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Au 36 quai des Orfèvres, le bureau des

légendes
M le magazine du Monde | 16.04.2017 à 07h40 • Mis à jour le 17.04.2017 à 15h45
Par Philippe Broussard
D’abord, un couloir, sombre et étroit. Il faut s’y engouffrer pour prendre le pouls de
l’endroit, commencer à exhumer ses secrets. Les murs sont tapissés de beige,
décorés de tableaux vieillots. Tout au fond, la porte 315 s’ouvre sur un bureau de
vingt mètres carrés, très lumineux. Il n’y flotte plus d’odeurs de tabac froid, comme
au temps des commissaires fumeurs de pipe, mais le parfum aigre-doux de la
désuétude. On se croirait dans un appartement haussmannien au soir d’un
déménagement : il y a les marques des cadres sur le papier peint, quelques taches
sur la moquette, une plante verte près de la fenêtre de gauche. Au dehors, bat le
cœur de Paris : la Seine, le Pont-Neuf, la place Dauphine.
[1] Nous sommes ici au 36 quai des Orfèvres, siège historique de la police judiciaire (PJ) parisienne,
et cette pièce du troisième étage est le bureau du patron de la brigade criminelle. Aucun autre, pas
même celui du directeur de la PJ, à l’étage inférieur, n’incarne à ce point le « 36 ». Pour des
générations de flics, le 315 est le saint des saints, l’épicentre des plus grandes enquêtes des cent
trente dernières années. Quand il en parle, Jacques Genthial, qui dirigea le service de 1982 à 1984,
n’hésite pas à citer Albert Camus : « Dans Les Justes, un personnage confie qu’il est devenu policier
pour être au “centre des choses”. C’est exactement la sensation éprouvée dans ce fauteuil. »
[2] Vingt commissaires l’ont occupé depuis la création de la Crim’, en 1944. Le dernier en date,
Marc Thoraval, vient de quitter ses fonctions. Son successeur, dont le nom n’est pas encore connu,
doit arriver dans les prochains jours mais ne restera pas longtemps au Quai des Orfèvres. Dans les
cinq mois à venir, la plupart des fonctionnaires en poste dans ces locaux ou sur d’autres sites de la PJ
vont peu à peu migrer vers un siège plus moderne, une tour flambant neuve située dans le quartier
des Batignolles, près de la porte de Clichy.

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[3] A terme, 1 700 policiers, issus de différents services, y seront regroupés. Seuls ceux de la brigade
de recherche et d’intervention (BRI – l’Antigang) resteront au 36 pour des raisons pratiques. La
Crim’, elle, devra faire ses cartons à la mi-septembre, et donc abandonner le bureau 315 à ses
fantômes. Ils sont nombreux…
« Simenon a joué un rôle essentiel dans la construction du mythe. Il a fait de ce bureau la maison de son
héros, le confessionnal où il parvient à obtenir des aveux complets. » Charles Diaz, historien
[4] Selon Charles Diaz, historien de la police et lui-même ancien cadre du service, tout indique que
cette pièce avec vue sur la Seine accueillait déjà la haute hiérarchie de la Criminelle du temps où
celle-ci s’appelait « Brigade du chef » (1888-1912) ou « Brigade spéciale » (1913-1944). C’est ici
que furent notamment interrogées, par un commissaire moustachu dénommé Marcel Guillaume,
plusieurs célébrités des années 1920 et 1930 : Charles Mestorino, le joaillier meurtrier ; Violette
Nozière, une jeune fille accusée d’avoir empoisonné son père incestueux ; Paul Gorgulov, l’assassin
du président de la République Paul Doumer en 1932…
[5] A la même époque, Georges Simenon s’inspire du commissaire Guillaume, surnommé « l’As de
la PJ » par la presse populaire, pour camper le personnage de Jules Maigret. « L’écrivain belge a
joué un rôle essentiel dans la construction du mythe, estime Charles Diaz, auteur ou coauteur de
plusieurs livres de référence sur le 36 et ses grands flics, il a fait de ce bureau la maison de son
héros, le confessionnal où il parvient à obtenir des aveux complets. »
[…]
Solitude du chef
[6] Quatre-vingts ans plus tard, les touristes des Bateaux-Mouches qui passent sous les fenêtres du
315 ont parfois droit au couplet du guide sur le « fameux Maigret ». « Certaines personnes ont fini
par croire qu’il avait réellement existé », s’amuse Jacques Genthial. Le cinéaste Henri-Georges
Clouzot a beaucoup contribué, lui aussi, à l’image de la Crim’. Dans son film Quai des Orfèvres
(1947), avec Louis Jouvet et Bernard Blier, trois scènes ont pour cadre le bureau 315 – reconstitué
pour l’occasion – ou la pièce voisine, traditionnellement occupée par l’adjoint du patron.
« Sitôt arrivé, tu ressens à fois le poids de l’Histoire et celui de tes responsabilités, sans compter le souvenir
des prédécesseurs, qui t’oblige lui aussi à être à la hauteur. » Loïc Garnier, chef de la brigade criminelle de
2007 à 2009
[7] Mais c’est tout de même dans la vraie vie, au plus près des réalités policières, que l’essentiel s’est
joué. « Ces murs ont une mémoire, confirme Loïc Garnier, un autre ancien chef (2007-2009),
aujourd’hui responsable de l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat). Sitôt arrivé, tu
ressens à fois le poids de l’Histoire et celui de tes responsabilités, sans compter le souvenir des
prédécesseurs, qui t’oblige lui aussi à être à la hauteur. » Qu’ont-ils en commun ces
« prédécesseurs » ? Le 315, justement. Tous éprouvent à son égard une affection profonde, quasi
charnelle. Ils se souviennent comme si c’était hier de l’instant où ils y ont mis les pieds pour la
première fois. Ils en parlent comme d’une maison de famille, théâtre des séquences les plus intenses
– heureuses ou douloureuses – de leur carrière.
[8] Martine Monteil, la première femme nommée à ce poste (1996-2000), raconte y avoir dormi à
plusieurs reprises, allongée sur sa doudoune, les nuits où elle n’avait pas le temps de rentrer chez
elle. Frédéric Péchenard (2000-2003), désormais engagé en politique dans les rangs des
Républicains, n’a oublié ni la longue table dépliante, où se tenaient toutes les réunions importantes,
ni le matin où le poseur de bombe de l’attentat de la gare de RER Musée-d’Orsay (26 blessés
en 1995) est passé aux aveux.
[9] Les plus anciens se souviennent aussi des moments de deuil, comme au soir de la mort de
l’inspecteur Jacques Capela, tué lors d’une prise d’otages à l’ambassade d’Irak à Paris (1978), ou

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encore le jour de l’attentat de Saint-Michel (huit morts, une centaine de blessés, en 1995), pour ainsi
dire sous les fenêtres, sur l’autre berge de la Seine.
[10] « Ce bureau n’est pas seulement un QG, où se prépare le travail collectif, poursuit Loïc
Garnier, c’est également un lieu d’émotion, où il m’est souvent arrivé de recevoir les proches des
victimes pour leur expliquer notre travail et les laisser exprimer leur douleur. Par moments, c’est
aussi un lieu de solitude, la solitude du chef qui lance ses troupes sur diverses pistes et se demande,
en regardant Paris au dehors, s’il a fait les bons choix. Au total, on y passe un temps fou, de jour
comme de nuit. »

[11] Au côté « vieille France » de l’endroit s’ajoute l’état d’esprit particulier de la brigade. La Crim’,
dans la galaxie policière, c’est l’aristocratie de la PJ, une sorte d’élite, avec son emblème (un
chardon), sa devise (« Qui s’y frotte s’y pique »), son propre jargon, ses propres traditions : un
banquet annuel, une puissante amicale des anciens, la tournée automnale des cimetières pour honorer
la mémoire des collègues morts en service…
[12] Ses membres, confrontés à toutes sortes de milieux quand ils sont appelés sur une scène de
crime, ont longtemps revendiqué une élégance « costard-cravate » éloignée du jean-blouson des
unités d’intervention, comme l’Antigang ou les Stups. A la Criminelle, service d’enquête et non
d’action, tout est affaire de patience, de méthode, d’obsession de la vérité. D’où les surnoms
gentiment moqueurs attribués à ses policiers au sein du 36 : les « Seigneurs », les « Marquis », voire
les « Contemplatifs ».
Une pièce restée dans son jus
[13] De génération en génération, le 315 est au cœur de leur monde. Il fut pourtant un temps,
aujourd’hui lointain, où les inspecteurs de base n’y venaient pratiquement jamais. Cette porte
capitonnée, située côté gauche sur le palier du troisième étage, avait sa part de mystère,
d’inaccessible. « On n’entrait pas tous les quatre matins chez le taulier, témoigne un vétéran des
années 1970, c’était impressionnant, tu avais le sentiment de débarquer chez Maigret. Quand cela
arrivait, il fallait plutôt passer par le bureau de son adjoint, qui était un vrai lieu de convivialité,
notamment pour le café du début de journée. »
[14] Des années après avoir quitté le 315, les ex-patrons demeurent capables d’en décrire les
moindres recoins. Il faut dire que la pièce, à l’image de l’ensemble du 36, n’a jamais connu de
grands chambardements décoratifs. Elle est restée dans son jus, d’une austérité saisissante. C’est à

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peine si certains de ses occupants lui ont apporté une touche personnelle. De 1944 à 1952, le
commissaire Pinault, passionné d’alpinisme, orne les murs de tableaux de montagne.
Martine Monteil (patronne de la Crim’ de 1996 à 2000) a fait changer la moquette : « J’ai aussi apporté
ma lampe-fétiche, fabriquée par mon père, ex-policier à l’antigang, à partir d’un pistolet Mauser. »
[15] Trente ans plus tard, le Corse Pierre Ottavioli (1974-1979) se contente d’une carte ancienne de
son île. Martine Monteil, elle, fait changer la moquette. « J’ai aussi apporté ma lampe-fétiche,
ajoute-t-elle, fabriquée par mon père, ex-policier à l’antigang, à partir d’un pistolet Mauser. »
Quant à Loïc Garnier, il se débarrasse en 2007 des deux gros fauteuils réservés aux visiteurs. « On
s’y enfonçait trop, estime-t-il, je ne voulais pas qu’ils se sentent en situation d’infériorité. »
[16] Ils faisaient pourtant partie des murs, ces fauteuils. Etaient-ils en cuir marron ou en velours
vert ? Les avis divergent, pas les sensations. Au début des années 1970, le commissaire Roger
Poiblanc aimait y faire asseoir les « clients » que ses inspecteurs, dans leurs locaux bondés du
quatrième étage, ne parvenaient pas à faire avouer. Il bourrait sa pipe, arpentait la pièce en silence,
observait longuement le ballet des Bateaux-Mouches sur la Seine, tournait encore et encore autour de
sa proie, avant de lancer d’une voix froide : « Je ne comprends pas… Non, vraiment, je ne
comprends pas comment vous en êtes arrivé là. » Et le suspect commençait à craquer. Ou pas…
Centre névralgique
[17] De l’aveu même de Frédéric Péchenard et de Martine Monteil, ce recours au chef pour
impressionner les récalcitrants n’a pas toujours eu les effets escomptés, mais il figure en bonne place
dans le top 10 des légendes maison. « Entre nous, on appelait ça, le “coup de la moquette”, car le
315 était le seul bureau à avoir de la moquette », précise Ange Mancini, un ancien « numéro 3 » du
service.
[18] En 1973, quand des militants d’extrême droite se retrouvent au 36 à la suite de l’enlèvement du
cercueil du maréchal Pétain sur l’île d’Yeu, cette stratégie s’avère plutôt payante. Est-ce la solennité
un rien monacale du 315 qui les pousse à se confesser devant Roger Poiblanc ? Toujours est-il qu’ils
s’expliquent sur cette opération rocambolesque destinée à transférer la dépouille de leur héros à
Verdun, où il s’était illustré durant la Grande Guerre.
« Quand tu es aux commandes pour une grosse enquête, toutes les infos convergent vers le 315, tu as
l’impression de piloter une formule 1. » Jean-Pierre Birot, un ex-numéro 2
[19] Au-delà du folklore, ce bureau est surtout un centre névralgique, le QG d’où s’orchestrent les
investigations les plus complexes, sur les attentats, les tueurs en série (Thierry Paulin, « l’assassin
des vieilles dames » ; Guy Georges, le « tueur de l’Est parisien »…), ou encore les crimes à
connotation politique. Et même si la table pliante chère à Frédéric Péchenard a été transférée depuis
quelques années dans le bureau voisin, elle a donné son nom a une belle expression : quand survient
une affaire d’ampleur, les membres de la brigade disent qu’il y a urgence à « tirer la table », sous-
entendu « mobiliser tout le monde ».
[20] La structure pyramidale de la Crim’ – le patron au sommet, puis son adjoint, puis les chefs de
section, puis les chefs de groupe, et enfin la « base », au total 120 personnes – donne alors sa pleine
mesure. « Quand tu es aux commandes pour une grosse enquête, comme cela m’est arrivé à l’été
1991 après l’assassinat à Suresnes de l’ex-premier ministre iranien Chapour Bakhtiar, toutes les
infos convergent vers le 315, tu as l’impression de piloter une formule 1 », assure Jean-Pierre Birot,
un ex-numéro 2.
[21] Certaines de ces enquêtes relèvent maintenant de l’Histoire. Par exemple, celle sur l’attentat du
Petit-Clamart, contre le général de Gaulle, en août 1962. L’instigateur de l’attaque, le colonel
Bastien-Thiry, partisan acharné de l’Algérie française, est conduit au 36. Il gravit sous escorte le
célèbre escalier central (148 marches), jusqu’au troisième étage, bureau 315. Le voici bientôt face au

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commissaire Maurice Bouvier et à son adjoint de l’époque, Pierre Ottavioli (futur no 1). « Le colonel
nous a très vite dit qu’il ne regrettait rien, raconte ce dernier, âgé de 95 ans. Quand nous lui avons
fait remarquer qu’il aurait pu tuer Yvonne de Gaulle, présente aux côtés de son mari, il nous a
répondu qu’elle avait épousé le Général pour le meilleur et pour le pire ! »
[22] Une douzaine d’années plus tard, ce même Pierre Ottavioli prend la direction du service et gère,
depuis ce bureau, plusieurs cas d’enlèvement, dont celui du baron Empain, en 1978. Lorsque l’un des
ravisseurs est arrêté à la suite d’une fusillade, c’est du téléphone du 315 – placé sur écoute à son insu
– qu’il appelle ses complices pour leur demander de libérer le baron. Dans une autre affaire de rapt,
celui du PDG de la société Phonogram Louis Hazan, Ottavioli manœuvre au plus juste – et contre
l’avis des proches de la victime, venus se plaindre dans son bureau – pour obtenir la libération sans
verser la rançon. Le soir du dénouement, il réunit ses collaborateurs afin de fêter au champagne la
réussite de sa stratégie.

Gainsbourg et Mitterrand
[23] Flics, voyous, suspects, célébrités du fait divers, du show-biz ou de la politique, la liste de ceux
qui ont fréquenté le 315 de gré ou de force renvoie à l’Histoire des siècles passés. Martine Monteil y
a reçu des informateurs soucieux de discrétion, mais aussi l’acteur américain Peter Falk (Colombo en
personne) ou sa compatriote Patricia Cornwell, la reine du polar. Frédéric Péchenard et ses collègues
y ont disputé de longues parties d’échecs, les week-ends de permanence (« avant l’invention du
portable », précise-t-il).
« Gainsbourg s’asseyait dans un fauteuil et bavardait un moment. Même si j’évitais d’aborder devant lui
des sujets confidentiels, c’était un vrai plaisir. » Patr ck Riou, ex-patron de la Crim’
[24] Patrick Riou, patron de 1989 à 1992, se souvient des visites amicales de Serge Gainsbourg. Le
chanteur avait découvert le Quai des Orfèvres par la brigade des stups, où il avait été entendu dans le
cadre d’une procédure concernant sa compagne de l’époque, Bambou. Fasciné par l’atmosphère du
36, il aimait y rester de longs moments, et passait souvent voir le commissaire de la Crim’, bureau
315. « Il s’asseyait dans un fauteuil et bavardait un moment avec moi, raconte Patrick Riou. Même si
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j’évitais bien sûr d’aborder devant lui des sujets confidentiels, c’était un vrai plaisir. Il était détendu,
il rigolait beaucoup. Cela peut surprendre mais Gainsbourg aimait les flics. J’ai d’ailleurs appris
après sa mort qu’il donnait chaque année de l’argent aux œuvres des orphelins de la police. » Il lui
arrivait aussi, les jours où les inspecteurs organisaient un pot – un « dégagement », dans le
vocabulaire imagé de la brigade – de les rejoindre sur le palier du quatrième étage.
[25] D’autres personnalités ont eu les honneurs du 315 dans le cadre de procédures judiciaires. Ange
Mancini, l’ex-numéro 3, évoque ainsi l’audition de l’écrivain et polémiste Jean-Edern Hallier,
suspecté en 1982 d’avoir organisé son propre enlèvement : « Quand on l’interrogeait, il répondait en
se regardant dans le grand miroir ! »
[26] Jacques Genthial garde pour sa part en mémoire la venue de Jean-Marie Le Pen, entendu dans
une affaire bénigne de graffitis à caractère politique. « Il n’avait rien à se reprocher, précise l’ancien
policier, mais il fallait l’entendre comme témoin à la Crim’ car c’était une personnalité. Il était si
fier de se retrouver dans ce bureau qu’il n’arrêtait pas de parler de tout et de rien ! Il avait dû rester
plus d’une heure. »
[27] Quant à Claude Cancès, ancien numéro 2 du service et auteur du livre Commissaire à la Crim’
(éditions Mareuil, 240 pages, 15 euros), il n’oubliera jamais la réaction de François Mitterrand lors
d’une visite officielle au 36, en 1984 : « Il n’avait pas voulu mettre les pieds à la Crim’ ! Les
mauvaises langues ont dit qu’il n’avait pas vraiment de bons souvenirs du bureau où il avait été reçu
en 1959 lors de l’enquête sur l’attentat dont il prétendait avoir été victime… »
[…]
[28] Mitterrand savait sans doute qu’une partie du dossier concernant cette affaire très embarrassante
pour lui – il était alors suspecté d’avoir orchestré l’opération afin d’attirer l’attention – a été
entreposée durant des années dans l’énorme coffre-fort du patron de la brigade. Ce coffre, placé près
de la fenêtre de droite, n’a jamais eu la réputation sulfureuse de celui de la Mondaine – le service
spécialisé dans les histoires de mœurs –, où étaient préservées les notes sur les frasques sexuelles de
certaines personnalités, mais il a contenu des informations sensibles.
Crève-cœur
[29] Au début des années 1970, on y trouvait encore des documents sur la période de la
Collaboration, et des éléments sur l’enlèvement en plein Paris de l’opposant marocain Mehdi Ben
Barka. Après la mort accidentelle de la princesse Diana, en 1997, la procédure et les photos prises au
moment de l’examen médico-légal y sont stockées afin d’éviter les fuites dans la presse britannique
ou française. « Chaque nouveau patron a tendance à faire le tri, c’est-à-dire à conserver ce qui peut
encore être intéressant pour les investigations en cours, et à transférer le reste aux archives. A mon
arrivée, croyez-moi, il n’y avait pas grand-chose ! », indique Frédéric Péchenard.
[30] Ce coffre de marque Henri Monard est si imposant qu’il ne devrait pas suivre la Crim’ dans la
nouvelle cité judiciaire, où la PJ, à elle seule, aura droit à un immeuble de huit étages et 30 000
mètres carrés. La photo présidentielle de François Hollande ne sera pas du voyage, elle non plus, ni
les chardons fanés que le dernier occupant, le commissaire Marc Thoraval, a laissés sur le dessus de
l’armoire.

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[31] La future adresse a beau avoir été baptisée au plus juste (36, rue du Bastion), le déménagement,
qui commence le 17 avril, confine au crève-cœur pour les vétérans. Même Jean-Paul Belmondo et
Alain Delon, si souvent flics ou voyous à l’écran, s’en sont émus lorsqu’ils sont venus au Quai, en
novembre 2016.
[32] Pierre Ottavioli, le plus âgé des ex-patrons, s’attriste lui aussi de ce départ. « La Brigade et le 36
ne formaient qu’un », rappelle-t-il. L’avenir de ces locaux historiques n’est pas encore décidé, mais
ils pourraient accueillir, après d’importants travaux de réhabilitation, d’autres services de police ou
de justice, évidemment moins prestigieux que la Crim’.
[33] Au moment de fermer la porte 315, il restera alors à imaginer une épitaphe pour ce vénérable
bureau. Pourquoi pas cette tirade de Louis Jouvet, s’adressant à deux suspects dans Quai des
Orfèvres : « Je suis de la criminelle. C’est ce qu’il y a de mieux ! Ça n’a pas de rapport avec les
autres brigades. Nous, on nous met devant un cadavre, et vas-y mon p’tit gars ! »

http://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2017/04/16/au-36-quai-des-orfevres-le-bureau-des-
legendes_5111975_4500055.html#2rK5UGgQAVgTX5kE.99
(Texte adapté)

Guide de travail:

Après la lecture du texte, résolvez les consignes ci-dessous :

1. Remplissez les tableaux ci-dessous en donnant les informations sollicitées :


A)

7
Les patrons de la Crim’
Paragraphe Chef de la Crim’ Informations
1 Jacques Genthial
4 Marcel Guillaume
7-10 Loïc Garnier
8 Martine Monteil
8-29 Frédéric Péchenard
21 Maurice Bouvier
21-22 Pierre Ottavioli

B)
Les sections de la Police Française
Paragraphe Nom de la Sens du sigle / nom Informations données dans le texte
section
3 BRI –
l’Antigang
2-11-12 Crim’
7 Uclat
8 Les Stups
28 La Mondaine

C)
Des personnalités qui ont dû aller chez la PJ
Paragraphe Personnalité Cause/s pour être allé au siège de la PJ
24 Serge Gaisnbourg
25 Jean-Edern Hallier
27 François Mitterrand

2. Quels sont les changements que le fameux bureau 315 de la PJ a subi ? [paragraphes 14,
15 et 16]

3. Expliquez les rapports qui se sont établis entre la PG et son siège et des différentes
manifestations artistiques (la littérature, le cinéma…).

4. Vous avez ci-dessous le lien de la carte de Paris :

8
https://www.google.fr/maps/place/Paris/@48.8801136,2.295368,13.08z/data=!4m5!3m4!1s0x47e
66e1f06e2b70f:0x40b82c3688c9460!8m2!3d48.856614!4d2.3522219
Regardez-le et essayez d’y localiser les lieux dont on fait mention dans l’article :
 Boulevard Haussmann (« un appartement hausmannien ») [chapeau]
 36 quai des Orfèvres [paragraphe 1]
 Quartier des Batignolles, près de la porte de Clichy [paragraphe 2]
 RER – Musée d’Orsay [paragraphe 8]
 Saint-Michel (Place Saint Michel/ Fontaine Saint Michel) [paragraphe 9]

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