité. La personnalité
entre en ligne de compte pour la détermination de la sanction. C’est la plupart
du temps sur des règles de preuve que sur des questions de droit que se joue
un procès pénal. Il n’y a pas de chapitre spécial consacré aux preuves dans le
code de procédure pénale mais il y a quelques grands principes dispersés
dans le CPP.

I. La charge de la preuve
En droit civil la charge de la preuve incombe au demandeur. La règle selon
laquelle la preuve incombe au demandeur joue aussi en matière pénale. Or, le
demandeur en pénal est d’une part le ministère public et aussi, s’il y en a une,
la victime. Donc la preuve incombe au ministère public et à la victime. S’y
ajoute en matière pénale une raison de principe qu’est la présomption
d’innocence et qui s’oppose fondamentalement à ce qu’on demande à
l’individu de prouver qu’il n’est pas responsable pénalement. On trouve trois
formulations distinctes en droit français.

Article 9 de la DDHC de 1789 : tout homme étant présumé innocent jusqu’à


ce qu’il ait été déclaré coupable, s’il est jugé indispensable de l’arrêter, toute
rigueur ( : contrainte) qui ne serait pas nécessaire pour s’assurer de sa
personne, doit être sévèrement réprimée par la loi. En d’autres termes en
1789 on dit que ce serait les forces de l’ordre qui pourraient se rendre
coupable au sens pénal du terme. Donc cette formulation de la présomption
d’innocence assure les droits des citoyens, même soupçonnés, face aux
forces de l’ordre.

Article 9-1 du Code civil : chacun a droit au respect de la présomption


d’innocence. Ca fonde ici la présomption d’innocence comme un véritable
droit subjectif. Donc si la présomption d’innocence est violée, il doit y avoir
réparation. Le législateur a pris quelques dispositions préventives pour
essayer que le droit à la présomption d’innocence ne soit pas bafoué.
Exemple : il est interdit de publier la photo d’un individu ayant des menottes.
Quant à la réparation d’une violation du droit à la présomption d’innocence, ca
peut être une réparation en dommages et intérêts mais ca peut être aussi,
éventuellement en même temps, une réparation en nature ( : rectification de
l‘information tout de suite). Et puis cette rectification peut aussi intervenir plus
tard. Quand un procédure judiciaire se termine par une mise hors de cause
(ca peut être en bout de parcours, une relaxe ou un acquittement mais aussi
être au milieu de la procédure judiciaire si le juge d’instruction dit qu’il n’y a
pas assez de charge suffisante contre une personne pour qu’on le renvoie en
jugement, c’est une mise hors de cause), la personne qui avait été désignée
en début de poursuite peut obtenir l’insertion forcée de l’indication qu’elle a
été mise hors de cause. La présomption d’innocence a été consolidée, soit
pas une relaxe ou un acquittement soit par un non lieu. Ce sont les
conséquences du droit subjectif à la présomption d’innocence.

Article 6, alinéa 2, de la CEDH et article préliminaire du CPP : toute


personne accusée d’une infraction est présumée innocente jusqu’à ce que sa
culpabilité ait été légalement établie. Ca veut dire que si le ministère public ne
parvient pas, éventuellement aidé par le juge d’instruction puisqu’il instruit à
charge et à décharge, à prouver et établir la culpabilité, la personne sera
définitivement reconnue innocente. En d’autres termes, la conséquence de
cette présomption d’innocence est que le doute profite à la personne
poursuivie.

Le ministère public doit apporter la preuve de l’existence matérielle et légale


de l’infraction, que les faits qui ont été commis correspondent bien aux
éléments constitutifs de l‘infraction. Ensuite ils doivent apporter la preuve de la
participation fautive, quelque soit la faute, de la personne poursuivie.
La partie civile doit dans un premier temps prouver la même chose que le
ministère public. Pour la preuve de l‘infraction, la victime va profiter des
preuves apportées par le ministère public. mais, en outre, dans le cadre de
son action civile, elle devra prouver son préjudice et un lien de causalité entre
ce préjudice et l’infraction.

La personne poursuivie a-t-elle une preuve à apporter ? En principe non elle


est défendeur. Mais, lorsque le défendeur invoque une exception, c’est à lui
de la prouver. Au pénal, la partie poursuivie, le prévenu ou l’accusé, devra
apporter la preuve de certaines exceptions comme les causes de non
responsabilité. Par exemple c’est la personne poursuivie qui devra prouver
qu’elle était en état de légitime défense.

Et puis, dans quelques domaines où il est difficile de prouver l’infraction, le


législateur a présumé la responsabilité de l’auteur. C’est contraire à la
présomption d’innocence. C’est exceptionnel et uniquement dans certaines
matières. Par exemple en matière de douane, on doit avoir des titres de
circulation de marchandises. Le fait que des marchandises soient saisies sans
titres de circulation fait présumer qu’elles ont été introduites frauduleusement
en France. De la même façon, une inculpation diffamatoire fait présumé
l’intention de son auteur, fait présumer que son auteur a agit de mauvaise foi.
Bien entendu, ces présomptions ont été soumises à la CourEDH en disant
que c’est contraire à l’article 6 alinéa 2 CEDH. Jusqu’à présent, la CourEDH a
admis dans des matières précises une présomption de responsabilité à la
condition évidemment qu’il s’agisse d’une présomption simple.

En toute matière, le système de l’intime conviction du juge fait qu’une très


grande vraisemblance peut conduire en fait à une condamnation. Et du coup,
concrètement l’individu poursuivi aura intérêt, à l’encontre de tous les
principes, à prendre les devants pour donner des arguments en faveur de sa
non culpabilité. Le doute profite à l’accusé mais il n’y a pas de preuve
absolument parfaite en pénal. Un aveu ne traduit pas forcément la réalité. A
partir du moment où tous les indices vont dans le même sens, le juge
considérera qu’en son intime conviction on a fait tomber la présomption
d’innocence. Il peut y avoir condamnation en présence d’un doute minime
parce qu’il y a toujours en matière pénale un doute minime.

Dans la première phase judiciaire quand elle existe, toujours en matière


pénale, le demandeur est largement aidé dans la recherche de preuve par le
juge lui-même, par le juge d’instruction. C’est ce qu’on appelle une justice
inquisitoire dans cette phase. Le défendeur est aussi aidé par le juge
d’instruction puisqu’il instruit à charge et à décharge.

II. L’administration de la preuve


Il y a deux principes fondamentaux concernant l’administration de preuve qui
sont inscrit à l’article 427 du CPP. Ce sont :

· La liberté de la preuve pénale

· Le caractère contradictoire de la preuve pénale


· Un principe jurisprudentiel : la loyauté de la preuve

A. L’indifférence du mode de preuve

Article 427 alinéa 1 : les infractions qui peuvent être établies par tout mode
de preuve et le juge décide d’après son intime conviction. En matière pénale
toutes les preuves sont sur le même plan. En matière d’acte juridique, on a pu
pré-constituer la preuve, on a pu se conserver un écrit. En matière de fait
juridique, il y a le principe de liberté de la preuve, n’importe quel mode de
preuve. Or l’infraction est un fait juridique. C’est le juge qui déterminera
librement la confiance qu’il peut avoir dans la véracité de chaque élément de
preuve, par exemple la sincérité d’un aveu et c’est également le juge qui
déterminera la force démonstrative d’un raisonnement à partir de tel ou tel
indice. La présomption tombera à partir du moment où le juge s’estimera
suffisamment convaincue par une telle concordance d’indices et qu’elle
supprime tout doute raisonnable (pas forcément tout doute). Le rôle de
l’avocat est d’empêcher cela.

Article 353 du CPP.

B. Le caractère contradictoire de la preuve

Article 427, alinéa 2, du CPP : le juge ne peut fonder sa décision que sur des
preuves qui lui sont apportées au cours des débats et contradictoirement
discuté devant lui. Comme toutes les preuves doivent être soumises à la
discussion des parties, elles doivent apparaitre dans le dossier ou dans les
débats oraux. Du coup, le juge ne peut pas aller recueillir des renseignements
en dehors du procès parce que ces renseignements échapperaient à la libre
discussion des parties.

C. La loyauté de la preuve

La jurisprudence condamne tout procédé déloyal utilisé par des juges ou par
des policiers pour se procurer un élément de preuve. Par exemple un juge
d’instruction ne peut pas imiter la voix d’un individu. La jurisprudence
condamne les enregistrements ou les photos clandestines lorsque c’est en
dehors des cas prévus par le législateur. En fait, ce que la jurisprudence
condamne essentielle c’est une ruse employée par des policiers qui
déterminerait la commission d’une infraction. La ruse est légale tant qu’elle
permet la constatation d’une infraction.

Exemple : un policier peut se cacher dans un placard pour constater les faits,
c’est autorisé.

En revanche la ruse devient illégale lorsqu’elle conduit à la commission d’une


infraction. Par exemple un policier qui nous propose des stupéfiants.
Arrêt du 1er octobre 2003 : une personne qui via internet reçoit des photos
de mineurs à caractère pornographique. Celui qui les envoie est en infraction.
Le jeune homme a répondu, il s’est fait passer pour un mineur et a obtenu un
rendez vous, il a prévenu la police de ce rendez vous. La personne s’est
retrouvée devant les policiers au lieu d’un enfant, il a dit qu’il y avait procédé
déloyal. On lui a dit que peu importe qu’il y ait eu ruse, elle n’a pas été
employée pour déterminer la commission de l’infraction. La ruse a seulement
permis l’arrestation et ca c’est légal.

Arrêt du 4 juin 2008 : les policiers ont créé un filet pour faire plonger dedans
les pédophiles. La police de NY avait créé un site de pornographie infantile, il
y avait des pédophiles qui allaient sur ce site sans savoir qu’il était exploité par
la police de NY. Mais là on a dit que ca ne marche pas : on les poursuit pour
être allé sur le site de pédopornographie et c’est la police qui a déterminé
l’infraction. On a considéré que la déloyauté d’un tel procédé rendait
irrecevable les éléments de preuve obtenus même si à l’occasion de cette
connexion les gens avaient avoués d’autres infraction déjà commises.

Arrêt du 9 aout 2006 : une personne a dénoncé une autre personne en


disant qu’elle a l’habitude de voler des choses dans les voitures. Sur le trajet
habituellement suivi par la personne ils placent un véhicule identique à celui
dans lesquels on avait dit qu’il avait l’habitude de volet, ils mettent en évidence
le téléphone portable et une sacoche d’ordinateur et ils payent un autre
mineur pour qu’il emprunte ce chemin. Le mineur emprunte le chemin et vole.
La chambre criminelle a annulé en disant qu’il y a eu provocation à la
commission de l’infraction. Du coup la preuve doit être retirée du dossier, la
déloyauté d’un tel procédé rend irrecevable la preuve obtenue.

Article 706-32 du CPP : autorise les policiers à participer à l’acheminement et


à la livraison de stupéfiants, c'est-à-dire à participer à un trafic de stupéfiant.
Mais il y a certaines conditions : avec autorisation du procureur de la
république et uniquement pour des actes qui permettent de constater les
infractions (pas pour des actes qui déterminent la commission des infractions.

Chapitre 1 : l’instruction préparatoire

L’instruction est la recherche d’éléments de preuve par un juge appelé à


déterminer si les charges sont suffisantes pour permettre de traduire un mis
en examen devant la juridiction de jugement. En synonyme d’instruction
préparatoire on a aussi le terme d’information. L’instruction est toujours
obligatoire en matière de crime, facultative et rare, réservée aux affaires
délicates en matière de délit. L’instruction n’aboutie pas à un jugement. En
d’autres termes, si à la fin de l’instruction on bénéficie d’un non lieu, la
présomption d’innocence est consolidée. Si à la fin de l’instruction le mis en
examen est renvoyé au jugement, ca veut dire qu’il y a des charges
suffisantes contre lui mais en revanche il est toujours présumé innocent. Le
dossier d’instruction pourra être connu des juges de jugement. Et puis,
immédiatement l’instruction peut conduire à des atteintes au droit individuel.
Le mis en examen peut subir des restrictions à sa liberté.
S’il s’agit de simples restrictions, comme le contrôle judiciaire, sera prise par le
juge d’instruction, mais s’il s’agit d’une suppression de liberté pendant
l’instruction, c'est-à-dire d’une détention provisoire, la décision est prise par un
autre magistrat du siège : le JLD. C’est même son rôle principal
d’éventuellement décider de s’il décide de mise en liberté ou détention
provisoire. On a confié à un juge distinct du juge d’instruction le contentieux de
la détention provisoire car pour un juge d’instruction, c’est pratique d’avoir le
mis en examen sous la main, de ne pas avoir à craindre que le mis en
examen disparaisse ou fasse disparaitre des preuves. Donc la détention
provisoire facilite le travail du juge d’instruction. Et du coup on a eu peur que
les juges d’instruction aient eu tendance à décider trop de détention
provisoire. En 2000 on a donc créé le JLD qui décide de la liberté ou de la
détention, dans l’intérêt des individus mis en cause.

Résultat il y a un véritable contrôle à la fois des actes du juge d’instruction et


des décisions du juge d’instruction et du JLD.

Section 1 : le déroulement de l’instruction

Au départ sous l’empire de l’ancien code qu’on appelait le code de l’instruction


criminelle, l’instruction préparatoire était pour la personne soupçonnée encore
plus redoutable qu’à l’heure actuelle puisque c’était une reprise d’une
procédure d’ancien régime. La procédure était écrite (elle l’est toujours), non
contradictoire et secrète. La procédure est toujours écrite car c’est une
garantie, il y a des éléments concrets que les parties peuvent discuter. Ce qui
a fondamentalement changé au 19ème siècle et qui a encore progressé jusqu’à
la loi du 15 juin 2000 sur le droit des victimes et la présomption d’innocence,
c’est que l’instruction est devenue contradictoire. Les parties connaissent le
contenu du dossier d’instruction par l’intermédiaire de leur avocat, et peuvent
discuter toutes les pièces du dossier d’instruction. La loi du 15 juin 2000 a
amélioré l’égalité des armes entre les parties, c'est-à-dire essentiellement le
ministère public en tant que demandeur et la personne à laquelle on impute
provisoirement l’infraction qu’est le mis en examen. Il faut que le législateur
soit attentif à l’égalité des armes pour qu’elles soient réalisées.

Le caractère secret : c’était secret à l’égard des tiers, des personnes qui
étaient extérieures à l’instruction. Ce caractère est dans son principe
maintenu. Il faut maintenir l’honneur du mis en examen, ce n’est pas la peine
que tout le monde soit au courant de sa mise en examen. Il y a aussi le but de
faciliter la recherche des preuves. Dans son principe on n’a pas supprimé le
secret de l’instruction. Ce secret s’impose aux professionnels, c'est-à-dire aux
personnes qui concourent à la fonction ( : magistrat et greffier), et aux
personnes qui sont liées par un secret professionnel ( : les avocats). Donc les
parties privées (partie civile et mis en examen) peuvent parler.

Le secret de l’instruction est devenu un véritable secret de polichinelle pour


deux raisons. La première est une raison de droit : le législateur lui-même a
prévu des atténuations au secret d’instruction. Le législateur a prévu que par
exception au secret d’instruction, le procureur de la république pouvait rendre
public des éléments objectifs tirés du dossier de l’instruction ne comportant
aucune appréciation sur le bien fondé des charges retenues contre les
personnes mises en cause. Le but est de calmer le jeu avec les journalistes.
On a confié ce travail au procureur de la république parce qu’il est gardien de
l’ordre public et si on l’avait confié au juge d’instruction le communiqué aurait
eu trop de poids. Le procureur le fait d’office ou à la demande du juge
d’instruction ou de la partie privée. Ce communiqué a pour but d’éviter la
propagation d’informations parcellaires ou inexactes ou de mettre fin à un
trouble à l’ordre public.

Il y a une autre atténuation de fait : si la violation du secret de l’instruction est


en principe une faute pénale, cette faute est rarement sanctionnée. Plusieurs
fois des journalistes ont été condamnés pour recel des informations de
l‘instruction. La chambre criminelle comme la CourEDH avait plutôt l’air de
considéré que sauf exception, la condamnation des journalistes pour recel de
violation du secret de l’instruction ne constituait pas une atteinte
disproportionnée à l’article 10 de la CEDH ou au droit à la liberté
d’expression. Mais on n’est pas sur que cette jurisprudence puisse être
maintenu depuis la loi de 2010 qui pose que les journalistes ont droit au
secret de leurs sources. La sanction est une sanction pénale. En revanche ca
ne change pas le cours de l’instruction. Et donc même s’il y a violation du
secret de l’instruction, ca n’entrainera pas d’annulation de la procédure.

Donc elle est toujours écrite, complètement contradictoire (pour les parties
ouvertes à la libre discussion sur un plan d’égalité) et partiellement secrète
(secrète avec des ouvertures de sécurité).

I. La saisine du juge d’instruction


La seule forme de poursuite en matière criminelle est de saisir un juge
d’instruction et c’est aussi possible en matière correctionnelle.

Il est saisi par « réquisitoire introductif » du procureur de la république. On


parle aussi de « réquisitoire à fin d’informer ». Ce réquisitoire peut être contre
une personne dénommée. Le juge d’instruction peut aussi être saisi par une
plainte avec constitution partie civile, mais si on est en matière correctionnelle
la partie civile devra attendre 3 mois pour voir le parti que prend le procureur.

Il y a des tribunaux où il y a plusieurs juges d’instruction. Dans certains


tribunaux ils ont été répartis en pôles d’instruction. Me procureur de la
république est demandeur et connait bien les magistrats et ne peut pas choisir
les juges d’instruction. Ce serait contraire ai principe de séparation des
fonctions. C’est la séparation de la poursuite et de l’instruction. Il n’y a aucune
raison pour que la partie suivant choisi son juge d’instruction. Le juge
d’instruction est donc choisi par le président du tribunal auquel il appartient. Le
législateur a prévu que le président du tribunal pouvait par avance établir un
tableau de roulement.

Depuis une loi de 2007, qui a été mise en application au 1er mars 2008. En
vertu de l’article 88-1, le président du tribunal peut de lui-même ou à la
demande d’une partie désigner pour une seule affaire plusieurs juges
d’instruction qui travaillent dans le même pôle d’instruction. Il pourrait aussi le
faire au cours de l’instruction à la demande d’une partie ou du juge
d’instruction. On attend que soit mise en œuvre la réforme qui prévoit la mise
en place de collèges de l’instruction et de la désignation de trois juges qui
prendraient ensemble les décisions importante. Cette réforme a été votée
mais la réforme a été reculée à une date en 2014.

Durée de la saisine du juge d’instruction :

En principe il est saisi jusqu’à la décision de clôture de l’instruction, c'est-à-


dire un non lieu ou un renvoie en jugement. Mais, auparavant,
exceptionnellement, il peut être dessaisi par le président du tribunal sur
requête motivée d’une partie du parquet et aussi d’une partie privée. Le juge
d’instruction peut éventuellement être dessaisi par le président du tribunal, il
peut rendre de lui-même une ordonnance d’incompétence (territoriale par
exemple), ou exceptionnellement s’il apparait à l’évidence que les faits
contenus dans le réquisitoire ou dans la plainte ne constituent pas une
infraction, le juge d’instruction peut rapidement rendre une ordonnance de
refus d’informer.

De quoi le juge d’instruction est il saisi ? Quel est l’étendue de la saisine du


juge d’instruction ?

Il est saisi in rem, c'est-à-dire des faits et non in personam, et pas du cas
d’une personne. Le juge d’instruction est saisi de tous les faits contenus dans
l’acte de saisine. L’acte de saisine est soit le réquisitoire introductif ou la
plainte avec constitution partie civile. Il doit rechercher sur tous les faits
indiqués et uniquement sur les faits dénoncés dans le réquisitoire ou la
plainte. Le juge d’instruction peut parfaitement modifier la qualification
proposée par le parquet. Le parquet on le voit bien comme demandeur. Il ne
peut instruire que sur les faits qui sont indiqués dans l’acte de saisine : il ne
peut pas découvrir d’autres faits et s’y intéresser. Ce n’est pas le juge
d’instruction qui détermine l’étendue de la saisine du tribunal, mais c’est le
demandeur.

Donc concrètement, à l’occasion d’une instruction sur les faits dénoncés par le
parquet, le juge d’instruction en découvre d’autres sur lesquels il pourrait être
intéressant d’instruire. Le juge d’instruction peut quand même faire en urgence
sur ces faits nouveaux opérer des vérifications sommaires. Mais, comme il
n’en est pas encore officiellement saisi, ces vérifications sont faites sans
pouvoir de contrainte. Par exemple il ne peut pas faire une perquisition forcée.
Une fois qu’il a vérifier la vraisemblance des faits nouveaux, il est obligé de
communiquer le dossier au procureur de la république pour solliciter ce
dernier un « réquisitoire complémentaire ou supplétif ». Le procureur est
indépendant par rapport au juge d’instruction et au moins en théorie il a
parfaitement le droit de refuser le réquisitoire supplétif. Et donc à ce moment
là le juge d’instruction n’est pas saisi, il ne pourra rechercher.

En revanche, en ce qui concerne les personnes désignées ou non dans le


réquisitoire : si c’est contre X, le juge d’instruction devra examiner toutes les
possibilités et donc rechercher toutes les personnes susceptibles d’avoir
commis l’infraction. Là où il y a un problème c’est lorsque le réquisitoire est fait
contre une personne dénommée. Le juge d’instruction n’est pas lié par la
désignation de la personne. Le juge d’instruction a l’obligation, même
lorsqu’une personne a été nommée dans le réquisitoire ou dans la plainte, de
s’intéresser à toutes les autres possibilités. En d’autres termes, il peut
rechercher toutes les autres personnes susceptibles d’avoir commis
l’infraction. Il n’est même pas obligé d’imputer les faits au départ à la personne
soupçonnée. Même si le réquisitoire ou la plainte est faite contre une
personne désignée, le juge d’instruction doit instruire à l’égard de toutes les
autres personnes susceptibles d’avoir commis l’infraction. Il est lié par les faits
mais pas la désignation des personnes.

II. Le déroulement de l’instruction préparatoire

A. Les actes d’instruction

Ce sont tous les actes de recherche des preuves. Des éléments de preuve on
en a déjà recueilli dans l’enquête de police et donc on va retrouver des actes
qu’on a déjà vu dans l’enquête de police. Par exemple des perquisitions, des
auditions ou même interrogatoire (à partir du moment où il y aura des mis en
examen). Pour tous ces actes le juge d’instruction a plus de pouvoir de
contrainte que n’en avaient les policiers dans l’enquête car sa recherche de
preuve s’accompagne de garanties.

Le juge d’instruction doit instruire à charge et à décharge. Il doit rechercher


des éléments contre elle comme des éléments en sa faveur. Le juge
d’instruction a des pouvoirs plus étendus que la police dans l’enquête. Les
policiers qui travaillent pour le juge d’instruction auront des pouvoirs plus
étendus que lorsqu’ils travaillaient sous l’autorité du procureur. Mais il y a
toujours des règles protectrices des droits de la défense. C’est le juge
d’instruction qui décide de l’opportunité de faire tel ou tel acte de recherche
des preuves. C’est lui qui décide qu’il serait bon d’aller perquisitionner chez
telle personne. C’est lui aussi qui décide s’il est opportun de placer telle ou
telle personne sur écoute, etc.

Mais les parties (le procureur, la partie civile et le mis en examen) peuvent
demander au juge d’instruction d’effectuer tel ou tel acte d’instruction, par
exemple d’entendre tel témoin. Soit le juge d’instruction est d’accord sur
l’utilité de l’acte et il le fait. Soit le juge d’instruction estime que la demande est
inopportune et là le juge d’instruction peut refuser de faire droit à cette
demande. Mais s’il refuse il doit l’indiquer dans une ordonnance motivée qui
est en principe susceptible d’appel dans le délai d’un mois, devant la chambre
de l’instruction.

L’objet de la preuve porte non seulement sur les faits matériels indiqués dans
le réquisitoire mais aussi sur la personnalité des individus mis en examen.
Cette enquête de personnalité du mis en examen est obligatoire en matière de
crime, et la cour de cassation a décidé que l’absence d’enquête de
personnalité ne constituait pas une cause de nullité.
1) Les constatations matérielles

En principe le juge d’instruction procède aux constatations matérielles dans


son cabinet d’après les documents et les objets qui ont été saisis par la police
lors des perquisitions qu’il a ordonné. Mais il peut aussi se transporter sur les
lieux de l’infraction selon l’article 92 du CPP, mais à ce moment là il faut que
soit rédigé un PV de transport sur les lieux (rédigé par le greffier) pour que les
parties puissent discuter de ce qu’il a vu.

Le juge d’instruction peut ordonner des perquisitions. Il a plus de pouvoirs que


dans l’enquête est parce qu’il peut perquisitionner ou faire perquisitionner
n’importe où, dans tous les lieux où ca lui parait utile. Il peut toujours
perquisitionner sans le consentement de l’habitant. Quand on en est au stade
de l’instruction, il n’y a plus de distinction à faire selon infraction flagrante ou
pas. Le principe dans l’instruction est la perquisition forcée. Le policier doit
avoir sur lui le mandat du juge d’instruction. Ce mandat est une commission
rogatoire. En revanche, les règles concernant les garanties restent présentes.
Toutes les règles qu’on a vues dans l’enquête concernant la présence
obligatoire de l’occupant, à défaut de parents ou témoins, toutes ces règles
sont applicables aux perquisitions faites dans le cadre de l’instruction.

De plus, même si on est dans le cadre de l’instruction, en principe aucune


perquisition ne peut avoir lieu entre 21h et 6 du matin, sauf en matière de
criminalité organisée (on a l’équivalent du flagrant délit). Mais surtout dans
l’enquête il fallait l’autorisation du JLD sur requête du procureur demandé par
l’OPJ. Le juge d’instruction en criminalité organisée uniquement il peut décider
de perquisition de nuit. Dans l’enquête on avait vu des règles particulières de
perquisitions dans les cabinets d’avocat pour respecter le secret
professionnel, ces mêmes règles s’appliquent à l’instruction. A l’instruction la
présence physique du magistrat est le juge d’instruction, il doit se rendre sur
les lieux de la perquisition. Il ne pourra pas déléguer, envoyer les policiers. En
d’autres termes, en matière de perquisition on retrouve les règles générales
protectrices qu’on avait rencontré dans l’enquête, mais à l’instruction les
perquisitions sans consentement sont toujours possibles.

2) Les écoutes téléphoniques

En principe, les écoutes téléphoniques sont interdites dans le cadre de


l’enquête de police sauf pour la criminalité en bande organisée (autorisation
du JLD à la demande du procureur) mais pour 15 jours renouvelable une fois.
MAIS il y a eu une loi qui est venue, la loi LOPSI 2 a doublé le temps :
maintenant dans l’enquête de police en criminalité organisée les écoutes
téléphoniques sont possible pour 30 jours renouvelables une fois.

En principe, les écoutes téléphoniques, bien qu’elles portent atteinte à


l’intimité de la vie privée sont possibles dans le cadre de l’instruction
préparatoire. En d’autres termes elles peuvent être décidées par le juge
d’instruction. C’est d’abord la jurisprudence qui avait admis et avait posé des
conditions précises. Mais la CourEDH a dit non, ce n’est pas assez clairement
délimité et donc deux fois de suite la France a été condamnée la France qui
avait admis des écoutes dans le cadre de l’instruction. Le législateur français a
obéit en prenant une loi du 10 juillet 1991. Le législateur a réglementé les
écoutes dans le cadre de l’instruction préparatoire. Cette règlementation est
inscrite aux articles 100 à 100-7 du CPP. Elle ne vaut que pour les
instructions préparatoires portant sur des infractions pour lesquelles la peine
encourue est au moins égale à 2 ans. Ce texte indique que le juge
d’instruction peut prescrire pour les nécessités de l’information l’interception,
l’enregistrement et la transcription (ca veut dire qu’il y a des PV d’audition) de
correspondances émises par voie des télécommunications.

Les écoutes téléphoniques sont possibles dans le cadre de l’instruction en


toute matière, à la condition que l’instruction porte sur des faits pour lesquels
la peine encourue est au moins égale à deux ans. Alors que dans le cadre de
l’enquête de police elle n’est possible que de manière exceptionnelle en
matière de criminalité organisée. C’est le juge d’instruction qui prescrit la pose
d’écoute, l’enregistrement et la transmission. En pratique, ce sont les policiers
sur mandat du juge, sur commission rogatoire qui feront l’enregistrement et
qui transcriront les conversations. Tout le monde est susceptible d’être écouté,
non seulement les parties, éventuellement la partie civile, mais aussi celui qui
est le défendeur à l’instruction, c'est-à-dire le mis en examen. Le juge ne peut
décider d’une mise en examen. Non seulement des parties, mais aussi des
tiers. Si le juge d’instruction recherche une infraction commise par un avocat, il
peut mettre l’avocat sur écoute.

Si le juge d’instruction recherche une infraction commise par un avocat (il y a


des brebis galeuses partout), il peut mettre l’avocat sur écoute. C’est terrible,
c’est contraire au secret professionnel. Mais si c’est un moyen de découvrir
des infractions commises par l’avocat il n’y a pas de raison qu’il soit au dessus
de la loi. Il y a des précautions :

A peine de nullité le bâtonnier doit en être informé. Et seul peuvent être


transcrites (arriver dans le dossier) les conversations de nature à faire
soupçonner une infraction commise par l’avocat. Tout le reste est couvert par
le secret professionnel. Si c’est un député ou un sénateur qui est placé sur
écoute, le président de l’assemblée à laquelle il appartient doit en être informé
toujours à peine de nullité. Un député européen avait été placé sur écoute
sans que soit informé le président du parlement européen et il avait plaidé la
nullité. La chambre criminelle a dit que le texte ne vise que les parlements et
sénateurs en France. Interprétation stricte.

La décision du juge d’instruction d’interception des conversations doit être


écrite (et donc dans le dossier) et préciser la durée des écoutes. Cette durée
est de maximum 4 mois renouvelable sur nouvelle décision du juge
d’instruction.

La garantie essentielle de ces écoutes est que les éléments qui en seront tiré
peuvent être librement discutés par les parties, c'est-à-dire que les
communications entendues, interceptées, donneront lieu à l’établissement un
PV qui sera versé au dossier et dont il pourra après coup être librement
discuté par les parties. Et les seules restrictions qui existent à cette
transcription c’est le secret professionnel ( : interdiction de transcrire les
discussions d’un avocat qui ne font pas présumer une infraction) et une autre
issue d’une loi de janvier 2010 sur la protection des sources des journalistes
qui a donné lieu à un article 100-5 du CPP : les paroles d’un journaliste
permettant l’identification de ses sources ne peuvent pas être transcrites à
peine de nullité. Les PV d’écoute contenant les conversations seront détruits à
l’expiration du délai de prescription de l’action publique.

Une autre possibilité de recherche de preuve encore plus attentatoire à la vie


privée n’est possible que dans l’instruction qui ne peut pas exister dans
l’enquête de police. C’est exceptionnellement possible dans le cadre de
l’instruction, donc sur décision d’un juge du siège, possible uniquement si
l’instruction porte sur la criminalité en bande organisée.

3) Les sonorisations et fixation d’image dans des lieux privés

Articles 706-96 et suivants du CPP : dans le cas de crime et délit commis en


bande organisée, le juge d’instruction peut, après avis du procureur autoriser
la sonorisation de lieux ou véhicules privés et la fixation d’images dans ces
lieux. Pour mettre en place le dispositif le juge d’instruction peut autoriser
l’entrée dans des lieux privés à l’insu des habitants. Si l’entrée se fait de nuit, il
lui faut l’autorisation du JLD. Ce dispositif technique ne peut être mis en place
ni chez des avocats ni chez des médecins et pas non plus chez les députés,
sénateurs et dans les locaux des entreprises de presse.

Il semble que la CourEDH admette dans ce cadre restreint et parce qu’il y a


une loi précise qu’il s’agit d’une atteinte nécessaire et proportionnée à l’intimité
de la vie privée. En revanche, dans un cas où des sonorisations avaient été
faites pour une instruction qui ne portait pas sur une bande organisée, sur un
simple assassinat, la CourEDH a dit non. La chambre criminelle respecte le
domaine de cette sonorisation ou fixation d’image, ne l’accepte que décidée
par le juge d’instruction dans le cadre de la criminalité organisée : arrêt du 27
mai 2009. La police avait décidé de fixer et capter des images dans un
parquing de copropriété. Ils avaient demandé l’accord du syndic qui avait
accepté. La chambre criminelle a annulé tous les éléments de preuve ainsi
recueillis.

B. Les auditions et interrogatoires

Le terme interrogatoire est réservé au défendeur. Dans le cadre de


l’instruction, le défendeur c’est la personne mis en examen, c'est-à-dire celle à
laquelle le juge d’instruction impute les faits dénoncés dans le réquisitoire ou
dans la plainte parce qu’il y a au moins contre elle des indices graves ou
concordants. Là le juge d’instruction prend une décision de mise en examen
( : la personne devient défendeur, elle a tous les droits d’une véritable partie et
donc pas seulement les droits de la défense mais aussi le droit de demander
des actes au juge d’instruction, elle a les voies de recours) mais la personne
mise en examen a le risque (pas la certitude, elle est présumée innocente) de
voir sa liberté restreinte ou même supprimée. Pour toutes les autres
personnes on parle d’audition. Ca peut être la partie civile. Ce sont aussi tous
ceux contre lesquels il y a pas ou pas encore d’indices graves ou concordants,
les témoins.

1) L’audition des témoins

L’énorme difficulté est qu’il y a plusieurs sortes de personnes. Il y en a qui a


priori sont complètement étrangers mais ils ont vu ou entendu, ce sont les vrai
témoins. Et normalement ils n’ont pas besoin de garanties. Il y en a d’autres
qui sont des gens qui commencent à être soupçonnés, il commence à y avoir
des indices contre eux mais pas encore grave ou concordants, de telle sorte
que ce n’est pas encore le moment de les mettre en examen, ce sera peut
être jamais. Le principe est que les témoins prêtent serment, sauf les mineurs
de moins de 16 ans, ils doivent comparaitre sous peine d’amende et ils
peuvent être contraints de comparaitre par la force publique. Les bénéficiaires
d’une immunité, comme ils bénéficient d’une inviolabilité personnelle, ne
peuvent pas être cités par témoin. Ils sont entendu en principe en dehors de la
présence du mis en examen. Mais ils peuvent être confrontés avec le mis en
examen et exceptionnellement avec des garanties pour le mis en examen : les
témoins exceptionnellement peuvent être entendu de façon anonyme.

Mais il y a des individus que le juge d’instruction commence à soupçonner


sans qu’il constate de véritables indices contre eux. A ces témoins
soupçonnés le législateur a accordé un statut particulier, celui de témoin
assisté. En d’autres termes, ces personnes bénéficieront de droits de la
défense sans être mis en examen.

Quelles situations conduisent au bénéfice du statut de témoin assisté ?

Toute personne visée nommément (ou aisément identifiable) dans le


réquisitoire introductif a droit automatiquement au statut de « témoin assisté ».
Si le juge d’instruction considère qu’il y a plus que ca, qu’il y a des indices
graves ou concordants, il le mettra en examen. Le minimum qu’on puisse lui
donner est les droits de la défense.

La personne nommément visée dans la plainte de la victime, mise en cause


par la victime à l’occasion par exemple d’une audition, a droit au statut de
témoin assisté lorsqu’elle le réclame.

La personne mise en cause par un témoin ou tout simplement contre laquelle


il existe un indice rendant vraisemblable sa participation à l’infraction, peut
bénéficier du statut de témoin assisté si le juge d’instruction le décide. Le
bénéfice des droits de la défense est à la discrétion du juge d’instruction.

Quelles sont les garanties du témoin assisté qui le distingue du simple


témoin ?

Il ne prête pas serment.

Il a droit à l’assistance d’un avocat qui est avisé au plus tard 5 jours ouvrables
avant chaque audition. L’avocat peut consulter le dossier et il peut même
prendre copie de certains éléments du dossier. Et donc le témoin assisté par
l’intermédiaire de l’avocat a connaissance de ce qui a dans le dossier. Le
témoin est avisé de points importants du déroulement de l’instruction,
essentiellement de la durée prévisible de l’instruction. Il est avisé de la fin de
l’instruction, et notamment on lui notifie les ordonnances de règlement. Il peut
présenter ses observations. En outre il peut demander à être confronté avec
les personnes qui le mettent en cause. le législateur a donné au témoin
assisté un droit qui peut paraitre moins compréhensible, le témoin assisté peut
formuler des requêtes en annulation si une perquisition lui parait irrégulière.

Qu’est ce qui distingue le statut du témoin assisté de celui du mis en


examen ?

Premièrement, le témoin assisté échappe à un risque grave qu’est le risque de


détention provisoire ou de restriction de liberté. Comme le témoin assisté n’est
pas (ou pas encore) partie au procès, il ne peut pas faire des demandes
d’actes, c'est-à-dire dire au juge d’instruction qu’il souhaite qu’il entende telle
personne, demander une perquisition, expertise etc. Le témoin assisté
contrairement au mis en examen n’a pas de droit de contrôle sur la conduite
de l’instruction, il ne peut pas suggérer tel ou tel acte au juge d’instruction. Et
comme il n’est pas partie, il ne bénéficie pas non plus des voies de recours
contre les décisions du juge d’instruction.

2) L’interrogatoire de la personne mise en examen

Quant au statut même du mis en examen : il a évidemment tous les droits de


la défense. C’est à lui que le juge d’instruction impute les faits, cette fois c’est
officiel. En outre, il a le rôle actif d’une partie à la procédure. C'est-à-dire qu’il
peut faire des demandes d’acte comme la partie civile. en revanche, lui et lui
seul court des risques pendant l’instruction pour sa liberté, soit de la voir
restreinte par le contrôle judiciaire ou l’assignation à résidence ou voir sa
liberté supprimée par la détention provisoire. Tous ces mis en examen ont été
placés pendant des durées longue en détention provisoire.

Le juge d’instruction peut mettre un individu en examen lorsqu’il y a des


indices graves OU concordants rendant vraisemblable sa participation à la
commission de l‘infraction et le recours à la situation de témoins assisté n’est
pas possible. Le juge d’instruction doit mettre en examen dès lors qu’il
découvre des indices graves ET concordants. C’est une appréciation très
subjective. Qu’est ce que c’est qu’un indice grave ? Quand est ce qu’il y a
véritablement des indices concordants ? C’est fait sous le contrôle de la
chambre de l’instruction puisque depuis au moins l’affaire Doutreau, l’individu
mis en examen peut tous les 6 mois contester cette décision, d’abord devant
le juge d’instruction et puis éventuellement devant la chambre de l’instruction :
article 80-1-1 du CPP.
Le juge d’instruction doit aussi mettre en examen le témoin assisté qui le
réclamerait. C’est au conditionnel car Meyer dit que c’est très dangereux :
c’est courir le risque de détention provisoire et de contrôle judiciaire. Mais
dans des cas particuliers, si on est avocat et qu’on a obtenu du juge
d’instruction l’assurance que ca ne l’intéresse pas de demander la détention
provisoire, mais que nous ca nous intéresse de demander la détention
provisoire, le juge d’instruction ne veut pas et on veut une ordonnance
motivée, le seul moyen est de demander la conversion. Il peut
exceptionnellement y avoir des raisons.

Le but de tout ca est de s’intéresser aux interrogatoires du mis en examen par


le juge d’instruction. En principe, en matière criminelle, les interrogatoires des
mis en examen majeurs sont enregistrés. S’il n’y a pas d’enregistrement il y a
nullité de ce qui a été dit.

Arrêt du 3 mars 2010 : le défaut d’enregistrement audiovisuel de


l’interrogatoire de première comparution porte nécessairement atteinte aux
intérêts de la personne concernée. Donc nullité quasi-automatique.

Le juge d’instruction va prévenir la personne qu’elle est mise en examen et va


l’informer de ses droits. Le premier examen est « l’interrogatoire de première
comparution ». si la personne n’a pas encore pu avoir son avocat, ce sera
purement administratif et il faudra recommencer. Il y aura un interrogatoire
d’identité pour vérifier qu’on ne s’est pas tromper, le juge d’instruction lui
communiquera les faits et la qualification provisoire et lui dira ses droits. Pour
l’interroger sur les faits il lui donnera rendez vous plus tard avec l’avocat. En
revanche, si lors du premier interrogatoire il y a un avocat, le juge d’instruction
peut l’interroger tout de suite sur les faits et lui notifier officiellement sa mise
en examen.

Arrêt du 30 mars 2004 : on a un interrogatoire de première comparution. Il


comprend rien, il refuse de donner son identité, il ne peut pas, il ne parle pas
la même langue que le juge d’instruction. Il refuse d’indiquer la langue qu’il
comprend. Il y a eu 4 interprètes différents. Si on ne peut pas lui notifier ses
droits dans une langue qu’il comprend, peut on le mettre en examen ? La
chambre criminelle a dit que ces circonstances ne peuvent pas faire obstacle
à la mise en examen.

L’avocat sera toujours convoqué par lettre recommandé ou par télécopie au


plus tard 5 jours ouvrables avant l’interrogatoire avec un dossier complet à sa
disposition au plus tard 4 jours avant. C’est le juge d’instruction qui pose les
questions. Pour l’enregistrement audiovisuel il faut que ca reflète les paroles
du mis en examen et qu’il y ait une trace dans le dossier pour que cela puisse
être discuté par toutes les parties : les questions et les réponses doivent être
écrites dans le PV par un greffier, signé par le mis en examen et placé dans le
dossier.

3) L’audition de la partie civile


La partie civile est le demandeur. On ne dit pas interrogatoire mais audition.
En revanche, comme c’est une partie elle a les mêmes droits que le
défendeur, sauf que c’est à elle de prouver l’infraction. Elle ne peut être
entendue à la première audition que si l’avocat est là. A chaque fois ensuite
l’avocat sera convoqué, comme celui du mis en examen. L’avocat de la partie
civile a accès au dossier dans les mêmes conditions que l’avocat du mis en
examen.

C. L’expertise

Le juge d’instruction n’est pas un spécialiste de toutes les matières et quelque


fois il va avoir besoin d’un avis d’un spécialiste. On a donc l’avis d’un
spécialiste donné au juge d’instruction.

Les experts psychologiques avaient constitués un problème dans l’affaire


Doutreau car les parties ne pouvaient contester l’expertise qu’en fin de
parcours, à un moment où c’est un peu tard. Il y a eu une réforme pour
remédier à cela.

L’expertise est réglementé aux articles 156 et suivants du CPP, elle est
ordonnée d’office par le juge d’instruction ou à la demande d’une partie
(privée, civile, mis en examen ou jury) et cette demande peut être rejetée par
le juge d’instruction par ordonnance motivée susceptible d’appel devant la
chambre d’instruction, dans le mois.

La mission des experts est seulement de donner un avis technique.

Arrêt de janvier 2003 : il y avait un juge d’instruction qui avait ordonné une
expertise psycho-criminologique en disant à l’expert de formuler toute
observation utile à la manifestation de la vérité. L’expert avait dit à l’égard de
quelqu’un qu’il n’avait pas vu que c’était le seul qui avait le profil susceptible
du passage à l’acte. La chambre criminelle a annulé l’expertise.

Les experts en principe sont choisis sur des listes et au moment où la liste est
fixée il prête serment. Mais le juge d’instruction peut choisir un expert en
dehors de la liste et à ce moment là au moment où il est choisi par le juge
d’instruction l’expert doit prêter serment.

Si ces règles ne sont pas respecter il y a des chances que ca conduise à une
nullité d’ordre public.

Le juge d’instruction peut nommer plusieurs experts. Quand il y a déjà eu une


expertise qui prônait l’irresponsabilité pour trouble mental, si la partie civile
demande une contre expertise il doit au moins y avoir 2 experts.

C’est le juge d’instruction qui indique les questions posées par l’expert mais
les parties peuvent demander au juge d’instruction de modifier ou de
compléter les questions. Le juge d’instruction imparti un délai aux experts pour
répondre à leur mission et dans le cadre de ce délai les experts peuvent
déposer un rapport provisoire sur lequel déjà les parties pourront faire des
observations et si le délai d’expertise dépasse 1 an il y a systématiquement un
rapport d’étape sur lequel les parties font des observations. Pour
l’accomplissement de leurs missions, les experts peuvent recevoir toute
déclaration utile, mais ils ne peuvent recevoir les déclarations du mis en
examen, du témoin assisté ou de la partie civile que si le juge d’instruction les
y a autorisé avec l’accord des intéressés et en présence de leur avocat (sauf
pour les médecins et psychologues).

A la fin de leur mission, les experts ou l’expert rédige un rapport décrivant les
opérations effectuées et donnant leurs conclusions. C’est ce rapport dont le
juge d’instruction donne connaissance aux parties et à leurs avocats
convoqués par lettre recommandée que les parties vont pouvoir discuter. Le
juge d’instruction leur fixe un délai pour présenter leurs observations ou
formuler des demandes de complément d’expertise ou de contre-expertise. Et
si c’est refusé, le juge ne peut refuser que par ordonnance motivée
susceptible d’appel. La demande de la partie civile de contre expertise du mis
en examen ne peut pas être refusé. Les parties depuis la loi du 5 mars 2007
peuvent quand même formuler quelques observations à certains moments du
déroulement de l’instruction.

D. Les commissions rogatoires

Le juge d’instruction ne peut pas tout faire, il donne mandat généralement à


des OPJ pour qu’ils exécutent pour son compte des actes de recherche des
preuves.

Article 81 alinéa 4 du CPP : si le juge d’instruction est dans l’impossibilité de


procéder lui-même à tous les actes d’instruction, il peut donner commission
aux OPJ afin de leurs faire exécuter tous les actes d’information nécessaires.
Ceci dit, concrètement, le juge d’instruction jamais il ne peut tout faire lui-
même. Le législateur ne veut pas que le juge d’instruction se décharge de tout
le travail de recherche des preuves sur un OPJ et donc la loi précise que les
commissions rogatoires ne peuvent pas être générales. La jurisprudence
interprète cette règle de façon libérale, c'est-à-dire qu’elle exige seulement
que les opérations pour lesquelles il y a commission rogatoires, soient
rattachées aux faits objet de la poursuite.

Si un OPJ a reçu une commission rogatoire, mais il trouve autre chose dans
l’appartement pour une autre infraction comme un vol distinct du trafic de
stupéfiant. Mais l’OPJ n’est pas mandaté pour saisir le matériel informatique,
mais seulement pour ce qui se rattache aux faits objets de la poursuite. Le
juge d’instruction est saisi in rem, seulement des faits qui sont dans le
réquisitoire. Et donc l’OPJ pourra seulement constater et immédiatement
rendre compte de sa découverte au juge d’instruction. Le juge d’instruction va
rendre compte au procureur de la république. Et si le procureur décide que s’il
y a quelque chose d’intéressant il pourra faire un réquisitoire supplétif. Et là du
coup le juge d’instruction sera valablement saisi. L’OPJ bénéficiaire de la
commission rogatoire a pour les actes prescrits (généralement tout ce qui se
rattache aux faits objets de la poursuite) les mêmes pouvoirs que le juge
d’instruction. Donc par exemple les perquisitions il pourra les faire sans le
consentement de l’habitant, mais avec les mêmes garanties générales.

Il y a quelque chose qu’il ne peut pas faire tout seul : pour le respect du secret
professionnel, les perquisitions aux cabinets d’un avocat ne peuvent être
faites qu’en présence d’un magistrat. Ici on est au stade de l’instruction, le
magistrat est le juge d’instruction. Donc l’OPJ tout seul ne peut pas aller
perquisitionner aux cabinets d’un avocat, il doit être accompagné du juge
d’instruction. De la même façon, pour le respect de la liberté d’information et
des sources journalistiques, dans les locaux de presse, les perquisitions
doivent être faites en présence d’un magistrat. Dans l’enquête de police c’était
le procureur, ici c’est le juge d’instruction.

Et puis il y autre chose qu’en principe seul un magistrat peut faire et il le fait en
son cabinet : c’est entendre des gens qui sont protégés par la présence de
l’avocat. Le juge d’instruction ne peut pas donner commission rogatoire à un
OPJ pour interroger le mis en examen ou pour le confronter avec les gens qui
le mettent en cause. La partie civile est une partie donc normalement c’est le
travail du juge, du magistrat. Mais elle a quand même un peu moins besoin de
protection que le mis en examen. Quant au témoin assisté, il a été nommé au
dans le réquisitoire introductif ou dans la constitution de partie civile ou qu’il a
demandé à être nommé, ou qu’il y a des indices suffisamment important pour
que le juge d’instruction lui donne ce statut. C’est le législateur qui a donné à
la partie civile et au témoin assisté la même protection. L’OPJ destinataire
d’une commission rogatoire ne peut entendre la partie civile et le témoin
assisté que sur leur demande. Ce n’est pas simplement avec leur accord ! Le
principe est que la partie civile et le témoin assisté ne peuvent pas être
entendus par un policier, sauf sur leur demande !

Donc en principe ni la partie civile ni le témoin assisté ne peuvent être entendu


par un policier, ils doivent être entendus par le juge d’instruction, sauf sur leur
demande.

III. Les mesures de coercition sur les personnes


Le contrôle judiciaire ou la suppression de liberté qu’est la détention
provisoire, ne peuvent être décidés qu’à l’encontre du mis en examen et de lui
seul. Les restrictions ou suppression de liberté pour la durée pendant une
partie de l’instruction ne concerne que l’individu qui a été mis en examen,
c'est-à-dire auquel le juge d’instruction impute les faits à charge en raison au
moins d’indices graves ou concordants.

Mais le juge d’instruction a besoin d’entendre tout le monde et donc il a besoin


de les faire venir. S’ils ne veulent pas venir, il va falloir les faire venir de force.
Indépendamment du contrôle judiciaire et de la détention provisoire, le juge
d’instruction va pouvoir délivrer des mandats pour faire venir les personnes
soupçonnées. Même si un témoin non soupçonné ne voulait pas venir, le juge
d’instruction pourrait le faire venir de force.
A. Les mandats délivrés par le juge d’instruction

Ils sont prévus aux articles 122 et suivants du CPP. La plupart ont pour but
de faire venir un individu contre lequel le juge d’instruction a trouvé des
indices graves ou concordants et s’il a trouvé des indices graves ou
concordants c’est un individu qu’il envisage mais après l’avoir entendu en
présence de son avocat, de le mettre en examen ou de lui donne le statut de
témoin assisté.

Il y a des personnes contre lesquelles il n’y a pas encore d’indices graves ou


concordants mais une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner leur
participation à l’infraction. Ce n’est pas encore des gros indices. Normalement
on les convoque à leur adresse, mais si ils ne sont pas localisés, (dans
l’enquête s’il y a une personne soupçonnée non localisée, le procureur peut
délivrer un mandat de recherche) le juge d’instruction peut délivrer un mandat
de recherche (ordre donné à la force publique de rechercher la personne) à
l’égard d’une personne à l’encontre de laquelle il existe une ou plusieurs
raisons plausibles de soupçonner qu’elle a commis ou tenté de commettre
l’infraction. Il faut que ce soit quelqu’un que la police peut entendre elle-même,
les autres ca sera des mandats plus graves. Ce mandat de recherche ne peut
pas être délivré contre une personne qui a fait l’objet d’un réquisitoire
nominatif puisqu’elle ne pourra être entendue que comme témoin assisté ou
mis en examen, il faut la faire venir devant le juge d’instruction. C’est devant le
juge d’instruction qu’il faut la faire venir.

Les trois autres mandats plus importants délivrés par le juge d’instruction ont
pour but de faire venir devant le juge d’instruction aux fins d’interrogatoire ou
d’audition une personne contre laquelle il existe des indices graves ou
concordants. Ces mandats pour faire venir devant le juge d’instruction pour
qu’il les entende, ce sont des gens qui sont déjà ou qui ont de fortes chances
d’être mis en examen ou témoin assisté.

Pour faire venir quelqu’un le plus simple est qu’on lui demande de venir, donc
le mandat le plus simple est le mandat de comparution. C’est une mise en
demeure adressé à toute personne contre laquelle il existe des indices graves
ou concordants de se présenter devant le juge d’instruction à une date et une
heure déterminée. Ce mandat de comparution est notifié par la police ou
signifié par un huissier. On nous indique dans le mandat les faits objet de la
poursuite.

Mais si la personne ne se présente pas, ou si le juge d’instruction craint que la


personne parte dans la nature, il va envoyé, toujours aux personnes contre
lesquelles il y a des indices graves ou concordants, il va délivrer le mandat
d’amener. C’est l’ordre donné par le juge d’instruction à la force publique de
conduire devant lui pour audition la personne contre laquelle il y a des indices
graves ou concordants. Ca s’adresse à la même personne que le mandat de
comparution et ca précise les mêmes choses. Le seul problème est que là il y
a plus d’incertitude que le mandat de comparution. La loi a prévu que le juge
d’instruction devait entendre la personne dans les 24h.
Si la personne n’est pas là et qu’elle est trouvée à plus de 200km il peut y
avoir un délai à un temps de transport relativement important. La
jurisprudence exige que même si l’individu qui fait l’objet d’un mandat
d’amener est découverte à plus de 200km du juge d’instruction (et donc il y a
difficulté à la faire amener dans les 24h) elle doit dans les plus brefs délais
rencontre un juge du siège.

Il y a un troisième mandat qui est toujours adressé aux mêmes gens, mais qui
est plus coercitif. En attendant l’audition devant le juge d’instruction, il peut y
avoir un passage très bref à la maison d’arrêt, avec l’obligation de voir
rapidement un juge du siège et d’être interrogé le plus vite possible par le juge
d’instruction.

Il y a le mandat d’arrêt : ordre donné à la force publique de rechercher la


personne contre laquelle il existe des indices graves et concordants et de la
conduire à la maison d’arrêt en attendant l’audition et après avoir vu un juge
du siège. C’est quand même le plus coercitif des mandats et donc il ne peut
être délivré que si la personne est en fuite ou si elle réside hors du territoire
français.

Pour faire venir les individus contre lesquels il y a des indices graves ou
concordants c’est le mandat d’amener, de comparution ou d’arrêt. Pour ceux
qui sont à peine soupçonnés, il y a éventuellement un mandat de recherche.

B. Les mesures destinées à garder le mis en examen sous


surveillance

Le plus efficace est la détention provisoire. Cependant, cette détention


provisoire est contraire à la présomption d’innocence. Il y a des indices graves
ou concordants mais l’instruction peut faire apparaitre d’autres choses et donc
la personne peut bénéficier d’un non lieu.

A plusieurs reprises, dans la loi pénitentiaire du 24 novembre 2009, le


législateur a indiqué très clairement que la détention provisoire devait être le
dernier recours à défaut d’efficacité du contrôle judiciaire ou de l’assignation à
résidence avec surveillance électronique.

1) Le contrôle judiciaire

Le contrôle judiciaire est la soumission du mis en examen à une ou plusieurs


des obligations ou interdictions limitativement énumérés à l’article 138 du
CPP. Ces interdictions ou obligations ont un double but de surveillance,
éventuellement d’assistance, c'est-à-dire essayer d’empêcher qu’il ne récidive.
Le contrôle judiciaire ne peut être ordonné qu’à raison des nécessités de
l‘instruction, en d’autre terme comme garantie de représentation devant le
juge, ou éviter le risque de disparition des preuves, ou à titre de mesure de
sureté, de sécurité, éviter qu’il ne recommence ces faits pour lesquels il y a
des indices graves qu’il les ait commis. C’est le juge d’instruction lui-même,
parce que c’est la plus légère des mesures de restriction de liberté, qui peut
décider d’un contrôle judiciaire, il doit le faire par ordonnance motivée et donc
susceptible d’appel (de la part du mis en examen).

Ces obligations, il y en a qui sont à titre de surveillance. Ca peut être


l’obligation de ne pas quitter la localité où elle réside. Obligation de se
présenter périodiquement au commissariat de police. Les indices graves ou
concordants peuvent se transformer en preuve mais c’est possible aussi que
le dossier s’effondre. Interdiction de quitter le territoire français. il y avait
quelqu’un qui avait fait valoir que ca pouvait être contraire au droit à l’intimité
et à la vie familiale puisqu’il avait une femme et des enfants à l’étranger. La
chambre criminelle a dit qu’aucun élément ne permettrait de noter que la
femme et les enfants ne puissent pas se rendre en France.

Le versement d’un cautionnement qui est là pour garantir la représentation du


mis en examen en justice. Normalement la somme il doit la récupérer. Mais le
cautionnement permet de payer la partie civile et les frais du procès en cas de
condamnation.

Arrêt du 19 mars 2002 : la cour de cassation avait considéré que la décision


de prévoir au titre du contrôle judiciaire un cautionnement très important à
l’encontre d’un mis en examen personne morale.

Il y a dans le contrôle judiciaire qui peuvent être décidés des interdictions ou


des obligations qui sont plus tournés vers la bonne conduite, interdiction de se
rendre dans certains lieux. Certaines personnes peuvent être interdites de se
livrer à certaines activités professionnelles en rapport avec l’infraction. Ou
alors l’obligation de se soumettre à un traitement médical ou de suivre un
stage professionnel.

Le contrôle judiciaire en principe est susceptible de durer tout le temps de


l‘instruction, et même en matière criminelle de continuer à produire ses effets
jusqu’au passage devant la cour d’assise. Mais, le juge d’instruction dans ce
cadre là, peut à tout moment ordonner la main levée du contrôle judiciaire,
c'est-à-dire l’abandon des interdictions et obligation, soit de lui-même soit
d’office, soit à la demande du ministère public, soit surtout le plus souvent à la
demande du mis en examen, en d’autre terme à tout moment. Si la main levée
émane du mis en examen, le juge d’instruction doit rendre dans les 5 jours
une ordonnance motivée et s’il refuse la main levée, le mis en examen pourra
en faire appel. S’il ne rend pas dans les 5 jours, le mis en examen peut saisir
directement la chambre de l’instruction qui doit se prononcer dans les 15
jours. Si elle ne le fait pas à défaut, la main levée du contrôle judiciaire est de
droit et donc les interdictions et obligations cessent automatiquement.
Inversement si le mis en examen ne se soustrait pas volontairement aux
obligations du contrôle judiciaire, il peut faire l’objet d’une détention provisoire,
à titre de sanction. La détention provisoire est l’emprisonnement du mis en
examen, c'est-à-dire d’un présumé innocent et donc la décision ne peut être
prise que par le JLD.

2) L’assignation à résidence avec surveillance électronique


Le mis en examen est obligé de rester chez lui avec un système de contrôle
électronique, les policiers ne sont pas devant leurs portes. A certaines heures
déterminées à l’avance où il peut sortir. Et même lorsque la peine encourue
est au moins égale à 7 ans, cette assignation à résidence peut s’accompagner
d’un placement sous surveillance électronique mobile. Ca signifie que partout
où il va même quand il sort il a droit à son bracelet électronique qui permet de
le localiser. Et donc même pendant les heures de sortie autorisée il est sous
surveillance électronique. La décision ne peut être décidée qu’avec l’accord
du mis en examen ou à sa demande. Il faut que la peine encourue soit au
moins égale à 2 ans. Il faut que les obligations du contrôle judiciaire soient
apparues comme insuffisantes. Et là cette indication doit être dans
l’ordonnance d’assignation à résidence.

Qui ordonne l’assignation à résidence ? Le législateur a admis que


l’assignation à résidence puisse être ordonnée soit par le juge d’instruction
soit par le JLD mais ils ne peuvent le faire que par ordonnance motivée, après
un débat contradictoire. Contradictoire entre les deux parties : ministère public
et le mis en examen. La durée est 6 mois renouvelables avec un nouveau
débat contradictoire dans la limite de 2 ans maximum.

Si les mesures d’assignation à résidence ne sont pas respectées, le JLD


pourra décider de la détention provisoire à titre de sanction. Cette assignation
à résidence est quand même conçue comme une vraie privation de liberté. Le
temps d’assignation à résidence sera imputé en cas de condamnation sur le
temps de la peine d’emprisonnement. S’il y a un non lieu, relaxe ou
acquittement, le mis en examen qui aura fait l’objet d’une assignation à
résidence pendant l’instruction aura droit de la part de l’Etat à une
indemnisation pour le temps passé sous le régime de l’assignation à
résidence. Or cette indemnisation on ne l’avait pas rencontré pour le contrôle
judiciaire.

3) La détention provisoire

La détention provisoire est l’incarcération momentanée du mis en examen


prononcé à titre exceptionnel par le JLD dans des cas déterminés. Le
législateur a essayé de limiter la détention provisoire en essayer d’en limiter le
domaine, de prévoir une procédure de placement en détention provisoire qui
permet à chacun de s’exprimer et en en réglementant la durée. La détention
provisoire ne pouvait être décidée que pour les nécessités de l’instruction ou
comme mesure de sureté. La détention provisoire ne peut être décidée que
lorsque la peine encourue est au moins égale à 3 ans. Le JLD dans
l’ordonnance de placement et ensuite dans la prolongation de la détention doit
constater. La détention provisoire ne peut être ordonnée que si le contrôle
judiciaire ou l’assignation à résidence apparaissent insuffisants. D’autre part,
dans la décision de motivation, une des causes légale de détention provisoire
doit apparaitre.

Quelles sont ces causes prévues par le législateur ?


Les premières causes il y a toujours les deux mêmes : premièrement la
détention provisoire peut être prononcée lorsqu’elle est l’unique moyen de
conserver les preuves ou d’empêcher soit une pression sur les témoins soit
une concertation frauduleuse entre le mis en examen et d’éventuels
complices. Deuxièmement, elle la détention provisoire doit être l’unique moyen
de garantir la représentation du mis en examen. La détention provisoire peut
être décidée pour mettre fin à l’infraction ou prévenir son renouvellement. Mais
il faut en même temps que le JLD constate que le contrôle judiciaire est
insuffisant. Le législateur a prévu que la détention provisoire pouvait être
décidée pour protéger le mis en examen ou alors l’unique moyen de mettre fin
« à un trouble exceptionnel et persistant à l’ordre public provoqué par
l’infraction en raison de sa gravité des circonstances de sa commission ou de
l’importance du préjudice qu’elle a causé ». Ce motif de détention provisoire
ne peut être retenu qu’en matière criminelle et ne peut résulter du seul
retentissement médiatique.

Lorsque le mis en examen a seul l’autorité parentale sur un mineur de moins


de 10 ans qui a chez lui sa résidence habituelle, un service social doit
rechercher aussitôt des mesures propres à éviter que le mineur ne soit en
danger. Article 145-5 du CPP.

Si on ne veut pas être condamné par la CourEDH pour traitement inhumain ou


dégradant :

Arrêt du 2 septembre 2009 crim : décide que même pour les crimes les plus
graves, la détention provisoire ne peut être décidée lorsque l’état de santé du
mis en examen est incompatible avec une telle mesure.

En ce qui concerne la décision de placement en détention provisoire, elle est


prise par le JLD qui est saisi par une ordonnance motivée du juge d’instruction
qui est prise à la suite d’un débat contradictoire.

Le JLD doit s’expliquer dans sa décision. Il doit dire d’abord pourquoi la


détention est nécessaire, et d’autre part il doit l’indiquer. Il doit signifier dans
l’ordonnance qu’il s’est interrogé sur la possibilité et qu’il a conclu que la seule
chose était la détention provisoire. En principe le JLD doit dire en quoi il y a
des craintes.

Du point de vue procédural, le JLD va être saisi par une ordonnance motivée
du juge d’instruction. En d’autres termes, par rapport à la détention provisoire,
le JI est demandeur. C’est lui qui va demander au JLD de se prononcer sur la
détention provisoire. Cette demande du juge d’instruction il peut la faire de lui-
même parce qu’il pense que la détention provisoire empêchera la disparition
d’éléments de preuve. Le JI peut faire cette demande parce que le gardien de
l’ordre, le demandeur au procès lui a demandé. Il se peut que le JI saisisse le
JLD sur demande du procureur.

Si le procureur et le JI ne font pas la même appréciation, le JI peut-il bloquer


une demande du procureur ? En principe le JI peut refuser de saisir le JLD
lorsque le procureur lui demandait de saisir le JLD. Il peut le refuser, mais il
doit le faire par ordonnance motivée. En d’autres termes, avant la décision du
JLD il y a cette décision du JI de saisir le JLD. Toutefois il y a une exception
pour les instructions portant sur les faits les plus graves, en matière de crime
ou de délits les plus graves punissables de 10 ans d’emprisonnement.

Lorsque le JI décide de ne pas saisir le JLD le procureur de la République


peut à titre exceptionnel saisir directement le JLD. (il passe donc au dessus de
la tête du JI) Art 137-4 Al 2 du CPP. Pour qu’il puisse passer au dessus de la
tête du JI, le procureur peut directement transmettre son dossier au JLD s’il
fait des réquisitions de détention provisoire pour garantir la représentation
d’une détention provisoire. Il peut le faire aussi si dans sa demande il se fonde
sur un risque de renouvellement de l’infraction. Il peut éventuellement le faire
si sa demande est fondée sur un risque grave et persistant à l’ordre public.

Il y a une autre cause de détention provisoire : Le JLD peut décider d’une


détention provisoire lorsqu’il y a un risque de dépérissement des preuves.
Cela concerne celui qui est chargé de recueillir les preuves c’est le JI. Cette
possibilité pour le procureur de saisir directement le JLD en cas de refus du JI
n’existe pas lorsque les réquisitions du procureur tendant à la détention
portent uniquement sur des motifs fondés sur un risque de disparition des
preuves.

Le JLD est valablement saisi en principe par le JI et exceptionnellement par le


procureur d’une demande en placement de détention provisoire.
L’inconvénient c’est qu’il va à peine connaître le dossier d’instruction. Au
moment ou le JI décide de saisir le JLD il va lui communiquer le dossier
d’instruction. Il y a une réforme pendante. Les collèges de l’instruction
pourraient dans l’avenir s’occuper de la décision de la détention provisoire. Il
faut que ce soit au moins un juge qui n’a pas d’intérêt dans le dossier qui
prenne la décision.

De toute façon c’est une décision grave. Le mis en examen risque de passer
du temps en prison à un moment il est présumé innocent. Si après il est
déclaré coupable, peu importe on va imputer la durée sur la peine
d’emprisonnement. Mais quelqu’un coupable de délit ne va pas forcément en
prison. Ou si on bénéficie d’un non-lieu on est allé au prison pour rien du tout.
Cela brise les liens familiaux et cela peut poser problème dans la vie
professionnelle. Le JLD a donc une décision extrêmement grave à prendre
dans ce cas. Cette décision est pris sur un débat contradictoire sur
l’opportunité d’une détention provisoire entre d’un côté le procureur et de
l’autre le mis en examen et son avocat.

L’avocat du mis en examen doit être convoqué au plus tard avant le débat
contradictoire sauf s’il est sur place et il doit être averti qu’il s’agit d’un débat
sur la détention provisoire. S’il n’est pas là et s’il n’a pas été convoqué la
nullité sera automatique. En principe ce débat contradictoire est public. C’est
une exception au secret de l’instruction sauf en matière de criminalité en
bande organisée et si l’une des parties, le ministère public ou le mis en
examen s’y oppose. Si une partie s’oppose c’est le JLD qui décide.
Chambre criminelle 18 juin 2008 : le fait que la porte du cabinet du JLD fut
fermée ne signifiait pas que le public eut été empêché d'entrer.

Si l’avocat est là le débat contradictoire a lieu tout de suite et le JLD va


prendre sa décision. Mais même si l’avocat est là il se peut qu’il dit qu’il faut
quelque jours. Dans ce cas il se peut que le mis en examen lors de ce débat
contradictoire sollicite un délai pour préparer sa défense. Le JLD peut lui-
même penser qu’il a besoin de faire une enquête rapide sur le mis en examen.
Dans ce cas le débat contradictoire est différé dans la limite de 4 jours
ouvrables.

Après le débat contradictoire le JLD prend sa décision. Il peut refuser. Cela


peut être une ordonnance de refus de placement en détention provisoire. Il
peut également prendre une ordonnance motivée de placement en détention
provisoire. Le mis en examen peut faire appel de l’ordonnance de placement
en détention provisoire. Contrairement à d’autres ordonnances, cet appel n’a
pas de caractère suspensif.

Le législateur a prévu de la part du mis en examen, la possibilité d’un recours


très rapide contre l’ordonnance du JLD de placement en détention provisoire.
Il faut que le mis en examen montre dès le départ qu’il est pressé. La décision
du JLD de placement en détention est immédiatement exécutoire. Pour que le
mis en examen ne risque pas de rester trop longtemps en prison lorsqu’il a
interjeté appelle et attend une infirmation. Il peut interjeter appel jusqu’au jour
suivant. Il peut s’adresser au président de la chambre de l’instruction pour
demander un référé liberté. Ce dernier peut infirmer dans un délai de trois
jours infirmer l’ordonnance ou renvoyer à la chambre de l’instruction lorsqu’il
ne veut pas prendre la décision toute seule. Il peut également obtenir que
l’appel soit à très bref délai, c-a-d que la chambre de l’instruction se réunisse
pour un débat au plus tard le 5ème jour ouvrable et qu’elle prenne sa décision
ensuite dans les 10 jours.

Il faut retenir que la décision s’applique immédiatement même s’il y a appel.


LE mis en examen a à sa disposition un choix de procédures pour que l’appel
soit jugé rapidement. Il peut passer soit par le Président de la chambre de
l’instruction lui-même ou soit par la chambre toute entière par l’appel à très
bref délai.

Quelle est la durée de la détention provisoire ?

Tout dépend si on est en matière de délit ou en matière de crime. Les durées


en matière de délit sont prévues à l’article 145-1 du Code de procédure pénale
et en matière de crime 145-2 du CPP.

En matière de crime, la décision initiale de placement en détention provisoire


est valable pendant un an. Cette décision peut être renouvelée par le JLD
tous les 6 mois et à la suite de chaque renouvellement il doit y avoir un débat
contradictoire avec l’avocat averti 5 jours en avance.
Le JLD peut renouveler l’ordonnance précisant la cause, la raison de la
détention provisoire mais aussi dans l’ordonnance de prolongation à peine de
nullité il doit y avoir l’indication des raisons qui justifient la poursuite de
l’instruction et le délai prévisible d’achèvement de la procédure. Cela doit
absolument être indiqué dans l’ordonnance de prolongation de détention
provisoire sous peine de nullité. Si l’instruction dépasse le délai prévisible
d’achèvement cela n’a aucune incidence. En principe la durée maximum des
renouvellements ne peut pas passer 2 ans lorsque la peine encourue est
inférieure à 20, 3 ans lorsque la peine encourue est supérieure à 20 ans et il
faut ajouter un an supplémentaire lorsque l’infraction a été commise hors de
France.

Le maximum va de 2 à 4 ans de détention provisoire.

A n’importe quel moment le mis en examen peut faire une demande de mise
en liberté. Ce n’est pas toujours accepté. Dans les derniers chiffres le temps
moyen placé en détention provisoire est de 15 mois. C’est beaucoup moins
que les 2 ans.

En matière de délit, la première décision de placement en détention provisoire


est de 4 mois. Si c’est un délit pas trop grave, si la peine encourue ne
dépasse pas 5 ans et que le mis en examen est un délinquant presque
primaire cela veut dire qu’il n’a pas déjà été condamné à plus d’un an sans
sursis. Dans ce cas aucun renouvellement n’est possible. Dans les autres cas
il y a un renouvellement tous les 4 mois avec des débats contradictoire,
ordonnance motivée et par rapport à la durée prévisible d’achèvement de
l’instruction. En principe ces renouvellements de 4 mois en 4 mois peuvent
aller jusqu’à en principe un an durée portée à deux ans pour les délits commis
en bande organisée ou pour les délits les plus graves, ou pour les délits
commis hors de France. En d’autres termes, la durée maximum en matière
correctionnelle, selon les délits va de 4 mois à deux ans. Le temps réel moyen
pour un délit de détention provisoire est de 6, 4 mois.

Dès le placement en détention provisoire, à n’importe quel moment le mis en


détention peut faire une demande de mise en liberté. Cette demande est
fondée sur le fait que la détention provisoire ne peut pas dépasser une durée
raisonnable. La cour européenne des droits de l’homme et à sa suite la
chambre criminelle avaient décidé que cela signifiait que la détention
provisoire devait à tout moment conserver une raison d’être. Dès lors qu’elle
n’était pas justifiée elle n’avait plus de raison d’être. La nécessité du délai
raisonnable a été inscrite dans la loi interne dans l’article 144-1 : la durée doit
être raisonnable « au regard de la gravité des faits reprochés pour mise en
examen et de la complexité des investigations nécessaires à la manifestation
de la vérité. » Cette demande de mise en liberté qui peut être faite à tout
moment, doit être communiquée au parquet mais elle ne donnera pas lieu à
un débat contradictoire. Il n’y a pas de débat contradictoire au moment de
débat de mise en liberté. A tout moment le détenu mis en examen peut
demander d’être mis en liberté. La chambre criminelle avait dit que l’absence
de délai contradictoire pour statuer sur les demandes de mise en liberté n’était
pas contraire à l’article 5 de la CEDH.
La chambre criminelle a transmis au CC la question suivante : Est-ce que
l’absence de débat contradictoire oral lors d’une demande de mise en liberté
est-elle contraire aux droits de la défense ? Le CC a répondu le 17 décembre
2010 et a considéré que l’absence de débat contradictoire oral au moment de
la demande de mise en liberté n’était pas inconstitutionnelle à condition que le
mise en examen ait eu connaissance des réquisitions du ministère public.

Il n’y a pas de débat contradictoire, mais chaque partie s’est exprimée. Le JI


peut défaire ce qu’il ne pouvait pas faire. Le JI qui n’a pas le pouvoir de placer
en détention provisoire a le pouvoir de remettre le mise en examen en liberté.
En d’autres termes de lui-même le JI peut donner une suite favorable à la
demande de mise en liberté. Il prendra une ordonnance de remise en liberté.
Logiquement le JI n’y a pas tellement d’intérêt. Si vraiment il décide de la
remise en liberté, c’est parce que c’est justifié. Le parquetier pourra faire appel
de cette décision.

Il se peut que le JI ne soit pas d’accord avec la remise en liberté. Dans ce cas
si le JI décide de ne pas donner lui-même une suite favorable à la demande
de mise en liberté il doit la transmettre avec son avis motivé au JLD dans les 5
jours. Le JLD doit statuer dans les trois jours par ordonnance spécialement
motivé. S’il ne le fait pas à ce moment là le mis en examen pourrait saisir
directement la chambre de l’instruction qui devra statuer dans les 5 jours. Si le
mis en examen se sent oublié et qu’il n’a pas comparu devant le JI, il peut
saisir directement la chambre de l’instruction.

Si le JLD refuse la remise en liberté le mis en examen peut faire appel. Il reste
en prison et il peut faire le lendemain une demande mise en liberté. Si le JLD
prend une décision de mise en liberté, c’est le parquetier qui ne va pas être
d’accord. Le procureur peut faire appel. En principe comme l’appel n’a pas de
caractère suspensif, la décision de remise en liberté est exécutoire tout de
suite. Mais cela a changé. La crainte c’était la fuite de l’individu remis en
liberté. Le législateur a alors donné la possibilité au procureur de faire un
référé suspension. Cela bloque pendant un temps relativement bref l’effet de
la décision de remise en liberté.

Le procureur peut dans les 4 de la notification qui lui est faite de l’ordonnance
de mise en liberté demander au premier président de la cour d’appel de
suspendre l’exécution de l’ordonnance qui a été suspendu pendant les
premières 4 heures jusqu’à l’audience devant la chambre d’instruction. Le
premier Président doit répondre au plus tard le deuxième jour ouvrable. S’il
suspend l’exécution de la décision de remise en liberté le mis en examen
reste en prison jusqu’à la décision de la chambre de l’instruction qui doit se
prononcer au plus tard dans les 10 jours. La suspension ne peut être décidée
que si le maintien en détention apparaît manifestement nécessaire au regard
de deux causes énumérés p.ex pour garantir la représentation et éviter le
renouvellement de l’infraction.

IV. Les pouvoirs juridictionnels du JI


Ce sont les moments ou il prend des décisions comme celle de remettre en
liberté. En début d’instruction il peut se déclarer incompétent ou même dans
les mêmes spécialisés se dessaisir au profit d’un JI spécialisé. Il peut aussi
exceptionnellement il peut tout de suite rendre une ordonnance de refus
d’informer. Il ne peut le faire que s’il a été saisir à tort. Il peut aussi rendre une
ordonnance d’irrecevabilité d’une constitution de partie civile. En cours
d’instruction le JI peut rendre une ordonnance prescrivant une expertise ou
une examen médical. Il peut aussi pour l’instruction prendre une ordonnance
de refus d’exécuter un acte d’instruction demandé par les parties. Il y a aussi
les décision qu’il prend sur les questions de liberté. Il peut prendre une
ordonnance prescrivant un contrôle judiciaire, une ordonnance prescrivant une
assignation à résidence, une ordonnance de saisine du JLD pour qu’il se
prononce sur la détention provisoire ou la remise en liberté. Il peut prendre
une ordonnance de remise en liberté. L’appel de ces ordonnances est
toujours possible et donc les ordonnances doivent être notifiées aux parties
dans les plus brefs délais. La décision la plus importante que va prendre le JI
c’est la décision sur la suite de donner à l’affaire qu’il prend au moment de la
clôture de l’instruction. Le législateur a essayé de prévoir un dispositif pour
éviter la durée excessive des instructions.

Les dispositions sont les suivantes : au moment ou il commence l’instruction le


JI doit indiquer prévisible d’achèvement. Ce délai est de maximum un an en
matière de délit et 18 mois en matière de crime. Il est souvent dépassé. A
l’expiration de ce délai indiqué au départ, la clôture de l’instruction peut être
réclamée par le mis en examen, la partie civile et le témoin assisté. Le JI n’est
pas obligé de clore mais il doit répondre dans le mois pour indiquer pourquoi il
a dépassé le délai.

En outre sans que les parties demandent rien, au bout de 2 ans le JI doit
rendre une ordonnance motivée expliquant la durée de la procédure, ce qui
justifie la poursuite de l’instruction et précisant les perspectives de règlement.
Quand le JI qu’il est arrivé au bout, qu’il va pouvoir finir l’instruction, il prévient
les parties pour qu’une dernière fois, ils échangent leurs arguments. Lorsque
le JI souhaite terminer l’instruction, il communique le dossier au parquet pour
les réquisitions définitives.

Réquisitions et observations doivent être faites dans les trois mois ou un mois
s’il y a un mis en examen du détenu. Ensuite chaque partie communique les
documents et il y a nouveau délai d’un mois ou de 10 jours pour des
réquisitions ou observatoires complémentaires.

Chaque partie avant la clôture de l’instruction a pu donner ses observations et


c’est seulement à la suite de cet échange écrit d’arguments que le JI peut
enfin rendre son ordonnance de clôture.

Le juge d’instruction prend sa décision de clôture après avoir demandé aux


parties et aux témoins assistés d’échanger une dernière foi leurs arguments
par écrit. il prend une décision de clôture motivée qui peut être soit une
ordonnance de non lieu soit une décision de renvoie en jugement. Le juge
d’instruction décide d’un non lieu lorsqu’il estime qu’il n’y a pas suffisamment
de raisons pour renvoyer le mis en examen en jugement. En d’autres termes,
l’ordonnance de non lieu clôt la procédure. Ce non lieu peut être motivé par
des raisons de fait ou de droit.

Raisons de droit : le juge d’instruction peut très bien lui-même qu’il y a une
cause d’irresponsabilité pénale par exemple. Donc le juge d’instruction peut
décider qu’il y avait par exemple légitime défense ou état de nécessité. Le
ministère public et la partie civile pourront parfaitement faire appel de cette
ordonnance de non lieu et donc il y aura à nouveau un débat devant la
chambre d’instruction.

L’ordonnance d’irresponsabilité pour trouble mental : il faut que le juge


d’instruction considère qu’il y avait au moment des faits absence totale de
discernement. Dans cette ordonnance, il indique que le mis en examen a bien
commis les faits. Comme le juge d’instruction ne peut pas prendre les
mesures de sureté comme hospitalisation d’office, s’il estime qu’il y a à
prendre des mesures de sureté, il transmettra le dossier à la chambre de
l’instruction. Tout ca c’est des non lieu pour des raisons de droit et donc
susceptibles d’appel.

Raisons de fait : le juge d’instruction décide d’un non lieu quand il estime qu’il
n’y a pas de charges suffisantes contre le mis en examen pour qu’il soit
renvoyé en jugement. Le mis en examen il y avait au moins contre lui des
indices graves et/ou concordants. Et d’un coup on dit qu’il n’y a pas de
charges suffisantes. Tout d’abord les charges sont quelque chose de plus fort
que les indices. Ensuite, puisque le juge d’instruction instruit à charge et à
décharge, il a pu rencontrer après la mise en examen des éléments qui ont
diminués la force des indices graves et concordants. Lorsque le non lieu est
motivé pour charges insuffisantes, si on trouve des charges nouvelles,
l’instruction pourra être ouverte uniquement si elle a été clôturée par des
motifs de droit. Seulement à l’initiative du ministère public.

Le juge d’instruction en cas de non lieu, quelque soit le motif du non lieu, peut
ordonner à la demande du mis en examen, ou avec son accord la publication
de la décision de non lieu ou au moins l’insertion d’un communiqué. C’est une
première forme de réparation pour le mis en examen. Ensuite, le mis en
examen pourra demander des dommages et intérêts à la partie civile qui l’a
désignée en se constituant partie civile. Et puis surtout, lorsque l’affaire se
termine par un non lieu, une relaxe ou un acquittement, la personne qui a été
placée en détention provisoire a droit automatiquement à une indemnisation
de la part de l’Etat depuis la loi du 15 juin 2000.

Sauf si le mis en examen s’est laissé abuser pour protéger quelqu’un d’autre,
pas d’indemnisation.

Sauf si l’ordonnance de non lieu est fondée sur une irresponsabilité pour
absence de discernement, pas d’indemnisation.

Sauf si l’ordonnance de non lieu est due à une amnistie postérieure au temps
de détention provisoire (l’amnistie efface rétroactivement l’infraction).
Principe de l’indemnisation automatique dont le montant est fixé par le premier
président de la cour d’appel et si il veut contester le montant, il le fait auprès
de la commission nationale d’indemnisation nationale des détentions
provisoires qui est placée auprès de la cour de cassation. Le mécanisme est
le même s’il y a eu assignation à résidence.

La deuxième sorte de décision que prend le juge d’instruction à la clôture est


une décision de renvoie en jugement. Ca veut dire qu’il y a des charges
suffisantes pour que le mis en examen soit jugé. Le torchon brule, mais le mis
en examen est toujours présumé innocent. Les charges ne sont pas encore
des preuves. Il peut très bien être relaxé ou acquitté. Si le juge d’instruction
considère qu’il s’agit d’un délit, il ordonnera une ordonnance de renvoie
devant le TC. En principe, la partie civile et le mis en examen ne peut faire
appel de cette ordonnance de renvoie que pour une seule raison : si elle
conteste la qualification faite par le juge d’instruction, c'est-à-dire si elle estime
que l’infraction constituait un crime. Les parties ne peuvent plus devant le TC
contester sa compétence : article 469 du CPP.

Le juge d’instruction peut considérer que les faits constituent un crime, il va


renvoyer le mis en examen devant la cour d’assise et on appelle cela
l’ordonnance de mise en accusation. L’appel est possible, notamment de la
part du mis en examen.

V. Les particularités de l’instruction devant les


juridictions de mineurs
Pour les mineurs l’instruction est obligatoire en matière criminelle mais aussi
en principe en matière correctionnelle. Il y a une différence avec les majeurs.
Pour les mineurs l’enquête de personnalité est obligatoire parce que
l’instruction a pour objet autant de s’intéresser à la personnalité du mineur
qu’à la commission des faits. C’est pourquoi en matière de délit il y a une
exception à l’obligation de l‘instruction seulement lorsqu’une enquête de
personnalité a déjà été faite précédemment à l’occasion d’une précédente
procédure. Cette exception consiste en une procédure qui est la « procédure
de présentation immédiate devant la juridiction pour mineurs ». Immédiate ca
veut dire sans passage devant le juge d’instruction, mais ca peut durer plus de
10 jours.

Si les mineurs ont entre 13 et 16 ans (en dessous de 13 ans c’est pas
possible), lorsque la peine est comprise entre 5 et 7 ans. C’est plus large pour
les mineurs de 16 à 18 ans, s’il a flagrant délit au moins égal à 1 an, si on
n’est pas en flagrance c’est 3 ans.

Conditions :

Les investigations sur les faits ne doivent plus être nécessaires.

Les investigations sur la personnalité du mineur ont déjà été faite à l’occasion
d’une procédure antérieure datant de moins d’un an. Le mineur comparait
devant le juge pour enfant dans un délai de 10 jours à 1 mois et jusqu’à
l’audience de jugement, le juge des enfants peut décider d’un contrôle
judiciaire.

S’il s’agit de crime, l’instruction est obligatoirement confiée à un juge


d’instruction.

S’il s’agit d’un délit, le parquet a le choix entre saisir pour mener l’instruction
un juge d’instruction ou le juge des enfants. Si le juge des enfants ne veut pas
prendre des sanctions éducatives ou de peines, il pourrait juger lui-même, s’il
veut une peine il présidera le tribunal pour enfant. C’est une exception en
matière de droit des mineurs à la règle de séparation des fonctions
d’instruction et de jugement. Il ne faut pas qu’au jugement les magistrats aient
des idées préconçues. Mais là il s’agit de la personnalité du mineur. Jusqu’à
présent on avait admis que cette exception en matière de minorité n’était pas
contraire au droit au procès équitable, selon la cour de cassation. Dans une
situation à peu près semblable à celle là, ne concernait pas la France mais la
Pologne, la CourEDH a considéré qu’il y avait violation du droit au procès
équitable. L’examen médical et l’enquête de personnalité sont obligatoires et
le juge d’instruction peut prendre des mesures provisoires. Il peut y avoir un
contrôle judiciaire et une détention provisoire dans des conditions plus
restreintes que pour les majeurs.

La décision de contrôle judiciaire est toujours possible pour les mineurs qui
ont entre 16 et 18 ans, c’est plus restreint pour ceux qui ont entre 13 et 16 ans
où un contrôle judiciaire peut être décidé en matière criminelle et en matière
correctionnelle lorsque la peine encourue est au moins égale à 7 ans et
seulement au moins égale à 5 ans lorsque le mineur a déjà fait l’objet
auparavant d’une mesure éducative, d’une sanction éducative ou d’une peine.

En ce qui concerne la détention provisoire, la décision ne peut être prise que


par le JLD. Si le mineur a entre 16 et 18 ans, il peut y avoir une détention
provisoire soit en matière criminelle soit en matière correctionnelle lorsque la
peine est au moins égale à 3 ans, soit en cas de non respect des obligations
du contrôle judiciaire. C’est exactement comme pour les majeurs mais avec
des durées maximum inférieures à celles prévues pour les majeurs. Pour les
mineurs de 13 à 16 ans, les possibilités de détention provisoire sont beaucoup
plus limitées : en principe c’est seulement en matière criminelle mais il peut
aussi y avoir si le contrôle judiciaire n‘est pas respecté une conversion du
contrôle judiciaire en détention provisoire. Cette détention ne peut pas
dépasser 2 mois.

A l’issu de l’instruction, toujours pour les mineurs, le juge des enfants ou le


juge d’instruction peut prendre soit une ordonnance de non lieu, soit une
ordonnance de renvoie en jugement. S’il s’agit de crimes commis par des
mineurs qui ont entre 16 et 18 ans, l’ordonnance de renvoie en jugement sera
une ordonnance de mise en accusation : les mineurs contre lesquels il y a des
charges qu’ils aient commis un crime seront jugés par une cour d’assise des
mineurs qui comprend un jury populaire (9 jurés) mais sa spécificité est que
parmi les 3 magistrats qui composent la cour il y a 2 juges des enfants, mais
uniquement en matière de crime et à partir de 16 ans. S’il s’agit d’un délit ou
d’un crime commis par un mineur de moins de 16 ans, en principe, le juge
d’instruction ou le juge des enfants renverra devant le tribunal pour enfant qui
est présidé par le juge des enfants avec deux assesseurs. si l’instruction a été
conduite par le juge des enfants, il peut décider de statuer lui-même à la place
du tribunal pour enfant dès lors qu’il estime qu’il n’y a pas lieu de prononcer
une peine ou une sanction éducative. En d’autres termes, s’il s’agit d’un
mineur de moins de 10 ans, systématiquement le juge des enfants peut se
débrouiller tout seul. Le juge des enfants peut symboliquement préférer
relaxer que rendre une ordonnance de non lieu.

Section 2 : le contrôle de l’instruction

La double activité du juge d’instruction est contrôlée par la chambre de


l‘instruction.

I. Le contrôle des pouvoirs d’instruction


Il y a deux choses que le juge d’instruction doit correctement faire. D’abord il
doit mener sa recherche de preuve rapidement et efficacement en cherchant
les bons actes à faire. Il doit pour chaque acte de recherche de preuve
respecter les conditions légales, les garanties légales, il doit faire des actes
réguliers et ce sont ces deux éléments qui vont être contrôlés.

A. Le contrôle de la conduite de l’instruction

Il y a beaucoup de gens qui peuvent s’en mêler.

Tout d’abord les parties ont un droit de regard sur la conduite de l’instruction
puisqu’elles ont le pouvoir de solliciter une expertise, un examen médical ou
n’importe quel acte de recherche des preuves. Et d’obtenir une réponse
motivée susceptible d’appel.

Ensuite le président de la chambre de l’instruction. Selon l’article 220 du CPP,


le président de la chambre de l’instruction doit s’assurer du bon
fonctionnement des cabinets d’instruction de son ressort. Il doit vérifier
l’utilisation des commissions rogatoires. Il doit s’employer à ce que les
procédures ne subissent aucun retard injustifié. Lorsque 4 mois se sont
écoulés sans que le juge d’instruction ne fasse aucun acte de recherche des
preuves, d’office ou à la demande des parties, le président de la chambre de
l’instruction peut saisir la chambre de l’instruction toute entière qui pourra soit
évoquer l’affaire (mener elle-même l’instruction) soit renvoyer le dossier après
avoir vérifié le dossier au juge d’instruction initial, ou à un autre juge
d’instruction. Mais ca ne suffit pas toujours. Après l’affaire Doutreau on a
rajouté l’article 221-3 du CPP qui a pour but d’essayer d’éviter que des
détentions soient trop longues : lorsqu’une ou plusieurs détentions provisoires
dure depuis 3 mois le président de la chambre de l’instruction peut, d’office ou
à la demande des parties, saisir la chambre de l’instruction pour un examen
de l’ensemble de la procédure. A l’occasion d’un appel d’une ordonnance du
juge d’instruction, sauf sur le contentieux de la liberté, la chambre de
l’instruction peut ordonner tout acte d’information complémentaire ou la mise
en liberté d’office du mis en examen ou la mise en examen d’autres
personnes.

En d’autres termes, ce qu’il faut retenir est que d’une façon ou d’une autre et
surtout si l’instruction traine et particulièrement dans le cas de détention
provisoire, la chambre de l’instruction a un droit de regard sur la façon dont se
déroule le travail de recherche des preuves et elle peut même prendre à cet
égard elle-même des décisions.

B. Le contrôle de la régularité des actes d’instruction

Normalement, si un acte fait par le juge d’instruction pour son compte ne


respecte pas les conditions légales, la sanction normale est la nullité. Or la
nullité est une sanction de l‘irrégularité d’un acte et encore plus quand cette
nullité fait tomber une partie importante de la procédure. Cette nullité est une
sanction nécessaire mais il faut reconnaitre qu’elle présente un risque dilatoire
( : le mise en examen pourrait tenter d’invoquer des nullités fantaisistes pour
faire trainer la procédure). Du coup les nullités ont été réglementées aux
articles 170 et suivants du CPP. Ces règles valent non seulement pour les
nullités des actes d’instruction mais aussi pour les nullités des actes de
l’enquête de police.

1) Les causes de nullité

Il y a deux types de nullité : les nullités textuelles et les nullités substantielles.


Il y a nullité textuelle lorsque la sanction de la nullité a été expressément
prévue dans le texte qui énonce la règle. Il y a aussi des nullités
substantielles.

La jurisprudence interprétant l’article 171 du CPP a décidé qu’il y avait lieu à


annulation même quand le législateur ne l’avait pas précisé, chaque fois qu’il y
avait méconnaissance d’une formalité essentielle. Les nullités sont réduites
par la règle de l’article 802 du CPP selon laquelle une irrégularité n’entraine
l’annulation que lorsqu’elle a causé un grief à la personne qui l’invoque. Ce
texte est applicable aussi bien aux nullités textuelles qu’aux nullités
substantielles.

Une exception à la règle de l’article 802 du CPP : sont exclus de l’exigence de


grief les nullités d’ordre public qui touche à l’organisation et à la composition
des tribunaux.

Normalement une nullité, textuelle ou substantielle, ne peut être prononcée


que lorsque celui qui l’invoque prouve que l’irrégularité lui a causé un
préjudice. Mais, d’une part la jurisprudence décide s’agissant de certaines
règles d’ordre public qui touchent au fonctionnement même des tribunaux, que
la règle du grief ne s’applique pas et surtout la jurisprudence décide parfois
que telle ou telle irrégularité porte « nécessairement atteinte aux intérêts de
celui qui l’invoque » (le cas pour toutes les règles en matière de garde à vue).

2) La mise en œuvre de la nullité


Les nullités peuvent être demandées par les parties (procureur, mis en
examen et partie civile). Elles peuvent aussi être demandées en vertu de
l’article 113-3 alinéa 2 du CPP par le témoin assisté. Mais la nullité peut aussi
être demandée par le juge d’instruction lui-même après avis du procureur de
la république et information des parties.

La chambre de l’instruction peut même relever d’office des nullités quand elle
est saisie de l’examen général de la procédure ou d’un appel d’une question
autre que celle de la détention.

Article 173-1 du CPP : il a prévu des délais limites pour invoquer la nullité.
Tout ce qui a été fait avant la mise en examen doit être invoquée dans les 6
mois qui suivent celle-ci. Ensuite, la nullité de ce qui est fait avant chaque
interrogatoire doit être invoqué au plus tard 6 mois après cet interrogatoire. En
outre il faut invoquer toutes les nullités en même temps. Une demande en
nullité d’une partie prouve à son égard les vices de la procédure antérieure.

3) Les effets de la nullité

Les actes annulés doivent être retirés du dossier. En d’autres termes jamais la
juridiction de jugement n’en aura connaissance.

Un individu nommément visé dans le réquisitoire introductif a été entendu par


les faits sous serment sans avocat par le juge d’instruction. Ce PV d’audition
parait nul car il était visé nommément et donc avait le droit au statut de témoin
assisté et donc l’absence d’avocat lui porte grief. S’il a donné plein de détails
en disant que tels objets se trouvent à tel endroit et qu’on a fait une
perquisition, la perquisition repose sur le témoignage, et donc la perquisition
doit être annulée aussi. La chambre de l’instruction détermine la portée de la
nullité sur la procédure ultérieure, qui suit l’acte annulé, en fonction du lien de
causalité entre l’acte irrégulier et ceux qui l’ont suivi. Et du coup si on arrive à
faire annuler la vérification d’identité qui a permis notre interpellation, on
récupère notre liberté.

La chambre de l’instruction qui est une juridiction d’instruction de second


degré contrôle l’exercice que le juge d’instruction a fait de ses pouvoirs, aussi
bien de ses pouvoirs d’enquêteur que de ses pouvoirs juridictionnels. La
plupart du temps le juge d’instruction agit tout seul mais possibilité de co-
saisine du juge d’instruction. Le contrôle des pouvoirs d’enquêteur couvre à la
fois les diligences, la rapidité, l’efficacité à faire ou à ordonner les mesures de
recherche des preuves. Le président de la chambre de l’instruction a des
pouvoirs propres. La chambre de l’instruction contrôle la régularité des actes
d’instruction, ils obéissent aux conditions légales puisque non seulement les
parties mais aussi le témoin assisté et le juge d’instruction lui-même peuvent
soulever la nullité de telle ou telle acte d’instruction devant la chambre de
l’instruction.

La chambre de l’instruction on peut soulever devant elle la nullité non


seulement des actes faits par le juge d’instruction mais aussi des actes faits
pendant l’enquête de police. En ce qui concerne les causes de nullité, peu
importe que la nullité soit expressément prévue, qu’il s’agisse d’une nullité
textuelle ou substantielle. En règle générale, la règle pas de nullité sans grief
s’applique aussi bien aux nullités textuelles que substantielles. Donc en
principe, celui qui invoque la nullité d’un acte d’instruction ou d’enquête doit
prouver que l’irrégularité lui a causé un préjudice. Il doit prouver que si l’acte
avait été régulier les choses se seraient passées autrement et mieux pour lui.
La jurisprudence a cette exigence de preuve d’un grief a posé deux
atténuations (un atténuation et une exception).

Atténuation : dans certains cas, la chambre criminelle admet que le grief est
présumé. En d’autres termes sa formule est « l’inobservation de la règle porte
nécessairement atteinte aux intérêts de celui qui l’invoque ».

Exception : la chambre criminelle considère que certaines règles sont d’ordre


public en ce qu’elles touchent la composition et l’organisation des juridictions.
Les parties privées peuvent demander la nullité, le ministère public aussi, le
témoin assisté aussi dans des délais strictes prévus au code. Les nullités de
l’enquête et celles de l’instruction qui précède la mise en examen, doivent être
invoquées dans les 6 mois qui suivent la mise en examen. Et ensuite, toutes
les causes de nullité qui précèdent l’interrogatoire ou l’audition, doivent être
invoquées dans les 6 mois qui suivent cet interrogatoire ou audition.

En ce qui concerne l’étendue de la nullité, l’acte irrégulier déclaré nul est retiré
du dossier, il ne fera plus partie de la discussion entre les parties et même
dans le cadre de son intime conviction, le juge ne doit pas fonder sa décision
dessus. La chambre de l’instruction décide quels actes suivant reposent ou
non sur l’acte irrégulier et la chambre de l’instruction décide d’annuler tous les
actes qui découlent, qui sont conditionnés par l’acte irrégulier mais seulement
ces actes là.

On suppose qu’on annule l’interrogatoire et le mis en examen a reconnu qu’il


avait déposé des objets volés dans tel appartement et à la suite de
l’interrogatoire a donné une commission rogatoire pour perquisitionner dans
l’appartement désigné. Si on annule l’interrogatoire, on annule en même
temps la perquisition dans l’appartement désigné.

II. Le contrôle des pouvoirs juridictionnels


Ordonnance prise en fin d’instruction sur la suite à donner aux poursuites
judiciaires, ce sont des ordonnances prises par le juge d’instruction en vertu
de ses pouvoirs juridictionnels. Comme toute décision judiciaire d’une certaine
importance, ces ordonnances peuvent faire l’objet d’un appel devant la
chambre de l’instruction.

A. Les cas d’appel

Le droit d’appel des ordonnances du juge d’instruction est différent selon les
parties, mais il appartient qu’aux parties. En d’autres termes, le témoin assisté
ne dispose pas de cette voie de recours. Le ministère public peut faire appel
de toute ordonnance du juge d’instruction et du JLD. Cet appel est fait soit par
le représentant de la république par une déclaration au greffe dans les 5 jours,
soit par le procureur général représentant du parquet au niveau de l’appel
dans les 10 jours.

Le mis en examen peut faire appel d’une très grande partie des ordonnances
rendu par le juge d’instruction ou par le JLD : celle sur la compétence du juge
d’instruction, celle sur la recevabilité de constitution partie civile, celle qui
refuse des actes sollicités par le mis en examen (il y a un filtrage par le
président de la chambre de l’instruction). Le mis en examen peut faire appel
de toutes les décisions rendues en matière de contrôle judiciaire, celle qui
ordonne le placement sous contrôle judiciaire, toutes les ordonnances de
placement, renouvellement de la détention provisoire ou de refus d’une mise
en liberté qu’il aurait sollicité et ça ce sont des ordonnances du JLD. Et puis
sur la décision de fin d’instruction, si c’est une ordonnance de non lieu, le mis
en examen ne va pas faire appel. Si en revanche c’est une ordonnance de
mise en accusation, c’est grave, le mis en examen peut faire appel de
l’ordonnance de mise en accusation, c'est-à-dire de renvoie devant la cour
d’assise. En ce qui concerne l’ordonnance de renvoie devant le TC, là c’est
moins grave, en principe il n’y pas d’appel possible, sauf dans un cas lorsque
le mis en examen conteste ce renvoie parce qu’il estime qu’il s’agit d’une
correctionnalisation judiciaire et refuse parce qu’il estime qu’il s’agit d’un
crime. Déclaration au greffe dans les 10 jours de la notification de la décision.

La partie civile peut faire appel de toute ordonnance qui nuit à ses intérêts,
c'est-à-dire qui empêche la constatation de l‘infraction, c'est-à-dire toute
ordonnance déclarant l’action civile irrecevable, toute ordonnance de refus
d’informer, ordonnance de non lieu, ordonnance de renvoie devant la chambre
correctionnelle si elle estime que c’est un crime. Tout ce qui concerne la
détention provisoire ou le contrôle judiciaire ne regarde pas la partie civile et là
il n’y a pas d’appel possible.

B. Les effets de l’appel

1) L’effet suspensif

En principe, l’ordonnance dont il est fait appel n’est pas appliquée tant que
l’appel n’est pas jugé par la chambre de l’instruction. En d’autres termes,
l’instruction peut continuer. Mais il y a une exception s’agissant des
ordonnances rendues en matière de liberté qu’elle a supprimé ou au contraire
qu’elle l’a rende, en principe elles n’ont pas d’effet suspensif ce qui signifie
que nonobstant l’appel, elles sont immédiatement applicable. C’est gênant
pour le mis en examen, et notamment au moment où il est placé en détention
provisoire. C’est pourquoi, on a prévu à son profit des possibilités que l’appel
soit jugé très rapidement, notamment le référé liberté.

On a un peu triché avec l’absence d’effet suspensif des décisions de remise


en liberté puisqu’on a donné la possibilité au ministère public de faire en
même temps un référé détention et le référé détention, son rôle va être de
maintenir la personne en détention pendant un bref délai en attendant une
décision du président de la chambre d’instruction ou de la chambre
d’instruction elle-même. En d’autres termes, le référé détention comporte un
bref effet suspensif de la décision de remise en liberté.

2) L’effet dévolutif

De quoi est saisie la chambre de l’instruction. Question de l’ordonnance dont il


est fait appel. En matière de liberté et de détention, l’appel est limité à
l’ordonnance dont il est fait appel. C’est un effet dévolutif simple.

En revanche, en ce qui concerne l’appel contre toutes les autres ordonnances,


toutes celles qui ne portent pas sur la détention, la chambre de l’instruction
peut s’intéresser non seulement à l’ordonnance dont il a été fait appel mais
aussi à cette occasion elle peut contrôler l’ensemble du dossier d’instruction
en examinant d’office la régularité des actes d’instruction, en décidant d’office
de mise en liberté ou de nouvelles mises en examen. C’est ce qu’on appelle
l’effet dévolutif élargie. C'est-à-dire que le rôle de la chambre de l’instruction
peut ne pas porter uniquement sur l’objet de l’appel, sur l’ordonnance dont il
est fait appel mais elle peut profiter de l’occasion pour contrôler le dossier de
l’instruction. Elle a un pouvoir de prendre directement en main la suite de
l’instruction.

C. La procédure devant la chambre de l’instruction

En principe, l’audience n’est pas publique. Mais le mis en examen peut dès
l’ouverture des débats demander la publicité, mais ca peut lui être refusé si la
publicité entrave la recherche, nuit aux tiers.

En ce qui concerne les majeurs, on a une autre exception en matière de


détention provisoire : la publicité est le principe.

Il y a aussi le débat pour irresponsabilité pour trouble mental : la date de


l’audience est notifiée aux parties, le dossier peut être consulté. En principe la
procédure est surtout écrite. Néanmoins, les avocats peuvent présenter des
observations orales sommaires et la chambre de l‘instruction peut ordonner la
comparution personnelle des parties, elle est même de droit s’il s’agit de
l’appel d’une ordonnance sur la liberté ou d’une ordonnance de non lieu
motivée par l’absence totale de discernement. L’arrêt doit être rendu dans les
10 jours s’il s’ait de détention, ou 15 jours pour les autres ordonnances. De la
même façon que les arrêts de jugement du second degré, les arrêts de
second degré d’instruction sont aussi susceptibles d’un pourvoi en cassation.

Attention : le 14 avril a été promulgué une loi du 14 avril 2011 réformant la


garde à vue. L’assemblée nationale n’a quasiment rien modifié par rapport au
texte qui avait été voté par le Sénat : ca ne change rien par rapport à ce que
la prof nous avait indiqué quant au projet.

Possibilité de prononcer la garde à vue : elle ne peut être prononcée qu’à


l’égard d’une personne soupçonnée d’un crime ou d’un délit. Pour qu’elle
puisse être prolongée en droit commun il faut que la peine du délit soit
supérieure à 1 an. Il faut des raisons déterminées, mais elles sont
d’appréciations subjectives. Cette garde à vue est à tout moment contrôlée
par le procureur qui doit voir si elle est toujours nécessaire et proportionnée à
la gravité des faits sur lesquels il y a soupçon.

Les deux points qu’il fallait absolument modifier car inconstitutionnel ou


inconventionnelle : la notification du droit au silence, elle est reprise a
minima (en dernier) : la personne est informée de son droit de se taire. Le
deuxième point essentiel est la défense et l’avocat : le principe dans la loi du
14 avril 2011 c’est que l’avocat est là dès le début, il y a toujours un entretient
de 30min, puis au bout de 24h. L’avocat peut demander à consulter les PV
d’audition et aussi le PV de notification des droits et d’examen médical. Et le
gardé à vue peut demander que l’avocat assiste aux auditions : les policiers
doivent attendre 2h avant de commencer l’audition, sauf décision motivée du
procureur. Concrètement si au bout de 2h l’avocat n’est pas là, ils peuvent
commencer l’audition. A la fin de chaque audition, l’avocat peut poser des
questions auxquelles le policier peut s’opposer si la question est de nature à
nuire au bon déroulement de l’enquête. Ce sont les règles générales. Il peut
néanmoins selon la loi il peut y avoir report de l’intervention de l’avocat. Il faut
distinguer le droit commun et la criminalité organisée puisque la possibilité de
report est plus étendue en matière de criminalité organisée. En ce qui
concerne le droit commun, la seule chose qui peut être reportée est la
présence des avocats aux auditions et la consultation des PV d’audition.
L’entretient a forcément lieu au début de la garde à vue, puis au bout de 24h.
Si le report est de 24h il doit être décidé par le procureur. S’il s’agit d’une
infraction grave, c'est-à-dire pour laquelle la peine encourue est au moins
égale à 5 ans, au-delà de ces 24h de report, le JLD peut décider du report de
la présence de l’avocat jusqu’à 48h. En matière de criminalité organisée, le
report peut porter non seulement sur la présence de l’avocat aux auditions
mais aussi sur l’entretien avec l’avocat. Dans le droit antérieur c’était
systématique. Ce report en matière de criminalité organisée de l’intervention
complète de l’avocat, entretien compris, ne peut être décidée que pour des
raisons impérieuses (affaires par affaire) tenant aux circonstances
particulières de l’enquête. C’est au cas par cas. C’est décidé pour 24h par le
procureur, pour 48h par le JLD, et pour 72h par le JLD en matière de
terrorisme et de trafic de stupéfiants. Mais ce n’est pas systématique pour
toutes les enquêtes portant sur ces affaires, ca ne peut être décidé que pour
des raisons particulières tenant à l’enquête.

La loi indiquait son entrée en vigueur le 1 er juin. Mais il y a eu un arrêt de


l’assemblée plénière de la cour de cassation du 15 avril. La validité d’une
garde à vue peut se poser devant les juridictions pénale, le plus souvent
lorsque des poursuites pénales ont suivies l’enquête. Mais la validité d’une
garde à vue peut aussi se poser devant une juridiction civile lorsque la suite
de la garde à vue a été une procédure tendant à la reconduite à la frontière.
L’assemblée plénière a dit que la décision de la CourEDH est d’application
immédiate. L’interprétation donnée par la CourEDH de l’article 6 veut qu’en
règle générale il y ait assistance d’un avocat dès le début de la garde à vue, et
pendant que le gardé à vue est entendu par la police. Ca fait tomber tout le
droit antérieur. Et l’assemblée plénière dit qu’il faut l’appliquer tout de suite cet
article 6.
Le gouvernement a dit que cette loi devait entrer en vigueur tout de suite :
n’importe quel avocat peut demander l’annulation des PV de garde à vue. Et
donc la loi du 14 avril s’applique tout de suite.

A partir de cette réforme on peut se demander qui a le pouvoir de dire et


d’écrire le droit ?

Chapitre 2 : le jugement

Section 1 : l’établissement d’une première décision

I. La procédure suivie devant les tribunaux correctionnels de


police ou de proximité
Ca veut dire la procédure suivie pour le jugement des délits et des
contraventions. En matière de contravention il y a des procédures plus rapides
et plus sommaires.

A. La procédure ordinaire de jugement des délits et dans certains cas des


contraventions

La saisine du TC ou du tribunal de police :

Ordonnance de renvoie devant le TC rendue par le juge d’instruction, voir


exceptionnellement s’il y a eu une instruction parce qu’on pensait que c’était
un délit mais c’est une contravention, ordonnance de renvoie devant le
tribunal de police.

La citation directe qui émane du procureur de la république ou de la victime. il


y a un délai minimum de 10 jours.

La convocation par PV.

La comparution immédiate.

La juridiction de jugement dans tous ces modes de saisines, est saisie in rem,
c'est-à-dire de tous les faits et uniquement des faits qui sont dans l’acte de
saisine, comme le juge d’instruction. Comme le juge d’instruction elle n’est pas
liée par la qualification. En revanche, contrairement au juge d’instruction, la
juridiction de jugement est saisie in personam, elle ne peut juger que la
personne qui est visée dans l’acte de saisine.

S’y ajoute deux modes de saisines plus rares :

Le premier mode de saisine est la saisine d’office : dans des cas


exceptionnels visés aux articles 675 à 678 du CPP, le TC ou le TP peut se
saisir lui-même sans réquisition du ministère public ou sans action de la partie
civile. C’est une exception à la règle de séparation des poursuites et de
jugement, et cette exception ne joue qu’en cas d’infraction commise à
l’audience du tribunal en cas de contravention commise devant le TP ou de
délit ou contravention commises devant le TC. Si l’infraction est plus grave, la
juridiction doit ordonner l’arrestation, la conduite devant le procureur et c’est
lui qui, si c’est un crime, saisira le juge d’instruction.

Le deuxième mode : la comparution volontaire qui permet de couvrir une


irrégularité de la citation ou de permettre, toujours si la personne est d’accord,
qu’à l’audience même le ministère public étende à d’autres faits ou à d’autres
personnes, alors que normalement il y a un délai de 10 entre les réquisition et
l’audience devant le tribunal. Il faut que les personnes soient là physiquement
et acceptent d’être jugée, mais c’est le ministère public qui le demande.

28.04.11

1. Le caractère des débats : publicité, oralités et contradictions.

La publicité des débats est un élément indispensable à la fois pour les droits
de la défense et pour l’intérêt général (juriste ou non il est normal que chaque
citoyen puisse se faire une idée des débats) des citoyens.

Publicité = admission du public et reproduction possible des débats


dans la presse. A l’heure actuelle, l’enregistrement des débats n’est pas
possible pour l’information immédiate, elle ne peut que être faite pour la
constitution d’archives. A ce principe, la loi interne , comme l’article 6 de la
CEDH prévoit des exceptions : le huit clos peut être décidé selon l’article 400
du CPP en cas de risque pour l’ordre, la sérénité des débats, la dignité de la
personne jugée ou les intérêts d’un tiers. Autres exceptions dans l’article 6 de
la CEDH.

En ce qui concerne l’oralité elle est imposée pour que les juges aient une
connaissance personnelle de la réalité humaine de l’affaire. Les parties, les
témoins, les experts sont tous entendus sous forme orale. Toujours les
experts peuvent consulter des notes. Les autorités peuvent autoriser
exceptionnellement un témoin de se procurer des documents.

En ce qui concerne le caractère contradictoire, les parties privées, les


avocats et le ministère public disputent des preuves sur un pied d’égalité et
sous le contrôle du Président du tribunal. La preuve devient plus accusatoire.
A ce stade, la personne poursuivie s’appelle le prévenu. Le mis en examen
est le défendeur à l’instruction. Le défendeur devant la Cour d’assise est
l’accusé. Elles en disputent oralement.

La présence physique lors des débats est essentielle. La partie civile est
déjà victime: le législateur a décidé que la victime partie civile pouvait toujours
se faire présenter. Le prévenu a l’obligation de comparaître. Mais ce principe
est atténué par des exceptions. Devant le Tribunal de police ou de proximité
(matière de police), si le prévenu n’encourt une peine d’amende, le prévenu
peut se faire représenter (article 544 CPP). En toute matière, si le prévenu ne
peut pas comparaître en raison de son état de santé, le tribunal peut décider
soit de reporter l’audience, soit de faire procéder à l’audition du prévenu à son
domicile (article 416 du CPP). En outre, le prévenu peut demander par simple
lettre adressée au Prés du tribunal à être jugé en son absence présenté par
son avocat. Le Prés peut accepter ou refuser.

Si le jour de l’audience, le prévenu n’est pas là sans avoir donné de signe de


vie : il est en tort normalement, mais seulement si on est sûr qu’il a eu la
convocation. (Pas de problème, s’il l’a eu en main, en revanche si c’est le
huissier et que celui-ci n’a pas pu lui donner la citation etc.) Si le prévenu n’est
pas là, il sera jugé en son absence.

2 Questions :

1) est-ce que, si un avocat est là, l’avocat doit-il être entendu ? L’avocat
qui se présente à l’audience doit toujours être entendu.
2) Est-ce qu’après coup le prévenu absent sans excuse par avance
peut faire un recours contre le jugement rendu? Oui si l’absence, est de
sa faute. Et non si c’est de sa faute. Le recours est l’opposition.
Opposition = c’est une voie de rétractation. On va demander au tribunal
d’annuler le jugement rendu en l’absence de la personne et de juger à
nouveau.

Il faut qu’il invoque soit une excuse reconnue valable par le Prés du tribunal
(un événement de dernière minute qui a empêché de venir), soit qu’il n’est pas
établi que la personne a une connaissance de la citation (si on lui l’a remis à
main propre, ca ne marche pas).

Reste que l’assistance de l’avocat n’est pas obligatoire devant le tribunal


correctionnel. Néanmoins, il y a une utilité de l’avocat qui existe à l’instruction
et qui n’existe plus au stade du jugement : comme l’instruction est secrète,
seulement l’avocat a connaissance du dossier de l’instruction et il peut ou
même doit en parler à son client sous réserves de certaines exceptions.
Comme la procédure de jugement est publique au stade du jugement, le
prévenu qui n’a pas d’avocat peut se faire communiquer le dossier.

2. La conduite des débats

Les règles précises sont aux articles 381 à 395 pour les débats devant le
Tribunal correctionnel et 521 à 549 en matière de contravention (devant le
juge de police ou de proximité).

Il y a 3 phases :

- on vérifie que tout est au point : on appelle tout le monde, vérifie l’identité du
prévenu, on lui désigne éventuellement un interprète qui doit prêter serment.

- administration de la preuve : tous les éléments de preuve. Le président


interroge le prévenu pour avoir sa vision. Puis les témoins sont entendus
successivement et séparément et sous serment. Ensuite les experts. C’est
pendant la discussion.
- discussion des arguments des parties. Uniquement dans cette phase, la
défense à la parole en dernier. On entend donc d’abord la partie civile, puis le
ministère public (les demandeurs) et ensuite et en dernier le prévenu et son
avocat. Les répliques sont permises, sauf que le prévenu et son avocat
doivent toujours avoir la parole en dernier.

La délibération : le principe est que la délibération est secrète, même hors de


la présence du ministère public et aussi du greffier. Mais il y a des exceptions,
surtout lorsqu’il y a délibéré immédiat dans la salle d’audience.

Mais dispositions exceptionnelles en matière de délibération et faite pour le


bien être des victimes et spécialement celles des accidents de voiture.
Lorsque le tribunal décide d’une relaxe , logiquement il n’y a pas de faute
pénale, la victime doit donc recommencer tout un procès devant les
juridictions civiles pour prouver la faute. Pour éviter cela, en cas de relaxe
pour infraction non intentionnelle, le tribunal répressif peut accorder des D&I à
la partie civile sur un fondement purement civil.

Le prononcé : le jugement est prononcé tout de suite ou ultérieurement, il est


toujours lu en public, même si c’est plus tard. Même si les débats son rendus
en huit clos. Seulement après le prononcé, le jugement est rédigé.

II) les procédures sommaires en matière de contravention et même en cas de


délits de circulation de la route et au code des transports

Pour les contraventions d’une certaine importance ou les délits cités, le


parquet peut décider de procéder par la voir d’ordonnance pénale. Pour les
plus petites contraventions au code de la route ou en matière de transport, le
principe est de passer par un système d’amende ou d’indemnité forfaitaire
dans lequel si le prévenu ne conteste pas, il est condamné sans jugement.

Un juge aura pris une décision en l’absence de débats. Il conserve en théorie


un pouvoir d’appréciation. Un juge saisi par le procureur statue sans débat par
une ordonnance motivée qui prononce soit la relaxe, soit une amende.

Le MP peut faire opposition dans les 10 jours. Le prévenu dispose d’un délai
de 30 jours soit pour payer, soit pour faire opposition à l’exécution de
l’ordonnance. Si le prévenu paie, c’est bon. S’il conteste, systématiquement
l’affaire passera à l’audience. * Même si en théorie on peut être relaxé ou être
condamné à payer moins, il faut avoir un bon sens d’arguments très forts.

C’est en quelque sorte au choix du MP, qui peut soit choisir la voie normale,
soit la voie plus simple de l’ordonnance pénale (sans débat).

à toujours droit d’imposer un débat contradictoire ! En pratique, si on n’a pas


d’arguments importants on se trouve avec au moins la même somme et des
frais de justice.

B) L’amende et l’indemnité forfaitaire


L’IF est le même système que l’amende : en matière de contravention des 4
premières classes. L’IF est la procédé normalement applicable pour les petites
contraventions au code de la route.

1re phase de la procédure : l’agent verbalisateur propose le paiement d’une


certaine somme.

Ensuite, on a un temps de réflexion pour payer ou contester en principe de 45


jours. S’il paie, l’action publique est éteinte.

Si le prévenu conteste, il peut ne pas payer sans contester. Si le contrevenant


ne paie pas, l’amende est majorée par le trésor public, le MP rend donc un
titre de condamnation exécutoire. C’est énorme. Le législateur a prévu que
même dans ce cas là, on peut encore contester pendant 30 jours.

(Ch.Crim 7 avril 2009 : la contestation ne doit provenir que du contrevenant lui


même et pas de la mère.)

En cas de contestation quelconque (soit après le titre exécutoire, soit après le


temps de réflexion) : le MP a le choix. Si on conteste à n’importe quel des 2
moments, le MP peut renoncer aux poursuites ou il peut les exercer selon la
procédure de droit pénal ou de droit commun. Si le tribunal condamne,
l’amende est obligatoirement d’un montant supérieur à l’amende originaire.
Arrêt CEDH 7 mars 2006 qui a condamné la France pour une pratique du MP
qui saisit d’une contestation l’avait rejeté et a mis quand même la
contravention en recouvrement forcé. Cela ne va pas. La France est
condamné pour une PRATIQUE ET PAS UNE LOI.

§2 La procédure suivie devant la Cour d’assise

Elle est beaucoup plus formaliste, voilà pourquoi il faut l’étudier à part.

Il y a toute une procédure antérieure à l’audience pour vérifier que l’affaire est
en état pour la juger. Chaque partie connaît la liste des témoins. Phase
relativement importante, parce qu’une fois les débats commencés ils ne
pourront pas être interrompus.

En ce qui concerne l’audience elle-même, le Président a un pouvoir


discrétionnaire pour assurer les débats en respectant sa neutralité et le
contradictoire. Sauf le temps de repos, les débats se poursuivront en continue.
Il n’y a que des suspensions pour les temps de repos. Il y a des débats oraux
et publics, l’accusé a toujours la parole en dernier et ensuite le Président
déclare les débats terminés. Les débats d’une cour d’assise conduisent à des
questions. En ce qui concerne les délibérés, intime conviction. Il y aune règle
de minorité de faveurs. Pour répondre oui à une question de culpabilité ou
pour condamner un accusé au maximum de l’emprisonnement, il doit y a avoir
en ce sens une majorité qualifiée. En d’autres termes, l’accusé ne sera
déclaré coupable, que s’il y a 8 voix sur les 12 (qui composent la cour
d’assise, 3 magistrats et 9 jurés).

Les arrêts de cour d’assise ne sont pas motivés. C’est la réponse aux
différentes questions. Il y a absence de motifs.

La CourEDH a commencé à dire que l’absence de motif n’était admissible que


si les questions posées étaient si nombreuses qu’elles expliquaient la
décision. Plusieurs affaires. La Belgique a le même système : arrêt de la
grande chambre du 16 novembre 2010. La CourEDH a dit qu’elle admettait
qu’un arrêt d’assises puisse ne contenir que les réponses aux questions à
condition que le justiciable en les lisant soit en mesure de comprendre les
raisons de sa condamnation. En l’occurrence, elle a condamné la Belgique.

En janvier 2010, la chambre criminelle s’est résolue à transmettre la question


prioritaire de constitutionnalité au CC. Le CC a rendu sa décision le 1 er avril
2010.Il a admis que l’absence de motivation des arrêts de cour d’assise n’était
pas inconstitutionnelle du moment où il y avait dans la procédure d’assise des
garanties propres à exclure l’arbitraire, aussi bien dans le déroulement des
débats que dans les modalités de la délibération.

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