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Chapitre 2 - Les besoins en eau du milieu urbain

2.1 Caractéristiques du milieu urbain

Une ville peut être considérée comme un système complexe dont le principal aspect est la
concentration, la centralisation d'activités, par conséquent l'infrastructure du milieu urbain se
caractérise par une concentration des services. Il en résulte que l'intensité des échanges sera
grande à tous les niveaux, en particulier dans le domaine de l'eau où les exigences sur le plan
qualité et quantité sont importantes et critiques. Les principaux intervenants dans ce système
peuvent être les suivants:

- Facteur politique :
Processus décisionnel, palier de gouvernement

- Facteur économique :
Activité, le travail, le gagne pain

- Facteur géographique :
Emplacement, avantage naturel, cours d'eau, voie navigable, situation climatique

- Facteur social :
Bien être de la population

2.2 Le service des eaux urbaines

Parmi les services qui sont offerts dans le milieu urbain, trois relèvent de l'hydraulique urbaine,
ils sont :

- La distribution de l'eau potable

- La collecte des eaux usées

- Le drainage urbain

Ces services sont conçus en fonction de la variation des activités :

- Court terme : variations cycliques, saisons, annuelles.

- Long terme : croissance et déclin.

Le service doit répondre à la demande de façon adéquate. Il y a donc des exigences quant à la
performance des différentes infrastructures :
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

- Distribution

Pression suffisante, bien répartie et sans surpression.

Réserves adéquates pour combler les variations de consommation et assurer la protection


contre les incendies.

- Égout sanitaire

Efficace sur le plan hydraulique, doit fournir à la demande, garantir la protection de la santé
publique et respecter l'environnement.

- Égout pluvial

Garantir les conditions de circulation sur les voies carrossables


Réduire les dommages causés par les précipitations

Pour être adéquat, le service hydraulique municipal doit concilier l'efficacité hydraulique et
l'économie. On peut se poser la question : Pourquoi étudier l'utilisation du territoire et son
évolution temporelle en fonction de la démographie ? Les ouvrages doivent être dimensionnés
pour satisfaire, pour un temps prédéterminé, les besoins d'une population généralement
croissante. D'autre part la durée de vie de ces ouvrages est limitée, il faut donc procéder à une
estimation :

- de la population

- de la consommation

pour une période correspondant à la durée de vie envisagée de la structure.

Cette période de dimensionnement est définie comme la période de vie économique de la


structure. Généralement cette période est basée sur la période qui sert à son financement mais
elle peut être plus longue. Les facteurs à considérer dans le choix d'une période de calcul sont :

- le type de structure, son degré de permanence

- le coût: initial
taux d'intérêt
entretien

- l'augmentation potentielle de la capacité

- la possibilité de désuétude, apparition de nouvelles techniques

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2.3 Utilisation du sol

2.3.1 Plan directeur d'aqueduc et d'égout

Il faut connaître :

- la répartition de la population sur le territoire

- l'affectation de chaque zone

- son évolution temporelle

2.3.2 Importance du plan d'urbanisme et de zonage

Le plan d'urbanisme et de zonage définit les zones d'affectation du territoire municipal. C'est un
outil essentiel à la gestion et la planification des plans directeur d'aqueduc et d'égout. Son
principal but étant d'harmoniser les affectations du sol, il permet d'éviter les transformations
brutales de l'affectation et par conséquent des modifications coûteuses de l'infrastructure
hydraulique.

Les classes d'affectation sont en général:

- Résidentielle :
densité faible : maisons uni familiales et jumelées
densité moyenne: maisons jumelées et en rangée
densité forte: édifices à appartements et condominium

- Industrielle

- Commerciale

- Institutionnelle

- Espace vert

2.4 Éléments de démographie

But: permettre la planification de l'utilisation du territoire en termes d'évolution temporelle des


besoins.

Trois composantes déterminantes :

- Natalité

- Mortalité

- La migration (entrée ou sortie)

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Il existe différentes méthodes de prédiction à court et long terme :

- Graphique

- Graphique de comparaison

- Progression arithmétique

- Progression géométrique

- Accroissement à taux décroissant

- Méthode logistique

Il convient cependant de mentionner que toutes ces méthodes n'ont qu'une valeur indicative.
Elles doivent être utilisées avec précaution et en conjonction avec tout élément complémentaire
de nature à pouvoir aider à juger du comportement futur d'une population. Le jugement
personnel, basé sur une connaissance approfondie du milieu, est certainement un atout majeur
pour ce genre d'exercice.

Les périodes d'estimation démographique peuvent être considérées comme les suivantes:

- court terme 3 à 10 ans

- long terme 10 à 30 ans

Le choix de ces périodes est fonction de la vie économique de la structure à projeter.

Plusieurs informations sont nécessaires à l'évaluation démographique d'une population, certaines


sont précises et rigoureuses, par contre, d’autres sont plus subjectives. Les principales sources
d'information sont :

- Les recensements

- Les données d'immigration et d'émigration

- Les répertoires des naissances et décès, les taux de natalité et les taux de mortalité.

- D’autres informations indirectes telles que:


- le nombre d'enfants dans les écoles 5 habitants. pour 1 enfant.
- le nombre de numéros de téléphones 4 habitants pour 1
- le nombre de services, eau, gaz, électricité 3 habitants pour 1

Les méthodes d'estimation sont basées sur une analogie. On estime que l'évolution d'une
population humaine est semblable à celle d'une population de bactéries. Cette évolution se
caractérise par une période initiale où, après une période de latence, la croissance s'accélère
rapidement pour atteindre un régime de croissance régulière. Enfin, l'évolution tend vers un
nombre limite d'individus, la population de saturation. La figure 2.1 montre l'allure générale
d'une telle courbe d'évolution temporelle d'une population.

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Progression Progression Progression t


géométrique arithmétique à taux décroissant

Fig 2.1 - Évolution temporelle d'une population.

Un examen de l’évolution de la population mondiale depuis 1 000 ans montre avec évidence
qu’elle suit une progression géométrique (voir fig. 2.2).

7000

6000

5000

4000

3000

2000

1000

0
1000 1200 1400 1600 1800 2000
Années

Fig 2.2 – Évolution de la population mondiale.

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2.4.1 Extrapolation graphique

Sur un graphique de la population en fonction du temps, on trace, à l'œil la population à venir


selon la tendance du graphique existant.

2.4.2 Comparaison graphique

On effectue une comparaison avec des agglomérations équivalentes ayant atteint, par le passé, la
population de la ville à considérer. Ceci nous donne une information sur l'évolution potentielle
de la population dans des conditions similaires et nous permet de mieux extrapoler
graphiquement. Il faut évidemment que les villes de références soient, sur le plan géographique,
social et économique, dans une situation semblable à celle que l'on considère.

2.4.3 Progression arithmétique

Définition : Le rapport entre l'accroissement de population et l'accroissement de temps est


constant.

dP
=K (2.1)
dt

P2 − P1
K= (2.2)
t2 − t1

Pn = P2 + K( tn − t 2 ) (2.3)
avec:
P1 : Population au temps t1
P2 : Population au temps t2
Pn : Population au temps tn

Cette méthode s'applique dans les cas de populations vieilles et stables et dans les villes à
caractère agricole.

2.4.4 Progression géométrique

Définition : taux d'accroissement proportionnel à la population.

dP
= KP (2.4)
dt

ln P2 − ln P1
K= (2.5)
t2 − t1

Pn = P2 e K (t n − t2 ) (2.6)

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S'applique à des populations jeunes et en pleine croissance.

2.4.5 Accroissement à taux décroissant

Définition : taux d'accroissement proportionnel à l'écart entre la population et la population de


saturation

dP
= K(S − P ) (2.7)
dt

 S − P2 
− ln  
 S − P1 
K= (2.8)
t2 − t1

[
Pn = P2 + (S − P2 ) 1− e − K (tn −t 2 ) ] (2.9)
avec:
S: population de saturation qui doit être estimée approximativement en fonction des
tendances de l'évolution de la population et des disponibilité du territoire concerné.

Cette méthode s'applique principalement à des populations qui n'ont plus d'espace pour se
développer.

2.4.6 Méthode logistique

C'est la méthode qui donne la courbe en S complète. Pour évaluer la courbe, il faut trois données
de population équidistantes dans le temps, choisies de préférence dans chacune des périodes de
la courbe (taux croissant, stable et décroissant). La formule s'écrit :

S
P= (2.10)
1+ 10 a +bt

où:

€ 2
2P0 P1 P2 − P1 (P0 + P2 )
S= 2
(2.11)
P0 P2 − P1

 S − P0 
a = log   (2.12)
 P0 

  P S − P 
1 0( 1)
b = log  (2.13)
n   P1 ( S − P0 ) 

avec :


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n : l'intervalle de temps entre P0,P1 et P1,P2


t : l'intervalle de temps entre t0 et tn.

Autre forme courante :

S
P= (2.14)
1+ m e bt

où :

€ S − P0
m= (2.15)
P0

1   P0 (S − P1 )  
b =  ln   (2.16)
n   P1 (S − P0 )  

2.5 Évaluation de la consommation en eau

2.5.1 Définitions

a) Consommation unitaire et globale

Rapport de la production moyenne journalière et de la population desservie aussi appelée


consommation moyenne per capita

Unités : L/hab/d ou gal/hab/d

Volumeannuel
Nombre d ′habitants
CUG =
365 jours

b) Consommation moyenne annuelle

€ Volume d'eau consommée pendant 1 an

Unités :m3, gal

c) Consommation moyenne journalière

Volume d'eau consommée pendant un an divisé par 365 jours.

Unités : L/d ou gal/d

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d) Consommation par unité de service

Volume d'eau utilisé par raccordement (généralement pendant un an)

La figure 2.3 montre la variation de la C.U.G pour la ville de Québec de 1940 à 1980 tandis que
la figure 2.4 représente pour la même période la consommation moyenne journalière. On
remarque que la première à tendance à être constante alors que la deuxième croît en raison de
l'augmentation de la population.

Consommation moyenne par personne par jour

220
956
200

856
180

756
160

656
140

120 556

100 456
1940 1945 1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985
année

Figure 2.3 - Consommation unitaire globale de la ville de Québec

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Consommation moyenne journalière

42
187.7

40
177.7
38

167.7
36

157.7
34

147.7
32

30 137.7

28 127.7
1940 1945 1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985
Années

Figure 2.4 - Consommation moyenne journalière de la ville de Québec

2.5.2 Types de consommation

Comme la consommation unitaire globale ne représente en fait que la production annuelle d'eau
ramenée sur une base individuelle, il est préférable de classer les consommations d'eau en
fonction des besoins spécifiques de chaque groupe de consommateur. La subdivision en zone
d'affectation du territoire urbain nous donnera un indice de ces classes de consommation. Mais
avant de procéder à cette classification et dans le but d'examiner les ordres de grandeur, nous
donnons ici quelques valeurs de la C.U.G

Exemples de consommation unitaire globale par municipalité:

Municipalité L/hab/d

St-Hyacinthe 675

Hull 840

Longueuil 710

Boucherville 300

En 1974, l'AQTE a évalué la consommation unitaire globale à 554 L/hab/d dans les
municipalités équipées de compteurs d'eau domestiques et à 820 L/hab/d dans le cas contraire.

Quelques valeurs caractéristiques par pays

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Pays L/hab/d

E.U. 565

Canada 500

Japon 372

URSS 322

RFA 150

France 100

a) consommation domestique

Il s'agit de l'eau utilisée pour les besoins personnels d'alimentation et d'hygiène et autres
utilisations moins essentielles comme le lavage de biens et l'arrosage. Cette consommation peut
être considérée dans les zones suivantes:

- Résidences

- Hôtels

- Institutions publiques

Dans les pays en voie de développement, l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) prévoit un
minimum vital de 40 L/hab/d. En moyenne, on observe les valeurs suivantes dans les pays
développés:

- Consommation rurale 90-180 L/hab/d

- Consommation urbaine 180-200 L/hab/d

b) consommation des zones commerciales

Consommation d'eau nécessaire au fonctionnement des commerces, elle est souvent exprimée en
L/m2-d ou encore en L/employé-d. En moyenne, on observe des valeurs de 2 à 6 L/m3-d pour les
centres d'achat ou encore de 35 à 60 L/employé/d. Ceci comprend en outre les usages
hygiéniques, d'entretien et de climatisation.

c) consommation dans les zones industrielles

Elle est difficile à évaluer, car il existe une grande variation de consommation selon le type
d'entreprise. Les entreprises du secteur agroalimentaire, par exemple, sont considérées comme de
grosses consommatrices. Lorsque que la demande en eau de certaines industries, par exemple

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pour les pâtes et papiers, dépassent les capacités de production municipale, la production d'eau
pour le procédé industriel est pris en charge par l'industrie elle-même.

Dans les zones où le type d'industrie n'est pas défini (futur parc industriel) on prévoit environ 4,5
L/m2/d (4000 gal/acre/d).

En général, la consommation est reliée à la production, voici quelques exemples :

Industrie M3 d’eau/tonne de
production

conserveries 9 @ 90

industrie chimique (souffre, 14 @ 1100


lactose)

Alimentaire (Pain, whisky) 3 @ 75

pâtes et papiers 200 @ 1100

textiles 40 @ 430

d) Usages publics

- Lutte contre les incendies

- Lavage des rues

- Piscines, parcs, fontaines

f) Pertes

Essentiellement, ce sont des fuites :

- Fuites dans le système de distribution

- Fuites chez le consommateur (robinets qui fuient!)

g) Répartition de la consommation

Répartition AQTE - 1974

- Domestique 57%

- Commercial 8%

- Industriel 12%

20
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- Collectif (usages public) 3%

- Pertes 20%

La consommation totale s'évalue en considérant les consommations par habitants, par surface et
par production, en évaluant le volume journalier ou annuel et en divisant par le nombre
d'habitants.

2.5.3 Facteurs affectant la consommation

- Pertes dans le réseau

- Installation de compteurs d'eau

- Types d'industries installées sur le territoire de la municipalité

- Qualité

- Coût

- Pression

- Importance de la ville

- Richesse de la population

- Climat

2.5.4 Variation de la consommation

En fonction des jours, des semaines et des mois, on observe une variation de la consommation,
cette variation est d'autant plus forte que la période considérée est petite. Par exemple, la
consommation maximale d'un jour est de 180 % de la consommation moyenne journalière
annuelle alors que la consommation moyenne journalière dans une semaine maximale est de
140 % de cette même consommation de référence. Pour le mois maximum, on obtient un facteur
de pointe de 120 %.

Afin d'évaluer ce facteur de pointe "p" à appliquer à la consommation moyenne journalière à


long terme, on utilise la formule empirique de Goodrich:

p = 180t −0, 1 %
[ ] 2.17

où:

p: taux de consommation de pointe

t: temps en jours pour 2/24 < t < 360 jours

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Cette formule s'applique à des municipalités de tailles relativement petites, car dans les grandes,
les pointes sont diminuées par une plus grande diversité des activités.

La figure 2.4 donne un exemple de la fluctuation de la consommation dans une journée.

55

53

51

49

47

45

43

41

39

37

35

Date
Fig.
2.5 - Variation de la consommation dans une journée.

2.5.5 Besoins en eau pour la lutte aux incendies

Ce besoin en eau a des caractéristiques assez particulières en termes de volume et de débits. En


effet, la quantité d'eau requise pour lutter contre les incendies est faible lorsqu'elle est répartie sur
toute l'année. Cependant, cette demande se fait pendant une période de temps courte à un taux,
ou débit, très élevé.

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Selon le Service d'inspection des secours publics contre l'incendie (Bureau d'assurance du
Canada), la demande varie selon le type de district ou de zonage, et le degré d'exposition aux
incendies.

Le débit incendiaire s'ajoute à la journée de consommation maximale, ce qui représente environ


150 % à 200 % de la consommation moyenne journalière. La valeur minimale à considérer pour
éteindre un incendie est :

Q = 30 L/s pour une durée de 2 à 10 heures

Pour une ville de 250 000 hab. et plus, il faut envisager la possibilité de 2 grands feux
simultanés.

Le guide du S.I.S.P.I1 fournit les renseignements nécessaires pour dimensionner correctement les
réseaux de distribution pour satisfaire adéquatement à la demande lors d'un feu. Les
municipalités qui ne rencontrent pas les normes de ce service peuvent être pénalisées par des
taux d'assurances plus élevés.

L'évaluation des débits de feux, même s'ils sont concentrés sur une courte période, ont une
incidence importante sur le dimensionnement du réseau de distribution. Il faut en tenir compte
dans les calculs suivants :

- Répartition des bornes d'incendies

- Capacité des systèmes de gicleurs

- Volume des réservoirs (réserve d'incendie)

- Capacité des stations de pompage

- Évaluation de la pression résiduelle

L'encadré qui suit reproduit les principales règles utilisées pour déterminer le débit de lutte à
l'incendie, les formules et valeurs en système international ont été ajoutées par l’auteur.

1
Service d’inspection des secours publics contre l’incendie

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CHAPITRE II
CALCUL DU DÉBIT D’INCENDIE

SELON LA MÉTHODE DE L’INSURANCE SERVICE OFFICE

© I.S.O. 1974

Nous faisons remarquer que cette méthode n’est présentée qu’à titre purement indicatif et qu’il
faut une certaine connaissance des techniques de la sécurité incendie et de l’expérience dans le
domaine pour en tirer profit. Destinée principalement aux inspecteurs des secours publics contre
l’incendie, elle peut également être utile aux fonctionnaires municipaux, aux ingénieurs conseil et
à toute autre personne concernée par la protection municipale.

Le débit d’incendie peut être défini comme la quantité et le débit d’eau nécessaires pour
circonscrire et maîtriser un ou plusieurs incendies éventuels dans un bâtiment ou un groupe de
bâtiments considérés comme faisant partie de la même zone d’incendie du fait de leur proximité,
cette zone pouvant comprendre tout un pâté de maison.

- On peut évaluer le débit d’incendie nécessaire à une zone donnée par la formule suivante :

D = 15C S [g.imp/min]

D = 3,728C S [L/s]

D étant le dénit d’incendie exprimé en gallons impériaux par minute (litres/s en SI);

C représentant le coefficient relatif au type de construction, à savoir :

1.5 pour une construction en bois, c’est-à-dire essentiellement combustible;

1 pour une construction ordinaire, c’est-à-dire à murs de brique ou de


maçonnerie et intérieur combustible ;

0,9 pour une construction en gros bois d’œuvre ;

0,8 pour une construction incombustible, c’est-à-dire à ossature métallique non


protégée ;

0,6 pour une construction résistant au feu, c’est-à-dire à ossature entièrement


enrobée.

S représentant la surface de plancher totale, c’est-à-dire celle de tous les étages


du bâtiment, à l’exclusion des sous-sols. Dans le cas de bâtiments de
construction résistant au feu, ne tenir compte que de la surface totale des
6 étages successifs les plus étendus si les communications verticales ne sont
pas protégées et seulement de la superficie totale des 3 étages successifs les
plus étendus si elles le sont.

Le débit d’incendie ainsi déterminé ne doit pas excéder :


6 700 gal/min (510 L/s) pour une construction en bois,
6 700 gal/min (510 L/s) pour une construction ordinaire,
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5 000 gal/min (380 L/s) pour une construction incombustible,
5 000 gal/min (380 L/s) pour une construction résistant au feu.
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6 700 gal/min (510 L/s) pour une construction en bois,


6 700 gal/min (510 L/s) pour une construction ordinaire,
5 000 gal/min (380 L/s) pour une construction incombustible,
5 000 gal/min (380 L/s) pour une construction résistant au feu.

Dans le cas d’un bâtiment à simple rez-de-chaussée, quel qu’en soit le type de
construction, le débit d’incendie ne doit pas dépasser 5 000 gal/min (320 L/s).

Le débit d’incendie ne doit pas être inférieur à 400 gal/min (30 L/s).

Pour les maisons unifamiliales et les petites maisons pour deux familles, d’au plus deux niveaux,
voir la remarque 10.

- Le résultat obtenu en 1 peut être réduit jusqu’à 25 % ou majoré d’autant selon qu’il s’agisse
d’affectation à risques faibles ou élevés. On trouvera en appendice des exemples de ces
affectations.

Le débit d’incendie ne doit pas être inférieur à 400 gal/min (30 L/s).

- Le résultat obtenu en 2 peut être réduit jusqu’à 50 % le cas de bâtiments entièrement protégé
par des extincteurs automatiques. La réduction peut même atteindre 75 % pour les
bâtiments de construction incombustible ou résistant au feu et à l’affectation à risques très
faibles. La réduction accordée pour une installation d’extincteurs automatiques varie en
fonction de la capacité de celle-ci à circonscrire un incendie. Normalement, elle n’atteindra
le maximum que si l’installation, y compris le détecteur d’écoulement d’eau et les soupapes,
est reliée à un service de surveillance reconnu.

- Il convient de majorer le résultat obtenu en 2 ci-dessus s’il existe des bâtiments dans un
rayon de 150 pieds (46 m) de la zone d’incendie considérée. Cette majoration varie selon la
hauteur, la superficie, le type de construction, l’éloignement, le nombre d’ouvertures, la
longueur des côtés menacés, l’affectation desdits bâtiments, et selon qu’il y a des
extincteurs automatiques à l’intérieur ou à l’extérieur de ceux-ci et possibilité de propagation
de l’incendie par des constructions situées à flanc de coteau.

La majoration pour un côté donné ne devrait généralement pas dépasser les pourcentages
suivants :

Éloignement Majoration

0à 10 pieds (3,0 m) 25 %
11 à 30 pieds (9,1 m) 20 %
31 à 60 pieds (18,3 m) 15 %
61 à 100 pieds (30,5 m) 10 %
101 à 159 pieds (45,7 m) 5%

La somme des majorations pour tous les côtés constitue le pourcentage de majoration total,
mais celui-ci ne doit toutefois pas excéder 75 %.

7- Le résultat obtenu en 2 ci-dessus est réduit du pourcentage déterminé à l’alinéa 3 et majoré


de celui établi à l’alinéa 4, le cas échéant.

Le débit d’incendie ne doit être ni supérieur à 10 000 gal/min (760 L/s) ni inférieur à 400
gal/min (30 L/s).

Remarque 1 : Cette méthode ne vaut pas forcément pour les chantiers de bois, dépôts et
raffineries de pétrole, silos à céréales et grandes usines de produits chimiques;
toutefois, elle peut servir à déterminer un débit d’incendie minimum pour ces
risques. 25
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raffineries de pétrole, silos à céréales et grandes usines de produits chimiques;


toutefois, elle peut servir à déterminer un débit d’incendie minimum pour ces
risques.

Remarque 2 : Il faut faire preuve de discernement dans le cas des établissements industriels,
commerciaux ou autres non mentionnés de façon précise.

Remarque 3 : Il faut tenir compte de la disposition du ou des bâtiments considérés et des


conditions dans lesquelles les pompiers peuvent y accéder.

Remarque 4: Les constructions en bois situées à moins de 10 pieds (3 m) doivent être


considérées comme faisant partie de la zone d’incendie.

Remarque 5 : Les murs mitoyens pleins peuvent donner lieu à majoration de 10 %.

Remarque 6 : Bâtiments à simple rez-de-chaussée – Lorsqu’un bâtiment à simple rez–de-


chaussée est aussi haut qu’un bâtiment d’un étage ou plus, le nombre de
niveaux à intégrer dans la formule dépend de son affectation. Par exemple, un
bâtiment à simple rez-de-chaussée d’une hauteur égale à celle de trois niveaux,
dans lequel on fait du stockage de grande hauteur ou sur rayonnages, sera
vraisemblablement considéré comme une construction de trois niveaux et pourra
en outre faire l’objet d’une majoration en raison de l’affectation. Par contre, s’il
s’agit d’un atelier sidérurgique ayant une hauteur de trois niveaux à seule fin de
manutentionner des pièces au moyen d’une grue, il sera probablement considéré
comme un bâtiment à simple rez-de-chaussée et pourra même bénéficier d’une
réduction du débit d’incendie en raison de l’affectation.

Remarque 7 : Il convient habituellement de majorer le débit d’incendie lorsqu’il y a des


bâtiments dans un rayon de 150 pieds (46 m) de la zone d’incendie considérée.

Remarque 8 : Là où existent des toits à bardeaux de bois susceptibles de propager l’incendie, il


faut ajouter 400 gal/min.

Remarque 9 : Toute construction incombustible est censée donner droit au coefficient 0,8.

Remarque 10 : Habitations – Dans le cas de groupes de maisons unifamiliales ou de petites


maisons pour deux familles d’au plus deux niveaux, on peut procéder brièvement
comme suit, les autres maisons d’habitation requérant la méthode ordinaire :

Éloignement Débits d’incendie recommandés

Plus de 100 pieds (30,5 m) 400 gal/min (30 L/s)


de 31 à 100 pieds (9,4 m) 600 à 800 gal/min (61 L/s)
de 11 à 31 pieds (3,4 m) 800 à 1 200 gal/min (91 L/s)
Au plus 10 pieds (3,0 m) 1 200 à 1 700 gal/min (129 L/s)

Dans le cas de constructions contiguës, le débit doit être d’au moins


2 000 gal/min (152 L/s).

Voir aussi la remarque 8.

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GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

MÉTHODE À SUIVRE

• Déterminer le type de construction.

• Calculer la superficie du rez-de-chaussée.

• Déterminer le nombre de niveaux.

• Calculer le débit d’incendie nécessaire à 200 gal/min (15 L/s) près, à l’aide de la formule.

• Établir la réduction ou la majoration relative à l’affectation et modifier en conséquence le


résultat obtenu en D ci-dessus, sans arrondir.

• Déterminer, s’il y a lieu, la réduction relative à la protection par extincteurs automatiques,


sans arrondir.

• Calculer la majoration totale relative aux constructions voisines, sans arrondir.

• Prendre le résultat obtenu en E, en soustraire celui obtenu en F et ajouter celui calculé en G.

Affectations :

Exemples d’affectations à risques faibles :

Asiles, bâtiments publics, bibliothèques, clubs, collèges et université, écoles, églises, hôpitaux,
hotels, Immeubles à bureaux et d’habitation, maison d’hébergements, musées et prisons.

Exemples d’affectations à risque élevé :

Fabriques d’allumettes (!) d’objets en bois, en coton, de pièces pyrotechniques, hangar


d’avions,secteur pétro chimique (peintures, solvants, linoléum, etc).

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Durée :

La durée d'un incendie est en général proportionnel à l'intensité de ce dernier. On considère


comme des valeurs moyennes les données suivantes:

Débits d'incendie en L/s Durée en heures


645 10.00
600 9.10
550 8.20
500 7.40
450 6.60
400 5.85
350 5.05
300 4.25
275 3.85
250 3.47
225 3.07
200 2.67
150 2.00

Les formules suivantes peuvent aussi être utilisées:

D = 0,01319 Qi 150 ≤ Qi ≤ 190

D = 0,01583 Qi 190 ≤ Qi ≤ 568

D = 0,01319 Qi 568 ≤ Qi ≤ 645

où D est la durée en heure et Qi le débit d'incendie en L/s

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Exercices

2.1 Quels sont les principaux services de l’hydraulique urbaine ?

2.2 En quoi le plan d’urbanisme peut-il être utile à la gestion de l’infrastructure de l’hydraulique
urbaine ?

2.3 Sachant que depuis quelques décennies la population d'une petite municipalité (15 000 h.
recensement 1985) double tous les 20 ans et que cette tendance semble vouloir se maintenir,
évaluer sa population en l'an 2000. (P=25227)

2.4 a) Utiliser la méthode logistique pour prédire la population mondiale en 2 100.


b) Par ailleurs, si on suppose que la Terre ne peut supporter plus de 11 milliards de personnes,
évaluer sa population en 2 100.
c) Comparer les deux résultats et commenter les différences.

2.5 Décrivez le bâtiment dans lequel vous habitez et évaluer le débit d’incendie nécessaire à y
combattre un éventuel incendie.

2.6 Pendant 2 périodes de 20 ans une municipalité voit sa population augmenter de 30000 à 172000
puis de 172000 à 292000 hab. Trouver la population de saturation et l'équation de la courbe
logistique.

2.7 Énumérer les facteurs influençant la consommation d'eau, commenter.

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