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CHARBON BACTERIDIEN
I. Définition
La fièvre charbonneuse (ou charbon bactéridien : car du à la bactéridie charbonneuse)
est une maladie infectieuse d'origine tellurique affectant les mammifères, principalement les
herbivores, et transmissible à l'Homme, due à une bactérie: Bacillus anthracis.
Chez les animaux, elle se présente généralement sous la forme d'une maladie aiguë,
septicémique, évoluant rapidement vers la mort avec des symptômes généraux, circulatoires,
digestifs et urinaires. Les lésions principales sont celles d'une septicémie hémorragique
associée, en particulier, à une hypertrophie et un ramollissement de la rate et une modification
de l'aspect du sang devenu noir et incoagulable.
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V. Pathogénie
Les spores pénètrent chez l’animal par une lésion du tractus gastro-intestinal, due à
des épines d’arbustes, des herbes grossières ou des racines dures que l’animal a
broutées.
La contamination par les poussières du sol se fait par inhalation, et ne nécessite pas de
lésion au niveau du tractus respiratoire.
Dans l’organisme la germination des spores commence. Ces dernières seront drainées
vers les nœuds lymphatiques, et les formes végétatives de B. anthracis auxquelles ces
spores donnent naissance, se multiplient en culture continue dans le flux sanguins.
Une partie des bacilles est filtrée par la rate et le système réticulo-endothélial, les
toxines libérées dans le sang provoquent une sévère toxémie, qui conduit à la mort de
l’animal.
Grâce aux moyens modernes, les facteurs qui conditionnent la virulence du B.
anthracis ont été identifiés :
- La capsule : inhibe la phagocytose et favorise une multiplication bacillaire
importante.
- Deus endotoxines protéiques : libérées par le bacille : facteur oedématogène
(EF) et facteur létal (LF) ; et une troisième protéines d’attachement nommée
Antigène Protecteur (PA), vient s’associer soit au EF ou au LF, et joue un rôle
majeur dans l’immunité.
Chacun des complexe ainsi formé PA + EF ou PA + LF, possède le pouvoir de
pénétrer la cellule cible.
Le facteur EF est une adényl-cyclase dépendante de la calmoduline cellulaire ; il s’agit
d’une enzyme qui transforme l’ATP en AMP cyclique et induit l’oedeme, qui
favorisera la dispersion des bacilles dans les tissus sous-cutanés et l’invasion du
système lymphatique.
Le facteur LF est une métalloprotéase zinc et calcium dépendante. La fusion PA + LF
donne naissance à la toxine létale qui est zinc-métaloprotéase.
La toxine létale circule dans tout l’organisme, arrivée dans le cytoplasme la toxine agit
comme une zinc-métaloprotéase et désorganise profondément les fonctions
homéostatiques. Les macrophages constituent la principale cible de la toxine,
conditionnant les effets pathologiques et aboutissant au choc et à la mort.
VI. 2. Symptômes
VI. 2. 1. Bovins
Forme aiguë: charbon septicémique :
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La mort survient en 2 à 3 jours.
Formes suraiguës : idem avec symptômes plus accusés et mort en 6 à 12 h.
Formes subaiguës : charbon "externe" ou charbon "à tumeur".
Débute par une réaction oedémateuse atteignant en quelques heures
20 à 30 cm de diamètre, chaude, douloureuse, non crépitante,
localisée le plus souvent à la gorge ou l'entrée de la poitrine.
Développement rapide de symptômes identiques à ceux de la forme
aiguë et mort en 4 à 5 jours (guérison rare).
Formes frustes : atteinte fébrile transitoire.
VI. 2. 3. Chevaux
Idem bovins avec deux particularités : importance des symptômes digestifs (coliques
fréquentes et précoces, entérite hémorragique) et évolution moins rapide (mort en 3 à 6 jours).
VI. 2. 4. Carnivores
Symptômes généraux d'une septicémie hémorragique rapidement mortelle; peut
débuter par une tuméfaction oedémateuse de la gorge (oedème du pharynx et de la langue).
VII. Epidémiologie
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VII. 1. 2. Résistance
La forme végétative de B. anthracis est très fragile, mais si les conditions sont réunies
pour que la sporulation ait lieu, la spore par sa résistance (plusieurs dizaines à centaines
d'années dans le sol) assure la pérennité de la maladie. La sporulation ne peut se réaliser dans
les cadavres qu'auprès des orifices naturels (présence d'air), sauf si le cadavre est dépouillé,
éviscéré…, ce qui permet la formation de centaines de milliards de spores.
VII. 1. 3. Transmission
Le plus souvent indirecte : ingestion d'aliments (herbe...) souillés par de la terre
polluée ou des aliments du bétail préparés à partir de matières premières contaminées,
consommation par les carnivores de viandes infectées.
Possibilité de transmission indirecte par piqûre (rôle possible d'insectes hématophages
notamment les tabanidés, objets souillés) ou contamination d'une plaie.
VIII. Diagnostic
Sur le cadavre:
Tumeur gélatineuse, rate hypertrophiée et boueuse, sang noir et incoagulable, congestion des
noeuds lymphatiques, congestion intestinale et hématurie (attention les lésions sont
rapidement modifiées par une putréfaction précoce).
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VIII. 3. Diagnostic Expérimental
Fondé exclusivement sur la recherche du bacille.
Prélèvements : organes prélevés sur le cadavre (rate, noeuds lymphatiques,
os long). Possibilité d'hémoculture sur l'animal vivant.
Laboratoires : tous les laboratoires de bactériologie.
Méthodes utilisées :
Bactérioscopie (frottis de rate...), culture (risque d'erreurs par défaut
en cas de putréfaction prononcée du cadavre), voire inoculation à
l'animal (cobaye).
Mise en évidence de l'antigène thermostable par précipitation en
milieu liquide (réaction d'Ascoli) à partir d'un fragment d'organe,
avec un sérum précipitant spécifique (non fabriqué actuellement).
Développement de techniques de PCR in situ.
IX. Traitement
X. Prophylaxie
X. 1. Prophylaxie Sanitaire
Elle tient compte de l'origine de la contamination, charbon tellurique (ne pas utiliser en pâture
les zones reconnues comme contaminées) ou charbon d'importation (importation limitée à des
matières premières stérilisées).
Si des cas sont reconnus : isoler et traiter les malades dans un local facile à désinfecter (soude
à 10 %, formol à 5 %) (Ou bien les laisser dans la pâture contaminée), brûler les litières
contaminées, éliminer les cadavres vers le clos d'équarrissage, proscrire saignées et autopsies
sur place.
X. 2. Prophylaxie Médicale