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A. Sources nationales
1. Les sources classiques
1.1. La constitution
1.2 La loi ordinaire
1.3. Les règlements
1.4. La jurisprudence
2. Les sources d'origine conventionnelle
2.1. Les conventions collectives
2.2. Les usages
2.3. Le règlement intérieur
B. Sources internationales
1. Les sources dans le cadre du système des Nations Unies
2. Les sources communautaires
1.1. La Constitution
La Constitution ivoirienne de novembre 2016. Elle consacre la liberté pour tout un chacun
de choisir librement sa profession ou son emploi (art. 17) ; l’égalité de tous dans l'accès aux
emplois public ou privé et reconnaît le droit syndical et droit de grève aux travailleurs des
secteurs public et privé qui les exercent dans les limites déterminées par la loi.
1.4. La jurisprudence
La jurisprudence sociale. Elle se définit comme l’ensemble des décisions de justice
juridictions en matière sociale, en raison du pouvoir d’interprétation u du rôle du juge de
préciser la loi. Ainsi, elle constitue une importante source du droit.
1.5 La doctrine
La doctrine est l’ensemble des écrits des auteurs qui s’intéressent au droit social. Par leurs
écrits et leurs analyses, ils contribuent à une meilleure connaissance (ils l’explicitent) et à une
évolution du droit social (ils font des jugements critiques en vue de susciter les réformes
appropriées).
La doctrine ne crée pas directement la règle de droit mais elle peut exercer une influence non
négligeable sur l’élaboration et l’évolution du droit. En effet, le juge peut s’en inspirer pour
motiver ses décisions lorsque le juge hésite sur l’existence ou la signification d’une règle de
droit. En ce qui concerne le législateur, soit, celui-ci s’inspire directement des travaux de la
doctrine pour l’élaboration des reformes qu’il entreprend, soit, il demande la participation des
auteurs à ce travail de préparation ou même qu’il les charge par le truchement d’une
commission, de préparer le travail du législateur.
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2. Les sources d'origine conventionnelle
2.1. Les conventions collectives
La convention collective « est un accord relatif aux conditions d’emploi et de travail conclu
entre, d’une part les représentants d’un ou plusieurs syndicats ou groupements
professionnels de travailleurs et, d’autre part une ou plusieurs organisations syndicales
d’employeurs ou tout autre groupement d’employeur ou un ou plusieurs employeurs pris
individuellement. » (art. 71.1 CT). Ex : La convention interprofessionnelle du 19 juillet
1977 qui régit les rapports entre travailleurs et employeurs dans les branches d’activités
telles que les industries et commerces de toute nature, la mécanique générale, bâtiments,
travaux publics et entreprise connexes.
En ce qui concerne les accords collectifs, ils ont « ont pour objet d’adapter aux
conditions particulières de l’établissement ou des établissements considérés les dispositions
des conventions collectives ... » (73.2 CT).
2.2. Les usages
Les usages professionnels. Ce sont des règles non écrites qui relèvent d’une pratique
constante et répétée en ce que les parties y adhèrent. Les usages professionnels sont une
source non moins importante auxquelles l’on a recours lorsqu’ils à l’avantage des
travailleurs.
2.3. Le règlement intérieur
Le règlement intérieur de l’entreprise est un ensemble de normes rédigés par le chef
d’entreprise, à contenu exclusivement limité par le législateur, et qui porte sur les règles
relatives à l’organisation technique du travail, à la discipline et aux prescriptions concernant
l’hygiène et la sécurité, nécessaires à la bonne marche de l’entreprise (art. 16.1 CT).
B. Sources internationales
1. Les sources dans le cadre du système des Nations Unies
Les conventions internationales ratifiées. La Côte d’Ivoire a ratifié plusieurs conventions
internationales dont le droit du travail est l’objet. Elles sont l’œuvre l’Organisation
International du Travail (OIT).
La Côte d’Ivoire a ratifié 13 conventions le 21 novembre 1960. L s’agit notamment de la
convention n°4 sur le travail de nuit des femmes signée en 1919, n°87 sur la liberté syndicale
et la protection du droit syndical de 1948, la convention n°18 sur les maladies
professionnelles de 1925 etc. A ce jour, la CI a ratifié plus d’une trentaine de conventions
dont les dernières en date sont les conventions C138 sur l’âge minimum de 1973 et C182 sur
les pires formes de travail des enfants de 1999.
• L’obligation d’exclusivité
Cette obligation découle de l’article 16.3 CT qui dispose que « le travailleur doit toute son
activité professionnelle à l’entreprise. » On pourrait a priori penser que le législateur interdit
au salarié d’avoir plusieurs employeurs. En réalité, cette restriction n’est pas absolue car
l’article 16.4 CT autorise le salarié à avoir plusieurs employeurs en dehors de son temps de
travail mais à condition que l’activité parallèle ne concurrence pas son entreprise ou ne nuise
à la bonne exécution des services convenus.
• Les clauses de non concurrence VOIR MES FICHES COURS MASTER AE
Elles interdisent au salarié de faire concurrence à la fin de son contrat à son ancien employeur.
Dans un contexte de crise de l’emploie, le code du travail de 2015 annule de façon formelle et
absolue toute clause de non concurrence (art. 16.5 CT).
SECTION II : LES OBLIGATIONS DE CONTRACTER
Les obligations d’embauche sont deux ordres. Le 1er ordre justifie l’égalité concrète. En effet,
l’égalité entendue sous le sens concret conduit à instituer l’égalité en instaurant l’inégalité :
il s’agit de discriminations positives (A). On constate d’un autre ordre que l’Etat cherche à
protéger ses nationaux mais aussi les anciens salariés (B).
A- LES DISCRIMINATIONS POSITIVES
La discrimination positive se définit comme une différence juridique de traitement créée à
titre temporaire afin de favoriser une catégorie donnée de personnes physiques ou morales au
détriment d’une autre en vue de compenser une inégalité préexistante entre elles.
Les lois supranationales admettent ainsi la compatibilité entre le principe d’égalité de
traitement et la discrimination positive. En d’autres termes, le droit international rejette la
qualification de discrimination à « toute mesure positive » en faveur des personnes
défavorisées notamment les handicapés. L’article 5 de la convention n°111 concernant la
discrimination en matière d’emploi et de profession est édifiant :
« Tout membre (…) peut définir comme non discriminatoire toutes autres mesures spéciales
destinées à tenir compte des besoins particuliers de personnes à l’égard desquelles une
protection ou une assistance spéciale est d’une façon générale, reconnue nécessaire pour des
raisons telles que le sexe, l’âge, l’invalidité… »
La convention n° 159 et la recommandation n°168 concernant la réadaptation professionnelle
et l’emploi des personnes handicapées qualifient de « mesures positives » et non «
discriminations », les mesures permettant de favoriser l’intégration professionnelle des
personnes handicapées.
Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques en son article 25 traitant du droit à
l’égalité affirme que : « La jouissance des droits et libertés sur un pied d’égalité…n’implique
pas un traitement identique dans chaque cas…le principe d’égalité exige parfois des Etats
parties qu’ils exercent une discrimination positive afin d’alléger ou d’éliminer les conditions
qui causent la discrimination interdite par le pacte ou qui aident à la perpétuer. »
La discrimination positive apparaît donc comme la « clef de voûte d’une politique de
rattrapage entre groupes inégaux » consistant à « créer juridiquement une inégalité pour
promouvoir dans les faits l’égalité. » C’est « un mal nécessaire, un remède triste et brutale qui
doit solder l’héritage d’un passé où les droits étaient différenciés… », voire une justice
distributive.
En Côte d’Ivoire, la discrimination positive est étendue à certains groupes sociaux,
notamment les femmes et les handicapés. Par exemple, ces derniers bénéficient de
l’obligation d’emploi à travers la loi n° 98-594 du 10 novembre 1998 d’orientation en faveur
des handicapés. Les personnes handicapées connaissent en effet un frein dans l’obtention
d’un emploi. Pour compenser leur handicap, un traitement « préférentiel » leur est accordé
afin d’égaliser les chances. Malheureusement cette priorité d’embauche des handicapés reste
quasi théorique puisqu’il n’y a pas encore de décrets d’application de la loi de 1998.
S’il ressort des dispositions de l’article 12.2 CT que l’employeur doit réserver un quota
d’emplois aux personnes en situation de handicap possédant la qualification professionnelle
requise. Les modalités afférentes ne sont encore définies par décret.
En outre, c’est un contrat qui ne peut être conclu pour une durée supérieure à deux ans
renouvellement y compris (art. 15.4 CT). En cas de dépassement, ces contrats sont réputés
être des CDI (art. 15.10 CT).
Il doit être constaté par écrit ou une lettre d’embauche (art. 14. 2 CT)1. A défaut d’écrit, ces
contrats sont réputés être des CDI conformément à l’article 15.10 CT.
Par ailleurs, selon l’article 15.5, dans une entreprise où il a été réalisé un licenciement pour
motif économique, l’employeur ne peut pourvoir les postes concernés au moyen de contrats à
durée déterminée, sauf si la durée de ces contrats, non susceptibles de renouvellement,
n’excède pas trois mois. Aussi, ll’effectif des travailleurs sous contrat à durée déterminée
occupant un emploi permanent, ne doit pas dépasser le tiers de l’effectif total de l’entreprise
aux termes de cette même disposition.
Rupture. Selon l’article 15.8 CT, lorsqu’un contrat à durée déterminée prend fin sans que ne
soit conclu un contrat à durée indéterminée entre les parties, le travailleur a droit à une
indemnité de fin de contrat comme complément de salaire. Le taux applicable pour la
détermination de l’indemnité de fin de contrat est de 3% du totale des salaires bruts perçus par
le travailleur pendant la durée de son contrat de travail. L’indemnité de fin de contrat est
payée au moment du règlement du dernier salaire.
Toutefois, l’indemnité de fin de contrat n’est pas due :
- lorsque le salarié refuse la conclusion d’un contrat à durée indéterminée pour le même
emploi ou pour un emploi similaire comportant une rémunération au moins équivalente ;
- lorsqu’une rupture anticipée du contrat est le fait du salarié ou lorsqu’elle est consécutive à
une faute lourde du travailleur.
Enfin, lorsqu’une durée est fixée au contrat, aucune des parties ne peut rompre
unilatéralement le contrat avant l’expiration du délai conventionnel, sous peine d’engager sa
responsabilité civile.
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A la question de savoir si l’écrit doit nécessairement intervenir au moment de la conclusion du contrat ou après,
le code du travail reste muet. En revanche, pour la jurisprudence sociale, cet écrit peut intervenir à tout moment
aussi bien avant le commencement d’exécution et même juste à la fin du contrat (voir CAA, 3è chambre sociale
arrêt n° 18 du 06 janvier 2000, LE JURIS-SOCIAL, nov. 2001, p. 5).
1.1.2. Le CDD à terme imprécis
Le CDD à terme imprécis est un contrat caractérisé par l’imprécision de son terme. Ce contrat
ne fixe pas objectivement une durée précise à l’expiration de laquelle prend fin son exécution.
Il ressort de l’article 15.6 CT que le contrat de travail à durée déterminée à terme imprécis,
quel que soit son motif, ne peut avoir pour objet ni pour effet de pourvoir durablement un
emploi lié à l’activité normale et permanente de l’entreprise.
Il ne peut être conclu que pour l’exécution d’une tâche précise et temporaire et seulement
dans les cas ci-après :
- remplacement d’un travailleur en cas d’absence, de suspension de son contrat de travail ou
d’attente d’entrée en service d’un travailleur recruté par contrat à durée indéterminée ;
- surcroît occasionnel de travail ou activité inhabituelle de l’entreprise ;
- emplois à caractère saisonnier ;
- emplois dans certains secteurs d’activités définis par décret ou par voie conventionnelle et
pour lesquels il est d’usage constant de ne pas recourir au contrat à durée indéterminée ;
- durée d’un chantier ou d’un projet.
Sont alors selon l’article 15.7 assimilés aux CDD à terme imprécis, les contrats des
travailleurs journaliers engagés à l’heure ou à la journée pour une occupation de courte durée,
et payés à la fin de la journée, de la semaine ou de la quinzaine.
Le terme est alors constitué par le retour du salarié remplacé ou la rupture de son contrat de
travail, la fin de la saison, du chantier ou du projet ou la fin du surcroît occasionnel de travail
ou de l’activité inhabituelle de l’entreprise. Cette disposition permet ainsi au CCD à terme
imprécis d’excéder la durée de deux ans. Il peut ainsi être renouvelé librement sans perte de sa
qualité, et ne peut en conséquent se transformer en un CDI au delà de cette période.
En outre, au moment de l’engagement, l’employeur doit communiquer au travailleur les
éléments éventuellement susceptibles d’éclairer ce dernier sur la durée approximative du
contrat.
Lors de la rupture du contrat, le travailleur a droit à une indemnité de fin de contrat selon
l’article 15.8 CT.
Quant à la durée, elle est prévue, par le décret n°96-195 du 7 mars 1996 relatif à l’engagement
à l’essai et à la durée de la période d’essai.
Il prévoit plusieurs durées renouvelables une seule fois (notamment pour les travailleurs
débutant dans l’entreprise ou qui n’ont jamais travaillé) en fonction de la catégorie
professionnelle ou le type d’embauche :
Il est précisé par ailleurs que les parties au contrat peuvent décider de réduire les délais
lorsqu’il s’agit de travailleurs à temps partiel ou des travailleurs temporaires.
En ce qui concerne le renouvellement, l’article 4 du décret précité dispose qu’il doit être
notifié par écrit au travailleur selon les délais suivants sauf dispositions plus favorables des
conventions collectives, accord d’établissement ou par contrat de travail :
- 2 jours avant la fin de la période d’essai lorsqu’elle est de 8 jours
- 8 jours avant la fin de la période d’essai lorsqu’elle est de un mois
- 15 jours avant la fin de la période d’essai lorsqu’elle est de 2 ou 3 mois
-
A défaut de notification au travailleur du renouvellement dans les délais prescrits par la
loi, la période d’essai est réputée prendre fin à la date initialement prévue.
- Statut de l’apprenti :
Au niveau des obligations
- L’apprenti doit obéissance et respect à son maître.
- Il doit l’aider par son travail dans la mesure de ses aptitudes et de ses forces.
Au niveau des droits
- L’apprenti bénéficie d’une pré-rémunération à compter du 13è mois, fixée par les
parties et qui ne peut être inférieure à 30% du SMIG.
Il bénéficie en outre d’une carte de transport au même titre que l’élève ou l’étudiant.
Ces stages naissent généralement des conventions signées entre les établissements de formation
professionnelle et les entreprises. Ce sont des formations pratiques effectuées par des étudiants en
fin de cycle ou pas, des élèves afin de se familiariser au monde de l’entreprise.
C’est donc à bon droit que le législateur a comblé le vide juridique antérieur. Cette reforme est
d’autant plus pertinente que cette dernière catégorie de stagiaires était
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victime d’abus de la part des employeurs qui les maintiennent en stages pour une période illimitée
sans toutefois franchir la porte du contrat de travail.
Cette convention doit être constatée par écrit. À défaut, elle est réputée être un contrat de travail à
durée indéterminée. En outre, toute entreprise a l’obligation de recevoir en stage des élèves ou
étudiants en vue de la validation de leur diplôme. Il ressort de l’article 13.12 que le contrat stage-
école n’est pas rémunéré. Toutefois, l’entreprise peut allouer au stagiaire une indemnité dont elle
détermine librement le montant.
Le contrat stage-école prend fin au terme de la période conventionnelle sans indemnité ni préavis.
Cette disposition consacre une des innovations importantes du nouveau Code. Elle fait rentrer la
notion de stage dans la législation sociale. Le stage dont il est question, ici, est celui qui est exécuté
dans le cadre de la validation d’un diplôme d’étude, généralement, universitaire. Il est différent du
stage classique consistant pour un diplômé à s’imprégner, de manière pratique, de l’environnement
de l’entreprise.
Enfin, le nouveau Code oblige les entreprises à accueillir les demandeurs de stage dans le cadre de
leur formation, mais ne tient pas leur rémunération pour obligatoire, puisque l’article 13.12 énonce
clairement que le contrat stage-école n’est pas rémunéré. Il appartient aux entreprises de décider si
elles souhaitent ou non accordé une indemnité dont elles sont libres de la détermination du
montant. Le décret devra préciser l’étendue de l’obligation de recevoir les élèves et étudiants
demandeurs de stages ; ceci permettra aux entreprises d’être clairement situées, par exemple, sur le
quota de stagiaires qu’elles doivent recevoir, en fonction de leurs caractéristiques propres (taille de
l’entreprise par exemple).
Le législateur impose la forme écrite pour la conclusion de la convention stage-école. Il ne laisse pas
de place à la polémique quant au point de savoir si l’écrit est exigé ad validitatem ou ad
probationem. En effet, en précisant que le défaut d’écrit répute la convention à durée indéterminée,
il donne à voir que l’écrit n’est pas une condition de validité de la convention. L’écrit permet
seulement d’établir l’existence de la convention.
Toute permission de cette nature doit faire l’objet d’une autorisation préalable de l’employeur,
soit par écrit, soit en présence d’un représentant du personnel.
En cas de force majeure rendant impossible l’autorisation préalable de l’employeur, la
présentation des pièces justifiant l’absence doit s’effectuer dans les plus brefs délais et, au
plus tard, dans les 15 jours qui suivent l’événement.
Si celui-ci se produit hors du lieu d’emploi et nécessite le déplacement du travailleur,
l’employeur accorde un délai de route de 2 jours lorsque le lieu où s’est produit l’événement
est situé à moins de 400 kilomètres et 3 jours au-delà de 400 kilomètres. Ces délais de route
ne sont pas rémunérés.
En ce qui concerne les autres membres de la famille, non cités ci-dessus, une permission de 2
jours peut être accordée en cas de décès et d’un jour en cas de mariage. Ces absences ne sont
pas payées.
Il ressort de l'article 25.5 de l’ancien code que le droit pour un salarié de prendre
effectivement son congé s'ouvre après une durée de service effectif égale à un an. Le congé
doit effectivement être pris dans les douze mois après l'embauche ou le retour du précédent
congé. L'ordre et les dates de départ en congé sont fixés par l'employeur compte tenu des
nécessités du service et, dans la mesure du possible, des désirs du salarié. Chaque salarié doit
être informé au moins quinze jours à l'avance de ses dates de congé. Pour tenir compte des
variations saisonnières d'activité, les conventions collectives peuvent déterminer les périodes
de l'année pendant lesquelles les travailleurs devront prendre leur congé.
Pour le calcul de la durée du congé acquis, ne sont pas déduites les absences pour accident du
travail ou maladie professionnelle, les périodes de repos des femmes en couches et, dans une
limite de six mois, les absences pour maladies dûment constatées par un médecin agréé. Dans
la limite de dix jours, ne peuvent être déduites de la durée du congé acquis, les permissions
exceptionnelles accordées au travailleur à l'occasion d'événements familiaux touchant
directement son propre foyer. Les congés spéciaux accordés en plus des jours fériés peuvent
au contraire être déduits, à moins qu'ils n'aient fait l'objet d'une récupération ou d'une
compensation sous quelque forme que ce soit.
L'employeur doit verser au travailleur, pendant toute la durée du congé, une allocation au
moins égale aux salaires et aux divers éléments de rémunération définis à l'article 31.7. du
code du travail de 1995. Cette allocation est versée au travailleur au moment de son départ en
congé. Lorsque le contrat de travail prend fin avant que le salarié n'ait pu prendre
effectivement ses congés, une indemnité calculée sur la base des droits à congé acquis au jour
de l'expiration du contrat doit lui être versée à titre de compensation. Les dispositions
relatives au régime des congés payés, notamment en ce qui concerne l'aménagement du
congé, le calcul de l'allocution de congé et les permissions exceptionnelles sont fixées par
voie réglementaire.
3. La rémunération (le salaire)
La rémunération appelée également le salaire se définit comme la contrepartie de la prestation
du travail. Il est également considéré comme tout somme ou tout avantage accordé à
l’occasion du travail dans le cadre de l’entreprise ayant pris en chargez le travailleur.
3.1. Les différents types de salaires
Aux termes de l’article 44 al.3 de la convention collective, le salaire peut être calculé soit au
temps, soit au rendement. Le salaire au temps, c'est-à-dire calculé soit à l’heure, soit à la
journée, soit à la semaine, soit au mois est celui qui correspond au temps de travail effectué en
dehors de toute production quantitative réalisée par le travailleur. Quant au salaire au
rendement, il peut être selon la convention collective, être à la tâche, soit aux pièces. Ici, la
rémunération est déterminée en fonction de la quantité de production réalisée par le
travailleur.
4.2. Les composantes du salaire
Les éléments qui font partie des composantes du salaire sont au nombre de trois : il s’agit du
salaire de base, du sursalaire et des accessoires du salaire.
4.2.1. Le salaire de base
Le salaire de base est le salaire minimum catégoriel qui correspond à la catégorie
professionnelle du travailleur. Selon l’article 31-6 du code du travail de 1995, le
gouvernement détermine le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) pour le
secteur non agricole et le salaire minimum agricole (SMAG) pour le secteur agricole. La
détermination du salaire minimum interprofessionnel par catégorie de travailleurs se fait par
voie de décret après avis des partenaires sociaux (patronat et syndicats des travailleurs).
Ensuite, les conventions collectives peuvent fixer en cas de silence de la loi, le salaire
minimum par catégorie professionnelle. Il convient de noter que les contrats de travail doivent
se conformer au moins au salaire minimum catégoriel fixé par l’Etat et les conventions
collectives.
Dans ce cadre, l’article 31.2 du nouveau code du travail dispose que : « dans les conditions
prévues au présent titre, tout employeur est tenu d’assurer, pour un même travail ou un travail
de valeur égale, l’égalité de rémunération entre les salariés, quels que soient leur sexe, leur
âge, leur ascendance nationale, leur race, leur religion, leurs opinions politiques et religieuses,
leur origine sociale, leur appartenance ou leur non appartenance à un syndicat.
Sont considérés comme ayant une valeur égale les travaux qui exigent des salariés, un
ensemble comparable de connaissances professionnelles consacrées par un titre, un diplôme
ou une pratique professionnelle, de capacités et de charge physique ou mentale. »
L’innovation, ici, réside dans la définition de la notion de « travaux de valeur égale ». Les
termes de la définition sont empruntés au législateur français qui en donne une définition
identique à l’article L.3221-4 du Code du travail.
4.2.2. Le sursalaire
Le sursalaire est un salaire au delà des minimas légaux et conventionnels fixés par le contrat
de travail. Le sursalaire ainsi accordé par l’employeur constitue un droit acquis par les
travailleurs et fait partie intégrante du salaire. Les tribunaux estiment cependant que lorsque le
travailleur perçoit un sursalaire, il ne peut obtenir automatiquement et de droit une
augmentation de salaire décidée par l’Etat.
4.2.3. Les accessoires du salaire
Les accessoires du salaire sont des sommes ou éléments ajoutés au salaire de base qui font
varier la consistance du salaire. Ces éléments accessoires sont des avantages en nature, les
gratifications, les primes et les indemnités.
● Les avantages en nature L’article 31.7 du code du travail de 1995 définit ces avantages
comme toute prestation qui ne constitue pas un remboursement de frais exposé par le
travailleur. Est réputé avantage, le logement, l’eau et l’électricité fournies par l’employeur.
On peut y ajouter également la nourriture fournie par l’employeur au travailleur dans certains
cas. Ne sont pas considérés par la jurisprudence comme des avantages en nature, certaines
prestations en nature dont bénéficie le travailleur de la part de son employeur. Il s’agit des
vêtements et outils de travail, du transport, la voiture de fonction et des œuvres sociales.
● Les gratifications A l’origine, les gratifications étaient des sommes d’argent accordées par
l’employeur pour manifester sa satisfaction du travail accompli par le personnel qui a
contribué à la prospérité de l’entreprise. Par la suite, les gratifications ont reçu diverses
appellations telles que le treizième mois, la prime de bilan ou prime de fin d’année.
Nous avons deux types de gratifications, à savoir la gratification libéralité et la gratification
complément du salaire. La gratification libéralité a un caractère bénévole, facultatif pour
l’employeur qui peut faire varier le taux et les conditions d’attribution de cette gratification. Il
peut décider de sa suppression ou de son maintien. Cette gratification libéralité n’est pas un
élément du salaire et échappe en conséquence au régime juridique du salaire. Pour que la
gratification soit qualifiée de complément du salaire, elle doit remplir trois conditions
cumulatives :
* d’abord, la gratification doit avoir un caractère de généralité, c'est-à-dire qu’elle doit être
accordée à tous les travailleurs qui ne remplissent pas les conditions requises pour en
bénéficier.
* Ensuite, elle doit avoir un caractère de constance et de régularité dans le paiement. A cet
effet, il a été admis que un ou deux versements de la gratification ne confèrent pas un
caractère de régularité. La gratification sera considérée comme versée de manière régulière à
partir du troisième versement.
* Enfin, elle doit avoir un caractère de fixité, c'est-à-dire que son mode de calcul doit
demeurer identique d’une année à l’autre, permettant au salarié de connaître
approximativement le montant de la gratification à l’avance. Lorsque ces conditions exigées
par la jurisprudence sont réunies, la gratification devient un complément du salaire et une
obligation pour l’employeur qui ne peut réduire arbitrairement son montant. A partir de cet
instant, la gratification devient un droit acquis pour les travailleurs.
● Les primes Assez souvent, les primes sont versées par l’employeur dans le but d’améliorer
le rendement du travailleur ou la qualité de la prestation de travail. A coté de la prime de
rendement, l’employeur peut instituer d’autres primes. En pratique, il y a la prime
d’ancienneté et la prime d’assiduité au travail. La prime d’assiduité au travail appelée aussi
prime anti-grève est instituée en vue de combattre l’absentéisme aux postes de travail. Dans
les entreprises où l’exercice de la profession se fait dans des conditions très pénibles, les
conventions collectives prévoient une prime de pénibilité du travail ou des primes de salissure
pour les travailleurs exposés aux déchets industriels. Ces diverses primes consistent une partie
du salaire et demeurent soumises à ce titre, à son régime juridique dès l’instant qu’elles sont
versées de façon périodique et régulière.
● Les indemnités Les indemnités sous ce vocable générique, revêtent en droit du travail,
plusieurs significations. Dans certains cas, les indemnités constituent un élément du salaire ou
un substitut du salaire. Exemple : les indemnités des congés payés, les indemnités de
maternité, les indemnités de préavis en cas de licenciement, les indemnités de maladie. Dans
d’autres situations, les indemnités constituent de véritables dommages intérêts réparant le
préjudice subi par le travailleur. Exemple : l’indemnité de licenciement, l’indemnité de départ
à la retraite. Enfin dans d’autres hypothèses, les indemnités sont destinées à rembourser les
dépenses effectuées par le salarié à l’occasion du travail. Ces indemnités étant des frais
professionnels à la charge de l’employeur, ne constituent pas une partie du salaire. Exemples
sur les composantes du salaire de deux travailleurs travaillant dans la même entreprise.
Exemple 1 : Monsieur X est engagé en qualité de Directeur Général de la société. A compter
de la date d’engagement, sa rémunération mensuelle est arrêtée à la somme brute de 395704 F
avec une prime de transport de 19815 F et se décompose comme suit :
a) Salaire de base:…152 684 F
b) Sursalaire:…100 000 F
c) Prime de responsabilité:…143 020 F.
d) Total brut imposable:…395 704 F
e) Prime de transport…19 815 F
Pourront s’ajouter à ce salaire les accessoires de salaire à caractère contractuel qui pourraient
être octroyés à la catégorie de personnel correspondante, ainsi que les primes exceptionnelles
accordées par la Direction Générale.
Exemple 2 : Monsieur Z est engagé en qualité de Chef d’agence. A compter de la date
d’engagement, la rémunération mensuelle est arrêtée à la somme brute de : 96 923 CFA avec
une prime de transport de 10 215 FCFA et se décompose comme suit :
a) Salaire de base: …82 243 F
b) Sursalaire:… 14 680 F
c) Prime de logement:……………
d) Total brut imposable:… 96 923 F
e) Prime de transport….10 215 F
Pourront s’ajouter à ce salaire les accessoires de salaire à caractère contractuel qui pourraient
être octroyés à la catégorie de personnel correspondante, ainsi que les primes exceptionnelles
accordées par la Direction Générale.
4.3. Le montant du salaire par catégorie professionnelle
Le montant du salaire tient compte des diplômes et titres exigés en vue de déterminer le
SMIG catégoriel qui représente le salaire de base.
● Ouvriers et employés : le plus haut diplôme exigé pour cette catégorie est le BEPC ou tout
diplôme équivalent.
● Agents de maîtrise, techniciens et assimilés : pour accéder à cette catégorie professionnelle,
le travailleur doit être au moins détenteur du BAC ou au plus d’un BAC+2 ou de tout titre
jugé équivalent.
● Cadres supérieurs : pour accéder à cette catégorie professionnelle, le travailleur doit être au
moins détenteur de la licence, de la maîtrise, du diplôme d’ingénieur ou de tout titre jugé
équivalent.
Il convient d’indiquer à cet effet que le SMIG catégoriel varie en fonction des secteurs
d’activités du secteur privé en Cote d’Ivoire.
4.4. Les modalités de paiement du salaire
Ces modalités concernent le lieu, la périodicité, la monnaie et à la preuve du paiement du
salaire.
4.4.1. Le lieu du paiement du salaire
Selon l'article 32.2 du code du travail de 1995, le salaire doit être versé au travailleur sur le
lieu du travail ou au bureau de l'employeur lorsqu'il est proche du lieu du travail. A titre
dérogatoire, le paiement peut être effectué en un autre lieu en cas de force majeure. Pour
mettre le travailleur à l'abri de certaines tentations et de dépenses irréfléchies, l'article 32.2 du
même code interdit le paiement du salaire dans les débits de boisson et dans les magasins de
vente. Cette prohibition connait toute de même une exception, celle autorisant le règlement du
salaire en ces mêmes lieux aux travailleurs qui y sont employés.
4.4.2. La périodicité du salaire
L'article 32.3 alinéa 1 du code du travail de 1995 décide que le salaire doit être versé à
intervalles réguliers ne pouvant excéder 15 jours pour les travailleurs en gagés à la journée ou
à la semaine. Quant aux travailleurs engagés à la quinzaine ou au mois, l'intervalle régulier du
règlement du salaire ne peut excéder un mois. Selon le code du travail, les règlements doivent
être effectués au plu-tard 8 jours après la fin du mois du travail qui donne droit au salaire en
vertu de ce qu'il demeure généralement la seule source de revenu du travailleur. En cas de
résiliation du contrat de travail, le salaire et les indemnités correspondant doivent être payés
au travailleur dès la cessation du service. L'employeur pourra être condamné à des dommages
et intérêts moratoires en cas de préjudice lié au retard.
4.4.3. La monnaie de paiement du salaire
Le salaire doit étire payé en monnaie ayant cours légal, c'est-à dire en monnaie nationale. En
outre, tenant compte du fait que le salaire au règlement des charges familiales, le législateur
interdit son paiement en nature selon l'article 32 du code du travail de 1995.
4.4.4. La preuve du paiement du salaire
En vue de permettre au travailleur de faire la preuve du paiement du salaire, le code du travail
déclare que les employeurs sont tenus de délivrer au moment du paiement, un bulletin
individuel de paie. On admet la force probatoire du bulletin de paie lorsqu'il est invoqué par le
salarié. Il en résulte qu'à défaut de bulletin de paie, le salaire est présumé n'avoir pas été payé.
Il incombe à l'employeur de prouver par tous moyens que le salaire a été payé. Selon l'article
33 du code du travail, l'action en paiement du salaire et de ses accessoires se prescrit par 12
mois pour tous les travailleurs. La prescription court même si il y a continuation du travail.
Elle n'est interrompue que par une reconnaissance écrite de l'employeur mentionnant le
montant du salaire dû.
4.5. La protection du salarié
4.5.1. La protection contre les créanciers de l'employeur
L'entreprise peut se trouver devant des difficultés financières telles qu'elle est obligée de
cesser ses paiement dont les salaires des travailleurs. Les travailleurs risquent de ne plus
recevoir leur salaire. Ce qui est intolérable, car les travailleurs ne doivent pas supporter les
conséquences de la mauvaise gestion de l'employeur, d'où l'inapplication du principe d'égalité
aux travailleurs dont les créances salariales sont portées au rang de créances privilégiées.
C’est dans ce cadre que l’article 33.4 CT indique que la créance de salaire des salariés et
apprentis pour l’année échue et pour l’année en cours est privilégiée sur les meubles du
débiteur dans les conditions prévues par l’Acte uniforme de l’OHADA portant organisation
des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d'exécution.
En cas de redressement judiciaire ou de liquidation des biens, les rémunérations de toute
nature dues aux salariés et apprentis pour les soixante derniers jours de travail ou
d’apprentissage doivent, déduction faite des acomptes déjà perçus, être payées dans les dix
jours suivant le jugement déclaratif, nonobstant l’existence de toute autre créance privilégiée,
jusqu’à concurrence d’un plafond mensuel identique pour toutes les catégories de
bénéficiaires.
Au regard de la loi, la créance de salaire des salariés et apprentis est désormais formellement
soumise à l’application des règles de l’Acte uniforme de l’OHADA portant organisation des
procédures simplifiées de recouvrement et des voies d'exécution. Dès lors que les règles
relatives au règlement judiciaire et à la faillite sont contenues dans la législation
communautaire, la mise en cohérence, à l’occasion d’une réforme de la législation du travail,
se trouvait parfaitement justifiée.
Par ailleurs, l’article 33.5 du nouveau texte dispose que l’’action en paiement du salaire et de
ses accessoires se prescrit par deux ans pour tous les travailleurs.
La prescription commence à courir à la date à laquelle les salaires sont dus. Le dernier jour du
délai est celui qui porte le même quantième que le jour du point de départ de la prescription.
L’article 33.5 indique à ce sujet que l’action en paiement du salaire et de ses accessoires se
prescrit par deux ans pour tous les travailleurs. La prescription commence à courir à la date à
laquelle les salaires sont dus. Le dernier jour du délai est celui qui porte le même quantième
que le jour du point de départ de la prescription.
A l’analyse des nouvelles dispositions, le délai de prescription de l’action en paiement du
salaire et de ses accessoires est allongé ; il passe de douze mois à deux ans.
Enfin, le nouveau code crée une innovation en son article 33.8 en affirmant que l’entreprise a
la faculté d’ouvrir à ses travailleurs son capital. Cependant l’ouverture du capital de
l’entreprise aux travailleurs n’est qu’une faculté ; elle n’est donc pas tenue de le faire.
4.5.2. La protection contre les créanciers du travailleur
Lorsque le salarié ne s'acquitte pas de ses dettes à l'égard de ses créanciers autres que
l'employeur, ses créanciers peuvent parfaitement procéder à la saisie de son salaire. Mais, le
législateur n'as voulu qu'une telle voie d'exécution n'aboutisse à absorber toute la
rémunération du travailleur. Il a donc organisé l'insaisissabilité d'une partie du salaire du
travailleur. La portion saisissable équivaut environ au tiers du salaire. En outre, le législateur a
prévu une procédure pour la saisie des salaires qui ne peut être effectuée même si le créancier
détient un titre exécutoire qu'après une tentative de conciliation devant le tribunal de travail.
Cette conciliation a pour effet d'aménager le remboursement des créanciers du salarié.
A cet effet, l’article 34.4 de la nouvelle loi indique que les créanciers du travailleur ne
peuvent saisir les rémunérations de ce dernier, que conformément aux dispositions du titre V
de l’Acte uniforme portant organisation des voies d’exécution du traité de l’OHADA,
relatives à la saisie et à la cession des rémunérations.
Selon l’article 34.1, en dehors des prélèvements obligatoires et des consignations qui peuvent
être prévues par les conventions collectives, il ne peut être fait de retenue sur appointements
ou salaires, pour le remboursement d’avance d’argent consentie par l’employeur, que par
cession volontaire de la rémunération. Les acomptes sur un travail en cours ne sont pas
considérés comme avance.
La cession volontaire des traitements et salaires est souscrite par le travailleur devant le
président du tribunal du lieu de sa résidence ou, à défaut, l’inspecteur du travail et des lois
sociales.
Toutefois, lorsque le tribunal du travail ou l’inspection du travail et des lois sociales est situé à
plus de vingt-cinq kilomètres du lieu de résidence du travailleur, il peut y avoir consentement
réciproque et écrit entre l’employeur et le travailleur, devant le chef de l’unité administrative
la plus proche, sur le montant de la retenue à opérer.
L’acte de cession doit indiquer le montant et la cause de la dette pour le paiement de laquelle
la cession est consentie, ainsi que le montant de la retenue devant être opérée par l’employeur
à chaque paiement de la rémunération.
Ce qu’il convient de retenir ici, c’est que la cession volontaire de la rémunération est,
désormais, la seule voie qui s’ouvre à l’employeur pour procéder à la retenue sur
appointements ou salaire d’un travailleur auquel l’employeur a consenti une avance d’argent.
Il s’agit de l’affirmation de l’assujettissement de la saisie des rémunérations par les créanciers
du travailleur aux dispositions de l’Acte uniforme de l’OHADA sur les voies d’exécution.
B. La révision du contrat
1. La modification substantielle du contrat
En principe, un contrat ne peut être modifié unilatéralement par l'une des parties signataires.
Cela signifie que toute modification substantielle du contrat de travail requiert l'accord du
salarié comme le soutient la loi.
Cependant, le droit du travail fait exception à cette règle générale en vertu du pouvoir de
direction du chef d'entreprise. La modification substantielle du contrat porte sur les éléments
essentiels du contrat qui sans eux, le salarié n'aurait pas contracté. Il s'agit notamment du
salaire, du poste, des conditions et temps de travail, et parfois le lieu du travail (s’il entraîne
lors d’une mutation des modifications importantes dans les conditions d’emploi).
L'employeur ne peut procéder à la modification unilatérale des éléments substantiels du
contrat qu'en cas de nécessité impérieuse pour les besoins de l'entreprise. Par exemple,
l'employeur peut imposer au salarié, un travail autre que celui prévu au contrat en cas
d'urgence ou de péril et pour une tâche temporaire. En cas de refus de ce dernier, il appartient
à l’employeur, soit de renoncer à modifier le contrat, soit de licencier le salarié. Il doit alors
respecter la procédure de licenciement, le préavis et, le cas échéant, verser des indemnités de
licenciement.
1.1.1. Le préavis
Selon le code travail, la résiliation du contrat de travail est subordonnée à un préavis donné par
l'employeur qui prend l'initiative de la rupture. En l'absence de conventions collectives, un décret
détermine les conditions et la durée du préavis, compte tenu, notamment, de la durée du contrat et
des catégories professionnelles. Lorsque l'employeur prend l'initiative de la rupture du contrat, il doit
notifier par écrit sa décision au salarié. Cette notification doit être motivée.
● La durée du préavis
Selon l’article 18.6 du nouveau code, pendant la durée du délai de préavis, l’employeur et le
travailleur sont tenus au respect de toutes les obligations réciproques qui leur incombent.
En vue de la recherche d’un autre emploi, le travailleur bénéficie, pendant la durée du préavis,
de deux jours de liberté par semaine, globalement payés à plein salaire. Contrairement à
l’ancien Code qui accordait un jour de liberté par semaine au travailleur en vue de la
recherche d’un emploi, le nouveau texte lui accorde deux jours par semaine.
La répartition de ces jours de liberté dans le cadre du fonctionnement de l’établissement est
fixée d’un commun accord ou, à défaut, alternativement un jour au gré de l’employeur, un
jour au gré du travailleur. La partie à l’égard de laquelle ces obligations ne sont pas respectées
ne peut se voir imposer aucun délai de préavis, sans préjudice des dommages-intérêts qu’elle
peut demander.
La durée du préavis est fonction de la catégorie professionnelle et de l'ancienneté du
travailleur. Les différents délais sont inscrits dans le tableau ci-après.
● La modification du préavis
Le travailleur à l'égard de qui le délai de préavis n'est pas respecté ne peut se voir imposer
aucun autre délai, sans préjudice des dommages-intérêts qu'il peut demander à l'employeur.
● Les obligations des parties pendant la durée du préavis
Selon le code du travail, pendant la durée du délai de préavis, l'employeur et le travailleur
sont tenus au respect de toutes les obligations réciproques qui leur incombent. Le travailleur
doit exécuter sa prestation de travail dans les conditions prévues au contrat et l'employeur est
tenu de lui verser régulièrement son salaire.
● La sanction du non respect du préavis
Selon la loi, toute rupture de contrat à durée indéterminée, sans préavis ou sans que le délai de
préavis ait été intégralement observé, emporte obligation, pour l'employeur fautif de verser à
l'employé, une indemnité dont le montant correspond à la rémunération et aux avantages de
toute nature dont aurait bénéficié celui-ci durant le délai de préavis qui n'a pas été
effectivement respecté.
● L'interruption du préavis
L'écoulement du délai de préavis peut être interrompu pour certains motifs liés à la suspension
du contrat de travail. Cela signifie qu'en cas de licenciement décidé par l'employeur, le délai
de préavis ne court pas pendant certaines périodes de suspension de l'exécution du contrat. En
effet, en cas de congé donné par l'employeur avant ou pendant la suspension, le délai de
préavis ne court pas. Au nombre de ces périodes de suspension du contrat de travail, nous
pouvons citer notamment:
- les vacances annuelles: l'exécution du contrat est en effet suspendue en cas de fermeture de
l'entreprise pendant les vacances annuelles ainsi que pendant les vacances annuelles prises par
le travailleur en dehors de ladite période de fermeture. - l'incapacité de travail: l'impossibilité
pour le travailleur de fournir son travail par suite d'accident du travail ou la maladie
professionnelle suspend l'exécution du contrat. Le travailleur bénéficie également de cette
suspension en cas d'accident du travail de maladie non professionnelle; - le congé prénatal et
postnatal de la femme travailleuse, y compris sa période de repos. - le congé parental, le
congé pour soins palliatifs, le congé pour soins à un membre de la famille gravement malade.
Même lorsque le préavis a été déjà notifié au travailleur, le délai de préavis est interrompu
pendant ces périodes de suspension du contrat de travail.
● Les cas où le préavis est exclu
La rupture du contrat peut intervenir sans préavis en cas de faute lourde du travailleur. Selon
l’article 18.8 du nouveau code, peuvent être considérés notamment comme fautes lourdes,
sous réserve de l’appréciation de la juridiction compétente, les faits ou comportements d’un
travailleur ayant un lien avec ses fonctions et rendant intolérable le maintien des relations de
travail.
Nous notons à cet effet que la faute lourde est le manquement le plus grave du travailleur à
ses obligations. Elle n’avait pas fait l’objet de tentative de définition par l’ancien Code.
L’article 18.8 du nouveau Code, sans vraiment la définir, a tenté de l’approcher en faisant de
deux conditions les éléments constitutifs : le lien du fait ou du comportement avec les
fonctions et l’impossibilité de maintenir les relations de travail.
Cet essai d’appréhension de la faute lourde n’apporte n’est innovant que dans la forme, par
l’énoncé exprès de critères. En réalité, il ne change rien à la situation antérieure puisque
l’élément fondamental qui donne à la faute sa gravité, à savoir le caractère intolérable du
maintien du rapport, reste subjectif et soumis à l’appréciation du juge. Au fond, donc, la
situation est la même : un employeur estime que la conduite d’un travailleur est si grave
qu’elle rend intolérable la poursuite de la relation de travail ; le travailleur conteste, et le juge
est appelé à apprécier la gravité du comportement. L’alinéa 2 de l’article 16.6 de l’ancien
Code invitait déjà à une telle appréciation par le juge.
En outre, pendant la période d'essai, le contrat de travail peut être également rompu librement
sans préavis et sans que l'une ou l'autre des parties puisse prétendre à indemnités lorsque l'on
se réfère à l'article 16.1 du code du travail de 1995. Enfin, selon l'article 23.4 du même texte,
toute femme enceinte dont l'état a été constaté médicalement peut rompre son contrat de
travail sans préavis et sans avoir de ce fait à payer une indemnité de rupture du contrat. La
même faculté est offerte à la mère pendant la période d'allaitement définie à l'article 23.7 du
même code. 1.1.2. L'indemnité de licenciement
● Cas du licenciement pour motif légitime
Il ressort de l’article 17.4 du nouveau code que ce motif du licenciement tient à la personne du
salarié, qu’il s’agisse de son état de santé, de son aptitude à tenir l’emploi, de son insuffisance
professionnelle ou de sa conduite fautive. Le licenciement est alors qualifié de licenciement
pour motif personnel. L’employeur qui licencie pour motif personnel doit notifier sa décision
par écrit au salarié. La lettre de licenciement comporte nécessairement :
- l’indication du ou des motifs de la rupture ; - le nom ou la raison sociale de l’employeur ;
- le numéro d’immatriculation à l’institution de Prévoyance sociale et l’adresse de
l’employeur;
- les noms, prénoms, numéro d’affiliation à l’Institution de prévoyance sociale, date
d’embauche et qualification professionnelle du salarié licencié ;
- la date de prise d’effet de la rupture.
Dans le même temps où il notifie le licenciement au salarié, l’employeur informe l’inspecteur
du travail et des lois sociales du ressort. Cette information écrite comporte les mêmes
indications que celles contenues dans la lettre de licenciement.
Cette disposition nouvelle présente l’avantage de déterminer clairement les éléments
nécessaires qui doivent figurer dans la lettre de licenciement pour motif individuel.
Aussi, l’article 18.3 du nouveau code dispose que le contrat de travail à durée indéterminée
peut toujours cesser par la volonté du salarié. Il peut cesser par la volonté de l’employeur qui
dispose d’un motif légitime.
Si à l’expiration du délai prévu à l’article 16.7 c, le travailleur dont le contrat de travail a été
suspendu pour cause de maladie de longue durée, se trouve dans l’incapacité de reprendre son
emploi initial, l’employeur peut mettre un terme à son contrat par écrit.
Le licenciement intervenant dans ces conditions n’est légitime que dans les cas suivants :
- impossibilité d’aménagement raisonnable du poste de travail et de reclassement du
travailleur
; - refus par le travailleur de la proposition de reclassement qui lui est faite ;
- inaptitude à tout emploi constatée par un médecin du travail.
Dans ces cas, le travailleur perçoit l’intégralité de ses droits de rupture de son contrat de
travail.
Le contrat de travail à durée indéterminée est également rompu lorsque le salarié remplit les
conditions de départ à la retraite. La limite d’âge d’admission à la retraite est fixée par le
Code de prévoyance sociale.
Dans ce même ordre d’idée, nous assistons à une solution formelle concernant le sort du
travailleur victime d’une maladie non-professionnelle de longue durée après la période de
suspension de son contrat de travail (12 mois) : faculté pour l’employeur de résilier le contrat
(par écrit). Toutefois, le législateur encadre cette faculté ; ainsi le licenciement ne sera
légitime que s’il est justifié par l’un des trois cas limitativement énumérés. La perception par
le salarié de la totalité de ses droits de rupture est également affirmée.
Enfin, l’article 18.5 du nouveau texte indique que si à l’expiration du délai prévu à l’article
16.7 c) du présent Code, le travailleur dont le contrat de travail a été suspendu pour cause de
maladie, se trouve dans l'incapacité de reprendre son travail, l’employeur peut le remplacer
définitivement après lui avoir signifié par tout moyen laissant trace écrite qu'il prend
acte de la rupture du contrat de travail.
À cette occasion, il doit lui verser le montant des indemnités compensatrices de préavis,
de congés et l’indemnité de licenciement auxquelles le travailleur pourrait avoir droit du fait
de cette rupture.
Il doit tenir à sa disposition un certificat de travail accompagné d'un relevé nominatif de
salaire de l'institution de prévoyance sociale à laquelle le travailleur est affilié.
Le travailleur remplacé dans les conditions indiquées au premier alinéa du présent article, qui
produit un certificat médical de guérison ou de consolidation et d’aptitude au poste, conserve
pendant un délai d’un an, un droit de priorité de réembauchage. Ce délai est renouvelable une
seule fois. Nous notons ici l’octroi au travailleur victime d’une maladie non-professionnelle
et remplacé définitivement, parce que n’étant pas en mesure de reprendre son poste, d’une
priorité de réembauchage d’une durée d’un an. Une condition, cependant, pour bénéficier de
cette priorité : produire un certificat médical établissant la guérison ou la consolidation et
l’aptitude au poste.
Le texte précise que le délai d’un an est renouvelable une seule fois. Est-ce un renouvellement
automatique ? Est-ce une faculté laissée à l’employeur ? Autrement dit, est-ce un droit que le
travailleur peut opposer à l’employeur ? Il y a lieu de croire que ce renouvellement n’est pas
automatique. En effet, si tant est que le législateur avait voulu le contraire, il n’aurait pas eu
besoin d’évoquer le renouvellement ; il lui aurait suffi de prescrire directement que le
travailleur bénéficie d’une priorité d’embauche de 2 ans. De là, il convient de retenir le
renouvellement comme une faculté. Seule est impérative la limitation du nombre de
renouvellement.
Dans ce cas, le salarié perçoit deux types d’indemnités : * l’indemnité de licenciement ou
l’indemnité compensatrice de congé payé (ICCP). L’ICCP est allouée au travailleur dès lors
qu’il n’a encore acquis droit au congé payé. Le droit au congé ne peut s’octroyer qu’après 12
mois de travail. Il convient de noter cependant que la faute lourde du travailleur le prive de
ces deux types d’indemnités. * une gratification en fonction de sa catégorie professionnelle
- L’indemnité supplémentaire en cas de rupture abusive 15 jours avant ou après ou pendant les
congés du travailleur :
* 2 mois de salaire pour les travailleurs payés au mois
* 1 mois de salaire pour les travailleurs payés à l’heure
Nous notons en l’espèce, une des innovations les plus importantes de la réforme : la procédure
du règlement à l’amiable devant l’inspecteur du travail n’est plus facultative comme le voulait
l’ancien Code ; elle est, désormais, obligatoire. En conséquence, la saisine directe du tribunal
du travail entache la procédure d’irrégularité. La procédure de conciliation devant l’inspecteur
du travail devient ainsi une condition de la saisine de la juridiction du travail.
On notera, ce faisant, que l’inspecteur du travail et des lois sociales devient une figure
incontournable du règlement des différends individuels. A ce sujet, l’article 81.3 du nouveau
code dispose que les parties sont tenues de se présenter au jour et heure fixés par la
convocation de l’inspecteur du travail et des lois sociales, acheminée par cahier de
transmission, par voie postale avec accusé de réception ou par tout autre moyen offrant des
garanties de preuves équivalentes.
Elles peuvent se faire assister ou représenter soit par un travailleur ou employeur appartenant
à la même branche d’activité, soit par un avocat régulièrement inscrit au Barreau, soit encore
par un représentant des organisations syndicales auxquelles elles sont affiliées. Les
employeurs peuvent, en outre, être représentés par un directeur ou un employé de l’entreprise
ou de l’établissement.
Si le demandeur ne se présente pas ou n’est pas représenté, il ne peut renouveler sa demande
de tentative de règlement amiable. Si le défendeur ne se présente pas ou n’est pas représenté,
l’affaire est transmise au tribunal du Travail, celui-ci prononce au vu du procès-verbal de non-
comparution dressé par l’inspecteur du travail et des lois sociales, une amende civile dont le
montant ne peut être inférieur à 1.000.000 de francs CFA. Le jugement est affiché aux frais du
défendeur non comparant. Sauf en ce qui concerne les avocats, le mandataire des parties est
constitué par écrit.
En guise de remarque, l’amende infligée au défendeur qui ne se présente pas ou qui ne se fait
pas représenter durant la tentative de conciliation est fixée à une somme minimum de
1.000.000 F CFA. L’ancien code visait une amende dont le montant ne pouvait pas excéder
100.000 F. CFA. En outre, le nouveau texte est plus précis sur les personnes admises à
assister ou représenter les parties.
1.2. Les moyens d'action de l'inspecteur du travail
Selon les dispositions du code du travail, les inspecteurs du travail disposent de moyens d'action
importants dans le cadre de leur mission de contrôle des entreprises. Ils ont donc le pouvoir de :
- Pénétrer librement, pendant les heures d’ouverture, sans avertissement préalable dans tous
les établissements assujettis à leur contrôle ;
- Procéder à tous examens, contrôles ou enquêtes jugés nécessaires pour s’assurer que les
dispositions applicables sont effectivement observées et notamment :
- Interroger, avec ou sans témoins, l’employeur ou le personnel de l’entreprise, contrôler leur
identité, demander des renseignements à tout autre personne dont le témoignage peut sembler
nécessaire ;
- Requérir la production de tous registres ou documents dont la tenue est prescrite par les
textes en vigueur en matière de Travail et de prévoyance sociale dans la mesure où ces
registres et documents sont nécessaires à l’accomplissement de leur mission.
Pour remplir fidèlement leur charge et surtout pour garder la confidentialité des informations,
ces agents prêtent serment devant les juridictions dans les conditions de l’art. 91.2 du code du
travail. Il est important de souligner que dans le nouveau code, quelques changements ont été
apportés au contrôle effectué par l’inspecteur du travail et des lois sociales. Aussi, il a été
institué dans les reformes une commission de classement professionnel des travailleurs.
En ce qui concerne le contrôle, il apparaît, à la lumière de l’article 91.8, que l’inspecteur du
travail et des lois sociales n’est pas habiliter à pénétrer dans les lieux de travail s’il n’est pas
muni de sa carte professionnelle. L’employeur est en droit de refuser l’accès aux locaux de
l’entreprise à l’inspecteur du travail qui ne présente pas sa carte professionnelle.
S’agissant de la commission de classement, elle est chargée de statuer sur les contestations de
classement des travailleurs. Cette commission est présidée par l’inspecteur du travail et des
lois sociales.
Selon l’article 81.12 du nouveau code du travail, cette chambre spéciale est composée :
- du président du tribunal de Première instance ou de la section détachée ou d’un magistrat de
la juridiction désigné par lui, président ; - d’un assesseur employeur et d’un assesseur
travailleur pris parmi ceux figurant sur les listes établies conformément à l’article 81.13 ci-
dessous. Pour chaque affaire, le président désigne autant que possible les assesseurs
employeurs et travailleurs appartenant à la catégorie professionnelle intéressée. La chambre
spéciale peut être divisée en sections professionnelles lorsque la structure du marché du
travail le justifie.
Les assesseurs titulaires sont remplacés, en cas d’empêchement, par des suppléants dont le
nombre est égal à celui des titulaires. Les assesseurs sont nommés par le Ministre de la Justice
sur propositions du Ministre du travail pour un mandat de deux ans renouvelable. En cas de
carence répétée et constatée des assesseurs, un collège de trois magistrats siège. La remarque
à faire en l’espèce est qu’en cas de carence répétée et constatée des assesseurs, le tribunal ne
se composera plus d’un seul magistrat, mais de trois 3 magistrats.
2. La procédure devant les tribunaux
2.1. La phase extrajudiciaire
Dès que le litige est au niveau du tribunal du travail, le juge est obligé de procéder à la
conciliation des parties. L’inobservation de cette formalité substantielle entraîne comme
conséquence que le jugement intervenu est entaché d’irrégularité, et par suite nul. Si la
conciliation réussit, le président du tribunal constate le règlement amiable du litige dans un
procès verbal rédigé séance tenante. Ce procès verbal signé vaut titre exécutoire. Si la
tentative échoue totalement ou partiellement, un procès verbal de non conciliation est dressé
par le président du tribunal qui renvoie l’affaire devant la juridiction compétente pour la phase
judiciaire.
2.2. La phase judiciaire
A la différence des tribunaux du droit commun qui connaissent de toutes les affaires, le
tribunal de travail a une compétence spécialisée à un domaine très précis portant uniquement
sur tous les litiges individuels relatifs au contrat de travail (litiges portant sur la conclusion,
l’exécution et la rupture du contrat). Cette compétence est à la fois limitée : le contrat de
travail en ses aspects individuels, mais aussi très vaste, car les conflits collectifs ou accords
collectifs peuvent être la source de litiges et problèmes individuels. Ainsi par exemple, le
tribunal du travail devra dire si une grève peut entraîner pour un salarié donné la diminution
ou la suppression de primes établies pour l’ensemble du personnel, si un employeur peut être
assigné pour avoir refusé d’accorder à un salarié donné, des congés supplémentaires prévus
par une convention collective. Le tribunal de travail se déclarera incompétent s’il est saisi
d’un problème ou d’un conflit qui n’est pas lié au contrat de travail. Un certain nombre de
travailleurs ne sont pas justiciables du tribunal du travail, il s’agit des fonctionnaires et
assimilés. A la différence des règles du droit commun, où le tribunal compétent est celui du
domicile du défenseur, s’agissant du tribunal compétent en matière de conflit de travail, c’est
celui du lieu du travail, c'est-à-dire d’exécution du contrat de travail. Si le travail n’est pas
exécuté dans un lieu fixe, le tribunal du lieu du domicile du travailleur sera compétent. En cas
de rupture du contrat, le salarié a le choix entre le tribunal du lieu du travail et celui de son
domicile comme tribunal compétent. Ce qui est totalement différent des juridictions de droit
commun où la juridiction compétence est celle du domicile du défendeur.
Avant de procéder au règlement judiciaire de tout litige individuel, le tribunal de travail doit
obligatoirement procéder à une tentative de conciliation, ce qui n’est pas obligatoire dans les
tribunaux de droit commun. A la différence des tribunaux de droit commun où aucune
procédure n’est gratuite, les procédures devant le tribunal du travail et la cour d’appel sont
gratuites pour le travailleur.
Pour l’exécution des jugements rendus à leur profit, ils bénéficient de plein droit de
l’assistance judiciaire, les expéditions ou les grosses délivrées sont gratuites. Le tribunal du
travail statue en premier et dernier ressort dans les conflits dont le chiffre de la demande
n’excède pas dix fois le Salaire Minimum interprofessionnel Garanti (SMIG) mensuel.
Lorsque le tribunal a statué, et que l'une des parties n'est satisfaite des décisions du tribunal,
elle dispose du pouvoir de faire appel des jugements rendus devant la cour d'appel.
Il est important de noter que les articles 81.35 à 81.37 du nouveau code introduisent une
procédure d’urgence en vue de l’ordonnance de mesures ne se heurtant à aucune contestation
sérieuse