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Section 1 : La classification des contrats

Paragraphe 1 : La classification traditionnelle

A) Le contrat consensuel, solennel et réel

- Le contrat consensuel : est celui qui se forme par le seul accord des volontés,
sans qu’aucune condition de forme ne soit imposée.

- Le contrat solennel : est un contrat qui exige la formalité soit par un acte
authentique soit par un acte sous seing privé.

- Les contrats réels : ne sont formés que par la remise de la chose qui en est
l’objet, exemple : contrat de dépôt.

B) Le contrat synallagmatique et contrat unilatéral

- Le contrat synallagmatique ou bilatéral : est lorsque les contractants


s’obligent réciproquement les uns envers les autres. Ils créent des obligations
réciproques et interdépendantes entre les parties.

- Le contrat unilatéral : est lorsque une ou plusieurs personnes sont obligées


envers une ou plusieurs personnes sans que de la part de ces dernières, il y’ait
engagement. Le contrat unilatéral crée une obligation à la charge d’une seule
partie.

C) Le contrat commutatif et le contrat aléatoire

- Le contrat commutatif : chaque partie s’engage à une prestation considérée


comme à peu près équivalente à celle qu’elle reçoit. (il y a équivalence des
prestations).

- Le contrat aléatoire : l’étendue ou même l’existence de la prestation d’une


partie dépend d’un événement incertain qui se produira ou ne se produira pas.

D) Le contrat à titre gratuit et le contrat à titre onéreux

- Le contrat à titre gratuit ou de bienfaisance : est celui où l’un des contractants


entend procurer un avantage à l’autre partie sans rien recevoir en échange,
exemple : la donation, prêt sans intérêt…

- Le contrat à titre onéreux : est celui où chacune des parties reçoit quelque
chose de l’autre, exemple : la vente, l’échange…

E) Le contrat nommé et le contrat innomé

- Le contrat nommé : est celui qui a reçu une dénomination et une


réglementation propre.

- Le contrat innomé : est celui qui n’est pas prévu par la loi, mais conçu par les
parties ou crées par la pratique.

F) Le contrat à exécution instantanée et le contrat à exécution successive

- Le contrat à exécution instantanée : crée des obligations qui sont susceptibles


d’être exécutées immédiatement ou au plus tard en une prestation, exemple : la
vente au comptant.

- Le contrat à exécution successive : est un contrat dans l’exécution se prolonge


dans le temps, exemple : contrat de travail, de bail…

Paragraphe 2 : La classification récente

A) Le contrat de gré à gré et le contrat d’adhésion

- Le contrat de gré à gré : est le fruit d’une libre discussion entre les parties.

- Le contrat d’adhésion : est un contrat dont la conclusion résulte de l’adhésion


de la partie économiquement faible au projet élaboré par la partie forte.

B) Le contrat individuel et le contrat collectif

- Le contrat individuel : n’engage que les personnes qui y ont consenti.

- Le contrat collectif : produit effet à l’égard des personnes qui n’y ont pas
participé, exemple : convention collective de travail.

C) Le contrat administratif et le contrat de droit privé

- Le contrat administratif : est celui qui est conclu par une personne morale de
droit public et qui comporte des clauses exorbitantes de droit commun et qui
sont soumis à une réglementation spécifique.

D) Le contrat civil et le contrat commercial

- Le contrat commercial : il est commercial lorsqu’il est conclu en principe par


un commerçant pour les besoins de son commerce.

Section 1 : Les conditions de formation du contrat

Les conditions nécessaires pour qu’un contrat soit valablement formé sont
énoncées par l’article 2 du DOC.

Paragraphe 1 : La capacité

L’article 3 du DOC dispose que : « la capacité civile de l’individu est réglée par
la loi qui régit son statut personnel ».

La capacité est l’aptitude d’une personne à acquérir des droits et à les exercer,
notamment l’aptitude à souscrire un engagement valable. Ceci nous amène à
dire que le contrat n’est valable que si légalement les parties avaient la capacité
de le faire.

En effet, l’article 2 du DOC indique positivement la capacité comme nécessaire à


la formation du contrat.

Toutefois, il s’agit en réalité d’une condition négative qui est l’absence


d’incapacité.

L’aptitude à contracter est la règle, l’inaptitude, l’exception. C’est ce qu’indique


l’article 3 : « …toute personne est capable d’obliger ou de s’obliger si elle n’en
est déclarée incapable par cette loi… ».

On distingue à ce propos les incapacités de l’exercice des incapacités de


jouissance. Les premières se rattachent à une notion d’âge, les secondes à
l’interdiction légale ou judiciaire de jouir de certains droits.

A) Les incapacités d’exercice

L’incapable possède les mêmes droits que toute autre personne, mais il ne peut
les exercer lui-même, ou du moins les exercer librement. Il doit être assisté ou
représenté par autrui.

Les incapacités d’exercice visent à protéger l’incapable. Elles concernent par


exemple le mineur non émancipé ou le majeur dont les facultés mentales sont
altérées.

Ce texte (article 208 du code de la famille) distingue 3 cas d’incapacités :

- Celui qui n’a pas atteint l’âge de la majorité.

- Celui qui ne jouit pas de ses facultés mentales.

- Celui dont la prodigalité est établie. (le prodigue est celui qui dilapide
(gaspille) ses biens dans des dépenses futiles lui portant préjudice)

B) L’incapacité de jouissance

Il y a incapacité de jouissance lorsqu’un individu est privé du droit d’accomplir


tel ou tel acte. L’incapable ne peut pas le faire lui-même ni par l’intermédiaire
d’un représentant. Il s’agit d’une incapacité spéciale, car elle ne porte que sur
certains droits.

Soumettre une personne à une incapacité générale de jouissance, ce serait la


priver de sa personnalité juridique et par là même, la frapper d’une véritable
mort civile.

Le fondement de ces incapacités de jouissance n’est pas uniforme. Très


exceptionnellement, l’incapacité peut constituer une sanction. Le plus souvent,
les incapacités de jouissance ont une fonction de protection.

Exemple : le tuteur n’a pas le droit d’acquérir les biens de son pupille, le
mandataire n’a pas le droit d’acheter les biens de son mandant.

Les autres sont des mesures de protection de l’incapable lui-même. Ainsi, un


mineur non émancipé, incapable d’exercice, peut par l’entremise
(l’intermédiaire) de son tuteur passer des actes valables. Mais il ne peut car il
s’agit d’incapacité de jouissance, consentir une donation par aucun moyen.

Paragraphe 2 : L’objet

L’objet de l’obligation, c’est ce à quoi s’oblige le débiteur vis-à-vis du créancier,


ce qu’il doit ; autrement dit, la prestation promise, c’est-à-dire faire, ne pas
faire ou donner.

Cependant, l’objet du contrat peut être défini comme l’opération juridique que
les parties cherchent à réaliser (tel un échange, une vente…).
A) La détermination de l’objet

L’objet doit être déterminé, car un débiteur ne saurait s’engager sans savoir à
quoi. Faute de détermination de l’objet de l’obligation, le créancier ne serait pas
à même (capable) de savoir ce qu’il peut exiger.

La détermination de l’objet est une garantie de sécurité pour les parties et


particulièrement pour le débiteur, en ce qu’elle exclut que l’une des parties
prétende tardivement et unilatéralement, imposer à l’autre une prestation
excessive ou insatisfaisante.

Il suffit de considérer la formulation de l’article 2 du DOC qui précise bien que


l’objet doit être certain, et l’article 58 qui nous dit : « la chose qui forme l’objet
de l’obligation doit être déterminée au moins quant à son espèce ».

En raison de la diversité des obligations contractuelles et de leur objet, il


semble nécessaire de faire la distinction suivante :

- Si l’objet est un corps certain : l’exigence de la détermination ne soulève


aucune difficulté car la détermination de l’objet se réduit à une question de
désignation et d’identification.

- Si l’objet est une chose de genre : une chose fongible qui se vend au poids, au
compte ou à la mesure, objet de série interchangeable, l’article 58 précise qu’il
faut au moins déterminer l’espèce de la chose. Par espèce, le code entend le
genre auquel la chose appartient : du riz, du blé, du bois…

Cependant, la détermination de l’espèce doit être complétée par deux autres


indications à savoir la qualité et la quantité.

B) L’existence de l’objet

Selon l’article 2 du DOC, la validité d’un contrat requiert l’existence d’un objet
certain qui forme la matière de l’engagement. Cette exigence n’a donné lieu
qu’à un nombre relativement réduit d’annulation, car l’absence d’objet est en
général suffisamment évidente pour écarter la conclusion du contrat.

Le contrat est cependant annulable sur le fondement de l’article 2 du DOC, dès


l’instant que la chose qui fait l’objet de la prestation est inexistante ou que
l’exécution de l’obligation est impossible.

- Au niveau de l’existence de la chose, il convient de distinguer selon que la


prestation a pour objet une chose qui est censée exister au moment de la
conclusion du contrat, ou une chose future.

En effet, la chose est censée exister au moment de la conclusion du contrat, et


son inexistence justifie l’annulation du contrat faute d’objet. Il en est aussi de
la chose qui n’a jamais existé ou qui a été détruite avant la conclusion du
contrat, à l’insu des parties. A l’inexistence ou la destruction avant le contrat
d’une chose matérielle est assimilée l’inexistence d’un droit.

Cependant, on doit se garder de confondre l’absence d’objet avec le cas où


l’objet consiste en une chose future ; car une chose future peut être l’objet
d’une obligation valable, comme le précise l’article 61 du DOC : « l’obligation
peut avoir pour objet une chose future et incertaine, sauf les exceptions
établies par la loi… ». Cet article répond à un besoin certain de la vie
commerciale qui a tendance à multiplier les ventes dans lesquelles, le vendeur
s’oblige à fabriquer et à livrer dans un délai convenu.

- A l’inexistence de l’objet de la prestation, doit être assimilée l’impossibilité de


l’objet, dans la mesure où un objet impossible est l’équivalent d’un objet qui
n’existe pas. C’est en effet, encore une règle de bon sens que de considérer qu’à
l’impossible nul n’est tenu. C’est de l’impossibilité absolue dont il s’agit, celle à
laquelle se heurterait n’importe quel débiteur et non l’impossibilité relative qui
ne concerne qu’un tel débiteur.

Autrement dit, l’impossibilité autorisant la nullité du contrat pour absence de


l’objet doit s’entendre de l’impossibilité contemporaine de la conclusion du
contrat et non d’un cas de force majeure rendant son exécution impossible
postérieurement à sa formation.

C) L’objet doit être licite

L’article 57 du DOC précise que : « les choses, les faits et les droits incorporels
qui sont dans le commerce peuvent seuls former objet d’obligation… »

Lorsque l’objet du contrat porte sur une chose hors de commerce, ce contrat
sera frappé d’une nullité absolue, pour illicéité de l’objet. Parmi les choses qui
sont hors du commerce, nous pouvons citer les choses dangereuses comme la
drogue ou les substances polluées.

Mais le mot chose est entendu largement ; il s’agit aussi de droits ou d’intérêts
dont la négociation porte atteinte à l’ordre public et aux bonnes mœurs.

Ainsi, l’ordre public justifie l’annulation de conventions portant atteinte aux


droits élémentaires de la personne (ex : engagement perpétuel ou esclavage);
et à l’intégrité du corps humain (ex : prélèvement d’organes).

Signalons également que d’autres conventions portent atteinte aux bonnes


mœurs, comme les gains jugés immoraux (ex : prostitution) ou l’engagement
de commettre un vol ou un meurtre.

Paragraphe 3 : La cause

L’article 2 du DOC exige « une cause certaine de s’obliger », et l’article 62 du


DOC précise que « l’obligation sans cause ou fondée sur une cause illicite est
non avenue ».

A) La notion de la cause

Le mot cause évoque la raison, la motivation, que l’on a eu de contracter, le but


que l’on a poursuivi en le faisant.

La conclusion d’un contrat ne saurait être déterminée par une seule raison
commandée par la poursuite d’un seul but ; et on peut d’ors et déjà dire qu’il y a
toujours une raison proche (causa proxima) et des raisons plus lointaines.

B) L’existence de la cause

La théorie classique consiste à définir la cause comme étant le but en vue


duquel les parties ont contracté. Il s’agit d’un but spécifique, qui est toujours le
même pour un type donné de contrat. La cause est objective et s’oppose aux
motifs qui sont au contraire individuels, différents d’un contractant à un autre.
C’est bien la distinction de la raison proche et des raisons lointaines.

Si par exemple au moment de la vente, la chose vendue était périe (expirée) en


totalité, la vente serait nulle, dans ce cas l’obligation du vendeur est sans objet
et celle de l’acheteur est sans cause.

C) La licéité

La théorie moderne consiste à « subjectiver » la cause en intégrant à ce


concept les raisons personnelles qui sont à l’origine de l’acte de volonté, les
motifs qui ont déterminé les parties à contracter. La théorie classique opposait
radicalement cause et motif. La théorie moderne les confond au moins
partiellement.

Autrement dit, un véritable contrôle de la licéité et de la moralité du contrat


suppose qu’on dépasse son apparence objective et qu’on scrute les mobiles ou
les motifs qui animent chacun des contractants, qu’on recherche si les parties
ne se proposent pas d’enfreindre une règle d’ordre public ou de porter atteinte
aux bonnes mœurs.

D) La preuve

Le plus souvent, le titre qui constate l’obligation du débiteur en indique en


même temps la cause. Ainsi, dans un acte de vente, la cause de l’obligation de
l’acheteur résulte de la mention de la chose vendue.

Dans un acte de prêt, le billet qui le constate mentionne le versement des


espèces. La cause est alors établie par la seule production du titre.

Si le débiteur soutient que la cause est absente parce que la chose, objet de
l’obligation du vendeur n’existe pas ou parce que les deniers n’ont pas été
remis, il lui appartiendra de le démontrer. Mais il se peut que le titre qui
constate l’obligation n’en indique pas la cause.

L’écrit porte par exemple : « je promets de payer ou je reconnais devoir à Mr X


la somme de … », on est alors en présence d’un billet non causé.

L’hypothèse relative à l’existence et à la licéité de la cause en prévue par


l’article 63 du DOC qui dispose que : « toute obligation est présumée avoir une
cause certaine et licite quoiqu’elle ne soit pas exprimée » et l’article 64 ajoute
que : « lorsque la cause est exprimée, elle est présumée vraie jusqu'à preuve
du contraire ».

Paragraphe 4 : Le consentement

A) La rencontre des volontés

Classiquement, le contrat est présenté comme le produit de la rencontre d’une


offre et d’une acceptation. Une personne, le pollicitant émet une offre de
contracter qui est acceptée par le destinataire de celle-ci. En réalisant l’accord
des volontés, l’acceptation donne naissance au contrat.

Autrement dit, la manifestation des consentements des parties est réalisée par
une offre de contrat, faite à l’autre partie qui l’accepte et c’est donc la rencontre
de l’offre et de l’acceptation qui constitue la conclusion du contrat.

1- L’offre :

L’offre ou pollicitation est une manifestation de volonté unilatérale par laquelle


une personne fait connaitre son intention de contracter et les conditions
essentielles du contrat. L’acceptation de ces conditions par le destinataire de
l’offre formera le contrat.

L’offre doit être précise, ferme et dépourvue d’équivoque afin d’exprimer un


véritable engagement.

- L’offre doit être précise.

- L’offre doit être ferme.

- L’offre doit être dépourvue d’équivoque.

- L’offre du contrat peut être expresse ou tacite.

- L’offre peut être adressée à une ou plusieurs personnes déterminées.

- L’offre peut être assortie d’un délai (les articles 29 et 30 du D.O.C)

2- L’acceptation :

L’acceptation résulte de l’agrément pur et simple de l’offre par le destinataire


de celle-ci. Ainsi, la formation du contrat exige une concordance exacte entre
l’offre et son acceptation. Mais si l’acceptant formule des réserves ou des
conditions, on est en présence d’une contreproposition impropre à former le
contrat comme le précise l’article 27 du DOC.

En effet, la formation du contrat suppose qu’il y a eu accord des parties sur


toutes les conditions du contrat et particulièrement sur les éléments essentiels
du contrat, comme l’objet et le prix de la vente.

Comme l’offre, l’acceptation peut être expresse ou tacite :

- Elle est expresse : lorsqu’elle résulte d’un acte qui a été spécialement
accompli par le destinataire de l’offre en vue de porter son accord à la
connaissance de l’auteur de l’offre. L’acceptation se traduit le plus souvent par
un écrit, une parole ou par un simple geste.

- Elle est tacite : lorsqu’elle résulte d’un comportement d’où l’on peut
raisonnablement induire la volonté de contracter. Tel est le cas du destinataire
d’une offre qui exécute le contrat qui lui a été proposé.

Cependant, qu’en est-il du silence de l’acceptant ? Peut-on qualifier le silence


comme une acceptation tacite ?

La réponse est claire en droit : en principe, le silence ne vaut pas acceptation.


Cela s’explique par le fait que la liberté contractuelle suppose qu’on est libre de
répondre ou de ne pas répondre lorsqu’on reçoit une offre de contrat.

Mais ce principe comporte des exceptions, comme cela est prévu par l’article 25
du DOC qui précise que « …l’absence de réponse vaut…consentement lorsque la
proposition se rapporte à des relations d’affaires déjà entamées entre les
parties ». De même, les articles 340 et 343 du DOC indiquent que « …la remise
de l’obligation a effet tant qu’elle n’a pas été expressément refusée par le
débiteur ».

B) La protection du consentement

L’article 39 du DOC précise que : « est annulable le consentement donné par


erreur, surpris par dol, ou extorqué par violence ».

1- L’erreur :

L’erreur se définit comme une fausse représentation de la réalité, c’est-à-dire


qu’il y a erreur lorsque l’un des contractants pense qu’une chose existe alors
qu’elle n’existe pas ou réciproquement.

L’erreur au sens stricte concerne l’hypothèse où l’une des parties s’est trompée
d’une façon spontanée. Les articles 40 à 45 du DOC réglementent cette matière.

L’idée générale, c’est que seules les erreurs les plus graves sont sanctionnées
par la loi, d’où deux catégories d’erreurs.

a) L’erreur obstacle :

C’est une erreur tellement grave que les parties ne se sont pas mis d’accord du
tout.

- L’erreur sur la nature du contrat.

- L’erreur sur l’objet.

b) L’erreur dite nullité :

La loi distingue deux cas d’erreurs dite nullité à savoir l’erreur sur la substance
et l’erreur sur la personne.

- L’erreur sur la substance :

Elle est prévue par l’article 41 du DOC. La qualité qui peut déterminer le
consentement et qui justifie l’annulation du contrat lorsqu’elle fait l’objet d’une
représentation erronée varie considérablement selon les contrats et les
circonstances.

Ce qui compte, c’est que l’erreur porte sur une qualité déterminante : dès lors, il
importe peu de savoir s’il s’agit d’une erreur de fait ou d’une erreur de droit.

L’ignorance d’une règle de droit comme la fausse représentation d’un élément


de fait peut justifier l’annulation du contrat pourvu qu’elle ait déterminé le
consentement.

Certes, on a pu soutenir le contraire en invoquant le principe selon lequel « nul


n’est censé ignorer la loi ». Ce principe est propre au droit pénal et signifie
qu’on ne peut invoquer son ignorance pour échapper à l’application de la loi. Or,
celui qui demande l’annulation du contrat pour erreur de droit, ne cherche pas à
éluder (éviter) la loi, mais prétend seulement avoir donné son consentement
dans l’ignorance de la loi. Il en est ainsi de la personne qui achète un terrain
pour y construire et qui découvre que les règles de l’urbanisme y interdisent
toute construction.
En contestant la validité du contrat pour erreur de droit, l’acquéreur cherchera à
échapper au contrat et non à l’application des règles d’urbanisme. C’est ainsi,
que l’article 40 du DOC qui considère l’erreur de droit comme une erreur vice de
consentement et subordonne l’annulation du contrat dans ce cas à deux
conditions :

- Il faut que l’erreur de droit ait été « …la cause unique ou principale ».

- Il faut qu’elle soit « excusable ».

- L’erreur sur la personne :

L’article 42 du DOC le texte précise que : « l’erreur portant sur la personne de


l’une des parties ou sur sa qualité ne donne pas ouverture à résolution, sauf le
cas où la personne ou sa qualité ont été l’une des causes déterminantes du
consentement donné par l’autre partie ».

Exemple : l’erreur sur la solvabilité ou la réputation commerciale de l’autre


partie ; ou encore dans le contrat de travail où la qualification professionnelle
du travailleur est essentielle. Dans ce cas, l’erreur sur la personne est une cause
de nullité dans ce qu’on appelle le contrat intuitu personae, où la qualité de la
personne est essentielle.

Quelque soit l’erreur (sur l’objet du contrat ou sur la qualité de la personne), le


juge devra pour se prononcer sur le caractère déterminant ou non de l’erreur,
prendre en considération la situation concrète de celui qui invoque l’erreur et
les circonstances du contrat. (article 44 du DOC).

Toutefois, pour justifier l’annulation du contrat, l’erreur doit revêtir une


certaine gravité, mais aussi réunir des conditions tenant à l’équité. Ainsi, même
lorsqu’il est établit que l’erreur a déterminé le consentement, le juge hésitera à
prononcer l’annulation dans deux hypothèses :

- Lorsque la victime de l’erreur ne mérite pas d’être protégée.

- Lorsque le cocontractant de la victime de l’erreur mérite protection.

2- Le dol :

Le dol est un vice de consentement et consiste dans les manœuvres déloyales,


par lesquelles, une partie obtient le consentement de l’autre en la trompant.
(articles 52 et 53 du DOC).

a) Notion du dol :

Le dol suppose la faute intentionnelle. Il n’y a pas de dol sans l’intention


d’induire en erreur et de tromper. Mais cet élément psychologique ne suffit pas,
il faut qu’il se concrétise par un élément matériel.

- Il peut se concrétiser dans des manœuvres, c'est-à-dire une mise en scène


organisée, prévue et destinée à tromper l’autre partie, comme faire croire à des
qualités qui n’existent pas dans une marchandise.

- L’intention d’induire en erreur peut aussi se réaliser par le moyen de


mensonge (fausse pièce, faut titre).
A ce propos, il faut remarquer que l’article 52 du DOC ne parle pas de
mensonge, d’où la question qui se pose : le mensonge constitue-t-il un dol ?

La réponse est très nuancée. Dans l’ensemble, le mensonge ne constitue pas


toujours un dol. Ce n’est pas un dol, le fait de vanter ses marchandises est une
pratique tolérée. Pour les autres mensonges, c’est le juge qui appréciera s’il y a
dol ou pas. Pratiquement, il adoptera le critère suivant : le mensonge constitue
un dol lorsqu’il a un rôle déterminant, lorsque c’est ce mensonge qui a incité
l’autre partie à conclure.

On peut dire que le mensonge constitutif du dol se situe entre le menu


mensonge que la société accepte ou tolère et le trop gros mensonge, qui, parce
qu’il est invraisemblable et grotesque, ne doit pas induire en erreur.

- Et enfin, l’intention de tromper peut consister en une simple réticence. La


réticence est un fait négatif, une abstention, le fait de ne pas parler, de garder
le silence, de ne pas informer son cocontractant sur certains éléments du
contrat. Il y a réticence constitutive de dol lorsqu’une partie ne révèle pas à
l’autre partie des informations que cette dernière avait intérêt à connaitre et
qu’elle ne pouvait connaitre par elle- même.

b) Les auteurs du dol :

Selon l’article 52 du DOC, le dol doit émaner du cocontractant de son


représentant ou d’un tiers complice. L’article va encore plus loin et considère
que le dol commis par un tiers peut justifier l’annulation lorsque la partie qui en
profite en a connaissance.

Le cocontractant qui en profite de cette intervention et ne fait rien pour rétablir


la vérité et pour démentir se rend complice de la déloyauté et mérite d’être
privé du bénéfice du contrat.

En revanche, si celui qui profite du dol d’un tiers n’en a pas connaissance, le
contrat ne sera pas annulé mais l’auteur du dol peut être poursuivi en
dommages et intérêts.

c) Les effets du dol :

L’article 52 parle de rescision (nullité relative). Pour justifier la rescision du


contrat, il faut que le dol ait déterminé le consentement. Ce dol déterminant est
appelé dol principal par opposition au dol incident, sans lequel le contrat aurait
été conclu d’autre façon. Le dol incident n’est pas une cause de nullité mais
donne droit à des dommages et intérêts.

Selon l’article 53 du DOC : « le dol qui porte sur les accessoires de l’obligation
et qui ne l’a pas déterminée ne peut donner lieu qu’à des dommages et intérêts
».

3- La violence :

La violence consiste à provoquer chez une personne un sentiment de crainte


afin de l’amener à conclure un contrat pour éviter le mal dont on la menace. On
peut donc adopter la définition de la violence prévue par l’article 46 du DOC.

Pour justifier la rescision de l’obligation, la violence doit être déterminante et


illégitime.
- La violence doit être déterminante : elle doit avoir amené l’autre partie à
contracter par le moyen de la contrainte d’ordre physique et d’ordre moral,
c'est-à-dire la crainte d’exposer sa personne, son honneur ou ses biens à un
préjudice.

Cependant, afin d’évaluer le caractère déterminant ou non déterminant de la


violence, on doit tenir compte de l’âge, du sexe, de la condition des personnes
et de leur degré d’impressionnabilité.

La violence donne également ouverture à la rescision de l’obligation lorsqu’elle


a été exercée sur une personne avec laquelle la partie contractante est
étroitement liée par le lien de sang.

- La violence doit être illégitime : dans le sens où la contrainte est exercée sans
l’autorité de la loi. Toutefois, l’article 51 précise que : « la crainte révérencielle
(mélange de crainte et de respect) ne donne pas ouverture à rescision, à moins
que des menaces graves ou des voies de fait se soient ajoutées à cette crainte
révérencielle ». Il s’agit du mélange de crainte et de respect qu’inspirent les
parents et autres ascendants.

Dans le même ordre d’idées, l’article 48 du DOC précise que « la crainte inspirée
par la menace d’exercer des poursuites ou d’autres voies de droit ne peut
donner ouverture à la rescision que si on a abusé de la position de la partie
menacée pour lui extorquer (retirer) des avantages excessifs ou indus, à moins
que ces menaces ne soient accompagnées de faits constituant une violence…».

En effet, chacun peut utiliser normalement ses droits et a le droit d’user de


contrainte pour obtenir ce qui lui est du. Mais le créancier qui détourne le droit
de son but commet un abus de droit, si profitant de cette situation, il tente
d’obtenir une promesse sans rapport ou même seulement hors de proportion
avec l’engagement primitif.

Et enfin, la violence peut émaner soit du cocontractant, soit d’un tiers, même si
celui qui en profite n’en a pas connaissance.

L’essentiel à retenir c’est que le consentement de la victime a été vicié quelque


soit l’auteur de la violence vice de consentement.

4- La maladie et les autres cas analogues :

L’article 54 du DOC traite un vice particulier affectant aussi la validité du


contrat. En effet, cet article précise les cas de rescision fondés sur l’état de la
maladie et autres cas analogues qui sont abandonnés à l’appréciation du juge.

5- La lésion :

La lésion peut être définie comme le préjudice matériel résultant pour l’une des
parties d’une inégalité de valeur entre les prestations. Un contrat lésionnaire
est considéré comme un contrat injuste pour l’une des parties en ce sens qu’elle
n’en retire pas les avantages correspondant à la prestation qu’elle effectue.

En droit marocain, la lésion peut être rescisoire dans deux cas :

- Lorsqu’elle est causée par dol de l’autre partie ou de celui qui la représente ou
qui a traité pour elle.
- La lésion donne ouverture à rescision lorsque la partie lésée est un incapable
même sans dol.
Sanction des conditions de formation du contrat
Section 2 : La nullité et la rescision

La nullité ou la rescision se définit comme le fait que l’on considère qu’un acte
juridique ou un contrat n’a jamais existé en raison d’une cause antérieure ou
contemporaine de sa formation.

Autrement dit, lorsque l’une des conditions requises pour la formation d’un
contrat n’est pas remplie, le contrat est nul, soit de nullité absolue, soit de
nullité relative.

Il existe deux catégories de nullité :

- La nullité absolue ou nullité de plein droit.

- La nullité relative ou rescision.

L’article 306 du DOC prévoit le domaine de la nullité absolue en précisant que :


« …l’obligation est nulle de plein droit :

1-lorsqu’elle manque d’une des conditions substantielle de sa formation ; 2-


lorsque la loi en édicte la nullité dans un cas déterminé ».
On peut dire que la nullité de plein droit sanctionne le défaut d’objet et l’objet
illicite ainsi que tout contrat contraire à l’ordre public.

Cette nullité vise à sanctionner les règles de formation du contrat tendant à


protéger l’intérêt général de la société.

Alors que la nullité relative, appelée rescision par le DOC, sanctionne le défaut
de capacité, les vices du consentement, la lésion et même les cas relatifs à la
maladie et les autres cas analogues (identiques).

La nullité relative sanctionne donc la violation des règles de formation du


contrat destinées à protéger les contractants (les incapables, les victimes d’un
vice de consentement, les victimes d’une lésion) ; autrement dit, cette nullité
vise à protéger l’intérêt particulier.

Les effets

Au niveau des effets, dans les deux cas de nullité, les effets sont les mêmes ; il
s‘agit de la destruction partielle ou totale, mais toujours rétroactive.

Cependant, deux possibilités se présentent :

- Ou bien les parties n’avaient pas encore exécuté, ce contrat ne produira pas
d’effet pour l’avenir.

- Ou bien l’une des parties ou les deux avaient déjà exécuté le contrat, auquel
cas, il y aura restitution réciproque. Cette nullité produira son effet et pour le
passé et pour l’avenir. En cas d’impossibilité de restitution, comme pour les
contrats successifs, la nullité ne produira son effet que pour l’avenir.

Ces deux techniques se ressemblent très largement, mais il existe toutefois


quelques différences :
1- Au niveau de la confirmation ou la ratification (acceptation) :

C’est le fait que la partie victime du défaut des conditions de validité du contrat
affirme vouloir, en dépit de tout, exécuter son engagement.

- La confirmation est possible lorsqu’il s’agit de la rescision, dans la mesure où


la victime a une parfaite connaissance du vice et lorsque le vice est réparé.

- La confirmation est impossible lorsque la nullité de plein droit est encourue


(risquée).

2- Au niveau de prescription :

- Concernant la nullité de plein droit, le droit d’invoquer cette nullité n’est pas
soumis à des délais particuliers de prescription. Il s’éteint par la prescription de
15 ans conformément au droit commun.

- Concernant la rescision, l’article 311 du DOC prévoit que l’action en rescision


se prescrit par le délai d’un an et l’article 312 vient différer le point de départ du
délai de prescription de la manière suivante :

- Lorsqu’il s’agit de la violence, le délai ne court qu’à partir du jour où elle a


cessé.

- Lorsqu’il s’agit de l’erreur ou du dol, le délai ne court qu’à compter du jour où


ils ont été découverts.

3) Au niveau de l’exercice de l’action :

- La nullité de plein droit entraine la destruction rétroactive. Ce qui veut dire


que peuvent invoquer la nullité non seulement les parties, mais encore tous les
intéressés et même le juge, lequel peut soulever d’office la nullité du contrat.

- La rescision ne peut être invoquée que par les parties et plus particulièrement
par celui que la loi a entendu protéger, comme par exemple l’incapable ou la
victime de l’erreur. Par conséquent, le juge ne peut soulever d’office une cause
de rescision.
Section 1 : La force obligatoire à l’égard des parties

Paragraphe 1 : Les parties de la force obligatoire

L’article 228 du DOC dispose : « les obligations n’engagent que ceux qui ont été
partis à l’acte… ».

A) Les parties au sens strict

La qualité de partie s’applique aux personnes qui échangent leur consentement


pour produire les effets de droit qu’elles définissent par leur convention.

La qualification de partie s’applique donc à tous ceux qui, en personne, donnent


leur consentement au contrat, ceux qui matériellement signent l’acte établi
pour constater la convention.

B) Les ayants causes à titre universel (ATU)

L’ayant cause à titre universel (l’héritier) est celui qui se voit transférer
l’ensemble du patrimoine ou une cote part du patrimoine.

L’ATU est assimilé au défunt, c'est-à-dire que lorsque le défunt était lié par le
contrat ou était créancier à raison d’un contrat, l’héritier sera lié ou deviendra
créancier dans les mêmes conditions.

C’est ce qu’affirme l’article 229 du DOC qui dit : « les obligations ont effet non
seulement entre les parties mais aussi entre les héritiers… ».

Mais ce principe de la substitution appelle des exceptions et des correctifs


prévus par le même article qui ajoute : « …à moins que le contraire ne résulte
de la nature de l’obligation… ». Il s’agit du contrat intuitu personae.

L’article 229 du DOC précise aussi que : « …la transmission à lieu à moins que
le contraire ne résulte de la loi… ». Exemple : les articles 745 et 929 du DOC.

L’article 229 du DOC ajoute que : « …la règle ne joue à moins que le contraire
ne soit exprimé… ».

L’article 229 du DOC précise que : « …en cas de transmission des obligations,
les héritiers ne sont tenus que jusqu’à concurrence des forces héréditaires, et
proportionnellement à l’émolument de chacun d’eux… (les héritiers ne payent
que jusqu’à concurrence de ce qu’ils ont reçu) ».

Paragraphe 2 : Le contenu de la force obligatoire à l’égard des parties


La force obligatoire du contrat s’impose aux parties de la manière suivante :

A) Le contrat est la loi des parties

L’article 230 du DOC précise que « les obligations … faites », cela veut dire que
dans les rapports des parties, le contrat s’impose avec la même force que la loi.

Cette force obligatoire signifie qu’il y sera éventuellement contraint par


l’autorité publique (juge) qui veille au respect du contrat comme l’observation
de la loi.

B) Le contrat est irrévocable unilatéralement

L’article 230 du DOC stipule que : « les obligations … ne peuvent être révoquées
que de leur consentement mutuel… », cela veut dire que le contractant ne peut
rompre unilatéralement le contrat car il est lié.

Tel est le principe de cette irrévocabilité qui apparait comme un corollaire de la


force obligatoire car ce qui a été créé par la volonté des parties ne peut être
détruit que par leur commune volonté.

La question de la révocation par consentement mutuel est traitée par le DOC


sous le titre de la résiliation volontaire dans les articles 393 à 398 du DOC.

En dehors de ce principe de révocation par consentement mutuel, dans certains


cas exceptionnels, la loi permet à l’une des parties de révoquer unilatéralement
le contrat.

Ainsi, dans les contrats conclus pour une durée illimitée, la faculté de résiliation
unilatérale s’impose en vertu du respect de la liberté individuelle ou encore
dans les contrats qui supposent entre les parties un rapport mutuel de
confiance.
C) Le contrat doit être exécuté de bonne foi

L’article 231 du DOC précise que : « tout engagement doit être exécuté de
bonne foi et oblige non seulement à ce qui est exprimé mais encore à toutes les
suites que la loi, l’usage ou l’équité donnent à l’obligation d’après sa nature
».
2- En ce qui concerne les effets à l’égard des tiers :

Il convient de citer l’article 22 du DOC et qui précise à ce propos que : « …les


contre- lettres ne peuvent être opposées aux tiers s’ils n’ont n’en eu
connaissance, les ayants cause et les successeurs à titre particulier sont
considérés comme tiers… ».

De là, deux conséquences :

1- Les créanciers et les ayants cause des parties ont le droit d’invoquer la
contre- lettre lorsque tel est leur intérêt.

Ils écartent alors l’effet de l’acte apparent en traitant leur opposé en


démontrant la simulation.

Exemple : lorsqu’un débiteur en difficultés vend fictivement sa maison, ses


créanciers peuvent néanmoins la saisir en établissant la simulation.

2- Les créanciers ou ayants cause à titre particulier peuvent aussi, lorsque tel
est leur intérêt, méconnaitre et ignorer la contre-lettre, ainsi les créanciers ou
les ayants cause à titre particulier de l’acheteur apparent invoqueront l’acte
ostensible (apparent) pour considérer leur débiteur ou leur auteur comme étant
devenu propriétaire, grâce à quoi les premiers (créanciers) pourront saisir
l’immeuble et les seconds verront valider les droits qui leur ont été transmis sur
ce bien.

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