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Mélé Patrice. Centralité et espace urbain, dynamiques, politiques et pratiques des centres au Mexique. In: L'information
géographique, volume 62, n°4, 1998. pp. 187-188;
https://www.persee.fr/doc/ingeo_0020-0093_1998_num_62_4_2603
À Mexico, l'impact des séismes de 1985 (plus dérer que le tissu urbain du centre de la ville
de 100000 logements détruits essentiellement constitue un paradigme du modèle de ville
dans le centre) et les modalités de la coloniale et de son adaptation à l'urbanisation
reconstruction peuvent être assimilés à une rénovation sans contemporaine. Contrastant avec des décennies de lais-
précédent de l 'habitat locatif central. Alors que ser-faire, les pouvoirs locaux ont développé, à
les projets de rénovation des années 1950-1970 partir de 1983, une action volontariste de «
proposaient la création de nouveaux quartiers sur reconquête » et de requalification des espaces centraux.
la base d'un plan masse appliquant les normes de
l'urbanisme moderne pour créer des logements D'importants travaux d'amélioration de
locatifs pour un nouveau type de population, l'image urbaine ont été engagés, complétés par
l'action des programmes de reconstruction (4 300 lots une réorganisation des fonctions et des flux à
expropriés, 62 270 logements construits ou l'échelle de la ville. Le desserrement des
réhabilités) met en place une rénovation parcelle par fonctions centrales traditionnelles, qui dans de
parcelle qui conserve la structure des rues et des nombreuses autres villes s'est étalé sur trente ans - des
quartiers, le patio comme spécificité de années 1950 aux années 1980 - a été réalisé à
l'organisation de l'habitat, mais transforme les locataires Puebla en quatre ans entre 1984 et 1988. Marché
en propriétaires. de gros et marché central, gares routières,
commerçants « ambulants » furent expulsés du centre.
À Guadalajara et Monterrey, les projets ont été
dominés par la volonté de (re)construire un L'intérêt croissant pour le patrimoine,
espace de centralité monumentale. Au début des l'inscription sur la liste du patrimoine mondial, mais aussi
années 1980, deux nouvelles places ont été les réactions de replis de la société locale face aux
aménagées dans les centres-villes des deux plus grandes interventions étrangères, dans un contexte où une
métropoles régionales mexicaines (Guadalajara et partie importante de l'économie locale (en
Monterrey) par destruction du tissu urbain hérité. particulier l'industrie textile) est remise en cause par la
Il s'agit de la construction de nouveaux espaces politique d'ouverture, ont rendu impossible la
centraux à vocation monumentale, mais aussi mise en place d'un ambitieux programme de
administrative, tertiaire et commerciale. rénovation des quartiers populaires.
Analysée à partir des réalisations concrètes, la Malgré la faible prégnance des discours sur la
Gran plaza de Monterrey (cœur d'une zone de mixité sociale et le caractère public des espaces
rénovation de 40 hectares) apparaît comme un centraux, la création d'un champ d'intervention,
dispositif de réaménagement de l'inscription des de négociation et de discussion sur l'avenir des
pouvoirs publics dans le centre, et de centres-villes semble un des seuls terrains où les
réintroduction d'une monumentalité au centre- ville. Une acteurs publics mexicains sont de fait aux prises
telle réalisation permet de rivaliser avec les avec ces notions. Même si les pratiques des
espaces symboles de la puissance des groupes classes moyennes et aisées ne sont pas modifiées,
industriels et de ne pas accepter l'abandon total de le centre historique des villes mexicaines est de
ce dernier et la structuration de l'agglomération plus en plus perçu comme un « bien commun »
autour d'une opposition caricaturale entre les pour l'ensemble de la ville, nécessitant une prise
sièges des pouvoirs publics localisés au sein d'un en compte spécifique par les autorités publiques.
tissu urbain médiocre et dégradé, et la nouvelle
ville moderne et financière en périphérie (Garza
Garcia) au sein de laquelle les symboles des
pouvoirs politiques sont inexistants.
À Guadalajara, il s'agit avant tout de la
réalisation d'un centre commercial et d'une mise en
perspective des principaux monuments. La Plaza
tapatia (sept hectares) n'est pas un centre
directionnel à l'échelle de l'agglomération, mais une
« rue » piétonne rénovée et un dispositif
permettant de mettre sur le marché un produit immobilier
comparable aux locaux offerts dans les nouveaux
centres commerciaux périphériques.
À Puebla, l'ampleur du tracé colonial et la
préservation du plan en damier permettent de