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IDÉOLOGIE
ET UTOPIE
(Une introduction à la sociologie de la connaissance)
IDÉOLOGIE ET UTOPIE
(Une introduction à la sociologie de la connaissance)
Avant-Propos
Préface
I Définitions de concepts
Il. Le Concept d'idéologie dans la perspective
historique
III De la Conception particulière à la Conception totale
de l'idéologie
IV Objectivité et parti -pris
V Passage de la théorie de l'idéologie à la Sociologie de
la Connaissance
VI La Conception non évaluative de l'idéologie
VII Passage de la Conception non évaluative à la
Conception évaluative de l'idéologie
VIII Jugements ontologiques impliqués dans la
Conception non évaluative de l'idéologie
IX Le Problème de la « conscience fausse »
X La Recherche de la réalité par l'analyse de l'Idéologie
et de l'Utopie
Avant-propos
A. C.
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 10
Préface
I
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 13
II
III
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 32
IV
Louis WIRTH.
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 41
PREMIÈRE PARTIE
IDÉOLOGIE ET UTOPIE
I. - DÉFINITIONS DE CONCEPTS
La majeure partie des études sur l'idéologie n'atteignent jamais le plan d'une tentative
d'analyse systématique ; elles se limitent habituellement à des références historiques ou
aux considérations les plus générales. A titre d'exemple, nous citons les oeuvres bien
connues de Max WEBER, Georg LUKACS, Carl SCHMITT, et plus récemment :
KELSEN Hans, « Die philosophischen Grundlagen der Naturrechtslehre und der
Rechtspositivismus », no 31 des Vorträge der Kant Gesellschaft, 1928.
Les ouvrages éminents de W. Sombart, Max Scheler et Franz Oppenheimer sont trop
connus pour demander des références détaillées. Dans un sens plus large, les études
suivantes sont d'un grand intérêt:
RIEZLER K., « Idee Und Interesse in der politischen Geschichte », Die Dioskuren, vol.
III (Münich 1924).
SZENDE Paul, Verhüllung und Enthüllung (Leipzig, 1922).
ADLER Georg, Die Bedeutung der Illusionen für Politik und soziales Leben (Iena 1904).
JANKELEVITCH « Du rôle des idées dans l'évolution des sociétés », Revue
philosophique, vol66, 1908, pp. 256 sq.
MILLIOUD M. La formation de l'idéal, ibid., pp. 138 sq.
DIETRICH A., « Kritik der politischen Ideologien », Archiv für Geschichte und Politik,
1923.
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 50
Que nous nous trouvions ici en présence d'une source d'erreur, c'est ce que montre le
passage suivant :
réel, dont on puisse suivre les traces de façon continue à
travers l'histoire de la pensée, entre cette anticipation et la
conception moderne de l'idéologie.
1 MEUSEL Fr., Edmund Burke und die französische Revolution (Berlin 1913), p. 102,
note 3.
2 Carl SCHMITT a fort bien analysé ce mode de pensée contemporain caractéristique
quand il a dit que nous avons continuellement peur de nous égarer. En conséquence, nous
sommes perpétuellement en garde contre les fausses apparences, les sublimations et les
réfractions. Il signale que le mot simulacra qui apparut dans la littérature politique du
XVIIe siècle peut être considéré comme un précurseur de l'attitude actuelle (Politische
Romantik, 21 édition, Munich et Leipzig, 1925, p. 19).
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 54
Ce qui est important pour nous est que, bien que nous
les ayons séparés dans notre analyse, les deux courants qui
ont conduit aux conceptions respectivement particulière et
totale de l'idéologie et qui ont approximativement la même
origine historique, commencent maintenant à se
rapprocher plus étroitement. La conception particulière de
l'idéologie se fond avec la conception totale. Ceci devient
apparent pour l'observateur de la manière suivante :
précédemment, un adversaire représentant une certaine
position politico-sociale était accusé de falsification
consciente ou inconsciente. Maintenant, la critique est
plus absolue du fait qu'ayant discrédité la structure totale
de sa conscience, nous ne le jugeons plus capable de
penser correctement. Cette simple observation signifie, à
la lumière de l'analyse structurale de la pensée que, dans
des efforts antérieurs pour découvrir les sources de
l'erreur, la déformation était trouvée seulement sur le plan
psychologique en montrant les racines personnelles du
parti pris intellectuel. L'annihilation est maintenant plus
absolue puisque l'attaque est menée sur le plan
noologique et que la validité des théories de l'adversaire
est sapée en montrant qu'elles sont uniquement fonction de
la situation sociale généralement prédominante. C'est ici
qu'un stade nouveau, et peut-être le plus décisif, dans
l'histoire des modes de pensée, a été atteint. Mais il est
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 62
1 Cf. PICAVET, Les Idéologues, essai sur l'histoire des idées et des théories
scientifiques, philosophiques et religieuses en France depuis 1789 (Paris, Alcan, 1891).
DESTUTT DE TRACY, fondateur de l'école sus-mentionnée, définit comme suit la
science des idées : « Cette science peut s'appeler Idéologie si l'on ne fait attention qu'au
sujet ; Grammaire générale si l'on n'a d'égard qu'au moyen ; et Logique, si l'on ne
considère que le but. Quelque nom qu'on lui donne, elle renferme nécessairement ces
trois parties ; car on ne peut en traiter une raisonnablement sans traiter les deux autres.
Idéologie me paraît le terme générique parce que la science des idées renferme celle de
leur expression et celle de leur déduction. » Les Éléments d'Idéologie (1re édition, Paris,
1801), citation empruntée à la 31 édition, la seule que j'aie pu me procurer (Paris, 1817,
p. 4, note).
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 66
1 Cf. WEBER Max, « Politik als Beruf », in Gesammelte Politische Schriften (Munich,
1921), p. 446.
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 71
1 Cf. LASK B., Die Logik der Philosophie und die Kategorienlehre (Tubingen, 1911)
emploie le ternie hingelten afin d'expliquer que les formes catégoriques ne sont pas
valables en elles-mêmes, mais seulement en référence de leur contenu toujours changeant
qui réagit inévitablement sur leur nature.
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 81
1 Par stabilité sociale, nous n'entendons pas une absence totale d'événements ni la
sécurité de l'existence individuelle, mais plutôt la fixité relative de la structure sociale
totale existante, qui garantit la stabilité des valeurs et idées dominantes.
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 85
Ce point de vue, qui est basé sans aucun doute sur une
attitude particulière envers la réalité sociale et historique,
laisse voir à la fois les possibilités et les limitations qui y
sont inhérentes pour la compréhension de la vie sociale et
de l'histoire. A cause de son mépris pour l'histoire, un
aperçu mystique qui la considère du point de vue d'un
autre monde, court le risque de négliger les importantes
leçons qu'elle peut offrir. Une véritable compréhension de
l'histoire ne peut venir d'une perspective qui déprécie
l'importance de la réalité historique. Un examen plus
circonspect des faits montre que, même si aucune
cristallisation finale ne ressort du processus historique,
quelque chose d'une signification profonde transpire dans
le domaine de l'histoire. Le fait même que tout événement
et même tout élément significatif dans l'histoire est lié à
une position temporelle, spatiale et relationnelle et que,
par conséquent, ce qui se produit une fois ne peut pas se
produire toujours, le fait que, dans l'histoire, les
événements et les significations ne sont pas réversibles, en
un mot, le fait que nous n'y trouvons pas de situations
absolues, indique que l'histoire n'est muette et dénuée de
sens que pour celui qui s'attend à ne rien apprendre d'elle
et que, dans ce cas plus que dans toute autre discipline, le
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 96
IX. - LE PROBLÈME DE
LA « CONSCIENCE FAUSSE »
1 Une représentation peut être erronée ou inadéquate à la situation parce qu'elle est en
avance sur elle, aussi bien qu'en étant vétuste. Nous examinerons d'une façon plus précise
ce sujet dans la deuxième partie où nous traitons de la mentalité utopique. Il suffit, pour
l'instant, de noter simplement que ces sortes de représentations peuvent être en avance sur
la situation ou rester en arrière.
2 Nous espérons démontrer dans notre étude subséquente de la mentalité religieuse que
la Perspective utopique qui transcende le présent et est orientée vers l'avenir. n'est pas un
simple cas négatif de la Perspective idéologique qui dissimule le présent en s'efforçant de
le comprendre en termes du passé.
3 Cette conception de l'idéologie n'est concevable que sur le plan du type général et
total de l'idéologie et constitue le second type évaluatif d'idéologie que nous avons
Précédemment distingué du premier ou concept non-évaluatif.
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 102
X. - LA RECHERCHE DE LA RÉALITÉ
PAR L'ANALYSE DE L'IDÉOLOGIE
ET DE L'UTOPIE
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 103
1 Rien ne pourrait être plus inutile et incorrect que de discuter comme suit : Puisque
toute forme de pensée historique et politique est basée, jusqu'à un certain point, sur des
assertions métathéoriques, il s'ensuit que nous ne pouvons accorder notre confiance à
aucune idée ou forme de pensée et, par suite, peu importe quels arguments théoriques
sont employés dans un cas donné. Ainsi, chacun de nous devrait compter sur son instinct,
sur ses intuitions personnelles et intimes ou sur ses intérêts privés, selon ce qui lui
convient le mieux. Si chacun de nous agissait ainsi, quel que soit son point de vue
partisan, il pourrait s'y attacher en toute conscience et même se sentir le cœur tout à fait
léger à ce sujet. Pour défendre notre analyse contre la tentative de l'utiliser pour un tel but
de propagande, on peut dire qu'il existe une différence fondamentale entre, d'une part un
esprit partisan aveugle et l'irrationalisme qui naît d'une pare indolence mentale ne sachant
voir dans l'activité intellectuelle qu'une propagande et des jugements personnels
arbitraires, et, d'autre part, le type de recherche qui s'intéresse sérieusement à l'analyse
objective et qui, après avoir éliminé toute évaluation Consciente, découvre un résidu
d'évaluation irréductible inhérent à la structure de toute pensée. (Pour un exposé plus
détaillé, cf. mes conclu$long dans la discussion de mon étude « Die Bedeutung der
Konkurrenz ira Gebiete des Geistigen », et mes remarques sur le texte de l'étude de W.
SOMMET sur la méthodologie à la même réunion, Verhandlungen des sechsten
deutschen Soziologentages, loc. cit.).
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 106
DEUXIÈME PARTIE
LA MENTALITÉ UTOPIQUE
I. - L'UTOPIE, L'IDÉOLOGIE ET
LE PROBLÈME DE LA RÉALITÉ
§ 77
§ 78
§ 79
1 C'est le mérite d'Alfred WEBER d'avoir fait de cette analyse brillante un instrument
de sociologie culturelle. Nous nous efforçons d'appliquer cette formulation du problème,
bien que dans un sens spécifique, au cas traité ci-dessus.
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 143
III. – CHANGEMENTS
DANS LA CONFIGURATION
DE LA MENTALITÉ UTOPIQUE :
SES ÉTAPES DANS LES TEMPS MODERNES
1 La politique pourrait évidemment être définie d'un certain nombre de manières. Dans
ce cas, nous devons encore rappeler une déclaration faite précédemment : la définition se
rapporte toujours à son but et au point de vue de l'observateur. Notre but est ici
d'esquisser la relation entre la formation de la conscience collective et l'histoire politique
et, en conséquence, notre définition qui implique un choix entre les faits, doit être
rapportée à cette formulation du problème.
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 148
1 Les ouvrages de BAKOUNINE sont cités plus loin. Nous montrerons plus tard que
l'anarchie du genre Bakounine vient appuyer notre opinion que la perspective chiliastique
se prolonge dans le monde moderne.
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 155
dans une idée. Elle suit une autre voie s'écartant de celles
qui ont été mentionnées ci-dessus, lorsqu'elle maintient sa
tendance extatique supratemporelle en se repliant
intérieurement ; dès lors elle n'ose plus s'aventurer dans le
monde et perd contact avec les événements d'ici-bas.
Contraint par des circonstances extérieures, le mode
d'expérience chiliastique-extatique suivit dans une large
mesure, en Allemagne, cette voie de repliement intérieur.
Les sous-courants piétistes que l'on peut suivre à la trace
pendant de longues périodes dans les pays allemands,
représentent un semblable repliement de ce qu'était
autrefois l'extase chiliastique.
1 Quelques-uns des aspects les plus importants de cette tendance ont été bien étudiée
par mon élève Requadt P., Johannes v. Müller und der Frühhistorismus (Münich, 1929).
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 182
1 Cette assertion ne s'applique au socialisme que lorsque nous arrivons au XIXe siècle.
Le socialisme utopique de la « période des lumières » du XVIIIe siècle, à une époque où
les physiocrates interprétaient l'histoire à la lumière de l'idée du progrès, situait son
utopie dans le passé en accord avec la mentalité réactionnaire petite-bourgeoise de ses
adeptes. Sociologiquement, cette fuite dans le passé a bus racines, en partie, dans la
persistance de certains vestiges de l'ancien système de propriété foncière « commune »
qui, dans une certaine mesure, entretient le souvenir des institutions « communistes » du
passé. Au sujet de cette parenté, on trouvera beaucoup de détails dans : GIRSBERGER
H., Der utopische Sozialismus des 18. Jahrhunderts in Frankreich und seine
philosophischen ttnd materiellen Grundlagen, Zürcher Volkswirtschaftliche
Forschungen, Heft 1 (cf. surtout pp. 94 sq,).
Karl Mannheim (1929), Idéologie et utopie 185
SOMBART W.
SAINT-SIMON H. SPANN 0. VEBLEN Th.
de STAHL F.-J.
SALOMON G. SUMMER W.-G. WEBER Alfred
SZENDE P. WEBER Max
SAVIGNY WIRTH L
SCHELER M. TILLICH P.
SCHMITT C. TROELTSCH F. ZIEGLER H.-O.