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PROBLEME…. VOUS AVEZ DIT « PROBLEME »

« J’ai un problème ». Qui n’a jamais prononcé cette phrase. Dans notre esprit, avoir un
problème, petit ou grand, est synonyme d’avoir un ennui, de faire face à des complications,
d’être confronté à une difficulté, de se faire du souci… Nos certitudes sont ébranlées, nous
sommes en situation de malaise (« pas à l’aise ») ! Nous sommes dans une situation qui ne
correspond pas à ce que l’on souhaite. Il y a un écart entre ce qui est et ce qu’on voudrait qui
soit. En règle générale, face à un problème, nous recherchons un moyen de le résoudre.
N’aimant pas avoir des problèmes, nous leur cherchons des solutions. L’expérience nous
montre que nous passons beaucoup de temps à chercher des solutions à nos problèmes
individuels. C’est évident. Mais, à bien y regarder, ce n’est peut-être pas si simple…

D’abord, quel est le (mon) problème ? Puis-je le définir clairement ? L’air de rien, cela suppose
que je me pose quelques questions : puis-je le résoudre ? Cela vaut-il la peine de le résoudre ?
Est-ce un VRAI problème ? Ou simplement le symptôme d’un autre problème, peut-être plus
grand, plus grave ? Ce problème a-t-il besoin d’une solution immédiate ou bien cela « peut-il
attendre » ? Et avec quelles conséquences ? Est-il susceptible de se résoudre de lui-même ?
Et donc puis-je risquer de l’ignorer, de faire comme s’il n’existait pas ? Ensuite, est-ce que je
peux envisager une solution à mon problème ? Est-ce que je dispose des ressources, des
compétences nécessaire pour lui trouver une solution, y faire face ? Ou dois-je me faire aider ?

Naturellement nous établissons des distinctions : il y a problème et problème ! On peut être


confronté à un « petit » problème, une simple contrariété ou, à l’opposé, à ce que nous
ressentons comme un « gros » problème, voire une « catastrophe »… Et ce que je vis comme
un problème, peut ne pas l’être pour quelqu’un d’autre. Nos réalités, nos ressentis, nos vécus,
nos réactions sont différentes. Même pour quelqu’un qui m’est très proche.

Toutefois, s’impose tout de même le fait qu’un problème auquel je suis confronté
peut l’être aussi par d’autres. Et même souvent beaucoup d’autres…Face à certains
problèmes, on « sent » bien qu’on change de registre. La réalité dépasse « ma »
réalité : le problème n’est pas « que » mon problème.

Par exemple, je peux râler tous les matins parce que je suis bloqué dans des bouchons sur
l’autoroute. Conséquence, je m’énerve car je serai encore en retard… En écoutant la radio,
j’entends « ce matin 290 kms de bouchons cumulés sur le réseau routier ». Là, je me dis que
je ne suis pas seul. Maigre consolation. Et que décidément, il y a un réel problème de mobilité.
Et je poursuis ma réflexion : comment est-ce possible ? Pourquoi ne fait-on rien ? Ce n’est
pas possible ! C’est de pire en pire. Question ? Qui est ce « on » ? Bonne question ! Qui est
responsable ? Qui va s’occuper de ce problème ? Comment ?

Ce problème (on pourrait donner mille autres exemples : l’alcool au volant, le manque de place
dans les crèches, le coût des études, la violence conjugale, l’homophobie, …etc.) est en
réalité un problème de société : un problème social.

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PROBLEME SOCIAL

Nous devons donc préciser davantage ce que recouvre le terme « problème social ». Car
voilà bien un concept qui est d’usage courant dans notre société. Quiconque, interrogé sur le
sujet, sera en mesure de citer immédiatement toute une série de « problèmes sociaux » : la
vieillesse, les femmes battues, l’enfance maltraitée, le chômage, la drogue, la prostitution, la
délinquance, la pauvreté, l’exclusion, l’avortement, le suicide, le décrochage scolaire,
l’oppression politique, la pollution, le divorce, l’inégalité d’accès à des soins médicaux de
qualité, la xénophobie, la discrimination raciale, l’échec scolaire, le handicap mental, les
immigrés… L’énumération semble en être sans fin.

Mais, si « on » en parle à tout bout de champ -et particulièrement dans une école sociale-, et
souvent pour tout et n’importe quoi, il ne semble pas inutile de s’interroger plus avant sur ce
que recouvre exactement ce concept. D’autant que la littérature sur le sujet fait apparaître que
le concept a toujours suscité des débats et que sa définition a varié dans le temps. Il ne nous
est pas possible, dans le cadre de ce cours qui est une introduction, d’approfondir autant qu’il
serait nécessaire cette notion centrale en travail social, mais cela ne nous empêche pas de
poser quelques balises et quelques questions.

Pour P. Ouellet (auteur québécois), « dans la vie de tous les jours, un problème social
désigne une situation considérée indésirable et néfaste, selon un critère d'anormalité
quelconque, affectant des individus, des groupes ou la société en général, dont on
connaît, sinon les causes, du moins les conséquences et envers lesquels il serait
souhaitable de s'engager collectivement » (Ouellet, 1998, p. 41).

2.1. Les 4 dimensions d’un problème social


1. Un problème social renvoie presque automatiquement à une réalité. La personne possède
une définition concrète de la situation-problème.
2. La personne a le sentiment que cette situation est anormale. Il y a comme une
« rupture », une « menace » qui interfère avec le fonctionnement normal de la société.
3. La personne, même si elle n'a jamais eu l'expérience personnelle de la situation, a
l'impression de connaître l'expérience de ceux qui vivent le problème et il manifeste
une sensibilité à leur égard.
4. La personne pense que cette situation peut être améliorée
Suite à ces réflexions sur la notion de problème social, nous proposons en synthèse la
définition proposée par le Dictionnaire suisse d’action sociale, qui intègre les 4 éléments
mentionnés ci-dessus et qui définit un problème social comme étant :

Un problème social est : « Un désavantage affectant un grand nombre d’individus et qu’il


apparaît à la fois désirable et possible d’atténuer, éventuellement de faire disparaître »1.

1
http://www.socialinfo.ch/cgi-bin/dicoposso/show.cfm?id=628; page consultée le 01/10/2015.
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