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RÉSUMÉ : Dans le contexte du projet d’ouvrages de génie civil, en vertu du principe qu’une faute
technique détectée en phase de conception ou modélisation est largement moins préjudiciable
qu’une faute détectée en phase d’exploitation des résultats ou d’exécution de l’ouvrage, il y a lieu
de mettre en place, pour accompagner l’application des Euronormes, des processus d’évaluation
fondés sur la technique des « modèles de maturité » répertoriant des règles de bonne pratique et des
tests représentatifs obligatoires à effectuer. Cette communication se réfère à l’expérience des
professionnels des techniques logicielles pour analyser ce que peut apporter un « CMM (Capability
Maturity Model) » dans le domaine de l’établissement des documents d’accompagnement pour
l’application des Euronormes.
Mots clés : génie civil ; Euronormes ; codes ; projets ; modèles de maturité ; accréditation.
1. INTRODUCTION
Dans le contexte du calcul des structures, les référentiels techniques normatifs et réglementaires
sont de plus en plus savants, étendus et nombreux (Setra, Afnor). Cela s’accompagne d’une
complexification croissante des études avec l’évidente intention d’améliorer la qualité des projets.
Or, plutôt que de limiter les risques d’erreur dans les projets, cette complexification pourrait avoir
un effet inverse. La démarche qualité est un moyen d’améliorer les projets et de donner confiance.
Les Euronormes font d’ailleurs explicitement référence aux notions de qualité et spécifient des
exigences minimales et des différentiations dans la supervision des projets. Malheureusement,
malgré de réels progrès, il existe encore un décalage important entre les possibilités de calculs
offertes par des méthodes et modèles numériques avancés et des règles de justifications rédigées par
référence à des modèles plutôt traditionnels. Pour des études où la physique est le paramètre
principal, les règles de justifications ne sont pas toujours adaptées et il devient alors difficile
d’apporter au client des éléments de preuve de la pertinence des résultats, ce qui signifie en clair
que, dans ces conditions, les Euronormes deviennent inefficaces et détournées de leur objectif
premier, à savoir l’amélioration de la qualité des projets et de la sécurité des constructions et des
personnes. Il y a là, à notre avis, place pour inventer et mettre en œuvre, des modèles de maturité,
appelés aussi modèles d’évolution des capacités.
Dans tout ce qui suit, le terme « Euronormes » désigne l’ensemble du système normatif européen
qui comprend, dans le domaine du Génie Civil, des normes de conception et de calcul – les
Eurocodes -, des normes de produits, des normes d’exécution et des normes d’essais. La
justification d’une construction relève des Eurocodes qui, eux-mêmes, s’appuient sur les autres
catégories de normes européennes. Ce système est en voie de remplacer les systèmes normatifs et
réglementaires nationaux dans les pays européens.
Les Euronomes édictent des règles, sans le souci d’instruire le contrôle et de gérer les interfaces,
c’est-à-dire la façon dont sera établi le projet. Les Eurocodes sont l’expression détaillée et
programmée des procédures de calcul visant l’application de l’esprit des normes. Mais, libre à celui
qui fait référence à ces Eurocodes de définir, dans une certaine mesure, la frontière de leur domaine
d’application. C’est dans ce sens que l’on peut dire que les Euronomes ou les Eurocodes
formalisent d’abord des exigences techniques minimales. Dans sa plus récente rédaction, la section
2 de la norme EN 1990 – Eurocode : Bases de calcul des structures entreprend l’énonciation des
règles fondamentales.
Tableau 1. Niveaux de supervision d’un projet selon l’Eurocode EN 1990 : Bases de calcul des
structures
Peut-on aller plus loin dans la démarche qualité ? Prenons un exemple dans le domaine des
techniques logicielles. L’action visant à améliorer le processus logiciel par la définition d’un
« cadre d’évolution du processus logiciel » a été amorcée par le Software Engineering Institute
(SEI) en 1986. Cette initiative faisait suite à une demande officielle d’évaluation des capacités des
maîtres d’œuvre dans le domaine du Génie Logiciel. En 1987, était publié un premier questionnaire
sur la « maturité ». Après quatre années d’apprentissage, le SEI proposait un « Modèle d’évolution
des capacités » ou « Capability Maturity Model »(CMM). Cette nouvelle approche permettait de
fournir aux professionnels les axes stratégiques d’une meilleure efficacité des organisations dans le
domaine de la programmation pour innerver et nourrir les programmes d’amélioration des
processus logiciels (Paulk). Depuis, d’autres modèles ont été proposés sur le même principe : par
exemple, d’origine européenne, le modèle Spice (Software Process Improvement and Capacity
Determination) plutôt centré sur les aspects marketing touchant à l’évolution des processus.
- le niveau initial : le processus est dominé par des comportements individuels, voire
« chaotiques ». La réussite peut être qualifiée d’héroïque ;
- le niveau reproductible : le processus doit permettre un suivi des capitalisations pour assurer
des pratiques éprouvées. Une fois stabilisée dans un domaine, la réussite doit être
reproductible « à tous les coups » ;
- le niveau défini : le processus doit être documenté et cohérent. Les évaluations liées à
l’efficacité des ressources (y compris les ressources humaines), ainsi que les procédures de
vérification et de validation déclenchées selon des critères d’alerte, définissent les termes des
progrès réalisés ;
- le niveau maîtrisé : le processus rentre dans une phase où les objectifs de la qualité peuvent
être quantifiés. Le processus est maîtrisé et opère dans des limites acceptables. Les résultats
sont situés dans une gamme de performance qui peut être annoncée ;
- le niveau d’optimisation : le processus peut être amélioré continûment par rétroaction et
intégration d’actions innovantes.
Tableau 1. Normes qualité et calcul par éléments finis dans le cadre des eurocodes
Le processus « exploitation des résultats en fonction des Euronormes » est dominé par la
question de « conception efficace ». L’intérêt du CMM correspond à la mise en perspective des
évolutions possibles tout en évitant la régression. Mais ce qui est caractéristique, c’est qu’il y a
obligation de franchir une à une, avec succès et dans l’ordre, toutes les étapes du processus.
5. CONCLUSION
6. BIBLIOGRAPHIE
Afnor (1996) – Gérer et assurer la qualité – Qualité et efficacité des organisations. Recueil de
Normes Françaises.
CEB (1997) – Quality management – Bulletin 234.
Mestat Ph., Riou Y. (1999). À propos des benchmarks en géotechnique. Revue Française de Génie
Civil, vol. 3, n° 7-8.
Prat M. (1999). Qualité de calcul en éléments finis par référence aux conséquences en
responsabilité. Revue Française de Génie Civil, n° 7-8, vol. 3, Hermès Science Publications,
Paris.
Prat M. (2000). Vers une politique de qualité pour l’emploi des éléments finis en Génie Civil.
RILEM, Paris.
Paulk M.C., Weber C.V., Garcia S., Chrissis M.B., Bush M. (1993). Pratiques clés du Modèle
d’évolution des capacités logiciel. Software Engineering Institute, CMU/SEI-93-TR-25.
Setra (2000) – Répertoire des textes et documents techniques essentiels. Edition n° 14, Bagneux.