Vous êtes sur la page 1sur 29

Chapitre 5 - Système de distribution des eaux

Ce chapitre est consacré à la distribution des eaux potables dans un réseau de conduites. Nous
énoncerons les objectifs fondamentaux à atteindre pour satisfaire la demande en terme de
pression et de débit. Les méthodes de calcul seront décrites à partir des principes de base.

5.1 Méthodes d'alimentation du réseau

Le réseau d'aqueduc est un ensemble de conduites interconnectées fonctionnement sous pression.


Il faut donc un système d'alimentation de ce réseau qui permette de fournir le débit de
consommation variable à une pression relativement constante. Il existe plusieurs façon de
réaliser cette alimentation, dont voici les principales:

5.1.1 Distribution gravitaire

• Réseau branché sur un réservoir suffisamment élevé pour assurer les débits et les pressions.

• Méthode simple et la plus fiable si la conduite principale est bien protégée contre les bris
accidentels.

• Possibilité de pompage mobile pour la lutte aux incendies.

5.1.2 Pompage combiné

• Pompage lors des périodes de basse consommation vers des réservoirs élevés.

• Méthode économique si le pompage est fait à rendement maximum.

• Possibilité de pompage mobile pour la lutte aux incendies.

5.1.3 Pompage direct

• Pompage direct dans le réseau.

• Méthode la moins avantageuse en raison des possibilités de panne de puissance, d'une


variation et d'une distribution de la pression plus difficile et des coûts d'énergie surtout en
pointe.

• Bon débit d'incendie


GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

5.2 Réservoirs et stations de pompage

Les réservoirs servent principalement à harmoniser la demande et la production. La demande est


variable, alors que, pour être économique et efficace, la production doit être constante. Lorsque
le débit de production est supérieur au débit de consommation, on accumule l'excédant dans les
réservoirs. En période de pointe, on ajoute au débit de production celui de la vidange des
réservoirs (fig. 5.1).

Dans les réseaux étendus et de consommation dense, les réservoirs permettent d'égaliser la
pression sans avoir à augmenter le diamètre des conduites principales.

ligne d'énergie en période de basse consommation


ligne d'énergie en période de haute consommation

Station de pompage Zone de consommation Chateau d'eau

Fig. 5.1 - Distribution des eaux

Les réservoirs contiennent aussi les réserves de productions et d'incendie

La réserve d'équilibre (ou d’opération) se définit comme étant le volume d'eau nécessaire à
combler la différence entre la capacité maximale de production, en général la consommation
journalière maximale, et la pointe de cette journée de consommation maximale. On calcule cette
réserve à partir du graphique de la demande cumulative (fig. 5.2).

79
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

600 30000

débit
500 25000
demande cum.

Re

Demande cumulative m3
400 20000
Débit l/s

300 15000

200 10000

100 5000

0 0
0 6 12 18 24
Temps h

Fig. 5.2 - Calcul de la réserve d'équilibre.

La réserve d'incendie est calculée à partir du débit de feu maximum et de sa durée.

La réserve d'urgence et de production sert à fournir de l'eau pendant les événements imprévus.
La réserve d’urgence, utilisée lors d'un bris de pompe par exemple, a un volume correspondant à
environ 2 à 14 heures de consommation journalière. La réserve de production est gardée à l'usine
de traitement et est équivalent à 4 heures de production nominale.

Comme il est improbable d'avoir un bris majeur le jour maximal avec le plus gros incendie, il ne
serait pas économique de garder simultanément toutes ces réserves. On considère dans la
pratique souhaitable de garder somme des réserves d'équilibre, d'incendie et d'urgence. Le
minimum étant de garder seulement les réserves d'équilibre et d'incendie.

Les réservoirs peuvent être construits soit en élévation, château d'eau par gravité ou alors en
sous-sol accompagnée d'un système de pompage. Il semble que cette dernière solution soit
considérée comme préférable pour des raisons esthétiques et économiques tant au point de vue
coût initial qu'au point de vue coût d'entretien.

80
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

5.3 Pression à garantir

Une valeur de la pression située entre des extrêmes acceptables et ce pour l'ensemble du réseau
constitue, à part bien sûr la capacité de fournir à la demande, le critère de base du
dimensionnement correct pour atteindre l'efficacité du réseau.

Ces valeurs de la pression sont:

• 170 à 275 KPa (~25 à 40 psig) au minimum

• 400 à 520 KPa (~60 à 75 psig) en moyenne

• 700 KPa (~100 psig) au maximum

• 140 KPa (~20 psig) de pression résiduelle lors d'un feu

La pression moyenne présente les avantages suivants:

• Consommation normale assurée pour un édifice de dix étages ou moins.

• Gicleurs d'incendie efficace sur 4 à 5 étages.

• Connexion directe de lance d'incendie.

• Fluctuation relative de pression plus faible.

En cas d'incendie, il faut prévoir la possibilité d'augmenter la pression, ce qui peut ce faire par les
moyens suivants :

• Pompe supplémentaire à la station de pompage.

• Pompage mobile par camion pompe

• Système double avec conduites spéciales pour le débit de feu.

• Système pseudo-double avec grosses conduites principales et réducteurs de pression pour


l'alimentation normale.

Plusieurs unités sont utilisées pour quantifier la pression, nous donnons ci-après quelques valeurs
de références :
1 atmosphère (atm) = 14,696 psi
= 1 013.3 mbar
= 101,33 KN/m2 (KPa)
= 10,33 m d'eau

81
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

1 psig = 6,8969 KPa


= 0,7029 m d'eau

5.4 Description du système de distribution

Un réseau de distribution peut avoir une forme ramifiée (fig. 5.3) ou une forme maillée (fig. 5.4)
ce qui est plus courant. On appelle antenne les conduites en cul de sac. Les réseaux sont
constitués des éléments suivants :

5.4.1 Aqueducs principaux:


Ils servent à relier les stations de pompage aux réservoirs et constituent l'ossature principale du
réseau. Ils forment des boucles d'environ 1000 m les conduites de distribution principales y sont
connectées au moyen de vannes de coupures. Des vannes de cantonnement les découpent en
tronçons et des soupapes de purge équipent les points hauts.

5.4.2 Aqueducs secondaires:


Ils servent à relier les aqueducs principaux.

5.4.3 Conduites de distribution principales


Elles desservent les bornes-fontaines ou bouches d’incendie placées tous les 100 ou 150 m selon
la densité du territoire.

Les conduites sont fabriquées en béton précontraint, en fonte ou en CPV. Les diamètres sont
calculés pour obtenir des vitesses de l'ordre de 0,6 à 1,2 m/s, 2 m/s au maximum en cas de feu.
Ces diamètres sont en général de 15 cm en zone résidentielle, 20 cm en zone commerciale et 30
cm et plus dans les rues principales.

Fig 5.3 - Réseau ramifié

82
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

Fig 5.4 - Réseau maillé

5.5 Dimensionnement du réseau

Les points à considérer sont :

• La topographie des lieux pour les critères de pression

• La densité de la population et ses activités pour évaluer les besoins en eaux des différents
secteurs résidentiels, commerciaux et industriels.

On résume en général toute information pertinente sur carte topographique, on évalue les
consommations de chaque zone et les débits de feu de façon à déterminer la demande totale, la
puissance de pompage requis, le volume et la position des réservoirs et les diamètres et longueurs
des conduites.

Ensuite on procède au balancement hydraulique du réseau pour vérifier si, en fonction de


plusieurs scénarios de consommation, normaux , extrêmes ou en période de basse
consommation, la pression est bien répartie. Cette analyse permet d'apporter des correctifs si
nécessaire. En outre, cette simulation du comportement du réseau permet d'étudier des
possibilités de regroupement de service pour des municipalités voisines et des scénarios futurs de
consommation pour mieux planifier l'expansion du réseau.

5.5.1 Conduites en série et en parallèle

Bien souvent, avant de faire l'analyse d'un réseau, il est nécessaire de le simplifier en regroupant
en série ou en parallèle un certain nombre de conduites pour former des conduites équivalentes.

Pour les conduites en série:


a) La perte de charge totale est égale à la somme des pertes de charge de chaque conduite :

83
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

hT = h1 + h2 + K + h j (5.1)
b) Le débit est le même pour toutes les conduites :

QT = Q1 = Q2 = K = Qj (5.2)
c) La perte de charge est liée au débit par une relation du type :

h = R Qn (5.3)

où le coefficient R est la résistance de la conduite. Cette résistance ne dépend que des propriétés
de la conduite c’est-à-dire la rugosité, le diamètre et la longueur.

Avec la formule de Darcy-Weisbach, on a :

8f L
R= et n = 2
π 2 g D5

Pour la formule de Hazen-Williams, on a :


1,85
 1  L
R=  et n = 1,85
 CHW β  D 4,87

β est le coefficient d'unités (β = 0,2785 (S.I.), β = 0,4322.(S.A.)).


Donc, en introduisant l'expression (5.3) dans (5.1) on obtient :

Re QTn = R1 Q1n + R2 Q2n + K + R j Qnj


d'après (5.2) :

Re QTn = ( R1 + R2 + K + R j )QTn
d'où:

Re = R1 + R2 + K+ R j

Donc pour des conduites en série, la résistance équivalente s'exprime comme la somme des
résistances de chaque conduite :
j

Re = ∑ Ri (5.4)
i =1

Pour les conduites en parallèle :


a) Le débit total est égal à la somme des débits de chaque conduite:

QT = Q1 + Q2 + K + Qj (5.5)
b) La perte de charge est la même pour toutes les conduites:

84
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

hT = h1 = h2 = K = h j (5.6)
c) Le débit est lié au à la perte de charge par une relation du type:

Q = K hm (5.7)
où K est la conductance de la conduite. La conductance est liée à la résistance par la relation :

1
K=
Rm
avec m = 1/n.
Donc, en introduisant l'expression (5.7) dans (5.5) on obtient:

Ke hTm = K1 h1m + K2 h2m + K + K j hjm


d'après (5.6):

Ke hTm = ( K1 + K2 + K + K j ) hTm
d'où:

Ke = K1 + K2 + K + K j

Donc pour des conduites en parallèle, la conductance équivalente s'exprime comme la somme
des conductances de chaque conduite :
j

Ke = ∑ Ki (5.4)
i=1

5.5.2 Méthodes de balancement du réseau en régime permanent.

Le principal problème qui se pose à l'ingénieur face à l'infrastructure de distribution des eaux
consiste à connaître le comportement en pression de chaque élément du réseau lors de situations
critiques (incendies), de période de forte demande ou encore en fonctionnement normal.

Le grand nombre de conduites et leur interconnexion qui caractérisent la structure d'un réseau
maillé font qu'il n'est pas possible de calculer de façon simple et rapide, avec suffisamment de
précision les pertes de charges et les débits dans toutes les conduites correspondant à une
situation de consommation donnée. La raison en est relativement simple. La distribution de débit
dans le réseau est conditionnée par le principe de l'énergie minimum, ce qui a pour conséquence
que la moindre modification du réseau entraîne une redistribution des débits. Comme on le voit,
la solution du problème dépend simultanément de ce qui se passe dans chaque élément du réseau.
Une autre difficulté provient du fait que la relation qui décrit le lien entre le débit d'une conduite
et la perte de charge qu'il entraîne est non linéaire ce qui ne simplifie pas non plus la tâche de
l'ingénieur.

Dans les années 20, Hardy Cross, le premier, appliqua sa méthode de distribution des moments
dans les structures hyperstatiques à la recherche d'une solution au problème de l'équilibre des
réseaux de conduites. Sa technique consiste à remplacer la simultanéité des comportements par

85
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

une méthode de correction interactive appliquée à une solution de départ approximative. La


convergence de cette méthode n'est cependant pas acquise.

La méthode de Hardy Cross a été utilisée avec succès depuis cette période puisque qu'elle était la
seule méthode relativement précise disponible. Cependant, le fait que le nombre de calculs par
itérations et que le nombre d'itérations elles-mêmes était assez important, on ne pouvait pas
facilement faire le calcul pour une quantité étendue de configurations de consommation. Avec
l'arrivée, au début des années 60, d'une certaine accessibilité à la puissance de calcul des
ordinateurs, les premiers programmes de calcul de l’équilibre des réseaux n'étaient en fait que la
codification sur ordinateur de la méthode de Hardy Cross. Bien que cela permît l'analyse de plus
gros réseaux, l'utilisation d'un calculateur ne modifiait en rien le comportement numérique de la
méthode, soit l'hypothèse de non-simultanéité des événements. Puisqu'il était alors possible de
faire plus de calculs, les problèmes de convergences furent plus fréquents.

C'est alors qu'apparurent des méthodes dites matricielles. Le fondement de ces méthodes repose
sur une approche semblable à celle de Hardy Cross, mais en tenant compte de l'interaction des
éléments voisins. Elles permettent donc de corriger simultanément l'ensemble du réseau afin
d'améliorer la solution de départ approximative. Ces méthodes sont, évidemment, intimement
liées à l'emploi d'un ordinateur puisqu'elles conduisent, à chaque itération, à l'inversion d'un
système matriciel important. Bien que l'introduction de la simultanéité des corrections améliore
significativement la convergence du processus itératif, les problèmes liés au choix de la solution
de départ restent les mêmes, c'est-à-dire que ce choix initial conditionne encore le comportement
de la convergence.

Plus récemment, au début des années 70, la méthode linéaire commençait à être utilisée. Basée
que la résolution simultanée des équations d'énergie et de continuité sur l'ensemble du réseau,
elle conduit à un système matriciel plus gros donc, nécessite l'utilisation d'un ordinateur plus
puissant. Cependant, son avantage principal réside dans le fait qu'il n'est pas nécessaire de choisir
une solution initiale et qu'il est plus facile d'y inclure des équipements spécifiques. Sur le plan
purement numérique, cette méthode présente une convergence fondamentalement oscillante qui
peut être réduite par une technique de sous relaxation. Il y a quelques années, la méthode de
résolution de cette formulation a été révisée en profondeur. Nous avons proposé d'utiliser une
technique numérique basée sur l'adaptation de la méthode de Newton-Raphson à l'ensemble du
système matriciel. Ceci, couplé à une organisation topologique de la matrice de comportement
nous a permis d'obtenir une méthode dont le comportement en convergence est considérablement
amélioré.

Principes de base

Définitions préliminaires

Un endroit où sont branchés ensemble plusieurs conduites, pompes, réservoirs ou autres


équipements s’appelle un nœud.

Un circuit fermé composé d’éléments constitutifs d’un réseau est appelé maille.

86
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

Un réseau est en équilibre lorsque la somme algébrique des débits Q (y compris le débit de
consommation) aux nœuds est nulle et que, simultanément, la somme algébrique des pertes de
charge h autour d'une maille s'annule. Ceci définit la loi des nœuds et la loi des mailles.

Loi des nœuds

∑ε N QN = 0 (5.5)
N = i, j,k K

Cette relation exprime le principe de conservation de la masse.

Loi des mailles

∑ε M hM = 0 (5.6)
M = i, j,k K

Cette relation exprime le principe de conservation de l’énergie.

Les variables ε N et ε M représentent respectivement le signe des débits QN des conduites i, j, k, etc
qui sont connectées à un nœud et le signe des pertes de charge hM des conduites i, j, k, etc qui
sont constituent une maille selon la convention adoptée. Elles ne peuvent donc ne prendre que les
valeurs –1 ou 1.

Le débit est relié à la perte de charge par une relation de type :

h = R Qn (5.7)
ou inversement:

1 1
Q= 1
h n
= K hm (5.8)
R n

où R et n dépendant de la loi d'écoulement choisie (Darcy-Weisbach, Hazen-Williams...)

Méthodes de calcul

Le schéma général de la méthode de résolution de ce type de problème consiste à écrire au
moyen de la loi des nœuds ou de la loi des mailles un nombre d’équations équivalent au nombre
d’inconnues choisies. On peut choisir de déterminer soit les débits Q dans les conduites, soit les
pertes de charge h dans les conduites, soit les charges H aux noeuds. Dès que l’un de ces
ensembles d’inconnues est déterminé, on peut facilement en déduire les deux autres grâce aux
relations qui lient le débit à la perte de charge. Le caractère non linéaire de ces relations est
responsable de la non-linéarité du système à résoudre.

Pour résoudre un système d’équations non linéaires, il faut le linéariser, ce qui conduit à une
solution approximative. On procède alors par itérations pour améliorer la solution afin qu’elle se
stabilise avec un certain degré de précision.

Plusieurs approches sont possibles et on peut les regrouper en trois grandes catégories :

87
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

• Méthodes de corrections successives


• Méthodes de corrections simultanées
• Méthodes directes

Méthodes de corrections successives

a) Méthode de Hardy Cross par mailles

Cette méthode a un intérêt historique car elle a été développée avant l’invention des moyens de
calcul électroniques. C’est une forme simplifiée de l’application d’une méthode de Newton-
Raphson ce qui entraîne une dégradation de la convergence. Elle permet d’illustrer simplement
les concepts, mais, à mon avis, elle ne devrait jamais être programmée sur ordinateur car les
moyens de calcul actuels sont largement suffisants pour ne pas avoir à envisager cette
simplification et gagner considérablement sur le plan de la convergence.

Cette méthode consiste à choisir les débits Q comme inconnues. On commence en choisissant un
ensemble de débits initiaux Q0 positifs qui satisfont la loi des nœuds puis on les corrige de façon
à ce que les pertes de charge générées par ces débits tendent à satisfaire la loi des mailles et sans
perturber la loi des nœuds (voir l’encadré des aspects théoriques plus loin). En général, cet
objectif n’est pas atteint du premier coup et l’on recommence en prenant comme débits initiaux
les valeurs que l’on vient de trouver.

- Choix des Q0 en respectant ∑ε N Q0 , N = 0 à chaque nœud.


N = i, j,k K

- Pour chaque maille, correction des débits pour atteindre ∑ε M h0, M = 0 en introduisant
M = i, j,k K
n
h0 = RQ0

n
− ∑ε R Q M M 0, M
M = i, j,k K
ΔQ = n−1
(5.9)
∑n R Q M 0, M
M = i, j, kK

- Convention de signe, ε M est positif lorsque le débit est dans le sens de parcours de la maille.

+ -

88
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

- On applique la correction ΔQ de chaque maille aux débits des conduites constituant la maille
en tenant compte du signe :

QM = Q0, M + ε M ΔQ

Pour accélérer la convergence, on peut prendre comme Q0 les valeurs déjà corrigées par des
mailles précédentes.

Les corrections peuvent faire changer le signe du débit, deux possibilités s’offrent à nous :

- Modifier la valeur des ε M de façon à refléter le changement

- Garder les débits négatifs et modifier la formule de correction pour les accepter :

− ∑ ε M R M Q0,n−1
M Q0, M
M = i, j,k K
ΔQ =
∑ n RM Q0n−1
,M
M =i, j,k K

Sur le plan pratique la deuxième méthode est de loin préférable car la première méthode exige
que la mise à jour des ε M soit faite dans les mailles auxquelles appartient une conduite ce qui
nous oblige à créer une table liant chaque conduite aux mailles auxquelles elle appartient. Ceci
n’est pas nécessaire pour la deuxième possibilité et c’est ce que nous allons adopter pour toutes
les autres méthodes.

- On remplace Q0 par Q et l’on continue d'appliquer le processus de correction jusqu'à ce que


la loi des mailles soit respectée avec une précision suffisante sur toutes les mailles.

b) Méthode de Hardy Cross par nœuds

Cette méthode diffère de la précédente par son point de départ. On choisit plutôt les pertes de
charge h comme inconnues. En voici les principales étapes :

- Choix des h0 en respectant ∑ε M h0, M = 0 dans chaque maille. Ceci est direct si on choisit
M = i, j, kK

des charges H0 à chaque nœud.

1 1
- Calcul des Q0 correspondant
€ Q= 1
h n
= K hm
R n

- Correction des pertes de charge pour atteindre ∑ε N Q0, N = 0 à chaque nœud.


N = i, j, kK


89
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

− ∑ε N Q0 , N
N = i, j, k K
Δh = (5.10)
Q0, N
∑ n h0, N
N = i, j,k K

- Convention de signe, ε N est positif lorsque le débit arrive au nœud.

+
-
-

- On applique, avec ε N , la correction à chaque nœud successivement en tenant compte des


corrections déjà apportées à certaines conduites.

h = h0 + ε N Δh

- On continue les corrections jusqu'à ce que la loi des nœuds soit respectée à chaque nœud
avec une précision adéquate.

Méthodes de corrections simultanées

a) Méthode matricielle par mailles

C'est une méthode itérative matricielle qui permet de repartir sur l'ensemble du réseau les
corrections ∆Q pour obtenir l'équilibre des pertes de charge (loi des mailles) à partir de débits
initiaux Q0 choisis en fonction de la loi des nœuds (voir Hardy Cross par mailles)

- On écrit le système d'équations non linéaires à partir de la loi des mailles auquel on applique
la méthode de Newton-Raphson (voir encadré théorique) pour chaque maille:

∑ ( nR M Q0,n−1
M ΔQM = − ) ∑ε M R M Q0n, M (5.11)
M = i, j,k K M = i, j,k K

M est l'indice des conduites participant à une maille.


On obtient donc autant d’équations qu’il y a de mailles et on a une inconnue par conduite.
Généralement le nombre de conduites est plus grand que le nombre de mailles. Il est donc
nécessaire, pour résoudre le problème, de réduire le nombre d’inconnue.
Comme une conduite peut appartenir à au plus deux mailles, la réduction du nombre
d'inconnues se fait en sachant qu'une conduite participant à deux mailles subit les corrections
de chacune de ces mailles adjacentes :

∆QM = ∆QA - ∆QB (5.12)

90
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

Cela revient à faire un changement de variables dans lequel chaque correction de débit
appliquée à une conduite M est remplacée par la différence de corrections appliquées aux
mailles A et B communes à la conduite M. Si une conduite n’appartient qu’à une maille, on
lui attribue seulement la correction de cette maille. Le nombre d’inconnues devient donc égal
au nombre de mailles et la résolution est alors possible.
Par exemple, pour une maille A adjacente aux mailles B et C, la relation (5.11) devient :

 
 ∑ nRM Q0,n−1 n−1 n−1 n
M ΔQA − nRAB Q0, AB − nRA C Q0, A C = − ∑ ε M RM Q0, M

 M = i, j, kK  M = i, j, kK

Où les indices AB et AC réfèrent aux conduites communes respectivement aux mailles A et B


puis aux mailles A et C.

- En pratique, le système est organisé sous forme matricielle, en tenant compte que les sens des
débits ne seront pas mis à jour et que le débit gardera son signe, de la façon suivante :

 n−1  n−1   n−1    n−1 


 ∑ nR Q0 − nR Q0 
  AB
L − nR Q0  
  AM   ∑ ε R Q 0 Q0 
 A  ΔQA   A 
− nR Q0   ΔQB  ∑ε R Q0 Q0 
n−1 n−1 n−1

   BA ∑ nR Q0 M
  = −  (5.13)
B
   M  B 
M O M M
  n−1  n−1  
ΔQM    n−1 
− nR Q0  L L ∑ 0 
nR Q  ∑ ε R Q 0 Q0 
 MA M  M 

- On résout ce système pour obtenir le vecteur des corrections de débits.



- On applique les corrections ΔQ de chaque maille aux débits des conduites constituant la
maille en tenant compte du signe :

QM = Q0, M + ε AΔQA + εB ΔQB

- On remplace Q0 par Q et l’on continue d'appliquer le processus de correction jusqu'à ce que


la loi des mailles soit respectée avec une précision suffisante sur toutes les mailles

91
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

Exemple

Construisons le système matriciel en supposant que les coefficients de résistance R de chaque


conduite sont connus.

q2

q4
1 2 4
1 4
q1

3 II 6
2

5
3 5 q5
q3

Dans un premier temps, il faut calculer des débits initiaux satisfaisant la loi des nœuds :

Q0, 1 = q1 2
Q0, 2 = q1 2
Q0, 3 = (Q0, 1 − q2 ) 2
Q0, 4 = (Q0 ,1 − q2 ) 2
Q0, 5 = Q0, 2 + Q0, 3 − q3
Q0, 6 = Q0, 4 − q 4

92
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

On utilise le système 5.13 pour construire la matrice et le membre de droite :

  n−1 n−1  
  R1 Q0,1 + R2 Q0,2  n−1 
n n−1 
−nR3 Q0,3 
  + R3 Q0,3   ΔQI 
 n−1 
 =
 n−1
ΔQII 
 n−1 R Q + R Q 
n
3 0,3 4 0, 4
 −nR3 Q0,3 n−1 
 n−1
  + R5 Q0,5 + R6 Q0,6 
 n−1 n−1 n−1 
 −R1 Q0,1 Q0,1 + R2 Q0,2 Q0,2 − R3 Q0,3 Q0,3 
− n−1 n−1 n−1 n−1

 R3 Q0,3 Q0,3 − R4 Q0, 4 Q0, 4 + R5 Q0,5 Q0,5 − R6 Q0,6 Q0,6 

On applique les corrections en tenant compte des signes :

€ Q1 = Q0 ,1 − ΔQI
Q2 = Q0,2 + ΔQI
Q3 = Q0,3 − ΔQI + ΔQII
Q4 = Q0, 4 − ΔQII
Q5 = Q0,5 + ΔQII
Q6 = Q0,6 − ΔQII

On remplace les Q0,i par les Qi et on recommence jusqu’à ce que le membre de droite s’approche
de zéro

b) Méthode matricielle par nœuds

Cette méthode itérative permet de répartir sur l'ensemble du réseau les corrections Δh pour
atteindre l'équilibre des débits à partir de pertes de charge initiales h0 choisies en fonction de la
loi des mailles (voir H.C. nœud). La procédure est semblable à la méthode matricielle par mailles
et nous en donnons ici le résumé :
- Le système de N équations s'écrit

∑m K N h0,m−1
N ΔhN = − ∑ε N K N h0m, N = ∑ε N Q0 , N (5.14)
N = i, j,k K N =i, j,k K N = i, j,k K

Où N représente les numéros de conduites branchées à un nœud, on a donc encore autant


d’inconnues que de conduites et autant d’équations que de nœuds. Habituellement, il y a plus
de conduites que de nœuds et il faut réduire le nombre d’inconnues.
On réduit le nombre d'inconnues sachant que la perte de charge sur une conduite est corrigée
par chacune de ses extrémités A et B.

93
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

∆h N = ∆hA - ∆h B (5.15)

On obtient alors autant d’inconnues que de nœuds.

- Organisation matricielle

 m−1  m−1   m−1   ∑ε Q 


 ∑ mK h0 
mK h0 
 AB
L  mK h0  
  AN  Δh  A 0

 A  A
 
 mK h0   ΔhB 
m−1 m−1
∑ mK h0 M ∑ε Q0 
  BA B   = − B  (5.16)
   M   M 
M O M
  
m−1 Δh N    
∑ε Q0 
m−1 
 mK h0  L L ∑ mK h0 
 NA  N
N

- On résout ce système pour obtenir le vecteur des corrections de pertes de charge.



- On applique les corrections Δh de chaque maille aux débits des conduites constituant la
maille en tenant compte du signe :

hN = h0, N + ε A Δh + ε B Δh

- On continue les corrections jusqu'à ce que la loi des nœuds soit respectée à chaque nœud
avec une précision adéquate.

Méthodes directes

a) Méthode des débits

Cette méthode est assez simple en ce qui concerne la mise en équations. En effet, il suffit
d’écrire autant d’équations conservation de débit ou d’énergie qu’il y a de débits dans les
éléments du réseau.

Dans un réseau maillé, on peut écrire la relation :

C = M + N −1 (5.17)

où :
C = nombre de conduites (ou d’éléments hydrauliques entre deux nœuds)
M = nombre de mailles (boucles fermées)
N = nombre de nœuds (points de jonctions)
Dans la théorie des graphes, C est appelé « nombre cyclomatique » et sa définition n’est valide
que pour un graphe plan.
On peut donc écrire, un système de N - 1 équations de nœuds et M équations de mailles pour
calculer des C débits:

94
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

 
 ε1,1 L ε1,C 
 
 M M  Q1   q1 
  M   M 
 ε L ε N ,C    
 N −1,1
 M   q N −1 
 n−1   M  =  h  (5.18)
 n−1 
 εR Q  L

εR Q     1 
1,C   
 1,1
 M M 
 M M 
 Q   
 C  hM 
 
 n−1   n−1  
εR Q  L εR Q  
 M ,1   M ,C 

• Les N-1 premières lignes de la matrice contiennent les signes εi,j relatifs au iième nœud et à la
jième
€ conduite. Pour les conduites non connectées à un nœud, ε est nul.
n−1
• Les M dernières lignes de la matrice contiennent les termes signés  ε R Q  relatifs à la
i, j

iième maille et à la jième conduite. Pour les conduites non participantes à une maille, ε est nul.

• Les débits de consommation imposés aux nœuds qi sont placés dans la première partie du
membre de droite.

• Les pertes et gains de charge constants hi attribués à la présence de réservoirs ou de pompes


sont placés dans la dernière partie du membre de droite.

• La seconde partie de la matrice contient des débits qui ne sont pas encore connus. On les
remplace par des débits quelconques Q0 qui sont sans rapport avec la loi des nœuds. On
calcule alors une première estimation du débit Q avec ces débits Q0 arbitraires puis on
améliore la solution en procédant à des itérations.

• Pour améliorer la convergence, chaque Q0 pour l'itération suivante se calcule comme la


moyenne du débit Q calculé à l’itération précédente et du débit Q0 précédent.

Q(i ) + Q0(i)
Q0(i +1) =
2

Cette technique assure une convergence efficace mais relativement lente. Une autre technique de
résolution a donc été proposée. Elle est basée sur l’application de la méthode de Newton-
Raphson au système 5.18. Cette méthode a été programmé dans le logiciel CASH2. Les essais

2
Conception et Analyse de Systèmes Hydrauliques, http://www.gci.ulaval.ca/cours/gci10214/cash.htm

95
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

poursuivis jusqu'à maintenant ont prouvé, hors de tout doute, la supériorité de la stabilité de ce
schéma numérique par rapport aux méthodes précédentes.

Exemple

Construisons le système matriciel en supposant que les coefficients de résistance R de chaque


conduite sont connus.

q2

q4
1 2 4
1 4
q1

3 II 6
2

5
3 5 q5
q3

Il n’est pas nécessaire de choisir des Q0 cohérants, il suffit de leur donner une valeur initiale
quelconque mais différente de zéro.

On utilise le système 5.18 pour construire la matrice et le membre de droite :

 −1 −1 0 0 0 0  Q   
  1  −q1 
 1 0 −1 −1 0 0 Q2   q2 
 0 1 1 0 −1 0 Q   q 
  3  =  3 
 0 0 0 1 0 −1 Q4   q4 
n−1 n−1 n−1
−R1 Q0,1 R2 Q0,2 −R3 Q0,3 0 0 0 Q   0 
5
 n−1 n−1 n−1 n−1   
 0 0 R3 Q0,3 −R4 Q0, 4 R5 Q0,5 −R6 Q0,6 Q6   0 

On applique les corrections en tenant compte des signes :

96
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

Q1 = Q0,1
Q2 = Q0,2
Q3 = Q0,3
Q4 = Q0, 4
Q5 = Q0,5
Q6 = Q0,6

On remplace les Q0,i par les moyennes des Qi et Q0,i précédent et on recommence jusqu’à ce que
les valeurs du débit se stabilisent.

97
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

Aspects théoriques des méthodes de résolution

Dans la méthode de correction par mailles, on désire que pour chaque maille, la somme
algébrique des pertes de charges s’annule :

∑ε M hM = 0
M = i, j,k K

On doit donc écrire M équations de ce type, avec M, le nombre de mailles du réseau.

Comme on connaît les C débits initiaux Q0 satisfaisant la loi des nœuds et la relation qui lie le
débit à la perte de charge, on peut écrire les M équations précédentes sous la forme suivante :
n
∑ε M RM (Q0, M + ε M ΔQM ) = 0
M = i, j,k K

Ce qui signifie que l’on doit déterminer les corrections ΔQM , pour chaque conduite qui doivent
être appliquées aux débits initiaux Q0 de telle sorte que l’ensemble de ces expressions s’annule.

Pour réussir à résoudre ce problème nous devons développer chaque équation en série de Taylor
en considérant qu’elles sont fonctions de plusieurs variables indépendantes, c’est-à-dire les
corrections de débit à appliquer à chaque conduite :

n ∂
∑ε
M = i, j,k K
M RM (Q0, M + ε M ΔQM ) = ∑ε
M = i, j, kK
M RM Q0,n M + ∑
M =i, j,k K
ε M ΔQM
∂Q0 , M
( )
ε M R M Q0n, M = 0

n
∑ε
M = i, j,k K
M RM (Q0, M + ε M ΔQM ) = ∑ε
M = i, j, kK
M RM Q0,n M + ∑
M =i, j,k K
(
ε M ΔQM ε M RM nQ0,n−1 )
M = 0

2
Sachant que ε M = 1, on obtient finalement pour chaque maille :

∑ ( nR M Q0,n−1 )
M ΔQM = − ∑ε M R M Q0n, M
M = i, j,k K M = i, j,k K

b) Méthode des charges

Cette méthode consiste à écrire un système d’équations composé des N équations de nœuds.
Comme il y a C débits inconnus dans ces équations, on remplace les débits par la relation qui
relie le débit à la perte de charge (éq. 5.8) dans laquelle on remplace explicitement la perte de
charge par la différence de deux charges nodales. On obtient donc N inconnues. Il n’est plus
possible, comme dans le cas précédent, de linéariser facilement le système et il est nécessaire
d’utiliser la méthode de Newton-Raphson.

Pour chaque nœud i, il faut alors écrire une équation de ce type :

98
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

 m−1  m−1 m−1


 ∑ m Ki, N H i − H N  ΔHi − m K i, j H i − H j ΔH j − m Ki, k Hi − Hk ΔHk − K
 N = j,k ,K 
 m 
= −  ∑ ε N Ki, N H i − H N + ε i qi 
 N = j,k ,K 

Cette méthode converge bien, la principale difficulté de sa mise en œuvre surgit lors de
l’introduction d’éléments hydrauliques comme des pompes.

5.5.3 Introduction d'éléments annexes dans le calcul des réseaux

Les réseaux de distribution ne sont pas constitués uniquement de conduites, aussi, l'analyse d'un
tel système nous conduit à nous poser des questions concernant le taux de vidange ou de
remplissage des réservoirs, des paramètres de fonctionnement des surpresseurs et des pompes ou
de l'état des réducteurs de pression. Il est donc primordial d'incorporer dans un tel programme
d'analyse, la possibilité de simuler l'effet de ces équipements spéciaux sur l'ensemble du réseau.

Le principe de simulation des équipements spéciaux est basé sur l'utilisation d'une loi de
comportement qui relie la perte de charge au débit:

h = f (Q) (5.19)
Cette relation est ajustée en fonction de l'équipement considéré.

Les réservoirs

Lorsque le nombre de réservoirs est supérieur à l'unité, on considère un trajet virtuel (souvent
appelé pseudo-lien) entre les réservoirs pris deux à deux. Ainsi la perte de charge négative sur ce
parcours est égal à la différence de charge entre les deux réservoirs. On ajoute aussi la possibilité
de recycler la perte de charge locale à l'entrée ou à la sortie du réservoir.

Pour un pseudo-lien entre les nœuds i et j, la relation 5.19 s’écrit :

hij = H Rj − HR i (5.20)

99
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

Exemple

Notons par QR1 et Q R2 les débits des réservoirs. Le lien qui relie le nœud 6 au nœud 7 est un
pseudo-lien, son débit est nul mais sa perte de charge est égal à la différence de niveau entre les
deux réservoirs. Les réservoirs ont un débit mais n’ont pas de perte de charge.

III
R1
q2

1 2 4 q4
1 4
q1

3 II 6
2

5
3 5 R2 7
q3
q5

Dans un premier temps, il faut calculer des débits initiaux satisfaisant la loi des nœuds. Comme
on ne sait pas de quel réservoir va provenir l’eau consommée, on peut choisir, par simplicité, que
seul le réservoir 1 fournit le réseau :

Q0, R1 = q1 + q2 + q3 + q4 + q5
Q0, R 2 = 0
Q0, 1 = Q0, r1 2 − q1
Q0, 2 = Q0, r1 2 − q1
Q0, 3 = q3 − Q0, 2
Q0, 4 = Q0 ,1 − Q0,3 − q2
Q0, 5 = Q0, 2 + Q0, 3 − q3
Q0, 6 = Q0, 4 − q4

100
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

On utilise le système 5.13 pour construire la matrice et le membre de droite :

 n−1 n−1 n−1 


 ∑ nRN Q0, N −nR3 Q0,3 −nR1 Q0,1 
N =1,2,3  ΔQI 
 −nR Q n−1 n−1 n−1 n−1  
3 0,3 ∑ nRN Q0, N −nR4 Q0, 4 − nR6 Q0,6  ΔQII  =
 
N =3, 4,5,6 
 n−1 n−1 n−1 n−1 ΔQIII 
 −nR1 Q0,1

−nR4 Q0, 4 − nR6 Q0,6 ∑ nRN Q0, N 

N =1, 4,6

 n−1 
 ∑ N N 0, N 0, N 
ε R Q Q
 N =1,2,3 
 n−1 
− ∑ε N RN Q0, N Q0, N 
 N =3, 4,5,6 
 n−1 
 ∑ε N RN Q0, N Q0, N + ε7 h7 
 N =1, 4,6 

On applique les corrections, y compris sur les débits des réservoirs, en tenant compte des signes :

€ Q1 = Q0 ,1 − ΔQI + ΔQIII
Q2 = Q0,2 + ΔQI
Q3 = Q0,3 − ΔQI + ΔQII
Q4 = Q0, 4 − ΔQII + ΔQIII
Q5 = Q0,5 + ΔQII
Q6 = Q0,6 − ΔQII + ΔQIII
QR 1 = Q0, R1 + ΔQIII
QR 2 = Q0, R 2 − ΔQIII

On remplace les Q0,i par les Qi et on recommence jusqu’à ce que le membre de droite s’approche
de zéro

Les pompes

La courbe de performance débit-charge d'une pompe est donnée par le fabricant ; la façon la plus
simple de l'introduire dans le modèle est de l'interpoler par une relation quadratique du type:

h = A + B Q + CQ2 (5.21)

101
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

Il est par ailleurs possible d'utiliser des techniques d'interpolation et de demander à l'utilisateur
du modèle de spécifier un certain nombre de points (h, Q) caractéristiques de la courbe de
comportement.

Exemple

On ajoute une pompe entre R1 et le nœud 1, cette nouvelle branche à un débit et un gain de
charge lié ensemble par une relation de type 5.21.

R1

III
6
q6
P
q2

1 2 4 q4
1 4
q1

3 II 6
2

5
3 5 R2 8
q3
q5

Dans un premier temps, il faut calculer des débits initiaux satisfaisant la loi des nœuds. Comme
on ne sait pas de quel réservoir va provenir l’eau consommée, on peut choisir, par simplicité, que
seul le réservoir 1 fournit le réseau, le débit de la pompe est égal au débit du réservoir moins un
éventuel débit de consommation à l’amont de la pompe :

102
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

Q0, R1 = q1 + q2 + q3 + q4 + q5
Q0, R 2 = 0
Q0, P = Q0, R1 − q6
Q0, 1 = Q0, r1 2 − q1
Q0, 2 = Q0, r1 2 − q1
Q0, 3 = q3 − Q0, 2
Q0, 4 = Q0 ,1 − Q0,3 − q2
Q0, 5 = Q0, 2 + Q0, 3 − q3
Q0, 6 = Q0, 4 − q4

On utilise le système 5.13 pour construire la matrice et le membre de droite. Dans la matrice, on
retrouvera la dérivée de l’équation de la pompe. Dans le membre de droite, il faut s’assurer que,
en tenant compte du sens de parcours de la maille, la perte de charge de la pompe (gain de
charge) soit de signe opposé au débit de la pompe :

 n−1 n−1 n−1 


 ∑ nRN Q0, N −nR3 Q0,3 −nR1 Q0,1 
N =1,2,3  ΔQI 
 −nR Q n−1 n−1 n−1 n−1  ΔQ  =
 3 0,3 ∑ nRN Q0, N −nR4 Q0, 4 − nR6 Q0,6
 II 
N =3, 4,5,6
 n−1 n−1 n−1 n−1 ΔQIII 
 −nR1 Q0,1

−nR4 Q0, 4 − nR6 Q0,6 ∑ (
nRN Q0, N + B + 2C QP )


N =1, 4,6

 n−1 
 ∑ε N RN Q0, N Q0, N 
 N =1,2,3 
 n−1 
− ∑ε N RN Q0, N Q0, N 
 N =3, 4,5,6 
 n−1 
(
 ∑ε N RN Q0, N Q0, N + εP A + BQP + C QP QP + ε7 h7 
 N =1, 4,6
) 

Remarque : Dans ce système, on a traité QP comme s’il pouvait changer de signe mais cela ne
devrait pas arriver. Si cela ce produit, c’est qu’il faut revoir l’équation de la pompe.

On applique les corrections, y compris sur les débits des réservoirs et de la pompe, en tenant
compte des signes :

103
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

Q1 = Q0 ,1 − ΔQI + ΔQIII
Q2 = Q0,2 + ΔQI
Q3 = Q0,3 − ΔQI + ΔQII
Q4 = Q0, 4 − ΔQII + ΔQIII
Q5 = Q0,5 + ΔQII
Q6 = Q0,6 − ΔQII + ΔQIII
QR 1 = Q0, R1 + ΔQIII
QR 2 = Q0, R 2 − ΔQIII
QP = Q0,P + ΔQIII

On remplace les Q0,i par les Qi et on recommence jusqu’à ce que le membre de droite s’approche
de zéro

Les surpresseurs

Les surpresseurs sont considérés comme des pompes et l’on utilise la même technique en
fonction de la courbe de comportement.

Les réducteurs de pression

Les réducteurs de pression sont considérés comme des pertes de charges locales dont le
coefficient est variable en fonction des charges amont et aval. Là encore les caractéristiques de
fabrication sont à utiliser.

Les clapets

Bien que cela soit plutôt rare, dans certains cas, il est nécessaire de placer des clapets non-retour.
Lorsque le clapet est fermé, cela a une conséquence importante sur la structure de la matrice de
comportement. En effet, il faudrait à ce moment débrancher une conduite du réseau et
réorganiser la numérotation des mailles. Dans la méthode directe en débits, il est cependant
possible d'éviter cette situation en considérant l'introduction d'une condition aux limites en débit
nul sur la conduite considérée par la méthode du terme diagonal dominant. Sans changer le
nombre d'équations, il suffit de sommer au terme diagonal de l'équation correspondant à la
10
conduite considérée, un terme très grand (10 ) et placer dans le vecteur de sollicitations le
produit de la valeur imposée par ce grand terme ( ici évidemment ce terme sera nul, Q = 0).

Le critère de remise en fonction de cette conduite pose aussi quelques problèmes. Il convient de
calculer à chaque itération la charge disponible aux extrémités de cette conduite afin de décider
si le clapet fonctionne ou non et si l'on doit, le cas échéant, appliquer la mesure précédente

104
5.5.4 Ajustement des coefficients de frottement

Dans la pratique, on essaie de faire correspondre le plus possible le modèle numérique du réseau
à la réalité. Un des éléments clef de ce critère est le choix des coefficients d’Hazen-Williams (ou
de Darcy-Weisbach). Afin de déterminer la valeur de ces coefficients pour des conduites dont on
ne connaît pas l’état, on procède à des essais en place en isolant une conduite au moyen des
vannes de telle sorte qu’elle alimente seule une bouche d’incendie. On mesure alors la pression à
l’amont de la conduite ainsi qu’au niveau de la bouche d’incendie de façon à déterminer la perte
de charge sur une certaine longueur puis on évalue le débit à la sortie de la borne au moyen d’un
débitmètre ou d’un tube de Pitot. Ainsi, seul coefficient de frottement est inconnu.

Cette méthode n’est cependant valide que si le diamètre de la conduite n’a pas évolué dans le
temps. En pratique, il arrive fréquemment que le diamètre diminue à cause des dépôts qui se
forment dans la conduite. Par conséquent, on ne connaît ni le coefficient ni le diamètre de la
conduite.

Afin de lever cette indétermination, je propose la méthode suivante :

a) On procède à deux essais de débits au lieu d’un seul.

b) On écrit un système de deux équations dont les inconnues sont le coefficient et le diamètre.
Pour la formule d’Hazen-Williams, cela s’écrit :
1,85
 1  L
  Q1,85 − h1 = 0
 CHW β  D4,87 1
1,85
(5.22)
 1  L
  Q1,85 − h2 = 0
4,87 2
 CHW β  D

c) On applique la méthode de Newton-Raphson pour résoudre :

  1,85 1  1 1,85 L    1 1,85 L 


−1,85 1  L
Q1,85 −4,87   Q11,85   h1 −   Q1,85 
4,87 1 4,87 1
 β C D 2.85
 Cβ  D5,87 ΔC    CHW β  D 
   = 
 1,85 1 1,85 1,85
 1  ΔD  
−1,85 1  L L 1 L
   
2.85 4,87
Q21,85 −4,87   5,87
Q21,85   h2 −   4,87
Q21,85 
 β
  C D  Cβ  D    CHW β  D 


GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert

Exercices

5.1 Une borne-fontaine est située à l’extrémité d’une conduite de 15 cm de diamètre et de 100 m de
longueur en cul-de-sac. Lorsque cette borne est fermée, on y mesure une pression de 53 m d’eau.
Le débit à la borne-fontaine complètement ouverte peut être évalué par la relation suivante :

Q = 0,9 Ab 2gH [m3 /s]

où Ab = l’aire de l’ouverture de l’orifice de la borne


g = la gravité
€ H = la pression à la borne.

On sait de plus que l’orifice de la borne a un diamètre de 6 cm. On fait l’hypothèse que, peu
importe le débit, la pression à l’amont de la conduite est constante et égale à la pression
statique mesurée. La conduite est supposée horizontale, on néglige la hauteur de la borne et
le coefficient de Hazen-Williams est de 100.

Quel débit sortira de la borne si elle est complètement ouverte ?

106

Vous aimerez peut-être aussi