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PARTHASARATHI RAJAGOPALACHARI
Causeries et questions-réponses
Séminaires Sahaj Marg
Septembre à octobre 1986
Italie, U.S.A. et Allemagne
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I. Latina, Italie
19 au 25 septembre 1986 ......................................................................6
L’ ACCEPTATION DE LA REALITE......................................................6
QUESTIONS-REPONSES I................................................................11
LE SACRIFICE ET L’AMOUR.............................................................34
QUESTIONS-REPONSES II...............................................................42
QUESTIONS-REPONSES III.............................................................54
QUESTIONS ET REPONSES IV.........................................................61
QUESTIONS-REPONSES V...............................................................76
II. Lebanon New Jersey, U.S.A.
25 septembre au 5 octobre 1986 .....................................................84
Discours d’ouverture .............................................................84
Le mystère ultime .....................................................................86
Fraternité ................................................................................101
Les fruits de l’arbre ..............................................................105
De l’amitié . ................................................................................116
Questions-réponses I..............................................................128
Des enfants ..............................................................................143
Discours du président à la réunion américaine
annuelle....................................................................................150
Questions-réponses II ............................................................170
Discours du président à la réunion du bureau des
directeurs canadiens............................................................184
Questions-réponses III . .........................................................192
Su i t e du s o m m a i r e →
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Shri P. Rajagopalachari
New Jersey
28 septembre 1986
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I. Latina, Italie
19 au 25 septembre 1986
L’ ACCEPTATION DE LA REALITE
20 Septembre 1986
QUESTIONS-REPONSES I
20 Septembre 1986
l’énergie superflue, elle doit aussi partir. Et s’il en est ainsi, cela
devrait s’arrêter un jour, car il y a toujours après le nettoyage,
un sentiment de bien-être normal et naturel. Rien d’extatique,
rien de joyeux, mais disons un état de contentement qui nous
permet de nous endormir d’une façon très harmonieuse. En fait,
cette idée, je veux dire l’idée de donner à ce système de nettoyage
un horaire fixe, après la journée de travail, est d’enlever toute
la lourdeur que nous avons accumulée, que ce soit du fait de la
grossièreté ou des tensions mentales et de nous rendre d’humeur
harmonieuse. Ainsi,nous pouvons prendre notre dîner en paix,
digérer d’une manière normale et ensuite aller dormir très
harmonieusement. C’est pourquoi il est si important de le faire
au moment juste, après la journée de travail.
Q : Devons-nous nous rappeler chaque événement de la
journée ?
R : Non,Non.
Cette dame veut savoir si elle doit se souvenir de chaque
événement de la journée et essayer d’en nettoyer les impressions.
Mais quand nous prenons un bain, est-ce que nous nous
souvenons de chaque saleté que nous avons touchée et essayons
de d’enlever ? C’est quelque chose de global.
Je dois peut-être aussi vous dire l’importance de faire
la méditation à l’heure juste. Puisque nous avons parlé de
nettoyage, nous pourrions aussi parler de la méditation. Parce
que le nettoyage prépare le système d’une certaine façon et que
la méditation répond à notre demande spirituelle d’une autre
façon. Tout le problème vient du fait que certaines personnes
disent : « Eh bien, je ne peux pas méditer à telle ou telle heure,
est-ce que je peux le faire plus tard ? « . Donc, nous disons, bien,
vous n’êtes pas capables de faire le nettoyage le soir parce que
vous rentrez à neuf heures, ensuite vous êtes trop fatigués pour
faire la méditation, alors faites les deux avant d’aller au lit. Mais
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ceci est une exception, pour une ou deux occasions, quand vous
êtes vraiment fatigués, mais les gens commencent à adopter
cette méthode de manière permanente car elle leur convient. Je
n’ai jamais vu aucun abhyasi sérieux avoir le moindre problème
à faire la méditation ou le nettoyage à l’ heure prescrite. Cela
signifie seulement que tant que notre intérêt pour notre propre
développement spirituel n’est pas établi, nous avons ce problème.
Les gens parlent de sacrifice, mais c’est à mon avis l’idée même
du sacrifice qui est mal comprise. Parce que lorsque nous avons
deux intérêts, disons la vie sociale et la vie spirituelle, alors se
pose la question de choisir entre les deux. Or qu’arrive-t-il ?
Même là, ce n’est pas un sacrifice. Supposons qu’un jour vous
choisissiez de faire le nettoyage au lieu de rencontrer vos amis
et que le jour suivant, vous rencontriez vos amis au lieu de faire
le nettoyage ; c’est l’acceptation naturelle de l’idée selon laquelle
vous ne pouvez faire qu’une seule chose à la fois. Maintenant que
se passe-t-il ? (rires) (Il rit). Nous ne pouvons faire aucune des
deux choses de façon satisfaisante. C’est la vérité fondamentale
du Sahaj Marg et de l’enseignement de mon Maître, qu’il n’y a
pas de mal à avoir des centaines d’intérêts, mais souvenez-vous
qu’il y aura des centaines de canaux dans votre esprit et que le
pouvoir de chaque canal bénéficiera seulement d’un centième de
la puissance de l’esprit. Donc, ce n’est pas un sacrifice, c’est nous
qui sommes insensés d’avoir trop de canaux dans notre esprit,
trop d’intérêts dans notre vie et de ne pas être capables de faire
une seule chose correctement. Donc, nous devons décider et cela
n’est pas un sacrifice. Quand notre propre intérêt est en jeu, nous
devons décider ce qu’il y a de mieux pour nous. Où se trouve alors
la notion de sacrifice ? Dois-je boire du vin ou du lait ? Seul un
imbécile boira du vin, évidemment parce que votre santé vous
suggère de boire du lait, même si vos désirs vous disent de boire
du vin. Maintenant chacun sait que les désirs sont faux, que les
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C’est comme lorsque vous avez une rose, une fleur avec des épines,
des pétales, un parfum. Cette épine est douloureuse, les pétales
sont doux, vous pouvez même les manger, mais c’est le parfum
qui est la chose la plus importante. Il n’a pas de substance, il va
n’importe où. N’est-ce pas ? De même la personne est comme les
épines, le coeur est comme les pétales, ce qui en sort est l’amour.
Et il doit sortir sans être suscité par des individus, voyez vous.
Un saint ne devrait pas dire : « J’aime untel et untel, ou bien
elle ou lui ». Il aime, il est amour. De même que le soleil brille.
Si vous êtes là, le soleil brille sur vous. Il ne vous cherche pas
et ne traverse pas votre porte ou ne passe pas par la fenêtre de
votre chambre pour dire : « Je brille pour vous »(rires). Pas de
chambre dans cet amour.
Q : C’est comme les yeux de Babuji. Où que vous soyez....
R : Ils semblent vous regarder. Oui. Comment est-ce possible ?
Vous devez devenir comme Lui. Et comment est-Il devenu
comme cela ? Grâce à Son amour pour Lalaji, non par la sadhana.
Parce qu’il m’a dit qu’Il n’avait jamais fait de nettoyage, qu’Il
n’avait jamais médité, peut-être deux minutes (rires), et Il m’a
dit : « Vous savez, je médite seulement deux minutes », et j’ai
dit : « Pourquoi ne m’apprenez-vous pas cette manière ? « . Il
n’apprécia pas et dit : « Non, vous deviendrez paresseux ».
(Rires). Ainsi, il y a une façon, vous voyez.
Maintenant votre fille vient et s’allonge sur vos genoux. Cela
vous fait mal, mais vous l’autorisez à y dormir, parce qu’elle est
votre fille, qu’elle vous aime et que vous l’aimez. N’est-ce pas ?
Ainsi, le Maître a dit : « Vous devez frapper à la porte du coeur
du Maître de telle manière, qu’Il vienne vous ouvrir ». Et alors
votre travail est terminé. Puisqu’Il m’aime, pourquoi devrais-je
m’inquiéter de quoi que ce soit maintenant. Ce n’est pas nécessaire
voyez vous. Quand vous êtes là, Elizabeth n’est pas inquiète ; si
vous n’êtes pas là, elle court partout en criant »maman, maman,
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R : C’est ma relation avec mon Maître, pas avec vous. (rires). Je
dois des comptes à Lui seul (Il rit), pas à vous (rires). C’est mon
affaire. Ce que je vais faire, comment je le ferai - je le sais. Mais si
vous acceptez, je suis personnellement responsable ; Babuji dit :
« Regarde maintenant, il dépend de toi, fais-le ». Autrement, je
peux toujours dire, « Eh bien Maître, vous savez, j’ai mal à la tête
aujourd’hui, je ne travaille pas ».
C’est pourquoi je dis toujours, vous vous souvenez, même à
Vorauf je l’ai dit, il est faux de dire que le Maître m’aime. Il n’aime
personne.
Il n’aime que son Maître. Mais en devenant parfait, Il est devenu
Amour. De même que ce qui est devenu miel, est devenu doux à
tout le monde. Vous ne pouvez pas dire : « Oh, le miel est doux
pour moi, mais pas pour elle ». L’Amour est devenu Sa nature, Son
existence, Son moi. C’est pourquoi, nous le ressentons comme
s’Il nous aimait. Mais, c’est une erreur de penser que le Maître
nous aime. Le Maître ne peut aimer qu’une seule personne, et
c’est Son Maître. Mais Il est devenu comme ...j’ai utilisé une fois
quelque part, cet exemple d’astronomie, des nuages de poussière,
ils se condensent et la force de gravité devient telle que, plus ils se
condensent, plus la chaleur augmente et ils deviennent un soleil.
C’est maintenant un soleil, c’est pourquoi Il illumine tout.
Q : Mais vous avez dit que plus on aimait le Maître, plus Il nous
aimait.
R : Dans ce sens. Mais ce n’est pas un amour individuel. Par
exemple, vous ne pouvez pas dire du Maître qu’Il vous aime et
qu’Il ne l’aime pas, elle.
Q : Oui.
R : Donc, cet amour humain est toujours individuel. De même
que si votre femme vous aime, normalement elle ne devrait
aimer personne d’autre comme elle vous aime. N’est-ce pas ? Il
y a une limitation. Vous ne pouvez pas dire : « Ma femme aime
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jouons un jeu avec les gens. Vous êtes comme ceci avec untel,
comme cela avec tel autre, nous avons une « personnalité »,
comme nous l’appelons. Ce sont des masques. Quand je joue
Othello, je mets le masque d’Othello. Quand je joue « Le marchand
de Venise », je joue autre chose. Quand je joue Prosper, je mets
un autre masque. Que suis-je ? Ainsi, la spiritualité dit : « Soyez
vous-mêmes ».
Q : A chaque instant ?
R : Toujours. Alors, il n’y a pas d’hypocrisie, pas de tension.
Ensuite, développez le Soi vers ce qu’il doit devenir. Ne jouez pas
à des jeux.
Q : Ainsi, nous devons toujours être francs avec tout le monde,
à chaque instant à tout moment.
A : Vous devez être vous-mêmes, quoi que cela veuille dire. Ne
vous cachez pas. Et c’est un problème, parce que les gens attendent
de vous que vous soyez différent. Maintenant, quand Pia a dit :
« J’avais peur de lui », je pourrais aisément être très charmant et
gentil, et dire (à Pia) : « Oh, ne méditez pas. Ce n’est pas la peine
de faire le nettoyage ». (Rires) Mais ce n’est pas correct.
Q : Mais nous devons être francs, même si nous savons que la
personne ne comprend pas ce que nous disons ?
R : Oui, bien sûr. La vérité est la vérité. Cela ne dépend pas de
la compréhension que vous en avez. Si je dis deux et deux font
quatre et que vous dites : « Mon enfant connait seulement le un,
le deux, le trois, donc deux et deux font trois, deux et cinq font
trois, deux et cent font trois », cela n’est pas possible. Deux et
deux font quatre, que votre enfant sache compter ou non. Vous
devez apprendre à l’enfant à comprendre la vérité et non changer
la vérité pour l’adapter à la compréhension de l’enfant.
Q : Oui. Mais ne devrions-nous pas juger la situation parfois ?
R : Ce n’est pas une question de jugement. La vérité n’a pas
besoin de jugement. Quel est votre nom ? -Fausto Russo- Vous
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ne jugez pas, « Oh,est-ce que Chari sait ? « , et vous dites : « Je
suis un disciple de Ram Chandra ». Oui bien sûr, vous en êtes un,
mais ce n’est pas votre nom. Ainsi, la Vérité n’a pas de jugement.
De même que lorsque vous avez un appareil photo, vous réglez
l’ouverture de l’objectif en fonction de l’intensité actuelle de la
lumière. Vous ne dites pas au soleil : « S’il te plaît, deviens un peu
moins lumineux, je veux prendre une photo de Chari » (rires).
De même que le soleil brille, vous devez régler l’appareil pour le
recevoir. Nous devons dire la vérité, le récepteur doit s’ajuster
pour accepter la vérité. Quand ils en deviennent capables, vous
dites qu’ils ont progressé.
Q : Oui, mais vous avez dit que Babuji ne disait pas à son père
qu’Il allait voir Lalaji.
R : Non, non, je n’ai pas dit cela. Son père ne Lui permettait
pas d’y aller.
Q : Disait-Il : « Je vais voir Lalaji pour méditer » ?
R : Il n’y allait jamais, seulement six ou sept fois en dix ans.
Q : Il ne l’a jamais caché ?
R : Non, non, Il ne l’a jamais caché, comment aurait-Il pu le
cacher ? Ce n’était pas possible. Il ne pouvait pas y aller parce que
son père pensait qu’Il allait devenir un sannyasi.
Q : Ainsi, nous ne devons jamais mentir. A aucun moment, à
aucune personne, dans aucune situation.
R : Il y a quelques situations...
Q : Est-ce mal de dire que nous sommes malades, pour ne pas
aller travailler et venir voir le Maître ?
R : Cela est à vous de le décider (rires). Si vous êtes déterminé
à y aller, les circonstances changeront de telle sorte que vous
n’aurez pas à mentir - c’est mon expérience. La première fois,
c’était un programme de trois mois : or si je vais voir mon Maître
une demi-heure, je peux mentir à mon patron, mais je ne peux
pas dire que je m’en vais pour trois mois. Alors, je suis allé voir
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mon patron et j’ai dit : « Je veux des vacances ». Il a dit : « Où ?
« . J’ai dit : « Je dois aller avec le Maître ». Il a dit : « Bien, quand
revenez-vous ? « . J’ai dit : « Dans trois mois ». Il a dit : « Quoi ?
« . (rires) J’ai dit : « Oui ». Il a dit : « Et qui va faire votre travail ?
« . J’ai dit : « Eh ! bien, je m’arrangerai pour qu’il n’y ait pas de
problème. C’est ma responsabilité ». Alors il a regardé de haut
en bas et a dit : « D’accord, partez ». Il ne m’a pas seulement
donné des vacances, mais il m’a aussi payé pendant trois mois.
Pouvez-vous imaginer cela ? Il m’a donné mon plein salaire.
Alors ça marche, vous voyez, si vous avez le courage. C’est vrai, je
n’ai jamais eu à mentir pour aller voir mon Maître.
Q : Mais vous disiez que dans certaines situations... ?
R : Eh Bien, par exemple, si je suis en train de mourir d’un
cancer et que vous soyez mon médecin. Je vous demande :
« Docteur, est-ce que je vais vivre ou pas ? « , et vous dites : « Vous
savez, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ». Bien sûr, c’est vrai
aussi. Ce n’est pas un mensonge. Mais vous ne pouvez pas dire :
« Oh, il me pose une question, je dois lui dire la vérité : Non, mon
cher Chari, vous allez mourir dans six semaines ». Pouvez-vous
le lui dire ? Cela le tuerait. Alors quelquefois, ce n’est pas dire un
mensonge, mais plutôt ne pas dire la vérité. Ce n’est pas la même
chose. Je n’ai pas besoin
de dire la vérité, bien que je ne doive pas mentir.
LE SACRIFICE ET L’AMOUR
21 Septembre 1986
Il était très vieux, mais Il sacrifia Son confort, Sa vie dans Son
foyer, pour venir en Europe et être avec nous. Ceci pour notre
bénéfice. Cela peut être appelé à juste titre un sacrifice.
Donc le sacrifice signifie vraiment renoncer à mes propres
besoins, mes nécessités, mon confort et même mon existence,
pour le bien-être des autres. Ce sacrifice est essentiel en
spiritualité et c’est de celui-ci dont parlent le Sahaj Marg, mon
Maître, et tout le monde. Et, quand Babuji dit que le sacrifice et
l’amour sont nécessaires, c’est une extension de cette pensée que
je vais examiner maintenant.
A mon avis, l’amour et le sacrifice sont les deux côtés d’une
pièce. Parce que lorsque l’amour est absent, il ne peut y avoir de
sacrifice. Parce que nous nous sacrifions, soit pour des personnes
que nous aimons, soit pour des lieux que nous aimons, soit pour
des idéaux que nous aimons. Trois choses, vous voyez.
Pour des personnes que nous aimons, c’est très courant. Une
mère se sacrifie pour ses enfants, un père se sacrifie pour ses
enfants, un frère pour son frère, c’est une idée courante, elle n’a
pas besoin d’explication. Pour les lieux que nous aimons, l’idée la
plus courante est le patriotisme. Nous sommes prêts à sacrifier
notre vie pour notre pays. Pourquoi ? Parce que nous aimons
notre pays. Je ne sacrifierais pas ma vie pour un pays qui ne
m’appartient pas. Je n’aimerais pas mourir pour une chose qui
se passe au Nicaragua ou en Uruguay. Mais si l’Inde est attaquée
et que je doive me battre et mourir, les gens diront : « Il a sacrifié
sa vie par amour pour son pays ». « Mais si je meurs pour ma
maison, personne n’appellera cela un sacrifice. Donc, il y a une
distinction, voyez vous. Il ne faut pas que l’endroit soit si petit,
que je meure pour ma maison, que je sacrifie ma vie pour ma
maison. Ainsi, derrière le sacrifice de la vie pour un lieu, il y a un
concept plus vaste que celui de l’appartenance, de la possession,
c’est une idée et cette idée c’est le patriotisme.
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gens », ce n’est pas sur le plan matériel - même quand ils donnent,
ce n’est pas apprécié. Parce qu’un riche ne sent pas qu’il a donné
quelque chose de tangible, bien que pour nous cela puisse être
une énorme somme d’argent. Par conséquent, il n’obtient pas de
récompense de notre part, même pas un « merci ». Tout le monde
dit : « Eh bien, ce type est riche, il peut se le permettre. On refuse de
reconnaître ce qu’il donne. D’ailleurs, il ne s’y attend pas, sachant
bien qu’il ne fait que se débarrasser d’un excès de poids.
Ceci m’amène à considérer un aspect important de la vie :
si nous ne pouvons pas faire de sacrifice en sentant que nous
avons sacrifié quelque chose, cela interfère peut-être d’une
certaine manière avec le flot d’amour lui-même - car la plus
haute expression de l’amour est la capacité à se sacrifier. C’est
pourquoi, lorsqu’un homme riche donne deux cents millions de
dollars par charité nous disons simplement : « O.K, bien, c’est un
chic type ». Mais quand un homme donne sa vie pour quelque
chose, il a donné sa vie afin que nous puissions vivre encore. Et
que vaut une vie ? Si vous allez en Orient, une vie d’homme n’est
guère meilleure qu’une vie de chien. Cependant, quand vous
sacrifiez votre vie cela a un sens, car que pouvez-vous donner de
plus élevé que votre propre vie ? Donc le don de votre vie est la
plus haute expression de votre amour pour l’objet de cet amour.
C’est pourquoi nous aimons tant notre Maître. Lorsqu’Il est
venu vers nous, nous savions que Sa vie n’avait plus aucune
signification pour Lui. Elle était à notre disposition et s’Il vivait,
c’était uniquement pour nous servir, s’Il mangeait et allait se
coucher, c’était aussi uniquement pour nous servir. Et on devait
l’obliger à manger, car Il ne désirait que rester assis à parler avec
nous. On devait Lui imposer d’aller se coucher, « Babuji, il est 11
heures ». Il disait : « Oui, je reste avec vous encore dix minutes ».
Ainsi, c’est de cette manière que nous ressentions Son amour. Or,
dans une relation normale d’amour humain nous nous attendons
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QUESTIONS-REPONSES II
21 Septembre 1986
Lorrain,vous souvenez-vous ?
Q : Oui.
R : Lorsqu’une mère sacrifie sa vie pour son enfant, aucune
société ne la récompense. Mais si un homme sacrifie sa vie pour
son pays, il est récompensé. Pourquoi cette différence ? Parce que
lorsqu’il s’agit de votre enfant, les gens disent : « Bon, c’est son
enfant et elle se sacrifie, qu’y a-t-il d’extraordinaire à cela ? C’est
naturel, et cela va de soi. Mais si vous êtes capable d’étendre votre
amour pour y inclure tous les gens de votre pays, votre pays vous
récompense. Maintenant, si vous êtes capable d’englober dans
votre coeur l’humanité toute entière, quelle est la récompense ?
Quelle est-elle ?
Q : Vous l’avez dit ce matin.
R : Non, je ne l’ai pas dit. Je voulais le dire, mais je ne l’ai pas
fait. La récompense est que l’humanité toute entière vous aime,
vous adore et vous vénère.
Q : Vous l’avez dit.
R : Je l’ai dit ?
Q : Oui, vous l’avez dit.
Q : Non, non, vous ne l’avez pas dit.
R : Je voulais le dire, mais je ne l’ai pas dit. J’ai oublié. J’ai été
aiguillé sur...(arrêt de la cassette)
R : Je n’ai pas mentionné que lorsque vous vous sacrifiez pour
quelque chose que vous considérez comme vôtre, même si c’est
un sacrifice, ce n’est pas une chose aussi extraordinaire que cela.
Ainsi, le coeur doit devenir si grand, voyez-vous, de plus en plus
grand et l’amour doit devenir, au lieu d’une seule chose, il doit
devenir universel, alors le sacrifice est vraiment reconnu. Vous
voyez donc la différence. Aussi, le sacrifice doit-il être toujours là,
mais le coeur doit devenir, comme le disait Babuji, « un terrain
de jeu pour l’humanité entière ». Je ne pense pas avoir dit cela.
Q : Non, non..(arrêt de la cassette)
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pas hindou, vous n’êtes pas musulman, vous n’êtes rien. Vos
parents sont chrétiens. Personne ne comprend cela.
Q : Oui. Vous pouvez poser une question..(arrêt de la cassette)
R : Une fois, Babuji a dit : « Supposez que vous soyez le patron
dans votre bureau. Vous êtes un patron pour les autres, pas pour
vous-même. Donc, vous ne devriez pas dire : « Je suis un patron »,
les gens doivent dire : « Il est le patron ». Comprenez-vous ? De
même, Dieu ne peut pas dire : « Je suis Dieu ». Pour nous, Il est
un Dieu. Ainsi, la religion dit : « Il est Dieu », la spiritualité dit :
« Où qu’Il soit, c’est Dieu ». S’Il est en vous, vous êtes aussi Dieu,
pas Ce Dieu, mais semblable à Dieu, divinisé. Ainsi, Dieu ne peut
pas savoir qu’Il est Dieu. Comprenez-vous ? Il fait seulement
Son travail, quel qu’il soit. De la même manière, si vous vous
sacrifiez pour votre fils, pour votre fils c’est un sacrifice, mais
vous ne devriez pas avoir l’idée que c’est un sacrifice. Pour vous,
c’est seulement quelque chose qui découle de votre amour pour
votre fils. C’est pourquoi je dis, « amour et sacrifice sont la même
chose ». Ce qu’Il fait en déversant Son amour, vous le recevez
comme un sacrifice, vous comprenez ? Ainsi, du côté de celui qui
donne, c’est une chose et du côté de celui qui reçoit ç’en est une
autre. Ainsi, Babuji dit : « Que fais-je ? Je ne fais rien ». Nous
disons qu’Il se sacrifie pour nous. N’est-ce pas ?
Q : Je trouve souvent chez les gens qui disent se sacrifier, que
cela n’est pas.
R : Ce n’est pas un sacrifice. Ou même comme les gens qui
disent : « Je fais de la charité ». Si vous êtes conscients que c’est
de la charité, ce ne peut pas être de la charité. C’est pourquoi si
vous allez plus loin dans cette façon de penser, rien de ce dont
vous êtes conscients n’est réel.(rires). Oui.
Q : Oui. Mais c’est terrible. (rires)
R : C’est difficile à accepter.(rires)
Q : Nous sommes tellement conscients.
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QUESTIONS-REPONSES III
22 Septembre 1986
QUESTIONS ET REPONSES IV
22 SEPTEMBRE 1986
Q : Mais il arrive que quelqu’un ait des pensées qui le gênent
lorsque sa conscience est à l’état de veille, qu’est-ce que c’est ?
Est-ce un samskara ?
R : Non, c’est une activité du mental. Voyez-vous, il y a une
différence entre le mental en activité et un samskara touchant
l’esprit et recréant l’impression qui a été à l’origine de ce samskara.
Ce sont deux choses différentes. Comprenez-vous ? L’une est
une activité mentale, l’autre est comme lorsque vous entendez la
sonnette et que vous dites : « Quelqu’un est à la porte ». Mais, je
peux avoir un samskara à cause d’une sonnette. Quand je pense,
c’est une activité mentale.
Q : Ce n’est pas un samskara ?
R : Non, non. Les samskaras peuvent déterminer comment je
pense. Vous voyez, c’est comme un voleur. Il pense à la manière
dont il pourra cambrioler cette maison ou celle-là. C’est encore une
activité mentale. Ses samskaras le font penser à voler des choses.
Q : C’est la base.
R : Oui, c’est la base. Ainsi, le fait que ce soit la base de la
pensée est une chose différente. Un samskara, sans le savoir
consciemment, recrée les vieilles impressions. Supposez que dans
votre vie passée vous ayez été dans les Alpes, les montagnes ; vous
aimiez beaucoup l’alpinisme. Dans cette vie, vous vous asseyez
en méditation et vous pouvez imaginer que vous êtes dans les
montagnes, vous avez une vision de ce genre. Il y a beaucoup de
choses comme cela, quelqu’un se voit dans un jardin, quelqu’un
d’autre sur un bateau. Je me souviens que nous avions une abhyasi
quelque part, pendant la méditation elle avait toujours peur d’un
avion s’écrasant au sol. Babuji disait qu’elle avait dû mourir dans
un accident d’avion dans sa vie précédente. Et cette impression
est si forte. Elle vient et revient en méditation et est difficile à
nettoyer. Une petite chose maintenant, nous n’avons jamais de
samskara quand nous mourons dans notre lit, je veux dire que
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Q : Est-ce que c’est ce que Babuji voulait dire quand Il disait
que nous devrions vivre comme des canards ?
R : Oui, oui. Mais comment ? C’est le problème. A moins
que vous ne le vouliez - Vous devez être totalement disposés
à dire : « Je me soumets, ôtez mes samskaras » et la seconde
soumission est : « J’accepterai vos conseils sans m’inquiéter de
ma famille, de la société », ce n’est pas si facile. Les gens viennent
et méditent pendant 6 mois, puis ils disent : « Ma femme n’aime
pas la méditation » et ils arrêtent. Ou une femme dit : « Mon
mari n’aime pas la méditation » et arrête. Vous devez être
disposés à accepter que le changement ne peut venir que si vous
rejetez totalement votre état actuel. Alors, vous pourrez l’avoir
comme cela (Il fait claquer ses doigts), le changement. C’est
pourquoi le changement est facile quand nous avons un groupe,
parce qu’alors nous avons une petite société et tous font la même
chose, pensent de la même manière, et donc leur dépendance par
rapport à l’autre société diminue. Tandis que si vous êtes l’unique
abhyasi d’un endroit, c’est très difficile. Telle est la valeur du
satsangh. Satsangh signifie : des gens semblables se rassemblant.
C’est aussi une des raisons pour lesquelles nous aimons avoir ces
réunions si souvent.
Q : Comment pouvons-nous contrôler la sensibilité ?
R : Naturellement ; cela vient naturellement. Si vous êtes
capable de pratiquer le souvenir constant, la sensibilité se tourne
vers la plus haute direction et alors cela ne vous affectera pas.
Q : Est-ce cela « Vivre comme les canards dans l’eau » comme
disait Babuji ?
R : Oui. Voyez-vous, ce n’est pas comme un appareil-photo dont
vous réglez simplement l’objectif. Là, la sensibilité est toujours
présente, mais au lieu d’être réceptif à ceci, vous pensez au Maître,
à Dieu, quelle que soit la manière dont vous l’appelez et alors que
dans un cas l’effet est mauvais, dans l’autre, il est bon.
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une prière à Dieu, vous ne savez pas où Il est, mais vous priez
quand même. Supposez que vous deviez téléphoner à quelqu’un
du gouvernement ou au central téléphonique. « S’il vous plaît,
puis-je avoir le numéro de Dieu ? « . Nous n’avons donc pas
besoin de savoir où, nous devons savoir comment. N’est-ce pas
vrai ? (rires)
Q : Ce matin vous avez parlé d’un certain abhyasi qui est
devenu fou après plusieurs années de méditation.
R : Voyez- vous, si vous n’aimez pas et que vous vous développez
spirituellement, c’est l’idée du pouvoir qui vous mène. Aussi ai-je
donné l’exemple de Lucifer qui devint Satan et j’ai dit qu’à mon
avis, il n’aimait pas Dieu. Parce que finalement c’est l’amour-
même pour l’obéissance, la moralité et les choses de ce genre,
voyez-vous- c’est l’amour qui nous fait aller droit, non pas le
pouvoir. Autrement quand le gouvernement dit : « Ne prenez
pas une rue à sens unique », vous obéiriez effectivement. Mais
si le policier n’est pas là ou qu’il fait nuit, les gens empruntent
cette rue et disent : « Oh, Basta ! « . Mais si c’est l’amour qui vous
dirige, vous dites : « Non. Peu importe qu’il y soit ou non, je dois
me comporter toujours de la même façon ». C’est pourquoi, j’ai
dit quelque part que la véritable moralité est votre comportement
lorsque vous pensez que personne ne vous voit. (interruption de
l’enregistrement)
R : .... nous essayons de créer des circonstances dans lesquelles
personne ne nous voit, essayant d’être seuls, essayant d’être dans
l’obscurité, essayant de voler dans un magasin quand personne
n’est là. Mais nous oublions qu’IL est toujours là.
Q : Que devons-nous faire lorsque nous entendons du bruit
dans la pièce où nous méditons ? Elle a entendu des bruits
pendant la méditation, elle n’a pas eu peur mais cela l’a étonnée.
R : Vous savez, il y a toujours des bruits, mais parfois nous ne
sommes pas habitués à ces bruits et quand nous méditons nous
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 74
QUESTIONS-REPONSES V
23 Septembre 1986
vous allonger. S’il dit « je veux vous faire une piqûre dans le
bras », vous dites « oui docteur ». Il dit « je dois vous opérer »,
vous dites « d’accord ».
Nous nous abandonnons au médecin. Nous sommes capables
de nous abandonner au médecin, parce que le besoin de nous
rétablir est urgent, autrement nous pourrions mourir. Donc,
l’intérêt pour nous-mêmes, nous fait nous abandonner au
médecin.
Mais en spiritualité, nous ne ressentons pas le besoin urgent de
corriger notre condition intérieure, parce que nous ne pouvons
pas la voir, ni la sentir. C’est pourquoi nous disons : « D’accord,
je m’en occuperai demain ou l’année prochaine » et nous
continuons à remettre à plus tard et la grossièreté s’accumule,
notre condition va de mal en pis. Puis, comme dans les pays non
développés comme l’Inde, le jour où nous sommes mourants,
nous allons voir le médecin lorsqu’il est trop tard. Nous devrions
donc être capables de nous rendre compte que, de même que la
santé nous est une nécessité vitale et que nous sommes disposés à
dire au médecin : « Faites tout ce que vous voulez, mais guérissez
moi « , nous devrions être capables d’accorder autant d’intérêt
à notre salut spirituel, de sorte qu’en allant voir le Maître, nous
puissions dire : « Faites ce que vous voulez, mais guérissez-moi
spirituellement ». C’est pourquoi mon Maître utilisait l’exemple
ultime du cadavre : il n’a aucune réaction, aucune douleur, aucun
plaisir, il n’a rien. Vous pouvez faire tout ce que vous voulez avec
lui. Ceci doit être notre état dans l’abandon.
Q : Je sens que le Sahaj Marg est l’université de la spiritualité
et j’ai l’impression d’être arrivé au Sahaj Marg, sans être passé
par l’école primaire. Je n’avais aucune foi religieuse auparavant
et j’ai l’impression de n’avoir aucune base.
R : Que désire donc cette personne ? Elle désire retourner à la
religion ou à quelque chose comme cela ?
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 80
Mon Maître dit que toute chose a une base. Je dois tenir
debout sur le sol, j’ai donc besoin de ce que vous appelez « la
terre ferme ». Je ne peux tenir dans l’air, par exemple. Mais cela
n’est vrai que tant que j’ai du poids, de la grossièreté. Si je n’ai
pas de poids, je peux me maintenir dans l’air parce qu’alors, je
ne tomberai pas - c’est un phénomène de physique -, je n’ai pas
besoin de m’appuyer sur quelque chose. C’est pourquoi nous ne
pouvons pas nous tenir sur l’eau, car notre poids est plus élevé
que celui de l’eau sur laquelle nous nous trouvons. Donc, nous
nous enfonçons. Mais si mon poids est nul, je peux tenir sur
l’eau, je peux tenir en l’air, je peux me tenir où je veux. Ceci est un
des aspects. Tout comme les astronautes, lorsqu’ils sortent dans
l’espace, ils sont en état d’apesanteur et flottent simplement, ils
n’ont pas besoin de quoi que ce soit pour se tenir. Ceci est un
exemple purement physique, de science physique.
Maintenant, lorsque nous en arrivons à la base dont parle cette
personne dans sa question, la spiritualité dit que vous avez créé
la base dans le passé, mais vous n’en savez rien. Prenez l’exemple
des génies célèbres, en musique, en sciences, dans les arts, ils
ne sont jamais allés dans aucune école pour étudier l’art ou la
musique, mais ils ont commencé à composer dès l’âge de deux
ou trois ans. Où est leur base ? Ils ne peuvent pas dire : « Je n’ai
pas de base, je dois retourner à l’école de musique ». Quelqu’un
dira : « Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu es capable de composer de la
musique, de jouer au piano les morceaux les plus renommés et tu
veux retourner à l’école ! « . La spiritualité dit que vous avez dû
avoir une base dans le passé, dans une vie antérieure peut-être.
Aussi, cela ne signifie pas que quelqu’un qui entre au Sahaj
Marg, devrait abandonner le Sahaj Marg et retourner vers une
religion afin de créer une base. Parce que s’il est ici ou si elle est
ici, cela signifie qu’elle a déjà une base, sinon elle ne serait jamais
venue ici. C’est comme une maison - ses fondations se trouvent
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 81
dans le sol et je ne peux les voir, mais je n’ai pas à creuser le sol tout
le temps pour prouver qu’elles sont bien là, parce que je sais que,
sans fondations, la maison ne serait pas là. Ainsi, mon existence,
sous cet aspect, prouve que la base qui lui est nécessaire, existe
déjà, car la base vient en premier et la superstructure seulement
après.
Q : La dernière question : « Certains soirs, quand j’ai très peu
de temps, je fais un nettoyage de dix à quinze minutes seulement.
Est-ce suffisant, est-ce efficace ?
R : Vous répondez. (s’adressant à un abhyasi.)
Abhyasi : Le Maître dit que le processus du nettoyage le soir, doit
durer de vingt minutes à une demi-heure. Mais, indépendamment
de la durée du nettoyage, je pense que si le sentiment de légèreté,
de calme, et de disparition de la grossièreté ne s’est pas développé
chez l’abhyasi pendant le nettoyage, il ne doit pas s’arrêter avant
que cet état ne soit obtenu. Je pense donc qu’une demi-heure est
nécessaire. Est-ce juste ?
R : Tout ce qu’il faut, c’est suivre ce qui a été prescrit par le
Maître. Vous savez, parfois les gens vont voir le médecin, celui-ci
leur donne une grande bouteille de médicament et leur prescrit
seize doses à prendre trois fois par jour, une fois le matin, une
l’après-midi, et une le soir, pendant cinq ou six jours. A présent,
si la personne s’imagine qu’en buvant toute la bouteille en une
seule fois, elle se rétablira plus vite, il peut y avoir mort d’homme.
Nous devons donc laisser le médecin nous dire ce que nous avons
à faire, combien de fois et pendant combien de temps, et nous y
tenir. Nous ne devons pas oublier que ce n’est pas parce qu’une
chose est bonne, qu’un peu plus de cette chose sera meilleur et
qu’encore plus sera le mieux. C’est par ce processus que nous
devenons ivres ou des choses similaires. Un verre de vin est
bon, un second verre nous étourdit un peu et au troisième, nous
sommes hors-jeu, pour de bon. (Il rit tout bas) Ainsi, même les
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Discours d’ouverture
Soirée du 26 septembre 1986
Le mystère ultime
27 septembre 1986
est ceci, et mon Maître est cela ». Oui, bien sûr, il est ceci et aussi
cela ! Vous dites qu’il est gentil ; oui, il est gentil. Vous dites
qu’il est aimant ; oui bien sûr. Ses yeux sont beaux ; oui, cela
aussi. Vous devez admettre tout cela, mais ce n’est pas tout. Qu’y
a-t’il derrière tout cela ? Qu’est cela que nous ne pouvons pas
connaître, que nous ne pouvons pas saisir, que nous ne pouvons
pas voir ? Cette chose que nous devons finalement pénétrer. Et
comme me l’a dit une fois Babuji, comme me l’a expliqué mon
Maître, ce mystère est révélé par Dieu. Même le Maître ne peut
décider quand Il devrait le révéler, comment Il devra le révéler,
parce que c’est le mystère final, la révélation ultime. Parce que
c’est Dieu se révélant Lui-même à nous. Là, nous voyons - si nous
sommes assez bénis pour être capables de le voir - alors oui, ici
marchait Dieu, ici s’asseyait Dieu, et j’étais assez stupide pour
ne pas le savoir. Et peut-être, aurait-Il été, comment pourrais-je
dire, affreusement désireux de nous le donner.
Mais cette révélation doit seulement venir lorsque nous y
sommes totalement préparés. Pour nous, le Maître n’est plus
alors un être humain. Nous devons au moins atteindre ce niveau.
Il ne devrait plus être un objet pour nous, un donneur de cadeaux,
même d’immortalité. Qu’est-ce que l’immortalité en présence
de la Divinité ? Il ne doit plus être quelqu’un dont je puisse
être séparé même par la pensée. Parce que dans le royaume de
l’Infini, il ne peut pas y avoir de séparation. Séparation de quoi,
où, comment ?
Je respire, et l’air que je respire est, bien sûr, séparé de moi,
mais c’est aussi une partie de moi. C’est quelque chose qui est
de moi, en moi, et qui, cependant, ne procède pas de moi, parce
qu’arrive un moment où je cesse de respirer. Ce moment où je
cesse de respirer, lorsque je peux dire : « Je ne peux plus respirer,
je n’ai plus d’oxygène dans les poumons », est précisément
l’instant de ma mort. Cette séparation signifie la mort.
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 91
Quelle que soit la folie dont nous fassions preuve en disant : « Eh
bien, vous savez, j’ai ce système, ou j’ai ce Maître, et mon Maître
est en Corée ». Quelqu’un dit : « Non, non, il est au Canada ». Un
troisième répond : « Non non, il est à Tombouctou ». La vérité
dans cette affaire est que le Maître de ces Maîtres est encore
en moi ; sans Lui, ce Maître ne serait pas vivant pour m’aider.
Donc la cause ultime est toujours le Maître. C’est ce que veut dire
le Maître en disant : « Dieu est le véritable Maître. Les autres
Maîtres sont seulement Ses représentants ».
Par conséquent, juger ce que nous obtenons, l’évaluer avec
notre raison ou avec nos émotions, c’est essayer de subordonner
ce qui ne pourra jamais l’être, à notre intellect, à nos sentiments,
nos émotions. Car si c’est le Maître, et si c’est un cadeau du Maître
pour nous, nous y sommes toujours assujettis. Nous ne pouvons
jamais le comprendre.
Il est donc dit dans la Gita : « C’est merveilleux à voir,
merveilleux d’en parler, merveilleux d’en entendre parler ».
C’est merveilleux. C’est comme de regarder un coucher de soleil
divinement resplendissant. Mais nous ne pouvons pas l’expliquer.
Quelqu’un de cynique dirait : « Mais pour l’amour du ciel, ce n’est
que ce bon vieux soleil qui recommence encore et encore : il se
couche, et à peine levé, il se recouche ». Mais qu’il est merveilleux
à voir. Qu’est ce que cela a de merveilleux si l’on commence à
analyser ? C’est comme un homme qui prend son scalpel et essaie
d’inciser un homme vivant pour voir où est la vie. Il détruit ce
qu’il essaie d’examiner.
Dans un sens, c’est pourquoi nous disons que la relation qui
devrait régir, ou qui devrait exister entre un Maître et son disciple
devrait être imprégnée d’émerveillement, pas de curiosité. Les
gens disent souvent : « Vous savez, cet homme est censé être mon
Maître. A quoi ressemble-t-il ? Qui est-il ? Est- il fait de cartilages,
d’os et de chair ? A-t-il des appétits ? Se met-il en colère ? « Et
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 93
Fraternité
27 septembre 1986
Je suis sûr que vous êtes tous tout à fait rassasiés. Car nous
avons tous eu le quota habituel d’entretiens, et toute cette journée
a commencé avec une situation émotionnelle très hautement
chargée. Je suis sûr que nous avons tous besoin maintenant
d’un petit repos. Il est juste d’accorder au jeune couple un peu
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 106
nous insistons sur le fait que le Maître devrait être le plus grand,
le plus puissant, plus élevé que Dieu et que nous disons alors
L’aimer, nous démentons notre amour. Nous nions nous-mêmes
cet amour.
J’ai donc un message : prenez garde aux mensonges, prenez
garde à la flatterie envers le Maître. Il n’est pas affecté car Il est
ce qu’Il est, mais votre avenir est en jeu. Et ne nous mêlons pas
de penser : « Oh, Shiva est le plus grand ». Ou Vishnou est le plus
grand, ou Bouddha est le plus grand, ou Babuji est le plus grand.
Car il n’est même nécessaire pas de lire le volume 2. Pensez à la
connection entre Lalaji et Babuji. Il y avait un Maître qui avait créé
un Maître, et notre Maître dit que sans son Maître, Il ne pourrait
pas exister, même un moment. Et tout ce qu’Il faisait ou ce qui se
passait à travers Lui, Il l’attribuait à Lalaji et à Sa Grâce. Dans Sa
conversation, le mot Lalaji était comme une ponctuation ; tous
les trois mots, Il disait « Lalaji ». Et pourtant, si nous admettons
que le Maître nous a dit la vérité et s’Il a laissé entendre dans un
renvoi en bas de page que la Personnalité Spéciale est au travail
depuis telle ou telle époque, si l’on calcule à partir de la date de
publication de ce livre... Je veux dire qu’Il s’est désigné Lui-même
du doigt et a dit : « Je suis la Personnalité Spéciale ». Eh bien, qui
est le plus élevé - Lalaji ou Babuji ? La logique dit que le Créateur
doit être plus grand que sa création. Le désir que nous avons de la
grandeur de notre Maître nous fait dire, qu’Il doit être forcément
plus grand que cela même qui L’a créé. J’aimerais vous faire
observer que notre égo déborde même les limites de notre propre
moi personnel. Non seulement désirons-nous être grands, et les
plus grands, mais encore ne sommes-nous pas contents à l’idée
que notre Maître ait quelque chose en moins que le plus grand.
Et c’est cet égoïsme qui nous fait dire des mensonges au Maître.
Abandonnons tout cela aux Maîtres. Ils savent qui est plus élevé,
qui est le plus élevé. C’est comme l’eau qui coule de la montagne
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 116
De l’amitié
29 septembre 1986
que Bill Waycott avait peut-être exposées dans une lettre l’année
dernière) interfèrent en quelque sorte avec notre liberté.
Maintenant, je dois carrément vous dire d’entrée de jeu qu’avoir
un contact physique avec un homme ou une femme n’est pas un
péché. Mais au cas où vous me demanderiez : « Alors, Chari,
pourquoi dites-vous que nous ne devrions pas avoir de contacts
physiques, si ce n’est pas mauvais ? « , il serait souhaitable de
réfléchir aux différentes façons possibles d’exprimer une relation
humaine. Si vous avez observé deux bébés en train de jouer (je
parle de bébés qui peuvent bouger, un an, dix-huit mois), leur
seul mode de fréquentation est physique. Ils doivent toucher,
lécher, se donner réciproquement des coups. C’est la forme
d’association la plus primaire.
Puis, vous réalisez qu’il y a des formes d’association supérieures.
Peut-être savez-vous qu’il y a trois types de gourous dans la
tradition orientale. Peut-être vous en ai-je parlé précédemment.
Le type le plus bas est comme la poule qui a besoin de s’asseoir
sur ses oeufs pour les couver. Le contact physique entre le
disciple et le gourou est nécessaire. Au niveau supérieur, c’est
comme le poisson qui est censé pondre ses oeufs dans l’eau, ne
gardant avec eux qu’un contact visuel. En pareil cas, vous devez
au moins résider dans le même ashram que le gourou. Il n’a pas
besoin de vous toucher mais doit pouvoir vous voir. Nous savons
tous combien nos mères étaient bouleversées quand nous étions
hors de leur champ visuel, la réflexion la plus fréquente étant :
« Où étais-tu ? Je ne te voyais plus ! « Il y a donc une sécurité
pour la mère à voir son bébé ou son enfant, ce qu’elle n’éprouve
pas quand elle perd l’enfant de vue. C’est donc le second niveau
du gourou. Le plus haut est supposé être comme la tortue qui
sort de l’eau, va sur le sable, pond ses oeufs, les couvre de sable
et retourne dans l’eau en gardant le contact mentalement. C’est
le niveau le plus élevé.
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 122
qu’avec les yeux. Quand vous admirez un bon plat, le goût, la vue,
l’odorat coopèrent. C’est pourquoi vous ne pouvez consommer
une nourriture qui paraît très bonne mais dont l’odeur est
terrible. Dans le sexe, les cinq sens sont présents. Il y a le sens
du toucher, de la vue, de l’odorat - des parfums, des fleurs, etc...
-. Son attraction est donc cinq fois supérieure à celle d’un sens
isolé. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que la Nature a senti que
si chacun devenait un ascète, la race humaine ne se propagerait
pas. Donc, elle fit cette force d’une puissance énorme dont seul
un saint peut triompher, parce qu’un saint est une personne
ayant atteint une maîtrise totale de ses sens. De plus, les saints ne
peuvent se reproduire. Pas dans ce sens. D’où ce dicton sanskrit,
selon lequel les saints naissent rarement saints ; ils le deviennent
après leur sadhana, par la grâce d’un maître.
Ainsi nous avons d’un côté l’exigence et la nature, de la nature
aveugle, qui dit que le flot de la vie doit continuer et donc rend
l’acte de reproduction si excitant, si fascinant, si puissant. De
l’autre côté, il y a le pouvoir évolutif, ou la force d’évolution,
disant : « Veux-tu contribuer au courant évolutif ou au courant
vital ? « C’est comme l’eau coulant avec la rivière, ou l’eau
s’évaporant dans une dimension supérieure. L’eau n’a pas pour
devoir de faire couler la rivière, bien que sans eau il ne puisse y
avoir de rivière. Mais chaque tasse pleine d’eau n’a pas le devoir
de dire : « Oh, sans moi, la rivière ne peut exister ». Quand nous
accédons à notre évolution spirituelle, nous arrivons à un niveau
d’existence où nous n’avons plus ce devoir de propager l’humanité
en ce sens. Mais le devoir individuel nous pénètre pour évoluer
vers l’expansion la plus haute possible : d’où le besoin de réguler
nos sens - non de contrôler, mais de réguler, d’équilibrer.
C’est la voie du chemin sanctifié. Et tous jugements de nature
morale ou éthique sont des jugements humains. Et je pense qu’ils
sont les instruments de la religion, pour nous aligner, c’est-à- dire
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 126
animaux, aux oiseaux, aux minéraux, tout. Je dis cela pour que
nous ne nous imaginions pas que notre fraternité s’arrête aux
seuls êtres humains. Elle doit atteindre le stade où notre coeur
se dilate pour contenir toute existence. C’est la vraie fraternité, la
réelle fraternité. Merci.
Questions-réponses I
Soirée du 29 septembre 1986
j’aurais peut-être dû insister sur cet aspect quand j’ai dit que,
bien que tous les niveaux d’expression de l’amour nous soient
accessibles, nous devrions essayer d’agir au niveau le plus élevé.
Cela n’excluait pas les niveaux inférieurs lorsque c’est nécessaire.
Par exemple quand on s’occupe d’enfants, on doit les caresser,
les embrasser, les serrer dans ses bras. Où est donc l’exclusion ?
Je suis désolé que la personne qui a posé cette question se soit
grossièrement trompée sur le sens de tout ce qui a été dit et elle
ferait bien d’acheter une copie de la cassette. Peut-être coûtera-t-
elle 25 dollars, je ne sais pas (rires). Mais cela les vaut, car si elle
peut clarifier cette confusion, cela vaudra bien 25 dollars. C’est
une plaisanterie... mais quand même. (Il rit, rire général).
Ce que je veux dire, c’est que nous parlions de la relation
humaine moyenne. Et même là, nous nous efforçons de nous
élever au-dessus de la situation dans laquelle nous sommes
nés. Quelqu’un est né dans une ferme, quelqu’un d’autre près
d’une voie de chemin de fer, mais nous essayons tous de devenir
président des Etats-Unis. Et alors on ne se promène pas avec
une pelle, vous savez, déblayant la neige ou les cendres de la voie
de chemin de fer en disant : « C’est là que j’ai commencé, voyez
vous, alors je voudrais rester là, au plus bas. Je devrais toujours
être prêt à biner la terre ou semer des cacahuètes quelque part ».
C’est un malentendu qui montre un désir de rester au plus bas, et
non une mauvaise compréhension des réponses que nous avons
données. Si quelqu’un désire rester au plus bas, nous n’avons pas
le choix. C’est son choix.
Il s’agit d’évoluer perpétuellement et de comprendre cette loi :
le plus élevé contient le plus bas, il ne l’exclut pas. Alors que le
plus bas exclut tout ce qui est au-dessus de lui. Donc s’il vous
plaît, essayez de comprendre cette loi : au fur et à mesure que
nous nous élevons, nous ne laissons rien derrière nous, tout est
inclus en nous. Quand un enfant grandit et devient un homme, il
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 130
chèvre viendrait. Voilà donc les idées que nous devrions essayer
de comprendre et d’accepter. Un conseil à tous les abhyasis : la
liberté de mettre en question, la liberté d’expression, oui ; toutes
les constitutions de nos pays la garantissent, mais pour l’Amour
du ciel, essayez de poser des questions pertinentes. Ces questions
ne devraient pas reposer sur un désir. Je veux encore toucher,
ok, allez-y, touchez. Qui a dit non ? Parce que je suis certain que
la plupart d’entre vous ont compris ce qui a été dit hier. Il y avait
dans le discours de Tom une attitude moralisante. Et quel mal y
a-t-il à cela ? Simplement parce que la chrétienté l’a dit, nous ne
devrions pas le dire ? Et il y a des incidents. Nous essayons de
protéger nos possessions. Mettez vos chaussures ici. Quelqu’un
les met dehors et elles disparaissent. « Oh, mais en Amérique
ces choses- là n’arrivent jamais ». Cela arrive parfois. Vous
cadenassez vos portes, vous mettez des barreaux à vos fenêtres.
Attendez-vous qu’un voleur entre et vous vole pour mettre des
barreaux à vos fenêtres ? Vous prenez une mesure préventive,
n’est-ce-pas ? Vous prenez une police d’assurance quand vous
achetez une voiture, vous n’attendez pas qu’elle soit volée ou
détruite pour le faire. Qui vous assurerait alors ?
Alors, s’il vous plaît, essayez de garder un coeur ouvert,
l’intellect n’est d’aucune utilité dans ces domaines. Et je dois
répéter et répéter sans cesse les paroles de sagesse de Babuji :
« La liberté signifie la liberté de faire ce qui est juste, non pas
ce qui ne l’est pas ». Et quand toucher est nécessaire, eh bien
touchez. Quand lécher est nécessaire, allez-y bien sûr. Si vous
tenez une glace, je ne vais pas vous dire de la mettre à six pieds
de vous et de l’admirer de loin. Il faut que vous la léchiez, non ?
Alors ne faites pas exprès de ne pas comprendre et ne posez
pas de questions qui manquent de pertinence, car les discours
étaient très clairs, tout à fait clairs, il ne pouvait pas y avoir de
malentendu.
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 132
comme des gens tragiques. Mais ils rient tout le temps, se donnent
des claques, font des choses comiques, des singeries. Mais leur
vie privée est pleine de misères.
Il semble donc que le principe d’invertendo agisse là aussi.
Ce qui illumine est invisible, ce qui est visible ne peut illuminer,
car il est lui-même illuminé. Que peut-il faire alors ? Comme
la lune, vous savez. Quelle lumière obtenez-vous de la lune ?
Vous dites « un clair de lune brillant », mais c’est la lumière du
soleil qu’elle reflète. Il y a une histoire dans la tradition Soufie
qui raconte qu’un jour le Seigneur était assis dans son jardin, il
y avait une brise fraîche, un parfum délicieux se dégageant des
fleurs environnantes et la pleine lune. Le Seigneur était ravi. Il
dit à la pleine lune : « Demande ce que tu veux, je te le donnerai ;
je suis si heureux aujourd’hui ». La lune dit : « Que le soleil ne se
lève jamais ». (rires) Elle était jalouse, voyez-vous. Elle voulait
que seule sa propre lumière soit visible tout le temps. Elle avait
oublié que sans le soleil, elle aurait été sombre.
Ceci à propos de la lumière, des gurus, des sages, des questions
et des réponses. Je propose que maintenant nous nous asseyions
et méditions. Nous avons un peu de temps. Quatre ou cinq
minutes de plus, s’il y a encore ... une question. Oui, monsieur !
Q : Au Sahaj Marg, pour ceux qui veulent se marier en Occident,
il faut passer actuellement par l’intermédiaire d’une instance du
gouvernement ou quelque autre groupe religieux. Est-il possible
de faire quelque chose à l’intérieur de notre Mission, ou voulez-
vous l’éviter ?
R : De se marier ?
Q : De se marier légalement.
R : Eh bien, vous devez faire enregistrer votre mariage, vous
devez l’enregistrer à l’état civil, c’est une exigence légale. Même en
Inde, il faut le faire. Nous avons nos propres mariages védiques,
mais de nos jours, nous les enregistrons. A cause de problèmes
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 141
Des enfants
1er octobre 1986
Ces choses n’ont pas besoin de permission ; elles n’ont pas besoin
d’être sanctionnées. On ne devrait même pas y penser.
En Occident, le problème commence avec l’amour lui-même.
Devrais- je aimer cette personne ? Le mérite-t-il (ou elle) ? Est-il
(ou elle) assez désirable ? D’un assez bon niveau économique ?
Capable de me donner le divertissement dans la vie que je
dois tirer du mariage ? L’amour n’est pas une marchandise
commandée par correspondance. Desséchée. Nous ne pouvons
choisir d’aimer. Nous aimons. Et quand cela arrive, l’étape
suivante est le mariage. Ce n’est pas quelque chose à laquelle
nous pensons. Quand une rivière coule, elle ne pense pas où elle
doit couler ensuite. Elle ne cesse d’aller. Et elle trouve la plus
petite voie, surmonte tous les obstacles sur son passage et atteint
en fin de compte sa destination. La vie est pareille.
Maintenant, où est la différence entre la vie et la rivière ? La
rivière coule et l’eau change tout le temps. Dans notre vie, la vie
est éternellement la même, les corps changent. C’est comme s’il
s’agissait d’une rivière dont les rives changent mais dont l’eau
reste immobile. Mais elle doit couler. Et pour ce flot, l’amour, le
mariage, la procréation sont des choses absolument naturelles.
Et, bien sûr, quand du fait de leurs samskaras certains ne
peuvent avoir d’enfants, cela devient une situation tout à fait
tragique qu’ils sont seuls à comprendre. C’est un aspect particulier
de la nature humaine, que nous ne perdions jamais rien, jusqu’au
jour où nous nous en trouvons privés. Ce que nous n’avons pas
nous manque. Ce que nous avons ne signifie rien pour nous. Il y
a un beau poème en Urdu qui dit que : « Ce monde est un jouet
de sable. Ce que vous avez devient poussière et cendres. Et ce que
vous n’avez pas, est toujours doré, attrayant, désirable ».
Vous connaissez cette vieille histoire d’arc-en-ciel : là où l’arc-
en-ciel touche terre, de l’autre côté de l’arc, il y a toujours de l’or.
Et on sait que des gens sont partis à la quête de cet or ! Nous
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 150
d’entre vous.
Nous parlons tous d’accepter le Maître, d’accepter la Mission,
d’accepter la méthode. Accepter dans quel sens ? On ne peut
accepter d’une façon fragmentaire. Quand vous donnez le
conseil « Tu ne tueras point », pouvez-vous dire : « Retirez le
mot « tuer » et j’accepterai votre conseil. Tu ne ... pas. Je vais
remplir les blancs... Tu ne te marieras pas avec cette fille que tu
aimes... Tu n’auras pas d’enfants ». Je veux dire qu’il est facile de
remplir les blancs une fois que le mot qui répugne est retiré de ce
commandement de la religion chrétienne, vous voyez. Mais c’est
là que se trouve la valeur du conseil, qu’en acceptant sept mots,
le mot le plus significatif est celui que nous n’aimons pas : tuer,
ou convoiter.
Maintenant, c’est le devoir d’un enseignant d’enseigner. Ce
serait très agréable si nous pouvions aller à l’école et dire au
professeur : « Regardez, vous recevez un salaire. D’accord, nous
l’al’acceptons, vous venez et vous asseyez ici, nous faisons ce
que nous voulons, et à la fin de l’année, soyez un chic type et
accordez-nous le passage dans la classe suivante ou le semestre
suivant, peu importe. C’est votre fonction, n’est-ce pas ? Vous
êtes là pour veiller à ce que nous passions et continuions dans la
classe suivante et dans une classe supérieure ». Mais le professeur
dit : « Comment puis-je faire cela à moins que vous ne répondiez
à certaines exigences du cours, de votre capacité à maîtriser ce
cours. Ne manquerais-je pas à mon devoir si je vous poussais
juste comme on pousse un wagon d’une voie de garage vers le
train » ? Même là, nous avons une responsabilité ; les wagons
doivent être chargés, vous ne pouvez pas faire circuler des wagons
de marchandise vides à travers tout le pays sans justification.
Ainsi, lorsque nous insistons pour être amenés d’un point de
l’existence spirituelle à un autre point de l’existence spirituelle
tout en souhaitant être dans la condition dans laquelle nous
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 155
Le Sahaj Marg dit : nous sommes des animaux, nous sommes nés
avec des tendances animales. Le premier travail de la spiritualité
est de les ôter et de faire de nous des êtres humains normaux.
Puis vient la considération de la divinisation. Ainsi, partant de
l’homme animal, aller vers l’homme humain, jusqu’à l’homme
divin. Telle est la voie. Et si vous restez attaché au niveau humain
animal et proclamez que nous avons une sorte de prérogative
donnée par une société animaliste, bien sûr une société animale
ne donnera que des suggestions animales, des désirs animaux et
favorisera une croissance animale.
Vous avez tous lu cette fameuse histoire de Ramakrishna
Paramahansa au sujet d’un lion qui eut un bébé et l’abandonna
parmi les moutons. Et le lionceau grandit, pensant qu’il était un
mouton, bêlant comme un mouton, mangeant de l’herbe. Un jour,
quand il fut assez vieux, un gros lion arriva, regarda le mouton et
dit : « Que fait cette chose ici parmi les moutons » ? Mais quand il
s’approcha et rugit, le petit lion se contenta de bêler et s’enfuit. Il
dit : « Viens ici », l’attrapa au collet, le mit dans une mare et dit :
« Regarde ton image là. C’est toi ». Alors il émit un rugissement.
Il dit : « Oui, tu es un lion. Que faisais-tu avec les moutons pour
l’amour du ciel » ?
Ainsi, vous voyez, ne pensez pas qu’en vertu du fait que votre
société condamne, ou même approuve, certaines choses, la
société est une insensée. Qui est la société ? Nous sommes une
société, ici. La société n’existe pas. C’est une chimère créée par
une centaine de personnes qui pensent qu’elles sont une société.
Quand il y en a mille, c’est une plus grande société. Quand il y en
a quatre millions et demi, elle est encore plus grande. Et ce n’est
pas parce que quatre cent millions de personnes font quelque
chose de stupide, que cette chose devient juste pour autant.
Avez-vous lu le « Livre de la jungle »de Kipling, dans lequel un
groupe de singes gambade dans la jungle et tout ce que les singes
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 159
font, vous savez, un chef dit : « Nous disons tous ça, alors c’est
sûrement vrai ». Cela n’a pas d’importance que ce soit quatre
cent millions ou 400 milliards qui disent que quelque chose est
vrai. Si ce n’est pas vrai, c’est faux. Il suffit qu’un homme dise que
c’est vrai pour contredire quatre mille milliards de personnes qui
finiront par dire que c’est vrai. Par conséquent, n’ayons pas ces
notions bizarres, ma société le permet, donc c’est bon pour moi.
Ce n’est pas la société qui permet. Ce sont les individus humains
devenus corrompus, dégradés, amoraux, et qui font partie de cette
société. Sinon chacun de nous aurait le droit de dire : « Chaque
cellule de mon corps est malade, donc la maladie est la norme,
pas la santé ». Qui dit ceci ? Mon coeur dit ceci : chaque fois que
je voulais faire quelque chose, il flanche.
Que penseriez-vous d’un homme qui dirait : « Vous savez, je suis
malade, chaque cellule de mon corps est malade, alors la maladie
est la norme, c’est l’existence normale ». Que penseriez-vous ? Et
comment osez-vous dire que c’est juste, simplement parce que
dans la société, quatre cent millions d’idiots et d’insensés font des
choses stupides ? Pardonnez mon langage, mais vous savez, je me
sens très ... parfois, comment dirais-je, non pas contrarié, non pas
en colère, mais honteux pour mes frères et soeurs qui sont des gens
intelligents, qui sont des gens instruits, qui profitent du plus haut
niveau non seulement de vie, mais aussi de communications ; ils
ont accès aux communications, à la connaissance et à la sagesse
de la race humaine au bout de leurs doigts. Aujourd’hui, vous
pouvez littéralement en poussant quelques boutons, avoir La
Brittanica sur votre écran de télévision. Et persister dans cette
voie stupide et dégénérée en disant que la société le permet, c’est
pire que malhonnête.
Ainsi vous voyez, nous devons comprendre que ce n’est pas
parce que beaucoup d’entre nous le font, que c’est bien. Et ce
n’est pas parce qu’un homme a le cran de venir devant un micro
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 160
grain. Comme il est dit dans la Bible : « Quand vous rentrez votre
moisson et que le vent souffle la paille, le grain reste ». Ce sont
ces 2 % que nous jetons, ne retenant que les 98 % de la paille.
Même le plus idiot des agriculteurs sait que lorsque vous
moissonnez c’est presque ce pourcentage, les tiges, les feuilles
et le son. Le grain représente environ 5 %, 10 %, je ne sais pas,
mais ce n’est pas matériel. Plus le pourcentage est faible, plus il a
de valeur. La même chose s’applique à l’exploitation des mines.
Vous extrayez des tonnes de minerai et n’obtenez que quelques
kilos de métal. Ainsi, le système humain est aussi une mine, il est
« à moi » (en anglais : « mine »), c’est aussi une mine. Je dois y
creuser profondément, plonger dedans, trouver ce qui se cache à
l’intérieur de ces scories. Cela veut dire enlever la surcharge, la
détruire, la jeter, pour obtenir le minerai, le fondre, enlever les
scories pour obtenir à la fin très peu de métal. Et cela est le coeur.
Voilà la fonction que le Maître est sensé remplir à travers Ses
précepteurs, Son représentant, par Lui-même. Donc, envisager la
fonction spirituelle comme quelque chose qui se réduirait à des
conseils d’ordre spirituel, aux transmissions et aux nettoyages, je
suggérerais que c’est là une décision très partisane. C’est comme
aller chez le médecin et lui dire : « Donnez-moi un médicament,
mais ne me dites pas quel régime suivre, je le sais mieux que
vous » ! Non, non, mon cher ami, il vaut mieux ne pas manger
de viande la semaine prochaine. « Fermez-la ! Vous voulez vos
honoraires ? Prenez-les ! Quel médicament, dois-je prendre ? Si
je bois de la bière ou du whisky, ce n’est pas votre affaire. Si votre
médicament est efficace, il fera effet ! « Comment diable va-t-il
bien pouvoir faire effet ? Le médecin n’est pas une sorte de dieu
qui peut vous autoriser à manger de la viande quand il ne faut
pas ou à boire quand il ne faut pas et malgré tout vous donner
un médicament qui vous guérisse. Je souhaiterais que ce soit
possible.
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 162
Questions-réponses II
Soirée du 1er octobre 1986
(La plupart des questions ont été tirées d’une boîte à questions
et lues à haute voix)
Q : Pendant ce genre de réunion où le Maître Lui-même est
présent, est-il nécessaire de faire son propre nettoyage et d’avoir
des sittings individuels ?
R : La réponse est oui. Babuji a dit que quoiqu’il puisse arriver
par ailleurs, notre pratique quotidienne doit toujours être faite :
c’est-à-dire la méditation du matin, le nettoyage du soir et la
prière/méditation au coucher. On les continue sans tenir compte
du reste.
Q : Quel est votre sentiment au sujet du contrôle des naissances,
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 171
de la contraception ?
R : Du point de vue religieux, on considère généralement que
ce n’est pas tout à fait la chose à faire. Mais il existe des techniques
au cas où vous soyez obligés de ne pas avoir de bébé. Mais pas au
moyen de la contraception, c’est plutôt par l’abstinence.
Un jour, j’ai posé au Maître une question au sujet de la
renaissance. J’avais l’impression - une impression toute
personnelle - que les bonnes âmes renaissent instantanément
après la mort. Je pensais qu’elles étaient aptes à évoluer
rapidement. Mais le Maître répondit négativement. Ce sont les
âmes mauvaises qui renaissent rapidement, ou plutôt les âmes
de mauvaise qualité, les âmes chargées de mauvais samskaras.
Non pas des âmes mauvaises, mais des âmes chargées de
mauvais samskaras. Je lui demandai pourquoi il devait en être
ainsi. Il me dit que celles qui ont de bons samskaras, ou qui n’ont
pas beaucoup de samskaras mais qui sont encore destinées à
renaître, ne peuvent pas trouver le milieu approprié. En suivant
ces pratiques contre nature, il se peut que, par conséquent, nous
refusions la possibilité de renaître à des âmes qui sont plus
évoluées et qui ont cependant besoin de renaître.
C’est donc la raison majeure pour ne pas pratiquer le contrôle
des naissances et spécialement de la part des personnes qui
suivent une voie spirituelle telles que les abhyasis du Sahaj
Marg. Car nous devons nous souvenir qu’au fur et à mesure que
nous évoluons il devient impossible aux types négatifs d’âmes
de renaître de notre fait, dans notre milieu. Seules les âmes
supérieures trouveront que notre environnement leur convient
pour naître. Je dis ceci parce que nous ne devrions pas penser
automatiquement que nous aurons en conséquence 9 ou 12
enfants. Car du fait que nous évoluons, la possibilité d’avoir des
enfants de ce niveau diminue aussi pour nous-mêmes puisqu’il
n’y en a pas beaucoup « en circulation ». Ainsi ce sera une vie
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 172
d’importance.
R : Devenons d’abord enfants de Dieu, et alors nous verrons
(rires). Nous ne sommes pas encore enfants de Dieu. Nous
sommes en train de devenir enfants de Dieu.
Q : Chariji, hier vous disiez (je pense que c’était à propos des
contacts physiques) que ce qui compte avant tout, c’est ce que
nous avons à l’esprit. Je pense donc qu’il en va de même pour
cette question. Par exemple, je n’ai pas d’homme à l’esprit quand
je m’assois en méditation de groupe et par conséquent je ne suis
pas perturbée.
R : Non, non. Cela ne signifie pas que vous devriez vous asseoir
les uns à côté des autres pour ne pas être troublés. Vous supposez
le problème résolu. Cela revient à dire que si un voleur pense à
voler, peu importe qu’il soit dans une banque ou dans un train.
Mais cela ne s’applique qu’à une personne qui a l’idée de voler,
n’est-ce pas ?
Vous autres prenez toujours des cas extrêmes qui ne reflètent pas
la situation générale. Nous sommes en présence d’une situation
générale. De même, les non fumeurs s’assoient séparément dans
un train « Défense de fumer dans ce compartiment ! « . Pourquoi
ne dites-vous pas : « J’insiste pour fumer dans ce compartiment ».
C’est une question de bon sens et de voir comment ça marche.
Mettez vos chaussures ici. Pourquoi ne les mettrais-je pas là ?
Vous allez au théâtre : vous avez un vestiaire où suspendre vos
affaires, n’est-ce pas ?
C’est juste une question de discipline. Pourquoi n’essayez-vous
pas de vous asseoir séparément en méditation de groupe, sans
toutes ces protestations ? Si ça ne marche pas, nous protesterons
après ! (rires). Je serai le premier à protester. Je dirai : « Non ! Je
refuse d’être séparé ».
Q : (Inaudible)
R : S’il vous plaît, je ne désire plus en discuter davantage
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 180
aux Etats-Unis quitta la Mission ? Cela remonte aux années 72, 73,
74 : c’est qu’elle était écoeurée. Elle me dit : « Chari, j’en ai marre
du groupe du Sahaj Marg ». Je lui demandai : « Pourquoi ? « Elle
me répondit : « Vous savez, tous ces gosses qui arrivent sont de
sacrés bons gosses, des gosses charmants, des parents adorables,
mais rien ici ne semble se passer selon le Sahaj Marg ». Je lui
dis : « Que voulez-vous dire quand vous dites : « Rien ne semble
se passer selon le Sahaj Marg ? « Elle me répondit : « Ils ne
pensent qu’à coucher, et rien d’autre ». Je la cite textuellement.
Si vous voulez, vous pouvez lui écrire et le vérifier.
Q : (Inaudible)
R : Ici, en Amérique ? Nous sommes en Amérique. Nous parlons
à des Américains de la nécessité de la discipline. Que vous soyez
Allemand n’a pas de rapport. Je suis moi-même Indien.
Le tout est de dompter la mégère, de dompter le bon vieil
Adam... De s’y essayer dans une situation où ça marchera et tâcher
ensuite de transposer dans une situation où, normalement, ça ne
marcherait pas mais où nous faisons en sorte que cela marche.
C’est comme la discipline à l’école. Vous apprenez à un garçon ou
à un enfant la manière de se comporter en société. Il essaie ainsi
d’emporter avec lui ce qu’il apprend à l’école. L’instruction doit
s’appliquer hors de l’endroit où vous avez été enseigné et devenir
une généralité, un trait de votre existence, une réalité de la vie.
« Non, non, cela n’a de rapport qu’avec l’école ». Ce n’est pas
ainsi que vont les choses.
Nous voulons être des individus cultivés, mais malheureusement
ici, aux Etats-Unis, la culture semble signifier deux garages,
des jolies maisons au milieu de pelouses, un réfrigérateur dans
chaque pièce, la télévision en couleur dans le salon, un récepteur
portatif dans les chambres à coucher, des toilettes reluisantes
de propreté. Ce n’est pas la culture au sens où nous l’entendons.
La culture est quelque chose qui a un rapport avec l’existence
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 183
Chers soeurs et frères, je suis heureux d’être ici avec vous tous.
Soeur Krishna nous a fait quelques remarques au sujet de la
distance existant entre les deux ailes de l’oiseau. J’espère qu’elles
nous aideront à les relier.
C’est bien d’avoir deux ailes, mais nous avons besoin d’un
corps entre elles, car le corps vole à l’aide des ailes. Ainsi, c’est le
devoir des deux extrémités, Montréal et Vancouver, d’introduire
le corps et j’espère que vous y arriverez très bientôt.
Elle a aussi parlé de la barrière créée par la langue. Mais si un
Indien peut venir au Canada et aux Etats-Unis et parler avec vous
d’un sujet indien, de yoga indien et toutes ces sortes de choses,
cela ne devrait pas être une barrière insurmontable.
J’ai eu quelques expériences amusantes cette dernière
semaine. Vous savez tous que chaque matin, j’ai une réunion
spéciale pour un certain groupe de gens - Californie un jour,
Ohio un jour, New-York/New Jersey un autre jour. Et nous
avons vu comme les groupes se sont étendus pour inclure même
les gens extérieurs aux U.S.A., les Allemands, les Italiens, les
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 185
mon Maître vous donne à tous cette sagesse qui est la seule
sagesse dont nous ayons besoin, et nous emmène au But aussi
rapidement qu’Il peut. Merci.
Questions-réponses III
3 octobre 1986
que nous voulons c’est, non pas en faire des abhyasis, mais leur
donner quelque chose que nous recevons. Donc, tout ce que nous
désirons, c’est partager les bénédictions que nous recevons avec
ceux que nous aimons. Cela ne peut en aucun cas être mauvais.
Q : Que signifie la Grâce du Maître ? Est-ce un cadeau divin
ou bien le Maître reconnaît-il le bon travailleur qu’il veut
récompenser ?
R : D’un point de vue, dirons-nous, très réaliste, ce n’est ni l’un
ni l’autre. C’est comme le courant d’une rivière qui nous entraîne
si nous nageons dans son sens, mais s’oppose à nous si nous
essayons de nager contre lui. Donc, quand nous allons dans son
sens, il marche en notre faveur. Si nous allons à contre courant, il
s’oppose à nous. Dans les deux cas, c’est Sa Grâce.
Q : Si nous blessons mortellement un animal ou un insecte, est-
ce un devoir de ne pas le faire souffrir plus longtemps en le tuant
de suite ? Cela m’a toujours contrarié de tuer. Avons- nous le droit
de tuer lorsque les évènements rendent la vie insupportable ?
R : A vrai dire, je ne vois pas comment une personne qui ne
peut pas tuer, peut blesser un animal. Bien sûr, s’il s’agit d’un
accident, vous ne pouvez rien y faire.
Pourquoi uniquement un animal ? Vous pouvez renverser un
enfant, vous pouvez écraser un être humain, et vous n’aimez pas
les voir souffrir. Vous voyez, ce n’est pas la question... Supposez
que je tombe malade et que j’aille trouver Barry Day et qu’il dise :
« Chari, vous souffrez trop, laissez-moi vous délivrer de votre
souffrance ! « . La situation est la même vous voyez. La loi dit
que nous n’avons pas le droit d’ôter la vie, non parce que l’animal
souffre ou que la personne souffre, mais parce que, comme on
dit, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Et c’est cet espoir que
nous ne devons pas nier.
Q : Voulez-vous, s’il vous plaît, définir les devoirs et les
responsabilités du mariage ? Pour chaque époux, l’un envers
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 196
Porte ouverte
4 octobre 1986
pour savoir, mais pour ressentir. Le savoir n’a aucune place dans
une organisation spirituelle ou une aventure spirituelle comme
la nôtre. Quand les gens viennent pour savoir ce qu’est Dieu, ils
repartent déçus. Dieu ne peut pas être « su ». Il n’a ni forme,
ni nom, ni attributs et personne ne sait où Il demeure. Il est dit
qu’Il est partout et nulle part, qu’Il est plus petit que le plus petit
et plus grand que le plus grand, qu’Il n’a pas de qualités et que
cependant toute chose émane de lui. Il n’a même pas de force,
mais toute la force vient de lui. Il est dans Sa création et hors de
Sa création, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. « Comment
pourrions-nous connaître une telle chose ? « C’est comme si
nous disions : « Donnez-moi deux dollars de bonheur. Faites-
moi un paquet-cadeau ». Vous pouvez envelopper un objet, mais
pas le bonheur. L’objet peut procurer du bonheur, mais aussi une
déception. Cela dépend de qui le reçoit.
Ainsi, nous en arrivons à cette partie fondamentale de -sagesse-,
dirais-je plutôt que connaissance, que Dieu ne peut être connu.
Mon Maître dit qu’Il peut être expérimenté. L’expérience est la
seule manière de se rendre compte de ce qu’est la divinité. La
première chose que j’ai apprise, est qu’il ne faut pas chercher la
sagesse divine ou la sagesse à propos du Divin dans les livres. Alors
je lui ai demandé comment il fallait faire. C’est là que commence
l’histoire que Don Sabourin vous a racontée, comment nous nous
sommes assis et avons médité. J’étais heureux. J’ai dit à Babuji :
« Oui, je suis d’accord avec tout cela. Mais qu’en est-il de ma
première question ? Si l’âme est pure quand j’arrive, comme le
disent les livres, et si à ma mort seule mon âme s’en va, laissant
tout le reste - nous le voyons bien par nous-mêmes - alors que
faites-vous entre mon apparition et ma disparition de ce lieu ?
Il me dit : « Mon fils ». Il avait beaucoup de compassion
parce que c’était une démolition totale de la structure de pureté
que nous nous étions construits. J’étais pur, je suis pur, je
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 209
Discours de clôture
5 octobre 1986
choix comme l’a dit Gabi. Et je pense que c’est une bénédiction
car nous nous comportons très souvent comme des enfants,
fuyant la maison, menant une existence vagabonde, mais notre
père et notre mère ne nous oublient jamais. Autrefois, savez-
vous, quand un membre de la famille était hors de la maison, on
avait coutume de laisser brûler une bougie à l’une des fenêtres, de
façon à ce que le garçon ou la fille, en cas de rentrée tardive dans
la nuit, puisse voir le chemin grâce à la lumière, et en recevoir
une marque d’amour.
Or, c’est la miséricorde du Maître de laisser une lumière
semblable dans nos coeurs. A l’époque des chauffe-eaux à gaz dans
les salles de bains, vous avez vu qu’il y a une minuscule flamme
témoin, qui s’allume quand c’est nécessaire. Mais elle ne s’éteint
jamais. C’est ce que nous avons dans nos coeurs. Une étincelle de
divinité qui est là éternellement et, comme je le suggérais hier,
c’est ce morceau d’atome divin qui est en nous tous. Et c’est ce
que, par notre méditation, nous essayons d’activer en une grande
flamme, en un embrasement.
Imaginez comme cela doit être fort ! Car dans l’un des Vedas,
c’est décrit comme une flamme atomique. De vie en vie, nous
avons été incapables de l’éteindre J’oserai dire que beaucoup
d’entre nous ont beaucoup essayé, mais cela n’a pas réussi car, de
nature divine, elle a une existence éternelle. Et au fond, si nous
avons une quelconque utilité, c’est celle de la lampe qui contient
la flamme et lui permet de briller à l’intérieur. De même qu’une
lampe sans lumière à l’intérieur n’a ni raison ni besoin d’exister,
nous ne pourrions exister sans cette petite flamme dans nos
coeurs.
Je suggérerais donc qu’aussi longtemps que nous existons,
nous sommes des preuves vivantes de cette Divinité en nous.
Voici donc pourquoi, quand quelqu’un parlait de chercher Dieu,
le Maître disait : « On ne recherche jamais ce qui est présent, on
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 218
Evolution
15 octobre 1986
L’évolution maintenant
15 octobre 1986
qu’il faut faire ; la décision est prise par les autres. A ce stade,
le seul problème est l’obéissance. Mais c’est facilement résolu
par un petit conflit et ce n’est pas très important. Lorsque nous
grandissons, alors commence le dilemme. Et je pense que c’est
un grand sacrifice que nous faisons, quand nous renonçons à
l’obéissance envers l’autre et que nous devons devenir obéissants
à nous-mêmes.
Vous voyez donc que nous devons payer un gros prix pour
être indépendant. Par conséquent, grandir est un processus de
maturité, maturité mentale, maturité émotionnelle, les deux. Bien
sûr, si nous avons les deux et si nous avons la chance d’avoir une
bonne éducation et un bon milieu familial pour nous instruire,
alors la probabilité d’une maturité morale est beaucoup plus
importante que dans le cas contraire. C’est pourquoi l’éducation
adéquate, l’environnement adéquat pendant l’enfance et la
jeunesse, sont si importants. Et si l’atmosphère émotionnelle
et éducative adéquate nous est donnée à cette étape de la vie,
nos outils intérieurs deviennent si sains et si parfaits que nous
n’avons pas de problèmes, ou de très petits problèmes.
Je ne crois pas que le fait d’être exposé à des problèmes nous
fortifie en quoi que ce soit. Ceci est une philosophie malsaine
qui provient de la psychologie occidentale. Cette petite partie
de manque de bon sens a probablement été empruntée à la
médecine. Je pense à l’analogie avec l’immunisation, par
exemple, dans laquelle vous introduisez quelques microbes dans
le corps qui développe les anticorps renforçant ainsi le système.
Nous en faisons de même avec les métaux dont nous avons fait
des alliages pour les renforcer et leur donner certaines propriétés
dont nous avons besoin. Mais je ne pense pas que cette technique
soit applicable au mental. Autrement, nous devrions mettre une
petite peur dans un enfant et nous n’aurions plus jamais peur.
Mettre un petit vice dans une personne qui n’aurait plus aucun
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 242
Il est donc très clair que le désir est, en soi, notre ennemi. C’est
pourquoi notre prière dit que nos désirs font obstacle à notre
avancement. Désir pour n’importe quoi : cela peut être pour le
plaisir, le confort, la fortune, la richesse, la santé, pour n’importe
quoi. Je dis ceci parce qu’il ne peut y avoir de bon désir ; il n’existe
pas de bon désir.
Des personnes demandent : « Est-ce que le désir pour
la croissance spirituelle n’est pas un désir ? « Ce fut une des
premières questions posées à mon Maître en 1972. C’était en
Europe, bien sûr, (rire) et Il a donné deux réponses. Une fois, il a
dit : « C’est le seul désir qui soit permis ». Ailleurs il a dit : « Ce
n’est pas un désir, parce que la croissance est une chose naturelle
et une loi naturelle ». Désirer la croissance ne peut donc être une
mauvaise chose, parce que, ce faisant, nous allons dans le sens
de la Nature.
Maintenant, c’est précisément quand notre désir se heurte à
notre devoir que nous avons des problèmes. C’est le problème
de la condition humaine : nous rencontrons peu de situations
dans lesquelles nous ne savons pas ce que nous devrions faire
réellement, et c’est la miséricorde de Dieu. Peu d’entre nous vont
avoir à faire face à une situation dans laquelle nous ne pouvons
pas juger. Mais nous savons par expérience que même avec les
situations les plus banales et les plus terrestres, nous avons des
problèmes, nous sommes confrontés à des difficultés ; pas parce
que nous ne savons pas ce que nous devrions faire, mais parce
que nous ne voulons pas le faire.
Si jamais Dieu devait descendre et nous poser une question :
« Que voulez-vous réellement ? « , il ne pourrait y avoir qu’une
réponse ou un souhait sensé. Je pense que vous savez ce que
c’est. Vous demanderiez à Dieu : « S’il vous plaît, faites que ce qui
est agréable soit notre devoir ». (rire). Ce serait une merveilleuse
solution, n’est-ce pas ? Je pensais cela à une certaine époque.
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 244
ce qu’il n’y ait plus rien à broyer. Et vous connaissez tout le reste :
si vous laissez aller une voiture elle avancera jusqu’à ce qu’elle
soit accidentée ; elle continuera si elle n’est pas stoppée.
Qu’est-ce qui compte derrière tout cela ? Quand nous livrons
notre liberté personnelle à nos désirs, ils deviennent libres et nous
sommes ligotés. Pas parce que les désirs ont du pouvoir sur nous,
mais parce que nous avons abdiqué nous-mêmes à ce pouvoir. Il
est important de le comprendre car nous disons habituellement :
« Oh, le désir était irrésistible ! « Cela ne peut jamais se produire.
C’est nous qui donnons notre pouvoir au désir et alors, le désir
agit sur nous avec notre propre pouvoir. Il en va de même pour
traiter les pensées indésirables durant la méditation. N’y faites
pas attention, et elles tombent. Ce qui arrive en méditation,
s’applique aussi à tout le reste dans la vie, à l’état de veille. Ne
faites pas attention au désir, et il tombe.
Frères et soeurs, c’est la seule manière de s’y prendre dans
notre situation humaine. Et ceci s’applique à presque toutes les
situations auxquelles nous aurons jamais à faire face. Très rare
est la situation où nous devons prier pour être guidés ou attendre
les instructions du Maître. Je n’y ai pas encore été confronté. Et
je pense que quand se présente une situation dans laquelle nous
devons prier pour être conseillé, elle doit être vraiment grave.
Grave, pas seulement pour nous individuellement, mais quelque
chose qui peut-être affecterait l’humanité dans son ensemble.
Donc, pour conclure, tout ce que je peux dire est : souvenez-
vous de votre devoir et de votre intérêt personnel, où il réside,
et c’est la solution à tous les problèmes. Mon développement
est mon intérêt personnel n’est-ce pas ? Pas égoïsme, intérêt
personnel. Oui, quand je veux aller quelque part, je ne suis pas
détourné de ma route. C’est donc comme avoir une boussole dans
la tête. Elle doit toujours pointer vers notre but. Toute variation
mineure est alors à éviter. Un requin ici, une tempête là, mais
Retour →sommaire L ES F R U I T S D E L’AR B RE 249