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CHAPITRE XI : LES DROITS D’ENREGISTREMENT (DE)

Les droits d’enregistrement sont régis par les articles 30 à 319 du Code de
l’Enregistrement et du Timbre. Ils sont perçus au profit du budget national.

I / GENERALITES
Le mot « enregistrement » dans la terminologie fiscale désigne à la fois une
formalité et un impôt.

1) La formalité
a) définition
L’enregistrement est une formalité accomplie auprès du receveur de l’enregistrement
et comportant une analyse d’événements juridiques d’après les résultats de laquelle
est normalement perçu un impôt. Cette formalité s’applique soit à des actes soit à
des opérations juridiques non constatées par des actes.
C’est un original de l’acte qui doit être présenté à l’enregistrement. L’Administration
utilise un cachet et des mentions manuscrites prévoyant la date, le montant des
droits et d’autres éléments permettant de retrouver les actes qu’elle conserve. (folio,
bordereau, case).

b) Les effets civils de la formalité


- de la validité des actes. D’une façon générale, l’enregistrement n’a pas une
influence sur la validité de l’acte. L’irrégularité ou l’omission de la formalité ne peut
donc rendre l’acte nul que dans le cas où la loi a formellement attaché cette peine à
l’irrégularité ou à l’omission.
En d’autres termes et en règle générale, l’enregistrement n’est pas une condition
de validité des actes juridiques, mais il n’est pas toujours ainsi. En effet, pour le
gage, l’enregistrement est exigé par la législation civile pour l’efficacité de cette
sûreté.

- La date des actes. L’enregistrement confère date certaine aux actes sous seing
privé à l’égard des tiers. Ces derniers ne peuvent pas contester que l’acte soit
antérieur à son enregistrement.
- Le contrôle de la régularité des actes. L’enregistrement permet d’assurer une
surveillance sur la forme et même le contenu des actes (art 136 du CET).
-La publicité des actes. Contrairement aux formalités hypothécaires,
l’enregistrement ne répond pas à un rôle de publicité. Cependant, la formalité donne
aux actes une certaine publicité puisque les actes déposés et les registres de
formalité peuvent être communiqués aux particuliers sous certaines conditions (art
232 du CET).

- La force probante de la formalité


Dans les rapports des parties, l’enregistrement des actes peut être invoqué à titre de
présomption alors que les déclarations d’opérations non constatées par un acte
constituent un commencement de preuve par écrit.

Dans les rapports des redevables envers l’Administration, les énonciations de


l’enregistrement font foi jusqu’à preuve contraire.
En résumé, la formalité de l’enregistrement, accessoirement, sert aux parties et
produit des effets dans le domaine purement juridique.

2) L’impôt
L’enregistrement sert en premier lieu à la perception d’un impôt sous la dénomination
de « droit d’enregistrement » ; c’est là le but principal, le rôle fiscal essentiel de la
formalité. A ce titre, la formalité de l’enregistrement constitue un mode particulier de
taxation des opérations de la vie juridique.

3) Fait générateur / délai de présentation de l’acte à la formalité


Pour les actes et mutations soumis obligatoirement à la formalité de l’enregistrement,
la créance du Trésor résulte de la rédaction de l’acte ou de la mutation. Le délai de
droit commun de présentation de l’acte à la formalité est de un (1) mois.

Pour les actes présentés volontairement (appelés actes innommés), le fait


générateur se place à la date de présentation volontaire de l’acte.

N.B. : Il y a mutation chaque fois qu’un droit sur un bien passe d’un patrimoine à un
autre. On distingue les mutations entre vifs et les mutations par décès.

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II / DETERMINATION DU DROIT EXIGIBLE

Les droits d’enregistrement sont proportionnels, progressifs ou fixes.

1) Les droits proportionnels


Les droits proportionnels frappent les transmissions à titre onéreux de propriété,
d’usufruit1 ou de jouissance d’immeubles ou de certains biens meubles, apports de
biens en mariage ainsi que les partages et échanges de biens meubles et
immeubles.

a) Les ventes d’immeubles : il s’agit des ventes volontaires ou forcées (saisie


immobilière) d’immeubles bâtis ou non bâtis.
Base imposable : prix estimé dans l’acte augmenté des charges imposées à
l’acheteur. Le taux est généralement de 8% (Loi n°023 -2008/AN du 06 mai 2008).
Obligations : les parties sont tenues d’obtenir une autorisation de l’autorité locale
(Maire ou préfet) avant la signature de l’acte de vente.
Remarque : L’impôt est à la charge de l’acquéreur mais on peut le réclamer au
vendeur quitte à ce qu’il exerce son recours contre l’acheteur s’il y a lieu (ASSP).
Pour les actes authentiques, c’est le notaire qui est tenu au paiement des droits.
Sanctions Retard : pénalité de 100 % des droits dus. En cas de dissimulation ou
d’insuffisance de prix, pénalité de 50 à 200 % du droit dû sur l’insuffisance ou la
somme dissimulée.

b) Les ventes de meubles et cessions de fonds de commerce


Sont concernées, les ventes de gré à gré et les ventes aux enchères publiques (taux
7%), les cessions de fonds de commerce et de clientèle (taux 10%) ainsi que les
cessions d’un droit à un bail (15%).

Remarque : En cas de vente simultanée de meubles et d’immeubles dans un même


acte, l’impôt st perçu sur la totalité du prix au taux prévu pour les immeubles lorsqu’il
n’est pas stipulé un prix particulier pour les objets mobiliers et qu’ils ne sont pas
désignés article par article dans le contrat.

c) Les échanges d’immeubles (bâtis ou non)


1
L’usufruit est le droit d’utiliser et de jouir des fruits d’un bien dont la nue propriété appartient à un autre.

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Base imposable : valeur vénale réelle de l’un des lots à la date de la transmission ;
taux 5%.
Remarque : Lorsque les lots sont d’inégale valeur, le tarif de 5% est perçu sur la
valeur du lot le plus faible. La différence de valeur des lots est soumise au tarif de
8% comme en matière de vente d’immeuble.
Exemple : M. TIGA et M. KAFO échangent deux immeubles valant respectivement
20 millions et 16 millions. M. TIGA qui reçoit l’immeuble de 20 millions doit verser 4
millions à M. KAFO.
Droit d’échange 16 000 000 x 5% = 800 000 F CFA
Droit de vente d’immeuble 4 000 000 x 8 % = 320 000 F CFA
Total dû = 1 120 000 F CFA
d) Les baux d’immeubles
Il s’agit de toute location, sous-location ou prorogation de location d’immeubles quel
qu’en soit l’usage (habitation, commercial, industriel, professionnel…) qu’il s’agisse
de location de locaux nus, de locaux meublés ou de locaux munis de matériel
d’exploitation.

Base imposable / taux


- baux à durée limitée : montant cumulé du loyer exprimé dans le contrat de bail +
charges imposées au preneur ;
- baux sans durée déterminée : montant annuel des loyers + charges annuelles
imposées au locataire
- baux à vie : montant de dix (10) ans de loyer + montant de 10 ans de charges
annuelles imposées au locataire.
- baux à durée illimitée : montant de 20 ans de loyer + montant de 20 ans de
charges annuelles imposées au preneur.
.
Taux :
* 5% pour les baux à durée limitée, sans durée déterminée dans le cadre d’une
activité industrielle, commerciale ou artisanale (cf. Loi de finances 2010);
* 3 % pour les baux à durée limitée des immeubles à usage d’habitation (cf. Loi de
finances 2011);
15% pour les baux d’immeubles à vie ou à durée illimitée quel qu’en soit l’usage.

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Obligation
Toute location doit faire l’objet d’un contrat de bail écrit qui doit être soumis à la
formalité de l’enregistrement. Les droits seront acquittés par le bailleur qui en est le
redevable légal.

e) Les baux de meubles


Sont visés, tous baux, sous baux et prorogations de baux de fonds de commerce ou
autres biens meubles.
Base imposable : idem qu’en matière de baux d’immeuble.
Taux : 5% pour les baux à durée limitée ou sans durée déterminée (cf. Loi de
finances 2010). Pour les baux à vie ou à durée illimitée, le taux est celui des ventes
de fonds de commerce (10%) ou autres biens meubles (7%).

Obligation : toute location doit faire l’objet d’un bail écrit soumis à la formalité de
l’enregistrement. Les droits sont acquittés par les notaires pour les actes notariés et
par les parties pour les ASSP. Cependant, pour les fonds de commerce, les droits
sont acquittés par le bailleur qui en est le redevable légal.

f) Les partages
Entrent dans le champ d’application, tous les partages de biens meubles et
immeubles entre copropriétaires, cohéritiers et coassociés.
Base imposable : valeur vénale totale des biens à partager diminuée des dettes et
charges de l’indivision1 (mutation par décès) et le cas échéant, des soultes2.
Taux : 0,5%. Toutefois, si les biens reçus sont d’inégale valeur, la différence est
taxée comme une vente (8% ou 7% selon les cas).

Obligation : droits acquittés par les parties si ASSP et par le notaire si acte notarié.

Exemple de calcul : M. BARRO et M. BOUDA procèdent au partage de 2


immeubles en copropriété valant l’un 10 millions et l’autre 8 millions .

M. BARRO reçoit l’immeuble de 10 millions et M. BOUDA celui de 8 millions.


M. BARRO doit verser à M. BOUDA une soulte de 1 million.

1
L'"indivision" est la situation dans laquelle se trouvent des biens sur lesquels s'exercent des
droits de même nature appartenant à plusieurs personnes.
2
La "soulte" est la somme d'argent qui doit être payée par celui qui, à l'occasion du partage d'une
indivision reçoit un lot d'une valeur plus élevée que celle à laquelle ses droits lui permettent de
prétendre.

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Les droits d’enregistrement sont :
Droit de partage : (18 000 000 – 1 000 000) x 0,5% = 85 000 F
Droit sur soulte : 1 000 000 x 8 % = 80 000 F
TOTAL = 165 000 F

g) Les marchés administratifs


Il s’agit des marchés pour construction, réparation, entretien, approvisionnement de
fournitures, louage d’ouvrage et de services payables par le Trésor public.
Base Imposable : Prix exprimé dans le marché ou à défaut par l’évaluation de
l’ensemble des travaux, fournitures, ouvrages ou services imposés au
soumissionnaire qui en règle le montant.
Taux : 3% et un minimum de 10 000 F en cas d’exonération

h) Autres actes soumis au DP


Les contrats de mariage sont soumis à un droit de 0,5% du montant net des apports
personnels des futurs époux).

2) Le droit progressif
Le droit progressif est établi pour les transmissions de biens meubles ou immeubles
à titre gratuit (succession ou donation).

a) Les droits de mutation par décès ou succession


Les droits de mutation par décès sont perçus, pour la part nette recueillie par chaque
ayant droit selon un tarif progressif ; les taux sont fonction du degré de parenté et
du montant net de la part perçue.
Les droits des déclarations des mutations par décès sont payés par les héritiers,
donataires ou légataires. Toutefois, les cohéritiers sont solidaires pour le paiement
de ces droits.
b) Les exemptions
Sont exemptés de l’impôt de mutation par décès, les successions :
- des militaires de la gendarmerie ou de l’armée morts en service commandé ou en
captivité ou de conséquences immédiates et directes de leur captivité ;

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- des fonctionnaires morts en service commandé et à raison de ce service, ou des
particuliers, à l’occasion d’un acte de dévouement public, en cas de catastrophe ou
d’assistance à une personne en danger, par exemple.

Remarque : Les droits sont calculés sur la part nette de chaque héritier fixée d’après
les règles du code des personnes et de la famille et en tenant compte, le cas
échéant, des dispositions testamentaires.

c) Les mutations par donation

Sont visées toutes les libéralités entre vifs ayant le caractère de don.

Base Imposable : Valeur vénale réelle des biens donnés.

Tarification : Les droits d’enregistrement des mutations par décès et des mutations
par donation entre vifs sont perçus selon le tarif progressif ci – dessus.

Degré de parenté Taux applicable à la fraction de part nette comprise entre :


1 2 000 001 5 000 001 10 000 001 Au – delà
à à à à de
2 000 000 5 000 000 10 000 000 50 000 000 50 000 000
En ligne directe et
entre époux 0% 0% 1% 2% 5%
Entre frères et sœurs
et entre parents au
3ème degré (oncles ou 0% 7% 10% 15% 20%
tantes et neveux ou
nièces)
Entre parents au 4ème
degré et entre
personnes non 10% 15% 20% 30% 40%
parentées

NB : Lorsqu’un héritier, donataire ou légataire a trois enfants ou plus, vivants ou


représentés au moment de l’ouverture de ses droits à la succession, il bénéficie sur
l’impôt à sa charge, liquidé conformément aux dispositions des articles 300 et 304,
d’une réduction de 100% qui ne peut toutefois excéder 50 000 francs par enfant en
sus du deuxième.
La présente disposition s’applique aussi bien pour les mutations entre vifs que pour
les mutations par décès.

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3) Le droit fixe

Le droit fixe s’applique aux actes qui ne sont pas soumis au droit proportionnel, ni au
droit progressif et aux actes exemptés d’enregistrement mais qui sont présentés
volontairement à la formalité. Ces actes dits « innomés » sont perçus au droit fixe de
quatre mille (4 000) francs CFA.

FIN DU CHAPITRE XI

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