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UNIVERSITE DE CARTHAGE

INSTITUT NATIONAL AGRONOMIQUE


DE TUNISIE

Unité de Recherche Ecosystèmes et ressources Aquatiques

Cours d’Aquaculture

Mohamed Salah ROMDHANE


AQUACULTURE

1. Définition
La définition la plus récente désigne sous le terme d'aquaculture, toute
activité de production, de transformation (conditionnement) et de
commercialisation d'espèce aquatiques c’est à dire plantes ou animaux d'eau douce,
saumâtre ou marine.
L'aquaculture consiste à manipuler des milieux aquatiques naturels ou
artificiels pour la production d'espèces utiles à l'homme.
Les termes de culture et d'élevage ne suivent pas systématiquement l'aspect
terrestre (règne végétal, règne animal), mais plutôt le niveau de soins et de
spécificité des espèces produites :
Ainsi l'engraissement de poissons en haute densité est désigné par : élevage,
alors que la production de moule et des huîtres est désigné par : culture.

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Les désignations anciennes: aquiculture générale, thalasso culture (eau de
mer), mariculture (zone intertidale balancement de marée), potamoculture (eau
douce) sont généralement abandonnées.
Les quatre grandes catégories d'élevage et de production concernent:

Les algues
Les mollusques.
Les crustacés.
Les poissons
La terminologie peu aussi designer certains élevages spécifiques:
Conchyliculture : élevage de mollusques.
Mytiliculture : élevage de moules.
Ostréiculture : élevage des huîtres.
Pectiniculture : élevage des pectens.

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Pour les crustacés, seul l'élevage des écrevisses est spécifié: Astaciculture.
La pisciculture, élevage de poissons se développer en salmoniculture
(saumons), cypriniculture (cyprinides) etc. Plusieurs autres désignations spécifiques
sont utilisées à petites échelles.

2. Historique :
La culture des animaux aquatiques est originaire de la Chine et de la région
indo-pacifique, elle date de plus de 4000 ans (Chine, Corée, Japon, Inde, Bengale)
La première étape de son développement consiste aux exploitations des
entrées des alevins et des juvéniles dans les lagunes côtières (aquaculture
extensive) pour les poissons, les supports de fixation pour les moules et les huîtres.
Les cycles d'élevage complets ont été maîtrisés en premier lieu pour la carpe
depuis le moyen âge ensuite pour la truite au 19eme siècle.
Depuis le 1860 les expériences d'élevage de poissons et de crustacés se sont
poursuivis aux USA et en Angleterre sur le saumon et la truite sans toutefois,

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réaliser le cycle complet: les œufs et les larves sont déversés massivement dans le
milieu. En 1917, trois millions de larves sont ainsi déversés.
C'est enfin au Japon et au cours des années 50 que l'aquaculture moderne a
été instaurée.
Les premiers élevages développés et maîtrisés sont ceux de la pisciculture en
eau douce et la conchyliculture et depuis une quinzaine d'années tout l’intérêt s'est
orienté vers les espèces marines et l'élevage en mer.

3. Les types d’aquaculture:

En fonction de la densité des élevages et de l’utilisation de l’alimentation on


distingue différents types d’exploitation aquacole :

3.1. Aquaculture extensive : les élevages extensifs sont conduits sans apport
de nourriture ni fertilisants; ce système permet d’exploiter les milieux en

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maintenant leurs équilibres écologiques. Les espèces migratrices sont les
précurseur de cet élevage (mulets, anguilles, crevettes).

3.2. Aquaculture semi-intensive : ce genre d’exploitation fait introduire dans


le milieu élevage des fertilisants (engrais ou fumure) qui développent la production
primaire, cet enrichissement peut aussi favoriser spécifiquement la densité du
phytoplancton. Cette pratique et surtout développé pour les espèces herbivores
d’eau douce (Tilapia).

3.3. Aquaculture intensive: Ce sont les élevages ou la totalité de l’alimentation


est extrinsèque, dans ce type élevage c’est le rendement métabolique maximal qui
est recherché le recyclage n’est pas considéré; le renouvellement d’eau est
l’oxygénation sont indispensables.

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3.4. Aquaculture super intensive : C’est le même type élevage que le précédant
sauf que la densité de stockage est importante jusqu’à 100 kg/m³, la technologie
et le contrôle sont plus poussés (oxygène liquide, taux de renouvellement etc.).

3.5. Aquaculture intégrée : Ce sont les élevages qui intègrent des activités
parallèle aquacoles (lagunage) ou agricoles (rizière, poulaillers).
Les termes monoculture et polyculture désignent respectivement l’élevage
d’une ou de plusieurs espèces dans le même système.

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4. Aquaculture et pêche
En comparaison avec la pêche ayant une production mondiale de 100
millions de tonnes, l'aquaculture offre actuellement 11 millions de tonnes. La
projection de la F.A.O. pour les années 2000 donne une production
d'aquaculture équivalente à 20-25% de celle de la pêche.

Années Pêche Aquaculture


(F.A.O.) (million de tonnes) (million de tonnes)
1991 96.9 12.6
2000 100 19.6
2010 100 37.5
2025 100 62.4
La production actuelle de l'aquaculture provient à 57.2% de l'élevage
continental et à 42.2% et des milieux lagunaire ou marins.

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La composition spécifique du produit montre une répartition en quatre
groupes majeurs :

Groupes Nombre % de la production


(F.A.O.) espèces (million de tonnes)
Poissons 138 53
Crustacés 37 4.8
Mollusques 55 18.6
Algues 10 23.4
Divers 0.2

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5. Etapes et modalités d'élevage :

Afin d'accomplir un cycle d’élevage aquacole indépendamment du site et de


l'espèce, les étapes à considérer sont les suivantes:

5.1. L'obtention des alevins, des naissains (mollusques) ou spores (algues):


Les oeufs sont de petite taille chez les espèces marines (1 mm pour les
poissons, 0.1 mm pour les mollusques), aussi, l'alevin ou le naissain ne dispose guère
que d'une faible réserve alimentaire, alors que ses exigences nutritionnelles sont
importantes. Cette situation ne s'applique pas aux espèces d'eau douce dont les
oeufs sont plus volumineuses (truite et carpe.) et les alevins plus robustes.
La maîtrise de la reproduction peut être omise lorsqu'on maîtrise le collecte
dans le milieu naturel, captage de naissains ou pêche d'alevins. Cependant la
disponibilité des alevins peut être insuffisante ou incertaine ce qui limite

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l'extension de l'élevage, de même les lieux et les périodes de présence des alevins
peuvent être incohérents avec la situation des fermes des sites aquacoles ou les
saisons d'activité.
De ce fait ce sont les écloseries ou les nurseries qui sont considérés comme
base de toute l'aquaculture. L'écloserie assure le maintien des géniteurs, la
reproduction, la ponte, l'entretien et l'alimentation des larves après éclosion.

5.2. L'élevage larvaire :


Les larves sont mises en élevage en grande concentration dans des volumes
réduits mais sous contrôle et conditions optimales. L'absence de prédateurs et
l'apport d'alimentation adéquate permettent de maintenir un taux de suivi élevé
(20 à 60 % pour les espèces marines et 80% pour les espèces d'eau douce) en
aquaculture par rapport aux faibles taux de suivi en milieu naturel soit moins que 5
% ( poissons marins).
L'élevage larvaire en terme de fourniture de proies en nombre et en taille
consommable est parmi les étapes les plus difficiles en aquaculture

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5.3. Le Prégrossissement :
Au moment de sevrage c’est dire au passage de l’alimentation vivante à
l’alimentation inerte, les larves sont mises en pré grossissement. Cette phase doit
s'effectuer avec le maximum de soin afin de réduire les mortalités liées au
transfert, pendant lequel, les larves sont en général mises en jeune ou reçoivent
une alimentation, anti-stress et des antibiotiques.
Les bassins de pregrossissement peuvent avoir les caractéristiques suivantes :
3 à 30 m de long, 1 à 3 m de large, 80 m³ volume
La charge peut être de l’ordre de 4 à 10 g/l (pour des alevins de 200 mg), de
25g/l (pour des alevins de 4 g).

5.4. Le grossissement:
Après l'étape écloserie, les juvéniles seront placées en grossissement ou
engraissement doit aboutir à deux animaux de taille commerciale, quelques

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dizaines de grammes (crustacées, coquillages), plusieurs centaines de grammes
(poissons). Cette étape nécessite une importante quantité d'aliment.
Les bassins de grossissement peuvent atteindre les 150 à 300 m³ de volume, 1
à 2 de profondeur, avec une charge de 5 à 50 voir 100 kg/m³.

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LE MILIEU D’ELEVAGE

L'eau qui représente le milieu de cultures est caractérisées par des


paramètres physiques: température, densité, couleur, transparence, MES et des
paramètres chimiques: salinité, composition ionique, gaz, anions, sels, matière
organique dissoutes et particulaires. L’ensemble de ces paramètres détermine la
qualité de l’eau.

1. La température :
C'est l'un des paramètres du milieu les plus importants. Quand aux espèces
vivantes, la température conditionne la productivité primaire, la dissolution de
l'oxygène dans l'eau, (taux de saturation), et surtout la reproduction et la
croissance des espèces. La température de l'eau est toujours corrélée avec celle
de l'air.

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1.1. Tolérance des espèces
Les espèces côtières sont généralement eurythermes, donc tolérantes à des
variations saisonnières plus ou moins importantes. Ces espèces sont tout de même
affectées lors des changements brusques de température, ainsi qu'aux très faibles
et très fortes températures. Quant aux espèces sténothermes, elles ne
supportent que de très faibles variations de température.
Les limites et seuils de tolérances sont étudiés pour plusieurs espèces en vue
de déterminer les choix de sites ou l'utilisation des eaux de refroidissement ou de
réchauffement.
La sensibilité thermique est généralement déterminé à partir de:
 La température létale (TL 50) mortalité de 50% des animaux après 96
heures d’exposition.
 Taux de mortalité consécutif à un choc thermique défini à partir des
températures initiales Ti, de l'élévation de la température T et la
durée de maintien à la température finale Ti+T.

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 Le comportement spécifique, tel que la température d’enfouissement de
50% des bivalves.(TE 50).
En général les seuils de tolérance varient avec les adaptations physiologiques
de chaque espèce.

1.2. Influence de la nutrition


L'élévation de la température de l'eau entraîne l'accroissement du
métabolisme énergétique des organismes aquatiques donc de leurs besoins
énergétiques. Ces besoins sont assurés par l'alimentation appropriée. C'est ainsi
que dans le cas général les élevages dans les eaux tempérées à chaudes se
traduisent par un gain de poids par unité de temps.
La température moyenne d'un site détermine les espèces d’élevage :
Espèce d'eau chaude : crevettes peneides, poissons Tilapia.
Espèce d'eau tempérée : loup, daurade, carpe, huître, moule.
Espèce d'eau froide : saumon, morue, turbot.
Cette répartition est insuffisante pour certaines espèces telle que le loup qui
supporte des températures de 1 à 30°C et plus, avec une reproduction entre 10 et

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14°C et un optimum de croissance entre 23 et 25°C; l'élevage en dehors des
gammes optimales se traduit par une croissance lente et par la suite un rendement
faible.
Au cours de l'élevage la température de l'eau est utilisée pour déterminer :
La quantité de d'oxygène dissous.
La consommation d'oxygène.
Le taux de nourrissage.
La concentration des traitements.
Le taux de croissance.

1.3. La chaleur spécifique :


C’est la quantité d’énergie nécessaire pour augmenter une masse de 1 degré, la
calorie est l’énergie indispensable pour augmenter 1 g d’eau de 1 degré (14.5 à
15.5), la chaleur spécifique est donc 1 cal/g/°C, c’est une valeur élevé et a peine
variable, les espèces poïkilothermes dominent ( température du corps suit celle du
milieu ambiant, poissons et invertébrés), par opposition aux organismes terrestre
et au mammifères homéothermes.

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Ce paramètre est a considérer pour l’aquaculteur qui doit fournir de l’énergie
pour modifier la température du milieu d’élevage.

2. La Salinité :
Les eaux marins ou lagunaires sont caractérisées par leurs salinités (teneur en
sels dissous exprimée en gramme par kg d’eau :psu). La salinité est sa variation est
une caractéristique essentielle d'un site aquacole.
Les classifications relatives à la salinité des eaux sont diverses:
Eau douce 0.5 à 0,5 ‰
Oligohaline 0.5 à 3 ‰ eau saumâtre
Mesohaline 3 à 16.5 ‰ eau saumâtre
Polyhaline 16.5 à 30 ‰ eau saumâtre
Marine >30 ‰
Hypersaline >40 ‰

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La salinité régit la répartition des espèces aquatique en fonction de leur
tolérance. Les espèces euryhalines s’adaptent à des larges variations de salinité, de
quelques degrés, à quelques centaines (Artémia 0 à 200 ‰). Certaines espèces
peuvent aussi fréquenter aussi bien les eaux douces que marines (anguille, saumon).
Les espèces sténohalines ne peuvent pas résister aux variations de la salinité.

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L’eau de mer qui alimente les fermes aquacoles possède la composition
suivante:

Chlore Cl- (18.98/l) 55.2%


Sodium Na+ (10.56/l) 30.4%
Sulfates SO-4 7.7%.
Magnésium Mg2+ 3.7%.
Calcium Ca2+ 1.16%
Potassium K+ 1.1%.
Brome Br- 0.1%.
Strontium Sr2+ 0.04%.
Acide borique H3BO3 0.07%
Acide carbonique et carbonate HCO-3, CO-3 0.035%.

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Les constituants secondaires représentés par 0.02 à 0.03% ont un rôle
déterminant puisqu'ils renferment les minéraux tel que l'azote et le phosphore
indispensable à la production primaire.

Fer 1-50mg/m3
Cuivre 4-10mg/m3
Manganèse 1-10mg/m3
Zinc 5-14mg/m3
Silicium 4 mg/m3

Les oligo-éléments présents en très faibles doses sont indispensables de


même que les vitamines, les substances organiques (acides aminés, glucides ...) et la
silice (10-1000 mg/m3).

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En laboratoire ou en utilisation restreinte on peut utiliser de l'eau de mer
artificielle dont la composition est (Instant océan : 33.70psu):

Cl 18400 H3BO3 25 I 0.07


ppm
Na 10200 Sr 6 EDTA 0.06
SO4 2518 SO3 3 Al 0.04
Mg 1238 PO4 1.3 Zn 0.02
Ca 390 F 1 V 0.02
K 370 MoO4 0.6 Co 0.01
HCO3 140 S2O3 0.3 Fe 0.01
Br 65 Li 0.2 Cu 0.003
Rb 0.1

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3. L’oxygène dissous :
L’oxygène dissous est indispensable a tous les organismes vivant aussi bien
pour les fonctions vitales, liées à l’oxydation des aliments et la production
d’énergie : nage, chasse, reproduction croissance que pour la préservation de
l’équilibre du milieu.
L’oxygène est prélevé dans l’eau par la respiration exprimée par :
CH2O + O2 = H2O + CO2
Le milieu aquatique contient peu d’oxygène (>10 ml/l) par rapport à l’air
(200 ml/l), les chutes d’oxygène dans l’eau sont par suite fatale pour les
élevages. Les teneurs en oxygène varient normalement entre 8 ml/l dans les
eaux froides et 4.5 ml/l dans les eaux tropicales, dans les élevages intensifs
l’arrêt du renouvellement d’eau peut entraîner l’épuisement du milieu en
oxygène et une mortalité massive des organismes.
On considère en général que la teneur de 5 mg/l oxygène dissous est
suffisante pour la plupart des espèces, certaines espèces tel que le poisson

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chat Clarias peuvent vivre sans oxygène dissous, les Tilapias supportent les
teneurs de 1 mg/l. (O2 mg/l = O2 ml/l/0.7). Le manque oxygène est enregistré
surtout en été :

Fortes températures
Poussée floristique
Forte consommation de nourriture
Respiration poussée
Excrétion abondante.

4. Le potentiel oxygène pH:


l

Le pH exprime la concentration des ions hydrogène, il mesure l’acidité ou


l’alcalinité des eaux, le pH de l’eau de mer varie en moyenne entre 7,9 «et 8,3,
l’environnement chimique est très influencé par le pH, ainsi l’équilibre entre
l’ammonium NH4 et l’ammoniac NH3 serait déplacé vers la formation de l’ammoniac,
très toxique lorsque le pH augmente, un même milieu pourrait tuer le cheptel en

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élevage au pH 8, alors qu’il reste non toxique au pH 6,7 ; le système pH est à son
tours influencer par le système gaz carbonique carbonates, l’introduction des
carbonates (calcaire) dans les filtres biologiques fait augmenter le pH.

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LES SYSTEMES D'ELEVAGE AQUACOLES

1. l'approvisionnement en eau:
En parallèle avec le choix du site l'approvisionnement en eau est l'élément de
base de l'installation d'une entreprise aquacole, l'évaluation quantitative et
qualitative des eaux d'élevage varie en fonction des espèces.
1.1. Evaluation quantitative des eaux
1.1. Débit d'eau d'approvisionnement
L'approvisionnement en eau doit compenser les pertes d'eau par évaporation
et par infiltration ainsi que le remplissage des bassins après vidange, c'est le cas
des élevages extensifs ou de l'élevage en circuit fermé avec recyclage complet du
volume d'eau (pompage, filtration, etc...).
Entre ces deux systèmes, se placent les élevages où les volumes d'eau sont
renouvelés en fonction de la densité d'élevage et de la proportion de nourriture
distribuée en élevage intensif.

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En élevage intensif, le débit d'eau nécessaire sera d'autant plus important
que les fermes sont moins équipées, le pompage, l’aération, l’oxygénation,
l’épuration limite les besoins en eau.

ETANG 2 Evaporation


• • •
1 Remplissage

Approvisionnement 3 Infiltration
d’appoint
Besoin en eau : 1, 2, 3

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CIRCUIT FERME





Traitement de l'eau à 100%


Approvisionnement d’appoint
Besoin en eau : 1, 2

28
CIRCUIT
OUVERT





Taux de renouvellement
Approvisionnement en
eau

29
CIRCUIT SEMI
FERME




Approvisionnement en eau
Traitement partiel de l'eau

30
1.2. Fonction et débit d'eau dans l'élevage:
L'eau sert essentiellement de transporteur d'oxygène en amont de l'élevage
fonction qui peut être assurée par l'aération et l'oxygénation.
L'eau sert ensuite en aval de transporteur des résidus d'élevage hors des
circuits. L'accumulation des résidus (excrétion et reste d'aliment) dépend de
l'espèce et la biomasse en élevage, de l'alimentation et du débit d'eau alimentant
l'exploitation et de l'efficacité du dispositif de filtration et d'épuration
éventuelle.
En réalité l'épuration totale n'est possible qu'en laboratoire et à petite
échelle. En élevage commercial, le traitement et le recyclage ne sont pratiqués que
dans les entreprises sans but lucratif. L'eau peut aussi assurer le transfert de
nourriture tel que dans les écloserie à mollusques bivalves où l'apport en oxygène
n'est pas primordial de par leur aptitude à vivre à des faibles teneur d'oxygène
dissous.

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Fonctions de l’eau et équivalents mécaniques

Eau + Compresseur
oxygène Surpresseur
• •

Eau appauvrie en oxygène

Eau fraîche Filtration

• •

Eau polluée pompage

Les besoins en eau sont liés à la biologie de l'espèce à son besoin en O2


dissous et sa résistance aux polluants. Les techniques d'aération, d’oxygénation, de

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filtration et de recyclage, permettent de pallier aux inconvénients permanents ou
provisoires de l'approvisionnement tels que :
 le manque du débit d'eau par rapport de la production envisagée
 une pollution sur un site présentant certains avantages pour l'aquaculture,
barrage, centrale thermique etc.
 une température basse pour la production (contrôle de la croissance) en
zones tempérées.
Les calculs des besoins en eau pour optimiser l'investissement et la rentabilité
comprennent :
 le calcul du débit en fonction des besoins en O2 dissous du cheptel en place
(au cours de l'année), ceci demande l'établissement d'un planning d'élevage.
 le calcul du débit nécessaire à l'évacuation des déchets et polluants émis
par la biomasse en élevage.
 le calcul des stocks maximum au cours de l'année en fonction des
disponibilités en eau et par déduction, les suppléments des stocks qui devront être
supportés par la mécanisation.

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Le degré de mécanisation (donc d'investissement) dépend de la différence
entre le stock nécessaire à la rentabilité du projet (S) et le stock autorisé par
l'approvisionnement (S min). La mécanisation porte sur deux aspects: l'apport en
oxygène et l'épuration de l'eau.

L'aération, l'oxygénation et le recyclage dépendent de la valeur : Qox-Qmin; le


traitement d'épuration dépend de la valeur : Qp-Qmin.
- Qox = débit nécessaire pour les besoins en oxygène du stock (S)
- Qmin = débit disponible à l'approvisionnement
- Qp = débit nécessaire pour l'élimination des polluants du stock (S)
- S = stock nécessaire à la rentabilité de la ferme
- Smin = stock autorisé pour l'approvisionnement en eau.

Le calcul doit être fait sur un cycle de production en fonction des variations
de l'approvisionnement en qualité et en quantité. En faisant varier S on trouve un
optimum pour le niveau d'investissement à pratiquer. L'analyse du potentiel
aquacole que représente l'approvisionnement en eau doit se faire en parallèle avec

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l'évolution des besoins en oxygène et la production de polluants de la biomasse à
entretenir.

2. Besoins en O2
Les besoins en O2 sont déterminés essentiellement par la taille des poissons
et la température de l'eau et la ration alimentaire.
L'évaluation est aussi déduite en fonction de l'aliment distribué :
220,75g O2/Kg d'aliment distribué (Willogby)
300,00g O2/Kg d'aliment distribué (Liao)
Pour une eau contenant environ 10g/m3 d'oxygène (température : 10-15°c) soit
5g/m3 utilisable, la quantité d'aliments déversée ne devra pas dépasser
0.4kg/j/m3h. Tout apport supplémentaire nécessite une aération naturelle (en
cascade) ou artificielle (roue à aube, turbine).
Ainsi pour 150 m3/h il est possible de distribuer 60kg/j correspondant à
environ 3t de poissons (nourrissage à 2%) :
150 m3/h 0,4 x 150 = 60kg

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Si le tonnage est de 5t dans ce bassin soit 40kg d’aliments de plus, l'aération
mécanique doit fournir.
40 x 0.300 = 12kg/j d’oxygène.
Soit environ : 0,5kg/h en moyenne (12/24h :0,5)

Graphique : consommation oxygène et influence de l’alimentation

36
90

consommation O2g/j
80
70
60
50
40
30
20
10
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18
Age (jours)

A jeun Aliment

37
Les besoins moyens ne suffisent pas pour dimensionner l'installation
d'aération, le volume de 0.5kg/h de demande en oxygène peut être insuffisant en
fonction des fluctuations journalières des besoins en oxygène surtout en relation
avec le mode de nourrissage et le nombre des rations.

Débit d'eau et auto pollution


Dans les élevages aquacoles les déchets résultants du métabolisme et les
restes de nourriture ne sont captables à l’émission contrairement aux élevages
terrestres, on doit donc traiter le milieu d'élevage dans son ensemble, si le taux de
renouvellement d'eau n'est pas suffisant

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Débit d’eau
Autopollution
d’approvisionnement

Concentration
en bassin:
O2, NH3, Faible croissance,
Concentrations NO2 Mortalité,
acceptables Concentrations
anormales

Pas de Traitement
traitement de l’eau,
d’eau Aération,
Filtration

Il faut donc évaluer les quantités de déchets émis par unité de temps en
fixant un seuil et en définissent le rapport:

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kg Poissons / débit et kg Aliment/débit.
L'eau estimée propre à l'entrée est polluée par les excrément: azote
ammoniacal, urée, fèces des poissons et le reste des aliments non ingérés.

3. Les prises d'eau


Après avoir défini les besoins en eau en terme de débit, il convient de
déterminer les systèmes et les ouvrages nécessaires à l'amenée de l'eau jusqu'au
bassin d'élevage. Pour les cages et les enclos on tient compte surtout des courants
et de la circulation littorale.
Prise d'eau gravitaire (rivière)
Chaque fois que la topographie le permette on essaye d'exploiter au mieux les
dénivelées afin de réduire les frais de pompage. Dans le cas de rivière directement
ou à partir d'un canal (biefs), l'alimentation en eau est généralement simple
d'amont en aval. Plusieurs cas peuvent se présentent.
dénivelée faible : bassin non vidangeable
dénivelée > 1,5m bassin vidangeable
dénivelée > 2 m possibilité d’oxygénation par cascade.

40
Prise d'eau en mer
Les prises en eau de mer par gravitation sont possibles grâce aux mouvements
des marées qui doivent être considérable. On procède par un renouvellement
partiel entre basse mer et haute mer, le vidange se fait par basse mer.
Bassin mariculture

Prise d'eau par pompage


Le pompage permet d'atteindre des ressources en eau intéressantes
inaccessibles par les prises d'eau gravitaires. Le pompage peut aussi assurer une
alimentation en eau complémentaire à l'alimentation gravitaires soit simultanément
ou en alternative en zone de balancement de marée.
Les trois types usuels de pompes sont:
 Les pompes centrifuges: utilisées lorsque l'élévation dépasse les 10 mètres
pour les débits faibles.

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 Les pompes à hélice: lorsque l'élévation ne dépasse pas quelques mètres et
que les débits sont importants (quelques centaines de m3/h et plus)/
 Les pompes à émulsion (air lift): pompe air eau.
La principale précaution à envisager dans l'emploi de pompes est la
sursaturation en azote, car la pompe remet en pression l'eau et l'air qu'elle
contient. Ce phénomène est surtout observé avec les pompes centrifuges.
Le choix d'une pompe est établi en fonction de:
la hauteur à relever.
le débit d'eau envoyé.
la nature de l'eau (pour les matériaux de construction de la pompe).
 Hauteur de relevage (HMT: hauteur manométrique totale) c'est la hauteur
géométrique de relevage additionnée des pertes de charges dans les canalisations
d'aspiration et de refoulement. Les niveaux de refoulement et d'aspiration sont
supposés à la pression atmosphérique.

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L'implantation d'une pompe est conditionnée en premier lieu par le niveau
d'aspiration. Pour les pompes centrifuges la hauteur maximale est de 7m.
Chaque constructeur fournit avec la pompe les hauteurs d'aspiration
maximales en fonction des débits ainsi que le (NPSH net positive succion head)
niveau d'implantation requis pour la pompe. Lorsque le plan d'aspiration est stable
le statu de pompage peut être fixe sur les berges, par contre si le marnage est
important il faut envisager une surélévation sur ponton flottant ou des pompes
immergées.
Le flux d'eau dans les canalisations est calculée en fonction du diamètre des
tubes, soit:
 < 250mm v= 1 à 1,2m/s
 >250mm v= 1,2 à 1,6m/s.

Les pompes à émulsion (air-eau, air-lift) offrent en parallèle une oxygénation


du milieu, très employé en aquaculture et au laboratoire, l’usage des pompes air-eau
est moins fréquent dans les élevages à grand débit.

43
Ce pompage est efficace ou respectant les paramètres suivants :
 la longueur et le diamètre de la colonne de refoulement.
 la profondeur d'immersion du diffuseur (S).
 la hauteur d'élévation de l'eau (H).
 la submergence = S/ H
Air comprimé

H
Niveau d’eau

diffuseur

44
Le débit d'eau augmente avec celui de l'air en passant par un optimum
d’efficacité.
Le débit d'air minimum requis pour un air-lift de plus que 50% de
submergence et calculé selon la relation :

0,35 1 x A gd
Q
12. x 0.2
Q: débit d'eau minimum.
x: rapport entre l’immersion du diffuseur et la colonne de refoulement.
A: section de la colonne de refoulement en cm².
g: diamètre de la colonne en cm.

Le traitement de l'eau

45
Le traitement de l'eau consiste à éliminer les matières en suspension, à
détruire les germes pathogènes et à transférer les gaz entre phase gazeuse et
phase liquide. Les techniques de traitement comportent trois étapes:
 L’épuration - filtration.
 La stérilisation - désinfection.
 L'aération.

L'épuration de l'eau
Elle est réalisée en premier lieu par la décantation dans les bassins ou dans un
étang de décantation selon plusieurs modes:
 Décantation en couloir simple (a).
 Décantation lamellaire (b).

46
L1

(a)

L2

plaques

(b)

47
 Décantation cylindrique ou cylindro-conique basée sur l’usage d'un jet
d'eau tangentiel qui induit un mouvement rotatif à l'eau ; les dépôts sédimentent
dans le point bas du cône (c).

(C)

Le second moyen d'épuration est celui de la filtration biologique qui consiste à


éliminer les substances dissoutes indésirables par dégradation ou transformation
bactérienne.
 Phase liquide boues activées.
 Support filtre, disque.
L'écumage consiste à produire des mousses par bullage afin de les évacuer.

48
La désinfection
Pour désinfecter on utilise soit les radiations Ultra Violettes soit L'ozone ou
le chlore:
-Les radiations UV sont les plus utilisées mais ils restent réservées aux
écloseries du fait du faible débit d'eau peu chargée, lame d'eau mince (3 à 5cm),
puissance et nombre de lampes en fonction de la résistance des microorganismes.
-L'ozone O3 réagit dans l'eau avec la matière organique en l'oxydant
rapidement, il est ainsi utilisé pour éliminer les germes pathogènes pour l'homme
(mollusques et crevettes). son utilisation est limitée par la toxicité de l'ozone
résiduel :
10mn --------------5 à 8mg/l (0.5mg/l résiduel)
en plus de cette action l'ozone facilite la biodégradation.
-Le chlore: c'est un désinfectant toxique à faible dose, la chloration suivie
d'une neutralisation au thiosulfate facilite l'emploi.

49
L'aération et l'oxygénation

L'aération représente le premier traitement de l'eau en aquaculture,


l'aération prend une part importante dans l'investissement aquacole.
-L'oxygène utilisé est celui de l'air (21%).
-La solubilité de l'oxygène (de l’air) dans l'eau est de 47g/m3 à 15°C. Dans les
bassins la solubilité est de l'ordre de 3-12g/l.
-L'air contient 21% d'oxygène donc une solubilité de 9.8g/m3 à 15°C.
-Les milieux liquides et gazeux sont séparés par une pellicule importante par
calme, plus fragile par agitation, donc l'agitation de l'un ou des deux milieux
augmente la dissolution.
-Plus le contact air-eau est court moins l'eau est oxygénée, ainsi plus la phase
gazeuse (bulle) est stable dans l'eau plus la dissolution de l'oxygène est
importante.
-Pour un volume d'eau donné plus l'interface gaz-liquide est importante plus la
dissolution est importante. Un bassin profond s'oxygène moins bien par la surface

50
q'un bassin moins profond de même les petites bulles oxygènent mieux que les
grosses bulles de volume équivalent.
-La quantité maximale de dissolution de l'oxygène à la pression atmosphérique
est de 47g/m3, mais en compressent l'air et l'eau, le pouvoir de dissolution
augmente pour tous les gaz: pour l'oxygène c’est un avantage, pour l'azote c'est un
inconvénient (toxique).
Il n'y aura passage de l'oxygène de l’air vers l'eau qu'à partir du moment ou
l'eau présente un déficit en oxygène par rapport au maximum qu'elle peut contenir
(saturation), ainsi si l'eau ne circule pas au contact de l'aération elle se sature en
oxygène et la dissolution de ce dernier est nulle.
L'aération idéale aurait les caractéristiques suivantes:
 Utilise l'oxygène pur.
 Provoque un mouvement important du gaz et du liquide.
 Maintient le temps de contact air eau jusqu'à dissolution complète de
l'oxygène.
 Fractionne le gaz (bulles) et l'eau (gouttelettes) pour augmenter au
maximum la surface de contact.

51
 Mettre sous pression le mélange gaz et le liquide.
 Mettre l'eau en circulation de façon à ce que la zone où il travaille soit
continuellement renouvelée.

52
4. Les structures de contention

Mis à part les bassins et les équipements spéciaux de l'incubation et des


élevages larvaires nous distinguons trois catégories de contention:
Les enclos
Les cages.
Les bassins.

53
Les enclos
Structure en filet maintenu verticalement qui délimitent une surface limitée.

54
Les bassins rectangulaires Raceway:
Ce sont des bassins simples représentant un ouvrage en canal
rectangulaire avec alimentation et évacuation opposées

55
Le raceway est habituellement pourvu de deux systèmes d'évacuation : un
pour les eaux usées qui seront éventuellement réutilisées ou recyclées, l'autre pour
les opérations de nettoyage aboutissant aux égouts

Amenée d’eau Rejet d’eau

Egouts Milieu naturel

56
Lorsque plusieurs raceways sont placés bout à bout avec une dénivellation ou chute de 30 à
100cm entre chaque unité: représente le type californien.

57
Les raceways classiques ont subit plusieurs transformations en vu de les
rendre plus efficaces tel que les bassins Burrows : il s'agit de bassins
rectangulaires partagés partiellement par une parois centrale, l'arrivée d'eau
s'effectue à la fois aux deux extrémités aux angles opposés, l'évacuation de l'eau
s'effectue par le fond à travers des grilles.
Les déflecteurs permettent d’éviter les turbulences.

Mur central

Evacuation

pêcherie

Déflecteurs

Bassin Burrows

58
Du fait que les déflecteurs compliquent la capture du poisson, ce type de
bassin est souvent équipé d'un dispositif de pêche relié au bassin par un canal
souterrain, le dispositif (bassin) de pêche est dimensionné avec la largeur des
épuisettes ou de la pompe à poissons.

59
Parmi les autres modifications des raceways: les bassins Mayhall et Mayhall
modifiés et Foster Lucas sont conçus pour corriger certains problèmes d'entrée et
d'évacuation.

Bassin May Hall

Bassin May Hall modifié

Bassin Foster Lucas

60
Les bassins circulaires
Les bassins circulaires sont envisagés afin d'assurer un auto nettoyage du
milieu par entraînement avec un courant d'eau vers une évacuation centrale.

61
Les bassins circulaires offrent des conditions hydrauliques supérieures à
celles des raceways, la vitesse de l'eau n'est pas fonction du débit mais de la
pression.

62
L'injection de l'eau peut être: Tangentielle aux parois (A), Rapportée du côté
au centre (B), Diamétralement opposée (C).
Dans l'hémisphère nord l'injection est toujours orientée dans le sens anti-
horaire .

B : amenée d’eau du coté au


A : amenée d’eau tangentielle
centre

C : amenée d’eau diamétralement


D : moine de vidange, trop plein
opposée
et pente

63
L'évacuation de l'eau peut se faire par un moine de vidange placé au centre du bassin ou par
un top plan situé à l'extérieur qui permet aussi de régler le niveau et d'éviter un obstacle à
l’intérieur du bassin (D).

Le fond des bassins circulaires peut présenter des pentes qui varient de 0 à 15%.

Parmi les bassins on distingue le type suédois qui est un bassin circulaire ou carré à angles
arrondis et à fond plat; L'injection de l'eau se fait tangentiellement aux parois et l'évacuation par
top plan extérieur et grillage de sécurité latéral
Amenée d’eau grillage de sécurité

Canal de rejet

64
Les cages
Il existe plusieurs modèles de cages de formes généralement cylindriques
avec une structure en polyéthylène rempli de polystyrène pour le renforcement, ou
cubiques à structure flottante (bois et flotteur en plastique).
La conception des cages doit permettre un échange facile des filets, un
système anti-fuite, anti-prédateurs et les attelages en séries ou en batteries et
les ancrages.

65
66
Rambarde ou
couronne
supérieure

Chandelle ou pied

Filet d’élevage

Couronne inférieure

(passerelle)

67
Les trois composantes pour l’amarrage d’une cage :

les ancres :Les fondations peuvent être des ancres, des corps

morts, des lests, des pieux, etc.…

68
Les lignes réalisent le lien entre les fondations et les structures. Ces
lignes peuvent être des filins, des câbles, des cordes, des chaînes, etc.…

69
*

Les tendeurs (bouée)

Les tendeurs sont des amortisseurs de mouvements, ils peuvent être des
bouées, des flotteurs, etc.…

70
Tuyaux d’admission d’air
(tuyaux en caoutchouc)
Rambarde

Couronne de flottaison
(Tubes PEHD)
Valves de l’eau

Filet
Sinker tube

structure d’une cage submersible

71
Immersion des cages

72
Disposition des cages en réticule

73
Les Culture des proies vivantes

Sous l'action de la lumière solaire, les substances inorganiques du milieu (CO2,


N, P) sont transformées par les végétaux en matière organique.
La photosynthèse en milieu aquatique est soumise aux conditions propres de
ce milieu, la production de la matière végétale (production primaire) est produite
par le phytoplancton et le phytobenthos, elle constitue le premier maillon de la
chaîne alimentaire qui va servir d'aliment aux organismes herbivores (2 maillon de
la chaîne alimentaire).
Certaines productions aquacoles constituent un cas particulier de production
et de transfert de matière vivante orienté vers la consommation humaine et ce
sont ces réseaux trophiques qui sont à la base de l'activité aquacole.

74
L'écloserie intensive (des poissons) modélise un réseau trophique planctonique
dont chaque maillon est élevé séparément.
La culture des micro-algues est envisagée comme accessoire pour les poissons
et nécessaire pour les mollusques alors que les cultures du zooplancton sont
indispensables.

1. Culture des micro-algues


Ce type de culture est orienté d'une part vers la production et l'utilisation
directe en alimentation humaine ou animale (spirulines ) et d'autre part à la
nutrition larvaire chez les espèces consommatrices du phytoplancton (mollusques et
stade larvaire des crustacés) en écloserie. Ces micro-algues constituent ainsi une
nourriture obligatoire pour le zooplancton filtreur qui sert à son tour à
l'alimentation larvaire.

75
1.1. Facteurs du milieu de culture
Les facteurs déterminants les cultures des micro algues se limite à l'intensité
lumineuse naturelle ou artificielle de la teneur en sels nutritifs qui peuvent être
limitant et de la température. En plus de ces paramètres, l’agitation et
l’homogénéisation du milieu de culture uniformise l’exposition à la lumière, évite la
décantation des cellules, la stratification thermique ainsi que les gradients
différents de concentration des sels nutritifs (roue à aubes 30 tpm)

.2. Stérilisation du milieu de culture:


Il convient d'éliminer tous les organismes présents dans l'eau d'élevage qui
pourraient entrer en compétition avec les micro-algues (phytoplancton ou
zooplancton).
La stérilisation s'effectue par procédé physique (filtration, autoclavage) ou
chimique (acidification, chloration) ou encore ou utiliser une eau de mer artificielle
ou une eau de forage (phréatique).

76
Chaque milieu de culture doit répondre à ces paramètres selon des formules
adaptées aux espèces d'algues.

1.3. Espèces retenues en cultures :


Les espèces de micro algues sont retenues selon deux critères: la valeur
nutritive et la facilité de culture, on tient compte aussi de la taille des cellules, de
la nature des parois et de la composition chimique. Ainsi parmi une vingtaine
d'espèces retenues dans les élevages nous citons:
Parmi les diatomées: classe des Bacillariophycées (brunes):
-Skeletonema costatum
-Thalassosira pseudonana.
-Phaeodactylum tricornutum
-Chaetoceros calcitrans
Parmi les flagellés: classe Haplophycés (Jaune brunâtre):

77
-Pavlova lutheri.
-Isochrysis galbana.
-Isochrysis sp.

Classe des Prasinophycés (vertes):


-Tetraselimis suecica

78
Il faut noter que les cultures d'une même espèce ne sont pas toujours
équivalentes. Il faut remonter aux clones, car les conditions de cultures peuvent
engendrer des transformations.

79
Les souches peuvent être isolées directement à partir d'échantillons d'eau de
mer brute, par repiquages successifs et purification qui représente une opération
longue et délicate. Ou bien prélevés chez des laboratoires spécialisés en souches,
ou encore échanges entre aquaculteurs.

A : Isochrysis sp B : Tetraselsmis sp

80
Espèces d’algues Tailles Température Salinité Densités Espèces
(µm) (°C) PSU 106/ml cible
Unicellulaires Vertes
Tetraselimis suecica 6 - 11 <22 25 2–5 B/R/A/P
Dunaliella salina 4-5 <28 50 H
Chlorella sp 2–‘ <28 50 commune
Nannochloris 1-3 <28 5 - 30 50 R
Unicellulaires Brunes :
Isochrysis galbana 3–7 16 - 20 5 - 15 B
Monochrysis(Pavlova) lutheri 2-9 16 - 20 10 - 20 B
pseudoisochrysis 5-6 16 - 20 10 - 20 H/Pe
Diatomés :
Phaeodactylum tricornutum 3 - 20 B/Pe
Skeletonema costatum 3-9 B/H
Chaetoceros calcitrans 3-5 16 20 - 30 B/H
A :artémia, B : bivalves, H: huîtres, P: palourdes, Pe : crustacés peneides, R : rotifères.

81
1.4. Obtention des souches

Les souches des microalgues sont obtenues à partir d'un échantillon d'eau de
mer observé sous microscope inversé, on essaye d'isoler une goutte du milieu uni-
algal qui sera mise en culture dans un tube à essais. On peut ainsi, procéder à des
repiquages successifs sur milieu solide (agar) en choisissant les colonies qui
correspondent à la micro algue recherchée. Le développement est parfois tardif si
l'on part d'une seule cellule.
Quand les autres cultures monoalguales sont développées, on cherche à
éliminer les bactéries soit par migration dans un milieu contenant des antibiotiques
et attraction des cellules mobiles par la lumière, soit par filtration (taille) ou
centrifugation (bactéries plus légères).

82
Les cultures en milieu solide contenant des antibiotiques (pénicilline G,
Streptomycine sulfatée, Chloranphénicol) peuvent servir également à la
purification des souches.
Une collection de cultures mères est indispensable pour assurer un
fonctionnement normal de la production.
Les pertes par contamination (mauvaise manipulation) ou accident (mauvaise
régulation thermique, erreur de préparation du milieu) sont à prévenir et redouter.
Il est même souhaitable de conserver deux séries de souche, l'une servant à la
production, l'autre à ne subisse que les manipulations nécessaires à son entretien
et n'est utilisée qu'en cas de défaillance de la culture de base et peut être
conservée en tube à essai sur milieu liquide et solide pour faciliter l'utilisation.
Généralement des erlen meyers de 500 ml contenant 200 ml du milieu. 10 ml sont
inoculés à l'aide d'une pipette (à poire) dans des conditions aseptiques (hotte,
flamme).
Les cultures de production peuvent être repiquées fréquemment (3 à 6 jours).
Pour les cultures mères (7 à 9 jours) des contrôles périodiques sont à prévoir.

83
1.5. Production des microalgues
Pour obtenir les quantités nécessaires on démarre avec des erlens de 2 l, ou
des flacons de 18 l en milieu stérilisé. Pour les volumes de plusieurs dizaines ou
plusieurs milliers de litres ont doit tout simplement filtrer l’eau sur 1 ou 0,2µm
avec un faible flux, les organismes vivants sont éliminées par acidification (HCl __>
pH = 3 pendant 24 heures), suivi par une neutralisation avec le carbonate de sodium
(Na2CO3). La chloration est aussi efficace (HClO : eau de javel) mais il faut
éliminer toute trace de chlore car les résidus sont néfastes.
Pour les cultures proprement dites ou les volumes dépassant 18 l on procède
de deux façons:

84
1.5.1. Culture en continu:
Le même bac ou récipient servira pendant toute la durée de culture. Une
fraction est régulièrement enlevée pour être remplacée avec de l'eau enrichie en
sels nutritifs. En général, après avoir atteint l'optimum de développement, le quart
est jusqu'à la moitié peut être prélevé chaque jour.
L'inconvénient de cette méthode réside à variabilité de la qualité des cellules
récoltées puisque certaines sont âgées, d'autre sont plus jeunes. Ce système
permet de gagner en mains d'œuvre, mais en cas de perte accidentelle, la remise en
route nécessite 4 à 5 jours.

85
1.5.2. Cultures successives:
Dans ce cas, la culture est récoltée en totalité au stade de croissance
maximale et distribué aussitôt aux élevages.
On peut passer de :
200 ml (erlen) __> à 18l 1500 l (Bac) 5000 l 20000 l
Suivant la concentration de l'inoculum. En général, on utilise pour
l'ensemencement 1/50 à 1/10 du volume. Le nombre de bacs à utiliser est plus
important. Il est ainsi, possible de changer d'espèce ou remédier à une défaillance.

86
1.5.3. Cultures naturelles

Les cultures en lumière naturelle donnent des résultats variables en fonction


des saisons: la température varie de 0 à 30°C, l'éclairement est 5 fois plus
important en été qu’en hiver, mais ont peut utiliser de très grands volumes (>5 m3)
sous serre pour diminuer les fluctuations de température entre le jour et la nuit.
On peut aussi changer d'espèce en fonction des saisons (bloom naturel), tel que
ceux de :
Skeletonema costatum __> hiver
Isochrysis __> été.

87
1.5.4. Contrôle des cultures
Il y a plusieurs moyens d'évaluation quantitative des microalgues soit par
comptage, soit par le volume, la coloration ou le poids.
 Les numérations sont effectuées soit sous microscopes avec compteur
manuel, sous un compteur de particules ou à l'aide d'un hemacytomètre (1 mm² __>
0.1 mm3 de culture), dans le cas des cellules mobiles, il faut fixer au formol ou à
l'iode le comptage sous microscope permet ainsi, de contrôler l'état des cultures.
 La densité optique
Relation DO __> C° cellulaire mesurée au spectrophotomètre.
 Le volume cellulaire avec passage sur centrifugeuse et mesure du volume
du culot.
 La mesure du poids sec : après centrifugation d'un volume important on
peut sécher l'échantillon au four et mesurer le poids, méthodes précise mais
longue. Elle permet la comparaison entre les cultures

88
1.5.5. Récolte des microalgues
En général, l'utilisation des algues se fait sans séparation du milieu, la
distribution peut se faire directement par pompage sans altérer la qualité des
cultures. Les conservations sont pratiques lorsqu'on dispose de grandes cultures
saisonnières, on procède par centrifugation en continu, ensuite congélation ou
lyophilisation (séchage sous vide), mais il faut bien contrôler l’altération, et la
prolifération bactérienne.

1.5.6. Performances de cultures


Les cultures d’algues sont évaluées en fonction du taux de multiplication des
cellules : 2-3-4 fois par jour, et en fonction des concentrations utiles 1 à 5 millions
de cellules par millilitre.

89
Les cultures des microalgues sont typiquement marquées par quatre phases de
croissances:
- 1 phase de latence: correspond à la période d'adaptation aux nouvelles
conditions de culture. Elle est généralement très courte  24 heures.
- 2 phase de croissance exponentielle : multiplication cellulaire active c'est
avant la fin de cette phase qu'il faut exploiter les cultures.
- 3 phase stationnaire : ou le nombre des cellules ne varie presque plus. Il peut
y avoir des changements de la composition chimique du contenu cellulaire par
vieillissement. Cette phase peut durer des semaines s'il n'y pas contamination.
- 4 phase létale : caractérisée par l’arrêt total des divisions cellulaires, les
cellules qui meurt ne sont plus remplacés.

90
91
2. Culture de zooplancton

Dans le milieu naturel les larves se nourrissent essentiellement sur les


copépodes qui représentent jusqu'à 90% du zooplancton marin.
Cependant, les cultures spécifiques maitrisées se limitent actuellement aux :
rotifères (eau saumâtres)
daphnies (en eau douce)
artémias (eaux marines).

2.1. Elevage des rotifères


Ce sont les japonais qui ont réussi à adapter l'élevage des rotifères Brachionis
plicatilis de l'eau saumâtre à l'eau de mer vers les années 1960. C’est la seule
espèce élevée en grande échelle dans le monde.

92
2.1.1. Biologie des Rotifères
Les Rotifères présentent des variations morphologiques plus ou moins
marquées aux quelles s'ajoute des variations de taille avec des souches (S) de 120
à 160 µm et des souches (L) de 250 à 260µm.

93
La première (S) est thermophile avec une croissance optimale au dessus de
20°C, la seconde souche (L) plus tolérante aux températures inférieures à 20°C
(plus adaptées aux espèces des eaux fraîches), les petits brachions seront par
contre plus accessibles aux larves des poissons marins.
Les Rotifères se reproduisent plus par voie parthénogénétique, qui peut être
interrompue par une phase de reproduction sexuée stimulée par des facteurs
abiotiques (température, densité, alimentation...) ou biotiques (age).
La femelle sexuée peut produire des mâles nains en absence de fécondation ou
des œufs de durée après fécondation. Les œufs de durée à coque épaisse et
ornementée assurent la survie après diapause, ils donnent toujours des femelles
amictiques (œufs ayant subit une méiose).

94
95
2.1.2. Elevage des Rotifères
Les souches de Rotifères sont prélevées des populations naturelles, avec
isolement des femelles (amictiques) des femelles sous microscope afin de
sélectionner des clones à reproduction parthénogénétique.
Les femelles sont ensuite conservées dans des fioles de 2 à 5 litres à 18°C et
25 psu (identique au milieu de culture des algues en cultures), La concentration des
rotifères est au maximum de 30 à 40 femelles par ml.
La nourriture est distribuée tous les deux jours sous forme d'algues
(Tetraselmis succica 250000 cellules/ml.) L'élevage s'est réalisé dans des cuves
cylindro-coniques de 0.5 à 2 m3, les prélèvements se font par les côtés, les
déchets sont purgés par le fond. Le milieu d'élevage est filtré entre 5 et 25µm,
fortement aérés (agité) avec une régulation thermique entre 25 et 27°C et une

96
salinité de 25psu. L'élevage est qualifié de semi continu du fait que le quart e la
production est prélevé chaque jour et remplacé par l'eau et la ration alimentaire.
La ration est ajustée chaque jour après le dénombrement sous loupe de la
densité des rotifères quant à l'alimentation on peur utiliser des espèces d'algues
avec, couramment:

Monochrysis (Pavlova) lutheri :


2,5 Millions de cellule par millilitre pour une densité de 100-200 Rot./ml.

Tetraselmis (Platymonas) suceica :


0.5 Millions de cellule par millilitre pour une densité de 100-200 Rot./ml.

Chlorella sp.
10.5 Millions de cellule par millilitre pour une densité de 100-200 Rot./ml.

97
Les levures sont aussi utilisées comme aliment. La levure de boulanger
Saccharomyces cerevisiae est employée fraîche dans l'eau diluée douce avec une
quantité calculée suivant les formules suivantes:

C < 200 m = 0.97 x V x C


C > 200 m = 0.97 x V x 200
m = quantité de levure en gramme. V = volume du milieu en litre. C = concentration des
rotifères

L'aliment composé peut être ainsi utilisé ou encore des mélanges algues,
levures et aliment composés.

98
2.2. Culture d'Artemia

Vers les années trente on a découvert que les nauplii d'artémia constituent
une excellente source de nourriture pour les larves et les alevins des poissons.
Cette nourriture vivante peut être produite facilement à partir de (kystes)
cystes qui représentent des embryons en diapause.

Très rapidement, l'Artemia = crevette des marais salant est reconnues


comme source intéressante d'alimentation pour de nombreux animaux:
Foraminifère, polychètes, crustacées, cœlentérés, plathelminthes, poisson,
chaethognates, poisson. 85% des poissons marins sont nourris d'Artemia.

99
2.2.1. Biologie
L'Artemia est un crustacé branchiopode. Il accomplit son cycle de
développement dans les salines jusqu'à 300 psu. Dans les salinés l'Artemia
prolifère en absence de toute autre espèce. Seul le cyprinodon(poisson euryhalin)
continu à les consommer aux fortes salinités (>170 psu ).

100
L'Artemia présente également deux souches: l’Artémia sp. bisexuée souche
tunisienne et l'Artemia parthénogénétique

Les femelles parthénogénétiques donnent directement des nauplii. Les


femelles de la souche bisexuée donnent des cystes = oeufs de durée qui
s'accumulent sur les berges des salines, les oeufs ou kystes renferment un
embryon quasi déshydratés au stade gastrula. Ils constituent ainsi, une forme de
résistance particulière et peuvent rester vivantes pendant longtemps.

La récolte de cyste se fait manuellement sur les berges ou par bateau au


centre des grands lacs. La production varie de 10 à 100 Kg /ha/an.

Les cystes sont séparés des sédiments et des déchets par décantation,
filtration et lavage entre eau salée et eau douce. Ils sont ensuite séchés et
conditionnés au sec dans des boites serties sous atmosphère d'azote de
préférence. La consommation mondiale est d'environ 2000 tonnes par an.

101
102
2.2.2. Culture et utilisation des nauplii :
C'est sous la forme de nauplii fraîchement éclos que l'Artemia est le plus
souvent utilisée.
L’incubation des cystes se déroule selon des conditions optimales de salinité,
de température, d'oxygène dissous etc.

103
 On commence par une hydratation à l'eau douce pendant une à deux heures à
raison de 2 à 5 grammes/litre.
 L'incubation se fait dans des cuves cylindro-coniques avec aération par le
fond.
 La salinité optimale est de 35 psu avec une température de 25 à 30°C et un
éclairement idéal de 1000 lux.
Dans ces conditions l'éclosion aura lieu entre 18 et 24 heures.

104
105
Les performances des cultures sont évalués en fonction du :
 le taux éclosion 35 à 83% selon l'origine des cystes il s’agit du nombre de
nauplii éclos à partir de 100 cystes. (N/C x 100), ne tient pas compte des
impuretés
 Le temps d'éclosion de 90%, évaluer à partir du temps :
T0 : apparition du premier nauplii, T10, T50, T90…ce taux permet
d’évaluer la synchronie :
TS = T90 – T10
TS asynchronie TS synchronie.
 L’efficacité d’éclosion : nombre de nauplii produit à partir d’un gramme de
cystes, ceci tiens compte des impuretés, et non pas de la taille, ce taux
varie entre 105 et 300000 nauplii.
 Le rendement exprimé en mg de poids sec de nauplii par gramme de cystes.
 La taille des nauplii : 420 à 430 µm en moyenne.

106
La séparation des nauplii par rapport aux cystes non éclos, chorions, déchets,
s’effectue après l’arrêt de l'aération (10 mm) qui permet de repartir les nauplii en
plein eau les coques vides en surfaces et les oeufs non éclos au fond.
Les nauplii sont photophyles ce qui permet de les concentrer par éclairage
latérales des cuves transparentes.

Evolution de l’éclosion des cystes entre 0 et 24 heures

107
Les nauplii instar I doivent être distribués dès l'éclosion pour conserver toute
la valeur nutritive et énergétique, les metanauplii obtenue après 24 à 48 heures
sont de plus grande taille et sont capable de s'alimenter. Leur mode de nutrition
est non sélectif: levure, algue, alimentation artificielle d'où la possibilité de les
enrichir en acides gras, antibiotiques, etc. L'enrichissement ou dopage est
s'effectue en eau de mer aérer pendant 3, 6, 12 et jusqu'à 24 heures.

108
2.2.3. La biomasse d'Artemia = Artemia adulte.
L'Artemia est en général utilisé comme nauplii en élevage larvaire bien que les
adultes présentent des qualités alimentaires appréciables:
 60% de protéines
 riche en acide aminés essentiels EAA

109
 riche en acide gras polyunsaturés (PUFA)
 10% de cendres seulement
L'utilisation des adultes est plus ou moins écartée du fait de la disponibilité
du produit frais et proche des fermes aquacoles. La production de biomasse
d'Artemia peut s'effectuer en culture intensive ou extensive:

110
Culture extensive
Réalisé en général dans les lagunages ou étang de rejet aquacoles ou par
évaporation jusqu'à plus ou moins 100psu. On peut créer un milieu favorable et sans
prédateurs, la productivité (phytoplancton) peut être stimulé par ajout de
substances nutritives (fiente de volaille, engrais non organiques) ainsi on peut
produire facilement 5 g/m²/jour, ce type de cultures est possible en zones
tropicales.

Cultures intensives:
Sont réaliser en circuit fermé sans renouvellement d'eau du stade nauplii au
stade adulte dans les bassins à forte circulation et aération vigoureuses (pompe air
eau, air water lift AWL ).

111
L'aliment utilisé avec succès est le son de riz ou lactosérum ou encore la
levure en respectant la taille d'une particule <50µm.
 Bassin 300 litres, 60x90x60,  AWL 4cm, 7litres air/mn
 Bassin de 2m3, 30x30x75,  AWL 5cm, 14litres air/mn.
 Bassin de 5 m3, 140x500x80, AWL 5cm, 16litres air/mn.
La pompe à air eau amène un aération optimale du milieu sans endommager les
Artemia, les déchets (matières en suspension, pelotes fécales et excréments) sont
éliminées par séparateurs à sédimentation qui laisse l'Artemia dans le bassin.

112
2.3. Collecte de zooplancton
Le plancton naturel peut être collecté par pompage continu, Il est composé à
85% de copépodes avec une variation quantitative saisonnière = 500 à 10000
Ind/m3. Il peut être utilisé en complément pour des élevages à terre, prise en
considération dans les élevages en cage.

113
Elevage de Poissons

1. Caractéristiques des poissons


Les élevages aquacoles concernent surtout les espèces appartenant au super
ordre de Téléostéens à l'exception des esturgeons qui appartiennent au super
ordre des Chondrostéens.
Les poissons possèdent un corps fusiforme bien adapté aux déplacements
dans l'eau, le corps des poissons est couvert d'écailles incrustées dans le derme et
couvertes par une couche de cellules vivantes et constitue le premier rempart
contre le pénétration des microbes.
Le squelette est axé sur la colonne vertébrale qui maintien les muscles, les os
des poissons ne sont pas dures et ne possèdent pas de moelle osseuse (les cellules
sanguines sont élaborées par des zones spécialisées des reins).

114
Les muscles représentent environ 40% du poids du corps et constituent la
principale partie comestible du poisson.
La bouche peut avoir une ouverture plus ou moins large et une dentition
adaptée au régime alimentaire. Les planctophages et les fouisseurs retiennent
l'aliment grâce aux arcs branchiaux ou branchiospines.
Les poissons possèdent des organes de sens bien développés dont l'olfaction
sensible aux odeurs appétentes tel que les acides aminés incorporés aux diètes des
poissons d'élevage.
Les organes de sens permettent aux poissons de détecter des changements
de salinité de l'ordre de 0,2 psu et des changements de température de 0.03°C, ils
réagissent aux variations de la pression hydrostatique grâce au vessies natatoires.
Dans la nature les poissons s'enfoncent avant les tempêtes, quittent les lagunes
avant les orages, en élevage la prise de nourriture est également perturbée par les
pluies et les orages.

115
La ligne latérale est sensible aux variations de fréquence au sein de l'eau
(courants), bancs de congénère, parois ou rocher.
Le tube digestif est classique avec œsophage, un estomac souvent allongé
chez les prédateurs (avaler une proie entière), (les alevins peuvent garder des
congénères pendant plusieurs jours moitié en digestion moitié dehors), en élevage
cannibalisme alevins à deux têtes.
L'estomac débouche latéralement sur un intestin court chez les carnivores,
long chez les herbivores et les planctonophages. A la sortie de l'estomac se trouve
souvent les coeucums pyloriques (sac clos débouchant sur l'intestin au sein des
quels se déroule la digestion protéique). L'intestin est tubulaire entourant la rate,
le fois est volumineux, les reins se présentent le long de la renie natatoire.
L'osmorégulation active chez est une fonction physiologique consommatrice de
l'énergie extraite de l'alimentation. Ainsi la sélectivité d'un milieu élevage a un
impact direct sur l'utilisation de la nourriture.

116
Les fonctions respiratoires et circulatoires sont assurées par les branchies et
le cœur.

Le système immunitaire chez les poissons est assuré par les globules blancs
(leucocytes) que l'on peut subdiviser en lymphocytes, macrophages et granulocytes
à fonctions différentes qui permettent à l'animal de reconnaître et éliminer les
agents pathogènes que le poisson rencontre.
- Les macrophages et granulocytes consomment sans distinction les corps
étrangers bactéries ...et présentent les mêmes réactions quelque soit l'organisme.
-Les lymphocytes distinguent les catégories de cellules et mémorisent les
agresseurs. Ils sont capables de réagir et confèrent un imite acquis, et c'est sur
cette réaction que sont basées les vaccinations.

117
2. Contraintes d’élevage de poisson
La réussite de production de poissons en élevage dépend des plusieurs
contraintes biologiques et écologiques liés aux espèces, ainsi que des contraintes
techniques.

2.1. Contraintes biologiques


Les principales contraintes biologiques sont liées aux :
- La durée élevage nécessaire pour obtenir un produit commercialisable des
espèces ayant une croissance trop lente ne sont pas intéressantes pour
l'aquaculture (le sar). Ainsi un élevage lent en eau froide peut être rentable en eau
plus chaude.
- Le taux de transformation de l'aliment ingéré en biomasse de poissons
(rapport entre le poids d'aliment composé distribué et le gain de poids du poisson =
taux de conversion) ce taux ne doit pas être très élevé pour que l'élevage reste

118
rentable. Notons que tout poisson mort durant l'élevage fait augmenter le taux de
conversion (puisque ce poisson a consommé des aliments mais ne figurera pas dans
la biomasse finale).
Ce taux est généralement inférieur à trois (3) pour la truite, le saumon, le
loup , la daurade , le turbot, alors qu'il est supérieur à quatre (4) pour les pélagique
(thon, sériole).
- La densité (charge) maximale compatible avec la croissance optimale.
Certaines espèces supportent plus que d'autres les densités élevées loup,
saumon.#10kg/m3, anguille en grossissement 400kg/m3.
- La rusticité de l’espèce exprime sa capacité de survivre et à croître dans
des conditions physico-chimique variables, à supporter des manipulations = tris,
traitement et conditionnement d'élevage. Les poissons marins sont généralement
les plus fragiles et sensibles aux différents stress.

119
2.2. Contraintes écologiques

Ce sont les contraintes liées principalement au site dont les conditions doivent
correspondre le plus possible une exigence biologiques des espèces. Avec comme
principal facteur le température optimale ; exemple : 22-23°C loup, 25°C daurade,
le milieu offrant le plus longtemps ces conditions est le plus favorable à la
croissance et la conservation. Cependant, des complications parviennent lorsque les
espèces exigent différentes températures pour la reproduction et la croissance.
Exemple : 14°C pour la reproduction, 20-25°C pour la croissance du loup.

120
2.3. Contraintes techniques

Les techniques et les moyens d’élevage peuvent moduler et gérer des


contraintes liés au site et aux espèces ainsi :
 le distributeur automatique d'aliments s'avère plus rentable (main d'œuvre,
perte d'aliment) et engendre une meilleure croissance si le nombre de
distributions journalières est élevé (loup en cage).
 Les espèces exigeantes un aliment vivant ne sont pas « maitrisables » en
méditerranée (seriole)
 La maîtrise des élevages d'autres espèces (coryphène)
 Le conditionnement à l'eau de mer (complémentation d'aliment autre stress -
Tilapia).
 Le pompage d’eau froide pour les salmonidés.

121
3. Reproduction et obtention des larves :
La reproduction des poissons est conditionnée par plusieurs facteurs dont
l’alimentation, la température, la photopériode.

3.1. L'alimentation:
Les besoins métaboliques sont couverts par l'alimentation qui est le premier
facteur de régulation de la gamétogenèse - la reproduction consomme de l'énergie
que l'animal obtient de sa nourriture, la maturation ne s'effectue pas chez les
poissons amaigris ne disposant pas de réserve mobilisable suffisante chez le loup
lorsque l'alimentation cesse avant la ponte, l'adiposité diminue et les gonades
continuent à grossir.

122
3.2. La température :
Elle intervient directement en agissant sur l'activité gonadotrope du complexe
hypotalamo-hypophysaire produisant le GTH. de même l'aire de la reproduction
géographique d'une espèce est répartie en aire centrale où les conditions (T°) sont
optimales et où la reproduction est possible et une aire de répartition stérile dans
laquelle la reproduction ne peut pas avoir lieu même si les reproducteurs sont
présents.

3.3. La photopériode:
Lorsque les autres facteurs sont identifiés, la photopériode joue un rôle très
important dans la gamétogenèse. Lorsque la gamétogenèse s'effectue en
photopériode décroissante, une photopériode artificielle contractée permet
d'obtenir l'ovulation de façon précoce.
L'action de la photopériode s'exerce par l'intermédiaire des organes
photorécepteurs et à travers du système nerveux.

123
3.4. Le cycle sexuel en captivité:
La nourriture adéquate, le maintien des paramètres à l'optimum : salinité,
température, espace ... constituent les facteurs essentiels de la stabulation des
géniteurs en captivité.
L'obtention de la gamétogenèse en captivité revient à la reconstitution d'un
environnement semblable et compatible avec les exigences naturelles de l'espèce
(température, lumière, substrat,).
La rentabilité des élevages imposent de raccourcir les périodes au minimum-
on peut ainsi décaler les périodes de ponte : en avançant ou en reculant par action
sur la photopériode et la température ; cette organisation "artificielle" des pontes
est programmée avec les stades de développement larvaires et le grossissement.
Le déclenchement de la phase finale de la maturation (ovulation) est
provoquée par injection d'hormones ou de produits à activité gonadotrope.

124
3.5. La ponte l’éclosion et l’incubation des larves:
La ponte et la fécondation se déroulent instantanément dans l'eau, aussitôt
l'oeuf absorbe de l'eau et le chorion se durcit.
L'incubation des oeufs benthiques s'effectue dans des cuves cylindro-
coniques à circulation ascendante afin d'assurer une aération vigoureuse Les oeufs
peuvent être étalées sur des filtres - les oeufs pélagiques sont maintenues en
pleine eau par l’aération et la circulation des eaux.
La durée de l'incubation est variable d'une espèce à l'autre 1 à 5 jours après
la fécondation.
Chez les poissons marins, l'éclosion donne une larve différente des adultes de
petite taille (1,7 à 3,5 mm sparidés, 3,5 loup, thon) pourvue de réserve vitelline
très limitée. La bouche n'est pas ouverte, ni l'anus. Les yeux ne sont pas pigmentés
par contre, les otolites sont visibles dans la vésicule optique- La différenciation
des organes aura lieu dans les jours qui suivent. La formation de la vessie natatoire
est déterminante pour la survie de l’élevage.

125
4. L'élevage larvaire
4.1. Technique
L’élevage larvaire est en général conduit dans des bac cylindro-coniques de 1 à
2m de diamètre, 2 à 8 mètre cube de volume, 1 à 2 mètre de profondeur, les
bassins sont alimentées d’air comprimé qui assure la convection des eaux, le circuit
d’eau est fermé, l’évacuation s’effectue à travers une large surface (0,5m²) en
filet (80 à 400µm) et un tuyau d’évacuation perforé.
Pour le loup la température de l’eau est élevé de 18°C au jour zéro (J0 : jour
d’éclosion) à 20°C vers le jour 10 ensuite à 22°C après 50 à 60 jours. D’autre
élevages démarrent à 14°C J0 atteignent 20°C J18. Les larves de daurade sont
élevées entre 18 et 24 ou 26°C.
La salinité est généralement celle de l’eau de mer 30 à 37psu, les variations
sont sans effet tant que la larve ne se nourrit pas, les teneurs en oxygène dissous
sont maintenues entre 5 et 8 mg/l en évitant la sursaturation, le pH est maintenue
entre 8 et 8,2 (7,8 à 8,3).Les composées azotées tel que l’ammoniac et les nitrites
ne doivent pas dépasser le 0,1mg/l.

126
Les larves du loup sont maintenue à l’obscurité durant les 10 premiers jours, la
lumière atténuée (70 lux) donne des taux de survie élevés, alors que les
éclairement intense (700 à 2000lux) provoquent des malformations et l’absence de
vessie natatoire. La formation de la vessie parait lié à la lumière, l’alimentation et
l’accès à la surface.

Le renouvellement horaire de l’eau varie de 30% (J0 au J20) à 70 ou 100% au


J45. L’eau des écloserie intensives est en général recyclée sur filtre mécanique et
biologique (bassins successifs), de l’eau nouvelle est nécessaire pour compenser
l’évaporation ou réduire les nitrates ou encore pendant le rinçage du filtre
mécanique.

127
4.1. Densité d’élevage larvaire:
En écloserie, la densité larvaire initiale est de 100 larve/l pour le loup dans le
bassin de 2 à 8 m3 - 30 à 60 larve/l pour le turbot et la daurade.
L'élevage avec cette densité donne des taux de survie larvaire instables aux
mêmes conditions soit 12 à 35 % ; la grande densité et les volumes limités de
bassins permettent d'alimenter facilement aux proies vivantes.
Cependant, la moindre pollution ou panne peuvent anéantir tout le contenu
soulignant le risque de ce type dans les élevages intensifs.

Les larves ainsi, élevées sont transférée dans de bassins plus grands à l'âge
de 40-50 jours- Les bassins sont soit sub-carrés soit cylindriques, et c'est dans
ces bassins que se fait le passage de l’aliment vivant à l'aliment sec (le sevrage).

128
4.3. Alimentation sur proie vivante
Les proies vivantes utilisées dans cette etape d'élevage sont limitées à 2
espèces communes dans l'usage de routine en écloserie.
Le rotifères = Brachionus plicatilis est distribué du 4 ème au 25 ème jour
d'élevage chez la daurade, du 2ème jusqu'au 12-15 ème jour chez le loup (lorsqu'ils
sont utilisés dans l’alimentation). La densité de rotifère dans les bacs d'élevage
doit être maintenue à 5/ml jusqu'au 10 ème jour, 3/ml au-delà.
la consommation des rotifères chez les dorades passes :
22 ------------------>au j 4.
156 ______________>j 13
747 ______________>j 24
2151 _____________>j 29

129
L'Artemia: les nauplii d'Artemia fraîchement éclos sont distribuées du 15 au
35-40 ème jours chez la daurade dès le 6-10ème jour pour le loup. La quantité de
nauplii consommée par larve de loup mise en élevage est la suivante :
Alimentation larvaire nauplii metanauplii
Période (jours/éclosion) 10 - 20 15 – 45
Durée d’alimentation (jours) 10 30
Proies (ration journalière, nombre) 55 450
total proie (par larve, nombre) 550 13500

L'utilisation des metanauplii n'est pas généralisée et on se limite


généralement au nauplii qui est équivalent généralement à 0.5 metanauplii (16 µg
nauplii 30 µg metanauplii .
Pour répondre aux besoins nutritifs des larves, les rotifères et les nauplii
sont souvent enrichit avant d'être distribuées aux larves.

130
4.4. Alimentation mixte
Le développement de la fabrication des particules inertes sous forme
d'aliments sec permet de les employer en alternance avec les proies vivantes.
La survie dépassent les 60% pour le loup élevé dans les conditions pilotes = bac de
500 l, densité 100larves par litre, aliment sous forme des microparticules et
microvésicules (solution aqueuse = parois lipidique).

Ce particules de 250 à 400 µm ensuite de 400 à 700 µm contiennent en


moyenne : 57% de protéine, 23% lipides et 4% d'eau.

Elles sédimentent lentement 0.22 cm/s, chaque gramme contient 5 à 11


millions de particules.

131
4.5. Alimentation exclusive sur les micro particules:
L’utilisation exclusive a donné des rendements satisfaisants à l'échelle
expérimentale, à grandeur nature, les survies sont encore faibles, l'aliment
aboutissant à la meilleure survie est composée comme suit:

50% levure sèche


35% poudre de foie de boeuf
5% huile de foie de morue
5% sels minéraux
5% vitamines

Certains travaux confirment l'efficacité quant à la survie mais non pas en


terme de croissance. Toujours est il les prix actuels ne rendent pas ce produit
compétitif.

132
4.6. Le sevrage
Le passage d'une alimentation composée de proies vivantes à une alimentation
inerte est progressif car il implique des adaptations digestives et de
comportement. Sur le plan digestif il faut attendre que la larve acquière des
capacités digestives suffisantes soit environ 45 jours pour les poissons marins. Sur
le plan comportemental, la distribution des proies vivantes est progressivement
réduite et remplacée par l’aliment inerte (plancton congelé ou aliment artificiel),
cet aliment est distribué de façon fréquente de préférence automatisée pour
permettre aux larves de trouver en permanence la nourriture dans le milieu.

133
Les principaux changements morphologiques et de comportement des larves se
résument comme suit :

5 10 15 20 25 30 Jours (Age)

3 4 5 6 7 8 9 10 Longueur totale (mm)

larve juvénile
Phase pélagique phase benthique

inflation de la vessie

Proie avalées Proie dechiquetées


cannibalisme
vitesse de nage# 50 cm/s vitesse de nage 100 cm/s

Séparation nageoire Développement des écailles

Développement des coeucum pyloriques

134
4.7. Effets des pollutions sur les larves
Les larves de poissons sont surtout affectées par les bactéries en phase
écloserie, les bactéries dont la présence dans les cultures d'algues est passive ou
même favorable peuvent être transmises par les Rotifères.

Les larves sont plus sensibles que les adultes à toute sorte de pollution, ainsi :
les hydrocarbures bloquent les organes chimiorécepteurs des larves,
les métaux lourds provoquent des malformations avec des concentrations de
0.02 à 0,05 ppm.
Les détergents sont toxiques à des concentrations de 0,0034 ml/l

135
5. Le Prégrossissement :
En terme aquacole, on désigne par le terme prégrossissement, la phase
d'élevage de poissons sortant de l'écloserie soit à quelques centaines de mg de
poids
Dès que les juvéniles sont adaptés aux aliments secs composés, ils sont placés
en pré grossissement, la manipulation des poissons lors de cette phase doit être
effectuée avec le maximum de soin afin de réduire les mortalités consécutives au
transfert. Avant le transfert, le poisson doit être mis à jeun pendant 24 heures
auparavant et durant une semaine l'alimentation doit être distribuée à la main
(arrêt des distributeurs) et en ration réduite 2 à 1 avec un aliment anti-stress
ainsi que les antibiotiques pendant les deux derniers jours.
Lors de la manipulation les poissons ne devront jamais sortir hors de l'eau
ils sont concentrés dans les bassins à l'aide d'un filet sans nœud de 4mm de maille
(2,5 m x 1m, tige en bois, poche).

136
La récupération est pratiquée à l'aide d'un seau avec transfert dans un petit
bassin de comptage et de tri avant d'être prélevé à la tasse dans le bac de
transport (des compteurs électroniques ou visuels sont utilisés).

Des bacs de transport spéciaux (cubitainer) sont utilisées pour 24 heures de


trajet avec une charge de : 4 à 10 gramme de poisson/l pour les alevins de 20 mg,
ou 25 gramme de poisson/l pour les alevins de 4 g.
L'eau est de préférence légèrement dessalée 25-30%° avec une injection
d'oxygène pur.
Le prégrossissement proprement dit s'effectue dans des bassins
longitudinaux "raceway" de 3 à 30 m de long sur 1 à 3 m de large et jusqu'à 80 m3
de volume. Les bassins sont construits en plastique ou en ciment. Les conditions de
milieu pour le loup peuvent être maintenues comme suit:

137
Paramètres min optimum max
Température 11-15 23-27 29
Oxygène dissous 3 mg/l (50%) 90% saturation
Salinité 0,5 10-30 40
pH 7,5 7,7-8,3 9
Ammonium 0 0 1mg/l

Quant à la charge dans les raceway elle commence par 1 à 13 kg/m3 pour
atteindre 30 Kg/m3 en fin de grossissement, à ce niveau il est considéré une
oxygénation et un renouvellement d'eau appropriée, (à la charge de 30 Kg/m3, la
relation débit biomasse est de 1,67 Kg pour 1m3).
Le renouvellement d'eau est 0,5 à 4 fois/heure pour une charge de 1 à 15
Kg/m3 .

138
L’aliment composé distribué contient : 45 – 50 % de protéines, 1 à 15% de
lipides ; les distributions de l'aliment courtes et fréquentes sont plus favorables à
la croissance.
Le taux de nourrissage : c’est la "quantité d'aliment sec distribué en fonction
de la biomasse en élevage" elle varie selon les élevages et le poids des animaux:

Poids des alevins Taux de nourrissage Température


0,4-1g 6à8% à 20-25°C
1-5g 3-6% " "
5-20 g 3% " "
20-50 g 2,5% " "
A basse température 10-13°C, Ce taux diminue jusqu'à 0,5 à 1%.

139
Le taux de transformation =
Il s’agit du rapport "Poids sec d’aliment distribué / poids humide du produit" il
varie de 1,4 à 2,5 dans les élevages contrôlés.
La croissance des juvéniles est assez variable suivant la température et
l'alimentation, ainsi à partir d’un poids initial de 0,5 g, alevin à la sortie de
l'écloserie et âgée de 70 à 80 jours le poids atteint 3 g à 140 jours avec une
température de 18°C, 4 g à la température de 25°C. Pour les poissons nés en
janvier le poids moyen varie entre 20 et 80 g (30-40 g moyenne) en octobre.

140
La variation de la croissance peu engendrer des phénomènes de cannibalisme
d'où la nécessité des tris malgré le stress qu’ils provoquent.
La survie en phase de pré grossissement est de l'ordre de 90 à 95%, ce taux
est affecté surtout par les basses températures <10 °C.
Les raceways doivent être bien nettoyés et entretenus (journalier).
Quant aux antibiotiques, ils ne sont pas utilisés d'une façon systématique,
mais sont employés en nourriture médicamenteuse à base d'antibiotiques :
Nitrofurazone
Furazolidone (bain 18 g/m3)
Tétracycline
Chloranmphenicol
Acide oxolinique 80g __> 100 Kg. Incorporé à l'aliment.

141
6. Le grossissement en bassins

Le grossissement concerne les poissons ayant le poids supérieur 3 g


généralement 5-10g, parfois 20 g.
Le grossissement intensif lancé vers 1976 (pour le loup) est conduit dans des
bassins de 150 à 300 m3 type raceway ou circulaires.
Les charges moyennes varient entre 10 et 15 Kg/m3 et jusqu'à 40 Kg/m3 si
l'on assure l'apport en O2 pur.
L'alimentation est exclusivement inerte (50% protéines, 9 à 12% lipides). Le
taux de nourrissage journalier est de 1,5% (14-16°C), 2,5% (24-26°C) pour les
poissons de plus que 200 g .

142
La croissance reflète généralement les conditions de température et
l'alimentation, ainsi en Méditerranée on obtient des :

Poissons de 300-400g 15 mois 25°C


Poissons 350 24 10-20°C
Les taux de conversion varient entre 1,9 et 3 exceptionnellement 1,2. La
qualité d'un même aliment commercial peut être fluctuante.
Dans les conditions de routine, la mortalité ne dépasse guère les 1 à 2%. De
même, les problèmes pathologiques sont moins aigus du fait de la résistance accrue
des poissons.
Le grossissement en bassins nécessite un échange d'eau important soit un
renouvellement de 0,5 à 4 fois par heure.
Les captures du produit sont plus faciles dans les bassins videngeables et en
béton.

143
7. Grossissement en cage.
Lorsque la température le permet, le grossissement en cage est possible pour
les alevins de 3 g. Dans tel cas une surveillance et une distribution d'aliments
fréquentes sont nécessaires.
Les conditions du milieu sont analogues au pré grossissement en bassins, le
renouvellement d'eau ne se pose pas, par contre, les filets à mailles réduites
doivent être fréquemment échangées à cause des salissures et des colmatages.
Le grossissement en cage est le plus fréquent. Il existe plusieurs types de
cages dont les cages immergées, les vides de mailles du filet passent
progressivement de 7-12-20 mm suivant la taille du poisson.
La croissance est bien régie par l'évolution saisonnière de la température.
Généralement, le grossissement en cage réduit énormément les problèmes
pathologiques sinon les eaux colorées et les blooms toxiques.

144
8. Grossissement extensif
A la différence de l'aquaculture intensive, où l'eau sert uniquement de
support physique, l'élevage extensif, met en œuvre les réseaux trophiques naturels
afin d'aboutir à des tailles commerciales. Ce type d'élevage est surtout pratiqué
dans les milieux fermés étangs, ou semi fermés lagunes ; il est surtout productif
pour les espèces d'eau douce où l'on intervient par l’enrichissement des milieux
afin de favoriser la productivité.
Pour les espèces d'eau douce, les conditions de grossissement sont variables
en fonction des aliments ; en zone tempérées l’élevage dure entre 2 et 3 ans, alors
qu'en zone tropicale le grossissement de Tilapia demande 6 à 9 mois dans les deux
cas les poissons reçoivent une alimentation supplémentaire.

145
Dans les étangs européens, on distingue pour les cyprinidés les étangs
d’alevinage et les étangs de croissance qui reçoivent entre 10000 et 50000
poissons par hectare selon la productivité des étangs, le rendement est de l'ordre
de 1000 Kg/ha/an.
L'empoisonnement s'effectue suivant la formule
N= (R/P) x 100/(100 – X)

N: nombre de poissons à mettre en élevage


R: rendement moyen de l'étang kg/ha/an.
P: Poids moyen individuel des poissons récoltés
X: Pertes = mortalité naturelle en % de poisson.

146
9. La polyculture
Elle consiste à cultiver des espèces de poissons dans le même milieu ou
chacune exploite une niche écologique différente, ainsi, on peut avoir jusqu'à 5
espèces non concurrentes.
 Les planctonophages consomment le zooplancton carpes dorés, le
phytoplancton carpe argenté.
 Les macrophytophages: consomment surtout les macrophytes aquatiques :
carpe herbivore.
 Les détritivores: qui se nomment sur le fond : carpe commune.
La récolte des captures est facilitée soit par vidage soit par le fait que les
étangs sont généralement de petite taille.

147
10. Aquaculture intégrée
On désigne par ce terme l'intégration des activités agricoles ou d’épuration
des eaux lorsqu'ils mettent en œuvre un processus de lagunage naturel
(aquaculture/épuration).
Cette pratique est courante au sud est asiatique tel que l'élevage de poulets
canards, vaches, en bordures d'étangs ou sur des claies au dessus des étangs. Le
recyclage s'effectue directement dans l'étang.
Un autre type d'intégration consiste à exploiter les eaux chaudes
géothermales pour la production d'espèces tropicales.

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11. Le repeuplement
C'est la technique de production contrôlée des alevins qui seront relâchées
dans le milieu naturel. La capture est effectuée par pêche. Le repeuplement est
pratiqué en Tunisie dans les retenues de barrages (empoisonnement).
L'une des opérations de repeuplement les plus spectaculaires a permis de
lâcher 2 milliards juvéniles de saumon à partir des fleuves du pacifique (USA,
CANADA, JAPON).
Autres aspects de l'aquaculture extensive
La valliculture la pêche lagunaire méditerranéenne sont des aspects de
l'aquaculture extensive.

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12. Différence entre l'élevage du loup et de la daurade
En Méditerranée, les élevages du loup et de la daurade ont démarrés vers les
années 70. Toutes les phases de reproduction (maturation, induction de la ponte,
incubation des œufs), de l'élevage larvaire et de grossissement ont été étudiées
conjointement avec des techniques identiques, la différence porte sur
 L’hermaphrodisme : les jeunes daurades deviennent male fonctionnel et
ultérieurement femelles.
 La température : la daurade préfère à tous les stades des températures
de 2 à 3°c supérieures à celles du loup, 18 à 20 °C pour la ponte et
l'incubation, 18-26°C pour les larves et jusqu'à 30°c pour le
grossissement.
 Salinité optimale va de 33 à 35psu pour la ponte, 30 à 50psu pour les
œufs et 15 à 25psu pour les larves.

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 Les larves très petites exigent des très petites proies (élevage
particulier).
 Tous les stades sont plus sensibles que le loup vis à vis des faibles teneurs
en O2 dissous et la température elles meurent à 5°C avec un optimum
entre 25 et 26°C.
 La croissance de la daurade est plus rapide que celle du loup
100 à 120 g 1 an
300 à 400 g 2ans
600 à 800 g 3 ans
 plus sensibles aux facteurs physiques (tris, manipulations) aux maladies et
aux parasites.

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