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Fiche à jour au 19 juin 2010

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Diplôme : Licence, 4ème semestre

Matière : Droit pénal général

Web-tuteur : Carine COPAIN

SEEAANNCCEE NN°5 : LLAA CCO


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I.  LES CONDITIONS DE LA COMPLICITE ............................................. 3 


Article 121-7 du Code pénal .............................................................................................. 3 
A.  LE FAIT PRINCIPAL DOIT ETRE PUNISSABLE ________________________________ 3 
Crim., 25 juin 1998 ............................................................................................................ 3 
Crim., 19 mars 1998........................................................................................................... 4 
B.  UN ACTE MATERIEL DE COMPLICITE ______________________________________ 6 
Crim., 4 mai 2000............................................................................................................... 6 
Crim., 20 janvier 1992 ....................................................................................................... 8 
Crim., 17 février 1988 ........................................................................................................ 9 
Crim.,15 décembre 2004 .................................................................................................. 10 
C.LE CARACTERE INTENTIONNEL DE LA PARTICIPATION DU COMPLICE _____________ 11 
Crim., 19 juin 2001 .......................................................................................................... 11 

Année universitaire 2004-2005


Crim., 6 juin 2000 ............................................................................................................ 13 

II.  LA REPRESSION DE LA COMPLICITE .......................................... 14 


A.  LE PRINCIPE : LE COMPLICE EST PUNI COMME « AUTEUR DE
L’INFRACTION » _________________________________________________________ 14 

B.  L’APPLICATION DU NOUVEAU PRINCIPE __________________________________ 15 


Crim., 2 mai 2001............................................................................................................. 15 
I. Les conditions de la complicité

Article 121-7 du Code pénal


Est complice d’un crime ou d’un délit la personne qui sciemment, par aide
ou assistance, en a facilité la préparation ou la consommation.
Est également complice la personne qui par don, promesse, menace, ordre,
abus d’autorité ou de pouvoir aura provoqué à une infraction ou donné des
instructions pour la commettre.

A. Le fait principal doit être punissable

Le fait principal doit être érigé par la loi ou le règlement en infraction.


S’il apparaît que les faits commis à titre principal ne constituent pas une
infraction pénale, celui qui s’est associé à ces faits n’est pas punissable.

Crim., 25 juin 1998


Sur le premier moyen de cassation, pris de la violation des articles 392, 428-
1, 414 du Code des douanes, de l'article 98-1 modifié de la loi n 89-935 du
29 décembre 1989, de l'article 23 de la loi n 90-614 du 12 juillet 1990, de
l'article 60 du Code pénal et de l'article 593 du Code de procédure pénale ;
"en ce que l'arrêt déclare Mohamed Djemal coupable de complicité de
manquement à l'obligation de déclaration de devises, le condamne à la peine
d'un an d'emprisonnement avec sursis, à une amende de 101 500 francs et
prononce la confiscation des 60 000 DM en sa possession ;
"aux motifs qu'à l'occasion d'un contrôle effectué le 23 septembre 1992 sur le
territoire français au cours duquel il a été constaté que Mohamed Djemal
était en possession de 30 000 DM, ce dernier a admis que ces devises lui
avaient été remises "à Orly le 20 septembre 1992 par un nommé Kacène
Hadj, demeurant à Cologne (Allemagne) qui n'avait pas fait de déclaration
d'importation" et déclarait être chargé de passer les "commandes" sur
instructions de son père, sans qu'il soit prévu qu'il signe aucun document ou
qu'il se fasse remettre des documents attestant les règlements intervenus ;
qu'il résulte des propres aveux du prévenu que Kacène Hadj n'avait pas fait
de déclaration d'importation ; […]
Vu les articles 6 de la directive 88/361 CE du 24 juin 1988 et 464 du Code
des douanes ;
Attendu qu'il résulte des dispositions combinées des articles 6.5 de la
directive 88/361 CE du 24 juin 1988 relative à la libre circulation des
capitaux et 464 du Code des douanes pris en application de cette directive
pour prévenir l'évasion fiscale du territoire national, que l'obligation de
déclaration prévue par ce dernier texte et mise à la charge des personnes
physiques, qui transfèrent des sommes titres ou valeurs sans l'intermédiaire
d'un établissement financier à destination ou en provenance de l'étranger,
lorsque ces transferts excèdent la somme de 50 000 francs, ne s'impose
qu'aux seuls résidents français ;
Attendu qu'il appert de l'arrêt attaqué que Mohamed Djemal a été trouvé sur
le territoire national en possession d'une somme de 60000 DM qu'il a déclaré
lui avoir été remise à l'aéroport d'Orly par un ressortissant allemand, Kacène
Hadj, demeurant à Cologne (RFA), qui n'avait pas souscrit la déclaration de
transfert prévue par l'article 464 du Code des douanes ; qu'il a été poursuivi
et condamné sur le fondement des articles 398, 464 et 465 dudit Code en tant
que complice du défaut de déclaration de transfert de capitaux imputable à
titre principal au nommé Kacène Hadj ;
Mais attendu qu'en prononçant ainsi, alors que, faute d'être résident français,
l'auteur supposé des faits ne pouvait se voir reprocher un défaut de
déclaration de transfert de capitaux qui constituait une obligation à laquelle il
n'était pas soumis, et qu'en l'absence de fait principal punissable, Djemal
Mohamed ne peut être retenu comme complice dudit manquement, la
cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision ;
D'où il suit que la cassation est encourue ; Par ces motifs,
CASSE et ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrêt de la cour d'appel
d'Amiens en date du 18 octobre 1996 ;

La complicité est toujours punissable en cas de crime ou délit.


S’agissant des contraventions, la complicité par instigation est toujours
punissable et la complicité par aide ou assistance n’est punissable que si
le texte d’incrimination le précise.
Le fait principal doit avoir été commis ou tenté :

Crim., 19 mars 1998


Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation des articles 121-3,
alinéa 1, 121-4, 121-5,121-7, 221-1 et 221-3 du Code pénal, 591 et 593 du
Code de procédure pénale, défaut de motifs, manque de base légale ;
"en ce que l'arrêt attaqué a renvoyé Michaël X... devant la cour d'assises des
mineurs sous l'accusation de s'être rendu complice de la tentative d'assassinat
commise par Mickaël Z... sur la personne de Nelly Y... en en facilitant
sciemment la préparation ou la consommation, en l'espèce en fournissant le
couteau ayant servi à l'action ;
"aux motifs que Mickaël Z... avait demandé à Michaël X... si son couteau de
pâtisserie était bien aiguisé et s'il pouvait le lui prêter;
qu'il lui avait dit vouloir tuer Mélanie;
que Michaël X... lui avait prêté le couteau en disant de ne pas faire cela
devant lui;
que Mickaël Z... avait mis le manche du couteau dans la poche arrière gauche
de son jean, la lame en dépassait;
que de 14 heures 30 à 15 heures 00, il était resté dans le bureau de Mélanie
qui l'avait convoqué;
qu'il était allé voir ensuite Michaël X... en lui disant devoir commencer par
Nelly car il avait besoin de linge propre pour partir;
que Michaël X... lui avait répondu "d'accord mais ne fais pas cela devant
moi";
que vers 15 heures 35, se trouvant dans sa chambre, il apercevait par la porte
ouverte Nelly se rendant dans la chambre des petits;
qu'il se mettait à la porte, la voyant ainsi passer l'aspirateur ;
qu'il sortait le couteau de sa poche, prenait le manche dans sa main droite,
s'approchait d'elle et la poignardait dans le dos avec élan;
que par mémoire régulièrement déposé, l'avocat de Michaël X... demande à
la Cour de dire n'y avoir lieu à poursuites pour complicité de tentative
d'assassinat à l'encontre de son client et prononcer un non-lieu de ce chef en
l'absence d'élément intentionnel concernant ce crime;
qu'il ressort de l'information que Michaël X... a prêté son couteau à Mickaël
Z... bien qu'informé à plusieurs reprises et de manière non équivoque,
par ce dernier, du projet criminel auquel il devait servir et à la
préparation duquel il a concouru;
qu'il s'est ainsi bien rendu complice du crime d'assassinat reproché à Mickaël
Z... ;
"alors que l'intention coupable chez le complice consiste en la conscience
que celui-ci, au moment où il apporte son aide ou son assistance, de
s'associer à une infraction;
que dans son mémoire régulièrement déposé, Michaël X... faisait valoir que
l'élément intentionnel de la complicité faisait défaut;
qu'en effet, il n'avait cru Mickaël Z... capable de mettre son projet criminel à
exécution puisque ce dernier avait l'habitude de menacer d'attenter aux jours
d'autrui sans jamais passer à l'acte et qu'en ne s'expliquant pas sur la
conscience qu'avait le demandeur de s'associer au projet criminel de l'auteur
principal, l'arrêt attaqué a privé sa décision de base légale" ;
Attendu que, pour renvoyer Michaël X... devant la cour d'assises des mineurs
sous l'accusation de complicité de tentative d'assassinat, l'arrêt attaqué
énonce que Mickaël Z..., ayant emprunté à Michaël X... un couteau, lui aurait
dit vouloir tuer une éducatrice et une femme de ménage du foyer dans lequel
ils étaient, tous deux, hébergés ;
qu'à l'annonce de ce projet criminel, Michaël X... aurait demandé à son
camarade "de ne pas faire cela devant lui" ;
Attendu qu'en l'état de ces énonciations, l'arrêt attaqué a suffisamment
caractérisé au regard des articles 121-4, 121-5, 121-6, 121-7 et 221-3 du
Code pénal, les circonstances dans lesquelles, à supposer les faits établis,
Michaël X... se serait rendu coupable de complicité de tentative d'assassinat ;
Qu'en effet, les chambres d'accusation, en statuant sur les charges de
culpabilité, apprécient souverainement au point de vue des faits tous les
éléments constitutifs des crimes et des circonstances qui les aggravent et
que la Cour de Cassation n'a d'autre pouvoir que de vérifier si la qualification
qu'elles ont retenue justifie le renvoi devant la juridiction de jugement à
laquelle il appartient de se prononcer sur les faits, objet de l'accusation ;
Que tel étant le cas en l'espèce, le moyen ne peut qu'être écarté ;
Et attendu que la chambre d'accusation était compétente, qu'il en est de
même de la cour d'assises devant laquelle le demandeur a été renvoyé;
que la procédure est régulière et que les faits, objet de l'accusation principale,
sont qualifiés crime par la loi ;
REJETTE le pourvoi ;

En revanche, il n’est pas nécessaire que l’auteur du fait principal soit


effectivement puni pour que le complice soit poursuivi. Voir Crim., 8
janvier 2003, Bull. crim. n°5.
B. Un acte matériel de complicité
1) les actes de complicité

L’acte matériel de complicité doit nécessairement prendre l’une des deux


formes de participation à l’infraction mentionnées à l’article 121-7 du
Code pénal :
- la complicité par aide ou assistance :
Elle doit, soit intervenir avant ou pendant la commission de l’infraction,
soit, si elle est postérieure à la réalisation de l’infraction, résulter d’une
promesse ou d’un accord antérieur.
Crim., 4 mai 2000
Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation des articles 111-4, 121-
7, 434-27 et 434-29.3° du Code pénal, 591 et 593 du Code de procédure
pénale, défaut et contradiction de motifs, manque de base légale :
" en ce que l'arrêt attaqué a déclaré Djaffar Benhamed coupable de
complicité d'évasion ;
" aux motifs qu'en l'espèce, il n'existe pas de preuve certaine que Djaffar
Benhamed ait, antérieurement à la date où Hamedi Soulimane devait
réintégrer la prison, ou le jour même, facilité la préparation ou la
consommation du délit d'évasion commis par ce dernier ; que Djaffar
Benhamed ne peut donc en être déclaré complice, à raison de circonstances
postérieures à cette date, que s'il s'agit d'un délit continu ; qu'il est constant
que le délit d'évasion stricto sensu prévu par l'article 434-27 du Code pénal
est un délit instantané qui se trouve consommé à l'instant même où un détenu
se soustrait à la garde à laquelle il est soumis ; que cette analyse s'infère
d'ailleurs nécessairement des termes mêmes de l'incrimination en ce sens
que, dès son évasion, la personne évadée n'est précisément plus soumise à la
garde de quiconque, de sorte qu'elle ne peut avoir la volonté réitérée ou
continue de commettre l'infraction, l'un des éléments matériels de
l'incrimination (le fait d'être soumis à la garde de quelqu'un) ayant
définitivement disparu du fait même de la commission de l'infraction qui
revêt ainsi un caractère instantané ; que le délit d'évasion par assimilation, tel
qu'il est prévue par l'article 434-29.3°, ne constitue pas une sous-catégorie du
délit d'évasion stricto sensu prévu et réprimé par l'article 434-27 du Code
pénal mais un délit distinct constitué d'un élément matériel différent, peu
important qu'il soit puni des mêmes peines que le délit "principal" auquel il
emprunte sa qualification d'"évasion" ; que la qualification de délit continu
suppose que l'un et l'autre des éléments matériel et intellectuel de l'infraction
continuent d'exister au moment où l'on se situe pour apprécier si l'infraction
continue de se commettre ; qu'en matière d'évasion par assimilation telle que
prévu par l'article 434-29.3°, du Code pénal, l'élément matériel est constitué
par l'abstention, de la part d'un détenu permissionnaire, de réintégrer
l'établissement pénitentiaire nonobstant l'obligation qui est la sienne de le
faire ; que cette obligation de réintégrer l'établissement pénitentiaire trouve
sa source dans le caractère limité dans le temps de la permission de sortir et
que si elle naît à l'instant même où cesse la mesure dont le détenu est
bénéficiaire, elle ne cesse pas pour autant d'exister dès cet instant, mais
demeure au contraire tant que la peine n'est pas prescrite ; que l'expression "à
l'issue de" (une mesure de permission de sortir) n'a pas d'autre sens que de
traduire cette réalité et ne doit pas être interprétée comme impliquant une
commission instantanée de l'infraction ; d'ailleurs, que le seul moyen pour le
législateur d'exprimer sans ambiguïté le caractère instantané de l'infraction
eût été de substituer à l'expression "à l'issue de" celle de "avant l'expiration
de" ; qu'au regard de l'élément intellectuel de l'infraction, force est de
constater que l'intention coupable se perpétue tant que le permissionnaire ne
réintègre pas l'établissement pénitentiaire, jusqu'à la prescription de la peine
lui restant à purger, et qu'il peut aisément mettre fin à l'infraction en se
présentant, fût-ce avec retard, à la prison ; qu'à cet égard, il importe peu que,
d'un point de vue subjectif, le détenu ait pu, dès avant l'issue de la mesure de
permission de sortir, résolu irrévocablement de ne pas réintégrer
l'établissement pénitentiaire, l'intention coupable devant être appréciée in
abstracto ;
qu'en définitive le délit dont il s'agit n'est bien constitué qu'à l'expiration de la
permission de sortir mais qu'il se continue au-delà de cette expiration, ce
qu'exprime clairement l'expression "à l'issue de la mesure de permission de
sortir" ;
" alors que, pour être punissable, l'acte de complicité doit être antérieur ou
concomitant à la commission de l'infraction principale et que, dès lors, l'arrêt
attaqué ne pouvait, sans méconnaître ce principe, entrer en voie de
condamnation à l'encontre de Djaffar Benhamed du chef de complicité
d'évasion après avoir expressément constaté qu'il n'existait à son encontre
aucune preuve qu'il ait facilité la préparation ou la consommation du délit
d'évasion commis par l'auteur principal " ;
Vu les articles 121-7 et 434-29.3°, du Code pénal Attendu que, le délit
d'évasion, prévu par le dernier de ces textes, étant un délit instantané,
entièrement consommé à la date même où le condamné n'a pas réintégré
l'établissement pénitentiaire, à l'issue d'une permission de sortir,
l'intervention d'un tiers, postérieurement à cette date, aux fins d'aider l'auteur
principal dans sa fuite, ne saurait constituer un acte de complicité punissable,
en l'absence d'un accord antérieur à l'infraction ;
Attendu que, pour déclarer Djaffar Benhamed coupable de complicité
d'évasion " à raison de circonstances postérieures " à la date à laquelle
Hamedi Soulimane, bénéficiaire d'une permission de sortir, aurait dû
regagner l'établissement pénitentiaire, la cour d'appel énonce que,
contrairement au délit d'évasion stricto sensu, le délit d'évasion par
assimilation, prévu par l'article 434-29.3°, du Code pénal, est un délit continu
" constitué... à l'expiration de la permission de sortir " mais qui " se poursuit
au-delà de cette expiration... " ;
Mais attendu qu'en prononçant ainsi, la cour d'appel a méconnu les textes
susvisés et le principe ci-dessus rappelé ;
D'où il suit que la cassation est encourue ; qu'elle aura lieu sans renvoi, la
Cour de Cassation étant en mesure d'appliquer directement la règle de droit
ainsi que le permet l'article L. 131-5 du Code de l'organisation judiciaire, et
de mettre fin au litige, dès lors que les faits reprochés au prévenu, tels qu'ils
ont été souverainement constatés et appréciés par les juges du fond, ne sont
pas susceptibles de qualification pénale ;
Par ces motifs : CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrêt
susvisé de la cour d'appel de Rouen, en date du 27 septembre 1999 ;

- la complicité par instigation :


Le complice par instigation est celui qui provoque à commettre une
infraction par don, promesse, menace, ordre, abus d’autorité ou de
pouvoir ou donne des instructions pour la commettre. Voir Crim., 18
mars 2003, Bull. crim. n°70.
2) les caractères des actes de complicité

En principe, la complicité doit consister en un comportement actif


(Crim., 21 juin 1948, Bull. crim., n°242).
Toutefois, la complicité par abstention est parfois punissable quand il
résulte des faits que la passivité a eu un rôle déterminant dans la
commission de l’infraction. Il en a par exemple été jugé ainsi lorsque :

• l’individu a apporté un encouragement moral


Crim., 20 janvier 1992
Sur le moyen unique de cassation proposé par Meynet et pris de la violation
des articles 59, 60, 405 du Code pénal, 593 du Code de procédure pénale ;
Sur les moyens de cassation proposés par Scherrer et pris de la violation des
articles 59, 60, 405 du Code pénal, 593 du Code de procédure pénale ; Les
moyens étant réunis ; Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué que Meynet et
Scherrer sont poursuivis pour avoir participé à une escroquerie d'une somme
de 2 700 000 francs commise, par des coprévenus non demandeurs au
pourvoi, au préjudice du Crédit Agricole, sous le couvert d'une opération de
change ; Attendu que, pour retenir la culpabilité des deux prévenus, la cour
d'appel énonce, d'une part, que Meynet a accepté de participer activement à
des tractations en vue d'une opération de change en sachant qu'elles devaient
aboutir à la remise d'une somme convenue en francs français sans aucune
contrepartie et, d'autre part, que Scherrer avait participé également en pleine
connaissance de cause à ces mêmes tractations en qualité d'interprète ;
Attendu que ces énonciations mettent la Cour de Cassation en mesure de
s'assurer que la cour d'appel a caractérisé sans insuffisance, en tous ses
éléments constitutifs, tant matériels qu'intentionnel, la complicité
d'escroquerie dont elle a déclaré les prévenus respectivement coupables ; d
D'où il suit que les moyens doivent être écartés ; Sur le second moyen de
cassation proposé par le Crédit Agricole et pris de la violation des articles
405 du Code pénal, 485 et 593 du Code de procédure pénale, défaut de
motifs et manque de base légale ; "en ce que l'arrêt attaqué a renvoyé
Gaétano Calabresse des fins de la poursuite ; "aux motifs que "dès son
premier interrogatoire il a fourni des explications cohérentes, circonstanciées,
comblant les silences de Duriez sur les évènements ayant précédé celui du 20
juin, permettant ainsi de mettre en évidence le mensonge de Duriez lorsque
celui-ci affirmait avoir été victime d'un vol à main armée ; ""Sa culpabilité,
pour être retenue, suppose établi qu'il ait eu connaissance de la fausse
entreprise par ceux qui s'étaient directement ou indirectement adressés à lui ;
""Or, s'il est constant qu'il a participé à l'opération, aucun élément de preuve
ne permet de mettre en échec avec suffisamment de certitude ses affirmations
selon lesquelles son rôle s'est limité, moyennant commission promise par
Duriez, à servir d'intermédiaire pour une opération de change acceptée par ce
dernier ; ""Il échet, faute de preuves suffisantes de le renvoyer des fins de la
poursuite" ; "alors que la Cour, qui constatait par ailleurs que l'opération de
change proprement dite ne justififait ni mise en scène, ni intermédiaire, ni
même interprète, ne pouvait, sans insuffisance voire contradiction de motifs,
se borner à décider que s'il est constant que Calabresse a participé à
l'opération, aucun élément de preuve ne permet de mettre en échec avec
suffisamment de certitude ses affirmations selon lesquelles son rôle se serait
limité, moyennant commission promise par Duriez, à servir d'intermédiaire
pour une opération de change acceptée par ce dernier" ; Attendu que les
énonciations de l'arrêt attaqué, reproduites au moyen, mettent la Cour de
Cassation en mesure de s'assurer que la cour d'appel, après avoir constaté que
le rôle de Calabresse s'était borné à mettre en relation le directeur de
l'agence du Crédit Agricole dont il était le client avec des Italiens désireux de
procéder à une opération de change, a analysé sans insuffisance l'ensemble
des éléments dont elle a déduit la conviction que la preuve de la complicité
d'escroquerie n'était pas rapportée à l'encontre du prévenu ; Que le moyen,
qui se borne à remettre en discussion les faits et circonstances de la cause
soumis au débat contradictoire et souverainement appréciés par les juges du
fond, ne saurait être admis ;
REJETTE les pourvois.

• En raison de sa profession ou de sa fonction, l’individu avait le


pouvoir et le devoir d’agir :
Crim., 17 février 1988
Sur le moyen de cassation, pris de la violation de l'article R. 34, 8°, du Code
pénal ;
Attendu que selon les dispositions de l'article R. 34, 8°, du Code pénal
doivent être considérés comme coupables de bruits, tapages ou
attroupements injurieux ou nocturnes troublant la tranquillité des habitants,
non seulement ceux qui prennent une part active aux bruits ou tapages
nocturnes ou injurieux, mais encore tous ceux qui, par leur présence ou leur
fait, ont favorisé ou facilité la commission de cette contravention ;
Que le débitant de boissons qui laisse se perpétrer dans son établissement la
contravention de bruits ou tapages nocturnes doit être considéré comme
complice de cette infraction ;
Attendu qu'il appert du jugement attaqué que, le 11 mai 1985 à 1 heure 40,
sur appel d'un habitant de Tourcoing, des policiers du commissariat local se
sont rendus dans le débit de boissons tenu par Omar Lahrir, et qu'ils ont
constaté qu'on entendait des " éclats de voix importants " provenant de la
porte ouverte de l'établissement où se trouvaient une trentaine de
consommateurs ;
Attendu que pour relaxer le prévenu des fins de la poursuite, la décision
critiquée énonce que s'il y a bien eu tapage nocturne, il n'est pas démontré
que celui-ci est imputable à Lahrir personnellement, le bruit provenant
d'éclats de voix et non d'appareil à musique, " le tenancier n'était pas tenu
d'une responsabilité pénale pour l'ensemble de sa clientèle " ;
Mais attendu qu'en l'état de ces motifs, le tribunal de police a méconnu le
sens et la portée du texte susvisé ;
D'où il suit que la cassation est encourue ; Par ces motifs :
CASSE ET ANNULE le jugement du tribunal de police de Tourcoing en
date du 6 novembre 1986,
Parfois même la jurisprudence va assimiler une simple abstention à un
acte positif, dès lors que par son abstention la personne a favorisé la
réalisation de l’infraction. Voir Crim., 25 février 2004, Bull. crim. n°53.

•→ L’acte de complicité peut être direct mais également, depuis un arrêt


de la chambre criminelle en date du 15 décembre 2004, indirect.
Autrement dit, la complicité de complicité est pénalement répréhensible :
Crim.,15 décembre 2004
Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation des articles 121-7, 132-24 du
Code pénal, 593 du Code de procédure pénale, 6 de la Convention européenne des
libertés et des droits de l'homme ; "en ce que l'arrêt attaqué a déclaré Jean-Luc X...
coupable de complicité d'escroquerie et condamné à la peine de 6 mois
d'emprisonnement avec sursis et à des dommages-intérêts envers les Assurances
Générales de France ;

"aux motifs que Roger Y..., qui était au chômage au moment des faits depuis un an
environ, a reconnu sa participation dans cette escroquerie, son rôle consistant à
récupérer les espèces rétrocédées par les "prête-noms" ainsi que le bordereau
d'accompagnement signé par eux, et à remettre le tout à Jacques Z... ; qu'il percevait
une commission de 1 000 à 1 500 francs par mois ; qu'il indiquait au magistrat
instructeur avoir ainsi reçu plusieurs millions de centimes ; que l'enquête établissait
qu'il avait démarché des personnes telles que Jean-Luc X... qui lui-même avait servi
d'intermédiaire à d'autres prête-noms ; qu'ainsi, Jean-Luc X... reconnaissait avoir
encaissé un chèque sur son compte bancaire et avoir démarché une dizaine de
personnes ayant elles-mêmes contacté des amis soit au total 20 ou 25 "clients" prêts
à encaisser des chèques de "la Camat" ; qu'il recrutait les personnes parmi sa
clientèle ; que Jean-Luc X... , sans emploi depuis deux ans et touchant le RMI,
récupérait auprès des clients de son réseau les espèces ainsi que le bordereau
d'accompagnement qu'il remettait à Roger Y..., il ne connaissait pas Jacques Z... ;
qu'ainsi, Isabelle A... (policier municipal) reconnaissait avoir recruté une dizaine de
personnes pour le compte de Jean-Luc X... et avoir elle-même encaissé deux
chèques sur son compte, elle remettait à chaque fois à Jean-Luc X... les espèces et le
bordereau ; qu'elle indiquait n'avoir touché aucune commission mais que Jean-Luc
X... était royal avec elle et que ce dernier avait changé de train de vie à cette époque
; que Jean-Luc X... lors de l'enquête a toujours soutenu qu'il ignorait que ce système
était frauduleux, Roger Y... lui ayant dit que pour clôturer des dossiers "la Camat"
avait besoin d'un "prête-nom" à qui remettre un reliquat ; que devant la Cour il a
déclaré qu'il pensait pas que ce genre d'opération irait "si loin" ; que, par ailleurs, il
prétend n'avoir pas été rémunéré pour ce service sauf pour le chèque qu'il a
personnellement encaissé sur son compte (5 000 francs) et pour le "recrutement
d'Isabelle A..." ; qu'il a admis devant les enquêteurs de police avoir touché au total
10 000 francs puis devant le magistrat instructeur 4 fois 500 francs donné par Roger
Y... lorsqu'il remettait l'argent collecté par Isabelle A... ; que Roger Y... a toujours
démenti les affirmations de Jean-Luc X... , indiquant que ce dernier connaissait bien
sûr le système car il lui en avait parlé ; qu'il avait démarché de sa propre initiative
des prête-noms en échange de quoi il recevait une commission mais pas versée par
lui ; que les affirmations de Jean-Luc X... sont totalement invraisemblables, puisque
la relation assureur-assuré est fondée sur un contrat et que, si un solde de prime ou
de remboursement de sinistre est encore dû par la compagnie d'assurance, ce ne
pouvait être qu'en faveur du titulaire du contrat ou d'une victime mais en aucun cas
d'un "prête-nom", ce que ce dernier ne pouvait ignorer, étant lui-même possesseur
d'un véhicule ; qu'il apparaît, dès lors, que Jean-Luc X... a bien apporté son
concours, en servant de prête-nom et en recrutant des prête-noms aux escroqueries
commises par Jacques Z..., qui a dilapidé l'ensemble des sommes remises à lui par
l'intermédiaire de Roger Y... et Jean-Luc X... (arrêt p. 6-7) ;

"1/ alors que la complicité de complicité n'est pas punissable ; qu'en ayant constaté
que Jean-Luc X... , qui ne connaissait pas Jacques Z..., avait été démarché par Roger
Y..., complice de Jacques Z... , auquel il remettait des fonds, d'où il résultait que
Jean-Luc X... n'avait fait qu'aider le complice de l'auteur, la cour d'appel n'a pas tiré
les conséquences légales de ses propres constatations et violé l'article 121-7 du
Code pénal ;

"2/ alors que la juridiction prononce les peines et fixe leur régime en fonction des
circonstances de l'infraction et de la personnalité de son auteur ; qu'en ne s'étant pas
prononcé à cet égard pour condamner Jean-Luc X... à la peine de 6 mois
d'emprisonnement avec sursis, la cour d'appel a violé l'article 132-22 du Code
pénal" ;

Sur le moyen pris en première branche :

Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué et du jugement qu'il confirme que Jacques
Z..., employé de la compagnie d'assurance "la Camat", a mis en oeuvre un dispositif
consistant, notamment, à imputer sur des dossiers ayant fait l'objet d'une résiliation
récente du contrat d'assurance des déclarations de sinistres imaginaires donnant lieu
à la remise de chèques, tirés sur cette compagnie d'assurance, que des tiers recrutés
par Roger Y... portaient au crédit de leur compte bancaire avant de lui en restituer le
montant en espèces, moyennant rétribution ; que Jean-Luc Lemaitre , démarché par
Roger Y..., a encaissé lui-même un de ces chèques et recruté d'autres personnes
disposées à en faire autant, auprès desquelles il a ensuite recueilli les sommes
résultant des encaissements pour les remettre à Roger Y... ;

Attendu que, pour le déclarer complice des faits d'escroqueries commis par Jacques
Z... au préjudice de la compagnie "La Camat" , la cour d'appel retient qu'il a prété
son concours à celui-ci en lui servant de prête-nom et en recrutant d'autres
personnes aux mêmes fins ;

Attendu qu'en prononçant ainsi, et dés lors que l'aide ou l'assistance apportée en
connaissance de cause à l'auteur de l'escroquerie, même par l'intermédiaire d'un
autre complice, constitue la complicité incriminée par l'article 121-7 du Code pénal,
la cour d'appel a justifié sa décision ;

Et attendu que l'arrêt est régulier en la forme ;


REJETTE le pourvoi ;

C.Le caractère intentionnel de la participation du


complice

Le participant à une infraction est considéré comme complice s’il a eu,


d’une part, connaissance que les actes de l’auteur principal constituaient
une infraction pénalement répréhensible, et d’autre part, la volonté de
s’associer à celle-ci :

Crim., 19 juin 2001


Sur le premier moyen de cassation, pris de la violation des articles 24, alinéa
6, de la loi du 29 juillet 1881, 121-6, 121-7 du Code pénal et 593 du Code de
procédure pénale, défaut de motifs et manque de base légale ;
"en ce que l'arrêt attaqué a déclaré Catherine Mégret coupable de complicité
de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale ;
"aux motifs que Catherine Mégret, en accordant au journaliste Maxim Léo
une interview en vue de sa publication a entendu rendre ses propos publics et
a procuré les moyens de le faire", que son accord, certes matériellement
uniquement manifesté à ce journaliste, doit être considéré comme
s'appliquant à toute publication, sous réserve que cette publication reproduise
les propos sans dénaturation" et que "tel est bien le cas en l'espèce, le journal
"Le Monde" ayant reproduit fidèlement les phrases marquantes de l'interview
de Catherine Mégret sans commentaire personnel" ;
"alors que la complicité par fourniture de moyens n'est caractérisée qu'autant
que celui qui est réputé complice a fourni les moyens sachant qu'ils
serviraient à accomplir l'infraction commise par l'auteur principal, qu'une
personne ayant donné une interview privée à un journal, ne peut donc être
déclarée complice du délit de presse commis par le directeur de la
publication d'un autre journal ayant reproduit dans ses colonnes, sans
autorisation, des passages de cette interview constitutifs de ce délit, les
moyens dudit délit (le contenu de l'interview) n'ayant pas été fourni à cet
autre journal par l'intéressé, et que dès lors, en l'espèce, la Cour ne pouvait
légalement déclarer Catherine Mégret coupable de complicité de provocation
à la discrimination raciale commise par le directeur de la publication du
journal "Le Monde" en reproduisant, sans l'autorisation de Catherine Mégret,
les propos incriminés tenus par celle-ci lors d'une interview privée accordée à
un journaliste allemand du "Berliner Zeitung" ;
Vu l'article 121-7 du Code pénal ;
Attendu que la complicité par aide et assistance prévue par l'alinéa 1er
du texte précité n'est punissable que si cette aide a été apportée
sciemment à l'auteur principal dans les faits qui ont facilité la
préparation ou la consommation de l'infraction ;
Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué et des pièces de procédure, qu'en
février 1997, Catherine Mégret, maire de Vitrolles, a accordé à Maxim Léo,
correspondant du quotidien allemand Berliner Zeitung, un entretien en
français qui, après traduction, a été publié le 24 février 1997 dans ce journal ;
que, le journaliste allemand ayant confié à l'un de ses confrères du Monde
une copie de l'enregistrement de cet entretien, le quotidien français en a
reproduit de larges extraits dans son édition du 26 février 1997 ;
Qu'à la suite de la publication dans Le Monde, la Ligue des droits de
l'homme a fait citer devant le tribunal correctionnel Catherine Mégret pour
provocation à la discrimination, à la haine et à la violence raciale ; Attendu
que, pour la retenir dans les liens de la prévention du chef de complicité de
ce délit, les juges énoncent qu'en accordant un entretien à un journaliste,
Catherine Mégret "a entendu rendre ses propos publics et a procuré les
moyens de le faire" ;
Que l'arrêt ajoute que "son accord doit être considéré comme s'appliquant à
toute publication, sous réserve que cette publication reproduise les propos
sans dénaturation", ce qui est le cas des extraits parus dans Le Monde ;
Mais attendu qu'en prononçant ainsi, alors qu'il résulte de ses propres
énonciations que cette publication n'a été ni voulue ni permise par la
prévenue, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision ;
D'où il suit que la cassation est encourue ;
CASSE et ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrêt susvisé de la cour
d'appel d'Aix-en-Provence, en date du 9 mars 1998 et pour qu'il soit à
nouveau jugé conformément à la loi ;

Il est également considéré comme complice lorsque l’infraction commise


par l’auteur principal est plus grave que celle qui était prévue, dans la
mesure cependant où il existe un rapport entre l’infraction réalisée et
celle projetée. La jurisprudence estime que le complice « devait prévoir
toutes les qualifications dont le fait était susceptible, toutes les
circonstances dont il pouvait être accompagné » (Crim., 21 mai 1996,
Bull. crim. n°206).
La notion de complicité ne semble d’ailleurs pas exclusive de celle
d’infraction principale non-intentionnelle dans le cas seulement où cette
dernière serait aggravée par la mise en danger délibérée de la vie d’autrui
ou constituerait le délit de risque causé à autrui :
Crim., 6 juin 2000
Sur le premier moyen de cassation, pris de la violation des articles 111-4,
121-7, 223-1, 223-18, 223-20, R. 622-1, R. 625-3, R. 625-4 du Code pénal,
591 et 593 du Code de procédure pénale, défaut de motifs et manque de base
légale :
" en ce que l'arrêt a déclaré Guenaël Oger coupable du délit de mise en
danger de la personne d'autrui et Paul Anselin coupable de complicité du
délit de mise en danger de la personne d'autrui et les a condamnés, le
premier, à 3 mois d'emprisonnement avec sursis et à la suspension du permis
de conduire pour une durée de 10 mois et, le second, à 3 mois
d'emprisonnement avec sursis, à une amende de 20 000 francs et à la
suspension du permis de conduire pour une durée de 5 mois, et, sur l'action
civile, les a solidairement condamnés au paiement de 7 000 francs de
dommages-intérêts ;
" aux motifs propres que le non-respect d'une règle du Code de la route ne
constitue pas le délit de risque causé à autrui, s'il n'a pas pour conséquence
l'exposition directe du tiers à un risque immédiat de mort ou de blessures
graves ; que, tel n'est pas le cas, comme en l'espèce, de la violation d'un feu
de signalisation rouge, même après un temps d'arrêt, alors que survient un
véhicule bénéficiant de la priorité absolue que lui donne le feu vert ; que le
risque immédiat de collision est patent, comme la probabilité d'accident
corporel pour le tiers, ainsi que celui qui s'est produit entre les voitures
conduites par Guenaël Oger et Eric Dreau, ce dernier et sa passagère ayant
été blessés dans la collision survenue sur une voie à circulation intense près
de la gare de Rennes à 11 heures du matin ; que le premier juge a justement
estimé que Guenaël Oger, au volant de la Renault Laguna, a violé de façon
manifestement délibérée la règle lui imposant l'arrêt impératif du véhicule au
feu rouge, ce qui caractérise l'élément moral du délit ; que Paul Anselin,
passager de la Renault Laguna, maire de Ploërmel et conseiller régional de
Bretagne, était conduit par Guenaël Oger faisant office de chauffeur à la gare
de Rennes où il devait prendre le train pour Paris ; qu'il a admis tant devant
les premiers juges qu'en appel avoir dit au conducteur "vas-y, vas-y, ça
passe" ; que ces termes clairs s'entendent comme un ordre de passer
l'intersection malgré le feu de signalisation rouge ; que l'injonction induit la
connaissance par son auteur de la signalisation interdisant le passage et la
volonté de passer malgré tout ; que la complicité par ordre de commettre
l'infraction est donc établie ainsi que l'a retenue le tribunal ; […]
Sur le troisième moyen de cassation, pris de la violation des articles 121-7,
223-1, 223-18, 223-20 du Code pénal, 591 et 593 du Code de procédure
pénale, défaut de motif et manque de base légale :
" en ce que l'arrêt a déclaré Paul Anselin coupable de complicité du délit de
mise en danger de la personne d'autrui et l'a condamné, sur l'action publique,
à 3 mois d'emprisonnement avec sursis, à une amende de 20 000 francs et à
la suspension du permis de conduire pour une durée de 5 mois, et, sur l'action
civile, au paiement de 7 000 francs de dommages intérêts ;
" aux motifs propres que Paul Anselin, passager de la Renault Laguna, maire
de Ploërmel et conseiller régional de Bretagne, était conduit par Guenaël
Oger faisant office de chauffeur à la gare de Rennes où il devait prendre le
train pour Paris ; qu'il a admis tant devant les premiers juges qu'en appel
avoir dit au conducteur "vas-y, vas-y, ça passe" ; que ces termes clairs
s'entendent comme un ordre de passer l'intersection malgré le feu de
signalisation rouge ; que l'injonction induit la connaissance par son auteur de
la signalisation interdisant le passage et la volonté de passer malgré tout, que
la complicité par ordre de commettre l'infraction est donc établie, ainsi que
l'a retenue le tribunal ; […]
" alors que la complicité exige pour être punissable une intention coupable
chez son auteur ; qu'en déclarant Paul Anselin coupable de complicité de
délit de mise en danger d'autrui sur la base d'une injonction faite à son
chauffeur, Guenaël Oger, de passer une intersection malgré un feu rouge,
sans rechercher s'il ne se déduisait pas de l'injonction "vas-y, vas-y, ça
passe", un contrôle par Paul Anselin du flux routier excluant qu'il ait jamais
eu la volonté d'exposer autrui à un danger immédiat de mort ou de blessures
graves, la cour d'appel a privé sa décision de toute base légale .
Attendu qu'il résulte du jugement et de l'arrêt confirmatif attaqué que le 18
mai 1998, à Rennes, sur la demande expresse de Paul Anselin, son chauffeur,
Guenaël Oger, s'est engagé dans un carrefour sans respecter un feu tricolore
de signalisation en position rouge fixe ;
Attendu que, pour déclarer Guenaël Oger et Paul Anselin respectivement
coupables du délit de mise en danger délibérée d'autrui et de complicité de ce
délit, les juges du second degré, par motifs propres et adoptés, relèvent que le
fait pour Guenaël Oger, d'avoir franchi délibérément un feu rouge fixe en fin
de matinée, près de la gare SNCF, dans un quartier urbain à forte densité de
circulation, a exposé les usagers de la voie transversale, qui bénéficiaient
d'un droit de priorité absolue, à un risque immédiat de mort ou de blessures
graves ; qu'ils précisent, à cet effet, que malgré la manoeuvre entreprise par
un véhicule prioritaire provenant de la rue latérale, un choc entre les deux
engins n'a pu être évité et que les occupants de la voiture prioritaire ont été
fortement choqués ; qu'ils ajoutent, en outre, que, dans les mêmes
circonstances, une collision avait failli se produire quelques instants
auparavant à un autre carrefour ; qu'ils indiquent, enfin, que Guenaël Oger a
agi sur une injonction de Paul Anselin, donnée de l'arrière du véhicule et en
l'absence de visibilité, dont les termes s'entendaient comme un ordre de
passer l'intersection malgré ce feu ;
Attendu qu'en l'état de ces motifs, la cour d'appel, qui a caractérisé en tous
leurs éléments constitutifs les infractions reprochées, a justifié sa décision ;
D'où il suit que les moyens doivent être écartés ;
Et attendu que l'arrêt est régulier en la forme ; REJETTE les pourvois.

II. La répression de la complicité


A. Le principe : le complice est puni comme « auteur
de l’infraction »

Article 121-6 du Code pénal :


Sera puni comme auteur le complice de l’infraction, au sens de l’article 121-
7.
(Ex. art. 59 : Les complices d’un crime ou d’un délit seront punis de la même
peine que les auteurs mêmes de ce crime ou de ce délit)
Le complice est assimilé à un auteur et encourt à ce titre, les peines
attachées à l’infraction principale, et non plus les peines prononcées à
l’encontre de l’auteur principal de l’infraction commise (comme sous
l’empire de l’ancien Code pénal).

B. L’application du nouveau principe

1) Applications classiques
. Lorsque les circonstances aggravantes sont liées à la personne de
l’auteur principal, elles n’aggravent plus, depuis le nouveau Code pénal,
la peine encourue par le complice.
Exemple : le complice d’un meurtre sur ascendant n’est plus passible des
peines du meurtre aggravé, mais de celles du meurtre simple.

. De la même sorte, le complice pourra voir sa peine aggravée par des


circonstances qui lui sont personnelles et qui ne touchent par l’auteur
principal.
Exemple : le fils qui fait tuer son père par un tiers sera passible du
meurtre aggravé par la qualité d’ascendant, alors que l’auteur principal
sera passible des peines relatives au meurtre simple.

2) Applications dérogatoires

. Lorsqu’une personne est complice d’une infraction qu’elle ne pouvait


juridiquement pas commettre elle-même en tant qu’auteur principal en
raison du défaut d’une qualité requise par la loi, la jurisprudence décide
néanmoins qu’elle est tout de même punissable : Crim. 20 mars 1997, D.
99, jurisp. p. 28.
Crim., 2 mai 2001
Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation de l'article L. 423-11
du Code de la construction et de l'habitation et de l'article 593 du Code de
procédure pénale, défaut de motifs, manque de base légale :
" en ce que l'arrêt attaqué a déclaré X... coupable du délit visé par l'article L.
423-11 du Code de la construction et de l'habitation ;
" aux motifs que l'article L. 423-11 du Code de la construction et de
l'habitation, dispose qu' : "il est interdit aux administrateurs des organismes
d'habitations à loyer modéré ainsi qu'à toute personne employée par ces
organismes de recevoir, directement ou indirectement et sous quelque forme
que ce soit, même en prenant ou en conservant des intérêts dans une
entreprise, un avantage quelconque de la part des personnes qui interviennent
dans les ventes ou échanges d'immeubles réalisés avec les organismes
précités avec leurs clients, ainsi que de la part des architectes et des
entrepreneurs qui exécutent des travaux pour le compte de ces organismes ou
de leurs clients et, d'une façon générale, de la part de tout fournisseur..." ;
qu'il est constant que Y... était administrateur de l'office HLM, d'une part, et
associé de la SCP Y...-X..., qui recevait pour mission de dresser les actes de
ventes décidées par l'office d'HLM, à la suite de réunions auxquelles
participait Y... ; que le texte suscité réprime l'obtention d'un avantage
quelconque, et aucunement un avantage qui serait illicite et qui serait en
relation avec une quelconque corruption ; qu'il ne peut être sérieusement
contesté que le fait de dresser des actes de ventes soit un avantage pour le
notaire choisi, alors que cela crée un courant d'affaires supplémentaires,
augmentant le chiffre d'affaires et, partant, générant des bénéfices qui étaient
partagés par moitié entre les prévenus ; qu'il est sans importance que le choix
du notaire soit opéré par l'office d'HLM, et que Y... n'y ait eu aucune
influence, dès lors qu'il ne s'agit pas là des éléments nécessaires à la
constitution de l'infraction ; que la décision du tribunal de grande instance de
Perpignan, en date du 9 février 1998, invoquée par les prévenus ne s'imposait
aucunement au tribunal correctionnel qui a statué le 25 octobre 1999, et ne
s'impose pas plus à la cour d'appel ; que cette décision énonce d'ailleurs : "il
n'appartient pas au tribunal de vérifier si les faits constitutifs du délit visé par
l'article L. 423-11 du Code de la construction et de l'habitation sont réunis en
l'espèce..." ; que dès lors l'appréciation qui a pu en être faite dans un cadre
différent, par le tribunal de grande instance, est un moyen inopérant, de
même que celui qui consiste à invoquer le silence des autorités préfectorales
jusqu'au 22 février 1995 ; que la Cour estime devoir faire siens les autres
motifs, multiples et pertinents retenus par les premiers juges, notamment
quant à l'intention délictuelle des prévenus qui résulte de la seule
connaissance de la violation de la loi, et à la complicité de X... par aide et
assistance ; qu'ainsi les faits reprochés aux prévenus sont établis ;
" alors que le délit visé par l'article L. 423-11 du Code de la construction et
de l'habitation n'est constitué qu'à la seule condition que le prévenu ait reçu
de façon effective un avantage irrégulier ou frauduleux ; que si Y... exerçait
les fonctions d'administrateur de l'Office public d'HLM des Pyrénées-
Orientales et possédait par ailleurs la qualité d'associé de la société civile
professionnelle Y...-X... qui a réalisé avec ledit office quarante-deux actes de
ventes ou d'achats entre le 16 octobre 1989 et le 16 mai 1994, les honoraires
et émoluments perçus par les notaires en application de la tarification en
vigueur présentaient un caractère normal ; que le choix de la société civile
professionnelle Y...-X... par l'Office public d'HLM des Pyrénées-Orientales
reposait sur des considérations objectives liées à la compétence de Me X..., le
pourcentage des honoraires et émoluments perçus par l'étude et
correspondant aux opérations réalisées pour ledit Office étant demeuré
inchangé après la démission de Me Y... de ses fonctions d'administrateur ;
qu'il n'a été porté aucune atteinte au libre choix des notaires par les parties
contractantes ; qu'en ne déduisant pas de ces constatations les conséquences
légales qui s'en évinçaient, la cour d'appel a violé les textes susvisés " ;
Attendu que, pour déclarer X... coupable de complicité d'infraction à la
législation sur les organismes d'habitation à loyer modéré, les juges du
second degré relèvent qu'étant notaire associé de Y..., il a, en connaissance
de cause, apporté son assistance à l'auteur principal du délit, en acceptant de
dresser des actes de ventes décidées par le conseil d'administration de l'office
d'HLM dont Y... était le vice-président ; que les juges ajoutent que la
rédaction de ces actes constitue un avantage pour le notaire choisi, en
augmentant son chiffre d'affaires et en générant des bénéfices partagés par
moitié entre les prévenus ;
Attendu qu'en l'état de ces motifs, d'où il résulte que X... s'est sciemment
associé à l'action de Y... qui a conservé des intérêts dans une entreprise
apportant son concours à l'organisme d'HLM qu'il dirigeait, la cour d'appel a
fait l'exacte application de l'article L. 423-11 du Code de la construction et de
l'habitation ;
D'où il suit que le moyen ne saurait être accueilli ;
Et attendu que l'arrêt est régulier en la forme ;
REJETTE le pourvoi.

. Sont également étendues au complice les circonstances aggravantes


réelles, c'est-à-dire les circonstances relatives à l’infraction elle-même
(réunion, effraction, violence, usage d’une arme…), « sans qu’il soit
nécessaire que celles-ci aient été connues de lui ».
(Crim. 21 mai 1996, Bull. crim. n°206).

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