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JURIDIQUE DES
PROFESSIONS DE SANTÉ
Thème 3
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Document 2. art. R. 4127-1 à R. 4127-112 CSP (ne sont reproduits que les 8 premiers), suivi
du Plan du Code de déontologie.
Le terme "déontologie" est inventé en 1834 par Jeremy Bentham dans l'ouvrage posthume
Déontologie ou science de la morale. Le philosophe explique que "le mot Déontologie est
dérivé de deux mots grecs, deon-ontos (ce qui est convenable) et logos (connaissance); c'est à
dire, la connaissance de ce qui est juste et convenable". L'objectif que Bentham assigne à la
déontologie est la recherche du bonheur assimilé à "la possession du plaisir avec exemption
de peine". Le terme est utilisé, en France, dès 1845 dans un ouvrage de M. Simon,
Déontologie médicale ou des droits et devoirs des médecins dans l'état actuel de la
civilisation. Son sens a cependant évolué puisqu'il ne concerne, et ne concernera plus, que la
morale professionnelle. La réflexion déontologique va se développer tout au long du XIXème
et au début du XXème siècle, essentiellement dans les professions de médecin et d'avocat
(pour ces derniers sous le vocable d'"usages professionnels", mais traitant des mêmes
questions). Ces réflexions aboutissent, autour de la seconde guerre mondiale, à une évolution
significative : à partir de cette époque, en effet, nombre de déontologies, à l'origine produites
dans des institutions privées – associations, syndicats – ou dès le début du XIXème siècle, au
sein des institutions professionnelles des professions de justice, sont intégrées au droit de
l'État. Celui-ci connaît ainsi, aujourd'hui, une quinzaine de déontologies prenant place dans
des décrets en Conseil d'État, actes du premier ministre. Celles-ci s'incarnent, formellement,
dans des codes de déontologie (architectes, auxiliaires médicaux (infirmières, masseur-
kinésithérapeutes, etc.), chirurgiens-dentistes, experts-comptables, médecins, médecins et
pharmaciens-chimistes des armées, policiers (polices nationale et municipale) pharmaciens,
sages-femmes et vétérinaires) ou dans des décrets d'application de lois organisant des
professions (avocats, conseils en propriété industrielle, géomètres-experts). Cette architecture
peut cependant être plus complexe. La loi peut ainsi énoncer certains principes historiquement
pensés dans un cadre déontologique, de même que les règlements intérieurs des institutions
professionnelles (notamment des barreaux) peuvent préciser des points insuffisamment
développés dans les codes ou décrets d'application. Le droit positif fait, en outre, référence à
une cinquantaine d'autres déontologies, sans en préciser la forme ou le contenu (travailleurs
sociaux, sport), ou en se contentant de prévoir une procédure de production (notaires,
huissiers, autres officiers ministériels, en l'occurrence l'approbation, par le Garde des sceaux,
du règlement intérieur des instances nationales de ces professions). On doit souligner, dans ce
contexte, que le droit positif ne contient pas de référence aux déontologies - pourtant objets de
nombreux discours - des journalistes, des fonctionnaires ou des magistrats. Celles-ci peuvent,
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cependant, comme de nombreuses autres, faire l'objet d'un certain nombre de productions
extra-étatiques, par exemple au sein d'associations professionnelles, de syndicats,
d'entreprises, comme règles internes à certaines administrations, ou dans le cadre de
rationalisations doctrinales.
Définition
A partir de l'ensemble de ces productions normatives, on peut définir les déontologies comme
des "ensembles de règles destinés à encadrer l'exercice de certaines professions et activités,
qu'elles soient libérales ou non, dans les relations des professionnels entre eux, ou dans les
relations des professionnels avec des tiers à la profession, clients, employeurs ou institutions".
Dans cette perspective, ces règles ne sauraient se confondre avec celles qui organisent, soit les
institutions professionnelles, notamment les ordres professionnels ou les juridictions
disciplinaires, soit les structures d'exercice professionnel. De même, celles-ci ne sauraient être
confondues avec deux autres types de règles à "coloration morale" : l'éthique biomédicale et
l'éthique des affaires. On peut, en effet, caractériser l'éthique biomédicale par le fait qu'elle a
pour objet de proposer des solutions afin de régler les conséquences sociales des progrès de la
recherche dans le domaine des sciences de la vie, alors que les règles déontologiques ont pour
objet la régulation des rapports entre les professionnels et leurs interlocuteurs (les unes
n'excluant d'ailleurs pas les autres). L’éthique des affaires (à ne pas confondre avec la
déontologie des activités financières), quant à elle, ne s’adresse pas à des professionnels, mais
à des entreprises, et représente une technique managériale destinée à favoriser la cohésion
interne de l'entreprise pour en augmenter l'efficacité. Du point de vue de leur production, un
certain de nombre de déontologies sont produites par l'État, après proposition des instances
professionnelles compétentes (médecins, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, pharmaciens,
experts-comptables) ; d'autres ne nécessitent qu'un avis des autorités professionnelles.
L'analyse montre, cependant, que ces dernières sont, en fait, très présentes dans tous les
processus d'élaboration. Les déontologies propres à des institutions particulières n'obéissent,
évidemment, qu'à des logiques internes de production.
Débats
Certains de ces éléments de définition font cependant encore débat. Il en est ainsi, notamment,
de la question de la juridicité des déontologies. D'aucuns estiment, en effet, que du fait de leur
origine à forte connotation morale (les professionnels, en l’absence de règles juridiques, étant
censés, dans un premier temps, moraliser eux-mêmes leurs pratiques), les déontologies ne
saurait accéder à la sphère du droit. On doit cependant constater l'accord de tous quant à
l'appartenance à l'ordre du droit d'un certain nombre de productions normatives, par exemple
des décrets en Conseil d'État, forme qu'empruntent, justement, les déontologies les plus
élaborées.
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Il est couramment avancé, en outre, que les déontologies concernent principalement les
professions libérales. Dans cette perspective, s’il est exact qu’historiquement, la régulation
déontologique s’est développée, dans un premier temps, au sein de ces professions,
l’affirmation ne correspond pas à la réalité contemporaine, cette dernière étant à la fois plus
diverse et plus mouvante. La régulation de la déontologie tend, en effet, à se développer, dans
des directions très variées, et notamment en ce qui concerne les fonctionnaires en général ou
certain d'entre eux en particulier, par exemple les policiers ou les magistrats.
Du point de vue des contenus, enfin, les déontologies sont couramment présentées comme des
ensembles de devoirs. La réalité est, encore une fois, plus complexe puisque, si les ensembles
de règles déontologiques (notamment les codes édictés sous l'égide de l'État) contiennent,
effectivement, des devoirs, ils contiennent également des droits octroyés aux professionnels,
des définitions, des règles procédurales, des incitations, etc.
Du point de vue des objets, enfin, si les déontologies concernent bien, au premier chef les
rapports entre les professionnels et les clients, elles servent, également, à régler les relations
entre professionnels sous le double aspect de la confraternité et de la concurrence. Elles
entrent également en ligne de compte dans les rapports entre les professionnels et leurs
employeurs, en faisant systématiquement prévaloir, dès lors qu'elles sont organisées par l'État,
l'indépendance du professionnel sur la subordination hiérarchique envers l'employeur.
Mises en œuvre
Du point de vue de leur mise en œuvre, la terre d'élection des déontologies reste la sphère
disciplinaire. Les institutions chargées de la discipline des différents groupes professionnels
s'appuient, en effet, sur ces dernières pour exercer leur activité répressive (même si la
répression disciplinaire peut concurremment, s'appuyer sur d'autres règles, notamment toute
violation des "lois et règlements"). Mais la mise en œuvre des règles déontologiques ne se
limite pas aux contentieux disciplinaires. Celles-ci sont aussi mises en œuvre, sur mandat du
législateur, par les différents ordres professionnels, compétents pour vérifier la conformité
aux règles déontologiques des contrats passés par leurs membres. L'analyse jurisprudentielle
montre, en outre, que les règles déontologiques peuvent servir de référence aux juges non
disciplinaires, notamment civils, pour qualifier d'éventuelles fautes des professionnels. Ces
règles intéressent, enfin, les employeurs en ce qu'elles prévoient pour la plupart, d'une part,
l'indépendance des professionnels à leur égard, d'autre part leur droit à refuser une mission qui
serait contraire à leur déontologie. L'analyse permet, en fait, de démontrer l'applicabilité
systématique des règles déontologiques dans l'ensemble des relations dans lesquelles des
professionnels sont impliqués. Cette systématicité résulte, soit de l'architecture du système de
droit (une norme déontologique prévaut sur les normes inférieures), soit des prévisions
explicites de la loi, qui prévoit, du moins en ce qui concerne les déontologies édictés sous
l'égide de l'État, que telle relation, organisée par la loi, se déroulera "dans le respect des règles
déontologiques" ou "dans les conditions fixées par le Code". Par exemple, en ce qui concerne
l'exercice salarié de la profession d'avocat, la loi prévoit que "en aucun cas, les contrats ou
l'appartenance à une société, une association ou un groupement ne peuvent porter atteinte aux
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règles déontologiques de la profession d'avocat et notamment au respect des obligations en
matière d'aide judiciaire et de commission d'office, et à la faculté pour l'avocat collaborateur
ou salarié de demander à être déchargé d'une mission qu'il estime contraire à sa conscience ou
susceptible de porter atteinte à son indépendance". De manière comparable, le Code de la
santé publique prévoit, en ce qui concerne l'ensemble des professions de santé, que le
directeur d'un hôpital public "exerce son autorité sur l'ensemble du personnel dans le respect
des règles déontologiques ou professionnelles qui s'imposent aux professions de santé, (…) et
de l'indépendance professionnelle du praticien dans l'exercice de son art".
On est ainsi amené à constater que, de fait, les déontologies actuelles fonctionnent suivant le
même schéma que les privilèges d'Ancien Régime. On peut, en effet, définir le "privilège", tel
qu'il se conçoit, du XIIème siècle à la Révolution, de la manière suivante : « "privilège" vient
du latin privata lex (pl. privata leges), c'est-à-dire "loi privée". C'est la "loi" particulière d'un
groupe que définit soit la fonction propre qui est la sienne dans la société, soit son
implantation territoriale » (J.-M. Carbasse). Le principal intérêt de la notion réside, ainsi, dans
le fait que ces "lois privées" sont opposables aux tiers : ainsi, les "privilèges de juridiction"
rendent les autres juridictions incompétentes ; les agents de recouvrement doivent respecter
les privilèges fiscaux ; les personnes désireuses d'exercer un métier doivent respecter les
monopoles corporatifs. L'expression de "loi privée" doit ainsi se comprendre, non comme une
loi qui s'appliquerait exclusivement à l'intérieur d'un groupe, sans incidence extérieure, mais
comme une loi attachée aux membres d'un groupe en fonction de leur appartenance à celui-ci
et que les tiers doivent respecter.
Les déontologies constituent, in fine, tout à la fois des instruments de contrôle des institutions
professionnelles sur leurs membres, notamment par le biais de la discipline et du contrôle des
contrats professionnels, mais également des instruments de l'indépendance des professionnels
vis-à-vis de leurs interlocuteurs, professionnels ou non.
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<SIGNATURE> : Joël Moret-Bailly
Article R4127-1
Les dispositions du présent code de déontologie s'imposent aux médecins inscrits au tableau
de l'ordre, à tout médecin exécutant un acte professionnel dans les conditions prévues
à l'article L. 4112-7 ou par une convention internationale, ainsi qu'aux étudiants en médecine
effectuant un remplacement ou assistant un médecin dans le cas prévu à l'article R. 4127-88.
Conformément à l'article L. 4122-1, l'ordre des médecins est chargé de veiller au respect de
ces dispositions.
Article R4127-2
Article R4127-3
Article R4127-4
Le secret professionnel institué dans l'intérêt des patients s'impose à tout médecin dans les
conditions établies par la loi.
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Le secret couvre tout ce qui est venu à la connaissance du médecin dans l'exercice de sa
profession, c'est-à-dire non seulement ce qui lui a été confié, mais aussi ce qu'il a vu, entendu
ou compris.
Article R4127-5
Le médecin ne peut aliéner son indépendance professionnelle sous quelque forme que ce soit.
Article R4127-6
Le médecin doit respecter le droit que possède toute personne de choisir librement son
médecin. Il doit lui faciliter l'exercice de ce droit.
Article R4127-7
Le médecin doit écouter, examiner, conseiller ou soigner avec la même conscience toutes les
personnes quels que soient leur origine, leurs moeurs et leur situation de famille, leur
appartenance ou leur non-appartenance à une ethnie, une nation ou une religion déterminée,
leur handicap ou leur état de santé, leur réputation ou les sentiments qu'il peut éprouver à leur
égard.
Il ne doit jamais se départir d'une attitude correcte et attentive envers la personne examinée.
Article R4127-8
Dans les limites fixées par la loi et compte tenu des données acquises de la science, le
médecin est libre de ses prescriptions qui seront celles qu'il estime les plus appropriées en la
circonstance.
Il doit, sans négliger son devoir d'assistance morale, limiter ses prescriptions et ses actes à ce
qui est nécessaire à la qualité, à la sécurité et à l'efficacité des soins.
Il doit tenir compte des avantages, des inconvénients et des conséquences des différentes
investigations et thérapeutiques possibles.
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Ø Code de déontologie médicale (Figurant dans le Code de la Santé Publique
sous les numéros R.4127-1 à R.4127-112) – Plan
III RAPPORT DES MÉDECINS ENTRE EUX ET AVEC LES MEMBRES DES AUTRES
PROFESSIONS DE SANTÉ (art. 56 à 68-1)
Serment d'Hippocrate
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Document 4. Joël Moret-Bailly, La déontologie médicale, de la résistance à la
contre-offensive (à propos du décret du 7 mai 2012 portant modification du
code de déontologie médicale), Droit de la Santé, n° 6, Nov.-Déc. 2012, 1074-
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