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Ce chapitre est consacré à la distribution des eaux potables dans un réseau de conduites. Nous
énoncerons les objectifs fondamentaux à atteindre pour satisfaire la demande en terme de
pression et de débit. Les méthodes de calcul seront décrites à partir des principes de base.
• Réseau branché sur un réservoir suffisamment élevé pour assurer les débits et les pressions.
• Méthode simple et la plus fiable si la conduite principale est bien protégée contre les bris
accidentels.
• Pompage lors des périodes de basse consommation vers des réservoirs élevés.
Dans les réseaux étendus et de consommation dense, les réservoirs permettent d'égaliser la
pression sans avoir à augmenter le diamètre des conduites principales.
La réserve d'équilibre (ou d’opération) se définit comme étant le volume d'eau nécessaire à
combler la différence entre la capacité maximale de production, en général la consommation
journalière maximale, et la pointe de cette journée de consommation maximale. On calcule cette
réserve à partir du graphique de la demande cumulative (fig. 5.2).
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GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert
600 30000
débit
500 25000
demande cum.
Re
Demande cumulative m3
400 20000
Débit l/s
300 15000
200 10000
100 5000
0 0
0 6 12 18 24
Temps h
La réserve d'urgence et de production sert à fournir de l'eau pendant les événements imprévus.
La réserve d’urgence, utilisée lors d'un bris de pompe par exemple, a un volume correspondant à
environ 2 à 14 heures de consommation journalière. La réserve de production est gardée à l'usine
de traitement et est équivalent à 4 heures de production nominale.
Comme il est improbable d'avoir un bris majeur le jour maximal avec le plus gros incendie, il ne
serait pas économique de garder simultanément toutes ces réserves. On considère dans la
pratique souhaitable de garder somme des réserves d'équilibre, d'incendie et d'urgence. Le
minimum étant de garder seulement les réserves d'équilibre et d'incendie.
Les réservoirs peuvent être construits soit en élévation, château d'eau par gravité ou alors en
sous-sol accompagnée d'un système de pompage. Il semble que cette dernière solution soit
considérée comme préférable pour des raisons esthétiques et économiques tant au point de vue
coût initial qu'au point de vue coût d'entretien.
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Une valeur de la pression située entre des extrêmes acceptables et ce pour l'ensemble du réseau
constitue, à part bien sûr la capacité de fournir à la demande, le critère de base du
dimensionnement correct pour atteindre l'efficacité du réseau.
En cas d'incendie, il faut prévoir la possibilité d'augmenter la pression, ce qui peut ce faire par les
moyens suivants :
Plusieurs unités sont utilisées pour quantifier la pression, nous donnons ci-après quelques valeurs
de références :
1 atmosphère (atm) = 14,696 psi
= 1 013.3 mbar
= 101,33 KN/m2 (KPa)
= 10,33 m d'eau
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Un réseau de distribution peut avoir une forme ramifiée (fig. 5.3) ou une forme maillée (fig. 5.4)
ce qui est plus courant. On appelle antenne les conduites en cul de sac. Les réseaux sont
constitués des éléments suivants :
Les conduites sont fabriquées en béton précontraint, en fonte ou en CPV. Les diamètres sont
calculés pour obtenir des vitesses de l'ordre de 0,6 à 1,2 m/s, 2 m/s au maximum en cas de feu.
Ces diamètres sont en général de 15 cm en zone résidentielle, 20 cm en zone commerciale et 30
cm et plus dans les rues principales.
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• La densité de la population et ses activités pour évaluer les besoins en eaux des différents
secteurs résidentiels, commerciaux et industriels.
On résume en général toute information pertinente sur carte topographique, on évalue les
consommations de chaque zone et les débits de feu de façon à déterminer la demande totale, la
puissance de pompage requis, le volume et la position des réservoirs et les diamètres et longueurs
des conduites.
Bien souvent, avant de faire l'analyse d'un réseau, il est nécessaire de le simplifier en regroupant
en série ou en parallèle un certain nombre de conduites pour former des conduites équivalentes.
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hT = h1 + h2 + K + h j (5.1)
b) Le débit est le même pour toutes les conduites :
QT = Q1 = Q2 = K = Qj (5.2)
c) La perte de charge est liée au débit par une relation du type :
h = R Qn (5.3)
où le coefficient R est la résistance de la conduite. Cette résistance ne dépend que des propriétés
de la conduite c’est-à-dire la rugosité, le diamètre et la longueur.
8f L
R= et n = 2
π 2 g D5
Re QTn = ( R1 + R2 + K + R j )QTn
d'où:
Re = R1 + R2 + K+ R j
Donc pour des conduites en série, la résistance équivalente s'exprime comme la somme des
résistances de chaque conduite :
j
Re = ∑ Ri (5.4)
i =1
QT = Q1 + Q2 + K + Qj (5.5)
b) La perte de charge est la même pour toutes les conduites:
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hT = h1 = h2 = K = h j (5.6)
c) Le débit est lié au à la perte de charge par une relation du type:
Q = K hm (5.7)
où K est la conductance de la conduite. La conductance est liée à la résistance par la relation :
1
K=
Rm
avec m = 1/n.
Donc, en introduisant l'expression (5.7) dans (5.5) on obtient:
Ke hTm = ( K1 + K2 + K + K j ) hTm
d'où:
Ke = K1 + K2 + K + K j
Donc pour des conduites en parallèle, la conductance équivalente s'exprime comme la somme
des conductances de chaque conduite :
j
Ke = ∑ Ki (5.4)
i=1
Le principal problème qui se pose à l'ingénieur face à l'infrastructure de distribution des eaux
consiste à connaître le comportement en pression de chaque élément du réseau lors de situations
critiques (incendies), de période de forte demande ou encore en fonctionnement normal.
Le grand nombre de conduites et leur interconnexion qui caractérisent la structure d'un réseau
maillé font qu'il n'est pas possible de calculer de façon simple et rapide, avec suffisamment de
précision les pertes de charges et les débits dans toutes les conduites correspondant à une
situation de consommation donnée. La raison en est relativement simple. La distribution de débit
dans le réseau est conditionnée par le principe de l'énergie minimum, ce qui a pour conséquence
que la moindre modification du réseau entraîne une redistribution des débits. Comme on le voit,
la solution du problème dépend simultanément de ce qui se passe dans chaque élément du réseau.
Une autre difficulté provient du fait que la relation qui décrit le lien entre le débit d'une conduite
et la perte de charge qu'il entraîne est non linéaire ce qui ne simplifie pas non plus la tâche de
l'ingénieur.
Dans les années 20, Hardy Cross, le premier, appliqua sa méthode de distribution des moments
dans les structures hyperstatiques à la recherche d'une solution au problème de l'équilibre des
réseaux de conduites. Sa technique consiste à remplacer la simultanéité des comportements par
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La méthode de Hardy Cross a été utilisée avec succès depuis cette période puisque qu'elle était la
seule méthode relativement précise disponible. Cependant, le fait que le nombre de calculs par
itérations et que le nombre d'itérations elles-mêmes était assez important, on ne pouvait pas
facilement faire le calcul pour une quantité étendue de configurations de consommation. Avec
l'arrivée, au début des années 60, d'une certaine accessibilité à la puissance de calcul des
ordinateurs, les premiers programmes de calcul de l’équilibre des réseaux n'étaient en fait que la
codification sur ordinateur de la méthode de Hardy Cross. Bien que cela permît l'analyse de plus
gros réseaux, l'utilisation d'un calculateur ne modifiait en rien le comportement numérique de la
méthode, soit l'hypothèse de non-simultanéité des événements. Puisqu'il était alors possible de
faire plus de calculs, les problèmes de convergences furent plus fréquents.
C'est alors qu'apparurent des méthodes dites matricielles. Le fondement de ces méthodes repose
sur une approche semblable à celle de Hardy Cross, mais en tenant compte de l'interaction des
éléments voisins. Elles permettent donc de corriger simultanément l'ensemble du réseau afin
d'améliorer la solution de départ approximative. Ces méthodes sont, évidemment, intimement
liées à l'emploi d'un ordinateur puisqu'elles conduisent, à chaque itération, à l'inversion d'un
système matriciel important. Bien que l'introduction de la simultanéité des corrections améliore
significativement la convergence du processus itératif, les problèmes liés au choix de la solution
de départ restent les mêmes, c'est-à-dire que ce choix initial conditionne encore le comportement
de la convergence.
Plus récemment, au début des années 70, la méthode linéaire commençait à être utilisée. Basée
que la résolution simultanée des équations d'énergie et de continuité sur l'ensemble du réseau,
elle conduit à un système matriciel plus gros donc, nécessite l'utilisation d'un ordinateur plus
puissant. Cependant, son avantage principal réside dans le fait qu'il n'est pas nécessaire de choisir
une solution initiale et qu'il est plus facile d'y inclure des équipements spécifiques. Sur le plan
purement numérique, cette méthode présente une convergence fondamentalement oscillante qui
peut être réduite par une technique de sous relaxation. Il y a quelques années, la méthode de
résolution de cette formulation a été révisée en profondeur. Nous avons proposé d'utiliser une
technique numérique basée sur l'adaptation de la méthode de Newton-Raphson à l'ensemble du
système matriciel. Ceci, couplé à une organisation topologique de la matrice de comportement
nous a permis d'obtenir une méthode dont le comportement en convergence est considérablement
amélioré.
Principes de base
Définitions préliminaires
Un circuit fermé composé d’éléments constitutifs d’un réseau est appelé maille.
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Un réseau est en équilibre lorsque la somme algébrique des débits Q (y compris le débit de
consommation) aux nœuds est nulle et que, simultanément, la somme algébrique des pertes de
charge h autour d'une maille s'annule. Ceci définit la loi des nœuds et la loi des mailles.
∑ε N QN = 0 (5.5)
N = i, j,k K
∑ε M hM = 0 (5.6)
M = i, j,k K
Les variables ε N et ε M représentent respectivement le signe des débits QN des conduites i, j, k, etc
qui sont connectées à un nœud et le signe des pertes de charge hM des conduites i, j, k, etc qui
sont constituent une maille selon la convention adoptée. Elles ne peuvent donc ne prendre que les
valeurs –1 ou 1.
h = R Qn (5.7)
ou inversement:
1 1
Q= 1
h n
= K hm (5.8)
R n
Méthodes de calcul
€
Le schéma général de la méthode de résolution de ce type de problème consiste à écrire au
moyen de la loi des nœuds ou de la loi des mailles un nombre d’équations équivalent au nombre
d’inconnues choisies. On peut choisir de déterminer soit les débits Q dans les conduites, soit les
pertes de charge h dans les conduites, soit les charges H aux noeuds. Dès que l’un de ces
ensembles d’inconnues est déterminé, on peut facilement en déduire les deux autres grâce aux
relations qui lient le débit à la perte de charge. Le caractère non linéaire de ces relations est
responsable de la non-linéarité du système à résoudre.
Pour résoudre un système d’équations non linéaires, il faut le linéariser, ce qui conduit à une
solution approximative. On procède alors par itérations pour améliorer la solution afin qu’elle se
stabilise avec un certain degré de précision.
Plusieurs approches sont possibles et on peut les regrouper en trois grandes catégories :
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Cette méthode a un intérêt historique car elle a été développée avant l’invention des moyens de
calcul électroniques. C’est une forme simplifiée de l’application d’une méthode de Newton-
Raphson ce qui entraîne une dégradation de la convergence. Elle permet d’illustrer simplement
les concepts, mais, à mon avis, elle ne devrait jamais être programmée sur ordinateur car les
moyens de calcul actuels sont largement suffisants pour ne pas avoir à envisager cette
simplification et gagner considérablement sur le plan de la convergence.
Cette méthode consiste à choisir les débits Q comme inconnues. On commence en choisissant un
ensemble de débits initiaux Q0 positifs qui satisfont la loi des nœuds puis on les corrige de façon
à ce que les pertes de charge générées par ces débits tendent à satisfaire la loi des mailles et sans
perturber la loi des nœuds (voir l’encadré des aspects théoriques plus loin). En général, cet
objectif n’est pas atteint du premier coup et l’on recommence en prenant comme débits initiaux
les valeurs que l’on vient de trouver.
- Pour chaque maille, correction des débits pour atteindre ∑ε M h0, M = 0 en introduisant
M = i, j,k K
n
h0 = RQ0
n
− ∑ε R Q M M 0, M
M = i, j,k K
ΔQ = n−1
(5.9)
∑n R Q M 0, M
M = i, j, kK
- Convention de signe, ε M est positif lorsque le débit est dans le sens de parcours de la maille.
+ -
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- On applique la correction ΔQ de chaque maille aux débits des conduites constituant la maille
en tenant compte du signe :
QM = Q0, M + ε M ΔQ
Pour accélérer la convergence, on peut prendre comme Q0 les valeurs déjà corrigées par des
mailles précédentes.
Les corrections peuvent faire changer le signe du débit, deux possibilités s’offrent à nous :
- Garder les débits négatifs et modifier la formule de correction pour les accepter :
− ∑ ε M R M Q0,n−1
M Q0, M
M = i, j,k K
ΔQ =
∑ n RM Q0n−1
,M
M =i, j,k K
Sur le plan pratique la deuxième méthode est de loin préférable car la première méthode exige
que la mise à jour des ε M soit faite dans les mailles auxquelles appartient une conduite ce qui
nous oblige à créer une table liant chaque conduite aux mailles auxquelles elle appartient. Ceci
n’est pas nécessaire pour la deuxième possibilité et c’est ce que nous allons adopter pour toutes
les autres méthodes.
Cette méthode diffère de la précédente par son point de départ. On choisit plutôt les pertes de
charge h comme inconnues. En voici les principales étapes :
- Choix des h0 en respectant ∑ε M h0, M = 0 dans chaque maille. Ceci est direct si on choisit
M = i, j, kK
1 1
- Calcul des Q0 correspondant
€ Q= 1
h n
= K hm
R n
€
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− ∑ε N Q0 , N
N = i, j, k K
Δh = (5.10)
Q0, N
∑ n h0, N
N = i, j,k K
+
-
-
h = h0 + ε N Δh
- On continue les corrections jusqu'à ce que la loi des nœuds soit respectée à chaque nœud
avec une précision adéquate.
C'est une méthode itérative matricielle qui permet de repartir sur l'ensemble du réseau les
corrections ∆Q pour obtenir l'équilibre des pertes de charge (loi des mailles) à partir de débits
initiaux Q0 choisis en fonction de la loi des nœuds (voir Hardy Cross par mailles)
- On écrit le système d'équations non linéaires à partir de la loi des mailles auquel on applique
la méthode de Newton-Raphson (voir encadré théorique) pour chaque maille:
∑ ( nR M Q0,n−1
M ΔQM = − ) ∑ε M R M Q0n, M (5.11)
M = i, j,k K M = i, j,k K
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Cela revient à faire un changement de variables dans lequel chaque correction de débit
appliquée à une conduite M est remplacée par la différence de corrections appliquées aux
mailles A et B communes à la conduite M. Si une conduite n’appartient qu’à une maille, on
lui attribue seulement la correction de cette maille. Le nombre d’inconnues devient donc égal
au nombre de mailles et la résolution est alors possible.
Par exemple, pour une maille A adjacente aux mailles B et C, la relation (5.11) devient :
∑ nRM Q0,n−1 n−1 n−1 n
M ΔQA − nRAB Q0, AB − nRA C Q0, A C = − ∑ ε M RM Q0, M
M = i, j, kK M = i, j, kK
- En pratique, le système est organisé sous forme matricielle, en tenant compte que les sens des
débits ne seront pas mis à jour et que le débit gardera son signe, de la façon suivante :
BA ∑ nR Q0 M
= − (5.13)
B
M B
M O M M
n−1 n−1
ΔQM n−1
− nR Q0 L L ∑ 0
nR Q ∑ ε R Q 0 Q0
MA M M
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Exemple
q2
q4
1 2 4
1 4
q1
3 II 6
2
5
3 5 q5
q3
Dans un premier temps, il faut calculer des débits initiaux satisfaisant la loi des nœuds :
Q0, 1 = q1 2
Q0, 2 = q1 2
Q0, 3 = (Q0, 1 − q2 ) 2
Q0, 4 = (Q0 ,1 − q2 ) 2
Q0, 5 = Q0, 2 + Q0, 3 − q3
Q0, 6 = Q0, 4 − q 4
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n−1 n−1
R1 Q0,1 + R2 Q0,2 n−1
n n−1
−nR3 Q0,3
+ R3 Q0,3 ΔQI
n−1
=
n−1
ΔQII
n−1 R Q + R Q
n
3 0,3 4 0, 4
−nR3 Q0,3 n−1
n−1
+ R5 Q0,5 + R6 Q0,6
n−1 n−1 n−1
−R1 Q0,1 Q0,1 + R2 Q0,2 Q0,2 − R3 Q0,3 Q0,3
− n−1 n−1 n−1 n−1
R3 Q0,3 Q0,3 − R4 Q0, 4 Q0, 4 + R5 Q0,5 Q0,5 − R6 Q0,6 Q0,6
€ Q1 = Q0 ,1 − ΔQI
Q2 = Q0,2 + ΔQI
Q3 = Q0,3 − ΔQI + ΔQII
Q4 = Q0, 4 − ΔQII
Q5 = Q0,5 + ΔQII
Q6 = Q0,6 − ΔQII
On remplace les Q0,i par les Qi et on recommence jusqu’à ce que le membre de droite s’approche
de zéro
Cette méthode itérative permet de répartir sur l'ensemble du réseau les corrections Δh pour
atteindre l'équilibre des débits à partir de pertes de charge initiales h0 choisies en fonction de la
loi des mailles (voir H.C. nœud). La procédure est semblable à la méthode matricielle par mailles
et nous en donnons ici le résumé :
- Le système de N équations s'écrit
∑m K N h0,m−1
N ΔhN = − ∑ε N K N h0m, N = ∑ε N Q0 , N (5.14)
N = i, j,k K N =i, j,k K N = i, j,k K
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∆h N = ∆hA - ∆h B (5.15)
- Organisation matricielle
hN = h0, N + ε A Δh + ε B Δh
- On continue les corrections jusqu'à ce que la loi des nœuds soit respectée à chaque nœud
avec une précision adéquate.
Méthodes directes
Cette méthode est assez simple en ce qui concerne la mise en équations. En effet, il suffit
d’écrire autant d’équations conservation de débit ou d’énergie qu’il y a de débits dans les
éléments du réseau.
C = M + N −1 (5.17)
où :
C = nombre de conduites (ou d’éléments hydrauliques entre deux nœuds)
M = nombre de mailles (boucles fermées)
N = nombre de nœuds (points de jonctions)
Dans la théorie des graphes, C est appelé « nombre cyclomatique » et sa définition n’est valide
que pour un graphe plan.
On peut donc écrire, un système de N - 1 équations de nœuds et M équations de mailles pour
calculer des C débits:
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ε1,1 L ε1,C
M M Q1 q1
M M
ε L ε N ,C
N −1,1
M q N −1
n−1 M = h (5.18)
n−1
εR Q L
εR Q 1
1,C
1,1
M M
M M
Q
C hM
n−1 n−1
εR Q L εR Q
M ,1 M ,C
• Les N-1 premières lignes de la matrice contiennent les signes εi,j relatifs au iième nœud et à la
jième
€ conduite. Pour les conduites non connectées à un nœud, ε est nul.
n−1
• Les M dernières lignes de la matrice contiennent les termes signés ε R Q relatifs à la
i, j
iième maille et à la jième conduite. Pour les conduites non participantes à une maille, ε est nul.
• Les débits de consommation imposés aux nœuds qi sont placés dans la première partie du
membre de droite.
• La seconde partie de la matrice contient des débits qui ne sont pas encore connus. On les
remplace par des débits quelconques Q0 qui sont sans rapport avec la loi des nœuds. On
calcule alors une première estimation du débit Q avec ces débits Q0 arbitraires puis on
améliore la solution en procédant à des itérations.
Q(i ) + Q0(i)
Q0(i +1) =
2
Cette technique assure une convergence efficace mais relativement lente. Une autre technique de
résolution a donc été proposée. Elle est basée sur l’application de la méthode de Newton-
Raphson au système 5.18. Cette méthode a été programmé dans le logiciel CASH2. Les essais
2
Conception et Analyse de Systèmes Hydrauliques, http://www.gci.ulaval.ca/cours/gci10214/cash.htm
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poursuivis jusqu'à maintenant ont prouvé, hors de tout doute, la supériorité de la stabilité de ce
schéma numérique par rapport aux méthodes précédentes.
Exemple
q2
q4
1 2 4
1 4
q1
3 II 6
2
5
3 5 q5
q3
Il n’est pas nécessaire de choisir des Q0 cohérants, il suffit de leur donner une valeur initiale
quelconque mais différente de zéro.
−1 −1 0 0 0 0 Q
1 −q1
1 0 −1 −1 0 0 Q2 q2
0 1 1 0 −1 0 Q q
3 = 3
0 0 0 1 0 −1 Q4 q4
n−1 n−1 n−1
−R1 Q0,1 R2 Q0,2 −R3 Q0,3 0 0 0 Q 0
5
n−1 n−1 n−1 n−1
0 0 R3 Q0,3 −R4 Q0, 4 R5 Q0,5 −R6 Q0,6 Q6 0
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Q1 = Q0,1
Q2 = Q0,2
Q3 = Q0,3
Q4 = Q0, 4
Q5 = Q0,5
Q6 = Q0,6
On remplace les Q0,i par les moyennes des Qi et Q0,i précédent et on recommence jusqu’à ce que
les valeurs du débit se stabilisent.
€
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Dans la méthode de correction par mailles, on désire que pour chaque maille, la somme
algébrique des pertes de charges s’annule :
∑ε M hM = 0
M = i, j,k K
Comme on connaît les C débits initiaux Q0 satisfaisant la loi des nœuds et la relation qui lie le
débit à la perte de charge, on peut écrire les M équations précédentes sous la forme suivante :
n
∑ε M RM (Q0, M + ε M ΔQM ) = 0
M = i, j,k K
Ce qui signifie que l’on doit déterminer les corrections ΔQM , pour chaque conduite qui doivent
être appliquées aux débits initiaux Q0 de telle sorte que l’ensemble de ces expressions s’annule.
Pour réussir à résoudre ce problème nous devons développer chaque équation en série de Taylor
en considérant qu’elles sont fonctions de plusieurs variables indépendantes, c’est-à-dire les
corrections de débit à appliquer à chaque conduite :
n ∂
∑ε
M = i, j,k K
M RM (Q0, M + ε M ΔQM ) = ∑ε
M = i, j, kK
M RM Q0,n M + ∑
M =i, j,k K
ε M ΔQM
∂Q0 , M
( )
ε M R M Q0n, M = 0
n
∑ε
M = i, j,k K
M RM (Q0, M + ε M ΔQM ) = ∑ε
M = i, j, kK
M RM Q0,n M + ∑
M =i, j,k K
(
ε M ΔQM ε M RM nQ0,n−1 )
M = 0
2
Sachant que ε M = 1, on obtient finalement pour chaque maille :
∑ ( nR M Q0,n−1 )
M ΔQM = − ∑ε M R M Q0n, M
M = i, j,k K M = i, j,k K
Cette méthode consiste à écrire un système d’équations composé des N équations de nœuds.
Comme il y a C débits inconnus dans ces équations, on remplace les débits par la relation qui
relie le débit à la perte de charge (éq. 5.8) dans laquelle on remplace explicitement la perte de
charge par la différence de deux charges nodales. On obtient donc N inconnues. Il n’est plus
possible, comme dans le cas précédent, de linéariser facilement le système et il est nécessaire
d’utiliser la méthode de Newton-Raphson.
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Cette méthode converge bien, la principale difficulté de sa mise en œuvre surgit lors de
l’introduction d’éléments hydrauliques comme des pompes.
Les réseaux de distribution ne sont pas constitués uniquement de conduites, aussi, l'analyse d'un
tel système nous conduit à nous poser des questions concernant le taux de vidange ou de
remplissage des réservoirs, des paramètres de fonctionnement des surpresseurs et des pompes ou
de l'état des réducteurs de pression. Il est donc primordial d'incorporer dans un tel programme
d'analyse, la possibilité de simuler l'effet de ces équipements spéciaux sur l'ensemble du réseau.
Le principe de simulation des équipements spéciaux est basé sur l'utilisation d'une loi de
comportement qui relie la perte de charge au débit:
h = f (Q) (5.19)
Cette relation est ajustée en fonction de l'équipement considéré.
Les réservoirs
Lorsque le nombre de réservoirs est supérieur à l'unité, on considère un trajet virtuel (souvent
appelé pseudo-lien) entre les réservoirs pris deux à deux. Ainsi la perte de charge négative sur ce
parcours est égal à la différence de charge entre les deux réservoirs. On ajoute aussi la possibilité
de recycler la perte de charge locale à l'entrée ou à la sortie du réservoir.
hij = H Rj − HR i (5.20)
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Exemple
Notons par QR1 et Q R2 les débits des réservoirs. Le lien qui relie le nœud 6 au nœud 7 est un
pseudo-lien, son débit est nul mais sa perte de charge est égal à la différence de niveau entre les
deux réservoirs. Les réservoirs ont un débit mais n’ont pas de perte de charge.
III
R1
q2
1 2 4 q4
1 4
q1
3 II 6
2
5
3 5 R2 7
q3
q5
Dans un premier temps, il faut calculer des débits initiaux satisfaisant la loi des nœuds. Comme
on ne sait pas de quel réservoir va provenir l’eau consommée, on peut choisir, par simplicité, que
seul le réservoir 1 fournit le réseau :
Q0, R1 = q1 + q2 + q3 + q4 + q5
Q0, R 2 = 0
Q0, 1 = Q0, r1 2 − q1
Q0, 2 = Q0, r1 2 − q1
Q0, 3 = q3 − Q0, 2
Q0, 4 = Q0 ,1 − Q0,3 − q2
Q0, 5 = Q0, 2 + Q0, 3 − q3
Q0, 6 = Q0, 4 − q4
100
GCI-20552 – Hydraulique urbaine © Jean-Loup Robert
n−1
∑ N N 0, N 0, N
ε R Q Q
N =1,2,3
n−1
− ∑ε N RN Q0, N Q0, N
N =3, 4,5,6
n−1
∑ε N RN Q0, N Q0, N + ε7 h7
N =1, 4,6
On applique les corrections, y compris sur les débits des réservoirs, en tenant compte des signes :
€ Q1 = Q0 ,1 − ΔQI + ΔQIII
Q2 = Q0,2 + ΔQI
Q3 = Q0,3 − ΔQI + ΔQII
Q4 = Q0, 4 − ΔQII + ΔQIII
Q5 = Q0,5 + ΔQII
Q6 = Q0,6 − ΔQII + ΔQIII
QR 1 = Q0, R1 + ΔQIII
QR 2 = Q0, R 2 − ΔQIII
On remplace les Q0,i par les Qi et on recommence jusqu’à ce que le membre de droite s’approche
de zéro
Les pompes
La courbe de performance débit-charge d'une pompe est donnée par le fabricant ; la façon la plus
simple de l'introduire dans le modèle est de l'interpoler par une relation quadratique du type:
h = A + B Q + CQ2 (5.21)
101
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Il est par ailleurs possible d'utiliser des techniques d'interpolation et de demander à l'utilisateur
du modèle de spécifier un certain nombre de points (h, Q) caractéristiques de la courbe de
comportement.
Exemple
On ajoute une pompe entre R1 et le nœud 1, cette nouvelle branche à un débit et un gain de
charge lié ensemble par une relation de type 5.21.
R1
III
6
q6
P
q2
1 2 4 q4
1 4
q1
3 II 6
2
5
3 5 R2 8
q3
q5
Dans un premier temps, il faut calculer des débits initiaux satisfaisant la loi des nœuds. Comme
on ne sait pas de quel réservoir va provenir l’eau consommée, on peut choisir, par simplicité, que
seul le réservoir 1 fournit le réseau, le débit de la pompe est égal au débit du réservoir moins un
éventuel débit de consommation à l’amont de la pompe :
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Q0, R1 = q1 + q2 + q3 + q4 + q5
Q0, R 2 = 0
Q0, P = Q0, R1 − q6
Q0, 1 = Q0, r1 2 − q1
Q0, 2 = Q0, r1 2 − q1
Q0, 3 = q3 − Q0, 2
Q0, 4 = Q0 ,1 − Q0,3 − q2
Q0, 5 = Q0, 2 + Q0, 3 − q3
Q0, 6 = Q0, 4 − q4
On utilise le système 5.13 pour construire la matrice et le membre de droite. Dans la matrice, on
retrouvera la dérivée de l’équation de la pompe. Dans le membre de droite, il faut s’assurer que,
en tenant compte du sens de parcours de la maille, la perte de charge de la pompe (gain de
charge) soit de signe opposé au débit de la pompe :
n−1
∑ε N RN Q0, N Q0, N
N =1,2,3
n−1
− ∑ε N RN Q0, N Q0, N
N =3, 4,5,6
n−1
(
∑ε N RN Q0, N Q0, N + εP A + BQP + C QP QP + ε7 h7
N =1, 4,6
)
Remarque : Dans ce système, on a traité QP comme s’il pouvait changer de signe mais cela ne
devrait pas arriver. Si cela ce produit, c’est qu’il faut revoir l’équation de la pompe.
€
On applique les corrections, y compris sur les débits des réservoirs et de la pompe, en tenant
compte des signes :
103
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Q1 = Q0 ,1 − ΔQI + ΔQIII
Q2 = Q0,2 + ΔQI
Q3 = Q0,3 − ΔQI + ΔQII
Q4 = Q0, 4 − ΔQII + ΔQIII
Q5 = Q0,5 + ΔQII
Q6 = Q0,6 − ΔQII + ΔQIII
QR 1 = Q0, R1 + ΔQIII
QR 2 = Q0, R 2 − ΔQIII
QP = Q0,P + ΔQIII
On remplace les Q0,i par les Qi et on recommence jusqu’à ce que le membre de droite s’approche
de zéro
Les surpresseurs
Les surpresseurs sont considérés comme des pompes et l’on utilise la même technique en
fonction de la courbe de comportement.
Les réducteurs de pression sont considérés comme des pertes de charges locales dont le
coefficient est variable en fonction des charges amont et aval. Là encore les caractéristiques de
fabrication sont à utiliser.
Les clapets
Bien que cela soit plutôt rare, dans certains cas, il est nécessaire de placer des clapets non-retour.
Lorsque le clapet est fermé, cela a une conséquence importante sur la structure de la matrice de
comportement. En effet, il faudrait à ce moment débrancher une conduite du réseau et
réorganiser la numérotation des mailles. Dans la méthode directe en débits, il est cependant
possible d'éviter cette situation en considérant l'introduction d'une condition aux limites en débit
nul sur la conduite considérée par la méthode du terme diagonal dominant. Sans changer le
nombre d'équations, il suffit de sommer au terme diagonal de l'équation correspondant à la
10
conduite considérée, un terme très grand (10 ) et placer dans le vecteur de sollicitations le
produit de la valeur imposée par ce grand terme ( ici évidemment ce terme sera nul, Q = 0).
Le critère de remise en fonction de cette conduite pose aussi quelques problèmes. Il convient de
calculer à chaque itération la charge disponible aux extrémités de cette conduite afin de décider
si le clapet fonctionne ou non et si l'on doit, le cas échéant, appliquer la mesure précédente
104
5.5.4 Ajustement des coefficients de frottement
Dans la pratique, on essaie de faire correspondre le plus possible le modèle numérique du réseau
à la réalité. Un des éléments clef de ce critère est le choix des coefficients d’Hazen-Williams (ou
de Darcy-Weisbach). Afin de déterminer la valeur de ces coefficients pour des conduites dont on
ne connaît pas l’état, on procède à des essais en place en isolant une conduite au moyen des
vannes de telle sorte qu’elle alimente seule une bouche d’incendie. On mesure alors la pression à
l’amont de la conduite ainsi qu’au niveau de la bouche d’incendie de façon à déterminer la perte
de charge sur une certaine longueur puis on évalue le débit à la sortie de la borne au moyen d’un
débitmètre ou d’un tube de Pitot. Ainsi, seul coefficient de frottement est inconnu.
Cette méthode n’est cependant valide que si le diamètre de la conduite n’a pas évolué dans le
temps. En pratique, il arrive fréquemment que le diamètre diminue à cause des dépôts qui se
forment dans la conduite. Par conséquent, on ne connaît ni le coefficient ni le diamètre de la
conduite.
b) On écrit un système de deux équations dont les inconnues sont le coefficient et le diamètre.
Pour la formule d’Hazen-Williams, cela s’écrit :
1,85
1 L
Q1,85 − h1 = 0
CHW β D4,87 1
1,85
(5.22)
1 L
Q1,85 − h2 = 0
4,87 2
CHW β D
€
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Exercices
5.1 Une borne-fontaine est située à l’extrémité d’une conduite de 15 cm de diamètre et de 100 m de
longueur en cul-de-sac. Lorsque cette borne est fermée, on y mesure une pression de 53 m d’eau.
Le débit à la borne-fontaine complètement ouverte peut être évalué par la relation suivante :
On sait de plus que l’orifice de la borne a un diamètre de 6 cm. On fait l’hypothèse que, peu
importe le débit, la pression à l’amont de la conduite est constante et égale à la pression
statique mesurée. La conduite est supposée horizontale, on néglige la hauteur de la borne et
le coefficient de Hazen-Williams est de 100.
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