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CHAPITRE I : LA POLICE ADMINISTRATIVE.

La police administrative s’inscrit dans le cadre de l’action administrative. Elle


désigne l’ensemble des interventions de l’administration qui tendent à imposer
à la libre action des particuliers la discipline exigée par la vie en société, dans le
cadre tracé par le constituant et le législateur. Ainsi, pour éviter que les libres
initiatives des particuliers n’aillent pas jusqu’à compromettre l’ordre public, il
appartient donc à l’autorité d’imposer les limites nécessaires. A cette fin
correspond l’exercice de la police administrative.

Section I : buts et procédés de la police administrative.


I. Les buts de la police administrative.
La police administrative a pour but de prévenir les atteintes à l’ordre public.
Cette formule appelle deux séries de précisions, en ce qui concerne d’abord le
caractère préventif de la police administrative (A), qui la distingue de la police
judiciaire, ensuite le contenu concret de la notion d’ordre public (B).

A. Le caractère préventif de la police administrative.


La police administrative est essentiellement de nature préventive. Ce caractère
préventif de la police administrative opère dès lors une distinction entre la
police administrative et la police judiciaire.
En effet, alors que la police judiciaire mène un but répressif qui consiste à
rechercher les auteurs d’une infraction pour les livrer aux tribunaux judiciaires,
la police administrative mène un but préventif visant à empêcher aux
désordres de se produire.
Aussi, les deux polices obéissent à un régime juridique particulier : la police
administrative est soumise au respect du droit administratif et au contrôle du
juge administratif ; en parallèle, la police judiciaire répond aux prescriptions du
code de procédure pénale (droit commun).

B. La notion d’ordre public.


L’ordre public est une notion administrative dont la préservation est la finalité
de la police administrative, qu’elle soit générale ou spéciale. Il est représenté
sous deux (02) dimensions qui se sont développées et ont évolué sous
l’impulsion de la jurisprudence du Conseil d’État. On distingue ainsi l’ordre
public matériel et l’ordre public immatériel.
 L’ordre public matériel : correspond à ce qui est généralement désigné
comme l’ordre dans la rue. C’est une dimension opérationnelle et lisible,
fondée sur la prévention des atteintes à la sécurité, la salubrité et à la
tranquillité publiques ;
 L’ordre public immatériel : c'est l’ordre moral. D’essence
jurisprudentielle, il est caractérisé par deux (02) composantes
principales, à savoir la moralité publique (CE, 30 mai 1930, Beaugé), la
dignité humaine (CE, 27 octobre 1995, Commune de Morsang-sur-Orge).

II. Les procédés de la police administrative.


Dans la mise en œuvre du maintien l’ordre public, la police administrative
disposent de plusieurs moyens qui diffèrent selon que la police administrative
est générale (A) ou spéciale (B).

A. La police administrative générale.


La police administrative est générale lorsque l’autorité de police exerce son
pouvoir sur un territoire donné, à destination de toute activité ou de toute
personne et en dehors d’un texte d’habilitation spéciale. Elle s’exerce par trois
(03) procédés : la réglementation, les décisions particulières et la coercition.

B. La police administrative spéciale


La police administrative est spéciale lorsque la finalité, le champ d’application,
le contenu ou les modalités sont déterminés par un texte précis. Elle vise des
domaines particuliers ou certaines catégories d’administrés.

Section II : aménagements & limites des pouvoirs de la police


administrative.
I. Aménagement des pouvoirs de la police administrative.
Parler de l’aménagement des pouvoirs de la police administrative, c’est
distinguer les différentes autorités de police qui disposent des pouvoirs de
police administrative. À cet effet, on distingue principalement la police exercée
par l’Etat sur l’ensemble du territoire et la police exercée au niveau de la
commune par le maire. Le maire est alors une autorité décentralisée qui prend
des mesures particulières justifiées par les circonstances locales.
Les diverses autorités de police sont donc :
 Le Premier ministre : il prend des règlements de police applicables à
l’ensemble du territoire national dans le but d’assurer l’ordre public ;
 Le ministre de l’Intérieur : c’est l’autorité hiérarchique des personnels de
la police d’Etat et des préfets ;
 Les gouverneurs et les préfets qui sont responsables du maintien de
l’ordre public dans leur département ;
 Les maires qui ont pour rôle d’assurer l’exécution des mesures de police
générale découlant de la police d’Etat, ainsi que la police municipale.

II. Les limites à l’exercice des pouvoirs de police administrative.


L’exercice du pouvoir de police, comme toute activité administrative, est
soumis d’une part au respect du principe de légalité (A), d’autre part au
contrôle du juge administratif (B).

A. Le respect du principe de légalité.


Comme toute activité administrative, l’activité de police administrative doit
s’exercer dans le respect de la légalité. Lorsqu’elle édicte des mesures,
l’autorité de police doit agir selon les procédures et formes prévues par les
principes de droit.
Ainsi, toute mesure de police doit présenter les caractères suivants :
 Etre prise par l’autorité compétente et selon les procédures prévues par
les textes (sans quoi il y aurait un « vice de forme » dénoncé par le juge) ;
 Etre justifiée par le maintien de l’ordre public (ce qui exclut tout
détournement de pouvoir que le juge serait en droit de dénoncer) ;
 Etre légitimée par l’existence d’un risque suffisamment grave pour
menacer l’ordre public (sans quoi le juge dénoncerait son illégalité),
c’est-à-dire la tranquillité, la sécurité ou la salubrité publiques.

B. Le contrôle de proportionnalité du juge.


Le contentieux de la police administrative relève de la compétence du juge
administratif. Le juge vérifie si les mesures de police qui ont été prises sont
proportionnées à l’objectif à atteindre, c’est-à-dire la nécessité d’assurer la
sauvegarde de l’ordre public. Ce principe a été posé par la décision du 19 mai
1933 du Conseil d’Etat (dit arrêt « Benjamin »).

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