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Les voyages de l’apprenti par

les Quatre éléments


En frappant à la porte du temple, j’aspirais à découvrir une voie, un chemin qui me
mènerait vers la connaissance des autres, la connaissance du monde qui m’entoure
et la connaissance de moi-même.
Je sentais qu’un long voyage m’attendait et le départ était proche.

Un voyage spirituel et initiatique, un voyage au bout de moi même, où une


indispensable purification et revitalisation spirituelle était nécessaire.

Un voyage fait de méditation remplie de symboles à percevoir, à comprendre, et à


intégrer.

De tout temps, les sociétés initiatiques font subir les épreuves par les éléments à
ceux qui prétendent les rejoindre.

Par ces épreuves, le postulant se voit éprouver sur les plans physiques, psychiques
et spirituels.
Ces épreuves ont pour but de vérifier la valeur et la qualité du postulant et de
mettre en évidence sa capacité à recevoir la lumière.

Au sortir du cabinet de réflexion, trois épreuves ou voyages attendent le futur


apprenti et sont constitués d’une épreuve de l’Air, de l’Eau et du Feu.

Ces 3 voyages du 1er degré possèdent un sens moral et philosophique et contiennent


en puissance l’initiation intégrale des trois grades symboliques.

Les épreuves par les éléments préparent la naissance de l’initié et lors de la


cérémonie d’initiation, celui-ci marche sur une Terre d’Eau, d’Air et de Feu.

Le voyage de la Terre

Mais avant de commencer ce périple, le premier voyage est bien celui de la Terre,
l’élément primaire et nourricier, que nous vivons dans le cabinet de réflexion,
voyage immobile et silencieux.
C’est en ce lieu étroit et sombre que la première alchimie s’opère, la plongée au
sein de cette terre régénératrice et nourricière dont nous sommes tous issus.

La terre, lieu de mélange, matière première des alchimistes où s’opèrent en


permanence les mutations de la vie, que viendront nourrir les trois autres éléments,
passage marquant le croisement de la mort et de la vie, lieu où les morts y entrent
et les vivants en sortent.
En ce sens, elle constitue une double épreuve mort renaissance.

Nous sommes ainsi placé au cœur du secret, à l’origine de la vie.

En ce lieu de gestation duquel nous allons naître, nous devons avant tout accepter
le deuil, celui de la mort du vieil homme, qui correspond à l’abandon de tout ce qui
est corruptible, symbolisé par la rédaction de notre testament philosophique et être
en capacité d’entendre la voix des symboles.

Mourir à ce qui limite pour naître à ce qui dépasse, l’épreuve de la terre nous fait
prendre conscience des limites humaines et nous révèle l’accès à un monde sans
limite, celui de la lumière et de la création.
On use d’un terme biologique pour définir le processus de transformation subit par
les éléments et nécessaire pour accéder au chemin nous menant vers la vérité, la
putréfaction.
La putréfaction fera subir à notre ancienne nature l’alchimie nécessaire pour
renaître et être mis en lumière.

La Terre donne ainsi forme à l’initié pour qu’il puisse marcher vers la lumière et
corporifie la démarche pour nous donner stabilité et force pour avancer en
rectitude.

La Terre nous voit naître et nous mène sur le chemin à parcourir, le processus
d’éveil est entamé.
L’épreuve de la Terre nous rend apte à subir d’autres épreuves, d’autres
purifications et nous fait sortir de notre immobilisme.

Le voyage de l’Air

Au sortir de l’épreuve de la terre, le premier voyage est celui de l’épreuve de l’air,


symbole de la vie humaine.
Il représente les passions, les conflits d’intérêts, la difficulté d’entreprendre, les
obstacles du chemin parcouru et qui constituent des entraves à la perception de la
lumière.

Ce voyage nous met en capacité de voyager vers la lumière, en permettant à l’air


d’être l’agent de liaison entre les mondes et favorise la circulation de la lumière et
sa transmission.
L’air fait circuler la lumière entre ciel et terre et assure la régénération de la vie.

L’air véhicule la lumière de la connaissance et transforme l’aspiration vers le sacré


en une respiration régulière que nous adoptons afin de nous libérer de
l’immobilisme et nous conduire vers une pensée libre.

Cela nous mènera au fur et à mesure de notre avancée à découvrir de nouvelles


perspectives, de nouveaux regards sur le monde parfois à l’encontre de nos idées
figées et arrêtées mais toujours lumineuses.

Le voyage de l’air se doit de nous bousculer afin de nous éveiller à l’esprit

L’épreuve de l’air est celle de la liberté, celle qui met l’initié face à la
responsabilité de son engagement et de ses choix.
L’air devient le porteur de l’âme. L’esprit de l’air est gage de la fluidité et du
mouvement.

Ce voyage est fréquemment comparé à l’enfance, le temps où nous ne pouvons
évoluer que guidé par nos aînés, nos parents, le temps où nous avons sans cesse
besoin d’être rassuré et qu’un appui bienveillant est nécessaire pour progresser et
traverser cette période.
Sans cet appui, nous chuterions à chaque pas et nous ferait craindre d’avancer.

Cet air, tantôt brise, tantôt tempête, est l’expression même de la vie consciente et
inconsciente, présente et impalpable.
Ce souffle est celui de tout ce qui existe et qui pénètre tout du microcosme au
macrocosme.
Cet air nous nourrit et voilà que nous commençons à respirer, la corde autour du
cou disparaît, le cordon ombilical est coupé.

Le voyage de l’Eau

L’épreuve de l’Eau parfait la mort du vieil homme vécue dans le cabinet de


réflexion, permettant ainsi l’arrivée d’une nouvelle forme par la régénération d’une
ancienne.
Les différentes étapes ont pour but d’opérer une mutation, celle de l’Eau dote
l’initié d’une sensibilité ouverte sur l’universel.
Le voyage de l’eau est source de purification du corps, tel le baptême
philosophique qui lave l’âme de toutes contaminations.
 
Ce voyage paraît moins bruyant et moins spectaculaire, plus apaisé, mais il nous
met en garde contre toute impulsivité et inconstance.
Nous voici guidé sur la voie de l’éveil progressif, de celle qui nous mènera à la
maturité lente mais assurée.
Cette voie de l’humilité qui nous met en garde contre toute arrogance qui nous
mènerait à une mort spirituelle, cette capacité nous permet d’être oublieux de soi-
même pour s’ouvrir au cosmique et découvrir le véritable soi.
L’épreuve de l’eau permet la dissolution d’une forme figée profane, pour la
rendre  accessible et ouverte à l’esprit.

L’eau est le premier support du temple sur lequel pourra s’appuyer l’initié, elle unit
et rassemble, elle est l’essence de la vie.

Elle devient fluide énergétique, et par ses vertus de purification réactive ce qui a
été corrompu par le temps profane.

Ce voyage est comparé à l’âge adulte, le temps où nous montrons plus d’assurance
ayant appris à marcher dans le voyage précédent.
Nos pas sont plus surs et nous osons nous aventurer seul sur le chemin initiatique.

Le voyage du Feu

Et voici l’épreuve du Feu, dernier voyage, celui-ci apparaît sans obstacles, la


persévérance montrée au cours des épreuves précédentes nous mène vers une vie
devenue calme et paisible mais qui doit amener chacun à la démonstration de la
vérité qui se cache en soi en se confrontant aux flammes de ses passions.

Ce voyage est une naissance à l’esprit ouverte sur la notion d’immortalité et active
en nous cette fonction de Frère.

Selon Mircea Eliade, « traverser impunément le feu est signe qu’on a aboli la
condition humaine », c’est par le Feu que s’opère le passage de la matière d’un état
à un autre.

Le Feu rend à l’Eau ses vapeurs, à l’Air ses fumées, et à la Terre ses cendres.

Nous sommes sur le chemin du dépassement de soi et le Feu met à l’épreuve notre
ardeur au travail et notre sens de l’effort.
Il nous transcende en nous révélant ce qu’il y a au-delà de nous.

Conclusion :

Les quatre éléments symbolisent les quatre périodes de la vie, enfance,


adolescence, âge adulte et vieillesse et sont chacun une porte ouvrant sur le
mystère de la vie.
Ils sont l’expression de la connaissance de la lumière.

Le vieil homme doit mourir aux vices pour renaître à la vertu.

La mort initiatique est indispensable au commencement de la vie spirituelle pour


que triomphe la lumière sur les ténèbres.
Ceux qui persévèrent sur le chemin de l’initiation sont ceux que les épreuves ont
renforcés.

Par la vertu de la persévérance, nous restons sur le chemin, nous éloignant de


l’ennui ou de toutes dépendances toxiques.

La finalité des épreuves est de construire l’être qui pourra servir le rite et participer
à l’édification de l’œuvre.

En entrant en loge, on quitte le domaine du périssable pour partir à la recherche de


la vie.

En acceptant ces épreuves, nous acceptons de pénétrer un espace inaccessible au


profane dans lequel se trouve le symbole de la puissance de la sacralité et de
l’immortalité.

Apprendre et grandir en rectitude, ne sont elles pas les notions étymologiques du


mot épreuve ?

Je terminerai par 3 citations qui me paraissent adaptées à la réflexion qui s’impose


à nous :
 
« Heureux l’homme qui a connu l’épreuve, il a trouvé la vie… »
Evangile de Thomas, Logion N°58.

« Celui qui n’a pas fait un pas sur la voie de l’abnégation et qui ne s’est jamais
sacrifié, n’est pas encore né »…
Ananda Coomaraswamy…

Et la dernière, résumant ces notions de vigilance et de persévérance :

« Sur les chemins sans dangers, on y envoie que les faibles… » Hermann Hesse.

J’ai dit…

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