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ÉPREUVE de MATHÉMATIQUES 1

SESSION DE 1996
Durée : 4 heures - Coefficient : 6

L’usage des calculatrices programmables et alphanumériques est autorisé sous réserve des dispositions
définies dans la circulaire n˚ 86-228 du 28juillet 1986.

II est rappelé aux candidats qu’il sera tenu compte de la présentation et de la rédaction des copies.

On désigne par C l’espace vectoriel des applications continues 2π-périodiques de R dans C que l’on munit
de la norme : N∞ : f 7→ sup |f (t)|.
06t62π
1 π
Z
On rappelle que 1’application (f, g) 7→ hf |gi = f (t)g(t) d t est un produit scalaire hermitien sur C
2π −π
et l’on note f 7→ N2 (f ) la norme hermitienneZ associée.
1 π
On pose enfin pour tout f ∈ C , N1 (f ) = |f (t)| d t.
2π −π
Pour tout élément k de Z, on note ek la fonction t 7→ eikt . On désigne par P le sous-espace vectoriel de C
engendré par les fonctions ek , où k décrit Z ; les éléments de P sont les polynômes trigonométriques. On
note Pn le sous-espace vectoriel engendré par les fonctions ek où |k| 6 n. Pour tout élément f de C et tout
k ∈ Z, on note ck (f ) = hek |f i le k ième coefficient de Fourier de f et, pour tout n ∈ N, on note Sn (f ) la
n
nième somme partielle de la série de Fourier de f définie par S (f ) =
P
n c (f )e .
k k
k=−n

L’objet du problème est d’étudier des procédés d’approximation tant du point de vue qualitatif que quan-
titatif des fonctions continues ou lipschitziennes par des polynômes trigonométriques. Les deux dernières
parties utilisent les résultats obtenus pour résoudre deux problèmes l’un de nature algébrique, l’autre de
nature géométrique.
I. Exemples de polynômes trigonométriques.
1. Noyau de Dirichlet.
n
P
Pour tout entier naturel n, on pose : Dn = ek .
k=−n

a. Établir que pour tout n ∈ N et tout t réel,


sin (2n + 1) 2t
Dn (t) = si t ∈ R \ 2πZ et 2n + 1 si t ∈ 2πZ.
sin 2t
sin (n + 1)t
b. Soit n entier naturel. Montrer que la fonction fn : t 7→ Dn (t) − 2 se prolonge en une
t
fonction continue sur le segment [0, π].
Montrer que fn (t) peut s’écrire sous la forme :
sin (2n + 1) 2t − sin (n + 1)t t
2 − sin 2
t
fn (t) = + sin (n + 1)t
sin 2t t t
2 sin 2
et en déduire qu’il existe M réel tel que, pour n ∈ N et t ∈ ]0, π], |fn (t)| 6 M .
Établir enfin que, pour tout entier naturel n,
2 π |sin (n + 1)t|
Z
N1 (Dn ) = d t + un
π 0 t
où (un )n>0 est une suite bornée.

1
c. Montrer que, pour tout n ∈ N,
Z π n Z π
|sin (n + 1)t| X sin t
dt = d t.
0 t 0 t + kπ
k=0
En utilisant
Z π l’égalité Z π Z π 
sin t sin t 1 1
dt = dt + − sin t d t,
0 t + kπ 0 (k + 1)π 0 t + kπ (k + 1)π
en déduire que, pour tout n ∈ N,
Z π n+1
|sin (n + 1)t| 2X1
dt = + vn
0 t π k
k=1
où (vn )n>0 est une suite bornée.
d. Prouver finalement que, pour tout n ∈ N,
4
N1 (Dn ) = 2 ln (n + 1) + rn
π
où (rn ) est une suite bornée.
2. Noyau de Féjer.
1 P n
Pour tout n ∈ N, on pose Kn = Dk .
n + 1 k=0
a. Pour tout n ∈ N et tout k ∈ Z, établir que
|k|
ck (Kn ) = 1 − si |k| 6 n, 0 sinon.
n +1
n

P |k|
En déduire que Kn = 1− ek .
k=−n n+1
Pour tout n ∈ N et tout t ∈ R , établir que
2
sin (n + 1) 2t

1
Kn (t) = si t ∈ R \ 2πZ, n + 1 si t ∈ 2πZ.
n+1 sin 2t
En conclure que, pour n ∈ N , Kn est un polynôme trigonométrique pair à valeurs positives.
b. Prouver que tout n ∈ N , N1 (Kn ) = 1.
Z π
Établir que pour 0 < α 6 π, lim Kn (t) d t = 0.
n→+∞ α
II. Convolution des fonctions périodiques.
1. Soit f ∈ C . Prouver que pour tout nombre réel α, Z
Z α+2π π
f (t) d t = f (t) d t.
α −π

Z de C , la fonction f ? g définie sur R par la formule


2. Montrer que pour tout couple (f, g) d’éléments
1 π
f ? g(x) = f (x − t)g(t) d t
2π −π
appartient à C .
Vérifier que g ? f = f ? g.
Prouver que N∞ (f ? g) 6 N1 (g) N∞ (f ).
3. Soit f ∈ C . ÉtabIir que pour tout k ∈ Z, f ? ek = ck (f )ek .
En déduire pour tout n ∈ N et tout P ∈ Pn que f ?P ∈ Pn . En particulier, vérifier que f ?Dn = Sn (f ).
4. Approximation des fonctions continues par la méthode de Féjer.
Soit f un élément de C .
a. Montrer que pour tout n ∈ N et tout xZ∈ R,
1 π
f (x) − f ? Kn (x) = (f (x) − f (x − t)) Kn (t) d t.
2π −π
b. Établir que pour α ∈ ]0, π], Z π
2
N∞ (f − f ? Kn ) 6 ωf (α) + N∞ (f ) Kn (t) d t
π α

2
où ωf (α) = sup |f (s) − f (t)|.
|s−t|6α

c. À l’aide de I.2.c), montrer que lim N∞ (f − f ? Kn ) = 0.


n→+∞
d. Applications :
(i) Prouver que la fonction f est nulle si et seulement si ck (f ) = 0 pour tout k ∈ Z.
(ii) Pour tout n ∈ N, montrer que N2 (f − Sn (f )) 6 N∞ (f − f ? Kn ).
En déduire que lim N2 (f − Sn (f )) = 0.
n→+∞
En écrivant que (N2 (f ))2 = (N2 (f − Sn (f )))2 + (N2 (Sn (f )))2 , prouver que
n
(N2 (f ))2 = lim |ck (f )|2 .
P
n→+∞ k=−n

En conclure que pour tout couple (f, g) d’éléments de C ,


Pn
hf |gi = lim ck (f )ck (g).
n→+∞ k=−n

5. Approximation des fonctions lipschitziennes.


Soit f ∈ C lipschitzienne dans le rapport λ(f ).
Z π
λ(f )
a. Montrer que pour tout n ∈ N, N∞ (f − f ? Kn ) 6 tKn (t) d t.
π 0
u h πi
b. Vérifier que la fonction u 7→ se prolonge en fonction continue sur le segment 0, .
sin u 2
Soit m sa borne supérieure sur ce segment. Montrer que pour tout n ∈ N,
Z π Z (n+1)π
4m2 2 sin2 y
tKn (t) d t 6 d y.
0 n+1 0 y
En écrivant par exemple que
Z (n+1) π Z 1 Z (n+1) π
2 sin2 y 2 dy
dy 6 y dy + ,
0 y 0 1 y
conclure qu’il existe un nombre réel µ tel que pour tout n > 1 et tout f ∈ C lipschitzienne,
ln (n + 1)
N∞ (f − f ? Kn ) 6 µ λ(f ).
n+1
c. Applications.
Soit n ∈ N. Montrer que pour P ∈ Pn ,
f − Sn (f ) = (f − P ) + (P − f ) ? Dn .
En déduire que pour n > 1,  
ln (n + 1) 4
N∞ (f − Sn (f )) 6 µ λ(f ) ln (n + 1) + rn + 1 .
n+1 π2
Que peut-on en conclure ?
6. Approximation des fonctions holdériennes.
Soit f ∈ C . On suppose qu’il existe γ ∈ ]0, 1[ et λ(f ) réel tel que pour tout couple (s, t) de nombres
réels,
|f (s) − f (t)| 6 λ(f ) |s − t|γ .
a. Exemple.

Montrer que la fonction 2π-périodique paire qui coı̈ncide sur [0, π] avec la fonction t 7→ t vérifie
une condition de ce type.
b. Montrer par un procédé analogue à celui de II.5) que pour tout n ∈ N,
π
λ(f ) 21+γ m2 (n+1) 2 sin2 y
Z
N∞ (f − f ? Kn ) 6 d y.
π (n + 1)γ 0 y 2−γ
En déduire qu’il existe un réel µ0 (γ) tel que :
µ0 (γ)
N∞ (f − f ? Kn ) 6 λ(f ).
(n + 1)γ
Conclure.

3
III. Convolutions et translations.
1. Soient f et g deux éléments de C . Montrer que pour tout k ∈ Z,
ck (f ? g) = ck (f )ck (g).
En déduire que la loi (f, g) 7→ f ? g est associative. Cette loi possède-telle un élément neutre ?
2. Soit φ ∈ C .
a. Pour tout a ∈ R, on note φa la translatée de φ définie par φa (t) = φ(t − a). Vérifier que, pour
tout k ∈ Z, ck (φa ) = ek (a)ck (φ).
b. On note Eφ le sous-espace vectoriel de C engendré par les translatées φa de φ lorsque a parcourt
R.
Montrer que pour tout f ∈ C et tout ε > 0, il existe ψ ∈ Eφ tel que N∞ (f ? φ − ψ) 6 ε.
Z π
(On pourra approcher l’intégrale f (t)φ(x − t) d t par une somme de Riemann en observant
−π
que la fonction (x, t) 7→ f (t)φ(x − t) est uniformément continue sur R × [−π, π]).
c. On note Tφ l’application de C dans lui-même ainsi définie : Tφ (f ) = f ? φ.
(i) Vérifier que Tφ est un endomorphisme de C . Déterminer les valeurs propres de Tφ .
Montrer que pour toute valeur propre λ non nulle de Tφ , le sous-espace propre Eλ (Tφ ) associé
à λ est de dimension finie et en donner une base.
(ii) On suppose que tous les coefficients de Fourier de φ sont non nuls. Montrer que dans ces
conditions Tφ est injectif et que Tφ induit un isomorphisme de P sur lui-même. En déduire
que l’adhérence de Eφ est égale à C .
d. On suppose dans cette question que Eφ est de dimension finie et on note X la partie de Z
constituée des entiers k tels que ck (φ)6=0. Montrer que Eφ n’est autre que le sous-espace vectoriel
de P engendré par les fonctions ek où k décrit X.
IV. Inégalité isopérimétrique.  − → −→
Soit E un plan affine euclidien muni d’un repère orthonormé O, i , j . On note k·k la norme euclidienne


de l’espace vectoriel E associé à E.
Soit γ : [0, 2π] → E un arc paramétré de classe C 1 , régulier de longueur L satisfaisant de plus aux conditions
suivantes :
(i) la restriction de γ à [0, 2π[ est injective,
(ii) γ(2π) = γ(0),
(iii) γ 0 (2π) = γ 0 (0).
On note A l’aire du domaine borné délimité par γ. On se propose d’établir l’inégalité L2 > 4πA et d’étudier
le problème de l’égalitéZ dans cette inégalité.

Vérifier que A= γ1 (t)γ20 (t) d t
0

− →

où γ1 et γ2 sont les fonctions réelles de classe C 1 définies sur [0, 2π] par la relation γ(t) = γ1 (t) i + γ2 (t) j .
2π t
Z
γ 0 (s) d s,
1

1. Quitte à effectuer le changement de paramètre C -admissible θ : t 7→
L 0
montrer que l’on peut supposer que l’arc paramétré vérifie en outre la condition :
L
(iv) pour tout t ∈ [0, 2π], kγ 0 (t)k = .

2 1 2π
Z
L
(γ10 (t))2 + (γ20 (t))2 d t.

Prouver que dans ces conditions : 2
=
4π 2π 0
2. On note ψ1 ( resp. ψ2 ) la fonction 2π-périodique de classe C 1 à valeurs réelles qui coı̈ncide avec γ1
(resp. γ2 ) sur l’intervalle [0, 2π[.
a. Soit f un élément de C à valeurs réelles. Montrer que pour tout k ∈ Z, c−k (f ) = ck (f ).

4
b. Établir les relations
Z suivantes : n
1 2π γ 0 (t) 2 d t = 2 lim
X  
k 2 |ck (ψ1 )|2 + |ck (ψ2 )|2

2π 0 n→+∞
k=1
Z 2π n
1 X  
γ1 (t)γ20 (t) d t = −2 lim k Im ck (ψ1 )ck (ψ2 ) .
2π 0 n→+∞
k=1
+∞     
En déduire que : L2 − 4πA = 8π 2 k 2 |ck (ψ1 )|2 + |ck (ψ2 )|2 + 2k Im ck (ψ1 )ck (ψ2 )
P
k=1
la série du second membre convergeant absolument.
Pour tout k > 1, établir  que :  
k 2 |ck (ψ1 )| + |ck (ψ2 )| + 2k Im ck (ψ1 )ck (ψ2 ) = |kck (ψ1 ) − ick (ψ2 )|2 + (k 2 − 1) |ck (ψ2 )|2 .
2 2

Déduire de ce qui précède l’inégalité annoncée et montrer qu’il ne peut y avoir égalité que, si et
L
seulement si, γ est un cercle de rayon .

Fin de l’énoncé.

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