Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Revue mensuelle
10 numéros par an + 2 hors série
Rédaction - Publicité - Administration
Abonnements
60, rue du Dessous des Berges - 75013 Paris
Téléphone 01 44 84 78 78 - Fax 01 42 40 26 46
Méthanisation-Biogaz
Président directeur général ÉDITORIAL 3 THÉMATIQUE MÉTHANISATION d’électricité 72
Benoît Johanet 4èmes journées industrielles L’agitation dans la Par Michael Köttner et
méthanisation méthanisation 36 Elisabeth Huba
Directeur de la publication
René Moletta Par Nathalie de Romance
Benoît Johanet
THÉMATIQUE MÉTHANISATION
Rédacteur en chef THÉMATIQUE MÉTHANISATION THÉMATIQUE MÉTHANISATION Cas d’application de l’outil
Vincent Johanet Caractérisation des transferts Méthanisation agricole Métatranscriptomique
E-mail : vjohanet@editions-johanet.com hydriques au sein d’un digesteur en voie sèche continue : pour l’optimisation des
Ligne directe : 01 44 84 78 79 de méthanisation par voie sèche 5 une première en France 38 procédés industriels de
Par André Laura, Par Peter Dorka, méthanisation 79
Directeur de publicité Durante Maëlle, Jan Driegen et Par Sébastien Lacroix,
Benoît Johanet Lutz Pascale, Romain Martin Grégory Marandat,
E-mail : bjohanet@editions-johanet.com Lespinard Olivier, Thierry Arnaud,
Ligne directe : 01 44 84 78 82 Pauss André, THÉMATIQUE MÉTHANISATION Théodore Bouchez et
Ribeiro Thierry et Procédés de méthanisation Anne-Sophie Lepeuple
Maquette Lamy Edvina et gestion des risques industriels
Marie-Christine Barut
Retour d’expérience en France THÉMATIQUE MÉTHANISATION
E-mail : mcbarut@editions-johanet.com THÉMATIQUE MÉTHANISATION et en Allemagne 42 Biogaz et biométhane
Ligne directe : 01 44 84 78 80 Microaération en phase liquide Par Evanno S. et Une implication forte
pour diminuer la concentration Weinberger B. de GrDF dans la filière
Abonnements d’H2S dans le biogaz d’un d’injection 85
François Perrin méthaniseur EGSB traitant THÉMATIQUE MÉTHANISATION Par David Le Noc
E-mail : abonnement@editions-johanet.com des effluents papetiers 11 Optimiser le rendement des unités
Ligne directe : 01 44 84 78 81 Par Thierry Arnaud, de méthanisation par la technique THÉMATIQUE MÉTHANISATION
Serge Giot et d’incorporation 47 Gérer les ressources
Abonnement 1 an (12 numéros) Par Emilien Geish
France : 132,22 € ht + (TVA 2,10 %) 2,78 € = 135,00 € ttc
Boris Tartakovsky microbiennes : exemples
Étranger : 160,00 € d’applications aux procédés
THÉMATIQUE MÉTHANISATION THÉMATIQUE MÉTHANISATION de méthanisation 91
Prix au numéro L’ARKOMETHA : Technologie de Qualité et analyses du biogaz : Par Marina Moletta-Denat
15,67 € ht + (TVA 2,10 %) 0,33 € = 16,00 € ttc méthanisation en matière bonnes pratiques et conséquences
épaisse, multi-étapes, technico-économiques THÉMATIQUE MÉTHANISATION
Règlements modélisable 15 sur la valorisation 50 Solidia : une plateforme
À l’ordre de la société Par Michel Bonhomme Par C. Germain, expérimentale de démonstration
Éditions Johanet V. Chatain et
La Banque Postale 20041 H. Metivier pour la digestion anaérobie
THÉMATIQUE MÉTHANISATION de ressources organiques
00001-065079U020-68
Unité de purification biogaz solides par voie sèche
« AE – Compact » pour les THÉMATIQUE MÉTHANISATION
Biométhanation du gaz de discontinue 96
Impression petits débits 19 Par S. Pommier,
Par Bossan David et synthèse par couplage avec la
Imprimerie Nouvelle
digestion anaérobie 55 E. Paul,
45800 Saint-Jean-de-Braye Reijerkerk Sander M. Mauret,
Par Serge R. Guiot
E. Mengelle,
Routage THÉMATIQUE MÉTHANISATION THÉMATIQUE MÉTHANISATION G. Debenest,
Pubadresse Ricoul - 95 Taverny La réalisation d’essais en La gestion du digestat E. Gandon,
réacteurs pilotes en vue en France : possibilités C. Couturier et
L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES d’une demande d’homologation techniques et juridiques 58 J.L. Da Lozzo
est une publication Éditions JOHANET de digestat 23 Par Claire Ingremeau
Siège social Par Cordelier M, THÉMATIQUE MÉTHANISATION
60, rue du Dessous des Berges - 75013 Paris Lascourreges JF., THÉMATIQUE MÉTHANISATION Prétraitement fongique
Téléphone 01 44 84 78 78 - Fax 01 42 40 26 46 Peyrelasse C., Les grands chantiers du Club pour la méthanisation de la
Internet : www.editions-johanet.com Lagnet C. et Biogaz en 2014 62 biomasse lignocellulosique :
E-mail : info@editions-johanet.com Pouech P. Par Claire Ingremeau premiers résultats du projet
Stockactif 99
Distribution THÉMATIQUE MÉTHANISATION THÉMATIQUE MÉTHANISATION Par E. Rouches,
Commission paritaire n° 0314 T 84477 Optimiser les performances Cogénération biogaz : un moteur S. Zhou,
ISSN 0755-5016 des digesteurs : l’utilité bien exploité pour optimiser la I. Gimbert,
Dépôt légal : à parution
des tests en laboratoire et production d’énergie 65 J.C. Sigoillot,
mesures Flash BMP® Par Xavier Joly J.P. Steyer et
Toute reproduction ou représentation intégrale
ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de potentiels méthanogènes 29 H. Carrere
des pages publiées dans la présente publication, Par Romain Cresson, THÉMATIQUE MÉTHANISATION
faite sans l’autorisation de l’éditeur, est illicite Eric Latrille et THÉMATIQUE MÉTHANISATION
et constitue une contrefaçon. Seules sont Développement d’un service
autorisées, d’une part, les reproductions Michel Torrijos outillé permettant le suivi des Culture des microalgues
strictement réservées à l’usage privé du copiste sur le digestat et leurs
et non destinées à une utilisation collective, et performances des unités de
d’autre part, les analyses et courtes citations THÉMATIQUE MÉTHANISATION méthanisation 68 utilisations comme substrat
justifiées par le caractère scientifique ou Artois Méthanisation, unité de de la digestion anaérobie 103
d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont Par Anthony Kerihuel,
incorporées (Loi du 11 mars 1957). La direction méthanisation territoriale David Guianvarch et Par Faten Saidane-Bchir,
se réserve le droit de refuser toute insertion
sans avoir à justifier de sa décision. Retour d’expérience après 2 ans Germain lheriau Hana Ganoun et
de fonctionnement Moktar Hamdi
Focus sur la diversité THÉMATIQUE MÉTHANISATION
des substrats 33 Le développement du biogaz THÉMATIQUE MÉTHANISATION
Par Alice Delaire, agricole et industriel allemand et La méthanisation des fumiers,
Maelenn Poitrenaud et son cadre politique - L’avenir est le procédé Ducelier-Isman 106
Jesus Cacho dans la production flexible Par Marc-André Theoleyre
industrielles
méthanisation
S
i les publications faisant état de la recherche et du développement
de la méthanisation abondent, les applications industrielles de
la méthanisation sont, elles, très peu documentées. Elles sont
pourtant, via l’exemple, le principal moteur de diffusion d’une technologie. La
première installation est toujours un challenge, et celles qui suivent restent
encore souvent source d’amélioration de par la variabilité des matières
premières à traiter dans l’espace et dans le temps. Pourtant, les consultants,
les constructeurs et les exploitants des digesteurs accumulent une solide
expérience, un savoir-faire, qui ne sont que rarement publiés et échangés.
Cette année, nous avons essayé d’innover en couplant la réalisation des actes avec
une large diffusion post congrès, grâce au concours de la revue « L’Eau, L’Industrie, Les
Nuisances ». Un grand merci aux éditions Johanet qui ont permis cela.
Cette année aussi, la réponse des conférenciers pour proposer des exposés s’est
largement accrue par rapport aux années précédentes et le choix a été difficile à faire bien
que nous ayons augmenté le nombre de présentations. Nous avons aussi la chance de voir
intervenir des « éléphants » du biogaz qui viennent de Chine, d’Allemagne, du Canada, des
Pays-Bas… Ils viennent de loin pour partager leur connaissance et leurs expériences.
Merci aux membres du conseil scientifique pour leur aide et leurs analyses. Je sais que la
tâche vient s’ajouter à leur travail quotidien déjà fort chargé.
Je tiens à remercier les sponsors et notamment les industriels pour leur participation
financière qui a permis de réduire au maximum les frais d’inscriptions et de proposer aux
chômeurs et étudiants d’y être inscrits gratuitement.
Caractérisation
des transferts hydriques
au sein d’un digesteur
de méthanisation
par voie sèche André Laura, Durante Maëlle, Lutz Pascale, Lespinard
Olivier, Pauss André, Ribeiro Thierry & Lamy Edvina
Erigène - UTC/ESCOM – Lassalle Beauvais
L
a méthanisation ou digestion anaé- Les installations de méthanisation par voie sèche sont utilisées pour traiter
robie est un processus microbiolo- des déchets organiques dans un but de production d’énergie. Afin de les
gique naturel qui permet de trans- exploiter au mieux, les opérateurs industriels ont besoin d’informations sur
former la matière organique en un biogaz les processus physiques et biologiques qui surviennent dans ces installa-
riche et un résidu, le digestat, aux excel- tions. Leur objectif est d’obtenir une biodégradation anaérobie optimale de
lentes qualités fertilisantes (Moletta, 2013). la matière organique des déchets, afin d’augmenter la quantité de biogaz
Compte tenu de la teneur en eau des subs- produite et par ce fait d’augmenter la rentabilité des installations. Pour
trats traités par digestion anaérobie, il atteindre cet objectif, parmi de nombreux paramètres intervenant dans
existe deux types de technologie : la métha- ce procédé, l’optimisation des transferts hydriques et de la répartition de
nisation par voie liquide qui s’applique sur l’humidité au sein de ces installations, paraissent comme des paramètres
des substrats ayant un taux de matière essentiels à maîtriser. Des techniques de traçage ont été employées afin
sèche inférieur à 15 % et la méthanisa- de caractériser les transferts hydriques au sein des déchets agricoles, au
tion par voie sèche ou le taux de matière cours de leur digestion anaérobie.
sèche est compris entre 15 et 40 %. Dans Mots clés : transferts hydriques, hydrodynamique, digestion anaérobie par
les deux cas, la présence d’un consortium voie sèche.
microbien permet de mettre en œuvre la
fermentation anaérobie. La méthanisation
par voie sèche est actuellement appliquée c onnaissances et de recul sur son compor- est plus faible (zones de contact avec les
en Europe pour le traitement des déchets tement biologique, hydraulique et méca- bactéries non optimisées). Ceci entraîne
municipaux, alimentaires et agricoles dans nique. La nature hétérogène du matériau une diminution de rendement de biogaz.
un but de production d’énergie (Li et al., poreux, ainsi que son évolution au cours du Des études disponibles dans la littérature
2011). Dans ce procédé, le substrat est temps, entraîne une distribution non homo- mettent en évidence une relation linéaire
placé dans des compartiments fermés her- gène de l’inoculum et d’autres composés à entre la teneur en eau du substrat et l’acti-
métiquement et une recirculation d’une l’intérieur du digesteur. D’un point de vue vité méthanogène spécifique (Le Hyaric et
phase liquide (l’inoculum) est réalisé afin physique, l’hétérogénéité du substrat modi- al., 2011). De ce fait, la caractérisation des
d’accélérer la fermentation. Cette recircu- fie l’hydrodynamique du milieu poreux transferts hydriques, ainsi que la réparti-
lation permet d’optimiser la valorisation et celle-ci devient un facteur déterminant tion de la teneur en eau locale au sein du
des déchets (El Mashad et al., 2006). dans les processus de transfert des compo- digesteur sont des facteurs clés dans l’opti-
Ce procédé soulève de nombreuses sés présents (Lamy et al., 2013). Cette hété- misation de ce procédé.
questions du fait de la complexité du rogénéité crée des zones de dégradation Afin de caractériser les transferts hydriques
substrat, mais également du manque de importante et des zones ou la dégradation dans le massif solide, des techniques de
www.revue-ein.com HORS SÉRIE MÉTHANISATION - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES -5
traçage (injection d’un traceur et suivi de
l’élution au cours du transfert en réacteur)
ont été employées sur des digesteurs d’un
volume de 60 L, remplis de déchets agri-
coles.
Figure 3 : Exemples de courbes d’élution obtenues en conditions saturées : a) avant digestion anaérobie pour différents substrats testés, b) avant et en fin
de dégradation anaérobie pour le fumier bovin.
Références bibliographiques
El-Mashad H.M., Van Loon W.K.P., Zeeman G; saturated and unsaturated conditions. Geotex. Sardin, M., Schweich, D., Leij, F.J. et van
Bot G.P.A., et Lettinga G. 2006. Effect of Inocu- Geomembr. 36, 55 – 65. Genuchten, M.T. 1991. Modeling the nonequi-
lum Addition Modes and Leachate Recirculation Le Hyaric R., Benbelkacem H., Bollon J., Bayard librium transport of linearly interacting solutes in
on Anaerobic Digestion of Solid Cattle Manure in R., Escudiè R et Buffière P. 2011. Influence of porous media – A review.Water Resour .Res. 27,
an Accumulation System. Biosystems Engineering. moisture content on the specific methanogenic 2287–2307.
95(2): 245 – 254. activity of dry mesophilic municipal solid waste Šimůnek, J., Sejna, M., et van Genuchten,
García-Bernet D., Buffière P., Latrille E., Steyer digestate. J ChemTechnBiotechn. 87(7): 1032 – M.Th. 1999. The HYDRUS-2D Software Package
J-P., et Escudiè R. 2011. Water distribution in 1035. for Simulating the Two-Dimensional Movement of
biowastes and digestates of dry anaerobic digestion Li Y., Park S. Y., et Zhu J. 2011. Solid-state Water, Heat, and Multiple Solutes in Variably-Satu-
technology. Chem Engin J. 172 (2-3) : 924 – 928. anaerobic digestion for methane production from rated Media.George Brown Jr. Salinity Laboratory,
Gy P. 1988. Hétérogénéité, échantillonnage, organic waste. Renew. Sust. Ener. grev. 15(1) : ARS-USDA, Riverside, CA, USA.
homogénéisation, ensemble cohérent de théories. 821 – 826. vanGenuchten, M.T., et Wieranga, P.J. 1976.
Edition Masson. 1 – 607. Moletta R. 2013. La méthanisations, aspects Mass transfer studies in sorbing porous media.
Lamy E., Lassabatere L., Bechet B., et Andrieu généraux. L’eau, l’industrie, les nuisances Hors série Analytical solutions. Soil Sci. Soc. Am. J. 40, 473
H. 2013. Effect of a nonwoven geotextile on solute méthanisation. 9 – 14. – 480.
and colloid transport in porous media under both
Choisir APRO Industrie, c’est faire confiance à des hommes et des femmes qui
ont contribué à mettre en service avec succès plus de 12 000 installations de
stockage à travers une cinquantaine de pays, et :
Microaération en phase
liquide pour diminuer
la concentration
d’H2S dans le biogaz
d’un méthaniseur EGSB
traitant des effluents
papetiers
Arnaud Thierry, Giot Serge, Tartakovsky Boris
Veolia - CNRC
L
a présence d’H2S dans le biogaz En présence de biogaz et d’air des bactéries jection d’air était connecté à la boucle de
des méthaniseurs industriels est autochtones type Thiobacillus oxydent l’H2S recirculation du pilote avec possibilité de
redoutée par les opérateurs car et forment des précipités de soufre élémen- réglage du débit d’injection.
elle génère de graves problèmes de corro- taire. Cette solution permet de diminuer à
sion dans les réacteurs, les canalisations et moindre coût la concentration en H2S avec Protocole expérimental
systèmes de valorisation du biogaz (chau- des limites techniques liées à l’encrassement Le principe de fonctionnement du procédé
dières, cogénération). du ciel gazeux et de la ligne biogaz par accu- Canoxis est simple, il consiste à l’inser-
Il existe déjà de nombreuses solutions mulation des précipités minéraux sur les tion d’une chambre de microaération sur
de traitement de l’H2S disponibles sur le parois internes des ouvrages. la boucle de recirculation d’un méthani-
marché industriel et applicables directe- L’objet de cette étude était de tester seur industriel. La technique est également
ment sur la ligne biogaz (filtres biologiques, une technique de microaération (brevet applicable sur un digesteur anaérobie de
tours de lavage chimique). Ces techniques CANOXIS -US5599451) dans la boucle de boues de station d’épuration urbaine ou
sont efficaces mais souvent très coûteuses recirculation liquide d’un pilote EGSB. Il encore sur une unité de codigestion multi-
en investissement comme en exploitation. s’agissait de vérifier l’efficacité du procédé substrats. La configuration du procédé est
D’autres techniques permettent de pié- et vérifier si l’accumulation du soufre s’ef- schématisée sur la figure 1. Le montage
ger le soufre directement à l’intérieur du fectuait plutôt dans la zone liquide du réac- pilote réalisé pour les essais est présenté
méthaniseur avant qu’il ne soit libéré dans teur que dans le ciel gazeux. Les essais ont sur la photo 1 (pilote EGSB dans le contai-
le biogaz, comme l’addition de chlorure fer- eu lieu sur un site industriel où Veolia a ner gris vertical « Biothane » à gauche et
rique ou la microaération. construit et exploite un méthaniseur UASB réacteur de microaération dans le petit
La microaération s’est beaucoup dévelop- traitant des effluents papetiers depuis plus container en aggloméré à droite).
pée sur les méthaniseurs agricoles d’Europe de dix ans. Un pilote EGSB de 5 m3 utiles L’injection de l’oxygène était réalisée par
du Nord. L’air est injecté en faible concentra- était alimenté en continu à une charge volu- un petit compresseur d’air réglable de 0,2 à
tion directement au niveau du ciel gazeux. mique de 5 kg DCO/m3.j. Un système d’in- 2,3 litres/minute.
www.revue-ein.com HORS SÉRIE MÉTHANISATION - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - 11
injecté, nous avons calculé les concentra-
tions de H2S « attendues », qui étaient fon-
dées sur la concentration moyenne en H2S
estimée lors des tests de contrôle et la dilu-
tion du biogaz avec de l’air. Ce calcul sup-
pose que l’azote n’est pas transformé dans
le réacteur, tandis que l’oxygène peut être
transformé en dioxyde de carbone par les
bactéries aérobies.
Entre le 18 octobre et le 5 novembre 2012,
soit peu de temps après le démarrage du
réacteur, la production de biogaz a été plus
élevée que durant la période de contrôle
n° 2 (février 2013), qui a été réalisée dans
les mêmes conditions de fonctionnement.
Apparemment, lors de l’essai de contrôle #
1 le réacteur n’était pas encore en équilibre.
On peut supposer que le fonctionnement
Figure 1 (gauche) : Schéma du système de microaération connecté à un méthaniseur EGSB (Crédit du réacteur avec une concentration éle-
Veolia). vée de sulfate, de novembre 2012 à Janvier
Photo 1 (droite) : Photo des pilotes EGSB et microaération sur le site industriel (Crédit Veolia). 2013, a augmenté le nombre de bactéries
sulfato-réductrices (BSR), conduisant ainsi
Pour éviter tout risque d’explosivité une p roduction de méthane pour chaque à des concentrations élevées d’H2S dans
mesure de potentiel redox était effectuée période. Pour tenir compte de la diminu- le biogaz, qui se sont m aintenues dans les
en continu et en aval du point d’injection tion de la concentration en H2S en intégrant essais suivants en raison de l’activité amé-
d’air dans la boucle de recirculation et le la dilution avec l’azote contenu dans l’air liorée des BSR.
circuit biogaz était équipé d’une mesure
en continu de la concentration en oxygène Tableau 1 : principales périodes et conditions
avec un seuil de détection très bas. des essais pilotes
Un suivi analytique complet en entrée/sor-
tie du pilote GESB était effectué journaliè- Débit d’air
Périodes Début Fin H2SO4 addition
m3/jour
rement, y compris le débit de biogaz et les
1. Contrôle #1 18-Oct-2012 5-Nov-2012 0 non
concentrations en méthane, sulfure d’hy-
2. Contrôle #2 6-Nov-2012 21-Jan-2013 0 oui
drogène et oxygène. Au niveau de l’unité
3. Aération #1 22-Jan-2013 29-Jan-2013 1.37 oui
de microaération, nous avons mesuré régu-
4. Contrôle #3 2-Fev-2013 25-Fev-2013 0 non
lièrement le débit d’air du surpresseur et le
potentiel redox en sortie. 5. Aération #2 26-Fev-2013 19-Mar-2013 0.72 non
Les périodes d’essais sont résumées dans 6. Aération #3 22-Avr-2013 14-Mai-2013 2.04 non
le tableau 1. 7. Aération #4 15-Mai-2013 23-Mai-2013 3.40 non
Nous avons effectué deux principales
séries d’essais :
Tableau 2: Résultats des essais pilotes
– Une série avec adjonction complémen-
description Cntrl #1 Cntrl #2 Aer #1 Cntrl #3 Aer #2 Aer #3 Aer #4
taire d’acide sulfurique dans
– Les effluents en entrée de pilote H2S, % 0.27* 1.0 0.13 0.5 0.19 0.15 0.08
(tableau 1 : périodes 2 et 3). H2S, % attendu1 0. 1.0 0.9 0.47 0.43 0.40 0.27
– Une série sans adjonction d’H 2SO 4 H2S rendement % n/a n/a 86 0 (contrôle) 57 62 70
(tableau 1 : périodes 4 à 7), en ne comp- pH 6.42 6.16 6.28 5.96 6.35 6.50 6.43
tant que sur les concentrations originelles SO42- entrée g/jour 957 3600** 3600** 553 896 788 330
de sulfates dans les effluents en entrée de SO42- sortie g/jour 404 529 369 245 335 189 114
pilote. CH4, % 72.5 72.0 60.2 71.6 61.9 55.3 47.3
CH4 ratio2, Nm3/kg DCO 0.417 0.429 0.340 0.319 0.410 0.308 0.326
Résultats et commentaires
* estimation.
Les principaux résultats sont présentés ** avec addition d’H2SO4.
dans le tableau 2. 1- Concentration H2S estimée avec la dilution à l’air (lors des essais d’aération).
Le tableau 2 donne les valeurs moyennes 2- QCH4/(FDCOsin - FDCOsout), avec QCH4, la production de méthane en Nm3/jour, FDCOsin, la charge en DCO
de réduction d’H2S ainsi que le ratio de soluble en kg par jour, et FDCOsout, le rejet de DCO soluble en kg par jour.
Références bibliographiques
S.R. Guiot, R.J. Stephenson, J.-C. Frigon, J.A. S.R. Guiot, Process coupling of anaerobic and aero- S.R. Guiot, Anaerobic and aerobic integrated sys-
Hawari, Single-stage anaerobic/aerobic biotreatment bic biofilms for treatment of contaminated waste tem for biotreatment of toxic wastes (CANOXIS),
of resin acid-containing wastewater, Water Science liquids, Studies in Environmental Science, Volume United States Patent No. 5,599,451, Feb. 4, 1997.
and Technology, Volume 38, Issues 4–5, 1998, 66, 1997, Pages 591–602. Canada Patent No. 2,133.265, January 8, 2002.
Pages 255–262.
6 5
on éc
2
• E em
ur br
ex e
po
DÉBITMÈTRES - COMPTEURS - ÉLECTRONIQUES - NIVEAUX
TECFLUID
82, avenue du Château
Z.I. du Vert Galant - St-Ouen-l’Aumône
B.P. 27709
95046 CERGY-PONTOISE CEDEX FRANCE
Tél. : 01 34 64 38 00 - Fax : 01 30 37 96 86
Internet : www.tecfluid.fr
e-mail : info@tecfluid.fr
THÉMATIQUE MÉTHANISATION
L’ARKOMETHA :
Technologie
de méthanisation
en matière épaisse,
multi-étapes,
modélisable
Bonhomme Michel
Arkolia Energies
C’
est une technologie développée la pression partielle d’H2 est le facteur • Le fonctionnement de type tunnel, avec
par Arkolia Energies en parte- central pour une bonne réduction de la un front de matière, agité « par tranche »,
nariat avec Michel Bonhomme matière. Celle-ci induit la voie prise par la respecte l’évolution et la sélectivité des
fermentation. populations bactériennes et favorise l’auto-
L’ARKOMETHA, technologie • Le fonctionnement dans une première ensemencement par secteur.
en rupture étape à une température de l’ordre de • Un système de brassage du fermenteur
Le schéma du procédé (figure 1) est décrit 65 °C participe à l’hydrolyse thermo- par un réseau de cheminées qui permettent
dans le schéma ci-contre : enzymatique et permet également d’hygié- d’injecter du gaz sous pression, dans les
La technologie repose sur : niser la matière organique (70 °C pendant secteurs de fermentation, à des débits
• Un fermenteur cloisonné en deux com- une heure étant la température d’hygièni- importants engendrant un mouvement
partiments eux-mêmes subdivisés en sec- sation reconnue). convectif de la matière épaisse, fluide
teurs de fermentation correspondant aux
étapes de la fermentation dans des milieux
biochimiques évolutifs. (hydrolyse, acido-
génèse, acétogénèse et méthanogènèse).
• Deux niveaux de température et un pH
évoluant au cours du processus visant à
sélectionner les espèces (dissociés ou non
dissociés) et à maîtriser l’évolution des
principaux métabolites de la fermentation.
Ceux-ci deviennent à certains niveaux de
concentration des inhibiteurs de la fermen-
tation : NH4+, NH3-, H2S, H2 etc. La concen-
tration d’AGV serait plutôt une consé-
quence d’un mauvais équilibre du système
plutôt qu’une conséquence. La gestion de Figure 1 : Schéma du procédé.
Unité de purification
biogaz « AE – Compact »
pour les petits débits
Bossan David et Reijerkerk Sander
Arol Energy
L
a méthode de valorisation clas- Mot clés : biogaz, purification, membranes, bio-GNV, injection réseau, à la
sique du biogaz issu de la méthani- ferme, compact.
sation agricole est la cogénération.
La valorisation par cogénération (la produc-
tion simultanée d’électricité et de chaleur)
permet à l’exploitant de vendre l’électricité
produite au tarif préférentiel grâce au dis-
positif d’obligation d’achat prévu par la loi.
En plus, la chaleur dégagée par le moteur
est récupérée avec l’aide des échangeurs
et permet de chauffer de l’eau à 80-90 °C.
Cette chaleur peut être utilisée directement
pour le chauffage des digesteurs ou elle
peut être valorisée par des autres moyens
en utilisant un réseau de chaleur.
Pourtant, la valorisation de cette chaleur
est souvent difficile (pas suffisamment
des besoins sur sites ou des longueurs de
réseau de chaleur économiquement pas
attractive). Cette difficulté a un impact Figure 1 : Cout d’investissement spécifique (en €/Nm3/h) pour les différentes technologies de purifica-
direct sur l’économie d’un projet de métha- tion : lavage à l’eau (bleu), lavage aux amines (rouge), lavage organique physique (orange), membranes
nisation agricole dû au fait que le tarif de (verte) et PSA (violette)1.
rachat inclus une prime à l’efficacité éner-
gétique. Sans valorisation de la chaleur, tion du biogaz en biocarburant sont deve- à 150 Nm3/h). Cette faible capacité impose
cette prime ne sera pas accordée et ceci nues des alternatives crédibles à côté de la des coûts d’investissements spécifiques
représente une baisse des revenus pour cogénération. (€/Nm3/h biogaz brut) élevés (voir figure 1).
l’exploitant de 23 à 26 %, qui rend un gros Aujourd’hui, pour limiter les coûts d’in-
nombre des projets non-viables. Le biométhane à la ferme vestissements spécifiques, des projets de
Avec l’arrivée du biométhane en France Le potentiel du biométhane à partir de la taille plus importante sont montés (300-
par l’autorisation d’injection en 2011, le méthanisation à la ferme est large, mais 600 Nm3/h) par le regroupement des diffé-
marché du biogaz a fondamentalement actuellement la production est limitée du fait rents acteurs dans un même secteur géo-
changé et l’injection du biométhane dans que la capacité des installations de produc- ___________________
1. SGC Rapport 2013:270 ; Biogas upgrading – Review of commercial
le réseau du gaz naturel et la transforma- tion du biogaz est souvent faible (inférieur technologies; www.sgc.se
www.france-reservoirs.com être compétitif pour thane aura donc un vrai avenir, même à
contact@sfr-france.fr
les « petits » débits petite échelle ! n
20 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - HORS SÉRIE MÉTHANISATION www.revue-ein.com
THÉMATIQUE MÉTHANISATION
La réalisation d’essais
en réacteurs pilotes
en vue d’une demande
d’homologation
de digestat
Cordelier M, Lascourreges JF., Peyrelasse C.,
Lagnet C., Pouech P.
APESA
A
ctuellement, le digestat issu d’une ché à minima au moment de la mise en ser- l’ALimentation, Ministère de l’agriculture,
unité de méthanisation a le statut vice de l’unité. Pour ce faire, il est possible de l’agroalimentaire et de la forêt) peut
de déchet, nécessitant une utilisa- de réaliser un essai pilote, dans les mêmes accorder une autorisation provisoire de
tion réglementée. conditions que celles de la future unité, afin vente pour 2 ans.
d’obtenir un digestat équivalent à la future
L’homologation du digestat production. Ce digestat est ensuite analysé Le protocole de réalisation
en France, une possibilité pour selon les préconisations de l’ANSES afin en vue de répondre
passer du statut déchet à produit d’obtenir les résultats nécessaires à la réa- aux prescriptions de l’ANSES
La grande majorité des unités Françaises lisation du dossier. À ce jour, l’APESA a réalisé deux essais
valorisent le digestat sur des terres agri- L’ANSES a publié une mise à jour, en pilotes dans l’objectif d’une homologation.
coles par la mise en place d’un plan d’épan- août 2013, de la note d’information aux
dage. pétitionnaires concernant l’homologation La mise en place du pilote en vue
Pour être considéré comme un produit, des matières fertilisantes et support de de reproduire les conditions
le digestat peut, soit être composté (il culture2 ; y est indiqué que dans le cas d’une industrielles
rentre ainsi dans la norme NFU 440511), production pilote les analyses de carac- Afin de pouvoir assimiler le digestat issu
soit homologué. L’homologation est une térisation doivent être menées sur 5 lots du pilote à celui qui sera produit par l’unité
procédure visant à prouver la qualité, l’in- et les essais toxicologiques, écotoxicolo- industrielle, les paramètres de fonction-
nocuité et l’efficacité du produit. La réalisa- giques et l’efficacité potentielle doivent nement du pilote doivent être identiques
tion de ce dossier est relativement longue être réalisés sur au moins 1 lot. L’ANSES a à ceux de la future unité. Les intrants ont
car les analyses doivent être réalisées sur ainsi défini des valeurs de références pour été échantillonnés chez des futurs appor-
des lots de production différents. les éléments traces métalliques (ETM) les teurs de matières pour s’assurer de leur
Certains porteurs de projet souhaitent composés traces organiques (CTO) et cer- représentativité. Les intrants sont conser-
exporter le digestat dès la mise en service tains microorganismes. Suite à ces ana- vés dans une chambre froide à 6 °C pen-
de leur installation, ce qui nécessite d’ob- lyses, la DGAL (Direction Générale de dant toute la durée de l’essai pilote. Ils sont
tenir une autorisation de mise sur le mar- ensuite introduits tous les jours (du lundi
2. Note d’information aux pétitionnaires concernant l’homologation
au vendredi) dans les mêmes proportions
1. AFNOR, NFU 44 051, avril 2006 des MFSC, ANSES, rapport DPR/UMFSC/6/01-b, publié le 01 aout 2013 que le futur site.
www.revue-ein.com HORS SÉRIE MÉTHANISATION - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - 23
digestat à un temps de séjour d’intervalle.
Les essais toxicologiques, écotoxicolo-
giques et d’efficacité, peuvent s’effectuer
au travers de nombreux tests de labora-
toire et de plein champ. Néanmoins, les
contraintes imposées par un essai en réac-
teur pilote ne permettent pas d’obtenir du
digestat en quantité suffisante pour pou-
voir effectuer plusieurs essais différents
qui permettraient de caractériser large-
ment les différentes propriétés du diges-
tat. Dès lors, il est nécessaire de proposer
certains bio-essais pertinents et réalisables
à l’échelle d’un pilote de laboratoire. Les
essais retenus sont le test cresson, AT4 et
un essai de biodisponibilité et de minérali-
sation de l’azote.
Paramètres agronomiques
Le tableau 1 présente les principaux
Figure 1 : photographie d’un pilote à une seule cuve de digestion. paramètres agronomiques des matières
entrantes et du digestat. On note une dimi-
Le pilote peut être constitué d’une ou deux comprend un digesteur et un post diges- nution du taux de matières sèche, de la
cuves permettant de simuler un digesteur teur le premier à 43 °C, le deuxième à 37 °C matière organique et du C/N.
simple ou la combinaison d’un digesteur et pour un temps de séjour total de 53 jours, On peut également noter un coefficient de
d’un post-digesteur. seuls les C3 ont été hygiénisés. variation, sur les 3 semaines de prélève-
L’essai est partagé en 4 phases de fonction- ment, inférieur à 10 % pour la majorité des
nement : phase de lancement (adaptation Les analyses réalisées paramètres. Les résultats présentés ci-des-
de l’écosystème selon une méthode éprou- Les analyses de caractérisations ont été sus (tableau 2), montrent une évolution de
vée au sein de l’APESA), phase de mon- réalisées sur le mélange entrant et sur le l’azote organique en azote ammoniacal.
tée en charge (augmentation de l’ali-
mentation jusqu’à la charge organique Tableau 1 : Paramètres agronomiques de la ration entrante et du
prévue dans le futur projet), phase de
digestat obtenu sur les deux essais
fonctionnement stabilisé (vérifica-
ESSAI n°1 ESSAI n°2
tion des performances sur minimum
Coeff Alimen- Coeff
un temps de séjour), phase d’échan- Alimentation Moyenne
variation tation
Moyenne
variation
tillonnage du digestat (récupéra- moyenne digestat digestat
digest moyenne digest
tion et analyses sur différents lots). MS % PB 20,33 8.02 9 % 13.59 5.97 3.5 %
Un ensemble d’instrumentation et MO g/kg MS 833,57 716 3 % 817 711 2.2 %
d’analyses régulières permettent d’as- C organique g/kg MS 416,67 358 3 % 367 356 2.2 %
surer le suivi du pilote (mesures de la NTK+Nox g/kg MS 27,14 71.61 16 % nc nc nc
température, du débit de biogaz, de N ammoniacal g/kg MS 3,83 35.32 23 % nc nc nc
la composition de biogaz, du pH, du NTK g/kg MS 71 93.77 2.8 %
redox, des AGV, et des bicarbonates, N org g/kg MS 23.26 36.31 22 % 6
de la matière sèche, de la matière
C/N 15,47 5.12 15 % 8.3 3.77 1.5 %
organique).
MO/Norg 36,07 20.38 19 %
Les résultats présentés ci-après ont
P2O5 g/kg MS 12,73 31.81 5 % 30.52 51.10 3.1 %
été obtenus sur deux essais pilotes
K2O g/kg MS 5,92 18.44 8 % 39.45 45.83 8.0 %
avec des intrants d’origine agricole et
MgO g/kg MS 2,99 7.11 3 % 8.64 13.27 5.8 %
agroalimentaire. Le premier avec un
CaO g/kg MS 20,94 49.88 4 % 26.74 48.63 6.9 %
seul digesteur, un temps de séjour de
40 jours et une température de 39 °C, Na2O g/kg MS 3,26 10.47 6 % 6.50 9.53 7.4 %
SO3 g/kg MS 7,27 15.21 7 % 4.45 15.90 5.5 %
tous les déchets intrants étant hygié-
nisés au préalable. Le deuxième essai Chlorures g/kg MS 2,09 7.02 19 % 4.85 12.27 5.9 %
Tableau 4 : CTO dans la ration entrante et le digestat des deux essais
Essai pilote N°1 Essai pilote N°2
Alimentation valeur référence
Digest S1 Digest S2 Digest S3 Digest S1 Digest S2 Digest S3
moyenne ANSES
PCB 028 mg/kg MS < 0,01 < 0,01 < 0,01 < 0,01 0,30 < 0,01 < 0,01 < 0,01
PCB 052 mg/kg MS < 0,01 < 0,01 < 0,01 < 0,01 0,30 < 0,01 < 0,01 < 0,01
PCB 101 mg/kg MS < 0,01 < 0,01 < 0,01 < 0,01 0,30 < 0,01 < 0,01 < 0,01
PCB 118 mg/kg MS < 0,01 < 0,01 < 0,01 < 0,01 0,30 < 0,01 < 0,01 < 0,01
PCB 138 mg/kg MS < 0,01 < 0,01 < 0,01 < 0,01 0,30 < 0,01 < 0,01 < 0,01
PCB 153 mg/kg MS < 0,01 < 0,01 < 0,01 < 0,01 0,30 < 0,01 < 0,01 < 0,01
PCB 180 mg/kg MS < 0,01 < 0,01 < 0,01 < 0,01 0,30 < 0,01 < 0,01 < 0,01
somme 7 PCB mg/kg MS < 0,07 < 0,07 < 0,07 < 0,07 1,20 < 0,07 < 0,07 < 0,07
Fluoranthène mg/kg MS < 0,08 0,21 0,18 0,17 6,00 0.06 < 0.05 0.07
Benzo(b)fluoranthène mg/kg MS < 0,05 < 0,05 < 0,05 < 0,05 4,00 < 0.05 < 0.05 < 0.05
Benzo(a)Pyrène mg/kg MS < 0,05 < 0,05 < 0,05 < 0,05 2,00 < 0.05 < 0.05 < 0.05
Éléments traces organiques Composés traces organiques Une des hypothèses est que la présence
Le tableau 3 reprend les concentrations en On peut noter que les teneurs en com- d’entérocoques proviendrait de l’inocu-
ETM dans les digestats. La valeur de réfé- posés traces organiques sont largement lum, cependant la concentration en enté-
rence de l’ANSES porte sur un apport maxi- inférieures aux valeurs de référence de rocoques dans l’inoculum a été mesurée à
mal annuel d’ETM aux champs (sur une l’ANSES (tableau 4). Globalement, il n’y a 8*104, cette valeur n’atteint pas les 152 810
moyenne de 10 ans). Ainsi, à partir de cette pas d’évolution de ces valeurs au cours de 000 retrouvés dans le digestat, le milieu
valeur et des concentrations des digestats, il la digestion anaérobie. aurait donc été propice à leur développe-
est possible de c alculer le tonnage maximal ment.
annuel (moyenné sur 10 ans) qu’il est possible Microbiologie Le programme VALDIPRO3 a également
d’apporter.La valeur limitante est le cuivre, Les valeurs de références ANSES corres- rencontré une problématique sur ces ana-
mais 46 T/ha correspondent à un apport de pondent aux valeurs attendues pour les lyses dans le digestat et propose une autre
266 kg de N/ha, ce qui est déjà trop pour une grandes cultures, ces valeurs peuvent être méthode de mesure : Slanetz.
majorité de culture. Dans les conditions nor- plus contraignantes pour des cultures légu-
males d’épandage, les flux d’ETM seraient mières ou des prairies. La première consta- 3. Résultats des analyses microbiologiques du digestat réalisées dans le
cadre de Valdipro ; ValDiPro Compilation des données IF2O, DIVA et
donc en deçà des valeurs de l’ANSES. tation est que les résultats (tableau 5) sont autres sites ; 14 octobre 2013
Staphylococcus
aureus ou à coagu- ufc/gPB < 400 129,90% < 100 000 129,90% <10 30 116,0% < 100 000 0,00 %
lase +
Tableau 7 : Résultats du test cresson avec du digestat issu Figure 2 : photographie de l’essai cresson à T0.
de l’essai n°1 stocké 3 mois
Taux par rapport t-test significatif Test cresson (phytotoxicité)
Témoin Mélange
au témoin (p = 0,05) Le digestat testé à T0 et T0+1 mois ne
Germinations à 3 j (%) 81% 8% 10% S permet pas l’émergence de plantule.
Germinations normales à 7j (%) 97% 84% 87% S Avec du digestat stocké 3 mois
Germinations anormales à 7j (%) 0% 0% - - (tableau 7), la germination commence
Biomasse aérienne à 7j (mg/pl) 60,61 18,86 31% S mais n’atteint pas le niveau du témoin. Il
doit rester encore une concentration non
Tests de stabilité et de phytotoxicité fit souvent pas à obtenir un degré suffi- négligeable de résidus de fermentation
sant de stabilité de la matière organique et en particulier les acides gras volatils,
Test AT4 (stabilité de la matière et un stockage ou une maturation aéro- intermédiaire de la fermentation avec
organique) bie permet de « finaliser » la transforma- l’acide acétique majoritaire.
Le test AT4 (tableau 6) montre des valeurs tion du carbone résiduel accessible dans Le stockage du digestat brut en bidon
certes au-dessus des seuils indicateurs le digestat et ainsi obtenir un produit avec pendant trois mois n’a pas été suffisant
(composé stabilisé) mais cependant une stabilité d’évolution conforme aux pour abattre efficacement ces molé-
bien inférieures à celles obtenues sur attentes d’un amendement organique nor- cules. Ce résultat montre qu’il est impor-
des matières fraîches démontrant que la malisé. tant de préciser à l’utilisateur de ne pas
méthanisation augmente le taux de stabi- Le stockage du digestat en bidon sur 1 semer une culture juste après l’épandage
lité de la matière organique mois reste encore insuffisant pour aug- mais attendre un laps de temps suffisant
L’étape seule de méthanisation ne suf- menter la stabilité du produit. pour que ces composés antigerminatifs
26 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - HORS SÉRIE MÉTHANISATION www.revue-ein.com
soient biodégradés dans le en fosse ou d’une fraction Mélange, Transfert, Broyage
sol. Sur une culture déjà en solide en tas) ou encore de dans les unités de Méthanisation
place, le phénomène ne sera séchage peuvent être réali-
pas observé à condition de sés mais il est difficile d’en-
respecter les doses préco- visager du stripping ou de la
nisées. séparation membranaire à
l’échelle pilote en raison des
Conclusion faibles volumes produits dis-
La mise en place d’un essai ponibles.
pilote et la réalisation des Les aspects microbiolo-
essais appropriés permet giques sont certainement les
une caractérisation globale plus importants à prendre En tant que leader mondial et spécialiste
du digestat nécessaire à la en compte dès l’établisse- de la technologie Biogaz, nous vous
réalisation d’un dossier d’ho- ment du protocole de l’es- proposons des systèmes particulièrement
mologation. Les résultats sai (contrôle en amont sur adaptés à tous les stades du process des
obtenus sont dépendants les produits frais, évalua- unités de méthanisation.
des conditions du protocole tion de l’impact du stockage
mis en place comme de stoc- des produits sur l’évolution
Pompe mélangeuse
kage des déchets entrants des populations, choix des des intrants solides et liquides
(conservation au frais ou bonnes méthodes de mesure avant digesteur type
pas, congélation) et de post- des différents types de NEMO® B.Max®
traitement pas toujours réa- microorganismes, connais-
lisables à l’échelle pilote. sance de la microbiologie
Certains aspects sont bien initiale du réacteur…).
maîtrisés (paramètres agro- Les essais réalisés au sein
nomiques, ETM, CTO), et de l’APESA ont mis en évi-
les analyses sont bien repré- dence l’importance du plan
sentatives des évolutions du d’échantillonnage pour
La gamme des pompes NEMO® à rotor
produit au cours de la métha- la mesure des paramètres
excentré, des pompes à lobes TORNADO®
nisation et du stockage. microbiologiques et le choix
et des systèmes de broyage permet le
De même, les essais agro- des méthodes de dénombre-
mélange, le transfert et le broyage
nomiques permettant d’éva- ment.
des différents intrants, substrats et
luer la stabilité, la phytotoxi- Au final, l’équivalence
digestats.
cité et l’efficacité du produit, entre le pilote et l’installa-
montrent des résultats très tion industrielle pourra être
satisfaisants. réellement établie lors de la
Les essais réalisés montrent mise en service des unités
que les conditions de post- correspondant aux essais
traitement du digestat réalisés.
influencent la composition Cependant, au cours d’un
et l’évolution de ce dernier essai contrôlé en réacteur
selon la durée du stockage. pilote, on a pu montrer l’évo- Dilacérateur M-Ovas®
Il est donc important, lors de lution et la qualité du produit
ces essais pilotes, d’envisa- que l’on est susceptible d’ob- Pompe à lobes TORNADO®
ger la mise en place de l’en- tenir dans la future unité. pour transfert du substrat
liquide ou du digestat
semble de la chaîne prévue Un outil intéressant et
de post-traitement/stockage utile pour enrichir de don-
du digestat. nées mesurées le dossier de
Ainsi, des essais de sépara- demande d’homologation et,
tion de phase, de stockage plus largement, la démarche r e 2 0 14 - L y o n E ur e
(simulation d’un stockage globale du projet. n em b NETZSCH Frères Sarl
xp o
éc
2-5 d
Tél. +33 1 64 43 54 00
H al
Fax +33 1 60 29 57 26
20
netzsch.freres@netsch.com
l6
•A n
ll é e G • S t a
d
www.netzsch.fr
Optimiser
les performances
des digesteurs : l’utilité
des tests en laboratoire
et mesures Flash
BMP® de potentiels
méthanogènes
Cresson Romain, Latrille Eric, Torrijos Michel
INRA
C
et article présente les plus récents procédés de méthanisation, depuis l’ana- La mesure Flash BMP®, fruit de la colla-
développements réalisés dans lyse technique et économique d’un pro- boration entre Ondalys, Veolia Environne-
les domaines de la mesure et des jet, le dimensionnement des installations ment Recherche et Innovation et le Labo-
essais en laboratoire appliqués à la méthani- de traitement et de valorisation, jusqu’à ratoire de Biotechnologie de l’Environ-
sation. Ces innovations, directement issues l’évaluation des performances d’un pro- nement de l’INRA de Narbonne, permet
de la recherche, permettent aujourd’hui cédé. de déterminer le potentiel méthanogène
d’appréhender de manière fiable et stan- Les méthodes « standard » de mesure des déchets organiques solides en seule-
dardisée les processus et les procédés de reposent sur la mise en culture en bio- ment quelques heures. L’analyse repose sur
méthanisation. Ces nouveaux outils analy- réacteur fermé d’une quantité connue une analyse de la matière organique d’un
tiques, expérimentaux et de modélisation, de matière organique à caractériser en échantillon par spectroscopie proche infra-
offrent ainsi aux opérateurs de nouvelles présence de micro-organismes anaéro- rouge (SPIR). La SPIR est une technique
solutions pour prévenir les dysfonction- bies (inoculum). Au cours de l’essai, les analytique éprouvée qui analyse quantitati-
nements et optimiser les performances de microorganismes dégradent la matière vement et qualitativement la matière orga-
leurs unités de méthanisation. organique apportée, ce qui se traduit par la nique en distinguant les différentes familles
production de biogaz. Le potentiel méthane de molécules (glucides, protéines, lipides,
La mesure du potentiel méthano- est déterminé à partir de la quantité cumu- fibres, etc…). La modélisation à partir
gène : du BMP au Flash BMP® lée de méthane produit au cours de l’essai. de spectres issus de SPIR repose sur une
Le potentiel méthanogène, également La durée de ce type d’essai constitue un des méthode par apprentissage : un ensemble
appelé BMP (Biochemical Methane Poten- principaux freins à son application pour d’échantillons d’étalonnage est utilisé afin
tial), correspond à la quantité de méthane le suivi des unités de méthanisation. Elle d’établir le lien entre les spectres PIR des
produit par un substrat organique lors de varie en fonction de la nature des substrats échantillons (les déchets) et une valeur
sa biodégradation en condition anaérobie. testés, de quelques dizaines de jours, à plus d’intérêt (le BMP, mesuré par méthode
Sa mesure est un élément central et incon- de 90 jours dans le cas de substrats solides standard). Flash BMP® a été établi à l’aide
tournable pour toute réflexion autour des lentement biodégradables. de 500 substrats de natures différentes, afin
www.revue-ein.com HORS SÉRIE MÉTHANISATION - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - 29
de le rendre le plus robuste possible vis- À la différence du protocole standard de de la cinétique de dégradation.
à-vis des différents substrats organiques mesure du potentiel méthanogène, le pro- La quantité de substrat ajouté à chaque
existant. tocole prévoit plusieurs ajouts successifs cycle d’alimentation est faible, ce qui
Les avantages de Flash BMP® sont nom- (généralement 6 à 7) du même substrat, implique des temps de réaction courts
breux : jusqu’à ce que les profils de production (< 7 jours pour la majorité des substrats),
– La mesure est rapide, seulement 1 de biogaz d’un essai à l’autre soient repro- et permet le maintien d’une activité métha-
minute pour l’analyse spectrale et quelques ductibles. La mesure est ainsi effectuée nogène stable et optimale lors des ajouts
heures pour la préparation de l’échantillon avec un écosystème anaérobie acclimaté successifs de substrat, plus proches des
(séchage / broyage), contre plus de 90 jours au substrat. En effet, des essais réalisés conditions mises en œuvre à l’échelle
dans le cas des substrats solides les plus dans des réacteurs discontinus ont mon- industrielle.
lentement biodégradables, tré que la cinétique de production de bio- Le débit de biogaz est mesuré en continu
– Il est aisé de multiplier le nombre d’échan- gaz mesurée lors du premier ajout de subs- (une mesure toutes les 2 minutes ou tous
tillons analysés, ce qui répond aux problé- trat est souvent très différente des ciné- les 3 ml) à l’aide d’un débitmètre adapté
matiques d’hétérogénéité et de variabilité tiques mesurées lors des ajouts suivants permettant de visualiser la cinétique de
des substrats, (figure 1). Il est donc essentiel de tenir biodégradation du substrat. Les ajouts suc-
– La validation a été faite sur une grande compte de cette adaptation de l’écosys- cessifs de substrat sont ainsi réalisés sans
base de données d’échantillons divers, ce tème anaérobie au substrat pour la mesure aucune phase de latence et seule la ciné-
qui rend Flash BMP® robuste vis-à-vis des
différents substrats.
Flash BMP® peut ainsi constituer un outil
de choix pour optimiser les performances
des digesteurs industriels, notamment
grâce à :
– une aide au dimensionnement des instal-
lations de méthanisation,
– la caractérisation plus rapide des intrants
adaptée aux contraintes des exploitants,
permettant l’optimisation « en temps réel »
des mélanges de co-digestion,
– l’évaluation du potentiel méthanogène
résiduel grâce à la caractérisation des
digestats en sortie de digesteur.
Figure 1 : Exemple d’évolution des cinétiques de production de biogaz lors des ajouts successifs
Mesure des vitesses de substrat (déchet de charcuterie).
de biodégradation des substrats
et « recettage »
Les travaux réalisés au Laboratoire de Bio-
technologie de l’Environnement de l’INRA
de Narbonne, ont abouti à la mise au point
d’un protocole standardisé de mesure du
rendement en méthane et de la cinétique
de dégradation de la matière organique des
substrats solides en condition anaérobie.
Les données obtenues grâce à ce type d’es-
sai permettent d’accéder de manière très
précise à la mesure du potentiel métha-
nogène et du potentiel biogaz, mais elles
peuvent également être utilisées pour clas-
ser les substrats en fonction de leurs ciné-
tiques de dégradation afin de :
– Déterminer la charge appliquée spécifi-
quement pour chaque substrat,
– Optimiser les mélanges en co-digestion Figure 2 : Valeurs mesurées expérimentalement et valeurs prédites par le modèle « ADM1 based
en tenant compte des vitesses de dégrada- AcoD » : du volume cumulé de biogaz produit en semaine 2 (a); du volume cumulé de biogaz produit
tion propres à chaque substrat. en semaine 15 (b) ; du pH (c) ; du taux de matière volatile (d) et de l’alcalinité (e), de la 2ème à la 15ème
Le protocole semaine
Artois Méthanisation,
unité de méthanisation
territoriale
Retour d’expérience
après 2 ans de
fonctionnement
Focus sur la diversité
des substrats Delaire Alice, Poitrenaud Maelenn, Cacho Jesus
Sede, Veri
A
RTOIS METHANISATION est
une unité de méthanisation ter-
ritoriale située à Graincourt-les-
Havrincourt dans le Pas de Calais, conçue,
construite et exploitée par Veolia Environ-
nement.
Artois Méthanisation en quelques chiffres,
c’est, annuellement :
• 25 000 t de déchets valorisés,
• 3,5 millions de m3 de biogaz, soit l’équi-
valent de 2 700 foyers alimentés en élec-
tricité et
• 7 000 t de digestats utiles aux sols de la
région.
ARTOIS METHANISATION a été conçue
pour valoriser tous types de sous-produits
organiques issus de l’agriculture, des agro-
industries, de la grande distribution et des
collectivités.
Pour cette raison, le choix a été fait d’une
technologie en 2 phases, hydrolyse puis Figure 1 : Les étapes principales du process sur le site d’Artois Méthanisation.
le dessous. SAM 7 20,4 16,4 80,7 4,35 9,25 < 8,89 1,194 5,97 1,71 7,82 0,79
Il est également équipé de piquages pour SAM 8 35,1 23,2 66,1 4,42 17,23 < 6,743 1,185 12,27 1,51 8,84 1,19
prélèvement à différentes hauteurs.
Sur l’ensemble des expérimentations, les Tableau 2 : composition en oligo-éléments des mélanges testés en pilote 100l
analyses suivantes ont été réalisées afin de Oligo-élements (g/t MB)
vérifier les conditions opératoires appli- Bore (B) Cobalt (Co) Fer (Fe) Manganèse (Mn) Molybdene (Mn)
quées et de caractériser le déchet entrant.
SAM 1 5,03 1,56 17,30 18,44 0,60
Les analyses sont réalisées quotidienne-
SAM 2 4,29 < 2,13 12,66 26,18 0,428
ment ou à chaque alimentation.
SAM 3 3,04 - 1309,26 21,51 0,47
• Paramètres opératoires : redox, pH et
SAM 4 3,3 1519,96 10,93 0,26
température,
SAM 5 2,24 < 10,02 1478,91 10,67 0,47
• Production de biogaz : qualité (teneur en
SAM 6 3,51 < 2,51 1708,63 20,75 0,45
CH4 et CO2) et quantité,
SAM 7 4,51 1726,37 17,51 0,54
• Caractérisation du déchet entrant :
SAM 8 4,16 < 3,23 3378,33 31,14 0,72
paramètres physico-chimique (teneur en
34 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - HORS SÉRIE MÉTHANISATION www.revue-ein.com
Les différents mélanges ont des taux de MS
qui varient entre 15 % et 35 % et des taux
de MO qui varient entre 64 % et 85 %. Cette
variation est due à une très grande variabi-
lité des entrants, en lien avec les fluctua-
tions du marché et à la saisonnalité de cer-
tains produits, variabilité à laquelle le site
doit pouvoir s’adapter.
Ces différents mélanges ont été testés en
pilote afin de valider avant l’alimentation Figure 4 : Exemple de courbe de production de biogaz de l’installation pilote, en l de biogaz.
du digesteur leur stabilité, l’objectif étant
de pousser en pilote jusqu’au taux de charge
optimale pour la production de biogaz. En
fonction des résultats obtenus (production
de biogaz en particulier), l’alimentation du
digesteur peut ainsi être anticipée.
La courbe ci-contre (figure 4) présente le
suivi complet du mélange SAM 6 en terme
production de biogaz, pour un temps de
séjour hydraulique moyen de 35 jours,
proche de la recommandation construc-
teur qui se situe à 36 jours en mésophile.
La courbe ci-contre (figure 5) présente le
suivi de production de biogaz de l’installa-
tion industrielle durant 4 mois, pour un mix
proche de la composition de SAM 6 sur le
deuxième semestre 2013, pour un temps de
séjour hydraulique moyen de 40 jours. Figure 5 : courbe de production de biogaz de l’installation industrielle, en m3/j de biogaz.
La courbe de suivi montre une globale sta-
bilité de production de biogaz, malgré les outil biologique (phénomènes de mous- d’autres contraintes d’exploitation ont
aléas inhérents au fonctionnement d’une sage notamment) mais permet de garan- été identifiées lors de la phase de démar-
unité industrielle. tir aujourd’hui la stabilité du réacteur, rage et ont permis d’optimiser le site ou
grâce au retour d’expérience des diffé- de conforter les hypothèses de départ en
Conclusion rents mélanges testés ou en expérimen- termes de choix des matériels tout parti-
Cette préparation en pilote, en amont du tant encore aujourd’hui de nouveaux gise- culièrement (modification des pompes,
démarrage biologique de l’installation n’a ments. absence de matériel en mouvement dans
certes pas pu éviter tous les aléas d’un Au-delà des phénomènes biologiques, le réacteur par exemple). n
Sécheur de biomasse
à injection
www.machines-besancon.com
EIN 375/2014
L’agitation
dans la méthanisation
de Romance Nathalie
Missenard Quint B
V
oici quelques réflexions concer- Bien qu’ils aient l’avantage d’optimiser viser une hauteur de cuve inférieure ou
nant les agitations verticales uti- la chaîne cinématique pour des hauteurs égale au seuil A.
lisées dans les installations de de cuve élevées, ils ont l’inconvénient de Influence du diamètre de cuve :
méthanisation. devoir être contrôlés régulièrement, ce Il y a deux manières d’aborder le diamètre
Nous allons aborder les aspects techniques qui implique un accès dans la cuve, afin de de cuve :
suivants : vérifier qu’ils remplissent bien leur rôle de – installer un seul agitateur. Dans ce cas,
– influence des aspects physico-chimiques guidage. le diamètre a une influence sur le coût de
des déchets, Ils peuvent de plus être sensibles à la pré- l’agitateur. En effet, nous limitons le dia-
– influence de la géométrie de l’installation, sence de solides abrasifs. mètre des mobiles à 5 mètres. Or, lorsque le
– influence des performances hydrau- Il existe ensuite deux seuils, à quantifier ratio diamètre de mobiles sur diamètre de
liques. selon la puissance installée et la géométrie cuve devient faible, les seules possibilités
de l’appareil (figure 1). pour augmenter les performances hydrau-
Influence des aspects liques sont :
physico-chimiques • d’augmenter la vitesse de rotation. Or, ce
des déchets principe a 2 conséquences :
L’industrie française a choisi de traiter augmentation de la puissance installée
dans les unités de méthanisation un large sachant que la puissance est
spectre de déchets tant par : proportionnelle à la vitesse au cube, et aug-
– leur nature : solide, liquide ; mentation des performances
– leur type : lisiers, déchets alimentaires, proportionnelle au nombre de débit des
déchets agricoles, tontes, farines… ; mobiles. (cf. tableau 1 sur un cas théo-
– la densité et la granulométrie des solides. rique).
Le spectre des densités est donc étendu. En d’autres termes lorsque le diamètre de
De plus, la mesure de viscosité permet Figure 1. cuve est élevé, il n’est plus possible d’ajus-
de déterminer le comportement rhéolo- ter le couple diamètre de mobile/vitesse de
gique (newtonien ou non-newtonien). Si le – Seuil A en dessous duquel la version sans rotation.
liquide est non newtonien, il faut en tenir palier de fond est moins chère qu’une ver- Ce qui ne correspond pas à l’optimum de
compte pour dimensionner l’agitateur et sion avec palier de fond. consommation énergétique, ni de dimen-
calculer le diamètre de la zone de mélange. – Seuil B en dessous duquel il est possible sionnement mécanique.
de définir une chaîne cinématique sans – installer plusieurs agitateurs. Dans le
influence des aspects palier de fond, mais qui est lourde donc choix de cuves de grand diamètre, c’est la
géométriques des cuves chère. Ce type d’agitateur est présent dans solution à privilégier.
le stockage d’acide phosphorique
Influence de la hauteur de cuve – Seuil B au-dessus duquel la chaîne ciné- Influence des performances
Dans la mesure où l’exploitation des cuves matique est trop éloignée de l’optimum hydrauliques
doit rester la plus simple possible, il faut technique pour que cette solution soit Nous n’avons pas connaissance d’une
prohiber les systèmes de guidage de l’arbre viable. étude paramétrique qui ferait le lien entre
en fond de cuve. En conclusion, de façon optimale, il faut le rendement de méthanisation et le degré
36 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - HORS SÉRIE MÉTHANISATION www.revue-ein.com
Tableau 1 – Calcul du ratio puissance installée sur volume de cuve
Cas n° 1 2 3 4
Volume de cuve V/2 V 2.5V 5V
Diamètre de cuve 0.7 T T 2T 3T
Diamètre mobile (*) 0.35 x (0.7T) 0.35T 0.2 (x2T) 0.13 (x3T)
Vitesse de remontée :
Vitesse dans l’espace annulaire Identique
Entre la paroi de cuve et le mobile
Vitesse de rotation N x 1.43 N N x 2.9 N x 6.75
Puissance installée P x (1.43)³ x (0.7) = 0.49 P
5
P P x (2.9)³ x (0.4/0.35) = 47.5P
5
P x (6.75)³ x (0.39/0.35)5 = 528 P
Ratio puissance installée / volume 0.98 P/V P/V 19 P/V 105.6 P/V
(*) Type de mobile et nombre de pales identiques
d’agitation. Ceci serait néanmoins fort utile ron un dixième du diamètre de la cuve – Étudier et optimiser l’ensemble cuve/agi-
pour valider le degré d’agitation et permet- (figure 2), tateur indissociable pour un projet viable.
trait de statuer s’il doit être du même ordre • Par l’excentration de l’agitateur (figure – Estimer les performances à chaque étape
de grandeur quel que soit le type de déchet. 3), de l’étude pour valider le procédé étape
Il est important de créer au sein du liquide • Par l’inclinaison de l’agitateur (figure 4). par étape.
des flux verticaux favorables à l’homogé- – Se nourrir du retour d’expérience lors
néisation. Conclusion des montages et démarrage sur site des
On peut les obtenir de trois manières : Il est fortement conseillé de poser le agitateurs afin d’aller toujours dans le sens
• Par la mise en place d’écrans anti-cavi- problème en amont en gardant à l’esprit de l’amélioration de nos systèmes d’agita-
tation dont la largeur correspond à envi- trois objectifs : tion. n
Figure 2 : Mise en place d’écrans anti-cavitation. Figure 3 : Excentration de l’agitateur. Figure 4 : Inclinaison de l’agitateur.
Méthanisation agricole
en voie sèche continue :
une première en France
Dorka Peter, Driegen Jan, Martin Romain
Ogin - Ineval
L’
installation de méthanisation du En s’appuyant sur cette technologie de de minimiser l’énergie consommée et de
GAEC La Lougnolle (Prahecq, base, deux types de procédés industriels réduire le coût des installations, par rapport
Deux-Sèvres) est la première ont été développés depuis le milieu des aux applications industrielles existantes.
unité de production de biogaz utilisant un années 1980 par des sociétés dans les- L’ensemble des pièces mécaniques
procédé en voie sèche continue thermo- quelles OGIN a été impliquée. Tout d’abord, (pompes, tuyauterie, vannes, mélan-
phile, de type « piston », à l’échelle d’une un procédé de digestion en voie liquide avec geurs), la géométrie et les modes
exploitation agricole, en France. Elle a un mélange central (ascendant ou bien des- constructifs des digesteurs, les moyens
été développée et réalisée par les sociétés cendant), mais aussi un procédé de diges- de chauffage, les modes de stockage, de
OGIN (Pays-Bas) et INEVAL (France), avec tion horizontal avec brassage transversal gestion et de traitement du biogaz ont été
pour objectif d’implémenter un procédé de ou bien longitudinal, dédié aux substrats réétudiés en fonction de leur efficacité et
digestion intensif et moderne développé au solides avec prétraitement et post-traite- de leur durabilité et en prenant en compte
cours de la dernière décennie, à l’échelle ment biologique et/ou mécanique. la contrainte de la grande variabilité des
d’une exploitation agricole. Depuis 2002, notre expérience a été utili- substrats et des digestats. Des prototypes
L’approche moderne dans la conception sée pour optimiser et mettre en application d’installations en voie liquide et en voie
et la réalisation, basée sur une expérience toutes ces technologies pour la réalisation solide ont été réalisés, testés et amélio-
de plus de 20 ans dans les technologies de d’unités de méthanisation non industrielles rés, puis des installations de plus grandes
méthanisation à des échelles variées, a per- à des fins de production d’énergie renouve- tailles ont été développées et mises en
mis d’innover et d’intégrer des réponses lable. L’objectif de ces développements est service. L’exploitation de ces installations
industrielles aux défis actuels de la métha-
nisation « agricole » tels qu’une efficacité
renforcée, un temps de rétention faible, une
autoconsommation réduite, un prétraite-
ment efficace des substrats solides pailleux
et une digestion en continu d’un mélange
solide compact, le tout mis en œuvre dans
une unité extrêmement compacte.
Évolutions de l’approche
innovante de la méthanisation
chez OGIN et INEVAL
La mise en œuvre initiale de la métha-
nisation, et celle que l’on rencontre tou-
jours majoritairement aujourd’hui, est la
digestion de lisier en régime mésophile,
en utilisant un procédé en une ou deux
étapes à l’aide d’un ou plusieurs digesteurs Figure 1: Première unité de méthanisation par ”piston” thermophile en France – GAEC La Lougnolle
infiniment mélangés. (Prahecq, Deux-Sèvres).
Après avoir entamé une réflexion sur une Fumier bovin pailleux 1 806 24,0
unité de méthanisation dès 2009, le GAEC Lisier bovin 1 900 6,0
se lance dans une étude de faisabilité en Fumier volailles 50 40,0
2010. INEVAL et OGIN sont consultés en Fumier caprin 1 415 35,0
2011. La solution proposée est un procédé Ensilage maïs (semence, mâle) 300 33,0
« piston » continu en régime thermophile, Luzerne 154 19,5
capable de gérer et de valoriser l’ensemble Issues de céréales 800 87,0
de la biomasse disponible. Menues pailles 725 89,0
Ainsi, l’installation a été conçue pour trai- Ensilage RGI 1 250 19,5
ter 11 000 tonnes de matière par an, à un TOTAL 10 900 30,0
taux moyen de matière sèche de 30 %.
La biomasse proposée était la suivante voir
tableau 1.
Il est à noter que jusqu’à ce moment-là, un
tel mélange n’était valorisé en méthanisa-
tion que par une technologie discontinue,
à faible efficacité. Parallèlement, la techno-
logie en voie sèche continue n’était mise en
œuvre que pour le traitement des déchets
ménagers.
Conseils,
études techniques,
planification et
construction d’installations
Chemin du Coteau, 28
CH-1123 ACLENS / Suisse
Tél. 0041 21 869 98 87
EIN 369/2014
info@erep.ch
www.erep.ch
Bureau de liaison France : 04 82 53 85 69
Procédés de
méthanisation et gestion
des risques industriels
Retour d’expérience
en France et en Allemagne
Evanno S., Weinberger B.
Ineris
Figure 1. Développement des installations produisant du biogaz en Allemagne. Constat de la commission de sécurité
KAS sur la sécurité des installations
tiques de 6 c€/kWh a également été créée imprécise ou contradictoire selon les avis de biogaz en Allemagne
en Allemagne. Ce qui explique la forte moti- d’experts (expertises au nom des assureurs La commission pour la sécurité des installa-
vation des nombreux fermiers d’investir ou expertises au nom des propriétaires). tions auprès du ministère fédéral allemand
dans cette nouvelle technologie et à accé- Il en ressort qu’il est souvent difficile de de l’Environnement, de la Protection de la
lérer le développement de cette filière en connaître avec précision l’événement ini- nature et de la Sécurité nucléaire constate
Allemagne. tial du scénario accidentel. dans son avis technique « Sécurité dans les
5 905 installations de méthanisation agri- Cette base de données « ZEMA » est loin installations de biogaz » [9] en 2009 que les
cole ont ainsi été recensées en 2010 pour d’être exhaustive si on la compare avec la installations de méthanisation ont souvent
une puissance de 2 291 MW (figure 1). base de données du LSV (organisme d’as- des défaillances concernant la conception,
Cette puissance aurait atteint 2 900 MW surance sociale agricole en Allemagne, la construction et l’exploitation.
pour plus de 7 000 unités de méthanisation figure 2) qui a recensé jusqu’à 140 acci- En outre, ils constatent que 80 % des ins-
en 2011. dents en 2009 (ce qui représente presque tallations contrôlées (159 installations au
3 % des installations de méthanisation en total) présentent des défauts importants.
Inventaire des incidents/accidents Allemagne). Les défauts les plus fréquemment consta-
recensés dans la littérature Pour les différents accidents répertoriés tés concernent le domaine de la protection
En Allemagne, il existe une base de don- (proches de configurations relatives à la contre l’explosion, de la conception des
nées intitulée Zentralen Melde- und Aus- méthanisation), sont recensés en annexes composants et de la conception des sorties
wertestelle für Störfälle und Störungen in quelques accidents survenus dans des ins- de secours et de sauvetage.
verfahrenstechnischen Anlagen (ZEMA) tallations de méthanisation en Allemagne Notamment, ils constatent dans le rapport
gérée par le ministère fédéral de l’Envi- ayant entraîné un départ de feu, une explo- KAS-12 :
ronnement qui recense les incidents ou
accidents soumis à déclaration obliga-
toire selon l’ordonnance sur les accidents
majeurs 12. BImSchV conformément à l’an-
nexe VI depuis 1993.
Dans cette base de données, deux inci-
Landwirtschaftliche Sozialversicherung (LSV) Breich Prävention.
Références bibliographiques
[1] Retour d’expérience relatif aux procédés [7] www.lebenswertes-ratzenried.de/stoer- à déclaration sous la rubrique n° 2781-1
de méthanisation et à leurs exploitations faelle.html (NOR : DEVP0927295A), version avec
réalisé en 2012 pour le Medde (Etude [8] http://biogasanlagen-versus-anwohner. l’annexe publiée au BO du MEEDDM le
Ineris Ref : DRA-12-117442-01013A), dans de 10 décembre 2009.
le cadre du programme d’appui de l’Ineris [9] Kommission für Anlagensicherheit, Mer- • Arrêté du 10 novembre 2009 fixant
auprès de la DGPR/MEDDE sur les risques kblatt Sicherheit in Biogasanlagen, KAS-12, les règles techniques auxquelles doivent
liés aux procédés de méthanisation de la 06/2009 ; www.kas-bmu.de/index.htm satisfaire les installations de méthani-
biomasse et des déchets. [10] Biogas Basisdaten Deutschland 2010, sation soumises à autorisation. NOR :
[2] Kommission für Anlagensicherheit, Mer- www.biomassehof-achental.de/tl_files/ DEVP0920874A, en application du titre Ier
kblatt Sicherheit in Biogasanlagen, KAS-12, images/bioenergie_region/vortraege_info- du livre V du Code de l’environnement.
06/2009 ; www.kas-bmu.de/index.htm material_sonstiges/Basisdaten_Biogas.pdf • Arrêté du 12 août 2010 relatif aux pres-
[3] ZEMA : www.infosis.uba.de/index.php/ [11] Erfassung und Analyse von Defiziten criptions générales applicables aux instal-
de/zema/index.html an landwirtschaftlichen Biogasanlagen FKZ : lations classées de méthanisation relevant
[4] http://buergerinitiative-kreuzkrug.de/ 22012804 ; www.nachwachsende-rohstoffe. du régime de l’enregistrement au titre de la
index.php?option=com_content&view=article de rubrique n° 2781-1. NOR : DEVP1020761A.
&id=25&Itemid=26 • Guide de bonnes pratiques « Règles de
[5] www.freetz.de/biogasanlagen_unfaelle. Autres références sécurité des installations de méthanisation
html • Arrêté du 10 novembre 2009 relatif aux agricole » réalisée pour le Ministère de l’Agri-
[6] www.biogasanlagepfuhl.de/Gefahren. prescriptions générales applicables aux culture (Etude Ineris Ref : DRA-09-103637-
html installations de méthanisation soumises 084077A).
Optimiser le rendement
des unités
de méthanisation
par la technique
d’incorporation Geish Emilien
Vogelsang France
A
vec la hausse du prix de l’élec- rotatifs auto-affutés et maintenus en pres- (hygiénisation notamment, < 12 mm). La
tricité issue du biogaz en 2006, sion (système ACC). combinaison de divers éléments (maille de
la mise en place d’unités de grille, nombre de couteaux, vitesse de rota-
méthanisation en France s’est clairement Utilisation et avantages tion) permet de répondre à ces exigences.
développée. Le RotaCut® est utilisé aussi bien dans le De façon générale, quelle que soit l’ins-
Contrairement au modèle allemand, le mar- domaine de la méthanisation à la ferme tallation, ce dilacérateur va permettre de
ché français fait bien souvent appel à des que dans le domaine industriel (assainisse- réduire la taille des substrats organiques,
sous-produits agricoles, industriels et, de ment, déconditionnement, ordures ména- faciliter leur digestion (longues fibres
façon générale, tout type de déchet orga- gères, CET), en zone ATEX ou non, sur des notamment) mais aussi prévenir la forma-
nique. Ce marché du déchet engendre des installations de toute taille. tion de strates dans le digesteur. Même les
adaptations technologiques afin de pouvoir Son design compact, en ligne, permet aussi éléments les plus résistants pourront être
incorporer la variété de ces substrats. bien de le prévoir à la conception de l’unité réduits grâce à son système de mise en
C’est bien souvent pour ces raisons que que de l’installer sur des usines existantes, pression des couteaux sur la grille (ACC).
certaines usines ont dû être équipées de selon les contraintes et évolutions des ins- Dans le même temps, son piège à cailloux
machines appropriées dès leur concep- tallations (extensions, diversification des permettra d’éviter la présence de corps
tion ou bien après retours d’expérience intrants… etc.). étrangers dans le digesteur et protégera
selon les contraintes et évolutions des ins- Selon les intrants, certaines installations les équipements en aval (casse, bouchage).
tallations (extensions, diversification des peuvent exiger une granulométrie précise Par ailleurs, les fluides et les suspensions
intrants… etc.).
Principe du RotaCut®
Depuis sa création en 1929, Vogelsang s’est
attaché à développer des machines pour
répondre aux problématiques rencontrées
par ses clients. C’est également dans ce
cadre qu’a été conçu le RotaCut®.
Ce broyeur par voie humide permet la sépa-
ration des corps étrangers (piège à cailloux
intégré) et la réduction des matières en sus-
pension. Il est composé d’une robuste tête
de coupe munie d’une grille et de couteaux Figure 1 : Principe du RotaCut®.
Figure 3 : RotaCut® sur la boucle de recirculation du digesteur de la step du SIVOM de Val Cenis (73).
Figure 2 : RotaCut 5000 Pro compact. Figure 4 : RotaCut® sur l’alimentation du digesteur du GAEC les Châtelets à Gruffy (74).
Qualité et analyses
du biogaz :
bonnes pratiques
et conséquences
technico-économiques
sur la valorisation
Germain C., Chatain V., Metivier H.
Deltalys - LGCIE
L
a valorisation des biogaz, en tant vement et d’analyse du biogaz restent donc rieures à 200 g.mol-1, sont produits pen-
que source d’énergie renouvelable, des facteurs importants pour la bonne ges- dant les étapes de la méthanogénèse, par
fait partie des nouvelles stratégies tion des installations de production et de de multiples transformations biophysi-
de diversifications énergétiques à l’échelle valorisation du biogaz. cochimiques de la matière organique ini-
européenne. En France, les marges de pro- tialement présente. Les grandes familles
gression dans ce domaine sont encore Principaux composés chimiques de composés organiques sont
importantes et la filière biogaz est en plein pénalisants du biogaz généralement représentées. L’analyse
essor. Une installation industrielle de méthanisa- exhaustive d’un biogaz, quelle que soit son
Dans la pratique, les conditions de valori- tion peut être décrite de manière simplifiée origine, indique la présence d’hydrocar-
sation d’un biogaz sont directement liées en la considérant comme deux unités juxta- bures plus ou moins saturés, de composés
au couplage de multiples paramètres, cou- posées : l’unité « amont » qui produit le gaz oxygénés, de terpènes, de composés aro-
vrant un ensemble complexe d’étapes inter- brut et l’unité « aval » qui conduit jusqu’à matiques dérivés du benzène, de composés
dépendantes : types et qualité des intrants, l’étape de valorisation du gaz épuré. Cha- halogénés, soufrés, siliciés, …
procédé de méthanisation, potentiel éner- cune de ces unités est constituée de plu- L’ensemble de ces composés ne présente
gétique des substrats, qualité du gaz pro- sieurs sous-ensembles qui communiquent et pas des propriétés homogènes (en particu-
duit, mode de traitement, contraintes éco- dont les contraintes aux interfaces sont spé- lier du point de vue de leur polarité), de par
nomiques du projet, conditions locales, cifiques. Le vecteur qui relie ces deux enti- leurs différences de structures, notamment
réglementation, etc. Le choix d’un mode tés est un gaz complexe dont les caractéris- la présence (ou non) d’oxygène. Ils auront
de valorisation énergétique, ainsi que son tiques qualitatives et quantitatives évoluent, de ce fait un comportement différent vis-à-
taux de disponibilité et sa pérennité dans le et qui doivent être maîtrisées pour un pilo- vis des principaux traitements épuratoires
temps dépendent de tous ces paramètres, tage optimal de l’ensemble de l’installation. du biogaz mais également des techniques
le gaz lui-même étant finalement le vecteur de mesure.
principal de la valorisation. En plus des composés majeurs du biogaz Parmi ces COV, différentes classes
En ce sens, la qualité du biogaz et sa varia- (CH4, CO2, H2O), on peut y trouver N2 et posent problème et constituent actuel-
bilité constituent des paramètres clés dans O2, ainsi que plusieurs centaines de Com- lement un frein à la valorisation du bio-
la chaîne de valorisation. La compréhen- posés Organiques Volatils (COV). Ces COV, gaz. C’est notamment le cas des composés
sion et la maîtrise des techniques de prélè- de masses molaires généralement infé- organiques volatils du silicium (COVSi -
50 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - HORS SÉRIE MÉTHANISATION www.revue-ein.com
de nombreux COV non siliciés sont adsor- la phase de production. Cette probléma-
bables : il est nécessaire de les identifier et tique doit être prise en compte, ou tout du
de les quantifier (même de manière globale) moins ne pas être sous-estimée, à toutes les
pour un dimensionnement correct de l’ad- étapes du projet.
sorbeur et la maîtrise des coûts. De manière évidente, bien gérer une
Par ailleurs, il est également intéressant de chaîne de production/valorisation de bio-
souligner les difficultés analytiques liées à gaz nécessite des choix analytiques réflé-
la complexité du biogaz ainsi que généra- chis (type de molécules suivies) et oppor-
lement à la présence d’une humidité rési- tuns (fréquence de suivi).
duelle. C’est en particulier le cas du suivi En ce sens, la mise en place d’une straté-
des teneurs H2S et en COVSi dans des gie globale de suivi de la qualité du bio-
matrices gazeuses complexes et humides. gaz adaptée à la typologie de chaque pro-
Figure 1 : Composés organiques volatils du sili- jet est un des éléments clés du succès
cium (COVSi – communément appelés siloxanes); De l’intérêt de bien connaître opérationnel des installations de produc-
son biogaz tion, l’objectif d’une telle démarche étant
communément appelés siloxanes) et des Considérant la complexité du biogaz, bien entendu de maîtriser l’ensemble des
composés soufrés. sa variabilité dans le temps et sa dépen- risques liés à la qualité du gaz produit, et
En effet, les COVSi sont à l’origine de dance au procédé de production dans son ce tout au long de la vie des projets depuis
dépôts de solides siliciés au niveau des sys- ensemble, chaque biogaz peut être consi- la phase de financement jusqu’à la pro-
tèmes de conversion d’énergie (cf. photo déré, dans une certaine mesure, comme duction.
ci-contre d’un élément de turbine à gaz), étant « unique ». Le logigramme (figure 2) résume les prin-
avec pour conséquence des besoins de La connaissance de la qualité du biogaz cipaux éléments concernés par les problé-
maintenance accrus et/ou d’éventuels dys- produit est donc indispensable pour maî- matiques de qualité du biogaz et devant
fonctionnements. Pour ce qui est des sou- triser les impacts potentiels sur la valori- être considérés à priori par les différents
frés, le principal composé pénalisant est sation du gaz, ces impacts pouvant être de acteurs du projet :
l’hydrogène sulfuré (H2S) dont la présence différentes natures : La mise en place d’une telle stratégie glo-
peut entraîner des problèmes de corrosion • impact technique et financier : dégrada- bale nécessite d’avoir un certain recul sur
des installations de combustion, la forma- tion du rendement des installations, dégra- les principales techniques de mesures dis-
tion d’oxydes de soufre indésirables dans dation prématurée du matériel, frais de ponibles à ce jour pour les principaux com-
les gaz produits, (sans oublier les risques maintenance, pertes d’exploitation, etc. posés pénalisants. Ces techniques, leurs
pour la santé des personnels en raison de • impact réglementaire : non-respect des avantages mais aussi leurs limites font l’ob-
sa toxicité). normes et réglementations (rejets, fumées) jet du paragraphe ci-dessous.
Il est également intéressant de noter que • impact sécurité : présence de mélanges
d’autres COV ne sont pas pénalisants pour la gazeux toxiques et/ou explosifs présentant Les techniques d’analyses :
valorisation du biogaz en tant que telle, mais des risques pour l’intégrité des personnes. avantages et limites
peuvent avoir un impact en d’autres points Dans le cadre des projets industriels, les L’analyse de matrices gazeuses complexes
de l’installation de méthanisation, notam- problématiques concernant la qualité du riches en composés variés majeurs et à
ment au niveau du traitement du biogaz. Par biogaz ont généralement une influence l’état de traces pose des difficultés analy-
exemple, un mode de traitement usuel des depuis la phase de financement jusqu’à tiques spécifiques, notamment l’analyse
COVSi est l’adsorption sur charbon actif, or
Biométhanation du gaz
de synthèse par couplage
avec la digestion
anaérobie
Guiot Serge R., Groupe de Bio-ingénierie
Portefeuille Énergie, Mines & Environnement
Conseil national de recherches du Canada
L
e digestat, constitué de matières digestat anaérobie peut représenter jusqu’à (généralement au-delà de 500 °C) dans un
organiques récalcitrantes qui ne 14 MJ/kg solide sec. Le digestat produit environnement limité en oxygène (le ratio
sont pas dégradées par la diges- à partir de matières premières avec une stoechiométrique de combustion (combu-
tion anaérobie (DA), de biomasse bacté- teneur plus élevée en fibres a tendance à rant/carburant) est situé entre 0 et 1). La
rienne et de matières inorganiques, est une avoir un PCI plus élevé. Ce contenu éner- présence d’oxygène est contrôlée afin de
source de matière humique et ligneuse, de gétique peut être extrait par la gazéifica- maintenir le processus de g azéification
nutriments et de minéraux qu’il est souhai- tion du digestat déshydraté mécanique- énergétiquement autosuffisant. Le gaz de
table de retourner au sol agricole, qu’il soit ment pour produire un gaz de synthèse. synthèse produit dans ces conditions est
utilisé directement ou séparé en une par- Dépendamment du contenu calorifique des composé de monoxyde de carbone (CO)
tie liquide et solide. À certaines périodes solides du digestat, un séchage thermique et d’hydrogène (jusqu’à 85 % pour le total
de l’année, le digestat peut être utilisé supplémentaire peut être nécessaire pour des deux) ; les autres composés du syngaz,
directement dans l’agriculture ; dans la plu- être en mesure de soutenir une gazéifica- mineurs, sont la vapeur d’eau, le méthane,
part des cas cependant, il doit être stabi- tion auto-thermique du digestat. La teneur des hydrocarbures légers, des impuretés
lisé, par exemple par traitement aérobie en matière sèche nécessaire pour soutenir volatiles et particulaires. Le gaz de syn-
(compostage), avant d’être appliqué sur une gazéification auto-thermique peut aller thèse, sans azote, a un PCI qui se situe
les champs. La valorisation des résidus de 40 à 70 % ou plus. Les procédés ther- entre 8 et 16 MJ/Nm3. Après un nettoyage
de digestion anaérobie est parfois impos- miques sont plus coûteux que le compos- adéquat le gaz de synthèse peut être utilisé
sible pour diverses raisons (manque d’es- tage en raison de la demande en énergie pour produire de la chaleur et de l’électri-
pace pour le compostage, difficulté d’écou- élevée, notamment pour le séchage, et de cité, avec des chaudières, des moteurs à
ler le compost pour cause de non-accepta- la complexité du procédé. Par ailleurs, combustion interne adaptés, des turbines à
bilité sociale ou de saturation du marché, le produit principal de la gazéification, le gaz, ou des piles à combustible. Mais il peut
réglementation inadéquate, incompatibilité gaz de synthèse ou syngaz, est valorisable aussi être utilisé comme substrat chimique
avec les pratiques agricoles, horticoles ou énergétiquement ou chimiquement, et son de base dans divers procédés catalytiques
sylvicoles, etc.). Ces excédents de digestat, sous-produit, les cendres (charbonneuses de transformation. Par exemple la métha-
composté ou non, se retrouvent alors en ou totalement minérales), sont recyclables nation du syngaz est utilisée pour enrichir
site d’enfouissement sanitaire ou en inci- comme amendements pour réduire l’aci- le syngaz en méthane, et ainsi le transfor-
nérateurs. dité des sols, leurs besoins en engrais et mer en gaz naturel renouvelable, ré-injec-
potasse et leurs émissions à effet de serre table dans le réseau après élimination du
Comme alternative, on pourrait envisa- (oxyde nitreux, méthane). CO2 et des impuretés.
ger de traiter le digestat par une voie ther-
mochimique, telle que la gazéification. La gazéification est une dégradation ther- La méthanation est un procédé chimique
Le pouvoir calorifique inférieur (PCI) du mochimique sous haute température fortement exothermique permettant la
www.revue-ein.com HORS SÉRIE MÉTHANISATION - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - 55
conversion sur des catalyseurs (en géné- (89 g solide sec (SS)/kg) mélangée avec un OLR de 2 g SV/Lrxr·jour, sur une période
ral à base de nickel) de l’hydrogène et du des carottes (11 g SS/kg) a été utilisée de plus de 300 jours. Quand le CSTR était
monoxyde de carbone en méthane. On comme simulation de déchets alimentaires opéré en présence de FW et de CO (donc en
obtient en sortie de méthanation un gaz (FW). Le rapport carbone/azote/phosphore mode de co-digestion), le taux de conver-
riche en méthane, mais contenant encore des déchets alimentaires ainsi reconsti- sion du CO était maximal (12 mmol CO/g
de l’eau et du CO2. Ces procédés de catalyse tués était d›environ 100/6/0,7. L’inoculum SV·jour) sous une charge en CO de ¼ mol/
chimique sont bien établis. Mais ils sont (boue anaérobie granulaire) était issu d’un Lrxr·jour, avec un rapport CO/FW de 0,18
coûteux et impliquent habituellement des digesteur industriel (Lassonde, Rouge- mol CO/g SV (4 NL CO/g SV), une pres-
pressions et températures élevées, peuvent mont, Québec). L’activité spécifique métha- sion partielle en CO de 0,2 atm et un TRH
être problématiques lorsque des impure- nogénique [mmol CH4/g sec de biomasse gazeux de 0,04 jour. Cependant, durant
tés sont présentes et ont tendance à avoir bactérienne·jour] sur les substrats ci-des- le régime de co-digestion (FW + CO) l’ef-
une faible sélectivité par rapport au produit sus, ajoutés individuellement, se classait ficacité de destruction des solides orga-
(Gallei & Schwab 1999). Ces inconvénients comme suit : CO [0,6] < FW [1,1 - 1,3] < cel- niques était de 71 %, tandis que l’efficacité
pourraient néanmoins être évités en utili- lulose [1,4] < glucose [1,5] < propionate de dégradation de la demande chimique
sant des voies microbiennes pour transfor- [1,9] < acétate [4,3] < H2 [54]. Le potentiel en O2 (DCO) combinée (FW + CO) pou-
mer les composés du syngaz en méthane, à biochimique en méthane (BMP) des subs- vait à peine atteindre 39 %, avec au mieux,
température et pression normales. Comme trats ci-dessus a ensuite été évalué, en un rendement en méthane de 0,135 NL
on l’a démontré précédemment (Guiot et batch et en triplicata, en présence ou non CH4/g DCO ajoutée, en raison notamment
al. 2011), les boues de digesteur anaéro- de CO, pour différents rapports CO/co- du pauvre transfert de CO dans la phase
bie ont un potentiel carboxydotrophique substrat et charges organiques. Bien que le liquide et du potentiel d’inhibition du CO
(de consommation du CO) méthanogène méthane soit le principal produit, en géné- sur les populations microbiennes, en parti-
significatif, sans qu’une acclimatation par- ral on détectait aussi de l’acétate, du pro- culier des bactéries méthanogènes. Cepen-
ticulière ne soit requise. Le CO du syngaz pionate, et des traces d’acétone, de propa- dant le rendement en méthane relatif à
est utilisé comme source de carbone et nol, d’éthanol et de méthanol dans le pro- la dégradation des matières solides pou-
d’énergie par certaines souches méthano- cessus de co-digestion. L’accumulation vait monter à 0,7 NL/g SV dégradé, en rai-
gènes dans des réactions directes pour pro- d’ammonium (NH4+) a également été obser- son de la contribution du CO à la produc-
duire du méthane. D’autres réactions indi- vée en présence de déchets alimentaires. tion de méthane. À titre de comparaison,
rectes se produisent également, dans les- En mode de co-digestion avec les déchets pendant la digestion des déchets sans CO,
quelles le CO et l’H2 sont convertis en acé- alimentaires on observait une diminution l’efficacité de destruction des solides pou-
tate par des bactéries homoacétogènes et (d’environ un tiers) de l’activité carboxydo- vait atteindre 84 % avec des rendements
finalement en méthane (Sancho-Navarro trophique des populations microbiennes, en méthane variant entre 0,215 et 0,28 NL
et al. 2014). Quelles que soient les voies en raison de l’accumulation d’ammonium CH4/g DCO ajoutée, c’est-à-dire entre 0,30
utilisées, le rendement est de 0,25 mole produit à partir des déchets ainsi que de la et 0,40 NL CH4/g SV ajouté, soit entre 0,30
de CH4 par mole de CO, plus 0,25 mole de concurrence entre le FW et le CO comme et 0,39 NL CH4/g DCO consommée. Au-delà
CH4 par mole d’H2. Selon les teneurs du sources de carbone pour les populations. d’un rapport CO/FW de 0,18 mol CO/g SV, le
syngaz en CO et H2, cela équivaut à envi- Le CO a eu un impact plus faible sur les rendement en CH4 par unité de solide orga-
ron 0,2 à 0,4 Nm3 de CH4 par kg de solide activités d’hydrolyse et d’acidogenèse que nique ajouté a diminué d’au moins 40 %, en
volatile (organique) (SV) gazéifié lorsque sur les activités acétogène et méthanogène. dépit de la présence de CO comme source
le syngaz est injecté efficacement et dis- Le BMP des substrats en co-digestion n’a supplémentaire de carbone.
sous dans la liqueur mixte anaérobie. Par pas été significativement affecté par le CO
analogie à la nomenclature utilisée en cata- à une pression partielle de 0,2 atm. Cepen- Le transfert de masse gaz-liquide et le
lyse chimique, on parlera de biométhana- dant, à des concentrations en CO supé- régime d’alimentation du réacteur (rapport
tion pour spécifiquement nommer cette rieures, la production de méthane a été CO/FW) seraient les principales limites
transformation biochimique du syngaz en retardée et relativement diminuée. du procédé. Il est nécessaire de tester le
méthane, et ainsi la différencier du terme régime de co-digestion avec le mélange
de biométhanisation, synonyme de diges- Ensuite, la co-digestion du monoxyde de complet (p. ex. CO 40 %, H2 40 %, CO2 20 %),
tion anaérobie de matière organique. carbone avec les déchets alimentaires a et d’évaluer jusqu’à quelle valeur du rap-
été étudiée dans des réacteurs complè- port CO/FW (en dessous du rapport actuel
Dans ce projet, le potentiel de biométhana- tement mélangés (CSTR) à l’échelle du de 0,18 mol CO/g SV) l’efficacité de dégra-
tion de gaz de synthèse (ou syngaz) recons- laboratoire. Un réacteur de 2 L a été utilisé dation des déchets organiques ne serait pas
titué (CO 40 %, H2 40 %, CO2 20 %) a été en conditions mésophiles et en mode semi- entravée de manière significative (limite de
étudié en mode de co-digestion avec des continu avec un temps de rétention hydrau- la technologie). En dessous de ce seuil, on
déchets alimentaires ou diverses sources lique (TRH) moyen de 28 jours, un taux de peut s’attendre à un rendement en méthane
de carbone (cellulose, glucose, acétate, charge organique (OLR) de 1 g de SV par haussé d’environ 20 % par l’ajout de syngaz.
propionate, H2/CO2) individuellement. De litre de réacteur (Lrxr) et par jour, puis en
la nourriture pour chiens commerciale mode continu, avec un TRH de 21 jours et Les procédés thermiques sont plus coûteux
56 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - HORS SÉRIE MÉTHANISATION www.revue-ein.com
d’opération, de maintenance et
de surveillance. Par contre, dès
l’instant où l’on adopterait l’op-
tion de traiter thermiquement le
digestat pour en extraire l’éner-
gie résiduelle (figure 1), il ne
serait plus impératif de maximi-
ser l’efficacité de dégradation
des solides et le rendement en
biogaz de la DA, qu’on réalise
habituellement en recourant
à une étape de prétraitement
chimique ou thermique avant
le digesteur. En éliminant ainsi
Figure 1. Concept de couplage de la digestion anaérobie (DA) et de la gazéification (B) comparé à la digestion l’investissement dans une étape
anaérobie conventionnelle avec prétraitement (A). de prétraitement, on peut espé-
rer compenser (en partie ou en
que le compostage en raison de la demande séchage, et de la complexité du procédé totalité) le surcoût associé au séchage et à
d’énergie élevée, notamment pour le entraînant plus de frais d’investissement, la gazéification du digestat. n
Références bibliographiques
Gallei E, Schwab E. 1999. Development of Potential of wastewater-treating anaerobic SR. 2014. Specific inhibitors for identifying
technical catalysts. Catalysis Today 51 granules for biomethanation of synthesis gas. pathways for methane production from carbon
(3-4) : 535-546. DOI : 10.1016/S0920- Environ. Sci. Technol. 45 (5) : 2006–2012. monoxide by a non-adapted anaerobic mixed
5861(99)00039-5. DOI : 10.1021/es102728m. culture. Can. J. Microbiol. 60 (6) : 407-415.
Guiot SR, Cimpoia R, Carayon G. 2011. Sancho-Navarro S, Cimpoia R, Bruant G, Guiot DOI : 10.1139/cjm-2013-0843.
Hall 5 - Allée E
Lyon - Eurexpo • 2-5 décembre
Stand n°178
La gestion
du digestat en France :
possibilités techniques
et juridiques Ingremeau Claire
Club Biogaz ATEE
L
e digestat est la partie résiduelle de plus finement la fertilisation. Enfin, étant ces éléments se retrouvent plus ou moins
la matière organique après diges- donné la législation actuelle, le traitement concentrés et sous différentes formes
tion. Il est destiné à retourner au peut être appliqué afin d’obtenir un produit (liquide, solide, gazeux).
sol, pour lui apporter ainsi qu’aux plantes commercialisable sur le marché. Les données collectées par l’Association
les éléments qui le composent. Plusieurs traitements applicables aux des Agriculteurs Méthaniseurs de France
Cependant, il peut y revenir sous des digestats sont aujourd’hui connus et (AAMF) auprès de ses adhérents nous
formes physiques et chimiques variées, documentés. Le digestat brut peut être donnent un aperçu des traitements utili-
selon les traitements appliqués, et sous dif- épandu tel quel, être séché ou subir une sés sur 17 installations de méthanisation
férents statuts juridiques. séparation de phase par presse à vis ou agricole françaises mises en route avant
Nous nous proposons ici d’aborder le centrifugation. Les deux phases obtenues janvier 2012. Deux tiers des 110 000 m3
retour au sol des digestats en France. peuvent également être transformées. de digestats concernés sont directement
Quelles sont les traitements appliqués et Les traitements les plus poussés abou- épandus et un tiers subit une séparation de
pourquoi ? Comment les lois nationales et tissent à séparer les éléments fertilisants phase. Ensuite, 89 % du volume des diges-
européennes encadrent leurs utilisations ? majeurs que sont l’azote, le phosphore et tats ayant subi une séparation de phase sont
le potassium et obtenir différents lots où directement épandus. Les traitements plus
La gestion du digestat en France
Après digestion, la matière restante est
principalement composée d’eau, d’élé-
ments minéraux issus de la dégradation de
la matière organique et de matières orga-
niques non biodégradables (lignine, hémi-
cellulose…) ou encore non dégradées.
Sa teneur importante en eau (environ
80/90 %), exige de grandes capacités de
stockage et de transport. La présence de
minéraux directement assimilables par les
plantes et de matière organique lui confère la
double propriété d’engrais et d’amendement.
Les traitements du digestat peuvent donc
faciliter sa gestion, par élimination d’élé-
ments comme l’eau, et par séparation ou
concentration des autres selon leurs quali-
tés agronomiques. Ces traitements permet-
tront de faciliter le stockage, l’épandage
ou le transport du digestat, et de piloter Figure 1 : Traitements du digestat. Source : Club Biogaz.
Ademe
Figure 3 : Traitement du digestat par les unités agricoles. Figure 4 : Traitement du digestat par les unités centralisées identifiées.
débouché sur un document présentant le celui de produit implique de se conformer ordures ménagères, ce qui leur permet
périmètre des matières concernées et leurs à la réglementation Reach. Le digestat n’est d’être mis sur le marché sous une norme
spécifications. Le périmètre exclut la frac- pour l’instant pas clairement exonéré. française. Les premières homologations de
tion fermentescible des ordures ménagères En conclusion, on parlera plutôt des diges- digestat ont vu le jour en 2014. Leur retour
collectées en mélange, les boues de sta- tats que du digestat, étant donné la diversité d’expérience devrait bénéficier aux dos-
tions d’épuration urbaines et d’industries des matières obtenues selon les intrants, siers déposés à leur suite. Le digestat est
papetières. les technologies de digestion et surtout les un point clef des projets à ne pas sous-esti-
Les échéances des travaux nationaux et post-traitements appliqués. Les choix sont mer. Il fait d’ailleurs l’objet d’un volet entier
européens sont donc relativement conco- orientés par la volonté de l’utilisateur final du plan Energie Méthanisation Autonomie
mitantes. Cependant, il n’est pas inutile de et/ou du producteur concernant le lieu, les Azote cosigné en 2013 par les Ministères de
travailler au niveau national car il est indis- modes d’application, et les besoins agro- l’agriculture et de l’environnement. Sa valo-
pensable de bien connaître les particula- nomiques auxquels ils répondent. Dans risation dépendra de la logique de chaque
rités des digestats et de la digestion fran- la pratique, la majorité des digestats sont porteur de projet et de son contexte d’im-
çaise afin de pouvoir défendre ensuite une épandus dans le cadre d’un plan d’épan- plantation. La filière suit de près les évolu-
position qui leur soit adaptée auprès de dage brut ou après séparation de phase. tions attendues pour faciliter sa mise sur le
l’Europe. Certains sont compostés, notamment les marché, ce qui devrait faciliter le dévelop-
Attention, le passage du statut de déchet à digestats de la fraction fermentescible des pement de très nombreux projets. n
Retrouvez l’ensemble des livres blancs, études, outils de l’observatoire et l’activité du Club Biogaz et de la filière sur son site internet : www.biogaz.atee.fr
2
014 est l’année de la loi sur la tran- 50 propositions issues de l’expérience de ser d’un outil permettant d’évaluer l’impact
sition énergétique, aboutissement terrain de ses adhérents et partenaires de modifications de différents paramètres
des débats ayant eu lieu l’année y sont présentées. Elles concernent les structurants tels que par exemple les tarifs
précédente. Le Club Biogaz, interprofes- orientations stratégiques, les évolutions d’achat, les subventions, la fiscalité, la maî-
sion de la filière biogaz française, a apporté du dispositif tarifaire et du cadre juridique trise des investissements et des coûts d’ex-
sa contribution aux pouvoirs publics dans ainsi que la mise en place d’un plan de ploitation.
deux livres blancs, produits de l’exper- développement du biométhane carburant Un groupe de travail, ouvert à tous les adhé-
tise de ses adhérents sur les besoins de (bioGNV). rents du Club Biogaz, a été constitué afin de
la filière. Ces propositions s’appuient éga- Ce Livre Blanc souligne les spécificités de mobiliser l’expertise collective. Ce groupe
lement sur deux études publiées en 2014 : la production de biogaz : technique de valo- de travail, qui s’est réuni à six reprises, était
l’une concernant la rentabilité des instal- risation des matières organiques, source constitué d’agriculteurs, constructeurs,
lations et l’autre l’emploi dans la filière. de fertilisants « non fossiles » et éner- exploitants, pouvoirs publics, financeurs,
Autres chantiers importants pour le Club gie renouvelable multiforme. Ce docu- bureaux d’étude, développeurs.
qui fête ses 15 ans cette année, la finalisa- ment décrit aussi les nombreux atouts La première étape a permis de construire
tion de l’observatoire du biogaz et la mise qui confèrent à cette filière des perspec- un outil de calcul et de définir des « cas-
en place de travaux sur la structuration de tives majeures de développement dans le types » fictifs, représentatifs des situations
filière. cadre de la transition énergétique. Enfin, il rencontrées sur le terrain. Une douzaine de
détaille les propositions de la filière. Elles « cas types » ont été créés, en s’inspirant
Livre blanc pour le biogaz : ont vocation à enrichir les travaux engagés de plusieurs cas réels. Ils se distinguent
50 propositions pour la filière dans le cadre de la modernisation du droit par leur taille, le portage (agricole, indus-
Le Club Biogaz a souhaité contribuer à la de l’environnement et de la simplification triel), les types d’intrants traités (diffé-
transition énergétique par un Livre Blanc. de l’action publique. Elles sont simples à rentes matières, avec/sans redevance).
mettre en œuvre, peu exigeantes en argent Pour ces cas-types, l’étude compare les
public et garantissent une protection équi- montants d’investissements par kWe ins-
valente pour l’environnement et les per- tallé et les charges annuelles ainsi que deux
sonnes. indicateurs de rentabilité calculés avec les
Retrouvez l’ensemble des propositions tarifs actuels hors subventions : le taux de
détaillées dans le Livre Blanc, sur notre rentabilité interne (TRI) et le taux de cou-
site internet. verture de la dette (DSCR). Enfin, l’étude
analyse les coûts de production des diffé-
Étude rentabilité rents cas-types et les compare à la rému-
Une étude a été commandée après appel nération perçue dans le cadre du contrat
d’offres par le Club Biogaz au groupement d’obligation d’achat.
SOLAGRO – EREP – AILE afin de déve- Les principaux résultats sont les suivants.
lopper un outil d’expertise économique de Le poste « fourniture de matières » est le
la filière méthanisation. L’objectif est de seul poste de charge qui ne diminue pas
construire une vision partagée des condi- avec la taille de l’installation. Il explique les
tions de rentabilité des projets, et de dispo- différences importantes de charges entre
62 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - HORS SÉRIE MÉTHANISATION www.revue-ein.com
projets selon les dis-
tances parcourues pour
des matières accompa-
gnées ou non d’une rede-
vance. De plus, le coût
de production n’est pas
fonction de la taille de
l’installation. Les effets
d’échelle permettent de
réduire les charges d’in-
vestissement des postes
« production de biogaz »
(méthaniseur et équipe-
ments de traitement des
matières en amont et
en aval du digesteur) et
« conversion en énergie »
(cogénérateur et équipe-
ments de valorisation du
biogaz). Cependant, ces
effets d’échelle sont, pour
les petits collectifs agri- Figure 1 : propositions tarifaires du Club Biogaz pour l’électricité obtenue à partir du biogaz, issue de l’étude sur la rentabi-
coles et les projets ter- lité.
ritoriaux très agricoles,
annulés par le poids du poste « fourni- Livre blanc bioGNV atouts environnementaux et économiques :
ture de matières ». De plus, les besoins de Le bioGNV ou biométhane-carburant est ressource renouvelable, peu d’émission
subvention sont confirmés pour la majo- issu du biogaz produit par la méthanisa- d’oxydes d’azote, pas de fumées noires,
rité des projets et les conditions tarifaires tion de déchets organiques. Le bioGNV très peu de polluants de type CO, NOx,
actuelles n’assurent pas leur rentabilité. est le cousin renouvelable du GNV (Gaz comparé aux véhicules roulant au diesel
Enfin, l’optimisation possible des coûts, Naturel Véhicule) ou méthane-carburant, ou à l’essence, meilleur bilan des carbu-
sans dégrader la qualité des équipements qui est, lui, produit à partir de gaz natu- rants pour ce qui concerne les émissions de
et des services, ne suffira pas à résorber rel. Tous deux constituent une alternative gaz à effet de serre (GES), et création d’em-
ces problèmes. aux hydrocarbures de type essence ou die- plois non délocalisables. Pourtant, la filière
Ces résultats débouchent sur des propo- sel : 18 millions de véhicules dans le monde se heurte à des obstacles qui entravent son
sitions tarifaires de la part du Club Bio- roulent déjà au biométhane/méthane (envi- décollage : absence de véhicules légers, de
gaz. À coûts en CSPE équivalents, les tarifs ron 1,7 % du parc mondial de véhicules, série, de marque française roulant au bio-
de base proposés sont plus importants avec une tendance de 18 % de croissance GNV/GNV et, principalement, la faiblesse
pour les plus petites puissances puis quasi- annuelle). du maillage en stations de ravitaillement.
stables au-delà de 300 kWe. De plus, la Le développement du bioGNV, carburant En outre, la filière a besoin d’un leadership
prime effluent d’élevage serait augmen- renouvelable, est étroitement lié à celui de de la part des pouvoirs publics pour que se
tée et pourrait être obtenue quelle que soit la filière GNV, le gaz naturel constituant un déclenche une dynamique entre les entités
la taille de l’exploitation. Ceci pour per- carburant fossile de transition avant que le du système industriel français. À partir de
mettre un développement mieux partagé biométhane ne prenne une part importante ce constat, le Club Biogaz ATEE présente
entre les méthanisations individuelles, col- dans les réseaux de transport et distribu- ses recommandations pour créer les condi-
lectives et territoriales. Comme dans le tion de gaz naturel. En France, la filière tions d’un décollage de la filière bioGNV
tarif injection, d’autres matières agricoles bioGNV/GNV connaît une progression sen- d’abord dans les flottes captives (bus, véhi-
(menues pailles, cultures intermédiaires sible depuis 2011 mais, malgré tout, elle ne cules d’entreprises, taxis…) puis pour les
etc.) seraient intégrées dans la prime, pour représente que 0,04 % du parc national de véhicules des particuliers.
une plus grande autonomie en intrant des véhicules. Les usages se sont surtout déve- Ces recommandations, détaillées dans le
sites. loppés du côté des métropoles urbaines, présent Livre Blanc, s’articulent autour de
L’étude montre que les externalités posi- pour les transports collectifs ou les bennes 5 axes :
tives de la filière (production d’électricité à ordures, et du côté de la grande distribu- 1. Afficher une stratégie de long terme
et de gaz, emplois, tonnes de CO2 évitées) tion, pour les flottes de véhicules de ser- 2. Inciter les collectivités et les transpor-
compensent d’elles-mêmes les dépenses vices. teurs à utiliser le bioGNV/GNV
liées à la rémunération des producteurs Le bioGNV, produit sur le territoire national 3. Envoyer un signal clair aux construc-
de biogaz. à partir de déchets, présente de nombreux teurs français de véhicules
www.revue-ein.com HORS SÉRIE MÉTHANISATION - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - 63
4. Organiser l’approvisionnement en bio- nal pour les Énergies Renouvelables. de travail restreint, nommé « GT Struc-
méthane avec garantie d’origine turation », a été créé afin de proposer
5. Généraliser l’accès à tous; Structuration de la filière des initiatives en lien avec la structura-
Le marché français du biogaz est mar- tion de la filière. Plusieurs réunions ont
Étude emploi 2014 qué par une forte importation d’équipe- eu lieu, p ortant notamment sur la mise
L’emploi étant un argument fort en faveur de ments (75 % des équipements – Source : en place d’une solution française « clé
nouvelles filières industrielles, le Club Bio- AEB MethaFrance, Biogaz Europe 2014) en main » et sur les synergies à trouver
gaz a souhaité évaluer le nombre d’emplois et un recours important aux construc- entre équipementiers.
que représente ce secteur en France. teurs étrangers, notamment allemands.
Les résultats de l’enquête menée auprès de Depuis fin 2013, le Club Biogaz a engagé Observatoire du biogaz
370 sites et acteurs de la filière ont permis une réflexion avec ses adhérents autour L’objectif de l’observatoire du biogaz
d’identifier plus de 1 700 emplois en 2013, de la structuration de la filière biogaz. est de centraliser dans un même lieu
dont un tiers lié aux installations biogaz et Il s’agit tout d’abord de disposer d’une un certain nombre d’informations
deux-tiers aux activités connexes. Il s’agit vision plus claire des acteurs et de l’offre actuellement dispersées, notamment
essentiellement d’emplois qualifiés non délo- française sur les équipements. À par- concernant la statistique, les docu-
calisables, 90 % de l’ensemble des travail- tir de cet état des lieux, des synergies ments, les programmes de recherche,
leurs ont une formation post-bac. Dans les doivent être trouvées entre acteurs afin les formations et les aides dispo-
structures hors sites, 70 % ont une f ormation de développer des innovations techno- nibles.
supérieure de plus de 4 ans. Les emplois ont logiques ou de mettre en place des uni- Il est alimenté par la veille régulière
fortement augmenté depuis 2010 avec la tés de production industrielle sur le ter- du Club sur ces sujets et la collabora-
mise en service de nouveaux sites. ritoire. tion des structures concernées (orga-
Afin d’estimer le nombre d’emplois qui La constitution d’une matrice de compé- nismes de recherche, de formations,
seront créés à l’horizon 2020 si les objec- tences, recensant tous les acteurs de la délégations régionales de l’Ademe,
tifs de l’état français sont atteints, des ratios filière, a constitué une première étape. collectivités etc.).
« nombre d’emplois/production d’énergie » Cet outil permet de rechercher les entre- L’ensemble de ces informations sont
ont été construits d’après dires d’experts. prises ayant une activité similaire, four- en ligne sur le site internet du Club
Ces ratios ont ensuite été appliqués aux nissant le même type d’équipements ou Biogaz dans la partie Observatoire
objectifs de production d’énergie à partir de localisées sur une même région. du biogaz et Base documentaire et
biogaz présents dans le Plan d’Action Natio- Dans un deuxième temps, un groupe seront mises à jour régulièrement. n
Cogénération biogaz :
Un moteur bien exploité
pour optimiser
la production d’énergie
Joly Xavier
Gaseo
Choisir la technologie Pendant l’étude d’un projet de méthanisation, il faut se souvenir de l’impor-
Le choix technologique de l’installation tance de l’installation de cogénération pour produire électricité et chaleur.
de cogénération doit valider non seule- Parce que 80 % des recettes d’un projet de méthanisation peuvent provenir
ment les avantages techniques et leurs per- de la cogénération. La bonne conception technique et financière du projet
formances de rendements et de disponi- détermine la qualité future d’une exploitation efficace et rentable. Tour
bilités, mais ce choix doit d’abord préfé- d’horizon des points à exiger avant de se lancer…
rer une exploitation aisée, à coûts raison-
nables dans la durée et sur des bases de
technologies bien éprouvées. Il sera égale- Un point important, quelle que soit la tech- particulière au dimensionnement des équi-
ment important d’échanger sur la technolo- nologie retenue, est de connaître l’organi- pements sont des priorités absolues.
gie retenue avec les partenaires financiers, sation du service après-vente, afin d’antici-
toujours attentifs aux « petits détails ». per la réactivité en cas d’arrêt de l’installa- Valider la qualité du biogaz
Sur le marché de la cogénération biogaz, tion. Attention, la réalité ne correspond pas Le biogaz de station d’épuration et de
on trouvera principalement la technolo- toujours au contrat présenté ! méthaniseurs de l’agro-alimentaire béné-
gie moteur. On recueillera également l’avis de son assu- ficie d’une richesse en méthane élevée,
Dérivés des moteurs diesel et moteurs à reur afin de bien identifier les périmètres autour de 55 à 65 %. Le biogaz de station
gaz, les moteurs biogaz sont utilisés sur les assurés et les interfaces : sur un projet d’épuration sera chargé en siloxanes,
biogaz depuis plusieurs décennies, notam- d’une durée de 15 ans, on n’est jamais à dus par exemple à la présence de cosmé-
ment en Allemagne. Ils couvrent toutes les l’abri du « gros pépin ». Un courtier sera tiques dans les eaux usées. La présence de
gammes de puissance jusqu’à plusieurs dans ce cas d’une aide précieuse. siloxanes et leur nature abrasive peuvent
mégawatts. avoir des conséquences lourdes sur les
Leur maintenance nécessite une grande Bien dimensionner l’installation coûts d’exploitation d’une installation de
attention avec la tenue d’un plan de main- Dans un projet de méthanisation, la cogénération : casse de soupapes et de
tenance suivant les recommandations du construction de la cogénération se fait en culasses, dommages sur les cylindrées,
constructeur. même temps que celle des digesteurs. De dégradation de la qualité de l’huile de lubri-
Cette technologie possède un long retour fait, même avec des simulations de produc- fication. D’un projet à l’autre, de l’hydro-
d’expérience. La nécessité d’un traitement tion biogaz très fiables, le dimensionne- gène sulfuré (H2S) se présente également
en amont du biogaz n’est pas systéma- ment de la cogénération n’a pas de référen- en quantités variables, provoquant l’aci-
tique, à étudier selon chaque cas. À dose tiel réel sur les quantités futures en biogaz, dification de l’huile de lubrification, une
mesurée, les moteurs pourront absorber De plus, la production du biogaz se trou- détérioration des rejets à l’atmosphère, des
les siloxanes contenus dans certains bio- vera en « quasi » flux tendu durant toute dommages sur le système de récupération
gaz (station d’épuration). Les rendements la durée du projet. L’observation de la sen- thermique et sur de nombreux organes du
électriques sont de l’ordre de 37 % à 42 % sibilité économique du business plan à la moteur. Si les siloxanes et l’hydrogène sul-
de rendement brut. production d’énergie et une attention toute furé peuvent difficilement être évités à la
www.revue-ein.com HORS SÉRIE MÉTHANISATION - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - 65
source, il est possible de les éliminer par nance préconisés sans attendre la panne… mique en temps masqué, lors des périodes
charbon actif, mais aussi par voie biolo- ou la casse. de maintenance de l’installation de cogé-
gique pour l’H2S. Les charbons actifs sont C’est une expertise toute particulière que nération. Attention alors à ne pas sous-
très efficaces sur le biogaz : ils ne génèrent celle d’exploitant de moteur biogaz. estimer les temps de refroidissement des
pas de sous-produits dérivés, mais ils sont Il ne faut pas confondre exploitation et équipements de récupération thermique de
onéreux et leurs prix sont directement liés maintenance. La maintenance est définie l’installation. La plus grande attention sera
à la volatilité des prix des énergies fossiles. par le plan d’entretiens et d’interventions portée lors de la mise en service de la pro-
indiqué par le fournisseur du moteur. Ce duction thermique. Le soutien d’un thermi-
Optimiser les revenus plan de maintenance défini avec exactitude cien en cogénération est fortement recom-
Qualité et quantité des intrants et bon fonc- les actions préventives à mener pour un mandé.
tionnement du digesteur vont déterminer bon fonctionnement du matériel. Le non- Si la chaleur est valorisée chez un tiers,
la performance économique d’un projet de respect de ce plan relève de la responsa- alors les interfaces contractuelles, phy-
méthanisation. En aval, les revenus pro- bilité du porteur de projet. Repousser les siques ainsi que les responsabilités en cas
venant de la cogénération seront influen- actions de maintenance pour économiser de non-approvisionnement devront être
cés par le système tarifaire : le tarif d’achat quelques coûts est une idée à bannir sans clairement définies.
de l’électricité établi dans l’arrêté ministé- hésiter car cela pourrait mener à de graves Un système de télésurveillance et de télé-
riel du 19 mai 2011 varie à la baisse avec dommages que les assureurs ne prendront gestion préviendra les dérives des para-
l’augmentation de la puissance installée (et pas en charge. À la maintenance du moteur mètres techniques et permettra une surveil-
non de la puissance produite). Si, de plus, s’ajoutera aussi l’entretien de tous les péri- lance à distance de l’installation 24h/24h
la production de biogaz est en dessous phériques, trop souvent oubliés dans les (SMS, email) dans le cadre d’un système
des prévisions, le projet subira une double business plans (armoires électriques, cap- d’astreinte indispensable.
peine : tarif bas et production électrique teurs fumées, contrôle des rejets, petits Enfin, la qualité et les compétences du per-
plus faible. Le dimensionnement de l’ins- moteurs électriques, connectiques, etc.), sonnel d’exploitation feront toute la diffé-
tallation a donc une influence importante auquel on ajoutera la conduite de l’instal- rence.
sur les revenus. lation par des visites très régulières, des
Le tarif d’achat du 19 mai 2011 permet relevés systématiques de paramètres, des Incertitudes des équipements
également d’obtenir une prime à l’efficacité contrôles de bon fonctionnement des équi- de mesures
énergétique d’un niveau attractif, puisque pements, la surveillance de dérives des Les revenus provenant de la production
cette prime peut atteindre 4,22 centimes/ paramètres techniques de l’installation, par d’énergie par cogénération d’un projet de
kWh (tarif actualisé). Mais les conditions exemple par analyse de la qualité de l’huile méthanisation peuvent être impactés par
d’obtention sont difficiles à atteindre, car de lubrification en laboratoire. un fonctionnement défectueux de la chaîne
il faut pouvoir valoriser la totalité de la de mesure nécessaire à la facturation du
chaleur produite durant toute l’année… Récupérer la chaleur coefficient d’efficacité énergétique V défini
hors utilisation de la chaleur dans le diges- Si le projet intègre une prime à l’efficacité dans l’arrêté ministériel du 19 mai 2011.
teur ! Néanmoins, cette prime est réelle- énergétique, il faudra être attentif aux équi- Pour rappel, les comptages sont effectués
ment incitative. Compter sur les revenus libres thermiques : débit, régime de tempé- sur l’électricité, la chaleur et sur le pou-
liés à la valorisation de la chaleur nécessite ratures et puissance thermique délivrée. voir calorifique inférieur (PCI) du biogaz
d’être particulièrement attentif dans l’éta- On essaiera, dans la mesure du possible, entrant.
blissement d’un business plan long terme. d’effectuer l’entretien des échangeurs ther-
Maîtriser l’exploitation
C’est un point décisif pour un projet de
cogénération à partir de biogaz. L’outil est
complexe et nécessite une culture tech-
nique multidisciplinaire. Avec des temps
de fonctionnement compris entre 7 500
à 8 000 heures annuelles durant 15 ans, il
est impératif de se focaliser sur les temps
d’arrêts programmés et d’éviter les temps
d’arrêts non-programmés. La maîtrise du
Photo GASEO – CAMELEON
Analyseur biogaz en continu : Les valeurs suivies en continu sont le CH4, l’O2, le CO2 et l’H2S. Il est recommandé de prévoir une carte
de rechange (notamment la carte H2S). Une bonne ventilation de l’analyseur doit être assurée et une
bouteille-étalon in situ permettra une vérification mensuelle, d’ailleurs recommandée par EDF pour le
contrôle de la prime à l’efficacité énergétique. Une incertitude de 1% est une bonne valeur.
Débitmètre biogaz : Le débitmètre sera systématiquement calorifugé, évitant ainsi les dérives de mesures importantes en
cas de différence de température entre l’air ambiant et la température du gaz. Il faut également prévoir
un retour à l’usine constructeur pour le réétalonnage. Une incertitude de 1% est une bonne valeur. Le
débitmètre sera couplé à l’analyseur afin d’assurer le calcul du PCI du biogaz à tout moment.
Compteur électrique : Le compteur sera loué auprès d’ERDF, qui prend la responsabilité de l’entretien.
Calcul des incertitudes : de cogénération biogaz démontrera d’ex- des rendements globaux pouvant dépasser
Incertitude sur la prime à l’efficacité éner- cellentes performances énergétiques, avec 70 %, cela en vaut la peine.
gétique
Développement
d’un service outillé
permettant le suivi
des performances
des unités
de méthanisation Kerihuel Anthony, Guianvarch David,
lheriau Germain
Biogas View
L
Le développement de la méthanisation est en plein essor dans l’hexagone e projet d’innovation présenté ci-
notamment la méthanisation agricole après le lancement du plan EMAA après vise donc à répondre aux
en mars 2013. Cependant, les technologies en provenance d’Allemagne, besoins latents exprimés par les
pour la plupart importées depuis l’émergence de la filière en 2006, ne acteurs du marché de la méthanisation.
répondent pas à toutes les exigences et spécificités du marché français. Ces attentes ont été identifiées dans le
En effet, à l’inverse de certains pays qui ont développé la méthanisation cadre d’une étude de 2 ans réalisée pour
à partir de la culture du maïs, le marché Français de la méthanisation est le compte de l’Ademe, dont l’objectif était
prioritairement orienté à des fins de traitement des déchets organiques : la réalisation d’un audit de performance
fumier, lisier, effluent agro-industriel, etc. par un suivi technique, biologique et éco-
Le constat qui en découle est le suivant : les procédés commercialisés en nomique de 11 installations de méthani-
France sont, à ce jour, dépourvus d’outils de monitoring en mesure d’opti- sation.
miser et sécuriser le fonctionnement des unités, qui s’avèrent, de fait, bien Cette étude a mis en exergue l’intérêt de
plus complexes à piloter que celles basées sur des rations majoritairement développer un « service outillé » visant à
composées de maïs. optimiser et de sécuriser la conduite des
Fort de ce besoin latent, la société Biogas View a conçu un service outillé, unités de méthanisation ainsi que de faci-
associant les nouvelles technologies de l’information, permettant de suivre liter les échanges et interactions entre les
en temps réel tous les paramètres de fonctionnement et les indicateurs partenaires associés au projet.
de performances qu’ils soient biologiques, techniques, énergétiques et
financiers. Déroulement du programme
A l’issue d’une période d’observation de 6 mois de cette solution sur un d’innovation
site en fonctionnement, un bilan sur les avantages induits a été établi : Après avoir réalisé une maquette, sous
– Réduction de temps consacré par l’exploitant au suivi d’exploitation et Excel, reflétant de manière simplifiée les
suivi administratif : acquisition et traitement automatisé des données ; fonctionnalités de l’outil visé, nous avons
élaboration de rapport et de bilan automatique répondant aux obligations pu rédiger un cahier des charges tech-
déclaratives ; niques de la nomenclature des données
– Réduction des risques liés aux accidents biologiques brutes à relever, des solutions d’acquisi-
– Optimisation des performances de l’installation grâce à un pilotage tions à mettre en œuvre, de la base de don-
proactif; nées d’archivage et de centralisation des
68 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - HORS SÉRIE MÉTHANISATION www.revue-ein.com
données, et des fonctionnalités de la plate- dement et ainsi sécuriser le projet (TMS, – Adaptation d’un module d’acquisition
forme d’exploitation ad hoc. BMP, …). Pendant la période d’exploita- automatisé permettant le relevé des don-
À l’issue de la phase de conception de ces tion de l’unité, les analyses (réalisées sur nées brutes et leur transfert vers la base de
outils, l’étape suivante a consisté en la le digesteur, sur le biogaz et sur les diges- données dédiée, sans intervention de l’ex-
mise en œuvre d’un prototype au sein d’un tats) permettent de suivre son fonction- ploitant.
méthaniseur en exploitation afin de valider nement et donc d’adapter l’exploitation Ces deux solutions ont été conçues pour
la pertinence des choix techniques retenus. pour éviter les accidents biologiques, assu- répondre à l’ensemble des configurations
L’installation agricole de M. Alain Guil- rer une production maximale de biogaz et possibles et travailler si besoin de concert
laume, située à Plelo (35) et mise en route un digestat de qualité. Les analyses por- pour la récupération des données d’exploi-
début 2009, a donc été choisie. L’unité a été tant sur le digestat permettent d’adapter la tations brutes nécessaires au suivi. Elles
construite par AEB Méthafrance en parte- quantité de digestat à apporter aux plantes sont synchronisées à une seule et même
nariat avec Biogaz Hochreiter. Cette instal- afin d’être au plus près de leurs besoins. base de données, élément central de l’ou-
lation présente une technique particulière Les unités de méthanisation sont suivies à til de suivi.
dite « tank-in-tank » à savoir deux cuves l’aide de plusieurs paramètres.
de digestion concentriques. Semi-enterré, On distingue 3 types de paramètres : Base de données (stockage
le post-digesteur, encerclé par le digesteur, • Les paramètres imposés au système de et contrôle)
est surmonté d’un gazomètre et est ali- fermentation : la charge organique, la tem- La base de données constitue le cœur du
menté par surverse. Le biogaz est valorisé pérature, le temps de séjour (résultante de système. Elle a été conçue pour intégrer
par trois cogénérateurs dont un fonctionne la charge organique et du volume utile du et centraliser les données spécifiques aux
en dual fuel. réacteur) unités de méthanisation. Ce système crée
À l’instar de la plupart des installations • Les paramètres de fonctionnement : ainsi un guichet unique pour l’accès aux
de méthanisation agricole, nous avons reflètent l’état de fonctionnement du données recueillies par le module d’ac-
constaté que l’unité de GAZEA disposait milieu de fermentation. Ils sont mesurés quisition, par l’outil de saisie ou ajouter
d’une automatisation et d’une instrumen- tout au long de l’expérimentation. par nos soins (caractérisation laboratoire
tation sommaire ne répondant, en l’état, • Les paramètres de performance : reflètent des intrants par exemple). Il est déporté
que très partiellement aux exigences d’un le niveau de production du scénario simulé. et hébergé dans un datacenter administré
suivi d’exploitation efficace et performant. Ils sont calculés à partir des valeurs de par un prestataire spécialisé garantissant
Lequel impose le suivi de paramètres de suivi, les comparaisons de performances se le plus haut niveau de sauvegarde des don-
fonctionnement et d’indicateurs de perfor- font à partir de la moyenne hebdomadaire. nées et de confidentialité.
mances biologiques, techniques et énergé- Au vu de l’ensemble des paramètres à
tiques. Or, l’instrumentation initialement suivre, on se rend compte de la complexité Application de saisie
prévue sur une unité de méthanisation lors pour un exploitant agricole de mettre en Pour la majorité des installations de métha-
de sa construction relève principalement place un suivi d’exploitation exhaustif et nisation, l’acquisition des paramètres
d’une réponse aux besoins du constructeur proactif. nécessaires à la réalisation du suivi n’est
en matière de contrôle-commande ; et non pas intégralement automatisable. Comme
à ceux d’un suivi complet d’exploitation. À Description de la solution décrit précédemment, certaines variables
titre d’exemple, des sondes transmettent la technique développée relèvent de l’estimation de l’exploitant
température des digesteurs à un automate (intrants et volume de digestat traité par
qui agit en conséquence sur une vanne ou Acquisition des données exemple) ou sont accessibles par lecture
une pompe pour maintenir cette tempéra- La réalisation d’un suivi efficace et réac- directe sur une instrumentation dépour-
ture à une consigne donnée. tif d’une installation de méthanisation vue de sortie (régulateur de température
Il est à noter que la vocation de cette solu- passe nécessairement par la récupération basique). Il est donc primordial de propo-
tion n’est pas de se substituer aux fonc- et la centralisation des données d’exploi- ser un outil complémentaire de récupéra-
tions de contrôle-commande de l’auto- tation brutes, relatives à chaque site. Cette tion guidée pour ces données essentielles.
mate mais s’inscrit au contraire dans une récupération peut-être automatique ou Cet outil devait conjuguer fiabilité et ergo-
logique de complémentarité afin de pallier manuelle en fonction des équipements de nomie.
ses insuffisances en termes de suivi com- mesure disponibles sur site. Il est donc Dans ce but, en s’appuyant sur les nou-
plet d’exploitation. important de proposer la mise en œuvre velles technologies d’information et de
de deux solutions complémentaires pour mobilité, nous mettons à disposition de
Description des paramètres répondre à ces besoins : chaque exploitant un support mobile de
nécessaires pour réaliser – Mise à disposition d’un support mobile type tablette tactile sur lequel est embar-
un suivi d’exploitation type tablette tactile embarquant une appli- quée une application dédiée permettant
Des analyses sur les matières entrantes cation dédiée permettant la saisie des don- la saisie des variables nécessaires et leur
doivent être réalisées en amont du pro- nées brutes par l’exploitant et leur trans- transmission à la base de données.
jet pour valider les hypothèses de com- fert automatique vers la base de données Le caractère mobile de cet outil offre
position, de dimensionnement et de ren- dédiée. la possibilité à l’exploitant d’agir sur le
www.revue-ein.com HORS SÉRIE MÉTHANISATION - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - 69
formulaire depuis n’importe quel empla-
cement de son site en évitant par la même
occasion la multiplication des supports et
la perte d’information à la recopie.
Plateforme d’exploitation :
La plateforme de supervision et d’exploita-
tion des données a été conçue pour offrir
une solution ouverte et universelle capable
de prendre en charge l’hétérogénéité des
infrastructures de production d’énergie
sans frein lié à la technologie, à la typologie
des infrastructures, aux interfaces, ou aux
langages de communication utilisés par
les équipementiers. Cet objectif a imposé Synoptique de l’architecture de l’outil Methassur®
la conception d’une structure logicielle
purement orientée objet particulièrement
flexible et évolutive.
Résultats fonctionnels :
– Visualisation des données d’exploitation
et indicateurs de performances
• Graphiques et tableaux de bords dyna-
miques
• Construction d’indicateurs personnalisés
– Détection aisée des éventuelles dérives
biologiques ou énergétiques
• Alertes mails personnalisées
– Optimisation de la productivité
• Rapports d’exploitation périodiques auto-
matiques
• Rapports répondant aux obligations
déclaratives : DREAL ; DDPP (outil de tra-
çabilité favorisant l’agrément sanitaire
et l’élaboration du plan de fertilisation) ;
ADEME ; ANSES etc.
– Gestion du plan de maintenance
• Rappel configurable pour la maintenance
préventive
– Communication et transmission vers les
parties prenantes du projet
• Plateforme collaborative : accès multi-
utilisateurs
– Réalisation des bilans
• Détermination des indicateurs pertinents
• Mise en relation avec une équipe d’ex-
perts pour répondre aux besoins
– Archivage des données
• Hébergement des données sur un ser-
veur sécurisé
• Analyses comparatives avec des périodes
antérieures
Conclusion
À l’issue de six mois d’utilisation de la solu-
tion Methassur sur le site de Gazea, les
70 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - HORS SÉRIE MÉTHANISATION www.revue-ein.com
outre, la centralisation et l’archivage numé-
risé des analyses des matières entrantes et
sortantes instaure de fait une traçabilité
réglementaire à même de favoriser les agré-
ments sanitaires ainsi que les procédures
d’homologation du digestat. Lesquelles
constitueront à l’avenir une démarche stra-
tégique pour les exploitants aux fins de
diversifier leurs sources de revenus. n
Le développement
du biogaz agricole
et industriel allemand
et son cadre politique -
L’avenir est
dans la production
flexible d’électricité
Köttner Michael, Huba Elisabeth
GERBIO German Biogas and Bioenergy Society
La présentation met en lumière la situation du secteur de production de biogaz en Allemagne en regard du soutien
des politiques de l’énergie, des technologies protectrices pour le climat et l’économie de marché de l’exploitation
des installations de production de biogaz. A partir de la situation actuelle, elle résume l’évolution de ce secteur
depuis la loi allemande sur l’alimentation électrique et la loi sur les énergies renouvelables qui sont entrées en
vigueur en 1991 et 2000, et présente plusieurs technologies qui offrent des rendements accrus de production de
biogaz et ainsi des avantages financiers pour les exploitants d’installations de production de biogaz. Le ministère
allemand de l’environnement a annoncé dans un nouvel amendement en 2008 (EEG), que les objectifs pour
2020 avaient augmenté de 30 % par rapport aux précédents de 27 % (amendement de 2004). L’EEG oblige les
gestionnaires de réseau à donner la priorité aux usines de production d’électricité à partir de sources d’énergies
renouvelables (solaire, éolien, hydraulique, biomasse et énergie géothermique) en les reliant à leur réseau ainsi
qu’en achetant l’électricité produite. Bien que des progrès remarquables aient été accomplis, le potentiel de
marché n’est toujours pas satisfait. Les principales conclusions sont les suivantes: (1) de nos jours plus de 7800
centrales de production de biogaz fonctionnent et atteignent une puissance installée d’environ 3500 MW. (2) Les
cultures énergétiques sont largement acceptées comme matières premières en raison de la situation particulière
de l’agriculture en l’Allemagne qui est fortement intégrée dans le marché de l’agriculture européen ; donc la pro-
duction de cultures alimentaires est réglementée par le marché et les règles de politique (3) La co-fermentation et
la fermentation sèche comme option technologique, fournissent aux agriculteurs qui sont exploitants d’installation
des rendements plus élevés de gaz et des avantages économiques. (4) Le gouvernement allemand est conscient
du potentiel économique et écologique et facilite les investissements dans les énergies renouvelables. Mais le
débat de la nourriture versus le carburant ainsi que la perception négative du public vis-à-vis de la technologie du
biogaz est l’un des nombreux obstacles à lever dans un avenir proche.
Mots clés : biogaz, Allemagne, cadre politique pour la production de biogaz, Co-fermentation, Fermentation sèche,
économie des énergies renouvelables
72 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - HORS SÉRIE MÉTHANISATION www.revue-ein.com
G
ERBIO, la Société Allemande du ouest du pays, où dans plusieurs régions d’œuvre et en soutenant la continuité des
Biogaz et de la Bioénergie, est relativement petites dans lesquelles plus processus biologiques impliqués ; (5) un
une association non gouverne- de 40 digesteur de petite et grosse capacité environnement favorable et des incitations
mentale allemande, créée en 2001, avec sont en fonctionnement. économiques grâce à un cadre politique
l’objectif de promouvoir la production consolidé qui supporte les futures techno-
durable et l’utilisation de l’énergie faite à Vue d’ensemble logies écologiques adaptées.
partir de biomasse. Son succès de pion- Depuis que la loi sur les énergies renouve- Plus de 1 500 entreprises travaillent actuel-
niers du biogaz dès les années soixante- lables a été lancée en 2000, le développe- lement dans le secteur ; environ 7 800 ins-
dix, a permis la mise en place d’une tech- ment du biogaz en Allemagne a connu une tallations de biogaz fonctionnent. Les tech-
nologie en auto construction en kits, de augmentation constante, non seulement nologies promouvant le biométhane (135
taille appropriée à l’échelle d’une ferme. en nombre d’installations installées, mais projets) et le biogaz comme carburant de
Ses domaines d’activités sont donc la tech- aussi dans la reconnaissance du public en transport (plus de 100 stations de remplis-
nologie du biogaz, les huiles végétales à tant que haute technologie tournée vers sage de biogaz avec 100 % de biométhane et
usage énergétique, la production de gaz l’avenir (tableau 1). plus de 288 stations-service au gaz naturel
de bois et son utilisation, le traitement du Les raisons de l’accélération du dévelop- avec une part de 10 à 50 % de biométhane)
fumier, du lisier et du digestat ainsi que la pement du marché du biogaz pourraient sont mises en œuvre aussi, également des
gestion des eaux usées décentralisée géné- être désignées comme (1) des normes éle- technologies de pointe pour l’utilisation
ratrice de bioénergie. Les activités de GER- vées en matière de développement tech- efficace de l’énergie thermique et le trai-
BIO relatives à la technologie du biogaz se nique mises en œuvre et respectées par les tement des digestats pour une application
sont concentrées sur le transfert du savoir- techniciens et les fabricants qualifiés ; (2) comme engrais.
faire lors des ateliers internationaux, des Des types de technologie de digesteurs et Au cours des 15 dernières années, un nou-
visites d’études et des activités de forma- d’usine différents mais normalisés - tous veau secteur industriel du biogaz a émergé
tion, des services de conseil, des contacts bien testés et réellement mis à l’épreuve, avec des bureaux d’études spécialisés,
avec des experts en matière de planifica- encadrés par des autorités de certifica- des constructeurs d’installations ainsi que
tion, de conception et de construction, des tion (TUEV) - résultant ainsi en une saine des fournisseurs de services et de mainte-
contacts avec des entreprises spécialisées, concurrence entre les différents ingénieurs nance. Certaines de ces entreprises sont
et un réseau national et international de dif- et les entreprises ; (3) la consolidation de la devenues relativement grosses, souvent
férents pays et régions. technologie de fermentation sèche comme en mesure de lever des fonds importants
Le nombre d’usines de production de bio- étant la technologie appropriée pour les en ouvrant leur capital. L’industrie des
gaz en Allemagne a augmenté de façon mesures d’économie d’eau ; (4) l’automa- énergies renouvelables s’est engagée dans
significative depuis 2006, il y a des concen- tisation du contrôle du système et de l’ex- des investissements transfrontaliers, tant
trations dans le sud et dans la partie nord- ploitation en réduisant les coûts de main- à l’intérieur qu’au-delà de l’Europe, ce qui
Nombre d’installations 2600 3500 3710 3900 4984 5905 7175 7515 7772
Capacité électrique installée (MWel) 650 1100 1270 1370 1893 2291 2984 3200 3356
Electricité (TWh/a) 2.8 >5 7.4 10.3 12.0 14.8 19.09 22.84 24.38
Contribution à la production globale d’électricité 0.5% >1% 1.4% 1.6% 2.0% 2.46% 3.17% 3.85% 4.10%
Participation dans le secteur export 8% 12% >15% 10% 10% 10% 10% 44%
Emplois 5,000 10,000 10,000 8,500 16,000 39,100 60,000 45,000 40,000
Réduction de CO2 (Millions t/a) 2.5 5.0 6.4 8.5 9.6 11.4 14.1 16.9 18.0
Exemples de différentes
installations de biogaz
avec une unité de cogénération
Pour rendre la production de biogaz viable
économiquement, l’utilisation efficace de
la chaleur produite est cruciale (figure 6).
Ce n’est pas souvent le cas, ou parfois
difficile à atteindre. Mais avec la chute
des tarifs de rachat, tous les avantages
économiques de la production de biogaz
doivent être pris en compte. Les principaux
revenus directs proviennent des ventes
de l’électricité, de la chaleur, des engrais
et des redevances pour les déchets. Les
revenus indirects sont générés à partir des Figure 6 : schéma d’une installation de biogaz avec exploitation de la chaleur issue du cogénérateur.
engrais, des substitutions à la litière pour
les animaux ainsi qu’à partir de sa propre de 100 % de celle d’énergie thermique. La économie circulaire, en utilisant autant de
production d’électricité et de chaleur. co-fermentation de boues d’épuration, de produits biologiques que possible pour la
Les exemples suivants provenant de trois fumier et de biodéchets est un processus production d’énergie renouvelable et de
installations de méthanisation illustrent les qui a été mis en place en Allemagne pour recyclage dans les champs (engrais), il faut
différents concepts et les différentes tech- traiter les boues d’épuration ou le fumier s’assurer que ce recyclage ne contamine
nologies qui conduisent dans tous les cas à avec des biodéchets comme co-substrats pas le sol, l’eau, la nourriture avec des pro-
des avantages économiques et écologiques dans des digesteurs de stations d’épura- duits secondaires provenant du transpor-
à la fois pour les propriétaires et pour l’en- tion, de fermes ou d’installations spécia- teur de la production d’énergie. À cet égard,
vironnement. lisées de traitement de biogaz à partir de les agriculteurs et les opérateurs d’installa-
déchets centralisés. tions de méthanisation (intéressés par des
Amélioration du rendement Une installation de biogaz centralisée, rendements élevés de gaz) pourraient faci-
de biogaz avec des co-substrats via la production de chaleur et d’électri- lement s’opposer aux autorités de santé et
et de la co-fermentation cité, pourrait (1) fournir l’assainissement d’environnement. La question centrale est
Le traitement anaérobie du fumier et des et l’homogénéisation de tous les déchets de soit donner la priorité à la génération de
boues d’épuration sont les procédés préfé- organiques, (2) produire un produit nutri- l’énergie durable ou à celle de la protection
rés pour la stabilisation des boues et pour tionnel défini pour servir comme engrais des eaux souterraines et du sol. Par consé-
le traitement du fumier tableau 4). Les dans les champs, (3) réduire la pollution de quent, les lois et les réglementations natio-
digesteurs des boues de step sont instal- l’air et (4) est une source d’énergie renou- nales et européennes sont mises en place
lés dans des unités de traitement des eaux velable neutre vis-à-vis du CO2. pour contrôler les produits finaux quant à
usées (stations d’épuration), ils peuvent Cependant, il y a un conflit derrière la co-fer- leurs résidus et à leur contenu en agents
répondre à environ 30 – 50 % de leur propre mentation : alors que la co-fermentation est pathogènes (réglementation européenne
demande d’énergie électrique et à près un outil important dans la promotion d’une des engrais et de la gestion des déchets).
76 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - HORS SÉRIE MÉTHANISATION www.revue-ein.com
Tableau 3 : caractéristiques d’unités de production de biogaz
Installation de méthanisation Installation de méthanisation Gebeke Installation de fermentation sèche
Thomas Karle - Kupferzell (Biomassehof Langenau)
Informations générales Données de production Données de production
- En fonctionnement depuis 2001 Volume de biogaz : 7300 m³/j Utilisation d’électricité pour le fonctionnement :
- Ajout d’une nouvelle installation en 2004 Teneur en CH4 : 53 % aprox.2%
- Turbine à gaz et système de séchage des boues (2007) Production d’électricité : 4.050 MWh/a (7 500
- Superficie agricole : env. 100 ha heures de fonctionnement/a)
Coûts d’investissement : 1,9 Millions d’euros
Substrats Substrats Substrats
- Lisier (bovins) Ensilage vert : 27 t/j Déchets végétaux : 4 000 t/a
- Ensilage de maïs- Ensilage d’avoine Ensilage de maïs : 4,7 t/j Ensilage de maïs : 8 000 t/a
- Récolte et déchets de production (teneur en MS ~ 15 %) Fumier de bovins : 2 m³/j Ensilage vert et grains : 2 000 t/a
Terres agricoles : 75 ha + 7 ha (maïs) Terres cultivées : 150-200 ha de cultures
énergétiques
Description technique Description technique Description technique
- Digesteur : 1 x 600 m³ Volume du digesteur : 2 x 1000 m³ Digesteur garage : 7 x 500 m³
- Digesteur (nouvelle installation) : 1 x 1 600 m³ Post-digesteur : 1000 m³ Réservoir percolation : 320 m³
- Réservoir de stockage (couvert avec deux membranes) : Temp. de fonctionnement : 48 ° C Récipient de gaz (2 heures pleines de cogénéra-
2 000 m³ Stockage des boues : 3600 m³ tion) : 600 m³
- Système d’alimentation pour le substrat : 45 m³ Capacité électrique installée : 500 kWel. Stockage des boues : 3 600 m³
- Cogénération : moteur à gaz de type MDE 320 kWel Cogénération : moteur à gaz de type CES – MAN Cogénération : (3) MAN 180 kWel. c/u
- Turbines Microgas (2) : 130 kWel Capacité électrique : 500 kW
- Excédent de production de chaleur : « electrical pig » en Utilisation de l’excédent de chaleur : Séchage du
utilisant le système de serre pour le séchage électrique des bois, chauffage urbain (prévu)
boues
Économie une installation de biogaz si la quantité En plus, elles contiennent des détergents
L’exploitant d’une installation de co-fer- est inférieure à 8 m3/j ; (2) une personne (biodégradables), shampoings, etc. ; (5)
mentation de biogaz augmente ses r evenus (en Allemagne) produit chaque jour de une personne pourrait générer environ
de deux manières : (1) juste en prenant des 80 à 120 L d’eau usée ; (3) ces eaux usées 0,9 kWhél/jour ; (6) 150 €/an représente les
substrats qu’il doit ou veut éliminer ; (2) contiennent des excréments et des déchets économies de frais de traitement des eaux
en augmentant la production de gaz. Les organiques de la cuisine et les repas ; (4) usées dans le système tarifaire actuel et les
matières de co-fermentation sont géné-
ralement toutes les matières qui sont fer-
Tableau 4 : Exemples de rendements de biogaz à partir
mentées en plus du substrat de base. Cela de différentes matières premières
peut être des résidus agricoles, mais aussi Substrat Rendement de biogaz
des résidus biodégradables provenant de Graisse concentrée, ensilage de poisson, etc. 200 – 1000 m3/t
l’extérieur du monde agricole (figure 7). Eau des déchets de poisson, boues et graisses de flottation, déchets
d’abattoirs, déchets de produits laitiers, déchets organiques des ménages, 50 – 200 m3/t
Il est censé d’ajouter des matériaux de co- etc.
fermentation afin de maintenir les cycles
Déchets de fruits et de légumes, eaux usées industrielles, boues d’épuration 10 – 70 m3/t
naturels fermés, d’augmenter les rende-
ments de production de biogaz, et obte-
nir un revenu de traitement et d’élimina-
tion des déchets. Il existe 3 principales
fractions de co-substrats : (1) les déchets
industriels, (2) les résidus agricoles, (3) les
déchets municipaux biodégradables.
Coûts d’investissement
d’une installation de biogaz
Le coût d’investissement dépend de la
capacité de l’installation (figure 8).
Des bilans énergétiques de la décentrali-
sation du traitement des eaux usées des
ménages en tant que co-substrat, il résulte
les principales conclusions suivantes : (1)
la réglementation allemande définit : les
eaux usées contenant des excréments Figure 7 : Exemple de variation des rations quotidiennes de purée de biodéchets, de déchets de
humains pourraient être traitées dans séparateur de graisse et de boues traitées dans une codigestion.
Cas d’application
de l’outil
Métatranscriptomique
pour l’optimisation
des procédés industriels
de méthanisation Lacroix Sébastien, Marandat Grégory,
Arnaud Thierry, Bouchez Théodore,
Lepeuple Anne-Sophie
Veolia - Irstea
L
es procédés biologiques anaérobies (Ward, 1990). Depuis un quart de siècle, l’écologie microbienne fait actuellement
appliqués au traitement de l’eau et des outils de biologie moléculaire, indépen- face à une révolution, par la convergence
des déchets s’orientent vers une dant des techniques classiques de cultures de ces nouveaux moyens. Il est désormais
logique de valorisation énergétique. Ces microbiologiques, se développent pour possible de caractériser, de manière plus
bioprocédés utilisent les capacités natu- caractériser ces populations microbiennes fine et plus complète, les communautés
relles des microorganismes à transformer complexes. Ils permettent, par exemple, complexes de microorganismes (CCM) des
la matière organique (Falkowski, 2008), de suivre les dynamiques des populations bioprocédés. La métatranscriptomique est
dans un but à la fois d’épuration mais aussi grâce à des techniques d’empreintes molé- l’analyse de l’ensemble ARN d’une com-
de production de dérivés à valeur ajoutée. culaires (ARISA, DGGE), ou de détecter munauté bactérienne complexe (Yu, 2012).
La conception et la conduite de bioréac- et quantifier certains groupes bactériens Cette technique permet d’appréhender la
teurs nécessitent une meilleure connais- grâce à la réaction de PCR. communauté microbienne d’un échantillon
sance des biomasses, pour améliorer le Depuis 2006, de nouveaux outils molé- ou d’un procédé dans son ensemble. Elle
fonctionnement des installations et orien- culaires couplés à la bioinformatique fournit une vision quasiment exhaustive
ter plus précisément les flux de matière émergent. Ils permettent d’obtenir, en de la composition de la flore microbienne,
vers des composés d’intérêt. une expérience, un niveau d’information mais surtout des activités métaboliques qui
Dans l’optique de la compréhension et de incomparablement plus élevé qu’avec les y sont réellement exprimées.
l’optimisation des procédés biologiques, méthodes habituelles. L’évolution rapide Dans cet article, nous allons décrire deux
le suivi des paramètres physico-chimiques des technologies de séquençage d’ADN cas d’application de la métatranscripto-
est essentiel mais pas suffisant, et doit (Metzker, 2005 et 2010), associée une minia- mique sur des procédés de méthanisation à
être couplé à une caractérisation micro- turisation et à une forte diminution des l’échelle pilote et industrielle :
biologique. En effet, le pouvoir épuratoire coûts, a permis une forte implantation de • Un digesteur de boue activée de type
de ces procédés repose sur les microor- ce type de matériel dans les laboratoires. UASB Psychrophile (17 °C) : avec pour
ganismes présents, qui peuvent être for- Parallèlement de nombreuses banques de objectif de mieux décrire les populations
tement impactés par les conditions opé- données de séquences nucléotidiques et microbiennes impliquées, ainsi que les
ratoires. Moins de 1 % de ces microorga- protéiques se sont constituées et rapide- voies métaboliques exprimées dans la
nismes sont cultivables à l’heure actuelle ment enrichies. Ainsi, la manière d’aborder digestion anaérobie à basse température.
www.revue-ein.com HORS SÉRIE MÉTHANISATION - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - 79
• Un digesteur de type EGSB traitant cellule, synthétisée en fonction des besoins des espèces bactériennes et des fonctions
des effluents papetiers : l’objectif est ici de la cellule. métaboliques précises.
d’estimer l’impact d’une technique de La première étape du workflow méta-
microaération (procédé Canoxis) comme transcriptomique (figure 2) correspond à Cas d’application n° 1 : Carac-
moyen de lutte contre la production de l’échantillonnage. Du fait de la durée de térisation d’un digesteur UASB
H2S, sur les populations microbiennes et vie très courte de la molécule d’ARN, cette psychrophile
les voies métaboliques exprimées. étape est très critique pour la suite des ana- Dans cet exemple, l’objectif était de carac-
lyses. Les échantillons prélevés sur les dif- tériser la flore microbienne d’un digesteur
Protocole expérimental férentes installations doivent donc être fonctionnant à basse température (17 °C)
très rapidement plongés dans de l’azote et d’estimer si cette communauté micro-
Principe général liquide (-196 °C) puis conservés à -80 °C bienne complexe était stable dans le temps.
de la métatranscriptomique jusqu’à l’extraction des acides nucléiques. Le digesteur étudié est de type UASB, trai-
La métatranscriptomique repose sur le Ainsi fixée, la molécule d’ARN conser- tant boues biologique issues d’une sta-
séquençage et l’analyse de l’ensemble des vera son intégrité et pourra donc être ana- tion d’épuration municipale. Le volume du
molécules d’ARN présentes au sein d’un lysée correctement. L’ARN est ensuite réacteur est de 2,4 m3 pour une hauteur de
échantillon. L’ARN, est une molécule cen- extrait puis converti en ADN complémen- 5 m. Le temps de séjour hydraulique appli-
trale dans la cellule. Elle assure le lien entre taire (ADNc) pour pouvoir être séquencé. qué est de 12 heures et le temps de séjour
l’ADN, qui est le support stable de l’infor- L’ADNc est ensuite fragmenté en morceaux de la biomasse est de 20 jours. La moyenne
mation génétique qui définit l’ensemble des d’environ 300 paires de bases qui sont de production de méthane du digesteur est
fonctions biologiques d’un organisme, et la finalement séquencés. Lors d’une analyse de 0,21 m3/jour. Les principales caractéris-
protéine qui est la molécule assurant l’en- secondaire, les séquences produites sont tiques des effluents entrant et sortant sont
semble des fonctions cellulaires (figure 1). triées en fonction de différents filtres de résumées dans le tableau 1.
L’ARN est donc une molécule transitoire, qualité, nettoyées puis comparées à des Le pilote a été échantillonné 2 fois à deux
avec une durée de vie très courte dans la bases de données pour être assignées à mois d’intervalle lors d’une période de
fonctionnement stable, sans dysfonction-
nements notables. Dans ce cas précis, les
analyses de séquençages ont été réalisées
sur l’ADN et sur l’ARN extrait à partir de
la biomasse. Ceci permet d’avoir une infor-
mation sur les espèces microbiennes pré-
sentes (à partir de l’ADN) mais également
sur les espèces actives (à partir de l’ARN).
Figure 3 : A) Profils et classification hiérarchiques deux deux prélèvement effectués à 1 mois d’intervale sur le digesteur UASB.
B) Répartition des populations méthanogènes et estimation de leur niveau d’activité (Ratio ARN/ADN).
Figure 4 : Reconstruction de la carte métabolique de la méthanogénèse avec le positionnement les enzymes exprimées lors des prélèvements 1 (vert) et
2 (rouge).
gènes, les populations bactériennes les que la composition de la communauté bac- Sur l’ensemble des séquences obtenues
plus actives présentes dans le digesteur térienne est extrêmement stable au cours à partir de l’ARN extrait des échantillons
appartiennent majoritairement aux classes du temps. En effet, les profils de popula- de l’UASB (respectivement 3 et 5 millions
des Betaprotéobactéries et des Deltapro- tion observés pour les deux prélèvements pour les deux dates), il ressort que presque
téobactéries et au phylum des Bacteroi- effectués à deux mois d’intervalle sont très 36 % de ces séquences correspondent à des
detes et des Firmicutes. Ces taxons repré- similaires (Figure 3A). gènes impliqués dans voie de méthanogé-
sentent à eux seuls 90 % de la population nèse. Ces observations peuvent permettre
bactérienne retrouvée dans le digesteur. Activités Métaboliques exprimées de fournir des informations détaillées sur
Il est également très important de noter au sein de l’UASB les voies métaboliques, ainsi que sur les
www.revue-ein.com HORS SÉRIE MÉTHANISATION - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - 81
principales sources de carbone utilisées.
Une carte métabolique de la méthanogé-
nèse a ainsi pu être reconstruite (figure 4).
Ces résultats montrent une forte implica-
tion de la voie hydrogénotrophe dans le
processus global de la méthanogénèse. Des
marqueurs de la voie acétoclastique sont
également présents mais en moindre pro-
portion (figure 4).
Les métabolismes du soufre et de l’azote
ont également été analysés en détail mais
ils ne représentent qu’une fraction mineure
des activités métaboliques exprimées au
sein du digesteur (respectivement 0,55 % et
0,65 % des séquences identifiées).
Les activités métaboliques les plus repré- A B
sentées en dehors de la méthanogénèse
Veolia
correspondent à des activités de bases
de la cellule (Biosynthèse des protéines, Figure 5: A) Schéma du système de microaération connecté à un méthaniseur EGSB (crédit Veolia),
repliement des protéines, Réactions de B) Pilote EGSB et module de microaération sur le site industriel.
transfert d’électrons, ATP synthase,…).
Ces premières approches métatranscripto- Table 1 : Caractéristiques des effluents entrant et sortant
miques appliquées à un méthaniseur de type Paramètre mesuré Effluent entrant Effluent sortant
UASB ont permis de mieux caractériser la TSS (mg.l-1) 456 141
communauté microbienne complexe impli- DCO totale (mg.l ) -1
845 342
quée dans un processus de digestion anaé-
DCO soluble (mg.l-1) 137 65
robie à basse température et ainsi de voir
Sulfates mg.l-1) 84 36
qu’elle était très proche de celle souvent
observée dans un méthaniseur fonctionnant
en conditions mésophiles. Les analyses fonc- l’impact sur la communauté microbienne – Une série avec adjonction complémen-
tionnelles sur l’ARN ont permis de mettre de la microaération, aussi bien en termes taire d’acide sulfurique dans les effluents
en évidence que la voie hydrogénotrophe de de composition de la population que d’acti- en entrée de pilote (tableau 1 : périodes 2
la méthanogénèse était dominante dans ces vité métabolique exprimée. et 3).
conditions de fonctionnement. Description des essais – Une série sans adjonction d’H 2SO 4
Les essais ont eu lieu sur un site industriel (tableau 1 : périodes 4 à 7), en ne comptant
Cas d’application n° 2 : Digesteur où Veolia a construit et exploite un métha- que sur les concentrations originelles de sul-
de type EGSB traitant des niseur UASB traitant des effluents pape- fates dans les effluents en entrée de pilote.
effluents papetiers tiers depuis plus de dix ans. Le pilote étu- Des prélèvements ont été effectués pour
Ces analyses s’inscrivent dans le cadre dié est un EGSB de 5 m3 utiles, alimenté réaliser des analyses métatranscritomique
d’une étude d’évaluation de la technique en continu à une charge volumique de 5 kg tout au long des essais.
de microaération (procédé Canoxis) pour DCO/m3.j. Un système d’injection d’air était
diminuer la concentration en H2S dans un connecté à la boucle de recirculation du Résultats des analyses métatranscrip-
méthaniseur. pilote avec possibilité de réglage du débit tomique
L’air est injecté en faible concentration d’injection.
directement au niveau du ciel gazeux. En Un suivi analytique complet en entrée/sor- Analyse taxonomique
présence de biogaz et d’air, des bactéries tie du pilote GESB était effectué journaliè- Il ressort de ces analyses que la commu-
autochtones type Thiobacillus oxydent rement, y compris le débit de biogaz et les nauté microbienne présente au sein du
l’H2S et forment des précipités de soufre concentrations en méthane, sulfure d’hy- digesteur est restée très stable au cours de
élémentaire. Cette solution permet de dimi- drogène et oxygène. Au niveau de l’unité l’étude. Ni l’injection de H2SO4, ni la mise en
nuer à moindre coût la concentration en de microaération, le débit d’air du surpres- place de la microaération n’ont entraîné de
H2S avec des limites techniques liées à l’en- seur et le potentiel redox en sortie ont été variation significative de la composition de
crassement du ciel gazeux et de la ligne bio- mesurés. la population microbienne active (figure 6).
gaz par accumulation des précipités miné- Les différentes périodes d’essais sont résu- Les microorganismes méthanogènes sont
raux sur les parois internes des ouvrages. mées dans le tableau 1. très abondants et représentent près de 70 %
L’objectif de l’analyse métatranscripto- Deux principales séries d’essais ont été des microorganismes actifs présents dans
mique, dans ce cas-là, est donc de mesurer réalisées : le digesteur. Le genre Methanosaeta est
82 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - HORS SÉRIE MÉTHANISATION www.revue-ein.com
de l’étude. Aucune variation significative
Table 2: principales périodes et conditions des essais pilotes du niveau d’expression de ces différentes
voies métaboliques ne semble être provo-
Débit d’air H2SO4 quée par les changements de conditions
Périodes Début Fin
m3/jour addition
opératoires (injection de H2SO4 et microaé-
Contrôle #1 18-Oct-2012 5-Nov-2012 0 non ration).
Cependant, une différence notable a pu
Contrôle #2 6-Nov-2012 21-Jan-2013 0 oui
être mise en évidence. Après injection
Aération #1 22-Jan-2013 29-Jan-2013 1.37 oui de H 2SO 4, une enzyme (1.8.99.1) indui-
Contrôle #3 2-Fev-2013 25-Fev-2013 0 non sant la production d’H2S par réduction des
Aération #2 26-Fev-2013 19-Mar-2013 0.72 non
ions sulfites est exprimée fortement alors
qu’elle n’était pas détectée avant lors de la
Aération #3 22-Avr-2013 14-Mai-2013 2.04 non
phase initiale (t0). Lors de la mise en place
Aération #4 15-Mai-2013 23-Mai-2013 3.40 non de la microaération dans le système, l’ex-
pression de cette enzyme est à nouveau
inhibée (figure 7).
Il apparaît donc que la microaération induit
une inhibition de la voie de synthèse de
H2S. Cette observation, en corrélation avec
les données du suivi physico-chimique qui
montrent une diminution de la concentra-
tion en H2S dans le biogaz lors de la mise en
place de la microaération sur le digesteur.
Dans le cadre de cette étude, la méta-
transcriptomique a donc permis de
mettre en évidence l’impact d’un système
d’élimination du H2S sur l’activité méta-
bolique des microorganismes directement
Figure 6: Proportion des 20 genres actifs les plus représentés au sein du digesteur au cours de l’étude dans le digesteur. Cet outil innovant a donc
(Chronologie d’ échantillonnage : R0, S0, S1, A0, A1, E0, E1). permis, dans ce cas, d’apporter une aide à
la décision pertinente pour l’évaluation du
système testé.
Conclusion générale
L’analyse métatranscriptomique permet de
fournir une quantité d’informations sur les
communautés microbiennes complexes
sans équivalent comparée aux autres tech-
niques de biologie moléculaires. Si une
grande partie de ces informations pré-
sente surtout un intérêt pour la compré-
hension et la connaissance plus fondamen-
tales de l’écologie microbienne des procé-
dés de digestion anaérobie, cette technique
montre ici qu’elle peut déjà être utile pour
l’optimisation des installations.
Les objectifs de l’application de cet outil
sont multiples :
– à court terme, d’explorer, caractériser
Figure 7: Analyse du métabolisme du soufre avant (t0) injection de H2SO4, après injection de H2SO4 , et mieux comprendre les dynamiques des
et après mise en place de la microaération avec injection de H2SO4. communautés microbiennes complexes,
aujourd’hui partiellement connues, et iden-
l’espèce méthanogène majoritaire dans le Analyse fonctionnelle tifier des profils taxonomiques et fonction-
digesteur (figure 6). Cette information per- Les voies métaboliques de la méthanogé- nels caractéristiques, lors de régimes per-
met de dire que la voie acétoclastique est nèse, de l’azote et du soufre sont toutes turbés et productifs des bioprocédés,
privilégiée lors de la méthanogénèse. exprimées dans le digesteur tout au long – à moyen terme de faire le lien entre le
www.revue-ein.com HORS SÉRIE MÉTHANISATION - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - 83
design des procédés, les paramètres opé- la conduite et le design des procédés, hypothèses fondamentales et potentiel-
ratoires, les performances mesurées et – à long terme, de repousser les limites de lement identifier de nouveaux biocata-
la biomasse active, afin de lever les ver- fonctionnement des installations, même lyseurs environnementaux ou nouvelles
rous actuels. La métatranscriptomique dans des conditions défavorables (ex : voies métaboliques, industriellement utili-
fournirait un outil d’aide à la décision pour faible température), générer de nouvelles sables. n
Références bibliographiques
• Falkowski, P. G. (2008). The microbial engines • Metzker, M. L. (2010). Sequencing techno- • Yu K, Z. T. (2012). Metagenomic and meta-
that drive Earth’s biogeochemical cycles. logies - the next generation. Nature Reviews transcriptomic analysis of microbial community
Science 320(5879), 1034-1039. Genetics vol. 11, 31-46. structure and gene expression of activated
• Metzker, M. L. (2005). Emerging technologies • Ward, D. M. (1990). 16S rRNA sequences sludge. PLoS One., 7(5):e38183.
in DNA sequencing. Cold Spring Harbor Labora- reveal numerous uncultured microorganisms in
tory Press, 15:1767–1776. a natural community. Nature 345(6270), 63-65.
Édition 2014-2015
e
44 édition
Format 21 x 29,7 cm - Reliée 1000 pages
Accès intégral à la version électronique
Prix public : 198 euros TTC
➦ www.guide-eau.com
60, rue du Dessous des Berges - 75013 Paris - Tél. +33 (0)1 44 84 78 78 - Fax : +33 (0)1 42 40 26 46 - livres@editions-johanet.com
Biogaz et biométhane
Une implication forte
de GrDF dans la filière
d’injection Le Noc David
Grdf
Économie
Figure 2 : potentiels techniques de développement des gaz renouvelables en France (arrondis). Le développement de la production d’élec-
86 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - HORS SÉRIE MÉTHANISATION www.revue-ein.com
tricité seule ou par cogénération à par-
tir de biogaz est soutenue par des tarifs
d’achat qui garantissent aux producteurs
une rémunération acceptable des inves-
tissements et des coûts opérationnels de
leurs projets. Le surcoût vis-à-vis de l’élec-
tricité est payé par les consommateurs
d’électricité via la contribution au service
public de l’électricité.
De même, l’injection de biométhane n’est servie en biométhane carburant ainsi que par du biométhane en 2020 (= 20TWh). Cet
pas aujourd’hui encore une technologie l’ouverture de la station publique de biomé- objectif est porté à 30 TWh en 2030, repré-
compétitive par rapport aux prix du gaz thane carburant à Morsbach. sentant environ 10 % des consommations.
sur les marchés. Pour soutenir le lance- Ces chiffres sont cohérents avec la feuille
ment de cette filière, les producteurs béné- Quelques chiffres : de route ADEME (étude 2013), qui prévoit
ficient d’un tarif d’achat (novembre 2011, + de 13 millions de véhicules GNV dans en 2030, un gisement de biogaz mobilisable
puis février 2013 pour la double valorisa- le monde compris entre ~30 TWh (12 TWh injectés,
tion) qui garantit une rémunération des 1 million dans l’Union Européenne 500 installations d’injection) dans le cadre
investissements et des coûts opération- le carburant GNV progresse au rythme d’un scénario tendanciel, à ~61 TWh (31 TWh
nels de leurs projets. Le surcoût vis-à-vis de 18 % par an. injectés, 1400 installations d’injection) dans
du gaz naturel est payé par l’ensemble des Le potentiel de production de biomé- le cadre d’un scénario volontariste.
consommateurs raccordés au réseau via la thane carburant est équivalent à 30 % de Mi2014, 4 projets injectent du biométhane
« contribution biométhane ». la consommation totale de carburant dans les réseaux, tous dans les réseaux de
en France, améliorant ainsi la balance distribution
Les ordres de grandeur commerciale nationale sur les carbu- • Le Centre de Valorisation Organique
des tarifs rants. (CVO) de Lille-Séquedin : projet pionnier
Pour les installations de stockage de qui injecte depuis juillet 2011. La collecte
déchets non dangereux (ISDND ou des déchets est faite sur le territoire de
décharges), les tarifs d’achat du biomé- Le potentiel de la filière, 85 communes et 1,1 million d’habitants, il
thane injecté sont compris entre 4,5 et les réalisations s’agit de la fraction organique des déchets
9,5 c€/kWh selon la taille de l’installation. En France, la valorisation sous forme de ménagers, des déchets verts, de la restau-
Pour les autres unités de méthanisation, les biométhane est émergente avec un cadre ration collective, déchets municipaux. Près
tarifs d’achat du biométhane injecté se com- réglementaire récent, ce qui n’empêche de 15 GWh de biométhane ont été injectés
posent d’un tarif de base comprise entre 6,4 pas GDF Suez d’avoir l’objectif ambitieux, depuis sa mise en service.
et 9,5 c€/kWh selon la taille de l’installation, affiché dans le cadre du Débat sur la Tran- • Méthavalor porté par le Sydeme (Syndi-
auquel peut s’ajouter une prime calculée en sition Energétique, de 5 % des consomma- cat des déchets de Moselle Est) à Forbach
fonction de la nature des matières traitées tions françaises de gaz naturel assurées (57) injecte depuis mai 2013. Il fait de la
par méthanisation (« intrants ») utilisés
(cf. décrets novembre 2011).
Intérêt environnemental –
Zoom sur le bioGNV
Le GNV est aujourd’hui une technologie
mature, déjà déployée (en France 10 000
véhicules légers, 750 bennes à ordure, 2200
bus, 50 % des villes de plus de 200 000
habitants ont des bus GNV…) et en crois-
sance forte avec 13 millions de véhicules
dans le monde (+18 %/an) ce qui en fait
le 1er carburant alternatif d’après l’AIE.
Le développement du GNV et du biomé-
thane pour approvisionner les véhicules
est aujourd’hui une stratégie développée
avec succès en Suède (+14 000 véhicules
et +300 GWh de biométhane entre 2000
et 2008) et en Suisse, et qui démarre en
France avec la flotte de bus de Lille des-
www.revue-ein.com HORS SÉRIE MÉTHANISATION - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - 87
« double valorisation », c’est-à-dire qu’une
partie du biogaz produit est cogénérée
et le reste, après épuration est injectée
dans le réseau de distribution. La produc-
tion de biométhane est d’environ 4 GWh/
an (8 GWH à court terme). Une station
publique de GNV et bio-GNV permet d’ali-
menter la flotte du SYDEME (33 véhicules :
tracteurs, porteurs, bennes de collecte
des biodéchets, véhicules utilitaires) de
toutes tailles), et 6 bus de la collectivité,
les Forbus.
Quelques chiffres (/an) : 450 000 tonnes
d’intrants méthanisées ; 5 500 000 Nm3/an
de biogaz produit valorisés en : électricité
(10.9 GWh/an), chaleur (12.4 GWh/an), 100
Nm3/h très prochainement)
compost (~ 8 000 t/an), effluents liquides (~
10 000 m3/an), engrais (10 000 m3/an).
• Bioénergie de la Brie à Chaume en
Brie (77) est le 1er projet agricole. Il injecte
depuis fin août 2013. Effluents d’élevage,
lactosérum de la fromagerie voisine,
Cultures Intermédiaires à Vocation Energé-
tique (CIVE), poussières de céréales, pulpe
de betterave, au total, 12 500 tonnes d’in-
trants récoltés localement seront méthani-
sées annuellement pour produire environ
8,5 GWh par an de biométhane.
Le digestat remplace 90 % de l’engrais
chimique qui était avant utilisé par la ferme.
• Agri-biométhane à Mortagne sur Sèvre
(85) injecte depuis mi-avril 2014. Ce projet
est porté par 10 agriculteurs. Le rôle de GrDF dans l’injection …pour favoriser l’émergence d’une
Au total, 15 000 tonnes de fumiers et lisiers de biométhane dans les réseaux filière qui se structure autour d’un
et 6 000 tonnes de déchets IAA seront de distribution tissu industriel national : Contractuali-
méthanisées annuellement pour pro- GrDF, acteur de l’aménagement durable sation, recherche de financement, instruc-
duire : environ 6,5 GWh de biométhane, des territoires, a choisi de jouer un rôle tion des dossiers administratifs, construc-
1 600 tonnes de digestat solide composté, essentiel et reconnu de rassembleur tion, les projets d’injection prennent plu-
17 000 m3 de digestat liquide épandu. dans la filière naissante du biomé- sieurs années à se concrétiser. GrDF -
Bénéfices : 70 tonnes/an d’engrais chimique thane… acteur du long terme - mobilise ses équipes
économisé, 15 000 tonnes de CO2/an évitées …pour que l’objectif « 20 TWh en pour apporter un appui et accompagner les
D’ici fin 2014, 3 à 4 projets supplémen- 2020 » puisse être atteint : GrDF a un entrepreneurs et les acteurs de terrain.
taires devraient injecter sur le réseau rôle actif pour faire émerger et favoriser
de distribution. les projets de territoires et s’implique for- Les résultats concrets
Plus de 400 projets sont à l’étude chez tement dans les études destinées à favori- GrDF fait évoluer son offre technique pour
GrDF pour l’injection dans son réseau de ser les injections : rebours (capacité à faire répondre au mieux aux demandes d’injec-
distribution ; Près de 80 % ont des intrants remonter le gaz en amont du réseau), stoc- tion. Cette offre technique concerne :
agricoles ou issus des industries agro-ali- kage, injection décentralisée…
mentaires, et la moyenne sur le réseau …pour que la filière se construise Les études
GrDF se situe à 240 m3/h soit environ 20 sur des bases de transparence et de En amont des projets, les études de faisa-
GWh injectés par an. rigueur, et renforce la capacité aux bilité, détaillées, de dimensionnement, éva-
Les autres opérateurs, GRTGaz, TIGF, fournisseurs à faire naître des offres luent les quantités de biométhane qui pour-
GrDF, Gaz de Strasbourg, REGAZ…, ont gaz « vertes » auprès de leurs clients : ront être injectées en fonction des consom-
aussi identifiés des projets sur leur terri- GrDF est Gestionnaire du Registre des mations de la zone concernée par l’injection.
toire. Garanties d’origine. Leur précision et fiabilité sont essentielles
88 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - HORS SÉRIE MÉTHANISATION www.revue-ein.com
car la rémunération du porteur de projet est Les postes d’injection sont la propriété grâce à des procédés vertueux, sera valo-
directement liée aux quantités injectées. de GrDF qui perçoit une rémunération de risée à sa juste valeur, et que chaque
Elles donnent aussi la dépendance des la part du producteur. Cette rémunéra- molécule de gaz appelé « Biométhane »
consommations à quelques gros consom- tion comprend 3 composantes : la mise à a bien été produite suivant des procé-
mateurs qui pourraient fragiliser le pro- disposition du poste d’injection, sa main- dés énergétiquement et écologiquement
jet s’ils changeaient d’énergie, réduisaient tenance (pièces, main-d’œuvre, déplace- efficaces.
ou interrompaient leur activité ; une faible ments, mises à niveau réglementaire, rem- L’intérêt et la pérennité de la filière biomé-
dépendance rassure les financeurs, la fia- placement en fin de vie), et l’exploitation thane reposent avant tout sur les garan-
bilité de nos études sur ce point est donc du réseau dans lequel le biométhane est ties d’origine. Sans ce dispositif de traçabi-
aussi essentielle. injecté. lité, le biométhane ne serait qu’un produit
Elles évaluent le coût du raccordement du Cette prestation est dans le catalogue des financier pour des producteurs rémunérés
projet au réseau de distribution. prestations de GrDF. par un tarif d’achat qui ne se soucient guère
Depuis début 2012, près de 200 études de de l’usage fait de cette énergie renouve-
faisabilité et détaillées ont été réalisées Retour d’expérience sur les projets qui lable à haute valeur ajoutée, une fois injec-
par GrDF. injectent tée dans le réseau.
Les contrôles ponctuels de tous les pro- Les garanties d’origine permettent
L’injection jets qui injectent ont toujours été par- de capter la valeur du gaz vert en le
Une 1ère génération de poste d’injection faitement conformes. Concernant les suivant depuis sa production jusqu’à
fonctionne et a inspiré les cahiers des contrôles continus, quelques interrup- sa valorisation. Elles permettront
charges des autres opérateurs de réseaux. tions ont été constatées, peu nombreuses à une collectivité locale de com-
En 2014, un 2ème appel d’offres européen et de courtes durées. Le réglage de l’épu- muniquer sur l’origine de l’énergie
a été lancé qui a permis de retenir 2 pres- ration ou de l’odorisation suffit à rendre consommée et le devenir des déchets
tataires pour fournir la 2ème génération de le biométhane de nouveau conforme. traités.
postes d’injection. La crédibilité acquise par ces 1ères réa- Plus largement, le contexte énergétique
Ces postes ont 4 fonctions : lisations rassure la filière et génère européen favorise et accélère l’émergence
• l’odorisation du gaz (cette fonction une mobilisation croissante du monde rapide de sites de production de biomé-
peut éventuellement être réalisée par le agricole. thane dans tous les pays. GrDF, en sa qua-
producteur) : le biométhane est inodore. GrDF communique largement sur ces suc- lité de gestionnaire du registre français, et
Pour être détectable en cas de fuite même cès qui rassurent les financeurs et suscitent à la demande de l’ADEME, participe à un
très faible, il est, comme le gaz naturel, l’intérêt de nouveaux porteurs. groupe de travail qui pose les bases d’une
odorisé. coopération entre gestionnaires pour per-
• le contrôle en continu de la qualité du GrDF est gestionnaire mettre les transferts de biométhane entre
biométhane du Pouvoir Calorifique Supé- du registre des les pays européens.
rieur (PCS), de l’indice de Wobbe, de la Garanties d’Origine
densité, du point de rosée eau, de la teneur Le contexte réglementaire qui permet Conclusions
en H2S, de la teneur en COS, de la teneur depuis novembre 2011 d’injecter du bio- Depuis 2 ans, plusieurs projets se sont réa-
en O2, de la teneur en CO2 et de la teneur méthane dans les réseaux de distribution lisés et injectent sur le réseau de distribu-
en Tétrahydrothiophène (THT), ainsi que et transport, prévoit la mise en place, dans tion.
la température du biométhane, sont effec- le cadre d’une Délégation de Service Public Le retour d’expérience que GrDF fait sur
tués par les analyseurs en ligne de l’Instal- (DSP), d’une durée de 5 ans, d’un registre ces projets est très positif : la qualité du
lation d’injection. national qui assurera la traçabilité des biométhane est conforme aux spécifica-
À noter : En plus des contrôles conti- volumes de ce gaz renouvelable (décret tions, les arrêts sont peu nombreux et de
nus, des contrôles ponctuels effectués n° 2011-1596 du 21 novembre 2011). GrDF courte durée.
par un laboratoire permettent de mesu- a été choisi à l’issue d’une procédure d’ap- L’offre technique d’épuration s’est élar-
rer la teneur en soufre total, le chlore (Cl), pel d’offres et est donc gestionnaire du git : épuration à l’eau pour le projet de
le fluor (F), l’hydrogène (H2), l’ammoniac registre des Garanties d’Origine pour une Lille Sequedin, membranes à Morsbach
(NH3), le monoxyde de carbone (CO), ainsi durée de 5 ans jusqu’en 2017. et Chaumes en Brie, PSA à Mortagne sur
que les mercaptans et le mercure (Hg). Une garantie d’origine (GO) corres- Sèvre. Plusieurs fournisseurs différents se
Ils sont effectués 1 fois/mois la 1ère année pond à 1MWh de biométhane injecté ; sont positionnés sur ce marché, les pro-
mais pourront éventuellement être espa- elles sont émises, transférées, annulées jets qui seront bientôt en service élargiront
cés ensuite. et détruites. Le registre trace ces tran- encore ce panel de techniques ou de four-
• la régulation en pression qui permet au sactions, valide les quantités produites, nisseurs.
biométhane d’être prioritaire sur le réseau échangées ou vendues, et mémorise les Actuellement, dans tous les cas, les biomé-
• le comptage des quantités qui permet- acteurs intervenant dans ces actions. thanes sont conformes. Voilà de quoi ras-
tra au producteur de percevoir sa rému- Ce rôle est essentiel car il garantit que surer les investisseurs, les porteurs de pro-
nération chaque molécule de biométhane p roduite jets, les pouvoirs publics.
www.revue-ein.com HORS SÉRIE MÉTHANISATION - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - 89
Toutefois, il reste de nombreux sujets filière) ou du partenariat ADEME/GrDF, tion décentralisée et injection centralisée,
d’étude pour faciliter l’implantation des de nombreux chantiers sont lancés. Ils acceptabilité des projets. Tous sont néces-
projets et améliorer leur rentabilité : Dans portent sur des sujets techniques, socio- saires et tous nécessitent un fort investis-
le cadre du GTinjection (groupe de concer- logiques et stratégiques : rebours, gestion sement de notre part en pilotage, coordina-
tation qui réunit tous les acteurs de la des files d’attente et des capacités, produc- tion, validation et déploiement. n
www.injectionbiomethane.fr
P
lébiscité par le domaine des bio- de fonction), ils permettent maintenant Polymorphism, ARISA : Automated Ribo-
technologies pharmaceutiques, d’améliorer, d’anticiper, de diagnostiquer somal Intergenic Spacer Analysis, DGGE :
chimiques, agro-alimentaires, et et de gérer les bioprocédés. Le suivi de la Denaturing Gradient Gel Electrophore-
les sciences environnementales, la ges- colonisation des supports, le choix d’un sis, T-RFLP : Terminal Restriction Frag-
tion des ressources microbiennes appa- inoculum, la recherche et la gestion de ment Length Polymorphism…). En parti-
raît d’actualité depuis quelques années, fonction spécifique (méthanogenèse, cycle culier, elles sont utilisées afin de surveiller
notamment pour ces attraits en matière de l’azote, biodégradation de composés la diversité microbienne d’un environne-
d’ingénierie écologique ou pour contrô- pharmaceutiques), le développement et ment et de comparer les échantillons sur
ler les microflores indésirables. Les tra- l’utilisation de bioindicateurs traçant une la base de leur diversité. Les résultats du
vaux de recherche menés depuis plus de fonction ou un groupe microbien cible suivi peuvent être archivés dans une base
20 ans sur la microbiologie des procédés (pathogènes, archées méthanogènes, …) de données et être analysés par des outils
de méthanisation ont permis de décrire la sont des exemples d’applications du mana- statistiques. Ceci permettant de comparer
microbiologie de ces systèmes complexes gement des écosystèmes de méthanisation. rapidement chacun des points de contrôle
en lien avec ses potentialités fonction- Cet article présente les outils de microbio- par rapport à une diversité microbienne de
nelles. L’efficacité et la stabilité de ce pro- logie moléculaire disponibles pour gérer référence associée à un fonctionnement
cessus dépendent entièrement de l’activité les écosystèmes microbiens de méthanisa- optimal du procédé.
concertée et syntrophique de micro-orga- tion ainsi que leur applicabilité en termes Par exemple, elles ont été appliquées à
nismes appartenant à différents groupes de délai de réponse (figure 1). l’évaluation du potentiel de cinq écosys-
fonctionnels (hydrolyse, fermentation, tèmes anaérobies industriels à s’adapter
acétogenèse et méthanogenèse). De nou- Empreintes moléculaires à la production de biogaz à partir d’un
veaux outils analytiques associés à des Les empreintes moléculaires permettent substrat facilement biodégradable. Pour
analyses bioinformatiques des méta-don- d’observer et de mesurer la diversité chaque écosystème, l’amélioration de la
nées ont été développés pour permettre microbienne d’un écosystème. Plusieurs performance observée n’était pas due à la
de gérer la diversité structurelle et fonc- techniques permettent de réaliser rapide- croissance de certaines populations micro-
tionnelle des écosystèmes de méthanisa- ment, par électrophorèse de fragments biennes. Les résultats ont montré que cette
tion. Rapides, sensibles et spécifiques, qua- d’ADN préalablement amplifiés par PCR, amélioration était probablement liée à l’ac-
litatifs (séquençage haut-débit, empreintes une empreinte moléculaire des commu- tivation enzymatique des populations pré-
moléculaires) ou quantitatifs (PCR quan- nautés microbiennes présentes dans un sentes initialement et ont souligné le rôle
titative (Polymerase Chain Reaction) sur écosystème (CE-SSCP : Capillary Elec- de l’inoculum de départ (Mabala et al,
groupes microbiens spécifiques ou gènes trophoresis-Single Strand Conformation 2012).
www.revue-ein.com HORS SÉRIE MÉTHANISATION - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - 91
Structure
de la diversité,
Structure et
Concentration, Concentration, abondance
Informations abondance
Potentiel Activité des popula-
de la diversité
tions, identifi-
cation
Bactérie, archée, Bactéries, archées,
Bactéries, archées,
eucaryote fonctions clés (mé-
fonctions clés Bactéries,
Principales producteur d’hy- thanogenèse, dégra-
(méthanogenèse, archées
cibles drogène, bactéries dation de
dégradation de eucaryotes…
sulfato-réduc- xénobiotiques,
xénobiotiques…)
trices… pathogènes…)
Temps
2 jours 2 jours 2 jours 1 mois
de réponse
Figure 2 : Divergence génétique entre les 5 écosystèmes pour les bactéries (A) et (B) analysées à partir des données de CE-SSCP
et des performances du bioréacteur (SMA = activité méthanogène spécifique). (Mabala et al, 2012).
PCR quantitative et RT-PCR espèce, d’un gène ou d’un groupe micro- Appliquée sur l’ADN, elle permet de ren-
quantitative en temps réel bien au sein d’un échantillon. La concen- seigner la présence et donc le potentiel
La quantification par PCR quantitative en tration mesurée est exprimée en copies de d’une biomasse en termes de quantité et
temps réel donne la concentration d’une gènes par unité de masse ou de volume. de fonction. Elle peut être aussi appliquée
92 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - HORS SÉRIE MÉTHANISATION www.revue-ein.com
à l’ARN (molécule produite après la trans- tive des proportions d’archées de la popu- (principalement la séquence de l’ARN ribo-
cription de l’ADN et avant la synthèse pro- lation totale. La comparaison de ces pro- somique). Les nouvelles technologies de
téique), on parle alors de RT-PCR quanti- portions avec celle de l’inoculum montre séquençage (NGS) permettent de multi-
tative (Reverse Transcription-Polymerase que certains matériaux favorisent l’adhé- plier la profondeur du séquençage autre-
Chain Reaction). Ainsi, elle traduit directe- sion (ABS, PC, PVC) et la colonisation des fois utilisé (méthode de Sanger) par 100.
ment l’activité d’une biomasse de manière archées (Habouzit et al, 2011). Les limites d’interprétation sont les mêmes
globale (mesure à partir de l’ARN riboso- que celle des technologies de type San-
mique 16S ou 18S) ou de l’activité d’une Séquençage haut-débit ger mais les réponses apportées amènent
fonction (mesure à partir de l’ARN des (Next Generation Sequencing) une importante plus-value aux questionne-
gènes de fonction codant pour les enzymes Les outils de séquençage haut-débit per- ments sur les écosystèmes microbiens com-
clés des processus biologiques). Elle peut mettent d’accéder de manière très fine à la plexes. Leurs applications en microbiologie
être utilisée pour le suivi du démarrage diversité structurelle et fonctionnelle des des bioprocédés sont très développées et
d’un procédé et la surveillance de la charge procédés de digestion anaérobie. Plusieurs montrent la pertinence des réponses appor-
microbienne globale (Bactérie, Archée, technologies sont disponibles (454 GS FLX tées à des questionnements très concrets.
Eucaryote) ou de groupes microbiens Titanium Roche ; SOLIDTM Applied Biosys- Par exemple, dans le cas du suivi des diges-
spécifiques tels que les microorganismes tems ; MiSeq® System Illumina…). L’ana- teurs anaérobie, elles sont utilisées afin de :
pathogènes. Il est possible de corréler la lyse bioinformatique des données géné- • identifier sans a priori la diversité micro-
production de biogaz avec l’abondance rées est le point critique de l’utilisation de bienne d’un digesteur anaérobie,
de différents groupes archées retrouvés ces analyses et demande une expertise • suivre l’adaptation/le maintien des capaci-
dans les digesteurs anaérobies et de choi- importante, forcément externalisée. Cepen- tés fonctionnelles de départ de la diversité
sir/gérer les performances du procédé sur dant, l’intérêt principal réside dans l’iden- microbienne de l’inoculum à un procédé
la base de ces données de concentrations. tification sans a priori des genres ou des (tableau 1),
Par exemple, les travaux sur la comparai- espèces présentes et la possibilité d’ana- • créer des bases de données de référence
son de différents matériaux supports sur lyses de grande envergure renforçant la sur un procédé permettant d’aider au dia-
l’efficacité d’adhésion et de colonisation validité des résultats obtenus. La caractéri- gnostic en cas de dysfonctionnement,
des archées sont présentés (figure 3). Les sation sans a priori des espèces présentes • développer de nouveaux bioindicateurs
résultats mettent en évidence le rôle des dans un procédé est effectuée par le séquen- spécifiques et pertinents permettant d’al-
matériaux par la mesure par PCR quantita- çage basé sur des marqueurs moléculaires léger le suivi microbiologique du procédé.
Figure 3 : Suivi quantitatif de la colonisation de supports dans un procédé de méthanisation. (Habouzit et al, 2011).
Références bibliographiques
• Mabala, J.-C. (2012). Aptitude d’écosystèmes • Motte J.C., Trably E., Hamelin J., Escudié, R., • Habouzit, F. (2010). Rôle des matériaux-sup-
anaérobies industriels à produire du méthane à partir Bonnafous A., Steyer J.P., Bernet N., Delgenès J.P., ports sur la mise en place du biofilm : Applica-
d’éthanol en conditions psychrophile, mésophile et Dumas C. (2014) Total solid content drives hydrogen tion au démarrage d’un procédé de méthanisa-
thermophile (Thèse de doctorat, Montpellier SupAgro - production through microbial selection during ther- tion (Thèse de doctorat, Université Montpellier
Centre International d’Etudes Supérieures en Sciences mophilic fermentation. Bioresource Technology 166: 2).
Agronomiques). 610–615.
L
e procédé de méthanisation dis- La rusticité de la méthanisation par voie ratoire permet d’aborder des mécanismes
continue par voie sèche est adapté sèche discontinue et sa compatibilité ciblés, mais ne permet pas une extrapola-
à la digestion anaérobie de subs- avec des substrats secs variés, en font tion aisée à l’échelle industrielle en raison
trats à fort taux de matière sèche (> 25 %) un procédé particulièrement adapté aux des couplages phénoménologiques mul-
et ayant une structure hétérogène les ren- exploitations agricoles, et qui possède un tiples.
dant difficilement pompables. Contrai- fort potentiel de développement dans les La plateforme expérimentale SOLIDIA,
rement aux procédés en voie liquide, ou années à venir (le plan « Energie Métha- développée en Midi-Pyrénées, a pour objec-
encore aux procédés par voie pâteuse, la nisation Autonomie Azote » fixe un objec- tif d’offrir la possibilité de mener des expé-
matière solide est chargée manuellement tif de 1 000 méthaniseurs à la ferme d’ici riences à grande échelle pour les acteurs
puis reste statique dans le réacteur. Afin 2020). de la méthanisation par voie sèche discon-
d’assurer une production de biogaz relati- Cependant, le nombre d’acteurs de la tinue. Elle s’adresse aux bureaux d’études,
vement constante, plusieurs réacteurs (au méthanisation proposant des solutions
minimum 4) sont nécessaires et sont char- par voie sèche discontinue sur le territoire
gés de manière séquencée. Les jus produits national est encore restreint (GreenPro,
au cours de la fermentation sont stockés Bekon, Cofely Ineo, Erigène, Méthajade,
dans une enceinte chauffée puis recircu- S2-Watt, Aria Energies …) et souffre d’un
lés dans chaque casier ou couloir de diges- manque de références. De plus ces sys-
tion (cf. figure 1). Ceci permet le maintien tèmes ont été très peu étudiés par la com-
du système en humidité et en température, munauté scientifique en comparaison aux
ainsi que la dispersion au sein du massif de systèmes par voie liquide. Leur spécificité
l’ensemble des éléments nécessaires à la réside dans l’hétérogénéité des matrices
production de biogaz : micro-organismes, réactionnelles, avec un déchet statique Figure 1 : représentation schématique d’un
nutriments, acides organiques, hydrogène, soumis à percolation. Le travail à l’échelle système de méthanisation discontinue
etc. de la paillasse ou du petit pilote de labo- à percolation.
Acquisition en ligne
L’analyse de la production de biogaz est
réalisée de manière différenciée sur le
casier et sur la cuve liquide. Les débits sont
mesurés à l’aide d’un débitmètre volumique
RITTER TG5 et la composition en CO2 et Figure 3 : La plateforme est équipée de deux locaux modulaires.
CH4 est quantifiée dans le ciel gazeux du
casier et de la cuve à l’aide d’un analyseur ordinateurs de suivi en ligne, et équipé d’un discontinue. Le substrat modèle choisi est
infrarouge X-STREAM X2GP placé sur une coin cuisine. le fumier bovin. La démarche scientifique
boucle de recirculation interne. Des cap- Un hangar couvert permet de stocker le s’appuie sur le développement d’un modèle
teurs de pression sont également installés matériel de manipulation des déchets, et d’écoulement réactif par l’Institut de Méca-
dans chacun des ciels gazeux. La tempéra- abrite la chaudière au fioul qui alimente les nique des Fluides de Toulouse, une carac-
ture et le pH des jus sont mesurés en ligne circuits de chauffe des digesteurs. térisation physique et biochimique du subs-
au niveau du collecteur en pied de casier et trat au Laboratoire d’Ingénierie des Sys-
à l’intérieur de la cuve. Conditions d’utilisation tèmes Biologiques et Procédés de l’INSA
Un PC industriel récupère en temps réel La plateforme SOLIDIA est propriété de de Toulouse, et des expérimentations à
l’ensemble de ces informations, de même l’INSA de Toulouse. Son utilisation néces- grande échelle sur la plateforme SOLIDIA.
que l’état de chaque pompe péristaltique, site la signature d’une convention de parte- Le projet se termine fin 2015.
à l’aide d’un logiciel de supervision déve- nariat ou d’un contrat de prestation selon le
loppé par le CRITT GPTE de l’INSA de Tou- type de projet concerné. Un comité d’admi- Remerciements
louse. Ce logiciel offre également la pos- nistration a été mis en place et est chargé La réalisation de la plateforme a été cofi-
sibilité d’agir sur le fonctionnement des de statuer sur les demandes d’utilisation nancée par : l’ADEME, la Région Midi-
pompes. Un système de télésurveillance (acceptation, calendrier). Il est composé Pyrénées, COFELY INEO, l’INSA de Tou-
(via internet par l’intermédiaire du logiciel de représentants des membres fondateurs louse.Les partenaires remercient la
Team Viewer) a été mis en place pour pou- de la plateforme (LISBP, CRITT GPTE, société CLER VERTS pour la mise à dis-
voir suivre l’installation à distance et facili- CLER VERTS, SOLAGRO) ainsi que de position du terrain. n
ter les discussions entre les différentes per- l’ADEME et de la Région Midi-Pyrénées.
sonnes impliquées dans les essais réalisés. L’implantation de la plateforme au cœur
d’une région agricole, qui plus est sur le
Équipements annexes site d’une entreprise dont l’activité prin-
La plateforme est équipée de deux locaux cipale est la valorisation de matière orga-
modulaires (figure 3) : nique (CLER VERTS), offre une grande
– un vestiaire équipé de sanitaires, d’une possibilité d’approvisionnement en subs-
paillasse avec évier, d’un frigo et d’un trats pour la réalisation des essais (pailles,
congélateur pour le stockage d’échantil- fumiers, biodéchets, déchets verts, résidus
lons prélevés sur les pilotes ; de culture, etc.). La plateforme peut de plus
– un bureau dans lequel se trouvent les accueillir l’installation d’outils de prétraite-
98 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - HORS SÉRIE MÉTHANISATION www.revue-ein.com
THÉMATIQUE MÉTHANISATION
Prétraitement fongique
pour la méthanisation
de la biomasse
lignocellulosique :
premiers résultats
du projet Stockactif
Rouches E., Zhou S., Gimbert I., Sigoillot J.C,
Steyer J.P., Carrere H.
Inra – Esil/Gbma
L
es végétaux ou biomasse ligno- Récemment, un regain d’intérêt est porté à l’utilisation de résidus ligneux
cellulosique (BL) sont un subs- pour la production d’énergies renouvelables. Cela présente divers avan-
trat de choix pour la production tages mais également un défi technologique, de par la difficulté à hydro-
énergétique car ils sont renouvelables, lar- lyser la lignine contenue dans les végétaux. Ainsi, des prétraitements
gement disponibles et riches en sucres sont nécessaires. Le faible coût d’un prétraitement par des champignons
(55-75 % MS) (Wan & Li, 2012). De plus, la est attrayant. Aussi, le projet ANR STOCKACTIF étudie et optimise ce
méthanisation de la biomasse lignocellu- prétraitement. Lors de la première étape du projet, une souche fongique
losique (résidus agricoles…) possède un a été retenue, notamment vis-à-vis de son aptitude à accroître la quantité
intérêt croissant notamment parce qu’elle de méthane libérée par une paille prétraitée (jusqu’à 38 % de plus par
engendre une compétition limitée vis-à-vis rapport à la MV de la paille témoin). En tenant compte des pertes de
de l’utilisation des terres pour les cultures matière observées lors du prétraitement en conditions non optimisées, il a
alimentaires. Cette compétition doit impé- été constaté jusqu’à 14 % de méthane en plus pour la paille prétraitée par
rativement être prise en compte dans la rapport à la paille témoin.
stratégie de développement des énergies
renouvelables. D’ailleurs, les cultures éner- fermentescibles peu accessibles. Chandler de la transformation du substrat. Il s’agit
gétiques étaient pointées du doigt dès 2007, et al. (1980) montrent qu’un pourcent de donc d’une étape coûteuse représentant
avec la crise alimentaire. Les résidus de lignine décroît la digestion des matières un obstacle significatif pour la commercia-
culture, tels que les pailles, sont donc à pri- organiques d’environ 3 % (Lesteur et al., lisation des procédés de production bioé-
vilégier. 2010). Par conséquent, des prétraitements nergies et pouvant générer des quantités
La biomasse lignocellulosique (BL) est sont nécessaires pour faciliter l’accès aux importantes de déchets. Par ailleurs, la
constituée de cellulose, des hémicelluloses sucres fermentescibles des BL (Monlau et directive européenne 2009/28/CE impose
et de la lignine. L’hydrolyse de la lignine est al., 2013) des performances environnementales pour
difficile et celle-ci est faiblement biodégra- Ces prétraitements, notamment phy- les carburants d’origine renouvelable et
dable en anaérobiose. De plus, dans la BL, siques (broyage…) et thermo-chimiques c’est tout le cycle de vie qui doit être étu-
les liaisons et interactions entre la lignine (alcalin, acide…) représentent parfois dié. Or, les prétraitements biologiques
et les autres polymères rendent les sucres jusqu’à la moitié de l’énergie utilisée lors (champignons, enzymes…) présentent
www.revue-ein.com HORS SÉRIE MÉTHANISATION - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - 99
c onsidérablement moins d’inconvénients. organique (MO) est représentative des bio- dis que ces quantités ont été divisées par
En particulier, l’utilisation de prétraite- masses herbacées (Vassilev et al., 2012) ; quatre pour les lots 2 et 3, afin de réduire la
ments fongiques permettrait un gain éco- – de la principale ressource mobilisable proportion de méthane issu de l’ajout de la
nomique par une faible utilisation d’éner- de résidus agricoles en France (ADEME, solution nutritive. La paille est ensuite pré-
gie (température ambiante, pas d’ajout de 2006) ; traitée sous une humidité constante durant
produits chimiques…). Ils sont aussi moins – d’une biomasse permettant de remédier 12 jours à 25 °C. Les mesures de potentiel
coûteux que les traitements enzymatiques au problème de la saisonnalité des subs- méthanogène ont eu lieu en trois séries dif-
qui nécessitent des étapes de production trats. férentes (une par lot). Un témoin (T) a été
et d’extraction d’enzymes. D’autre part, les La première étape du projet, qui est déve- réalisé : paille de blé non ensemencée et
champignons ont également un intérêt envi- loppée ici, consistait à choisir les souches traitée dans les mêmes conditions.
ronnemental avec une moindre consom- les plus performantes pour délignifier la
mation d’intrants et une faible production paille de façon sélective (peu de consom- FMS en colonne
d’inhibiteurs et de déchets. Néanmoins, ce mation des sucres et de pertes de matière). D’autres échantillons ont été obtenus
type de prétraitement requiert plusieurs Ces souches étaient sélectionnées parmi avec une plus grande quantité de subs-
semaines pour l’établissement d’une popu- des basidiomycètes puisqu’il s’agit des trat dans des colonnes FMS en verre. Une
lation fongique suffisante pour altérer signi- dégradeurs les plus efficaces parmi les colonne contient 20 g de matière sèche
ficativement la matière. champignons (Hammel, 1997 ; Sánchez, (MS) de paille de blé, 25 mg de glucose/g
Ainsi, l’idée d’utiliser la période de stoc- 2009). MS et 2,5 mg de tartrate diammonium/g
kage du substrat pour le pré-traiter a Dans un premier temps, l’UMR BCF a réa- MS. Chaque colonne est ensemencée avec
germé. Le projet ANR Stockactif duquel lisé un crible miniaturisé (300 mg de paille une même quantité MS de broyat mycélien.
découle ce travail s’intéresse ainsi à la traitée en microplaques deep-weel) sur Les colonnes sont thermostatées à 28 °C.
croissance des champignons lignolytiques 177 souches. Ces dernières étaient choi- La rétention d’eau initiale de la paille est
par fermentation en milieu solide (FMS). sies pour obtenir une représentativité des de 90 %. Un flux d’air ascendant saturé en
La culture en milieu solide possède l’avan- genres, des espèces et des particularismes humidité est contrôlé à 120 ml/min par un
tage d’une charge en substrat beaucoup géographiques. Après une FMS dans des débitmètre à bille.
plus importante que pour une culture conditions favorables, diverses mesures Pour chacune des souches, les cultures
en milieu liquide, du fait de l’absence de ont été effectuées sur les pailles prétrai- colonnes FMS ont été triplées et les pailles
volume occupé par la phase aqueuse. Par tées (Zhou et al. en préparation). Celles-ci de blé prétraitées obtenues homogénéi-
comparaison, la FMS facilite l’attachement visaient notamment à explorer l’accessibi- sées pour fournir des lots de substrats en
des enzymes au substrat de par le réseau lité des sucres solubles dans l’eau et après quantités suffisantes pour leurs analyses.
mycélien. La diffusion de l’oxygène, néces- hydrolyse afin de déterminer les meilleures Ici aussi, un témoin (T) est réalisé (culture
saire à la délignification, est favorisée. De souches candidates pour la méthanisation. FMS sans inoculation).
plus, le coût est moindre par rapport à la Suite au crible, seize souches ont été pré-
culture liquide (moins d’agitation, d’aéra- sélectionnées. Mesure du potentiel méthanogène
tion et de chauffage) (Tian et al. (2012). ou BMP (Biochemical Methane
Le prétraitement fongique recherché devra Matériel et méthodes Potential)
entre-autres limiter l’hydrolyse des poly-
mères glucidiques (cellulose et hémicel- Prétraitement fongique Méthodologie
luloses) car il s’agit des substrats pour la Les BMP des pailles prétraitées ont été
production d’énergie. D’autre part, il fau- FMS en système miniaturisé mesurés afin de connaître la quantité maxi-
dra veiller à étudier la co-habitation de la Les seize souches candidates sont anony- male de méthane qui puisse être obte-
souche sélectionnée avec la flore endo- misées dans les résultats en vue d’un éven- nue pour ces substrats. Les fioles BMP de
gène, puisque cette dernière peut limiter tuel dépôt de brevet. Elles ont été cultivées 600 ml ont un volume utile de 400 ml, celui-
l’étape de prétraitement (consommation de nouveau en trois lots (ayant lieu à des ci contient le substrat (1,3 g MS/fiole), un
de sucres hydrolysés, limitation de l’im- moments différents dans l’année). Les pré- inoculum de méthaniseur (≈ 3 g MV/L), de
plantation du champignon retenu…). Les traitements ont été réalisés sur trois micro- l’eau, des macro- et micro-éléments ainsi
enjeux du projet consistent à préserver un plaques deep-weel (100 mg/puits soit envi- qu’un tampon bicarbonate afin de s’assurer
maximum de « potentiel d’utilisation de ron 2,5 g/deep-weel). Le substrat (paille de conditions optimales de méthanisation
la biomasse » (bioéthanol, biogaz et syn- stérilisée, broyée à 4 mm) est inoculé avec (voir Monlau et al., 2012 pour la composi-
thons) ; à identifier des conditions de stoc- une quantité standard de champignons tion exacte du milieu).
kage reproductibles et à favoriser la faisabi- et une solution nutritive est ajoutée. Cet Des duplicats ont été réalisés pour la paille
lité industrielle (minimisation des coûts…). ajout d’une source de carbone et d’azote a prétraitée en microplaques deep-weel et des
Le substrat retenu pour l’aspect biogaz est pour but d’assurer le début de croissance triplicats ont été effectués pour les souches
la paille de blé car il s’agit : du champignon. Pour le lot 1, 200 mg de cultivées en colonne FMS. Les fioles sont
– d’un modèle expérimental notamment glucose/g MS de paille et 18,4 mg de ditar- placées à 36 °C sous agitation et le suivi de
parce que la composition de la matière trate d’ammonium/g MS ont été ajoutés tan- la production de biogaz se fait par mesure
100 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - HORS SÉRIE MÉTHANISATION www.revue-ein.com
de pression, jusqu’à la fin de production BMPX, starter et BMPT sont exprimés en de souches d’intérêt est encore réduit (voir
(phase plateau). La mesure de la composi- NmL/g MV prétraitée. encadré noir sur la figure 2) et jusqu’à 20 %
tion du biogaz a été effectuée pour chaque Lors du prétraitement il y a eu des pertes de d’amélioration peuvent être attendus.
relevé de pression avec une analyse par matière (de 10 à 20.5 % selon les souches) Les souches jugées comme non perfor-
micro-chromatographie en phase gazeuse : qui peuvent amoindrir l’efficacité du pré- mantes par rapport au critère Amélio-
Varian GC-CP4900 (voir Motte et al., 2014 traitement pour la conversion du substrat ration 1 appartiennent toutes exclusive-
pour plus de précision). Les valeurs des en méthane, en particulier si les pertes ment au lot 1 (souche B à H), elles ont reçu
volumes sont exprimées dans les condi- concernent les sucres fermentescibles. plus de starter (majoritairement du glu-
tions normales de température et de pres- Afin de considérer cette perte, les BMP ont cose) que les autres. Or, selon Reid et Des-
sion (NmL). été exprimés en NmL/g MS initiale et le champs (1991) le glucose comme co-subs-
ratio Amélioration 2 a été calculé : trat avec une lignine de synthèse limite-
Normalisation des résultats BMP Amélioration 2 = (BMPX - starter)/BMPT rait la délignification. Il est donc possible
Étant donné les deux concentrations dif- avec BMPX, starter et BMPT en NmL/g MS que la plus grande quantité de glucose
férentes de solution nutritive et les trois initiale reçue par le lot 1 ait limité la performance
séries de BMP, il a été choisi de normaliser des souches concernées. Des tests com-
les résultats pour pouvoir comparer tous les Résultats et discussions plémentaires sont cependant nécessaires
échantillons entres eux. Une correction du pour confirmer ou infirmer l’effet du glu-
BMP de la paille traitée (BMPX) est effectuée Échantillons issus des cultures FMS cose sur la délignification dans nos condi-
pour gommer l’effet de la solution nutritive. en microplaques deep-weel tions de culture. Il faut donc néanmoins
Cette correction est justifiée car la solution La figure 1 montre l’amélioration du poten- rester prudent quant à l’interprétation des
a été transformée en champignon (BMP tiel méthane par rapport à la paille témoin résultats du lot 1 en microplaques deep-
élevé) ou est restée sur la paille mais dans et rapportée à la matière volatile de pailles weel (souches B à H).
tous les cas, elle correspond à une biomasse prétraitées. Certaines souches ont un ratio
facilement dégradable. De plus, l’écart entre Amélioration 1 inférieur à un. Elles ont Comparaison avec les échantillons
le BMP de la paille témoin (BMPT) et le BMP donc un BMP moindre que celui de la paille issus des cultures FMS en colonnes
de la paille témoin avec starter correspond non traitée, il est possible que les consom- Afin de compléter les premières analyses,
à la quantité théorique de méthane attendue mations de cellulose et hémicelluloses d’autres essais de FMS ont été réalisés
pour le starter (données non montrées). Les aient été trop importantes, cette hypo- à plus grande échelle et avec les mêmes
BMP sont ensuite normalisés par rapport thèse devant être vérifiée. Ces souches conditions d’ajout de glucose (Tableaux I et
au BMP de la paille témoin pour calculer le ne semblent donc pas présenter d’intérêt II). Afin de pouvoir comparer ces résultats
ratio Amélioration 1 : vis-à-vis de l’objectif. D’un autre côté, les avec ceux obtenus en microplaques, l’amé-
Amélioration 1 = (BMPX - starter)/BMPT souches dont la valeur haute de l’écart-type lioration du BMP est exprimée comme
avec BMPX : BMP de la paille prétraitée par est supérieure à un sont intéressantes (voir suit : (BMPX – BMPT) /BMPT.
la souche X ; encadré noir sur la figure 1). Il peut être Dans ces conditions, certaines souches du
starter : quantité théorique de méthane pro- observé jusqu’à 40 % d’amélioration. lot 1 paraissent intéressantes c’est notam-
duite à partir de la solution nutritive ; Si l’on tient compte de la perte de matière ment le cas des souches G et F, ce qui
BMPT : BMP de la paille témoin. grâce au ratio Amélioration 2, le nombre semblerait démontrer l’effet négatif d’une
Tableau I : BMP et amélioration apportée Tableau II : BMP et amélioration apportée
pour des pailles prétraitées en colonnes rapportés pour des pailles prétraitées en colonnes
à la MV 1 rapportés à la MS initiale 1
BMP BMP
Amélioration Amélioration
Souches (NmL CH4/g MV Ecart-type Souches (NmL CH4/g MS Ecart-type
(%) (%)
prétraitée) initiale)
E 178 17 –7 158 15 – 14
Témoin 192 9 A 162 1 – 12
A 202 2 5 N 163 12 – 11
I 204 3 6 J 167 3 –9
J 224 9 16 Témoin 184 9
G 232 3 17 G 185 2 0.6
N 245 18 21 I 191 8 4
F 258 8 28 F 210 7 14
Références bibliographiques
ADEME (2006). Étude de marché sur l’utilisation in Environmental Science and Technology, 43(3), Canadian Journal of Botany, 69(1), 147–155.
des biocombustibles dans les secteurs industriels 260–322. Sánchez, C. (2009). Lignocellulosic residues:
et agricoles. Monlau, F., Sambusiti, C., Barakat, A., Guo, X. M., Biodegradation and bioconversion by fungi. Bio-
Chandler, J. A., & Jewell, W. J. (1980). Predicting Latrille, E., Trably, E., … Carrere, H. (2012). Predictive technology Advances, 27, 185–194. doi:10.1016/j.
methane fermentation biodegradability (p. 234). Solar models of biohydrogen and biomethane production biotechadv.2008.11.001
Energy Research Institute. based on the compositional and structural features Tian, Z., Fang, F., & Guo, X. (2012). Impact and
Hammel, K. E. (1997). Fungal Degradation of Lignin. of lignocellulosic materials. Environmental Science prospective of fungal pre-treatment of lignocellu-
In G. Cadisch & K. Giller (Eds.), Plant litter quality and & Technology, 46(21), 12217–25. doi:10.1021/ losic biomass for enzymatic hydrolysis, 335–350.
decomposition (pp. 33–47). es303132t doi:10.1002/bbb
Lesteur, M., Bellon-Maurel, V., Gonzalez, C., Latrille, Motte, J.-C., Escudié, R., Beaufils, N., Steyer, J.-P., Vassilev, S. V, Baxter, D., Andersen, L. K.,
E., Roger, J. M., Junqua, G., & Steyer, J. P. (2010). Bernet, N., Delgenès, J.-P., & Dumas, C. (2014). Mor- Vassileva, C. G., & Morgan, T. J. (2012). An
Alternative methods for determining anaerobic bio- phological structures of wheat straw strongly impacts overview of the organic and inorganic phase com-
degradability: A review. Process Biochemistry, 45(4), its anaerobic digestion. Industrial Crops and Products, position of biomass. Fuel, 94, 1–33. doi:10.1016/j.
431–440. doi:10.1016/j.procbio.2009.11.018 52, 695–701. doi:10.1016/j.indcrop.2013.11.038 fuel.2011.09.030
Monlau, F., Barakat, A., Trably, E., Dumas, C., Steyer, Reid, I. D., & Deschamps, A. M. (1991). Nutritional Wan, C., & Li, Y. (2012). Fungal pretreatment
J.-P., & Carrère, H. (2013). Lignocellulosic Materials regulation of synthetic lignin (DHP) degradation by the of lignocellulosic biomass. Biotechnology
Into Biohydrogen and Biomethane: Impact of Struc- selective white-rot fungus Phlebia (Merulius) tremel- Advances, 30(6), 1447–57. doi:10.1016/j.bio-
tural Features and Pretreatment. Critical Reviews losa : effects of glucose and other cosubstrates. techadv.2012.03.003
A
vec l’augmentation actuelle de limité le développement de cette technolo- lules/ml et la production de chlorophylle a,
la taille de la population mon- gie (Rawat et al, 2013). pigment majoritaire de la photosynthèse,
diale et la course acharnée vers La digestion anaérobie représente une ont été décrites par Saidane-Bchir et al.,
la recherche de la technologie et le confort, alternative prometteuse pour la produc- en 2011. Les cultures ont été réalisées
la demande et l’utilisation globale des car- tion de bioénergie. Ce procédé est rendu pendant 20 jours en conditions statiques,
burants, surtout d’origine fossile n’a cessé d’autant plus intéressant par l’apparition non stériles et à température de l’ordre de
d’augmenter. Ces carburants sont carac- du système à deux étages constitué d’une 18-20 °C.
térisés par un coût d’exploitation relati- digestion anaérobie couplée à la culture de L’analyse de la composition du digestat en
vement faible. Cependant, l’épuisement cellules algales (figure 1). minéraux après culture des microalgues a
imminent des plus grandes sources mon- Une limitation technico-économique s’im- été réalisée par spectrophotométrie d’ab-
diales ainsi que la détérioration attestée pose pour ce type de couplage et qui se sorption atomique.
de l’environnement ont détourné l’atten- manifeste au niveau de la culture et de la
tion vers la recherche de nouvelles sources bio-méthanisation des microalgues (Ras et Résultats et discussion
d’énergie renouvelables et non polluantes al, 2011). Nos travaux sont focalisés sur la L’isolement de microalgues a été réalisé
(Hamdi, 2010). sélection des souches de microalgues qui directement sur le digestat d’abattoir après
Le développement de bioénergies d’origine peuvent se développer sur le digestat dans exposition à la lumière. La culture sur
végétale a permis de trouver une alterna- le but de les recycler pour améliorer les milieu BBM solide a permis de purifier et
tive à cette course acharnée vers la produc- rendements de biogaz. d’isoler la souche obtenue. La caractéri-
tion d’énergie. Cependant, plusieurs pro- sation morphologique et l’utilisation des
blèmes ont freiné cet apogée. D’une part, Matériel et méthodes clés d’identification ont permis d’identi-
le problème environnemental dû à l’utilisa- L’optimisation de la culture de la souche fier la souche comme étant une Spongio-
tion massive des pesticides et d’autre part, de l’espèce Spongiochloris sp a été réali- chloris sp.
la crise alimentaire et la flambée des prix, sée par addition des minéraux au diges- Le plan d’Hadamard comporte 11 facteurs
conséquence flagrante de la compétition tat. Cette partie comporte deux principales (KH2PO4, K2HPO4, CaCl2, MgSO4, NaNO3,
pour les terrains agricoles. étapes : une pondération des éléments Na 2EDTA, FeSO 4, H 3BO 3, ZnSO 4, MnCl 2
Les cinq dernières années, la recherche ayant une importance pour la culture via le and NaHCO3) et 12 expériences ont mon-
s’est focalisée sur la production de biodie- plan d’Hadamard suivi d’une optimisation tré que l’addition de FeSO4 et de NaHCO3
sel à partir des microalgues. Cependant, de la concentration des facteurs influents (source de carbone) semble avoir une
les coûts de revient élevés, 4-20 €/Kg, et en utilisant le plan factoriel fractionnel 27-4. forte influence sur les trois réponses étu-
les problèmes techniques rencontrés ont L’estimation des MES, du nombre de cel- diées suivis du MgSO4 (le Mg étant l’atome
www.revue-ein.com HORS SÉRIE MÉTHANISATION - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - 103
rendement et/ou de la composition du bio-
gaz (Sialve et al., 2009) et qui est surtout
due à l’augmentation du rapport C/N (Ehi-
men et al., 2011). Ce procédé présente aussi
un impact positif sur l’environnement où
le digestat collecté du premier étage sera
épuré de manière biologique avec émission
de très faible pollution liquide et/ou gazeuse.
La culture de ces microalgues a été pos-
sible et performante en conditions non sté-
riles, donc pas de nécessité de coûts sup-
plémentaires pour le traitement thermique
du digestat. Cette complémentarité algue-
bactérie est surtout due à l’échange gazeux
O2/CO2 entre les deux microorganismes, ce
qui aide les bactéries à minéraliser la pol-
lution organique résiduelle et favorise la
croissance des microalgues (McGriff and
McKinney, 1972). De plus, un effet bac-
téricide de certaines espèces de microal-
gues a été rapporté dans plusieurs travaux
(Oswald, 2003 ; Schumacher et al., 2003) ce
qui représente un avantage supplémentaire
Figure 1 : Couplage de la digestion anaérobie et la culture de microalgues. très recherché pour l’épuration microbiolo-
gique des effluents liquides.
central de la molécule de chlorophylle importante dans le digestat d’abattoir. Le L’addition de certains minéraux en faibles
a) et du Na2EDTA (chélateur du fer). Le processus d’absorption est dû en fait, à un quantités de l’ordre de quelques milli-
MnCl2, le NaNO3 et le K2HPO4 présentent échange d’ions à travers les polysaccha- grammes par litre (Saidane-Bchir et al.,
des coefficients globalement positifs mais rides de la paroi cellulaire (Hammouda et 2011) a permis de multiplier la production
de moindre importance que les précédents. al, 1995). de microalgues par 4 après optimisation de
Les facteurs retenus avec la matrice d’Ha- Après culture des microalgues, le rejet la concentration en carbone, fer et magné-
damard : NaHCO3, K2HPO4, MgSO4, NaNO3, a aussi subi une décoloration. Ceci a sium dans le digestat d’abattoir.
Na2EDTA, FeSO4 et MnCl2 ont pu être opti- donc permis non seulement la culture de En plus de la production de biomasse,
misés en utilisant le plan 27-4. microorganismes à haute valeur ajoutée les microalgues sont connues pour leur
La production de biomasse et la syn- mais aussi d’épurer le digestat d’abattoir. absorption des minéraux ce qui permet
thèse de chlorophylle ont également aug- Cette épuration est due à la consommation l’épuration chimique du digestat. Plusieurs
menté. Le plan factoriel 27-4 a donc permis par les microalgues des nutriments (miné- publications scientifiques ont montré cet
de mettre en évidence l’importance d’uti- raux, phosphore, azote…) qui étaient pré- effet où les taux d’absorption ont dépassé
liser une teneur en FeSO4 aux alentours sents dans le milieu. les 90 % pour plusieurs minéraux tels que
de 5 mg/L. Par la suite, la variation de la La culture de microalgues sur le digestat le fer, le cuivre, le manganèse, le sodium et
teneur en fer entre 5 et 8 mg/L a permis d’abattoir a permis, non seulement d’épu- le potassium (Hammouda et al., 1995 ; Sai-
d’améliorer ces résultats en atteignant 53. rer cet effluent, mais aussi de trouver une dane-Bchir et al., 2011).
105 cellules par ml, 1 850 mg/L de biomasse alternative peu chère pour la culture de ces La valorisation de la biomasse obtenue per-
et jusqu’à 65 mg/L de chlorophylle avec microorganismes à haute valeur ajoutée, met de mettre en avant encore plus l’utilité
6,5 mg/L de FeSO4, c’est-à-dire qu’on a pra- même si on est obligé d’ajouter quelques de ce couplage. En effet, des microalgues
tiquement doublé les rendements en opti- minéraux pour améliorer les rendements. riches en lipides, surtout les acides gras
misant la teneur en fer. En effet, ces cellules étant riches en chlo- saturés, peuvent permettre la production
L’analyse des minéraux du digestat d’abat- rophylle et en carbohydrates (60-80 % par de biodiesel de haute qualité avec récupé-
toir avant et après culture a montré que le rapport à la matière sèche) ont aussi été ration et digestion anaérobie des résidus
minimum a été obtenu pour le Zinc avec utilisées avec succès pour la production cellulaires (Ehimen et al., 2011).
seulement 28.68 % d’élimination. Pour les de bioéthanol ce qui augmente encore plus De plus, des souches riches en carbohy-
autres éléments analysés, les taux d’élimi- leur valeur et nous pousse à optimiser et à drates ont été découvertes et utilisées pour
nation ont été assez intéressants puisqu’ils améliorer leur culture. la production de bioéthanol avec des ren-
ont varié entre 69.2 % (pour le calcium) et Le couplage entre culture de microalgues dements qui dépassent 40 % par rapport à
98.59 % (pour le potassium). Ceci indique et digestion anaérobie est très important la matière sèche. Ces souches sont aussi
donc qu’il y a eu une épuration chimique dans la mesure où on a une amélioration du caractérisées par un rendement C/N élevé,
104 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - HORS SÉRIE MÉTHANISATION www.revue-ein.com
d’où leur grand intérêt pour la méthanisa- faible teneur en C/N (Sialve et al., 2009). de biogaz et de biomasse à haute valeur
tion, ce qui permet d’augmenter les rende- Le couplage entre microalgues et diges- ajoutée. Ces deux dernières années, nos
ments en biogaz et/ou en CH4 dans le bio- tion anaérobie représente une solution recherches se sont focalisées pour déve-
gaz (Ward et al, 2014). Les microalgues fiable pour un traitement total (chimique lopper ce procédé afin de trouver la meil-
riches en protéines présentent des limita- et microbiologique) des effluents liquides leure configuration technologique et d’op-
tions pour la méthanisation à cause de la avec double valorisation par la production timiser les conditions opératoires. n
Références bibliographiques
• Saïdane Bchir, F. Gannoun, H. El Herry, S. Ecotox. Environ. Safety 31, 205–210. 2003.Bacteria reduction and nutrient removal
Hamdi, M. 2011. Optimization of Spongiochloris • McGriff Jr., E.C., McKinney, R.E., 1972. The in small wastewater treatment plants by an
sp. biomass production in the abattoir diges- removal of nutrients and organics by activated algal biofilm. Water Sci. Technol. 47, 195–202.
tate Bioresource Technology, 102, 4, 3869 algae. Water Res. 6, 1155–1164. • Sialve, B., Bernet, N., Bernard, O., 2009.
– 3876. • Oswald, W.J., 2003. My sixty years in applied Anaerobic digestion of microalgae as a neces-
• Ehimen, E.A. Sun, Z.F. Carrington, C.G. Birch, algology. J. Appl. Phycol. 15, 99–106. sary step to make microalgal biodiesel sustain-
E.J. Eaton-Rye, J.J. 2011. Anaerobic digestion • Ras, M. Lardon, L. Bruno, S. Bernet, N. able. Biotechnology Advances 27, 409–416.
of microalgae residues resulting from the bio- Steyer, J.P. 2011. Experimental study on a • Uggetti, E., Sialve, B., Latrille, E., Steyer,
diesel production process. Applied Energy 88, coupled process of production and anaerobic J.P., 2014. Anaerobic digestate as substrate
3454–3463. digestion of Chlorella vulgaris, Bioresour. Tech- for microalgae culture: The role of ammonium
• Hamdi M (2010) Oxygen regulator element nol. 102 200–206. concentration on the microalgae productivity
to reduce the climate change:the oxygen users • Rawat, I. Ranjith Kumar, R. Mutanda, T. Bioresour. Technol. 152, 437-443.
must pay those who produce it. Rev Environ Sci Bux, F. 2013. Biodiesel from microalgae: a • Ward, A.J. Lewis, D.M. Green. F.B. 2014.
Biotechnol. 9, 3, 187-192 critical evaluation from laboratory to large scale Anaerobic digestion of algae biomass: A
• Hammouda, O., Gaber, A., Abdel-Raouf, N., production, Appl. Energy 103, 444–467. review. Algal Res. http://dx.doi.org/10.1016/
1995. Microalgae and wastewater treatment. • Schumacher, G., Blume, T., Sekoulov, I., j.algal.2014.02.001
La méthanisation
des fumiers,
le procédé Ducelier-Isman
Theoleyre Marc-André
Ecole Centrale
D
ans les années 40-50, la métha- ont obtenus au cours des campagnes 1986- ser 2,3 m.
nisation des fumiers a été étu- 1987 sur le site expérimental de la ferme La cuve doit répondre à 3 impératifs tech-
diée à l’école d’agriculture d’Al- expérimentale de Boigneville (78). niques :
ger par les professeurs Isman et Ducellier. – Solidité : Les cuves sont réalisées en
Après le deuxième choc pétrolier, au début L’installation pilote béton armé vibré, parois et portes sont cal-
des années 80, les instituts techniques agri- de Boigneville culées pour encaisser une poussée équiva-
coles se sont intéressés à la production Les principes de base, retenus pour la lente à 2,3 m de hauteur d’eau.
de gaz à partir des sous-produits de l’ac- conception de cette installation étaient : – Étanchéité aux liquides et aux gaz.
tivité agricole. À l’ITCF, aujourd’hui Arva- – Aération des fumiers en place pour – Isolation thermique soignée pour mainte-
lis, Hubert Monrocq et Jean Pregermain, emmagasiner rapidement une grande quan- nir une température intérieure de 30 à 40 °C.
se sont intéressés à la méthanisation des tité de chaleur et chauffer de façon homo- L’installation pilote de Boigneville était
substrats solides, fumiers, en partant des gène l’ensemble de la masse. constituée de deux méthaniseurs de 15 m3
travaux d’Isman et Ducelier. Ce sont leurs – Immersion totale du fumier en utilisant chacun, 13 m3 utile, du type silo couloir
travaux, financés et publiés par l’AFME (ex un pied de cuve qui assure la mise en anaé- fermé par une porte étanche.
ADEME) qui sont présentés ici. robiose rapide, l’ensemencement et l’ho- Le chargement et le déchargement se font
Les principes de base définis par les concep- mogénéisation des conditions de milieu avec une fourche hydraulique. Des caille-
teurs du procédé étaient les suivants : (température…). bottis bovins ou rainurage en fond de cuve
– Le procédé doit être simple, fiable et Le matériel courant d’une exploitation doit permettent l’aération initiale.
reproductible. pouvoir pénétrer dans la cuve pour la rem- La cuve est fermée par un couvercle amo-
– Le matériel classique de l’exploitation plir et la vider. Elle doit donc être équipée vible pour la récupération du gaz, l’étan-
agricole doit suffire à la manutention des d’une porte d‘au moins 2,5 m de large. Le chéité est assurée par un joint d’eau. Le
produits. remplissage total étant effectué une fois la fumier est maintenu immergé par des barres
Les résultats présentés ici sont ceux qu’ils porte fermée, la hauteur ne doit pas dépas- anti-flottaison, placées sous le couvercle.
Figure 1: a : vue de l’intérieur d’un silo, réservations pour la distribution de l’air, b : déchargement d’un fermenteur.
Contrôle de la température,
la préfermentation aérobie
L’aération d’un fumier humide provoque une Figure 4 : Evolution des températures à différentes hauteurs, en cours de ventilation et après
réaction fortement exothermique, elle est l’immersion.