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Cours de sociologie.

Réflexion sur l’échec :


La culture de la jeunesse est en dissonance avec l’enseignement. Il y a des
difficultés de manipulation de la matière intellectuelle parce qu’il y a des
lacunes :
 par rapport à la langue maternelle : manque d’argumentation, mauvaise
orthographe, etc.
 par rapport aux langues étrangères
 par rapport à la culture générale

1. Généralités :

Le mot sociologie vient du latin « socius » : compagnon, et du grec « logos » : savoir


ou discours. La sociologie est donc un discours sur le compagnon : elle étudie la
façon dont les gens s’arrangent pour vivre ensemble. Mais l'origine reste néanmoins
douteuse. Cette étymologie est déjà la preuve de problématicité, de l'ambiguïté de
cette notion.

Le mot est né en 1839, sous la plume d'Auguste Compte, mathématicien et


fondateur du positivisme. La sociologie étudie, analyse, essaye de comprendre la
façon dont les gens s'arrangent pour vivre ensemble.
C'est une discipline à prétention scientifique, qui renvoie donc bien à l'idée de
science : « système ordonné de connaissance, se rapportant à une division de
l'univers» (division opérée par l'esprit de l'Homme qui pense l'univers).

2. Les différents types de sciences :

Il y a 4 types de sciences :
 Les sciences expérimentales :

C'est la capacité de reproduire une expérience (essai de mise en évidence d'une


propriété)
Ex. : H2+ ½ O2 → il faut arriver à prouver en tout moment et en tout lieu les
mêmes résultats
Ex : expérimentalement, les femmes et les hommes en âge de procréer, peuvent
procréer. Donc, il n'y a qu'une seule espèce (l'espèce humaine) même si il y en a eu
d'autres avant nous (cromagnon)
Ces sciences expérimentales sont basées sur l'idée que l'on peut, pour démontrer
quelque chose, en tout lieu et à tout moment, répéter une expérience.

 Les sciences non-expérimenta les :


La limite est floue avec les premières. Ex. astro(logie/nomie), géontologie.
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 Les sciences de la nature :


Les objets étudiés ne sont pas capables de volonté, ils sont inanimés, incapables
de se déplacer.

 Les sciences de l’Homme :


Rmq: Il s’agit de ce que l'on appelle faussement les sciences humaines, ce qui est
ridicule car toutes les sciences sont humaines.
L'objet étudié ici, c'est nous.
Ex : la sociologie, l'anthropologie, l'histoire, ... (Attention: le droit n'est pas une
science, même si il y a une science du droit).
3. Qu’est-ce qu’une science ?

Ce sont les discours qui relèvent d’une attitude de l’esprit humain et qui amènent
l’observateur à maintenir une posture objectivante.
Le sujet observant tente de se mettre entre parenthèses, en posture pour observer.
Ex : Cette montre est la mienne mais en tant qu'objet, cela reste une montre.

Ce comportement est assez aisé pour les sciences de la nature; il n'en va pas de
même pour les sciences de l'homme. En effet, quand on s'intéresse à quelque
chose, il faut de surcroît s'intéresser au reste: il convient d'être le plus objectif
possible. Quand je parle d'un objet, je dois faire abstraction de toute connotation
affective. Ex : la mort (thanatologie) nous concerne tous mais malgré les
connotations affectives qui y sont liées et qui touchent tout le monde
différemment, on peut en parler objectivement. Ex : l'amour : il nous est plus facile
d'être en posture objectivante face à ses sujets qui pourtant doivent avoir été vu ou
vécu par l'observateur. (>< sport, musique...)

La posture objectivante n'est pas donnée à l'homme. Elle n'apparaît que vers le 1
7ème-l8ème en Europe. Il s'agit de cette capacité de se tenir à distance des objets
quels qu'ils soient pour en parler le plus objectivement possible. Mais l'objectivité
n'est pas que la vérité. La subjectivité est aussi acquise avec la vérité (je t'aime...).
Cette capacité de tenir à distance les objets pour en parler de manière objective
est née en Europe occidentale par le développement de trois mouvements :

4. Les trois mouvements philosophiques :

Le 18ème connaît des philosophes (amis de la sagesse) tels que Rousseau, Diderot,
Voltaire, Alembert, et tant d'autres. Ils vont profiter du développement de courants
qui sont au nombre de trois:
 La rationalisation :

On s'en remet à sa seule raison, voire capacité, pour observer/comprendre le monde


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sensible. La raison s'oppose à la passion, aux sentiments, c'est la capacité de mettre


en rapport des fins et des moyens (recherche d’efficacité). Je me pose donc un
problème rationnel que je veux résoudre.
Ex : à l'heure de pointe, pour se rendre à la basilique de Koekelberg, quel est le
moyen de transport le plus rapide, du point de vue rationnel? Le métro.
Ex : Pour réussir aux examens, étudier marche en principe mieux que la
superstition.
Ex: L'horoscope, il n'est pas rationnel d'y croire.
La rationalisation a mis du temps, car longtemps on a cru à la sorcellerie,
l'astrologie...
Elle envisage le monde avec, comme outil, la raison. Cependant, tout n'est pas
«rationable» (ex: l'amour, on ne peut aimer par raison)

 L’individualisation :

Le sujet doit être capable de se dégager, de penser comme individu, et plus comme
membre d'un ensemble (ex: sujet du Roi de France...) Il a la capacité de s'exprimer
en ces termes:« Moi,je... ». Dégagement pour se mettre en posture objectivante
(les philosophes inventent le savoir scientifique)
 Le mouvement de sécularisation :

C'est entrer dans le siècle, devenir séculier par rapport à la religion qui devient
une affaire privée. C'est la privatisation de la religion, prendre ses distances, entrer
dans une sphère privée. C'est le courant qui englobe les deux autres. Le monde est
pensé non plus comme le fruit d'un être divin, mais en tant que tel et en termes
objectifs. La religion ne disparaît pas, elle entre dans une dimension non
objectivante; elle est vue comme une foi, non comme objectif (beaucoup de
croyants n'ont pas la foi et sont croyants parce qu'ils suivent le pari de Pascal = Il
vaut mieux croire que ne pas croire).

Rmq : Le pari de Pascal était: « Soit Dieu existe ou pas ». Selon cet auteur, la foi est
irrationnelle
La foi est de l'ordre de l'irrationnel. C'est souvent une tradition familiale ou un
engagement personnel.
Le mouvement de sécularisation a permis de mettre en place la posture
objectivante. C'est à la Renaissance, au 16ème, qu'apparaît le mouvement.
«L'homme est seul devant Dieu» (il y a un apport direct entre l'Homme et Dieu):
cela vient de la réforme en Allemagne, des protestants (Luther/Calvin). Suite à la
Réforme donc, il y a développement du rapport direct, de la notion de libre-
examen (Luther et Calvin) et diminution du dogmatisme.

Un problème va donc être analysé de manière rationnelle, objectivante, et le moins


dogmatiquement possible. Il s'agit du libre examen.
Ex. Non-libre exaministe : « Le sida est une conséquence de la dégradation (à
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discuter!) des mœurs. »+ Si le sida existe, c'est peut-être Dieu, mais ça n'a rien à voir
avec le savoir.
Ex. Si la terre tremble, c'est à cause des mini-jupes

5. L’apport des philosophes des Lumières :

Aux 17ème et 18ème, on se dit que si des lois de la Nature qui lui sont
inhérentes/immanentes, sont mises en évidence, on peut faire de même avec
l'homme? Les lumières avaient proposé des règles qui permettaient de gouverner
sans divinité.

 MACHIAVEL (fonctionnaire/gouverneur de Florence) donne dans « Le


Prince» donne des moyens de gouverner qui n'ont pas besoin de la divinité; il
donne des conseils aux gouvernés. C'est surtout une psychologie du
peuple/chefs. Il présente l'idée des offices. .  Machiavel donne des
conseils aux gouvernants pour gouverner par la mise en évidence de la
psychologie des dominés/dominants (« Le prince »).
 THOMAS D'AQUIN lui, fait intervenir une divinité. (opposé à Machiavel)
Ce sont donc des conseils basés sur la psychologie des peuples.
 Jean BODIN va mettre en place une vision de l'économie politique sans
régulateur transcendant qui permet un partage des richesses.

Il s'agit du mouvement laïc de désenchantement ('Entzauberung' (Max Weber)) du


monde. Ce courant commence à la Renaissance: il y a une prise de distance par
rapport à la puissance surnaturelle, dont on dit qu'elle n'a pas à intervenir dans la
formulation des lois du monde. Les lois de la Nature mettent en évidence des
rapports entre les choses, et cette mise en évidence est satisfaisante, il n'y a nul besoin de
rechercher une cause extérieure à ces manifestations. Mais il a fallu se battre pour
cela.
Ex. Galilée avait dit que la Terre tournait. Il avait raison mais le Vatican ne
l'admettait pas.

Le mouvement des lumières émerge de la bourgeoisie éclairée du 18ème siècle


(France, Italie et Angleterre) et vise deux objectifs :
- La lutte contre la tyrannie absolue politique (ex: Louis XIV et
décapitation de Louis XVI) → établir un système politique
qui exclut l'arbitraire, basé sur la vision objective et rationnelle
du rapport entre les hommes;
- La lutte contre l'obscurantisme cognitif (l'Eglise)

Ce mouvement-là peut-il incorporer le monde profondément humain, c'est-à-dire la


société? Dans le monde humain, il y a-t-il des lois qui dictent le comportement des
gens, tant à titre individuel que collectif? La réponse est positive.
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MONTESQUIEU publie « l’esprit des lois » et développe l’idée suivant laquelle


les lois que se donnent les hommes ne sont qu’une manifestation du légalisme
universel, une expression générale des lois de la nature.
Loi: (mot juridique transposé dans le scientifique) S'il y a des lois de l 'Homme,
elles sont une partie des lois générales de la nature. Elle manifeste un rapport de
reconnaissance entre les Humains. Les lois ne sont que la manifestation de la
spécificité de l'humaine. Mais les lois humaines, au fond, ne diffèrent pas des lois de
la nature.
Il essaye de montrer qu’on peut appliquer des modes opératoires propres aux
phénomènes de la nature.

Remq : II a également écrit 'Les Lettres Persanes', magnifique dénonciation de la


bêtise xénophobe et ce dans un style assez moderne.

Contrat: les Hommes se donnent des lois à partir du fait qu'ils sont ensembles,
unis par des liens de diverse nature (lien de parenté, d'amitié...), sont en relation
(contrat social). C'est donc au sein de la société que les lois sont élaborées,
promulguées et à respecter.

II en découle l'idée du contrat social qui comprend deux aspects, dont le second
découle du premier:
- tous les individus ont passé entre eux un contrat et le pouvoir
est attribué à une ou des personnes;
- ceux qui reçoivent le droit en fonction de ce mode de
gouvernement doivent respecter les clauses du contrat
(duquel ils ont eu le pouvoir.)

6. Le contrat social

On compte trois modalités/visions différentes de contrat social:

 HOBBES (1682) : contrat passé entre les hommes pour freiner leur capacité
de se détruire eux-mêmes. Le pouvoir est alors confié à un tyran qui l'exerce
despotiquement, à condition de respecter les libertés de tous. II est donc
despote éclairé. S'il abuse de son pouvoir, il peut être renversé. II s'agit d'une
délégation de pouvoir.
 LOCKE: contrat conclu par tous qui confère le pouvoir de légiférer à des
représentants élus. Ils ont le pouvoir législatif, ils font les lois qui sont mises
en exécution par l'exécutif et protégées par le judiciaire. C'est la séparation
des pouvoirs. (théorie des 3 pouvoirs en germe) Ces représentants élus
doivent rendre des comptes. II s'agit donc d'un mandat.
 ROUSSEAU (1856) : ('Contrat social ') au terme du contrat, un magistrat est
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désigné (car les citoyens sont fort nombreux), révocable ad nutum, pour
interpréter la volonté du législateur. Ces magistrats prennent des décisions
ensemble. II est question de la volonté générale. Le pouvoir est au
commissaire. En fait, Rousseau est genevois et à l'époque, en cette ville, on
pouvait aisément convoquer tous les citoyens (les bourgeois mâles en fait).

II faut des lois et un contrat car la société humaine repose sur eux. Le contrat tout
comme les lois sont des métaphores. D'où viennent les lois? C’est la majorité plus
un qui décident. Qu'est-ce qui fait que tel pays a ses lois et que tel autre pays en a
d'autres?

7. La Loi des trois états :

Début 19ème, la sociologie va tenter d'énoncer des lois générales de la société dont
dérivent les lois juridiques que les hommes se donnent.

Vers 1840, AUGUSTE COMTE, répétiteur à l'école polytechnique de Paris et


mathématicien va d'abord inventer le mot sociologie (discours sur le compagnon)
et énonce la loi des 3 états (stades) par lesquels passent toutes les sociétés et même
les hommes:
1. L’état théologique (religieux) : les hommes attribuent les phénomènes de la
nature et tout ce qu'ils éprouvent aux Dieux;
2. L’état métaphysique: c'est le stade intermédiaire, les causes qui jouent, qui sont
impliquées sont abstraites;
3. L’état positif: c'est le stade de la question de comment et plus du pourquoi; c'est
le fondement de la philosophie du positivisme qui traversera tout le 19ème.

Si l'on prend l'exemple de l'homme en tant qu'individu:


- enfance: il croit à St-Nicolas, au Père Noël...
- adolescence: il croit aux grandes causes...
- adulte: la science tient compte des rapports entre les choses, il a une
vision positive.

Les Hommes attribuent tous les phénomènes de la nature à l'intervention de


Dieu.(Ex. : Sida : châtiment divin ?) Cet état a donné naissance à un état
intermédiaire: Là, ce ne sont pas les Dieux qui interviennent mais des causes
abstraites. Il va mener au troisième état : L'individu se pose la question du
comment, plus trop du pourquoi. La science est positive. Il n'y pas d'intervention
transcendante.
C'est dans ce contexte de positivisme que se développent les sciences dures,
comprenant les sciences de l'homme, la sociologie scientifique (ou la rencontre
d'une vision du monde désenchantée et d'une vision évolutionniste), ainsi que les
sciences humaines, à commencer par l'histoire.
La rencontre d'une vision du monde désenchanté et une vision évolutionniste: le
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monde change constamment.

8. L'évolution :

1857 : DARWIN « origines des espèces » Cet ouvrage est l'idée d'une évolution qui
affecte l'ensemble de l'univers.
La science nous dit que l'univers dans lequel nous sommes est en perpétuelle
expansion, courbe et infini. Cf: Cziffren Jégood (?) « Théorie de l'évolution».
Darwin s'inscrit dans un courant qui va traverser tout le 19ème siècle. Mais lui est
dans un cadre biologique, expérimental et développe l'idée d'évolution et ce
particulièrement dans les espèces animales, vivantes.
La société anglaise considère que l'homme ne peut pas descendre du singe.
L'univers est en expansion tout en étant infini. L'univers aurait dix milliards
d'années. Tandis que l'histoire humaine, elle, ne commence qu'il y a dix mille ans.
L 'histoire du vivant commence avec une cellule, un gène, qui, on ne sait trop
comment, s'est reproduit et complexifié pour arriver à l'être le plus compliqué
connu pour l'instant: l'Homme. On part donc du plus simple pour aller au plus
compliqué, selon une ligne ascendante.
Par moments, il y a des' accidents génétiques', qui entraînent des mutations, si le
contexte environnemental la trouve efficace.

L 'homme se différencie de l'animal par la grammaire, qui est le fait de pouvoir


utiliser le langage en l'absence des objets dont il parle. La grammaire est en rapport
avec un cerveau plus développé et une capacité biologique incitant un langage
articulé extrêmement modulable. A partir du langage, nous formons des sociétés.
L'homme est langage grammatical, l'homme qui parle. L'homme est aussi culture,
nous sommes des êtres de culture et les animaux sont des êtres de nature. En tant
qu'invention, c'est capital. L'Homme est langage grammatical: 'homo orens',
l'Homme qui parle.
A partir du langage, nous fondons les sociétés qui ne se contentent pas de
reproduire mais qui inventent, qui manifestent la culture. Chez les hommes, culture
et nature sont confondues (ex: quand nous toussons = nature or, nous atténuons le
bruit que cela provoque = culture). Avec la grammaire, on peut inventer le futur
alors que les animaux ne le peuvent pas.

Quand les sociétés humaines se trouvent confrontées à des problèmes d'adaptation,


d'ajustement à l'environnement, il se pose trois questions (trois impératifs) :
- survivre, donc se nourrir:
- dire qui fait quoi;
- qui a le pouvoir de dire qui fait quoi?

C'est lié à deux phénomènes:


- un cerveau beaucoup plus développé
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- un langage articulé extrêmement modulable.

Le bébé humain est incomplet quand il sort du ventre de sa mère, contrairement


aux animaux. Il lui faudra encore neuf mois pour se faire. Là où la biologie s’arrête,
la culture commence. Nous avons une organisation sociale compliquée.
Chaque espèce humaine a dû trouver des mécanismes d'adaptation à son
environnement. Il n'y a alors pas d'espèce, mais des modes d'adaptation différents,
et le problème est quand deux sociétés se rencontrent.

L'évolution ascendante:
Sauvage
Homme
Chimpanzé

Cette évolution est le résultat d'une mutation, par accident, qui permet une
sélection.

Le football est une religion primitive (relier = rassembler). La société que nous
connaissons veut trouver des lois qui rendent compte de phénomènes d'évolution.
Nous avons une organisation sociale très compliquée. D'autant plus que l'espèce
évolue sans cesse. Ex. On est beaucoup plus grand. On a également évolué du
point de vue du métissage (plus varié)

→ Là où la biologie s'arrête, la sociologie commence.

Quand le premier homme a -t -il parlé? On ne sait pas trop. En revanche, on sait
que l'on a chanté (pour accompagner la danse) avant d'avoir parlé.
Au l8ème siècle, les sauvages étaient coloniaux, ce que les chimpanzés sont à nous
aujourd'hui. D'où l'expression raciste: 'les macaques' pour désigner les Africains.
L'alibi de la colonisation: la civilisation!
Chaque groupe humain a dû trouver des modes efficaces d'adaptation à son
environnement. Peut-être que chaque société représente un mode d'adaptation.
N.B. : Nos sociétés ont mal résolu le problème des rapports homme/femme. Par
ex., en Polynésie, les rapports semblent être beaucoup plus harmonieux, moins
compliqués.

Ce qui reste des religions primitives d'Europe est devenu rudimentaire


(sécularisation...)
La sociologie naît de la préoccupation de trouver des lois aux comportements
humains, qui subissent une évolution, c-a-d qu’elle doit trouver des lois qui rendent
comptent des phénomènes d’évolution.
Emile Durkheim (sociologue et anthropologue), à la fin du 19ème, propose des
règles générales de la méthode socio-positiviste et une vision évolutionniste dans
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ses livres : « De la division du travail social » et Les formes élémentaires de la vie


religieuse ».
- La division de l'assistance sociale qui mène à une vision évolutionniste
(augmentation de la densité sociale donc la solidarité mécanique devient la solidarité
organique).
- Un essai de sociologie contemporaine sur les causes du suicide (étude empirique)
(est inhérent à la densité de la religion)
- Un ouvrage de comparaison anthropologique: les formes élémentaires de la vie
religieuse avec ses rites funéraires.

1912 : sort son ouvrage « les formes élémentaires de la vie religieuse » ; il y met en
évidence des comportements humains comme les rites funéraires.

9. Les sciences de la nature.

Les sciences de la nature prennent leur essor à la fin du 18eme siècle. Les
universités deviennent des lieux de recherche (fin de la scolastique).

La question qui se pose est : est-il possible de faire une science des Hommes?
Biologiquement parlant: oui. Mais le problème est que l'Homme en tant qu'espèce a
pour caractéristique de ne pas faire la même chose d'une génération à l'autre. Et
même sans l'intervention de l 'Homme, il y a des choses qui se passent dans la
nature. (Mais les éléments fondamentaux ne changent pas). Les choses inanimées
n'ont pas d'histoire (C'est juste une évolution logique dans le cosmos). Les
Hommes (><Nature) ont une histoire qui change rapidement et constamment. On
ne sait pas ce que nous réserve la vie (changements d'orientation, perturbations,
accidents, découverte de nouvelles identités,...).

Le problème est que l'Homme, en tant qu'espèce, ne fait pas la même chose d'une
génération à l'autre; contrairement aux choses inanimées ou les fourmis...
Non, on ne peut y parvenir. La question dès lors qui se pose est de savoir ce qu'est
l'ordre humain ?

10. L'ordre humain :

C'est l'espèce humaine que les Hommes appellent Hommes.


L'ordre humain est composé de trois sous-ordres:

 Le sous-ordre biologique: La biologie: Pendant longtemps, les sciences de


l'Homme ont négligé la biologie. Et dans cette faille de la biologie, il y a la
culture. L'Homme même s’il est très proche de certains singes, a développé
la culture. Les animaux sont des embryons de culture. Selon la biologie, le
corps est le principal médiateur entre l'Homme et le monde.
Ex. Nous sommes proches des orangs-outangs, des bonobos (99% de notre
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patrimoine génétique et donc, c'est le 1 % qui fait Mozart ou Dutroux), des


chimpanzés et du gorille.

 Le sous-ordre symbolique: capacité de produire du discours (il faut un


cerveau développé et un appareil pour moduler le langage) ; c'est la
possibilité de détacher le signifiant du signifié. L'Homme peut nommer les
objets et les situer. Nous sommes debout, nous avons des mains pour saisir
les objets et nous pouvons les nommer grâce à des opérateurs de prédicat.

 Le sous-ordre structurel: chez les animaux, d'un point de vue pouvoirs, il


s'agit toujours du même schéma, contrairement à la race humaine. Nous
pouvons changer le système et ce n'est pas le plus fort ni plus rusé qui
domine forcément → Dominants- dominés. Les sociétés animales sont aussi
hiérarchisées, mais elles ne se modifient pas au gré de l'évolution, de l'ordre
symbolique. Chez nous, ce n'est pas le plus fort qui domine. C'est un
système compliqué qui fait que, dans l'histoire, nous pouvons modifier
plusieurs fois le système (ex. : Russie a changé plusieurs fois en 100 ans) Ce
sont des décisions historiques prises par les êtres humains.

Rem: Les sciences de la société:


- la sociologie (étude des façons dont les Hommes usent pour vivre
ensemble) : centrifuge par rapport au pouvoir;
- la psychologie: centripète.

Nous sommes dans une société de variabilités, il n'y a pas de société stable.

Je n'ai pas inventé la langue que je parle, c'est comme ça depuis la naissance. Il est
question par exemple, du modèle holistique. La langue est structurante, elle
structure notre monde, nos pensées, la société à laquelle nous apportons quelques
modalités selon l'interlocuteur.
Nous faisons du social, nous bricolons donc. Nous devons trouver le bon outil
pour répondre. Ex du livre: un individu doit demander l’heure dans un pays dont il
ne connaît pas la langue. Il sera confronté à plusieurs difficultés. L'interlocuteur
devra répondre à un certain critère de compétence sociale, notamment (on ne
demande pas l'heure à un enfant, on tente de s'adresser à une personne qui sera
susceptible de répondre dans une langue étrangère, et qui devra être en mesure de
pouvoir lire l'heure, ainsi que de se référer au système connu du demandeur...).

Petit à petit, on entre dans des sous-mondes où des gens nous apprennent alors ses
règles (en première candidature, les étudiants des années supérieures donneront des
conseils...).

Rem: Nous ne sommes jamais entièrement nature ou entièrement culture. Ce n'est


pas possible. Nous sommes un mélange constant.
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La biologie fixe certaines choses. (ex. : une femme ne peut avoir d'enfants avant 12
ans ni après 50 ans). Mais l'Homme a changé certaines données de la biologie, et ce
grâce à la symbolique (ex. l'aspect médical crée des changements). Dans l'ordre
structurel, l'Homme développe tout le temps le discours.
Ex. Le discours gastronomique, fort développé dans des pays comme la France et
l'Italie. L'Homme mange des choses comestibles -+ on demande au garçon -+
ordre structurel

Donc, les trois sous-ordres sont liés et présents en même temps. Ex. la faim; c'est
biologique.
→ Mais des interdits s'ajoutent à cela : un juif ou un musulman ne mangera pas de
porc. D'autres personnes, même indépendamment de toute religion, croyance, mais
idéologique, auront d'autres interdits ( ex. : certaines personnes ne veulent pas
manger de viande de cheval ).

A partir des sous-ordres naissent les sciences:

Les sciences :
 La biologie donne naissance aux sciences de la nature (étudier l'Homme en
tant qu'animal). On envisage de manière abstraite, pas subjectif. Ex.
géographie: environnement physique, biologique.
 Le sous-ordre symbolique donne naissance aux sciences de l'individu.
(homme en tant que conscience de la temporalité). Ex. histoire de l'art,
critique littéraire, la psychologie.
 Le troisième sous-ordre donne naissance aux sciences de la société (homme
en tant que conscience du pouvoir). Il y a un rapport avec l'extérieur, avec le
groupe. Dans tout groupe, il y a un pouvoir. (ex. : Dans la famille, c'est le
pater familias). Cf. : sociologie: étude de la façon dont l'homme s'organise en
société. Tout cela se base aussi sur la biologie et les problèmes biologiques
extrinsèques ou intrinsèques.

Les êtres humains se disent des choses, ils communiquent. Mais les gens parlent
dans la limite dans laquelle ils sont autorisés. C'est pareil dans les faits. Ex. A un
examen oral, on répond à la question et c'est tout.

Il y a des usages qui évoluent avec le temps. Certaines choses se font, d'autres pas
ou plus. Ex. Pet en public. Avant c'était un signe de bonne santé et maintenant de
goujaterie

Les sociétés humaines ne sont pas fixes. Elles sont au contraire d'une grande
variabilité. Ca veut dire que les sciences de l'homme sont des sciences différentes.
Les sciences mettent en place des explications, basées sur la causalité.
Les autres sciences expliquent des phénomènes. Ex. : lois physiques, climatiques, ...
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W. DILTHEY : Au contraire, les sciences humaines doivent non seulement


expliquer mais aussi comprendre et interpréter!
Ex. Etudiant à l'université → pour cause de diplôme
→ pour avoir une condition enviable → sens

Dilthey distinguait deux types de sciences:


 les sciences monographiques;
 les sciences idéographiques: expliquer + comprendre et interpréter, trouver
le sens de ce que les gens font.

Pour l'homme, il ne suffit pas d'expliquer. Les sciences de l'homme comprennent


donc des principes d'explication et des moyens de compréhension. Il y ci des
sciences monographiques et idéologiques (= de l'homme).
11. Les modes de vie :

Dès la fin du 19ème siècle, il y a une manière canonique de considérer les modes de
vie en société.

 Le premier modèle français, héritée des sciences de la nature: la société est


au-dessus des individus et donne des ordres, des injonctions aux individus.
C'est un paradigme (modèle de pensée) holistique (se base sur un holon = un
tout supérieur à la somme de ses parties). La société est un ordre en soi et les
hommes sont soumis à cette société.

E. DURKHEIM (le représentant) a mis en évidence le fait que la société, selon lui,
fonctionne grâce à la conscience collective. → chacun d'entre nous reçoit dans sa
conscience une partie de la conscience collective. Ex. la langue que l'on parle, qui
est un instrument de connaissance du monde, n'est pas inventée par nous. On
reçoit cette langue et on la transmet. Donc, elle évolue mais elle aura gardé sa
structure, par sa structure phonétique.

Ce qui intéresse le sociologue, c'est d'analyser comment s'établissent les relations de


cause à effet.

 Le deuxième modèle: les individus créent ensemble la société = paradigme


atomique. Ce modèle est basé SUT l'interaction qui existe entre les individus
d'une société. Son représentant est un contemporain de Durkheim: Max
WEBER. En effet, l'interaction de myriades permet la permanence de la
société → la société se maintient avec ces différents interactions. Nous la
prolongeons et conservons la capacité de mettre à notre disposition des
instruments pour la faire exister.

On peut étudier et l'un, et l'autre modèle; c'est-à-dire holistique ou atomique. (Ce


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que ns montre le cours)

JAVEAU privilégie (point de vue intérêt) le deuxième modèle. Mais une chose est
sûre, c'est qu'il faut tenir compte de l’histoire en fonction de la société dans laquelle
on se trouve.

Au niveau « micro-sociologie », au niveau des relations entre individus, que fait-on


pour faire du social? → on utilise de la posture corporelle.

Les individus communiquent, et ajoutent une certaine posture, une gestuelle à leur
discours. C'est ce que Javeau appelle: « le Bricolage du Social ». A tout moment, il
nous faut trouver le bon outil pour répondre à une question. Souvent on ne trouve
pas cet outil et on doit inventer.
Ex. Je me trouve à Oslo. Je dois prendre le train mais je n'ai pas l’heure. Que faire?
Je dois demander l'heure mais pas à n'importe qui (pas à un enfant ni à un
alcoolique par ex.) parce qu'il faut que la personne soit capable de me répondre. Par
ailleurs, il faut trouver la bonne langue (en l'occurrence, ce sera l'anglais car je ne
parle pas le norvégien). Et puis je dois comprendre son système (ex. : l'horaire' AM
-PM') et, pour ne pas froisser mon interlocuteur, trouver les formules adéquates.

Donc, on 'bricole'. Et ce dans toutes les occasions de la vie. Cet apprentissage, chez
l'enfant est assez long. La 'boîte à outils' dont nous disposons tous est variable dans
le monde et dans le temps.

Il faut une compétence sociale. Il s'agit de sa propre connaissance plus celle d'un
tiers. Mais la boite à outil est souvent incomplète et variable dans le temps. Un jour,
on a été socialisé, même si on ne l'a pas demandé! La cellule familiale (en général)
nous a conditionnés afin que l'on devienne un membre compétent et positif de la
société. Tel est le résultat de la domination et de la socialisation. Dans la société, il y
a aussi l'ordre religieux « Ne fais pas ça sinon tu vas faire de la peine au petit Jésus!
»
Donc:
- l'individu va s'individualiser et se désindividualiser → on n'est
pas les seuls au monde
- abord de la religion.

Les premières années de l'enfant se passent en présence d'autres significatifs (père -


mère(surtout elle) -marraine -frère,...). Après cela, on va entrer dans une sorte de
succession sous-monde, où il y aura des socialisateurs et où des règles s'établissent.
Ex : Quel jus boit-on avec…? La grammaire.

Et pour finir, on va apprendre à mourir [cela s'apprend? chavais pô).

Dans chaque sous-monde où l'on arrive, les 'aînés', les anciens nous renseignent,
14

nous orientent, voire nous conseillent (parfois mal) ou nous disent ce qu'il faut
faire.
Ex. Quand on arrive pour la première fois à l'université.

Tout cela, c'est de la socialisation. On nous socialise à chaque moment, chaque


étape.
Ex. le matrimonial, c'est aussi de la socialisation. De même quand on apprend que
faire quand on voyage.

C'est comme ça, par essais et par erreurs que nous allons préparer et traverser notre
vie. C'est ça que devrait étudier la sociologie afin de connaître la pertinence des
outils que l'on nous fournit. Elle doit nous apprendre comment fonder des
rapports avec les autres qui soient bénéfiques à l'un et à l'autre (= dimension
morale de la sociologie). Elle doit nous montrer comment fonctionne la vie
théorique, pour éviter certaines erreurs.
La compétence se subdivise en ressources collectives. Ex. : demander l'heure.

12. La situation :

Plusieurs interactions font un épisode. Plusieurs épisodes font une situation.


Ex. de situation: suivre le cours, demandé l’heure (microsociologie): c'est une
situation au sens d'être situé quelque part à un moment donné.
Ex. d'interaction: communiquer avec le voisin.

Les situations sont en grande partie routinières. Elles sont cataloguées telles quelles
dans notre esprit. Si nous considérons que l'individu est un acteur (joue quelque
chose sur une scène), l'acteur joue des parties (worldparts) dans les situations.

Cf. GOFFMAN: Situation = espace avec la possibilité mutuelle de contrôle, au sein


duquel l'individu se trouve partout accessible à tous ceux qui sont présents et qui lui
sont similairement accessibles: chaque individu est perçu par les autres qui sont
accessibles à cet individu. Ce sont les possibilités mutuelles de contrôle.

Trois paramètres de situation:

Situation = (i) lieu (où ça se passe) + (ii) temps (période de journée) + (iii)
scénario (ce qui se passe)

Le tout est de ne pas se tromper entre lieu, temps et scénario car il peut y avoir
confusion. GOFFMAN : La situation se passe toujours dans un cadre (=contexte).

(i) Le cadre primaire est le cadre habituel. A partir du cadre primaire, on peut faire
15

des transpositions de la vie réelle (ex. : la pièce de théâtre dans un amphithéâtre).


Par rapport au cadre primaire, on peut différemment apprécier les situations.
Ex. Après un match, les deux sportifs se serrent la main! S’embrassent. C'est donc
un simulacre de combat. De même pour une 'scène de gifle' dans une pièce de
théâtre.
Ex. Le théâtre est aussi un simulacre. On a affaire à de la supercherie: pour tromper
les autres, on fait semblant de quelque chose.
Ex. la boxe.

(ii+iii) Il y a un signal qui montre la transposition de lieu ou de temps.


Ex. Parfois, les loutres se battent pour 'jouer' et parfois c'est sérieux. Il paraît que
lorsqu'elles se battent pour jouer, elles émettent un certain signal.
Ex. Au théâtre, dans la comédie, ce qui fait rire c'est quand on se trompe
(quiproquo).

Deux exemples historiques de la difficulté de situer le cadre:

1) « Good morning mister Chance» (film « La présence ») : l'homme vit avec son
beau-père dans une maison jusqu'à la mort du vieux. Il sort et une voiture le
renverse. Le conducteur est une femme. L'homme l'embrasse car il a vu ça à la
télévision. Après, bien qu'analphabète, il devient président des Etats - Unis [comme
« W »].

2) « La Tosca » de Puccini: histoire d'une cantatrice. Elle est amoureuse d'un


homme qui va être condamné. Elle implore sa grâce. Elle veut se donner à lui avant
qu'on ne le mette en prison. On lui avait dit qu'il ne mourrait pas mais c'était un
mensonge. Il meurt et elle se jette dans le fleuve.

Anecdote: cette pièce a été jouée à la Scala et l'acteur a réellement été tué. C'était
criant de réalisme. Donc, le décryptage n'est pas simple! Il Y a confusion car il est
réellement mort. II faut donc être vigilant par rapport aux paramètres.

La plupart du temps, nous connaissons la situation car nous l'avons apprise. Il y a


donc peu de doute. Il faut donc parfois du temps pour réaliser que la situation a
changé. Il faut s'habituer.
Ex. Le touriste peut adopter trois réactions quand il ne sait pas :

 Il impose sa propre définition ( = ethnocide touristique) aux populations


locales (ex. : du point de vue nourriture,...)
 Il s'assied au bord de la route.
 Il se renseigne comment ça marche p.e. pour le payement.

La vie n'est pas un théâtre! Ou du moins que partiellement. Ce qui est important,
c'est qu'on ne peut déroger à certaines choses. Dans le théâtre, le texte est écrit par
16

quelqu'un d'autre et on l'apprend par cœur. Dans la vie réelle, tout n'est pas écrit
d'avance! Elle est menée par des idées imprécises car l'Homme vit avec d'autres
Hommes. D'où la nécessité de communiquer (ce qui reste aussi imprécis). Mais
parfois certaines réponses sont prévisibles dans la vie. Les idées passent par le
langage. Parfois, il faut interpréter.
Ex. tirer la langue: plusieurs raisons (moquerie, problème médical, ...).

Quand on est plusieurs, il faut s'accorder sur la définition à la fois pour soi et à la
fois par respect de l'autre, pour ne pas lui tendre un piège. C'est une obligation
morale. Il y a nécessité de s'accorder avec l'autre → opération routinière → se
mettre d'accord sur la situation
Ex. pôle de gauche (PS-Ecolo) : une définition de la situation doit être faite avant
de faire un accord.

13. Le théorème de Thomas :

«. Si les hommes définissent une situation comme réelle, elle est réelle dans ses
conséquences. »
(If men define situation as real, it is considered as real in its consequences)

C'est des acteurs eux-mêmes que dépend la définition de la situation. Ca ne vient


pas de l'extérieur. C'est un théorème que nous appliquons constamment. Ce qui
compte, c'est que ça marche. Le réel n'est pas mis en doute, sauf s'il y a un grain de
sable. On peut décider, contre l'avis de tous, que la vie c'est ça et pas autre chose.
Parfois, ça se fait de manière tout à fait classique, parfois on négocie les définitions.
Si on est d'accord sur une situation, elle porte ses conséquences et on ne peut
l'ignorer ou la nier pas après.
Ex. un mariage blanc: l'un des deux conjoints ne peut pas dire tout d'un coup que
c'est un vrai mariage.

Mais nous pouvons déroger à une définition extérieure en inventant des nouvelles
définitions Donc, ce n'est pas l'extérieur qui définit les situations! On peut déroger
aux définitions extérieures. Ex. jeux des enfants: eux, ils y croient!

14. Le stock des connaissances :

A notre vitesse de croisière (de l'ordre des choses banales), les situations sont définies
selon nos compétences, nos ressources cognitives, c'est-à-dire un 'stock de
connaissances'. Dans une situation compliquée, on établit un rapport minimal.
Ex. Nous parlons avec quelqu'un → nous connaissons la langue ou nous avons une
compréhension minimale. Si c'est le cas, nous faisons des efforts. On ne parle pas
bien le néerlandais, alors on prévient: « Ik spreek een beetje nederlands. »

Cf. SCHÜTZ: Il a mis au point la notion de stock de connaissances ( = ressources


17

de nos connaissances) disponibles, divisé en quatre zones:


1. ce que nous connaissons de manière sûre (nom, prénom,...)
2. ce que l'on sait, mais pas très bien (ex. : fonctionnement d'un moteur à
explosion --; on se débrouille avec)
3. choses que l'on connaît à peine; on sait que ça existe (ex. : les noms des
commissaires d'arrondissement - on en a une vague idée)
4. choses que je ne sais pas du tout (mais que je pourrais éventuellement savoir)
(ex. : Constitution de l'Irak)

Nous puisons dans ce stock de connaissances à chaque définition que l'on doit
interpréter. Ex. : 'traduction' d'un plat dans le menu d'un restaurant.

15. L'habitus :

BOURDIEU, sociologue français, a beaucoup utilisé cette notion qui vient du latin
(elle-même traduction du grec).
C'est l'ensemble des décisions/dispositions structurées et structurantes que nous
avons. C'est le résultat de la socialisation. Notre habitus personnel est l'ensemble
des dispositions que nous avons accumulées au cours de notre vie (depuis la
naissance).
La structuration de pensée par la langue sera plus ou moins rudimentaire lorsque je
parle avec quelqu'un de même classe sociale (langue maternelle) que la mienne (du
point de vue quantitatif). Ex. au niveau de la grammaire.

Donc:  socialisation/habitus de classe (sociale) : classe sociale dans laquelle nous


sommes nés
 socialisation habitus personnelle, qui nous est propre: résultat de notre
trajectoire de la vie

Celui qui a un code élaboré va le simplifier et celui qui a un code restreint va faire
un effort pour se faire comprendre. Cela peut être comique mais aussi tragique
(incompréhension, malentendu, …) Nous avons donc acquis des dispositions
structurées. Du point de vue structurant, nous les confrontons à d'autres
dispositions.
Ex. classe sociale inférieure → langue rudimentaire: la langue structurée sera
lacunaire.
Si je reste dans la même classe sociale, je n'aurai pas de problème.
Si classe supérieure → les habitus doivent se rejoindre
Dès lors, le supérieur ↓ et l'inférieur ↑ (on essaie)

L’habitus est donc un concept important qui régit les dispositions et leur mode
18

d'emploi.
Si nous possédons un habitus de classe, il nous renvoie aux classes sociales (un des
modes de la stratification sociale) mais on peut aussi développer un habitus
personnel (ex. : parler un français de niveau supérieur) et dès lors nous ne devons
pas nécessairement avoir les mêmes dispositions des classes.
N.B. : Les rapports de domination s'inscrivent sur les axes biologiques mais aussi
sur l'axe de la production (proportionnel à la productivité cf. : capitalisme).

1. Les classes sociales:

Les classes sociales permettent une stratification sociale. Il existe plusieurs axes:
 biologique (→ domination (ex. H/F)
 production (symbolique) pour survie : - main (force de travail)
- argent (investissement → capitalisme)

2. Marx :

D'après MARX, il y a trois classes sociales (cf. : 'Le Capitalisme')

Donc, l'habitus va être lié à cette différence de classe (prolétaires/bourgeois). Le


prolétaire a peu de capital économique et culturel. En revanche, il a un fort capital
affectif. Les bourgeois ont un grand capital économique et un grand capital social
mais pas toujours de capital culturel. Le riche a un capital en argent, mais pas
culturel. Notre habitus dépend donc de cette structuration de classes. Cela se
retrouve même dans le corps (façon de se tenir, de s'habiller,...). .

→ L'habitus personnel qu'on a acquis nous sert à occulter, à changer, à fuire


oublier notre habitus de classe.
→ HABITUS= Habitus de classe + habitus de notre parcours personnel.

Comment sont mises en œuvre les compétences (ressources cognitives et


normatives) qui nous permettent de définir la situation et de faire avec les autres?

Les modèles micro-social et micro-économique ne font pas l'économie des


rapports de pouvoir. Le fait que quelqu'un soit supérieur intervient dans une
définition. Donc, le macro-social intervient constamment dans le micro-social.

Les habitus sont liés à des positions de classe → Une hiérarchie sociale avec des
différents niveaux de positions sociales sont des positions statutaires résultant du
rapport de production et éléments symboliques de prestiges (Weber) qui
interviennent dans la définition d'une situation. Elles peuvent être modifiées:
Ex. je peux être quelqu'un d'important et quand j'ai besoin d'un plombier (pas élevé
dans hiérarchie), je dois le traiter avec beaucoup d'égard car il est difficile d'avoir un
plombier
19

Le monde social dans lequel nous vivons est le 'monde (du) vécu' ou monde de la
vie (phénoménologie), c'est-à-dire l'univers dans lequel nous vivons et où se
manifeste une praxis, combinaison de tous les éléments qui nous permettent de
vivre dans ce monde ('Lebenswelt').

3. Schütz:

La Lebenswelt est divisée en plusieurs sphères:

1. l'Umwelt = monde des partenaires intimes


2. la Mitwelt = typicalité ; monde des contemporains non intimes

1) Les partenaires partagent la même temporalité. «Les co-acteurs se trouvent en


congruence de flux de conscience ». Mais être intime ne veut pas nécessairement
dire qu'on aime!
Ex. frères et sœurs qui ont été élevés ensembles: ils partagent des choses, des
contenus de conscience, ils ne sont pas anonymes: 'ego' et 'alter' sont singularisés

Le flux de conscience est une impression, une perception, un raisonnement qui se


passe dans une conscience: les flux de conscience se croisent, se superposent entre
coacteurs. On peut +/- deviner ce que l'autre pense (même type de temporalité
durant me même période) → indexicalité : la personne extérieure ne va pas
comprendre ces 'codes' si on ne lui explique pas le contexte. C'est celui du privilège
de communication que l'on a avec quelqu'un. C'est un monde où on ne doit pas
expliquer beaucoup aux autres ce qu'on fait. On est envisagés dans notre
singularité.

2) Dans la Mitwelt, les flux de conscience s'opèrent de manière intermittente.


Ex. le boucher: pour nous, il n'est pas singulier, ou du moins nous ne le percevons
pas. Il est typique. Les 'autres' correspondent à un type.

La typicalité est le mode le plus habituel de ce que l'on perçoit des autres.

résumé: quelques caractéristiques essentielles pour l'action

attributs : juste l'essentiel et aide pour action

Ex. on va à la poste pour acheter des timbres et on se barre _ typique Mais si au


guichet on éclate en sanglot → pas typique

→ La typicalité est de l'ordre du singulier qui nous intéresse pas.


20

Le type est un invariant qui se rapporte à une culture. Une culture est un 'catalogue
de types'. Nous typicalisons constamment les autres. Nous vivons dans un monde
de types, qui constitue notre identité sociale. Elle correspond à la catégorie dans
laquelle la société m'a placé et qui perdure car nous souscrivons à cette catégorie.
D'ailleurs, la société est traversée par des modèles.
Ex. la façon d'annoncer quelque chose à quelqu'un.
Ex. l'enterrement (On réagit différemment selon les cultures: joie ou tristesse,...).

Dans les sous-mondes de la Lebenswelt, on trouve différents types.


Le résultat de la typification est apporté par la socialisation. Les types que nous
ratifions dans la vie de tous les jours, on les a pas inventés. On a une modulation de
type en fonction des expériences vécues, qui peuvent engendrer une sorte
d'indexicalité de la typicalité, et donc parfois des conflits à cause de la difficulté de
définition de ces rapports.
Ex. la jalousie.

Nos types peuvent bien sûr évoluer dans le temps. On peut évoluer dans la vie et
donc nos différences avec les autres changent. Il existe différentes modalités de
passage du typique au singulier et inversement.
Ex. On peut passer du poste d'assistant à celui de magistrat.

L'Umwelt va briser la Mitwelt : le singulier entre dans le type et le modifie. Lorsque


le typique revient dans le singulier, les comportements redeviennent normaux.

4. Le comportement amoureux comme outils du social :

C'est le domaine de la passion, du pathos, de l'Umwelt. La singularité est portée par


l'incandescence. L'amour est une poussée de fièvre. Le comportement que les
amoureux adoptent est porté par une passion et est singulier mais en même temps
emprunte des éléments à la typicalité.
Ex. selon les classes sociales, on ne fait pas la Cour de la même façon
(comportements, langages différents,...).
Ex. Il y a des sociétés où les amoureux ne se parlent pas, où le baiser intra-buccal
n'existe pas,...
Il y a des choses qui se font et d'autres qui ne se font pas.

La typique revient dans le singulier lorsque les amoureux reprennent une attitude
normale quand un étranger arrive.
Il y a toujours des interventions de typicalité dans des situations singulières de
l'Umwelt. Même si chaque couple a ses particularités, le modèle d'un bon mari et
d'une bonne épouse se base sur une tentative de comportement égale à un modèle
typique admis dans la société dans laquelle on vit. Dans l'Umwelt, le type dicte la
conduite (le bon mari) qui renvoie à la culture et donc à des règles de surface qui
21

sont des prescriptions/règles culturelles.


Ex. Même si la femme est plus importante au resto, c'est l'homme le pigeon qui
paye la note

Les règles de surface sont modulées par le cadre dans lequel on se trouve. Il y a
dans toute situation un cadre qui est soit primaire, soit une transposition du cadre
primaire.

Les débordements dans le Mitwelt apparaissent lorsque les gens veulent faire savoir
qui ils sont, ce qu'ils sont. Les typicalités sont là et +/- contraignantes suivant le
contexte. Dès lors, les indices de typicalité deviennent visibles.
Ex. Des amoureux qui veulent montrer qu'ils sont amoureux et donc, ils s'isolent
Ex. Il y a des règles de pudeur différentes selon les sociétés.

5. Ethnométhodologie :

C'est l'étude de la manière dont les gens rendent compte de ce qu'ils font.
Le problème est de mettre en évidence la manière dont les gens utilisent leurs
compétences pour montrer ce qu'ils sont en train de faire → on fait appel à la
rationalité → le monde va de soi. Ce monde est un monde dont il est possible de
montrer aux autres le sens commun. Pour être un membre actif « normal» (=qui
respecte les normes) d'une société, il faut toute une panoplie de compétences. Il ne
faut donc pas se contenter des caractérisations des gens..

La Mitwelt n'est pas une portion homogène du vécu mais des cercles concentriques qui
a un moment va toucher l'Umwelt.

Ex. Le statut de l'ex: c'est quelqu'un qui sait sur nous des choses que d'autres ne
savent pas. Danger !!!
Plus on s'éloigne, plus la silhouette de l'autre nous devient grossière (différence du
point de vue physique).
Ex. les professeurs qui jouent un rôle important mais qu'on perd de vue par après.

Les acteurs doivent envoyer des signaux adéquats en fonction de la pluralité de la


situation
Les indications vont avoir une influence sur la Umwelt (-; rumeurs)
Les spectateurs voient bien si les acteurs ont la même vision de la situation par
rapport aux signaux qu'ils reçoivent.

6. Sociotope :

= contexte dans lequel on est et qui nous sert de base de départ, caractérisé par les
habitus dans ce qu'il présente de dynamique.
Le sociotope, selon les événements de la vie, peut parfois être bouleversé. La voie
22

est toute tracée mais des événements peuvent renverser ce sociotope. Ex. : une
guerre.

La trajectoire de vie et une grosse partie de notre habitus est constitué par notre
enfance. Ce sont nos rencontres qui vont modifier tout cela.
Ex. Ecole: dispositif de bouleversement du sociotope.
L'habitus se manifeste dans un contexte (sociotope) qui nous sert de case de départ
Dans toute interaction qui prend place dans une situation, est, pour chaque co-
interactant, la recherche d'un intérêt. .
Ex. un cours: intérêt: avoir un diplôme Oe plus élevé possible) /gagner sa vie (donc
professeur).

→ Quand les acteurs se rejoignent, leurs sociotopes s'assemblent et leurs habitus se


ressemblent. Une grande partie des situations sont spontanément définie de la
même manière. Dans toute interaction, c'est la satisfaction d'un intérêt.

Pour satisfaire ces intérêts, on met en œuvre des compétences. On peut assimiler
ces mises en œuvre de compétences à un investissement de capitaux.
Bourdieu: métaphore du marché: transactions de capital économique et
symbolique, social «( carnet d'adresses », qui parfois peut donner à une personne
plus de pouvoir qu'une autre ayant un capital économique (=pistons) culturel.
L'idée de Bourdieu est de convertir un type de capital à un autre. .
Ex. Les parents qui convertissent une partie de leur capital économique en un
capital social (puisqu'ils connaissent désormais des gens) pour que leurs enfants
aient une vie meilleure. Ils font leur possible pour qu'ils aillent à l'école, fassent des
études.

Le capital économique → transformé en capital social → transformé en capital


culturel

16. La sociologie canonique

La sociologie canonique (celle qui a été la plus pratiquée jusqu'à nos jours; c'est la
science normale de la sociologique correspondant au paradigme holistique),
d'inspiration Durkheimienne, considère que la société repose sur un ordre social
souhaité et (plus ou moins) respecté par ses membres. Mais aux marges, il ya quand
même des zones de désordre. II faut donc 'renormaliser' les gens qui sont sortis de
la norme, soit de la manière douce, soit de manière plus brutale.
Ex. Forces de l'ordre

Les dispositifs de normalisation pour empêcher les gens de se dénormaliser sont


des garde-fous. Ce sont donc aussi des outils de socialisations car ils tendent à
maintenir la socialisation ou à mettre en place une autre socialisation
23

Le modèle de société fonctionne ainsi à partir d'un noyau central ('hypo-centre'), d'où
viennent les injonctions qui exercent une fonction déterminée.
→ vision fonctionnaliste → les injonctions que nous avons reçues pour nous
normaliser émanent d'institution qui met en œuvre des fonctions.

Nous avons dès la naissance affaire à des institutions (dispositifs institutionnels) qui
nous donnent des 'ordres' que nous avons appris à respecter, et à justifier. (cf:
Ramadan; grammaire: règles à respecter).
Cette conscience collective est donc articulée sur une des institutions dont elle justifie
l'existence, et chaque institution à des fonctions déterminées pour satisfaire les
besoins.
II y a des exigences sociales qui naissent dans une société, et ce sont des institutions
qui s'en chargent. Les fonctions sont manifestes (= explicites, qu'on perçoit) ou
latentes (perçoit pas).

Ex. un examen:  fonction manifeste: sélectionner les bons élèves parmi les autres.
 fonction latente: créer une solidarité entre plusieurs personnes
soumises à une même obligation.

La dysfonction : quand la fonction n'est pas assurée de manière correcte. Elle vient
d'une sorte de changement d'idéologie.

L'articulation sur les institutions a été fort étudiée; pour pouvoir montrer ce qui ne
va pas dans les institutions, on fait de la sociologie, on étudie la société.
Ex. Les universités (Oxford, Bologne,...).

Le fonctionnement des universités a changé totalement. Les universités de masse


apparaissent en 1957. Celles-ci introduisent un certain nombre de dysfonctions : les
parents considèrent que c'est un investissement et qu'il faut rentabiliser. Si leur
enfant rate, ce n'est pas (en général ?') la faute de leur enfant mais celle du mauvais
fonctionnement de l'institution. Pourquoi? Parce que les universités ont aujourd'hui
à gérer beaucoup plus d'étudiants qu'avant.

La dysfonction réside dans le fait qu'au lieu de sélectionner de matière légitime,


l'université sélectionne par rapport à des critères qui ne sont pas nécessairement
intellectuels! (âge, sexe, nationalité,...). Et ça continue (privatisation de
l'enseignement...).

Les fonctions sont les attributs des systèmes institutionnels et remplissent


l'exigence sociale.

Le problème de la sociologie canonique est qu'elle n'explique pas, ou alors avec


difficulté, les changements car les sociologues ont considéré que l'histoire était un
schéma d'évolution biologique de Darwin
24

Toute société passe par une phase de développement (Durkheim). Cf.


l'évolutionnisme de Darwin. Ex. Féodalité au M-A normal; de nos jours plus qu'en
Arabie

Chaque phase: Les faits sociaux 'normaux' (tout est basé sur le critère de la
'normalité'), (ex. le fait, il Y a quelques années d'être avocat pour une femme), sont
considérés comme tels lorsqu'il se produit dans la « moyenne (= la plupart) des
sociétés de cette espèce considérée dans la phase correspondant à leur évolution ».

Donc, si on considère qu'il est normal dans une société féodale de ne savoir ni lire
ni écrire (sauf les clercs), c'est un fait 'normal'.
Ex. de fait anormal: le fait qu'un roi sache lire, écrire, fasse de la musique, écrive des
poèmes,...
Ceux qui ne sont pas dans cette 'normalité sont 'anormaux'.

C'est une conception statique qui est illustrée par des procédés de maintien de l'ordre
pour empêcher ce qui n'est pas normal, dans le sens où l'entend Durkheim. Elle ne
comprend pas le changement. Cf : trois figures de femmes:
 la Vierge par rapport à Dieu
 la mère par rapport au mari
 la putain par rapport au client
Donc, accorder le droit de vote aux femmes était anormal. Aujourd'hui ne pas
l'accorder serait anormal!
II y a des différences d'une société à une autre. En effet, les sociétés évoluent à des
rythmes différents.

Cette conception statique est celle qui est à la base de beaucoup de discours
criminologiques, ce qui est normal et ce qui ne l'est pas. Les forces de l'ordre sont là
pour renforcer le respect de ce qui est normal. II y a différents stades: le normal
puis le délinquant puis le criminel.
Il s’agit de maintenir une homéostasie sociale.
La marginalité : c est être à la marge.
La déviance, c'est lorsqu'on ne répond plus aux injonctions normales de la société.
Mais ce n'est pas définitif. Le déviant peut redevenir marginal et même normal.
Le déviant suscite la désapprobation et s'il est pris par l'ordre judiciaire, il sera puni.
Attention: le déviant est différent du délinquant.

La délinquance n'est pas immuable dans le temps. Il y a des choses que l'on ne
pouvait pas faire mais que maintenant on peut faire. La délinquance peut aussi se
limiter à une portion de territoire (ex. : l'euthanasie est admis dans certains pays, pas
dans d'autres).
25

Il y a confusion entre problème social et problème sociologique

Ce type de vision (déviance,...) oriente un certain type de recherches empiriques,


basées sur la théorie du passage à l'acte. Ex. : la pédophilie: souvent influencée par
le fait d'en avoir été victime antérieurement.

Le passage à l'acte: On considère que la société donnée, un certain nombre de


facteurs qui se présentent avec une certaine fréquence (fréquence modale) ; lorsque
la fréquence est élevée, ces facteurs deviennent déterminants (ex. : Je décrochage
scolaire). Il existe, dans la société, des tendances générales, mais il ya bien
évidemment des exceptions.
On apprend ces tendances par recours à la méthode des questionnaires.
Les tendances générales sont dynamiques (elles évoluent dans le temps).

Cf. les exclus (ou désaffiliés sociaux).


S'il y a des exclus, c'est qu'il y des excluant !
(Facteurs d'exclusion en fonction de certains critères ex: examen). On a le droit
d'exclure tant qu'on reste dans les limites de la légitimité.

Le passage à l'acte implique une conformité à l'ordre social.


La positivité/négativité, c'est par rapport à une norme sociale imposée.
NB : les grandes innovations viennent des marginaux. Ex. : les filles en pantalon.

Ces considérations figent les études sociologiques !


La problématisation qui pousse à faire une recherche repose sur une confusion
entre le problème social (rater à l'examen) et le problème sociologique
(fonctionnement de l'université).

Cf. citation de Peter BURGER (voir 'Le Bricolage du social).

On n'est pas supposé quitter l'école avant 18 ans car c'est décidé par l'Etat. On
transforme une règle prise pour des raisons politique en une règle juridique. Le
problème sociologique est la manière qu'une partie de l'adolescence contribue au
désordre.

La fonction du sociologue n'est pas d'éradiquer! Pour cela, il y a des personnes


spécialisées.

Problème sociologique: c'est par rapport aux interactions sociales.

Le problème social n'est pas le crime, mais la stratification en fonctions des classes,
des races,... Pourquoi la Justice qualifie'! (crime ou pas ?)
Cf. : circonstances atténuantes: tolérance envers certaines catégories de personnes.
Ce sont des normes même si c'est discriminatoire.
26

Ex. Le problème n'est pas le divorce mais le mariage! On divorce car on est marié!
_ l'évolution des mentalités accuse l'institution du mariage d'être à la base du
nombre croissant de divorces.

Le problème du racisme n'est pas le problème de la race mais des institutions qui
ont inventé ce concept. Il n'y a pas de raisons biologiques, anthropologiques de
créer des races (comme l'ont fait les nazis avec les Juifs).

Donc il faut étudier pourquoi à un moment donné des Etats ont exclu (voire
exterminé) des 'races'.
Le problème social est différent du problème sociologique.

17. Le modèle de l'acteur :

S'oppose au modèle canonique. Le modèle prend en compte le Rôle de l'acteur (celui


qui est pris en considération). Acteur = activité (= handeln : Weber) avec autrui
(dirige son action envers, donne un sens à cette action). C'est le sociologique qui
doit trouver ce sens → interprétation

Interprétation: Il faut se mettre à la place de l'autre «< Einfuhrung ») et expliquer les


causes des comportements (ex. examen raté).

Le modèle limité affirme que le sociologue est censé savoir plus que l'acteur. Les
acteurs construisent l'ordre du social en mettent ensemble des intentions ou (ils ont
envie de faire qqchose), ce qui correspond à des intérêts, et, pour y parvenir, ils
mettent en œuvre des compétences (ex. voitures).

Cet ordre du social est un peu un jeu de construction 'à l'aveuglette' (Ex. : Je suis mu
par l'intention d'acheter une voiture. Et je dois l'acheter dans un endroit où ils en
vendent !) Qui produit une histoire (que nous ne connaissons pas).
Donc, au bricolage du social va correspondre un bricolage du chercheur.
La sociologie est une histoire de nombre. On est un certain nombre à adopter les
mêmes comportements.

[7] «L'individu n'est pas un épiphénomène/prototype du social ». Il fabrique le


social.
Selon Durkheim, nous sommes entièrement déterminés par le social. Ce que nous
faisons de personnel n’est qu'une illusion. Le sociotope détermine notre action
(même nos rêves sont déterminés).
Le problème de la liberté n'est pas l'essence de la liberté !
C'est un rapport entre Dieu et l'Homme (ex. : le mal);
Donc Dieu a fait 1 'Homme libre. Et à partir des dons que Dieu nous a donnés,
nous pouvons faire le mal ou ne pas le faire parce que nous avons la liberté que
27

Dieu a donné (= vision théologique).


Dans la Genèse, Dieu n'a pas donné la liberté de faire le mal à 1 'Homme mais à
Satan, transformé en serpent (symbole du sexe de l'Homme). L’homme est capable
de choisir entre le mal et le bien Donc le problème de la liberté est posé.
La Genèse est une belle métaphore. Elle montre que l'Homme est capable de
distinguer le bien et le mal, et aussi de choisir le mal.
Nous sommes libres de faire le mal. Or, le mal est quelque chose que l' on ne
comprend pas. Ex. : Comment peut-on faire du mal à un enfant?

Le problème du mal vient du fait que l'individu n'est pas un épiphénomène du


social. Nous vivons avec les autres, et du coup nous 'pouvons' leur faire du mal.

Le social naît dans l'individu. Nous le fabriquons ensemble. C'est un effet de


composition (quand nous sommes une entité en tant que telle).
Ex. La foule crée une effervescence. Cf. match de football

Ce modèle contrairement au précédent (statique) est dynamique. Les individus sont


des agents dans la temporalité. C'est toute la difficulté du discours sur l'humanité,
parce qu'on voudrait rendre compte de cette évolution, cette dynamique, continue
où se déroulent parfois des imprévus.
Il faut expliquer l'actualité avec une certaine continuité.
Ex. Belgique: On pense un pays uni (taire) bilingue mais on prime le français. 60
ans plus tard: division du pays avec une prédominance du néerlandais.

Comment cela s'est fait? Par des individus qui ont rencontré d'autres individus, qui
ont travaillé entre eux.
Donc, c'est le fameux système du 'compromis à la belge'.

Le changement collectif est le produit de changements individuels de gens qui ont


changés d'avis Ex. Réformes de Bologne.

Et en même temps, c'est la multiplication de comportements personnels dans les


cercles concentriques. On rencontre beaucoup de personnes dans notre vie. Mais
on ne sait pas qui s'est. Mais il y aura un changement collectif.
Ex. rencontrer 'l'homme de sa vie'.

Les cercles concentriques ne sont pas nécessairement synchrones, simultanés.


Ex. Nous accomplissons des actes qui auront des répercussions sur les autres dans
quelque temps.

On a voulu mettre en évidence deux effets fondamentaux qui affectent les résultats
de ces regroupements circulaires:
- L'effet papillon: « Lorsqu'un papillon bat des ailes à Pékin, il y a une
tempête de neige à Washington. » → une cause minime peut avoir une
28

cause considérable
- L'effet escargot : Là, c'est l'inertie énorme des armatures, des institutions
qui nous régissent. Elles changent très peu (ex. Justice, bureaucratie). Cela
s'inscrit dans la longue durée (ex. la langue que l'on parle change mais
lentement).

Résultat: Désordre qui se situe sur la flèche du temps et que nous essayons
d'ordonner.
18. L'histoire :

En amont, il y a l'Histoire que nous ne pouvons plus changer. → «s'il n'y avait pas
eu ... il se serait passé...»

Par ex., si on veut comprendre ce qui se passe en Belgique du point de vue


linguistique, on ne peut le faire qu'en analysant l'Histoire de Belgique.
L'Histoire n'est pas un jeu gratuit !
C'est un récit qui, comme notre biographie personnelle sert à expliquer nos actes de
maintenant, explique les actes collectifs.

Certains penseurs ont essayé de trouver une raison dans l'Histoire, une philosophie
de l'Histoire. C'est la rationalisation.

Tout événement a une épaisseur historique. Et à un moment donné, l'Histoire


sélectionne ceux qui lui semblent importants.

Nos biographies personnelles s'inscrivent dans une histoire.

On ne connaît pas assez 1 'Histoire, celle qui fait que notre biographie fait que nous
sommes là

19. Le temps :

Le temps est la ressource principale, première de l'action humaine. Notre temps


doit parfois se combiner avec celui des autres. Le temps est un flux du passé vers le
futur, une succession d'instants. Or l'instant n'existe pas.

Il y a aussi différents types de temps:


- le temps physique (jour, nuit, saisons), qui fait l'objet d'une appropriation
sociale.
- le temps biologique (vieillissement, sommeil, perte de cheveux,. . .)
- le temps psychologique: c'est la durée subjective (temps qui nous semble
long ou court).
- le temps social: regroupe le tout. C'est l'appropriation des temps par la
29

société. Ex. changement d'heure en hiver et été ; prise en considération


du vieillissement

Exemple de l'emprise du social

La maladie d'Alzheimer: Les' chances' de l'avoir sont réduites chez les intellectuels,
ceux qui font travailler leur esprit. C'est la société qui s'empare de cela.

20. Le modèle fonctionnaliste

La société est un ordre (><désordre)


Mise en évidence de la facticité des codes que nous respectons dans la vie. → Ce
qu'on dit de la société est faux.
Les codes ne sont pas respectés: les gens ne font pas ce qu'on dit qu'ils font. Les
sociologues aimeraient qu'il y ait un peu de rationalité, mais le!) Comportements
humains ne sont pas rationnels. Ex. Quand on dit: « A l'université, 19000 étudiants
étudient »). C'est faux, les étudiants ne font pas qu'étudier et certains n'étudient pas
du tout sauf par ex. au moment du blocus.
Ex. « Les ouvriers travaillent ». C'est faut, ils ne travaillent pas tout le temps.
Ex. « Il faut que j'arrête de fumer ». Je ne le fais pas pour autant.

La société humai11e est tricheuse: Les gens ne font pas ce qu'on leur dit de faire.
Notamment parce que les groupes et les classes ne sont pas nets. On peut avoir des
cultures différentes mais les sociologues en tiennent rarement compte.
Ex. Aimer l'opéra et le rock
 Donc, l'ordre social est un lieu de mensonge constant.
Il n'y a pas de correspondance univoque entre le discours des institutions et le
comportement des gens. Donc, le comportement des individus n'obéit pas aux
injonctions des institutions.
Ex. Le pouvoir en Belgique est très compliqué

Cf. la sociologie de la famille (type romano-canonique) ne tient pas compte d'un


phénomène universel.
Ex. L'adultère est considéré comme quelque chose de pas bien mais on n'en tient
pas compte, dans la sociologie, comme une institution. Or c'en est une.
Ex. La sociologie des langues ne considère souvent que la langue officielle car la
langue infra ordinaire est différent de celle du pouvoir _ ce n'est pas du néerlandais
mais du flamand Ex. Pédophilie _ 80% dans la maison familiale

Donc, les injonctions institutionnelles ne sont pas respectées, même par ceux qui
sont les gardiens de celles-ci.
(M. de Sirton, jésuite) Le pouvoir développe des stratégies, des tactiques (ex.
Schlieffenplan). Les officiers font cela en temps de guerre, nous le faisons au
quotidien et le pouvoir aussi. Mais on ne le respecte pas (dissidence).
30

Stratégies de pouvoir: « Il faut faire cela,... ». Et on fait semblant de ne pas le savoir


(tactique d'occultation).

La créativité de l'Homme intervient dans l'ordre établi.


La société se reproduit par essais, par erreur et par tâtonnement:
I)[?? ?]
2) défiance à l'égard des ordres établies _ eux mêmes ne sont pas fidèles à ce qu'ils
disent
3) des temporalisâmes à vitesse variable. On est en retard pour certains aspects et
en avance pour d'autres

Il Y a une déviance à l'égard de l'ordre établi. On est en retard pour certains aspects
et en avance pour d'autres. Cf. : les anachronismes. Ex. : Payer par chèque au lieu
d'utiliser sa carte bancaire.

On est pionniers de quelque chose, on est en avance sur notre temps. D'autres sont
en retard. Marx : «Les Hommes font l'histoire mais ne savent pas l'histoire qu'ils
font.»

21. Qu'est ce Que l'histoire?

C'est un récit que les Hommes se font de leur passé. Ce n'est pas un récit objectif,
même s'ils se basent sur des faits objectifs. Ce n'est pas «rationnel. L'Histoire est un
récit rétrospectif, on regarde en arrière.
Si c'est un récit personnel, c'est une autobiographie.

Shakespeare: « l'histoire est faite de bruit et de fureur».


Ici, c'est le pathos qui domine. Nous ne sommes donc pas rationnels. La passion est
toujours un excès et n'est donc pas tout à fait irrationnel. Nous sommes donc
partiellement rationnels. Nous sélectionnons des parties du monde où on est plus
ou moins rationnels (cf. Weber). Mais nos objectifs ne sont pas nécessairement
rationnels. Par ex., on n'aime pas rationnellement. Heureusement car l'amour, c'est
une passion.

L 'Homme est un sujet désirant. Le désir peut être rationnel.


Aristote disait de j'Homme qu'il était un« irrationnel appétitif». Donc, ce qui pousse
l'Homme, ce sont les passions. De nombreux philosophes comme Descartes ont
combattu cela.
NB. : Les passions peuvent aussi bien être négatives que positives.
Les hommes affirment leur différence par leur passion et c'est le mélange des
passions qui fait l'histoire
Le désir est différent de la pulsion à transgresser les interdits. Transgresser les
interdits peut être rationnel. Ex. : Transgresser l'interdit du jeûne pour ne pas
mourir de faim.
31

Le désir, c'est ce qui pousse les gens à aller à l'encontre de ce que les agences de
contrôle sociales, les institutions considèrent être bien. "
Mais il y a une liberté. Nous sommes libres. C'est ce qui nous distingue des animaux.

L'Homme échappe à des pesanteurs naturelles (celles de son corps), ce qu'un


animal ne fait pas.
Ex. Quand l'animal n'a plus faim, il ne mange plus. Nous, nous pouvons manger
par gourmandise. Nous sommes capables de nous comporter de manière idiote.
Même si on nous conditionne au comportement inverse.

Les Hommes affirment leurs différences par leurs passions et c'est le mélange des
passions qui engendrent l'Histoire.

Georges BALLANDIER [7](cf. Le bricolage du social).


« Le social est approximatif et toujours menacé par quelque chose ».

Ex :
- les phénomènes naturels (inondations)
- grève de train ( ?) Menaces intérieures.
- institution fragilisée : économie
- guerre. Menace externe.
L'ordre approximatif que l'on veut imposer à la société sous forme d'ordres se
trouve menacé avec des variations. Tout se voit menacé car fragilisé.

Il y a une interaction entre:


 Ordre - désordre
 déterminé - aléatoire

La société est déterminée par un système d'ordre (=déterminisme) et ce qui n'est


pas prévisible (=aléatoire).
Ex. l'assassinat de quelqu'un est aléatoire.
Le déterminisme et l'aléatoire, qui s'opposent, rendent la société fragile.

Il y a des agencements qui ne sont pas assurés (ex. : United Airlines a fait faillite).
La production n'est pas assurée  effet boule de neige (11 sept.) Le terme de
reproduction est trompeur.

La société n'est pas un ensemble unifié car il y a des [ ???] contre les idéologies Ex.
Le discours démocratique n'est pas ce qu'il devait être (France)
Ex. L'enseignement est libre (mais on fait acheter aux enfants des livres, on les
oblige à regarder telle émission à la télévision,...).
Ex. Les codes sont factices → les peines ne sont pas applicables
32

Il y a aussi les contraintes institutionnelles qui masquent la réalité.


Ex. L'école est obligatoire jusqu'à 18 ans. Mais tout le monde n'y va pas jusqu'à 18
ans.

La base est en dissonance avec la réalité sociale. La société se donne une image de
nous qui est en dissonance Ex. Le libre examen à l'ULB c'est de la foutaise

La société est une construction d'apparence et de représentation. Elle donne une


image qui est souvent en dissonance avec la réalité sociale. C'est une anticipation
doublée par l'imaginaire.
La société se voit. Cf. le discours sur l'Europe qui se voit, se fait. On dit qu'on voit
l'Europe mais en fait on ne voit rien.
A tout moment, le social essaye de s'unifier mais il n'y arrive pas car des
événements surviennent qui bouleversent tout.
Ex. Le débat sur la fonction royale.

Cette citation montre que dans la société il y a :


 un système de fonctionnement des institutions
 un système de représentation basé sur des déterminants historiques qui font
que la société tend vers l'unicité, mais n'y parvient pas.

L'imaginaire social que nous partageons est causé par des visions historiques qui
nous sont plus ou moins imposées et qui nous conditionnent.
Ex. hymne national, supporters de football,. . .
Cf. citation dans « Le bricolage du social », page 80.

Cela ne se passe pas seulement au niveau macro mais aussi au niveau micro.
Toute l'interaction sociale est une négociation. On négocie. Les rapports imposés
par la vie se négocient. La vie sociale est une négociation.

L'avancée, durant un parcours de vie, est jonchée de doutes: on ne sait pas


comment la négociation va se terminer, on ne sait pas comment on va y arriver.
En vieillissant, le monde se restreint. _ Nous bricolons et réduisons le champ des
ritualisations qui sont mises en cause par des choses intérieures ou des choses
extérieures.
C'est un empirisme: nous bricolons. Tout ce qui est routine, rituel, ... est
bouleversé.
Ex. On a des habitudes puis subitement on a un accident, une maladie et cela change tout.

Pourquoi les Hommes veulent-ils toujours mettre de l'ordre ? Pourquoi le logos


veut-il bricoler le pathos ?
L'ensemble de la société est en désordre « bordel ambulant ». Il faut mettre de
l'ordre.
Cf. «Une place pour chaque chose, chaque chose à sa place! ». Il ne faut pas être
33

maniaque de l'ordre non plus. Micro: «J'ai mis de l'ordre dans ma vie »

Les contraintes institutionnelles sont compatibles, s'enclenchent les unes sur les
autres.
Ex. Arriver à l'heure à un examen.

22. Giddens :

« Il existe chez l'Homme un cadre qui est appelé la sécurité ontologique ».


(Cambridge; conseiller de Tony Blair)
Aujourd'hui le thème de l'insécurité est surexploité. Cf. le parti d'extrême droite
par rapport aux étrangers «étrangers=insécurité ».
Ce que nous cherchons, ce que nous voulons c'est que notre routine soit préservée.
On a un besoin de sécurité, de protection.
Ex. Les enfants cherchent la protection des adultes.

23. L'anxiété

On se demande ce qui va nous arriver. Il n'y a pas d'objet réel, mais on se demande
quoi. Cette anxiété, liée au fait de la liberté humaine (=indétermination) n'est pas
liée aux caractéristiques immanentes de l'individu (ce n'est pas qu'il y a des gens
plus peureux ou moins: c'est la liberté qui crée l'angoisse).

Nous avons acquis dans notre vie une compréhension de la réalité externe. Au
début, la routine est imposée par l'adulte. Ce n'est pas seulement un ajustement ou
un conditionnement. Elles sous-tendent l'émotionnel qui est indispensable sinon la
vie dotée de sécurité est impossible.
Si la mise en place dès l'enfance est ratée  problème  anxiété va augmenter 
on va imposer des règles à l'enfant. Il ne faut pas garder l'enfant dans un cocon 
émancipation.
La compréhension ontologique est nécessaire. Celle-ci se modifie avec le monde
(cf. cercles concentriques) Le but de l'éducation est l'émancipation de l'enfant. Les
parents savent qu'un jour leur enfant va partir. Il y a une mise en place du système
d'éloignement: les enfants sont destinés à quitter la maison familiale.

« Aucune routine n'est assurée de permanence. » Il y a toujours une possibilité de


rupture possible. L'identité personnelle est marquée par cette rupture.
Ex. Quand on se met en ménage: négociation.
Il y a deux sortes de routines.
La compréhension du monde se modifie car le monde change.
La vie peut parfois paraître insupportable, alors parfois des révoltes éclatent.

On va surtout ressentir cette anxiété dans les moments fatidiques.


34

Ex. la perte d'un travail


Maladie grave: Que faire de ce qui reste comme temps à vivre?
Changement d'environnement: C'est angoissant de devoir partir.
 Conséquence:
- le suicide
-la négation «Ce n’est pas vrai, cela ne s'est pas passé. »

Dans les communautés peu nombreuses, les moments fatidiques sont collectifs. Ils
sont vécus collectivement. Ex. La mort d'un proche dans une famille paysanne.

Dans une société multiple, les voisins ne s'intéressent pas aux autres.
Dans les sociétés multiples comme chez nous, les moments fatidiques résultent de
la perte de l'individualité, la mise en place de systèmes experts (donc ce qui suppose
une haute activité cognitive).
Ex. Echouer à l'université. C'est un système expert compliqué. Plusieurs facteurs,
professeur, recours, ... entrent en jeu.

En abandonnant le système expert compliqué on va avoir recours à un autre


système expert. (Tribunal de première instance: compliqué car avocats,
procédures,...).
C'est le passage d'un système compliqué à un autre.
Ex. le système de l'emploi et le système du chômage.

L'angoisse face à quoi? Excellente question! C'est pourquoi on prend toutes sortes
d'assurances pour se protéger.
Cela dit, les moments fatidiques sont aussi des moments dont on peut profiter pour
réorienter sa vie, pour 'corriger le destin'.
La société moderne n'est pas rationnelle! On peut concevoir, utiliser les moments
fatidiques (tragiques ou pas) de plusieurs façons différentes.
NB. : Quand on est parents, il faut veiller à ce qu'il n'y ait pas trop d'anxiété chez
l'enfant.

24. Structuration selon Giddens

[7] Le moment fatidique, la mise à mort métaphorique, le phénomène universel:


c'est la structuration. Il s'a d'un processus temporel _ j'utilise mes ressources
(compétences) pour produire une action.
Ex. ressources linguistiques avec règles (phonétiques etc.)
 ces moyens sont le système social

 Selon la vision systématique, le système social est l'ensemble intégré, dynamique qui
tend vers la stabilité, fonctionnant en même temps  même type/quantité d'entrée
et de sortie.
35

Schéma

Ex. Ecole - entrant = Elèves/Enseignants/Parents


Si on a un diplôme, on rentre à nouveau dans le système Le système consomme de
l'énergie =information
Le système tend vers la stabilité.
>- Entrant: Sources de chacun
>- Feed-back: C'est les mêmes ressources
 tout se passe sur la lige de temps
Les règles normatives des sources cognitives (=compétences) sont puisés dans la
culture _ utilisé dans la socialisation pour produire les individus.

 Vision institutionnelle: Elle est statique

La société n'a pas copié la vie humaine, elle est composée de vie humaine. Les
compétences individuelles sont puisées dans le stock. Ces compétences sont
précaires et jamais utilisées de manière rationnelle.
On appartient à plusieurs systèmes (familles, culture, unif...) et il y donc conflit
entre les systèmes. Il y a une ambiguïté/incertitude d'utiliser la précarité. Dans
l'interaction, les acteurs appartiennent à la même culture ma sont différents. Nous
avons des compétences communes (langue...)
Ex. même culture: l'interaction ne pose pas grand problème
Ex. différente culture avec certaines connaissances: l'interaction n'est pas trop
difficile _ il faut de 1 tolérance
Ex. différente culture: problème de l'anthropologie

Quand la culture commence, le système symbolique fournit le contexte de


description commun, qui n'a pas besoin d'être expliqué. Les gestes/attitudes sont
compris; ces gestes sont des conventions symboliques.

Les actions sont inséparables des acteurs.


Passage du « tu » au « vous »  il y a un changement de contexte. Chaque individu
est irréductible, chacun es individuel.  tout dépend de la motivation.

Lecture standardisé :
d'abord motif puis raison
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 correspond à la satisfaction d'intérêt  ça s'appelle projet


 protection  intention attention Je vais me faire comprendre (phonétique)
Je peux demander une conjoncture
On peut décrire mais ne pas interpréter
Dans la Mitwelt, l'interprétation (?)/interactions.

25. La culture

Le recours aux symboles est la matière première de le culture. Je peux décrire une
activité mais l'interprétation peut s'avérer difficile. Si je suis dans l'Umwelt de
l'autre, je peux tester différentes hypothèse ou demander des explications mais le
mensonge est toujours possible.
Sans mensonge, la société n'est pas vivable ni viable.
Dans la Mitwelt, l'interprétation reste possible s'il existe une action typique dans le
contexte qui le concerne. -+ système d'interprétation typique: nous nous
comportons typiquement et l'autre nous interprète typiquement. Les symboles
permettent l'interprétation.

La notion culture recouvre une pluralité d'interprétation. Selon la définition


anthropologique, c'est l'ensemble des façons de faire, de penser et d'être d'une
société  vision statique
L'activité créatrice de l'homme: il n'existe pas d'homme à l'état nature  aspect
dynamique de la culture.  Transmission de la culture fait de l'homme un être
cultivé
 Création au niveau le + élevé  prospection de formes nouvelles.
Ex. Belges sont cathos, démocrates  culture commune mais fracture N/S

Des contextes de description communs nous permettent de comprendre les autres.


L'homme invente et il le sait. C'est le propre de l'Homme de créer. Cette culture
manifeste la capacité du cerveau de l'Homme d'imaginer au-delà des conditions
d'existence

Le sociologue est bercé dans le langage commun et repère les normes des acteurs
pour s'y référer; les règles de surface sont connues, mais il n'y a pas de
conditionnement. Ce sont des règles de description et elles ne conditionnent pas
l'Homme de la manière mécanique de ces règles.
Ex. Un bourgeois n'ira pas acheter son champagne chez Aldi.
C'est le discours de distinction que le sociologue comprend car il connaît les règles
de surface
Les règles normatives ou de surface permettent à l'acteur d'associer sa vision du
monde à celle des autres au cours d'une action sociale et de présupposer que le
consensus est fait.
Mais la vision des fonctions et différents à celles des Hommes. On peut déroger
37

aux règles de surface. Soit on les connaît pas, soit on en invente et on les impose.
Ex. Les artistes ayant un habillement spécial, on ne leur dit rien car ce sont des
artistes.
Ce sont des déviations pas graves. Il existe cependant des déviances qui appellent
sanction  nous jugeons les autres de part leurs apparences et par leurs pensées.
Ex. Quelqu'un qui mange comme un porc ne sera plus invité

Ce sont des règles qui sont la base de la vie.


C'est aussi bien dans l'Umwelt (l'autre peut déroger aux règles normatives de
l'Umwelt ; ex. on mange à 6h) que dans la Mitwelt.
L'acteur est en présence d'une problématisation +/- vécu de sa position au sein du
monde vécu à tout moment.  Problématisation de l'existence qui va demander
une mise en compétence (-+précaire) par rapport au type de personne qu'on
rencontre. Il faut trouver les bons comportements. Nos comportements se
heurtent aux compétences des autres.  Conflits
On doit surmonter ses conflits en nous corrigeant nous-mêmes -+ nécessité de
resocialisation. Par rapport aux expériences ratées que nous avons connues.

L'histoire, c'est la même chose. L'histoire, c'est la conjugaison d'une pluralité de


biographies et nécessite une réécriture constante. L'Histoire est un récit scientifique
que l'on écrit à propos du passé dont l'existence est prouvée. Ce que l'on écrit dans
des années plus tard comportera des modifications

Ex. Il Y a 40 ans a eut lieu en Chine la révolution culturelle. A l'époque, il ya eu des


militants pour cette révolution. 40 ans après, plus grand monde dit que c'était bien.
-+ réécriture différente de l'histoire chinoise
Survient souvent « Le paradoxe des conséquences». Non souhaité. On veut quelque
chose et on s'associe avec d'autres qui veulent la même chose mais parfois on n'a
pas ce que l'on souhaite.
Ex. On aime quelqu'un qui nous aime aussi mais on s'engueule.

Cela peut se voir aussi à une échelle humaine plus grande. Cela s'appelle aussi des
effets pervers car l'histoire est raide et les institutions pesantes.

26. L'interactionisme symbolique

Le modèle de Erwin Goffman vient, en fait, du grand sociologue allemand Simmel.

Pour lui, la société est basée sur les interactions entre les individus.
(interactionisme)
Il considère que l'essentiel de ses interactions est perceptible au travers de l'usage de
symboles, c'est à dire principalement de langages ou éventuellement d'autres
symboles tels que les postures et les façons de se comporter. Ceux-ci sont bien sûr
38

toujours traduisibles en terme parlé.


Le mouvement symbolique fait référence à la capacité de l'être humain de produire
des symboles, des éléments signifiants dans son langage particulier.

Goffman a recours à une métaphore (utiliser un objet pour en signifier un autre) :


le THEATRE
Nous sommes à la fois comédien et metteur en scène dans une série de parties que
nous jouons en compagnie de partenaires et face ou non à un public. Nous
sommes tous en représentation.
Cette vision ne tient pas compte, en principe, des profondeurs psychiques des
individus.
Nous commençons donc à partir du moment où ce que font les individus est
visible, audible et perceptible.

 Selon Goffman, ce qui existe en premier c'est la société et en second les


individus.

Lui ne s'occupe que des interactions des hommes telles quelles se produisent, au
jour le jour dans une société donnée. Il est donc un micro-sociologue. Il s'intéresse
uniquement à la société occidentale car il existe des modalités différentes dans les
autres sociétés.

 La notion essentielle est la SITUATION.

C'est un environnement physique, càd temporel, dans lequel les individus sont à
portée perceptuelle les uns des autres. Il s'agit d'une situation au sens
anthropologique du terme. La situation constitue la trame de nos interactions.
Nous passons constamment d'une situation à une autre : Episode
La situation doit être définie correctement. Et de la même manière par tous. S'il y a
dissonance sur sa définition, la situation n'aboutira pas; on risque d'ailleurs de
graves problèmes relationnels avec les autres. On doit d'abord être d'accord sur la
situation.

 Goffman se base sur une théorie élaborée au début du XX siècle par l'École
de Chicago.
Sociologue américain Thomas a énoncé un théorème:
« lf men define situations as real, they are real in their consequences» (si les
hommes définissent une situation d'ordre réel, elle est réelle dans ses
conséquences.)
Ex. si nous sommes d'accord que ceci est un cours d'université, les conséquences
qui découlent de cette situation sont réelles aussi. Le professeur se doit de donner
son cours, comme les élèves devront passer un examen.

 Les éléments essentiels d'une situation sont le lieu, le temps et le scénario:


39

 Lieu: auditoire
 Temps: journée
 Scénario: un professeur qui parle et des élèves qui écoutent
Le scénario implique des obligations à chacune des parties. Il existe une vitesse de
croisière, un canon, des normes qui régissent les situations.
Le plus important est que chacun ait la même définition. C'est une règle absolue
pour vivre en société.

Dans les situations de MitweIt (la portion du monde vécu qui est appliquée par les
contemporains et non par les intimes) il faut que les typicalités respectives soient
respectées -+c'est un élément du scénario. En d'autres termes, les identités sociales
dont nous sommes porteurs, en raison des classifications que font la société,
doivent être perceptibles de manière uniforme.

 La situation se décrit à partir d'une scène de théâtre. La sphère de nos


activités est divisée en deux parties: .
- la partie antérieure: la scène
- la partie postérieure: les coulisses
Plus nous sommes à l'avant de la scène, plus les parties que nous devons jouer sont
contraignantes.
Plus nous sommes à l'arrière des coulisses, plus les parties que nous devons jouer
sont libres.

 Lorsque l'on est sur scène et le plus souvent à l'avant scène, on est« ON » =
EN REPRESENTATION Le script que l'on doit suivre et les éléments de
mise en scène sont impératifs.
Ex. l'examen oral exige un comportement mis en scène
Par contre lorsque l'on est en coulisses, on peut se relâcher: on est plus ou moins «
OFF ». On est dans une scène beaucoup moins impérative. On ne fait pas pour
autant n'importe quoi.
Ex. lorsque l'on est sous l'influence ou quand on dort, la mise en scène n'existe
plus.
(Également suite à une vive émotion, la torture ou une violente douleur)

Souvent, on est très proche du « OFF » mais l'on suit toujours des règles car on se
surveille quand même, on respecte quand même certains comportements: on
dépose les déchets à la poubelle, on va faire pipi à la toilette.

 Le ON et le OFF sont des catégories fondamentales, qui ne sont pas


réellement liés à des espaces. Certains endroits sont plus «off » et d'autres
sont plus «on » mais pas nécessairement.
Ex. La salle de bains fait, en principe, partie des coulisses mais si le plombier
débarque cet espace deviendra une scène.
Ex. Une scène de théâtre: les acteurs qui jouent sur scène sont« on >1 mais les
40

techniciens derrière les décors sont eux beaucoup plus « off >1.

La frontière entre le « on >1 et le « off >1 est donc une frontière floue.
Ex. si le professeur sort quelques instants dehors, le vacarme s'installe dans la salle
mais lorsque celui-ci revient le silence est de nouveau exigé = PHENOMENE
SCENIQUE

 Le passage entre la scène et les coulisses peut être source de manipulation


sur l'organisation de nos comportements.
Ex. un couple (Gaétan et Marie-Geneviève) se dispute mais ils doivent recevoir des
amis à la maison lorsqu'ils sont seuls dans la cuisine, ils s'engueulent mais ils font
comme si de rien n'était dans le salon. Un ami du couple - un médiateur informe les
autres que les choses ne vont pas si bien.
Ex. un PDG rencontre sur la plage de Knokke son chauffeur. L'épouse du
directeur interpelle son mari est disant «Roudoudou tu n'as pas oublié de donner à
manger au chat >1. Le chauffeur apprend ainsi que son patron s'appelle «
Roudoudou >1 dans l'intimité. On doit parfois conserver une séparation entre la
scène et les coulisses: si on apprend qu'un éminent professeur a de drôles de
comportement cela pourrait nuire à son image de scientifique.
Ex. lors des réunions les professeurs (Conseil facultaire) adoptent un langage
foOllel, de scène.

Par contre si quelqu'un interpelle à titre personnel - en citant le prénom ou le


surnom -les coulisses font irruption dans la scène: c'est un moyen très utile pour
remporter la décision car les autres sont décontenancés. En procédure de droit, on
appelle cela un « procès de rupture» ; on rompt la situation normale, la ritualisation.
Au XIXe, il y avait des lieux spécifiques pour les hommes et pour les femmes: les
fumoirs et les boudoirs. Ce sont des lieux de semi-coulisses.

 Les situations impliquent des interactions. La plupart d'entre elles nous sont
connues par socialisation, c'est à dire que l'on nous a appris petit à petit à
devenir des membres actifs et efficaces dans la société dans laquelle on
évolue.

 La plupart du temps quand nous rencontrons une situation, que nous


repérons les paramètres, nous savons à peu prêt comment nous comporter.
On ne sait pas comment réagir lorsque l'on est face à une situation inédite.

 Face à une situation, nous en repérons les paramètres. Quand les situations
ne nous sont pas familières, nous disposons souvent d'informateurs qui nous
disent ce qu'il convient de faire.
1 ° refuser celle-ci: se suicider ou pleurer sur son sort
2° imposer sa définition de la situation aux autres: ex le touriste
3° se renseigner sur les usages
41

Ex. Combien doit-on donner de pourboire dans un pays étranger?


On dispose de livres de tourisme qui peuvent nous informer sur différentes
situations.

 Une fois définie, la situation entre dans notre répertoire. On enregistre ainsi
des situations que l'on a observées ailleurs. Ex : à la télévision

A ce propos, il existe un livre très amusant d'un anglais qui s'intitule « Being there » :
l'histoire d'un homme, qui ne sait ni lire, ni écrire et qui a vécu pendant trente ans à
l'intérieur - ayant comme seul contact avec le monde extérieur la télévision. Cet
homme applique à toutes situations, ce qu'il a appris à la télévision. Qu'aurait fait «
Starsky » à ma place, dans cette situation?
On peut observer des modes, dues à des phénomènes médiatiques ( TV, BD, etc...)
Ex. sur une expression le « A bon! » de Mme Bachelot.
Les évêques sont pour les enfants des messieurs qui donnent tous des bonbons

 La plupart des interactions sont des rituels, càd une manière formelle de se
comporter qui indique à l'interlocuteur, ou à ce qu'il représente, la manière
dont on va le traiter dans l'interaction.

 La fonction essentielle des rituels est de maîtriser le temps. Cela veut dire:
faire en sorte que les relations passent dans chaque cas de figure par les
mêmes entrées et les mêmes sorties.
 Goffman ( « the rights of interaction» )

27. La ritualisation

Il distingue deux sortes de rituels, qui renvoient eux-mêmes aux différentes


catégories de rites et donc de sacré ( réf: Durkheim « Les formes élémentaires de la
vie religieuse ».)

 Les rituels de présentation = IDENTITE SOCIALE

Sa figure la plus élémentaire est « bonjour », ce sont des actes de confirmation -


notre relation est la même qu’ 'hier et sera probablement la même que demain.
Si vous dites bonjour à quelqu'un, cela s'adresse à la personne elle-même de
manière intime ou bien cela signifie que l'interaction est placée sous le signe de la
pacification.
Ce sont des actes, en représentation, formels, que l'on retrouve sous différentes
formes. Ils peuvent témoigner d'un respect social: on s'adresse à la personne au
travers de son identité sociale. On dit bonjour à des gens que l’on n’aime pas ou qui
nous laisse indifférent. Les formules de politesse sont sans doute des mensonges
cependant on ne peut pas vivre en société sans mentir.
Il faut une dose d'hypocrisie sociale pour que la société fonctionne.
42

Diderot ( « le paradoxe chez les comédiens» ) défend très bien cette idée: un bon
comédien est quelqu'un qui ne pense pas à s'identifier à son personnage, il donne
l'impression de le jouer très bien mais pense, en fait, le contraire. Hamlet ne pourrait
pas tuer son père tous les soirs!

Ces séries de représentations sont des moyens de maintenir une distance qui soit
relativement hypocrite, même avec des amis.
« Les Baisers de Judas » - « Il y a des mots gentils qui ne sont pas des mots gentils ».
Dans certains cas, 1 'hypocrisie est visible mais tout l'art est de veiller à ce que cela
ne soit trop visible. Mais on n'est pas dupe! Il ne faut pas croire toutes les flatteries...

Plus la distance sociale sera grande, plus la forme rituelle sera poussée. Dans les
sociétés démocratiques, il ne faut pas aller trop loin, non plus. Il ne faut pas trop en
remettre.

 les rituels d'évitement = PERSONNE ELLE-MEME

Il s'agit s'éviter de rentrer dans l'espace intime, dans lequel on ne peut pénétrer sans
autorisation. Bien évidemment, cela dépend de la densité de population à un
moment donné. Cela faut pour les paroles, les gestes mais aussi pour le regard.
Ce phénomène est réglé par des règles sociales, des règles de surface. Il y a des
sociétés où l'on peut se toucher facilement de type plutôt latin et d'autres où cela
est plus difficile du type scandinave, anglo-saxon.

En tout cas si l'on doit rentrer dans l'espace intime d'une personne, il faut faire un
acte de propitiation. (C’est le fait de toquer à la porte avant d'entrer) = le fait de
demander l'autorisation de rentrer dans la sphère intime de quelqu'un. Cela ne se
fait pas de regarder quelqu'un dans les yeux, sauf raison professionnelle.
Ex. dans un ascenseur les personnes n'osent pas se regarder.

On utilise aussi des actes de réparation, (excusez-moi, pardon) ici le rituel s'adresse
à la personne dans son identité personnelle, peu importe à qui l'on s'adresse
exactement.
Ex si vous parlez avec un ami dans la salle d'attente d'un médecin, une troisième
personne entre dans la salle: vous devriez baisser la voix. C'est tout le problème
notamment de l'utilisation de portable dans les lieux publics. Les gens ne se rendent
pas compte que l'on entre dans la sphère intime.

Ce dont les personnes se plaignent le plus à l'hôpital, c'est qu'une grande partie de
la ritualisation disparaît. L'enjeu fondamental est de sauver la face. C'est un enjeu
moral: les ritualisations se rapportent à des valeurs que l'on accorde à quelqu'un.
Ex Quand on vient voir ses copies, le professeur répond que l'examen n'a pas été
brillant et non que l'élève personnellement lui même est un raté. L'étudiant doit
avoir l'impression qu'il n'a pas perdu la face et donc qu'il est resté un être humain
43

digne. On a tous besoin d'humanité.

=>La ritualisation est donc aussi le fait moralement de ne pas PERDRE LA FACE
DANS LES RELATIONS SOCIALES. Cela permet de ne jamais blesser l'autre.
Nos relations sont le plus souvent des situations de conflit. Les rituels permettent
d'édulcorer ces conflits. La ritualisation est un élément extrêmement important de
notre existence qui aide à supporter un certain nombre de conflits.

L'hypocrisie est un petit mensonge organisé. Le rituel est à la fois dans l'Umwelt
(pas compréhensible pour les gens extérieurs) et dans la Mitwelt (tout ce qui est
institutionnalisé, la société au sens large, fait appel à un social objectivé reposant sur
des institutions nous commandant  délimite les paramètres qui nous permettent
de définir les situations).

28. L'individu

On respecte les situations, les épisodes. Les institutions nous commandent plus ou
moins dans ce que l'on doit faire. Les paramètres sont dès lors définis.

Dans la société au sens large, on présente aux autres un social construit que les
autres perçoivent grâce aux attributs.
Nous recevons des statuts qui constituent des rôles. Ces rôles sont les attentes que
les autres ont de notre comportement.
Les attributs correspondent à l'identité sociale, à des types.
Ex. Le statut de mère de famille commande qu'on lui cède la place dans le tram.
Mais il se peut que ce ne soit pas une mère de famille.

Il existe des perturbations à ces systèmes d'attribution. Quand on voit quelqu'un,


on lui donne une identité sociale virtuelle. Il se peut qu'une identité personnelle (un
élément perturbateur) vienne casser cette image et donner une identité sociale
réelle.

Goffman a surtout développé le stigmate. Stigmatiser quelqu'un, c'est dégager un


élément de l'identité personnelle venant perturber négativement l'identité virtuelle
pour conférer à la personne quelque chose qui est de l'ordre de la dépréciation.
 le stigmate physique visible (personne paralytique). On fait une différence entre
la surdité et la cécité (l'aveugle ne fait pas rire).
 le stigmate physique non visible: le cancer, le sida,...
 les stigmates moraux: quelqu'un qui sort de prison, qui a commis des choses
répréhensibles. Le stigmate de quelqu'un ou d'un nom ('Hitler'), un nom qui
44

peut prêter à rire ('Cocu').


 le stigmate social: l'homosexualité.

Le rôle du stigmate est de déconsidérer l'autre, on perturbe l'ordre social. Ex.


de stigmate: être juif vers 1935.

- Le stigmate est socialement déterminé ; varie d'une société à l'autre. (roux en


Irlande).
- Les stigmates ne sont pas absolus, ils sont relationnels _ on ne sera pas stigmatisé
par quelqu'un qui a le même stigmate que nous. On peut s'auto-stigmatiser.

 Il y a socialisation du stigmate. Quand on est stigmatisable, on peut:


- nier ce stigmate,
- le cacher (PD avec famille)
- ou l'incorporer (bègue fait rire expressément) et jouer avec (ex. : On
devient le bon gros.).

Le stigmate renvoie aux théories de l'arabétisation/labellisation  il définit certains


comportement. C'est l'étiquette que l'on colle aux gens. C'est prédictif d'un certain
type de comportement. Une assomption nous conduit à endosser l'identité qu'on
nous donne,  un stigmate ou un demi-stigmate.
Ex. 'nez-juif alors qu'on n'est pas juif. On va vivre à Jérusalem.

Le stigmate vient perturber les gens bien élevés. On s'efforce de ne pas stigmatiser
les autres. On fait comme s'il n'était pas alors qu'on sait très bien qu'il est.

On peut faire l'inverse aussi: on peut surévaluer quelqu'un = le chevron. C'est une
personne qui présente des caractéristiques qui se surclassent.

Théorie du cadre (différent de la situation) de Goffman. C'est l'autre élément qui


peut perturber la définition du stigmate. Le cadre englobe:
 Cadres primaires: ce que nous faisons tous les jours, la routine quoi. C'est
une relation qui n'est pas problématique.
G. BETSON (anthropologue) : les loutres au zoo de San Francisco: elles jouent
puis émettent un signal qui fait qu'elles se battent vraiment.
« Faire? L’autre est le moteur de l'existence de l'Homme».
 Cadres transposés: qui sont indiqués par des parenthèses, des signaux. On les
définie par des marqueurs.
Ex. l'orchestre qui répète, le simulacre: le match de foot est un simulacre de bataille,
la pornographie est un simulacre: ce n'est pas ce qu'on montre mais c'est le principe
qu'on voit - basé sur une idéologie du viol. C'est différent des scènes érotiques ou
d'amour.
L'obscénité est de mauvais augures car c'est une supercherie.
45

Pour définir une situation, il faut vérifier qu'il n'y ait pas des manques de
transposition de cadre. Si la situation est vraie, il y aura un comportement différent
que si c'est du faux. Les stigmates et les transpositions des cadres modifient la
situation.

Les injonctions du social institutionnel/objectivé ne sont pas contournables. On a


l'impression qu'on fait un peu ce que la société nous dit de faire. D'où le problème
de la liberté.
G.BAUVITCH (sociologue) : Qu'est-ce que c'est d'être libre?
On pourrait croire qu'on est déterminé par la société, toute donne l'impression
qu'on est conditionné.
Ex. La mode: on a l'impression qu'on ne peut pas y échapper.

C'est la loi de la facilité, on a l'impression que personne n'y échappe.


Durkheim a reconnu que la contrainte ou le conditionnement ne sont jamais
absolu. La liberté est ontologique;

Peut-on démontrer que l'être a une liberté suffisante?


La liberté est ontologique : on se crée des libertés de choix: faire ou ne pas faire: on
va calculer le bénéfice éventuel.
- Liberté du travail: liberté sociotypique ; chez nous, le travail forcé n'existe
pas. On n'est pas obligé de travailler.
- Temps libre: loisir mais est aussi contraignant que le temps de travail et
est libellé à la liberté de s'aliéner
- Liberté de s'aliéner: c'est le divertissement (ex. : regarder la télévision, lire
un roman).

29. La liberté ontologique

La liberté ontologique, c'est se constituer des plages de libertés négatives  liberté


de choix, « ne rien faire », liberté de faire ou de ne pas faire  c'est indispensable.
Cette liberté négative s'oppose à la liberté positive: droits que l'on a (libertés du
travail).

M. Meyer [7]:
1) La liberté de l'être repose sur la liberté constituée: conditions/convictions dans
lesquelles un acteur se trouve à ce qu'il ne peut échapper. (Ex. On ne peut pas
échapper à son âge.) Les libertés interviennent pour déterminer la vie.
2) La liberté constituante: c'est la capacité de questionner. Je peux mettre en cause
la liberté  cela engendre la réflexivité.
Les êtres humains ont une compréhension d'eux même en tant qu'agent. (voir p.
131).
46

Nous sommes capables d'un retour réflexif de ce que nous faisons, donc de nous
mettre en cause. 1) est l'ouverture de 2).2) permet de construire des espaces pour le
1). C'est un calcul d'insertion dans la trame de l'existence et de se dire qu'est-ce que
je fous ici. C'est un liberté de capacité de réfléchir sur soi. Les contraintes sont des
facteurs de liberté.

30. La réflexivité

Ce n'est pas une liberté juridique mais une liberté de réfléchir sur soi. Cela permet
de constituer des espaces de liberté constituée. Donc, c'est un tremplin pour créer
des libertés ?

Deux formes de construction différentes. Pour deux conception de Dieu différente


(cf. cathédrale de Tournai). Que s'est-il passé dans le passage d'une religion à une
autre? C'est la liberté constituante.
La liberté constituante de l'être humain, c'est inventer.

31. L'aliénation (Entfremdung)

L'exploration des territoires de la liberté, il veut introduire une notion


fondamentale. Sociologiquement (Simmel ) il existe plusieurs sens au mot liberté:

1° Sens restrictif: le simple refus de la liaison sociale est une forme de liberté: je n'ai
pas de commerce avec les autres, je ne dépends pas d'eux.
Ex. Robinson Crusoë est tout à fait libre. Un ermite l'est tout aussi. A la limite, un
prisonnier qui est oublié dans son oubliette est pratiquement libre de toutes liaisons
sociales.

Au niveau microsocial: lorsque l'on boude, on est libre. Des groupes récusent tout
contrôle externe et se sentent alors enfin libres (ex. sectes).

2° Sens positif: un mode particulier de relation à l'entourage: c'est un phénomène


de corrélation avec les autres qui perd son sens lorsque l’on n’a pas d'interlocuteur.
A l'inverse de la première définition, la liberté (dans son sens positif) résulte du fait
d'être en liaison avec les autres. Les autres sont les instruments de ma liberté.

Ex. tout le temps que mon domestique passe à s'occuper de mes affaires, c'est du
temps libre que je libère pour moi. Les grands dirigeants n'ont pas le temps de faire
leurs valises, etc...

Deux conséquences de cette définition sur la structure profonde de la société:

1° La liberté n'est pas donnée d'emblée. Elle n'est pas une possession ferme,
substantielle. Car toutes liaisons entre états, parties, amis, amants ou membres
47

d'une famille emprisonnent, exigent et donc aliènent.

ALIENATION = cela veut dire ne pas être soi-même, aliéner un bien - c'est le
donner.

C'est ce que Simmel a appelé le complexe de Sapho: du nom d'une célèbre poétesse
grecque.
Son contenu provient d'un roman d'Alphonse Daudet dans lequel un homme
tombe profondément amoureux d'une femme plus âgée que lui et il ne parvient pas
à s'en débarrasser. On peut donc être complètement aliéné à quelqu'un.

La liberté est un processus permanent de libération - on passe notre temps à


essayer de se libérer. Dans toutes sociétés, les individus cherchent des moyens de se
libérer. Quand la vie est devenue trop longue, on se libère en se suicidant. C'est la
libération finale. Le vrai suicide est un acte de liberté fondamentale

2° Ce qui sert de contenant, de substrat aux relations interpersonnelles : c'est le


CONFLIT.
Nous sommes des individus constamment en conflit avec les autres. C'est le conflit
qui est le moteur du progrès humain, qui nous fait avancer.

Dans la conception allemande, la société n'est pas un modèle mais un processus de


SOCIATION (VERGESELLSCHAFTUNG). On ne naît pas socialisé, il s'agit
d'un processus dynamique- qui passe par des conflits- on est en train d'être
socialisé, de fabriquer une société.

32. Les espèces de liberté

- La liberté constituée: c'est le cadre dans lequel je vis qui offre ou non des
possibilités de liberté. - La liberté constituante: la manière de m'insérer dans ces
espaces, d'en profiter un maximum, ce qui va entraîner des conflits.
Chaque jour, nous partons à la conquête de la liberté constituante (même dans les
camps de concentration, il existait des tous petits espaces de liberté). Il existe un
conflit entre:

- La liberté positive: c'est le fait d'avoir des droits et de les exercer librement.
Ex. le droit de venir consulter sa copie d'examen, le droit à une sécurité sociale, etc..

C'est le droit de conserver des espaces de liberté constituée.


La capacité de me constituer en être libre s'appuie sur le système de reconnaissance
de droit que je peux invoquer et lorsque ces systèmes me dénient ces droits, on
peut les exiger.

- La liberté négative (Sir Arthur BirghinfIsaiah Berlin ) : repose sur l'existence


48

d'espaces au sein desquels on ne m'empêchera pas de me comporter comme j'en ai


envie. C'est la base d'une liberté libératoire - chez soi on peut faire un tas de choses
que je ne peux faire ailleurs.

Notre société a constitué des catalogues de droits mais où les espaces de liberté
négative ont tendance à se restreindre. On est entouré de systèmes de contrôles et
de surveillances. Le contrôle devient excessif.

La réintroduction, dans cette constitution d'espace de liberté négative, du mensonge


social en ritualisant leurs entrées et leurs sorties, en imposant des rituels d'évitement.
On va imposer des rituels pour avoir la permission d'entrer dans la liberté des
autres. L'explication morale passe avant l'explication fonctionnelle.

33. Le thème de l'ALIÉNATION

L'aliénation nous vient de la tradition philosophique allemande de Engel et Marx.


Notre société médicalise les aliénés, on enferme ces gens à l'intérieur d'un hôpital
psychiatrique. = > MEDICALISATION DE L'ALIENATION

1. La quotidienneté (1ère figure de l’aliénation)

Celle-ci était célébrée par une triade « métro-boulot-dodo », liée à l'existence de


routines qui exacerbent notre besoin de sécurité ontologique, le dépasse et crée au
travers de la répétition une insignifiance globale de l'existence. On est aliéné parce
que l'on ne parvient plus à donner du sens à sa vie. Qui suis-je ? Où vais-je ? Tous
les matins, cela recommence.
La répétition d'insignifiances, on écrit chaque jour une page blanche mais on l'écrit
pour moi - l'on vit de tout petits plaisirs. Le métro-boulot, c'est l'aliénation du
quotidien.
La possibilité d'être étudiant et de disposer d'un diplôme, nous permet d'avoir plus
de chance d'échapper à cette routine- le rapport au monde est changé, par l'apport
de la culture: la culture scolaire est un moyen de donner du sens au monde.
On va mettre en place des ruses, on va ruser avec le monde. On prend le maquis.
Aux moments de liberté négative monotones, je vais en faire des choses qui
donneront l'impression de protester, de résister, de détourner de sens.

Ex. on prolonge les conversations anodines, les heures de table, tous ces petits
moments de liberté. Une très grosse partie de notre activité consiste à résister par
des Gris-Gris (les porte-bonheurs, les horoscopes, etc..)
On n'est plus capable d'être signifiant, le monde devient alors insignifiant. On ne
peut donner du sens au monde que si celui-ci ne nous impose des sens.
Le drame de la cinquantaine: qu'ai-je fait de ma vie? (Simenon parle de ce moment
où tout bascule mais en même temps tout commence à prendre du sens.)
49

2. Le travail aliéné (2ème figure de l’aliénation)

Thématique commentée par Karl Marx (fils bourgeois de Trèves en Allemagne-


docteur en philosophie). Il a pensé la généralisation de la révolution industrielle.
Le cadre historique global: émancipation collective
Double travail d'émancipation contre d'un part le despotisme politique et d'autre
part l'obscurantisme du catholicisme.
Transformation d'un système de domination traditionnel (Max Weber) où l'individu
est un sujet du roi (transmission du pouvoir au sein d'un même groupe) à un
système de domination rationnel légal (basé sur la représentation (rationnel) et sur
des constitutions (légal» où l'individu est le sujet de la société et est représenté au
parlement (sur base d'un contrat social entre les individus qui accorde du pouvoir à
l'État).

Émancipation du savoir, qui était contrôlée par l'Église: « le savoir libère» on


conquière les instruments de l'émancipation politique. Celle-ci va de pair avec
l'émancipation culturelle.

Rappel sur La révolution française 1789


L'émancipation économique ? _ Cette aliénation existe toujours. C'est celle du
preneur de travail au donneur de travail

3. Le travail d’émancipation :

La culture était détenue par l'Eglise qui légitimait les clercs. Le savoir libère. Si la
population est savante, elle conquiert les instruments d'émancipation.
L'émancipation politique va de paire avec l'émancipation culturelle.
Ce double mouvement trouve son origine dans la Révolution française.
- Etats Généraux créés en mai, par Louis XVI.
- 4 août: Salle du 'Jeu des paumes' : décident d'abolir les actes, renversement des
privilèges; sauf pour la femme. Selon Rousseau: « La femme est aliénée si a un mâle
qui est propriétaire. »
- Déclaration de 1 'Homme et du citoyen.
- Emancipation politique: le citoyen
- Emancipation cognitive: (abbé Grégoire) = 'le français " faire passer tout le
monde pour le français.
- Emancipation économique: aliénation de l'employé à l'employeur. Le prolétariat,
'les brassiers' vient des campagnes, du surplus de la démographie des villes.

Les forces en présence:


- force du travail (force matérielle de l'ouvrier)
- le capital (les moyens de production)
50

La fiction est de croire que l'un et l'autre sont sur un pied d'égalité, dans un système
contractuel.
Marx tente d'expliquer cette situation par une esquisse de la société, sous la forme
de classe sociale définie par le rapport à la production.
La classe bourgeoise est celle qui possède le capital et le prolétariat dispose lui
uniquement de sa force physique et qui met en valeur les moyens de production. Il
existe une troisième classe: la classe des propriétaires fonciers qui va devenir une
bourgeoisie foncière (càd ceux qui possèdent la terre).
Le système de classe de sociale est conflictuel: les bourgeois tentent de garder leur
position, en tenant à distance les classes prolétaires par l'intervention de l'État, alors
que le prolétariat veut prendre la place du patron, de décider lui-même des salaires.
(Débouchera sur révolution économique)
Sa théorie est basée sur l'idée du travail aliéné.

Selon la théorie du travail aliéné, Marx avance que le travail est la condition de
l'homme, la praxis. L'homme est appelé par nature à transformer la nature et à en
tirer des moyens de subsistance pour lui et pour les générations futures. La
méthode de transformation de la nature par les hommes est rationnelle. Les
animaux aussi ont cela mais pas de manière rationnelle. L'Homme invente
l'agriculture, l'élevage, l'industrie.

Cette transformation est médiatisée par la culture. Elle est enseignée de génération
en génération. Lorsque la distinction est faite entre travailleur et propriétaire, le
travailleur devient aliéné car il ne perçoit pas directement les fruits de son travail. Il
ne domine pas le processus du travail

Le patron paie le minimum pour reproduire les forces de travail. La plus-value, qui
correspond au travail de l'ouvrier, est prélevé par l'employeur et vient rémunérer le
capital mais l'ouvrier doit également être récompensé des risques qu'il a pris. C'est
donc un conflit entre la volonté d'être mieux payé de l'ouvrier et la confiscation de
la plus-value par le patron. L'ouvrier est l'aliéné car il ne sait pas ce qui advient de
ce qu'il a fabriqué et car sa rémunération n'est pas correcte.

34. Le système des classes sociales (et de liberté)

La conception de l'aliénation [ensemble des dispositions par lesquels nous sommes


amenés à ne plus être nous-mêmes] va à l'encontre de la liberté.
Il existe deux figures d'aliénation:
- dans la vie quotidienne: la quotidienneté (voir supra)
- dans la production: le système des classes sociales (voir maintenant)

Nous sommes l'objet de classification dans la société. Certaines classifications sont


officielles, juridiquement parlant, d'autres relèvent de circonstances historiques ou
51

biologiques:

 distinction H/F : C'est une distinction historique fondamentale qui, suivant


lieu et époque; est +/- exacerbée. Dans la bourgeoisie du 19ième siècle, H/F
occupaient des rôles non-interchangeables. De nos jours, la distance sociale
H/F a tendance à se réduire.
 distinction jeunes/vieux : La distinction est moins nette. Il ya quand même
un âge biologique qui se voit mais les modes d'attribution de rôle que la
société exerce font qu'on est +1- jeune ou vieux selon ce que la société
décide.
Ex. Un joueur de tennis de 30 ans est vieux.

Les systèmes de classification ont un aspect techniques (diplôme, revenu) et aussi


conflictuel (conflit H/F pour occuper les places). Le système des classes repose sur
le mode de relation que les gens entretiennent avec le mode de production. Il y a
ceux qui possèdent la force de travail et ceux qui ont les instruments de travail (voir
supra). D'un côté, les gens qui contribuent à la production par leur force physique
et de l'autre par les moyens de production (= les capitalistes ont soit la matière
première, soit les outils, soit l'argent)
Chacun a besoin de l'autre. L'ouvrier demande un salaire pour son travail presté: sa
condition est le salariat. Il a besoin de cet argent pour survivre et ce en fonction du
niveau de développement de la société.  idée matérialiste: ce qui donne la valeur
du matériel, c'est le temps consacré (4=4)
Le capitaliste veut de l'argent pour continuer à produire, pour former le personnel
et se rémunérer lui-même (5=4).
D'après Marx, ce qui mesure la valeur d'une production, c'est le temps qu'on passe
à le produire. Or la rémunération du capitaliste est le fait que l'ouvrier touche
moins par rapport aux heures de travail faites.

Le nœud de la lutte de classes est que l'opprimé veut renverser l'oppresseur et


inversement.
Dans «Das Capital », il n'y a pas de véritable théorie des classes. Toutefois il existe
une tripartition:
o la bourgeoisie dont la rémunération est le profit
o l'ancienne aristocratie foncière dont la rémunération est la rente/vente [?]
o le prolétariat dont la rémunération est le salaire

La lutte des classes est entre la bourgeoisie et le prolétariat. Dans « La lutte des
classes en France », Marx va affirmer la classification:
 La bourgeoisie est séparée en 3 :
- commercial (marchand),
- industriel (patron)
- financière (banquier)
 La classe paysanne (elle s'exploite elle-même)
52

 La petite bourgeoisie (ensemble hétéroclite de gens qui sont ni


propriétaire, ni prolétaire mais qui rêvent de devenir propriétaire)
 les intellectuels (issus des classes supérieures et aident les classes
inférieures)
 le prolétariat «Lumpenproletariat») en haillon formé des classes
inférieures.

Deux éléments caractérisent les classes:

Le rapport au système de production


La conscience de classe: la bourgeoisie et le prolétariat

Ce qui unit idéologiquement les classes, c'est le travail : l’oisif est une figure
négative.

Historiquement, d'après Marx, les patrons vont se trouver confrontés à l'évolution


historique qui implique que les coûts d'installation vont être de plus en plus élevés.
La diminution des prix, dû à une concurrence forte, à une diminution tendancielle
du taux marginal de profit. Une unité produite rapporte de moins en moins. La
diminution de salaires qui s'en suit implique une exacerbation des conflits 
révolution.
Mais l'espérance de Marx n'a pas aboutit. En Russie, la classe ouvrière c'est
organisée. Dans les pays les plus développés, le patronat a pu faire des économies
en augmentant la productivité tout en répondant à certaines revendications
ouvrières.

Chez nous, un système d'économie-politique s'est mis au point où le socialisme


était de type juridique.  Economie sociale du marché

Trois systèmes l'ont essayé. Les systèmes qui ont échoués, se sont heurtés à la
nature humaine:

1. Le système anarchiste: «Ni Dieu, ni maître ». Les Hommes s'assemblent


librement entre eux pour fabriquer ce dont ils ont besoin. L'idée de
l'harmonie entre les individus n'existe pas. cette vision s'est écroulée à cause
des rapports humains.
2. Le socialisme réel: c'est un système mis en place par la révolution soviétique
en 1917. Le Tsar est renversé et un gouvernement se met en place, dominé
par les socialistes puis renversé par Lénine qui va installer le système
communiste  appropriation collective des moyens de production. Le
capital appartient à tout le monde et l'économie à pour but de satisfaire les
besoins. 11 n'y a plus de grands patrons. C'est un capitalisme d'Etat car il
décide tout. On a spéculé sur la méchanceté de l'Homme à J'inverse du
53

système anarchiste. Chaque citoyen était pris en charge par une institution et
devait collaborer avec l'Etat. Tout c'était basé sur une vision rationnelle de
l'économie  pas de gaspillage. Ca n'a pas marché car une partie des gens
ont saboté puis le système totalitaire mis en place par la force a fait des
dérives. 11 s'est développé une classe de dirigeants bien nantie par rapport au
peuple.  Nomenclotura
3. Le marxisme -léninisme (socialisme démocrate ou travailliste) : n'a pas
marché non plus. Dès le début, l'idée d’une économie planifiée ne peut pas
fonctionner. Les éléments naturels vont à J'encontre.

C'est un mode juridique. Les classes en lutte ont trouvé des points d'accord qui se
sont fondus en textes de loi. D'un côté les ouvriers en syndicats, idem pour patron
puis il y J'Etat. La mise en place de mesures légales, réglementaires ou conventionnelles qui
ont apporté aux ouvriers un bien-être  L'Etat-Providence « Welfare state » illustré
par la sécurité sociale.
Les conflits de classe existent. I1s naissent par secteur mais il y a des solutions de
compromis (conventions collectives)
Ce système a profondément modifié le système des classes. D'un côté la classe
ouvrière traditionnelle avec sa conditionnelle matérielle s'est vue remonter la pente.
On a quitté la condition prolétarienne pour rejoindre la petite bourgeoisie. Une
circulation des élites a alimenté les autres classes. Cette classe ouvrière a eu plus à
perdre qu'avant.
Le patronat s'est doublé d'une classe de compétent pour gouverner
(technostructure).
En même temps, les activités manuelles ont baissé, remplacées par le secteur
tertiaire.
_ La classe dominante n'est plus la bourgeoisie traditionnelle. La classe dominante
est une petite bourgeoisie de bureaucrate
_ C’est le resserrement autour des valeurs centrales des revenus.
Mais il reste des conflits entre les classes car ce système revoie toujours aux
systèmes de production: Ceux qui possèdent la force de travail est maintenant qui
ont la capacité intellectuelle.

L'appartenance de classes continue à conditionner ce que Bourdieu a appelé


l'Habitus (ensemble des moyens par lesquels chacun de nous définit les situations
dans lesquelles il se trouve)

L'habitus personnel (ex. je préfère la glace au chocolat) s'inscrit dans un habitus


de classe que je partage avec d'autres. 11 renvoie à l'appartenance à une classe
sociale et va se manifester dans le comportement des personnes qui permettra de
retrouver la classe à laquelle ils appartiennent.

Bourdieu «Distinction du critique-social» montre comment à partir des habitus de


classe (renvoi à une classe sociale : visible dans le comportement des individus) se
54

définit les conflits sur les marges de la distinction de notre société. Les systèmes de
goût, de jugement expriment des habitus en conflit et des modes de circulation
dans l'espace social qui sont très typés. Les systèmes de classement sont déterminés
par l'habitus de classe. Bourdieu dit que nos habitus sont négociables et sont en
partie de nous. Il ne faudrait pas déduire qu'il n'y a plus de classes sociales.
L'appartenance de classe détermine le contenu et le fonctionnement de l'habitus
mais on ne doit pas rester dans sa classe d'origine et l'habitus peut changer avec
nous, avec notre influence individuelle.

Weber a ajouté une dimension de prestige aux systèmes des classes. Tout n'est pas
affaire de revenus.

 Le système de classe est doublé par un système d'attribution de valeur des


positions sociales.

35. Le problème de la liberté

Le social objectivé se présente sous une forme objective: les systèmes


institutionnels. La subjectivité conjointe se réfère à d'autres; on parle
d'intersubjectivité.
Face à une institution, on est amené à emprunter de quoi alimenter notre vie
quotidienne; alimenter notre subjectivité propre.
On a affaire à un déterminisme via nos habitus
Ex. né à un moment donné dans un milieu donné (sociotope favorisé ou
défavorisé) qui va peser très lourd sur notre trajectoire future.
Cela incorpore quand même la capacité de libre choix.

Emile Chartier, dit ALAIN (philosophe) : «Penser, c'est dire non. »


L'institution ne peut pas tout prévoir, il y a des failles, des fentes grâce auxquelles
on a une certaine liberté: des interstices des institutions. Cette faille incorpore le
libre choix.
Nous avons la capacité de ne pas faire ce qu'on nous demande tout en faisant croire
qu'on le fait.
Il y a une certaine résistance face au système. Nous rusons (contre-culture), nous
possédons tous la capacité de créer et d'innover.
Ex. Quand il y a mariage (institution), celui-ci est parfois suivi d'adultère (contre-
institution).

Simmel : Culture = activité sociale consciemment produite; système de


signification, ce que nous ajoutons en tant qu'être au naturel. S'oppose à la nature =
ce qui est biologique (animaux _ êtres naturels).
L 'Homme a la capacité de doubler la nature par une nature qui lui est propre, la
culture. Tout ce que notre système biologique nous commande est pris en compte
par notre culture et pas par la nature
55

Ex. : Manger est au départ naturel mais maintenant, la nourriture est entourée de
codes, est socialisée. Le renard suit son plan en mangeant la poule = nature
Nous mangeons du poulet = culture avec du curry  mélange d'épices

 Tout ce qu'on ajoute aux données naturelles par le fait même qu'on est un
homme = la culture.
En même temps, la culture est un lieu de création. C'est la capacité avec une
détermination de créer du neuf. C'est le propre de l'Homme. La capacité de créer,
d'innover (littérature, sculpture,...) sont des données naturelles.

 Capacités proprement subjective (ex. talent) de créer (conceptions


différentes pour chacun).
 On peut détourner ce à quoi les choses, les éléments ont été destinés et les
utiliser dans un autre sens  choix déterminant: détourner le déterminant
 Nous sommes que culture >< animaux:
- culture création
- culture sédimentation
- culture transmission.
 L'être humain est capable d'introduire des dimensions personnelles liées à sa
subjectivité qui fait que nous sommes tous différents et que nous sommes
tous capables d'un libre-arbitre.

Le libre-arbitre est limité par le social objectivé mais jamais absolument


- profiter des interstices des institutions
- résister (par la ruse) ce que les institutions nous commandent
- capacité de créer et d'innover des propres à l'Homme

Il Y a deux sortes de libertés:

1. libertés positives: les droits dont on peut se réclamer


2. libertés négatives qui sont des espaces où les ruses peuvent se manifester. Ce
sont des espaces dans lesquels je suis protégé, où les autres n'ont pas le il
d'intervenir

Ex. Religion:
 liberté religieuse: il de pratiquer et il de dire non
 Protection de la religion >< ne pas entrer en conflit avec il civil ; cela implique
des il : on ne peut pas interdire
 on ne vient pas empêcher
 Je peux faire ce que je veux dans un endroit
CSQ : rapport entre la liberté et la responsabilité : on peut être responsable
moralement et être jugé. Tout comportement implique une dimension morale.
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Ex. Dans nos sociétés, nous considérons que ce que nous produisons est à nous :
plagiat

 Religion: Adopter la croyance que l'on veut = liberté positive. D'où lieux de
cuIte.
Deux limites: aucune religion ne peut prétendre dominer les autres et aucune
religion ne peut proposer de privilèges particuliers ou rituels différents que ce qui
est accepté par le droit positif.
36. La temporalité

L'Homme est un singe qui parle. C'est le produit d'une production à laquelle il a
participé. Nous sommes chacun notre propre produit social. Une fois qu'on a été
socialisé, on devient socialisant à notre tour. C'est un processus de structuration.
Chacun produit les autres tout en étant produit par les autres. On est socialisant
tout en étant socialisé.
Ex. Le bébé: sa simple présence va modifier notre rapport au monde. L'enfant nous
socialise, nous éduque et nous conditionne.
Ex. Le professeur: il doit tenir compte de chaque génération d'étudiants. On le
socialise aussi.

Le processus de structuration est envisagé à plusieurs niveaux d'analyse.


- La durée de l'expérience quotidienne (courte durée) correspond aux routines, aux
répétitions. On fait à peu près les mêmes choses tous les jours et on tend à la
routine car sécurité fondamentale.
- A l'autre bout, il ya la très longue durée. C'est l'Histoire qui a un temps
institutionnel
Ex. la langue, grammaire

On retrouve la longue durée également dans les toutes petites durées car routines.
La longue durée est inscrite dans la durée, les moments quotidiens.
Ex. La place de la femme dans la hiérarchie est un phénomène de longue durée. Cela
se répercute dans la vie de tous les jours.

Le quotidien maintient les structures de longue durée.

- Entre ces deux temporalités, il y a la tranche de vie de l'individu (durée moyenne).


Il va vivre des routines et cette reproduction au niveau de la courte durée va se
reporter au niveau de la longue durée.

Il existe trois étendues du temps moyen:


- L'heure: la routine, c'est le lieu où se passe le jour au jour
- L'année:
 Longue durée du sociologue (démographie influence) : événement qui pèse sur
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l'avenir
Ex. L'enfant créé aura en 202320 ans
 courte durée
Ex. La conception
- Le siècle: La lente évolution de la civilisation.

La longue durée apporte des codes qui se retrouvent dans la courte durée qui est le
lieu de l'effectuation des codes qui nous entourent. Il faut rester compétent (faut
bricoler) pour ne pas décrocher.
 Problème des hommes aux mondes: la temporalité

37. L'exploration de la thématique du temps

Tout ce que nos vivons s'inscrit dans le temps. L'acteur est dans le temps et le
temps est dans l'acteur. Les consciences de l 'Homme sont pas isolées. La
conscience déploie ou constitue le temps. S'il n’y a pas de société, nos consciences
seraient différentes. Nos consciences sont sociales. La société est un ensemble de
consciences réunies à un moment donné.
Dans l'UmweJt, il y a une concurrence des flux de conscience. L'objet de ces
congruences est les interactions. Dans la Mitwelt, il y a un partage d'intermittence
temporelle (ex. on voit tous le prof) avec la rencontre de conscience mais elle est
limitée par des interactions humaines (ex normalement, on écoute le prof). La
concurrence est donc de faible interaction. Les êtres n'ont pas les mêmes statuts.

Tous les agents rencontrés dans la Mitwelt n'ont pas le même statut. Certains ne
dont que passer, d'autres auront un rôle important dans nitre existence.
Certaines personnes qu'on ne voit qu'une fois vont nous marquer profondément. Il
ne faut pas ramener la temporalité aux trois modalités (courte durée: débat,
émission télé, vie de tous les jours; durée moyenne: notre vie; longue durée: notre
histoire qui s'insère dans l'Histoire). Nous sommes encadrés par ces durées. Nous
fabriquons l’histoire, nous sommes des agents historiques. Si nous prenons la
prochaine guerre d'Irak, cet événement s'inscrira dans une longue durée qui
remonte à l'intervention des USA en 14-18.
Dans notre courte durée, on va voir ce qui se passe à la TV. C'est notre vie de tous
les jours. Dans ma vie, j'aurai vu plusieurs guerres. J'aurai été à trois niveaux agent
historique, soutenant ou pas la guerre, mes engagements auront marqués ma vie.

Ces trois modalités de durée ne sont pas homogène ni uniforme. D'abord il ya des
trous dans le temps (on oublie), des retours du temps sur lui-même (rêve éveillé
faisant appel à la mémoire). Il y a aussi des projections sur le futur (l'être humain est
un projet), des perturbations (maladie).
Ce qu'on appelle maintenant n'est pas passif; il comprend toujours le passé, le
présent et le futur. Le curseur se déplace avec l'âge (moins de présent). Le temps est
58

une création sociale. Il y a un temps cosmique qui réinterprète socialement et ne


consiste pas en une addition de temporalité individuelle.
Nos trois dimensions du temps sont vécues par chacun de nous au sein d'une
conception sociale du temps qui va démontrer notre perception du temps.

Nous vivons dans une société marquée de l'idée du progrès. Maintenant est mieux
que hier et demain sera encore mieux. Nous mesurons le progrès en termes de
facilités techniques caractérisées par des objets. Nous croyons à une amélioration
continue de l'existence.

L'âge d'or est un vieux rêve qui s'appose à l'idée de progrès. Pour certains, il est
devant et pour d'autres, il est derrière.
Le temps social est une constitution sociale.

Le temps est une création sociale:


On distingue
- le temps social (manière dont la société s'approprie le temps) à trois
dimensions:
1) cadre temporel
2) milieu temporel
3) culture temporel
- le temps cosmique : réinterprété socialement
- le temps individuel

38. Le temps social

1) Cadre temporal: Nous vivons dans des cadres spatiaux. Notre cadre spatial est une
cadre urbain avec une intense circulation d'autos. Ce cadre enferme le temps dans
lequel on vit. On vit dans un temps urbain.
 L’espace enferme le temps. Il existe un temps enfermant qui sert de base aux
conventions de temporalité (les horaires, agendas).
Le paysan ne peut pas dire d'avance quand il va moissonner : inverse des villes
Le temps enfermé est celui auquel nous sommes soumis ou on s'y oppose. (ex.
nous sommes en retard). C'est un temps dans lequel nous sommes enfermés.
Le travail en usine ou en bureau ont des horaires rigides. Il y a imposition des
temps enfermant:
- la régularité (horaires sont les mêmes)
- la réitération (se reproduisent de la même manière)
- le retranchement (on ne bouge pas de son poste)
Ces caractéristiques sont fournies par un cadre temporel suivant le type de position
qu'on occupe.
Les cadres sont naturels (notre existence est limitée par le lever et le coucher du
soleil comme au M-A)
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ou construits (appel à la prière; la période carnaval).


Les cadres construits ne tiennent pas compte des cadres naturels. Il y a aussi des
cadres interstitiels entre les deux (on attend le tram) -t ils n'ont pas le même type de
rigidité

2) Milieu temporel: Assemblage de plusieurs temps. Le milieu interne = le temps


biologique (nous sommes le siège de manifestation qui s'inscrivent dans la
temporalité -t ex. la digestion) et le milieu externe = temps physique (ex. les
saisons) qui vont influencer notre existence si on est p.e. un paysan.
Il y a un temps psychologique = la perception du temps (ex. en période d'examen,
le temps psychologique devient dominant)

3) Culture temporelle: Concerne la manière commune dont le temps est produit et


envisagé dans un contexte donné. Le système éducatif nous apporte des disciplines
temporelles avec lesquelles nous sommes tenus de composer tout au long de notre
existence (ex. il y a un temps pour manger). Ca dépend des sociétés, des époques,
des classes sociales. Ces cultures ont un produit social dans lequel la discipline joue
un rôle.
Le temps du travail est un temps dominé par la discipline. >< Au temps d'attentes.
Le temps de déplacement fait partie du temps de travail (ex. hommes d'affaires).
Le temps du loisir est un temps où en principe il y a moins de discipline temporelle.
Ce n'est pas un temps libre comme on pourrait le croire

Nous sommes une société où le temps est une denrée rare. Ceux qui ont une
relative liberté par rapport au temps sont des privilégiés.
Le temps de l'enfance est celui où se mettent en place des disciplines temporelles
qui disparaissent avec le temps de la retraite (partie de la structuration du temps)

La structuration de Giddens va se combiner avec les trois modalités et aux trois


sous-ordres du social.
1. La temporalité interne est liée au sous-ordre biologique dans la journée, dans
la vie.
2. Le sous-ordre symbolique = culture temporelle, milieu temporel externe.
Nous sommes conditionnés par une tradition qui vient de la genèse
(dimanche: repos).
3. Le sous-ordre structurel (lié au politique) détermine le cadre temporel qui est
la manifestation de la domination (ces horaires imposés par le pouvoir).
Tous ces trois sous-ordres avec le temps (trois modalités) sont +1- mélangés.

39. Les règles normatives

Progressivement, on nous a donné des ressources cognitives assorties de règles


normatives. Il y a deux subdivisions
- Norme: déclaration de ce qui est à faire >< à ce qui n'est pas à faire.
60

- Valeur: un attendu en dernier ressort de notre comportement.


Ex. Le 'bon étudiant' : Le règle à respecter repose sur des ressources cognitives. La
norme = le 'bon étudiant'. La valeur est la valeur travail. L'oisiveté est la mère de
tous les vices.
Le 'travail' évoque un supplice. On n'a pas le droit de ne rien faire. Il faut s'occuper.

Le processus de structuration: Les structures normatives qui nous encercles


évoluent lentement dans le temps. Elles sont quasiment invariables

Règles - ressources
Structure
Nonnes - valeurs

Règles: il faut faire ça et pas ça


Normes: invoquées qu'en deuxième ressort

On nous oppose des règles (ex. L'utilisation de couverts pour manger). La norme
n'est invoquée qu'en dernier ressort (ex. ne pas lécher le couteau).
Nous ne sommes pas conscients des valeurs qu'on invoque (ex. couper la parole -
valeur égalité). Les valeurs ne sont pas présentes dans l'esprit des acteurs.
Le système règle/norme et valeur n'est pas immuable. C'est constamment négocié
et renégocié.

Ex. Dans la religion chrétienne, la femme est soumise à l'homme.


Cette structure est reproduite à chaque stade de la société: droit romain, droit
canon et droit civil, on parle de pater familias pour désigner le chef de famille.
Maintenant cela n'existe plus. Après la deuxième guerre mondiale (1954), on a petit
à petit reconnu des droits aux femmes. En matière d'adultère, la femme était plus
lourdement punie jusqu'à la fin des années 80.
Ce long cheminement des esprits est basé sur la mise en évidence de l'égalité
intellectuelle et mentale des deux sexes.
Les capacités sont assimilés à la conscience collective -+ le !J. a suivi: dès la
naissance, homme et femme ont une égalité civile totale. Cette valeur égalité avait
également joué entre noble et roturier. (ex. : juifs et autres citoyens).-+ la valeur
égalitaire a triomphé; elle s'est exprimé à partir des ressources cognitives.

De plus en plus, le jeune adulte devient l'égal de l'adulte. De plus en plus, les
employeurs et dirigeants engagent le plus possible en parité le même traitement.
C'est surtout dans le christianisme et l'islamisme que la femme a un statut inférieur.

Les aspects normatifs et cognitifs de notre comportement sont liés même si ce n'est
pas explicite. La reconnaissance comportementale va influencer.

40. Les compétences


61

Les compétences sont différentes de la qualification.


La compétence: capable de résoudre techniquement et socialement un problème La
Qualification: est un indicateur institutionnel. On présume la compétence Ex. le
diplôme est une présomption de compétence.

Les socialisations à leurs différents stades confèrent des qualifications aux individus
qui permettent d'accéder à de nouveaux rôles.
Ex. Qualification de l'adolescent: il a la capacité financière.
L'ado à 10 ans n'a pas la capacité de faire des études universitaires
L'adolescent devient un jeune adulte grâce à un diplôme. C'est surtout un indicateur
social.
Le jeune adulte (>20 ans) devient un adulte mûr vers 40 ans car il est bien installé
dans sa position. C'est le stade de responsabilité qui indique une carrière. Le pré-
vieillard (>60) : indicateur social: la retraite (vieillard).

La compétence est la capacité de résoudre les problèmes. C'est l'habitus. Repose sur
notre capacité à avoir assimilé ressources et règles.
- Compétences de groupe: Ex. les étudiants reçoivent le même cours.
- Compétence individuelle: Ex. les personnes qui ont 'l'oreille absolue' càd qu'ils
reconnaissent les notes de musiques avec l'ouïe.

Les socialisations ont pour objet de faire de nous des compétents. La socialisation
primaire donne des outils de base pour par la première éducation. Ce sont les règles
élémentaires de la vie en société. D'abord il y a la socialisation primaire puis cela
devient mécanique.
Il y a une pluralité de sous-mondes qui vont appeler à des socialisations
secondaires.
Ex. l'école, le sport,... sont des mondes différents pour lesquels il faudra apprendre
les différentes règles. Il existe des socialisateurs institutionnels ou non-
institutionnels

Ce sont les socialisateurs non-officiels qui vont nous apprendre des choses. Les
agents socialisateurs sont chacun d'entre nous. Nous sommes en même temps
socialisés. -+ social objectivé
Socialisation: intériorisation du social objectivé au niveau institutionnel : indexicalité
Social objectivé: compétence acquise dans la mémoire, que nous reprenons quand il
y a un problème
Il y a des règles valables pour un très petit univers. Ces règles sont de l'ordre de
l'Umwelt. Donc sont interpersonnelles.

C'est intériorisé, donc cela va paraître naturel. C'est inscrit dans la mémoire
culturelle à titre de compétence. Donc, on ira le chercher lorsque le problème se
présent à nous. Lorsqu'un problème se pose, on met le reste du monde en suspend.
62

On a trois solutions si problème:


 intérioriser : invoquer compétence pour problème antérieur
 se socialiser : demander aux autres
 pleurer : je bloque

Le déroulement de l'existence humaine est une confrontation du


subjectivé/intersubjectivité avec du social objectivé (ex. le langage est du social
objectivé). C'est une compétence humaine. J'ai ma subjectivité et je me heurte au
social. A travers chaque usage subjectif, il sera réobjectivé.

Que se passe-il dans notre type de société ?


Elle est postmoderne (sur-moderne, modernité avancée). Donc on ajoute
l'incertitude (au mouvement et au changement).
L'acteur est caractérisé par un 'moi' qui a perdu ses repères stables qui étaient
fournis notamment par la structure religieuse qui se modifie très lentement.
On choisit les normes qu'on veut suivre édictée par la religion (Bible). Ce repère
n'est plus stable. Nous sommes constamment manipulés (par les médias, le système
d'information).
Il y avait des repères de la vie conforme à la bourgeoisie. Maintenant, ce ne sont
plus les mêmes; tout est en changement.
Situations multiples et changeantes. « Que vais-je devenir? ». Rien n'est certain.
Réponse d'ordre narcissique: « Moi d'abord », un moi qui ne bouge pas, qui
s'affirme dans un repli personnel. Le moi narcissique (repli en soi) est une réponse
personnelle à l'incertitude du monde. (Ex. : « Conseils pour être vous », le mot
d'ordre de la société actuelle: 'être moi', 's'épanouir' et montrer cela par des signes
extérieurs). Cela s'appelle la culture 'gnan-gnan' (Javeau). C'est une culture
d'épanouissement, de réussite de tous les jours.

L'image de la modernité est brouillée car il n'y a pas de message clair, pas de pré-
destination.
'Ne pas trop penser' pour la femme ou le garder pour elle. Le narcissisme se
contente de l'image brouillée de la modernité

Maintenant, la voie n'est plus tracée. Il n'y a plus de grand récit hétéroclite qui se
façonne au jour le jour.
En fait cela recouvre des conduites standardisées, ce n'est plus 'je' mais c'est 'nous'.
 Individualisme postmoderne.
Cela est dû à :
1. Les médias qui ont un énorme rôle.
2. Le rôle de la mode.
3. Le marché: nous ne sommes pas autonomes, nous sommes poursuivis par
des contraintes extérieures que nous assimilons faute de mieux.

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