Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
antiques/Chapitre 2 - §2
Camille Germain de Montauzan
◄ § I. — Les eaux de la région § II. — Tracé de l’aqueduc du Mont- § III. — Tracé de l’aqueduc de
lyonnaise d’Or Craponne ►
« Le Mont-d’Or fixa d’abord le premier dessein des Romains. Deux branches d’aqueducs embrassèrent
tout ce groupe de montagnes et recueillirent les eaux, l’une depuis Poleymieu jusqu’à Saint-Didier, en
passant sur les collines qui regardent la Saône, dans les paroisses de Curis, Albigny, Couzon, Saint-
Romain, Collonges et Saint-Cyr ; et l’autre depuis Limonest jusqu’à Saint-Didier. Ces branches réunies
formèrent une tige d’aqueducs qui passait à Ecully ; au Massut et à Saint-Irénée, où elle se terminait je ne
sais en quel endroit ; mais il en subsiste encore un reste sous le carrefour du chemin de Francheville et de
[4]
Tassin . »
[5]
Flacheron est plus explicite. Sans préciser exactement le
parcours, il s’attache surtout à décrire la forme et les dimensions
de la section du canal, ayant pu mesurer celui - ci en un point où
il était coupé par un chemin qu’on venait d’ouvrir pour desservir
une carrière, au-dessus du village de Couzon. Cette section est
[6]
représentée ci-contre (fig. 1). M. Gabut donne sur le parcours
beaucoup plus de détails. Il signale les différents points où il a vu
l’aqueduc à découvert, plus ou moins endommagé. donne la cote
d’altitude de ces points, soit d’après des nivellements partiels
antérieurs, soit d’après une carte avec courbes de niveau, et
désigne les propriétés où ils se trouvent. J’ai suivi le même trajet
depuis l’origine de l’aqueduc, et, outre ces points, j’en ai reconnu
Fig. 1 — Section de l'aqueduc quelques autres. J’ai pu également déterminer plusieurs cotes
d'après Flacheron. d’altitude, par un nivellement rapporté à la plaque de la mairie de
Saint-Didier-au-Mont-d’Or.
De Poleymieu à Curis. — L’origine de la conduite se trouve entre le mont Verdun et le mont Toux, à la
fontaine dite précisément fontaine de Toux.
Un peu au delà de La Blache, au bord et à droite de la route en descendant vers Curis, d’importantes
carrières ont été ouvertes il y a peu de temps. Leur exploitation a tranché le canal dont on voit, a 20 ou 25
mètres au-dessus du terre-plein de la carrière et à 1m, 50 au-dessous de son sommet, dans la muraille
abrupte du rocher entaillé, se dessiner nettement la section et s’enfoncer le specus. En bas, parmi les
quartiers de roches abattues, gisent de tous côtés des blocs de béton rougeâtre, de grands lambeaux de
parois à la surface lisse avec ses reliefs et ses creux qui dessinent le profil géométrique de la section.
Celle-ci (fig. 3) est à peu près conforme au dessin de Flacheron (v. fig. 1, p. 50), sauf qu’au lieu de trois
dalles posées en encorbellement, il n’y en a qu’une seule reposant sur les deux piédroits à rebords évasés,
et que ceux-ci ont 80 centimètres de hauteur, au lieu de 50 environ. Une couche de ciment de 25
millimètres, formée de chaux et de fragments de tuileaux de la grosseur d'un pois, recouverte elle-même
d'une deuxième couche d'un à deux millimètres faite avec du tuileau pulvérisé et soigneusement polie à la
surface, constitue le revêtement des parois latérales et du radier. Ce dernier est, en outre, renforcé en
dessous par une couche de béton épaisse de 25 centimètres. Aux angles des piédroits et du radier, règne
un bourrelet en ciment comme le reste du revêtement, destiné à garantir ces angles. Comme ici le canal
est creusé dans la roche compacte, il n'y a pas d'enveloppe de maçonnerie. Dans le dessin de Flacheron,
au contraire, autour de la coque intérieure, est une maçonnerie de
petits matériaux assemblés au mortier de chaux et de sable et. qui
présente à la base et latéralement une épaisseur uniforme de 50
centimètres, le tout portant sur une espèce de pavage en pierres
sèches de 20 centimètres de hauteur. J'ai d'ailleurs retrouvé ce
mode de construction indiqué par Flacheron, dans d'autres
endroits où la section est encore visible et où le terrain est de
nature plus meuble.
De Curis à Saint-Romain-au-Mont-d'Or. — Après la traversée
de ces carrières, l'aqueduc, suivant les contours de la montagne et
s'élevant de plus en plus par rapport à la route qui descend vers la
.Saône, passe au-dessus du village de Curis, dans les vignes au
sommet du parc du château. Je l'ai reconnu un peu plus loin dans
la tranchée d'un chemin qui conduit de Curis à Saint-Cyr-au-
Mont-d'Or ; la section, entourée de maçonnerie cette fois, est fort
Fig. 3 — Profil de la section aux endommagée, c'est-à-dire écrasée et remplie de terre : on ne voit
carrières de la Blache.
que le radier et quelques lambeaux d'un des piédroits. Le tracé,
ensuite, contourne le large bastion rocheux qui, dominant
Albigny, fait saillie dans la vallée de la Saône et dans lequel ont
fait brèche les immenses carrières dites de Couzon, côtoyées par la ligne du chemin de fer de Paris à
Lyon. Dans le rentrant qui suit, l'aqueduc fait un assez long détour et revient au-dessus de Couzon. C'est
là qu'est ce chemin dit à Ronchon, où Flacheron a vu la section si nettement. Aujourd'hui, c'est à peine si
dans les éboulis du talus on peut distinguer quelques traces des revêtements à grains rouges de ciment
romain. Par ce chemin, qui monte à pic dans le creux d’un vallon escarpé, on arrive, une cinquantaine de
pas au delà du point de Flacheron, tout près d’un réservoir dont, cet auteur ne parle pas, analogue à celui
de la fontaine de Toux, construit sur les restes d’un ouvrage de la même origine antique, et auquel
aboutissent aussi de petites galeries de captage, fonctionnant à présent tant bien que mal, mais grâce
auxquelles ce réservoir peut encore fournir de l’eau aux terres et aux fontaines de Couzon. Des galeries,
détruites aujourd’hui, reliaient certainement ces captages et ce réservoir à l’aqueduc qui s’allonge à
quelques mètres au-dessous et pour lequel ils avaient été disposés.
En continuant à suivre le niveau, on rencontre peu après le lit d’un torrent desséché. Etant descendu dans
le ravin, j’y ai reconnu, dans un amas de pierres de toutes dimensions, un bloc de béton romain,
d’authenticité assurée, large de 20 centimètres, long de 40, épais de 15, à côté de plusieurs autres
fragments plus petits de même nature : débris évidents de l’aqueduc, qui devait être supporté, au-dessus
de ce vallonnement, par une petite arche depuis longtemps effondrée.
Après un contour le long d’un saillant, l’aqueduc passe dans la vallée dont l’issue est à Saint-Romain-au-
Mont-d’Or. Cette vallée de Saint-Romain porte aussi le nom de vallée d’Arche, dénomination
caractéristique due sans conteste aux constructions apparentes qui subsistaient jadis de l’œuvre romaine.
La chose est d’autant plus certaine qu’une autre vallée voisine, dont il va être question tout à l’heure,
porte aussi le même nom ; nous trouverons de même sur le parcours de l’aqueduc du Gier le ruisseau des
Arcs et le ruisseau d’Arche. Vers le fond de cette première vallée d’Arche, sur Saint-Romain, l’aqueduc
du Mont-d’Or est coupé par la route qui va de Saint-Romain à Limonest par le col du mont Verdun. Une
petite carrière a été ouverte dans le talus de ce chemin, à la cote 312 ; elle a, comme celle de La Blache,
entamé la conduite, dont plusieurs blocs énormes sont encore là, épars, laissant voir la forme de la
section, qui ne diffère du profil décrit plus haut que par la substitution de pans coupés aux bourrelets
d’angles ; dans la terre, on aperçoit la gaine de maçonnerie qui n’existait pas à La Blache ; le
renseignement de Flacheron se trouve donc confirmé.
Un peu plus loin, en se rapprochant encore du fond de la vallée, dans le jardin d’un restaurant champêtre,
on voit, sur une longueur de quelques mètres, le canal ouvert, encastré dans le talus d’une allée ; la
couverture et un des piédroits ayant été arrachés, on croirait voir un banc à dossier, solidement construit,
en ciment ; le massif de maçonnerie qui le supporte complète l’illusion.
Réservoirs de Saint-Romain. — On est ici tout proche d’un des points les plus intéressants du parcours.
L’aqueduc passe d’un côté à l’autre de la vallée ; il ne reste pas de vestige de la petite arche sur laquelle il
devait franchir le thalweg, pas plus que de la canalisation souterraine dans le voisinage. Mais,
immédiatement après l’arche, si l’ouvrage avait, été conservé, on verrait la jonction de la conduite et d’un
chenal qui, par l’intermédiaire de deux réservoirs tout proches, lui amenait les eaux des pentes
environnantes. Ces deux réservoirs, à la suite et en contre-bas l’un de l’autre, à peine distants d’une
trentaine de mètres, le plus bas étant à quelque trente mètres aussi de l’endroit où devait passer le canal,
[9]
existent encore et appartiennent à un grand propriétaire de Saint-Romain qui les utilise pour l’irrigation
de ses domaines, cédant même à la commune une partie des eaux qu’ils recueillent. Je me borne ici à les
indiquer, ayant à y revenir plus loin, au chapitre où il sera spécialement traité des prises d’eau.
Auges, la propriété Liandras (section C, parcelle n° 934 du cadastre de Saint-Cyr); aux Cures, il existe
dans la vigne de M. Rollet (section C, n° 974), où il mesure exactement les dimensions indiquées par M.
Gabut (fig. 4). Il passe alors sur l’autre versant de la colline de Saint-Cyr, en contournant par conséquent
le mont Cindre qui la surmonte, et il se retrouve dans la vallée du ruisseau le Pomet, au-dessous du
cimetière, dans la vigne Buathier (section C, n° 1076), puis au hameau de Chatanay, où son radier sert de
support au mur de la vigne Guillen, le long du chemin n° 26, cote 289, sur la rive droite du Pomet. On le
voit encore, de l’autre côté de la vallée, dans le bas du hameau Le Montellier, à mi-coteau, où il traverse
la propriété Beaujolin (section C, n° 1147). Puis c’est un nouveau contour en saillant pour passer de la
vallée du Pomet dans la deuxième vallée d’Arche, sur la commune de Saint-Didier; il traversait celle
vallée au-dessous de Saint-Fortunat.
Ensuite, il y a des preuves positives pour démontrer que l'aqueduc est bien venu dans la ville sur la
colline. Un siphon lui faisait effectivement franchir le vallon de Grange-Blanche; mais ce siphon n'était
pas soutenu par le pont dont on voit encore les restes au-dessous de la gare actuelle d’Ecully-la-Demi-
Lune, et qui appartenait, comme nous le verrons, à l'aqueduc de la Brévenne. C'est en aval, à une centaine
de mètres après le confluent du ruisseau des Planches avec le ruisseau de Chalins, que se trouvait le pont-
siphon de l'aqueduc du Mont-d'Or. On y voyait, encore, il y a une quarantaine d'années, selon des
témoignages dignes de foi, les restes de quelques piles. Les recherches de Delorme, postérieures au
mémoire que nous possédons, lui avaient fait découvrir l'existence de ce pont-siphon, car il est indiqué à
cette place même sur la carte d'Artaud, qui ne fait que reproduire, comme on sait, un original de
Delorme. Aujourd'hui, les vestiges ont disparu, et, pas plus que M. Gabut, je n'ai pu les découvrir. Ce
n'est point une raison pour récuser un témoignage tel que celui d'un auteur gravant sur un plan une
récusation de son opinion première, témoignage confirmé par une tradition connue avant la découverte de
[14]
la carte . Les tuyaux de ce siphon remontaient donc sur le plateau de Champvert, en face ; le réservoir
de fuite, non retrouvé, devait y exister au niveau voulu. La conduite libre reprenait alors, contournait
probablement au nord la colline de Fourvière, et aboutissait, soit à un château d’eau de distribution, soit à
des citernes réservoirs. Cette question sera examinée plus loin.
Ce second vallon d’Arche est, comme le premier, riche en sources, que l’on aurait captées de la même
[15]
façon que plus haut. MM. Faisan et Locard en indiquent une, à la cote 300, où ils ont trouvé, paraît-il,
les traces d’une prise d’eau d’origine romaine. M. Gabut en indique une autre, dite source des Vignes,
plus élevée, à la cote 350, où l’on peut reconnaître également les marques d’un travail romain. Enfin il y
aurait d’anciens captages, plus haut encore, au-dessus de 400 mètres d’altitude. Sans l’avoir vérifié, je
crois cela volontiers, puisque j’ai pu constater des dispositifs de ce genre sur le Versant au-dessus de
Saint-Romain.
Après le vallon d’Arche, l’aqueduc s’engage dans la plaine de Crécy, entre Saint-Didier et Saint-
Rambert. Là, dans l’angle formé par le chemin communal n° 2 venant de Champagne et le chemin,
d’intérêt commun n° 23, à l’est de ce dernier, à 160 mètres environ au nord du chemin n° 2, on a
découvert le specus en minant le terrain. Le canal passait ensuite au hameau de la Chevrotière, et arrivait
au bord d’une vallée étroite, mais assez profondément encaissée, où coule le ruisseau de Limonest. Dans
le fond de cette vallée, contre le mur de clôture de la propriété Cazenove, que longe le chemin de Roche-
Cardon, subsiste encore le massif de fondation d'une pile d'un pont-aqueduc sur lequel la conduite
franchissait la vallée, et que M. Gabut désigne sous le nom de pont de Cotte-Chally. Sur la rive droite en
face, dans la propriété de M. Vincent (section E, parcelles 23 et 24 du plan cadastral de Saint-Didier), on
peut encore reconnaître, au ras du sol, quelques autres traces de piles.
On s'est demandé si ce pont supportait un siphon, ou si l'eau y passait à libre canalisation, en maintenant
son niveau. Cette dernière opinion est celle qu'adopte M. Gabut, qui se fonde sur les raisons suivantes :
« Dans la plaine de Crécy, le radier du canal est à la cote 282 environ ; à Chevrotière, il était sans doute
un peu plus bas, et, de l'autre côté du ravin, dans la plaine, entre Bidon et Champagne, le radier est à la
cote 280 ; le siphon aurait, donc fonctionné sous une charge bien peu considérable. De plus, dans la
propriété de M. Vincent, les vestiges de piles sont visibles jusqu'à la cote 260, 265, environ, soit jusqu'à
20 ou 25 mètres au-dessus du ruisseau qui coule dans le ravin. Le ruisseau peut être compté comme étant
à l'altitude 240-242. Le radier du canal, au Bidon, est à 280 ; le pont aurait donc eu environ 40 mètres de
hauteur, du lit du ruisseau jusqu'au radier du canal sur le pont-aqueduc. La longueur du pont, entre la cote
282 vers la Chevrotière, et la cote 280 vers Bidon, aurait été de 500 mètres environ, soit à la couverte sur
le pont-aqueduc. L'édifice aurait donc eu au moins deux et même trois rangs d'arches superposées. Ce qui
nous porte à croire à un pont-aqueduc prolongeant la ligne d'écoulement de l'eau plutôt qu'à un pont à
siphons, c'est que dans la propriété Vincent on voit les vestiges de piles, étages sur le flanc du ravin,
depuis le ruisseau, cote 242, jusqu'à la cote 265 environ. A ce dernier point existait véritablement une
pile, et non un rampant ou un massif ; il y avait donc au-dessus de la pile une voûte, et sur cette voûte un
[16]
canal . »
Ces raisons ne paraissent, pas décisives. Une dénivellation de deux mètres seulement, pour un siphon de
faible longueur et de profondeur réduite, est parfaitement admissible, d’autant plus que dans l’hypothèse
d’un siphon, le pont qui soutenait celui-ci devait être assez haut : d’abord parce qu’il fallait éviter un
coude brusque, et ensuite parce que les vestiges de piles peuvent en témoigner. Toutefois, ces vestiges ne
sont pas assez nets pour permettre de les regarder tous comme des restes de piles plutôt que comme des
traces de substructions ayant soutenu les tuyaux de distance en distance, ou des ruines de massifs entre
des arcs rampants. Enfin, à défaut de preuves certaines, on n’ose guère se porter garant de la réalité d’un
ouvrage immense de 500 mètres de longueur, avec 40 mètres de haut et trois rangs d’arcades
[17]
superposées, dépassant le Pont-du-Gard en hardiesse et en grandeur, quand de cet ouvrage il reste si
peu de chose, et quand il s’agit d’un aqueduc dont le système de construction ailleurs apparaît plutôt
modeste.
Quoi qu’il en soit de l’hypothèse à adopter au sujet de ce pont, et qu’il ait été pont-aqueduc simple ou
pont-siphon, convenons seulement que l’aqueduc du Mont-d’Or, à considérer ce reste et tous les autres, a
dû se construire de façon beaucoup plus hâtive que celui de la Brévenne, ou celui du Gier surtout : de là,
beaucoup moins de solidité, dans les ouvrages d’art, et disparition plus complète des ruines. Le pont de
Beaunant dresse encore majestueusement ses piliers couronnés d’arcades, tandis que le pont-siphon du
premier aqueduc, sur le ruisseau des Planches, est totalement anéanti, et qu’on peut à peine distinguer
parmi les ronces quelques racines élimées de la rangée de Cotte-Chally.
Quand on est parvenu au hameau de Bidon, de l’autre côté de la vallée, on peut savoir où se dirige
l’aqueduc, en prenant des informations auprès des propriétaires de l’endroit qui ont eu l’occasion de le
voir à découvert. Dans la vigne de M. Vincent, il a été trouvé à 60 ou 80 centimètres seulement au-
dessous de la surface du sol ; sa profondeur, sous les dalles qui le recouvrent, serait de 0m, 60, et la cote
de niveau du radier d’après cela, 280, à quelques centimètres près. De l’autre côté de la route nationale n°
6, de Lyon à Villefranche, on le signale entre le village de Champagne et la limite ouest de la commune
de Saint-Didier, dans la propriété Serviant (section E, lieu dit Gorges, n" 462 du cadastre). Il passe
ensuite un peu au-dessous et à l’ouest du fort de la Duchère, et s’engage dans la commune d’Ecully, où il
a été découvert dans la propriété Caron, au lieu dit Tartre (section E, parcelles nos 412 à 415 du cadastre).
C’est un peu en amont du hameau de la Sauvegarde, et le radier y serait à peu près à la cote d’altitude
270.
Flacheron n’a pas connu le véritable parcours de l’aqueduc à partir de Saint-Cyr. Il est vrai que même
avant ce dernier village il n’avait apparemment déterminé le parcours que par conjecture ; et il commet
une erreur manifeste en le faisant arriver au voisinage de Limonest. Delorme parlait lui aussi de
Limonest, mais il croyait à l’existence d’une seconde branche, partie des hauteurs de ce village, sur le
flanc du mont Verdun, et venant se joindre à la principale vers le point où nous en sommes. Avait-il
entendu parler de cette branche d’aqueduc par les habitants du pays ? Flacheron a-t-il recueilli la même
tradition de l’existence d’un aqueduc sur ces hauteurs ? Je ne sais. Mais personne à présent ne peut le
montrer, ni rapporter aucun témoignage à son sujet. Delorme lui-même ne l’avait assurément pas vu, car
sur la carte d’Artaud ne figure pas la branche de Limonest. Il a dû s’apercevoir qu’il s’agissait d’un on-
dit sans fondement, et renoncer à son assertion. A la vérité, l’existence de cette branche n’a rien du tout
d’impossible et il se peut qu’elle se découvre un jour. Cette existence ne changerait d’ailleurs rien à
l’économie générale de l’aqueduc du Mont-d’Or, et. l’on peut sans grand souci en attendre la preuve. Il y
a d’autres découvertes à souhaiter, qui, pour la connaissance complète des aqueducs de Lyon, font bien
autrement défaut.
Arrivée à Lyon. — A partir de la Sauvegarde, on ne trouve plus trace de canal maçonné. On parle d’un
tuyau en poterie d’assez gros diamètre qu’on aurait trouvé en plusieurs endroits à la suite de l’aqueduc.
Pour les uns, ce tuyau en poterie aurait été l’origine de la distribution dans le groupe de villas supposé au
[18]
voisinage ; pour d’autres, ce serait le tube du siphon qui passait sur le pont au bas de la vallée. Je crois
en avoir dit assez sur la première de ces opinions. Quant à la seconde, la possibilité d’une pareille
conduite en poterie, soumise à une charge de plus de cinquante mètres, sera discutée en son lieu, et
repoussée. En tout cas, personne aujourd’hui n’a vu le point précis où cette conduite s’embranchait sur
l’aqueduc, ni par conséquent ne peut affirmer l’embranchement. Enfin, même en admettant l’authenticité
de celui-ci, rien ne prouverait que ce tuyau ne fût pas d’une époque bien postérieure, et que l’on n’eût pas
utilisé pour l’alimentation de quelque bassin moderne les eaux qui continuaient à couler irrégulièrement
par l’aqueduc ; car ces vieilles canalisations drainent toujours plus ou moins les eaux d’alentour.
Il est certain que le point de départ du siphon se trouvait au voisinage de la Sauvegarde, puisque c’est à
partir de cette localité que la forte déclivité du sol commence. Il a été question plus haut du pont-siphon
disparu au bas de cette déclivité, et du point d’aboutissement présumé de ce siphon sur le plateau de
Champ-vert. Le reste appartient, à la circulation dans la ville, dont il sera parlé dans un chapitre spécial.
1. C’est du moins apparemment pour un de ces motifs que le nom s’est transformé et que de
mont Tour qu’il s’appelait autrefois le massif est devenu mont d’Or. Au XIVe siècle, les
villages que nous aurons à mentionner dans cette région, Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, Saint-
Didier-au-Mont-d’Or, se nommaient Saint-Cyr-en-Mont-Tour, Saint-Didier-en-Mont-Tour, etc.
Mont-Toux est sans doute aussi une corruption de Mont-Tour. Aussi l’orthographe Mont-
Toux vaut-elle mieux que Mont-Thou, comme on l’écrit quelquefois.
2. V. PL. I, à la fin du volume, la reproduction de la carte dressée par Artaud d’après les
indications perdues de Delorme, et PL,. II, le tracé complet des quatre aqueducs, d’après les
recherches de la présente étude.
3. Sur Delorme, v. ci-dessus, Introd., p. III.
4. Ouvr. cité, p 4.
5. V. ci-dessus, Introduction, p. X.
6. Revue du Lyonnais, octobre 1889.
7. Ce village comprend, en effet, deux groupes de maisons : l’un dans la vallée, Poleymieu-le-
Bas, l’autre sur le versant, Poleymieu-le-Haut.
8. La statistique des ponts et chaussées (voir ci-dessus, p. 48) indique 11 litres ; ce chiffre me
semble un peu faible pour un débit moyen.
9. M. le comte de Murart.
10. « M. Jeune, cultivateur, avait trouvé l’aqueduc dans sa vigne, un peu plus loin que la vieille
église de Collonges, lieu dit Poizat. Il nous a certifié, et d’autres l’ont fait également, que les
dalles couvrant l’aqueduc, dalles simples, pierres plates non taillées, étaient posées à bain
de mortier sur les piédroits et recouvertes d’une chape (de mortier), le tout si bien maçonné
que la démolition de cette couverte était un travail de Romain. Souvent une dalle carrée en
formait la couverte. » (Gabut, loc. cit.).
11. V. ci-dessus, p. 50, la citation de Delorme.
12. C’est le vallon où coule le ruisseau des Planches (Cf. ci-dessus, p. 41.
13. V . ci-dessus, p. 21.
14. M. Steyert, avec qui j’ai eu l’honneur de m’entretenir souvent de ces questions dans les
derniers temps de sa vie, se montrait particulièrement affirmatif sur ce point : sans avoir vu
lui-même ces débris de piles, il se souvenait fort bien d’en avoir entendu parler, bien avant
d’avoir découvert le calque de la carte d’Artaud. On sait que sa mémoire était aussi fidèle
que son savoir était consciencieux.
15. Monographie géologique du Mont-d’Or.
16. Revue du Lyonnais, loc. cit.
17. La longueur du Pont-du-Gard est de 273 mètres, et sa hauteur maxima de 48m, 37.
18. « L’aqueduc se terminait-il à la cité de la Sauvegarde? Comme canal maçonné, c’est
possible ; mais comme service hydraulique, non ! « Un tuyau en poterie du diamètre
intérieur de 0m,132 et de 0m,157 de diamètre extérieur se détachait de l’aqueduc, à la
Sauvegarde, puis se dirigeait à travers le plateau des Roches jusque vers les parcelles n°
217 à 219, et de 223 à 225 de la section D du plan cadastral d’Ecully, propriétés Descours
et Lacène. « M. Bruny a trouvé un fragment de ce tuyau dans sa propriété, sise à la petite
voisinée de la Sauvegarde, qui, sur la carte du département, de Bonnaire, paraît englobée,
au sud de la route 13, dans un petit cercle indiquant la cote 260. « Lors du creusement, en
1870, des tranchées pour la défense de Lyon, on a trouvé ce tuyau à plusieurs mètres au-
dessous de la superficie du sol, dans la propriété de M. de Veyssière, lieu dit les Gantières,
section D, parcelles n° 103, 108 du cadastre d’Ecully. » (Gabut, loc. cit.)
Les textes sont disponibles sous licence Creative Commons Attribution-partage dans les mêmes conditions ; d’autres
conditions peuvent s’appliquer. Voyez les conditions d’utilisation pour plus de détails.