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Politiques et management public

Aux frontières du secteur public et du secteur privé : les filiales des


entreprises publiques
Lucien Rapp

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Rapp Lucien. Aux frontières du secteur public et du secteur privé : les filiales des entreprises publiques. In: Politiques et
management public, vol. 5, n° 3, 1987. Public, privé : espaces et gestions. Actes du Second colloque international - Lyon -
15/16 décembre 1986 (deuxième partie) - Incertitude des pratiques. pp. 61-82;

doi : https://doi.org/10.3406/pomap.1987.1959

https://www.persee.fr/doc/pomap_0758-1726_1987_num_5_3_1959

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AUX FRONTIERES DU SECTEUR PUBLIC


ET DU SECTEUR PRIVE :
LES FILIALES DES ENTREPRISES PUBLIQUES
Lucien RAPP*

Résumé L'apparition d'un nombre croissant de filiales d'entreprises publiques, dans tous les
pays, notamment depuis le début des années soixante, a contribué à faire
disparaître les frontières du secteur public et du secteur privé.

Si leur création s'inscrit fréquemment dans le cadre de stratégies de


croissance, qui ont pour conséquence l'extension des frontières du secteur public, au
détriment du secteur privé, elle correspond aussi à la nécessité d'une privatisation
accrue du régime juridique et des méthodes de gestion des entreprises publiques.

Leur gestion et leur contrôle ont amené un grand nombre d'entreprises publiques
à se doter de structures de groupes qui rapprochent les modalités du
management des entreprises publiques de celles des entreprises privées, particulièrement
sur le plan international.

Elles sont aujourd'hui au centre du mouvement général de privatisation qui


conduit un grand nombre de gouvernements, pour des raisons principalement
financières, à transférer la propriété de plusieurs de leurs entreprises publiques
au secteur privé.

* Université de Montpellier I - France


Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 5, n°3. Septembre 1987
© Institut de Management Public - 1987
62 Lucien RAPP

1 . La convergence du secteur public et du secteur privé est particulièrement illustrée


par le développement au début des années 60, et plus encore, l'importance
croissante au cours des vingt-cinq dernières années, de filiales d'entreprises
publiques (1).

2. Il s'agit de sociétés, le plus souvent créées par leurs entreprises publiques-mères,


pour les besoins de leurs activités, et qui associent fréquemment des capitaux
publics et des capitaux privés.

3. Le phénomène n'est pas nouveau puisque les nombreux "offices" créés entre les
deux guerres, comptaient déjà quelques filiales (2) ; il n'est mâme pas surprenant,
les statuts de toutes les entreprises publiques prévoyant, selon une formule-type
reprise de ceux des entreprises du secteur privé, que leur objet social peut être
réalisé, directement ou indirectement, notamment par la création de sociétés filiales
ou la prise de participations financières.

Ce qui est nouveau -et peut surprendre- c'est que le nombre des filiales des
entreprises publiques se soit accru dans des proportions aussi importantes depuis
le début des années soixante.

4. Sans doute n'existe-il pas de recensement officiel des filiales des entreprises
publiques, aussi bien en France qu'à l'étranger d'ailleurs. Un tel recensement
supposerait d'abord que l'on ait défini "l'entreprise publique" et "la filiale", ce que l'on
n'a pas encore fait dans de nombreux Etats, autrement que par des décisions
jurisprudentielles (3) ou des reflexions doctrinales (4). Il nécessiterait surtout la
création d'une cellule administrative permanente, chargée de comptabiliser les
sociétés du secteur public en tenant compte des "entrées" dans le secteur public
c'est-à-dire des prises de contrôle de sociétés existantes ou des créations de
sociétés nouvelles, et des "sorties", notamment les cessions de participations
financières publiques au secteur privé (5).

5. A défaut d'un recensement exhaustif, on dispose de quelques indications


chiffrées, établies en France notamment, à partir des informations contenues depuis
1958, dans la Nomenclature des Entreprises Nationales, à caractère industriel ou
commercial et des sociétés d'économie mixte d'intérêt national (6) publiée tous les
deux ans, et plus récemment, depuis 1982, fournies par le Haut Conseil du Secteur
Public (7).

6. Il en résulte que, si le nombre des entreprises publiques-mères ne s'est pas accru


de manière très significative depuis la fin des années cinquante, par contre le
nombre des filiales recensées à pris proportionnellement une importance
croissante. C'est ainsi que le rapport filiales/entreprises-mères, qui était de 1 ,62 en 1 958,
a atteint 2,28 en 1960, 2,85 en 1965, 4,20 en 1970 et 4,92 en 1975 (8)...
Aux frontières du secteur public 63
et du secteur privé :
les filiales des entreprises publiques

7. Ce rapport de 5 filiales pour 1 entreprise-mère peut-être également retenu pour


une période récente (1975-1985), en l'absence d'une mesure statistique plus
précise du phénomène. En effet, s'il est vrai qu'après 1 975 les entreprises
publiques confrontées à de très graves problèmes économiques et financiers ont
tendance à recentrer leurs activités et à réduire le nombre de leurs filiales, ce
mouvement est plus que compensé par les nationalisations de 1982 qui ont
profondément étendu le champ d'application du secteur public (9).

8. Or cet accroissement considérable du nombre des filiales -que l'on peut observer
avec des proportions comparables dans la plupart des autres pays du monde
occidental (1 0) et même dans les pays de l'Est de l'Europe (1 1 ) ou de manière plus
récente dans les pays en développement (12) - dissimule en fait une véritable
mutation des structures et des méthodes de gestion des entreprises du secteur
public.

. Mutation qui traduit la "vitalité" et le dynamisme des entreprises du secteur


public, en même temps qu'elle exprime la nécessité pour elles de rechercher
des formes juridiques d'intervention plus proches de celles du secteur privé
parce qu'elles seules sont compatibles avec les exigences d'une gestion
industrielle et commerciale, et surtout d'une compétition internationale
accrue.

.Mutation qui, du fait de l'inadaptation du droit, soulève aussi de nombreux


problèmes juridiques, de très grande importance, parce qu'ils conduisent à
s'interroger sur l'utilité du secteur public, sa fonction au service de la
collectivité, sa place par rapport au secteur privé.

9. Ce sont ces mutations et les problèmes qu'elles posent, notamment d'un point de
vue juridique et de gestion (1 3) que l'on voudrait analyser, en évoquant
successivement :

- les constitutions de filiales d'entreprises publiques et les stratégies dans


lesquelles elles s'inscrivent,

- la gestion des filiales et les évolutions de structures qu'elles provoquent,

- leurs opérations de cession enfin, dans le contexte général des politiques


de privatisation des entreprises publiques engagées dans de nombreux
Etats.
* *
*
64 Lucien RAPP

Constitution de filiales 1 0. Les constitutions de filiales d'entreprises publiques s'inscrivent dans le cadre de
et stratégies des stratégies d'entreprises très comparables à celles d'entreprises privées (A), mais
entreprises publiques (14) elles soulèvent, étant donné la nature des intérêts en cause, des problèmes de
contrôle très délicats à résoudre (B).

1 1 . A) En constituant des filiales, les entreprises publiques poursuivent en fait deux


types de stratégies différentes : des stratégies de croissance très proches de celles
du secteur privé et des stratégies de décentralisation de leurs structures, qui
s'expliquent très souvent par les contraintes particulières qui pèsent sur leur gestion.

12. 1°) Comme leurs homologues du secteur privé, les dirigeants des entreprises
publiques ont le souci de développer et par conséquent d'étendre les dimensions de
leurs entreprises. Ils y sont d'autant plus portés qu'ils sont fréquemment sans
directives de la part de leurs Pouvoirs Publics de tutelle et qu'ils ont alors tendance
à interpréter leur mission au service de l'intérêt général, dans le sens de la
croissance des entreprises qu'ils dirigent (15).

13. Croissance par la création de filiales de diversification tout d'abord. Il est ainsi
très significatif de constater que les entreprises publiques présentent actuellement
toutes les formes de diversification possibles : intégration horizontale, puis verticale,
diversification concentrique et même diversification de type conglomérai (16).

14. Certes, beaucoup ne connaissent encore que l'un de ces stades du processus
de diversification, mais certains en ont déjà accompli le cycle complet (17), montrant
ainsi que la nature particulière des entreprises publiques et les contraintes qui
pèsent sur leur gestion ne font pas obstacle à ce qu'elles étendent leurs activités.

15. Croissance également par l'internationalisation progressive des activités des


entreprises publiques dont les filiales sont là encore l'instrument essentiel. Il est ainsi
très intéressant d'observer que le nombre de filiales implantées à l'étranger s'est
accru dans des proportions très sensibles pour certaines entreprises publiques, au
point de décupler pour certaines d'entre elles, au cours des vingt-cinq dernières
années, et de représenter une part désormais majoritaire de leurs portefeuilles de
participations financières (18).

Par leur intermédiaire notamment, les entreprises publiques-mères réalisent ainsi


une part croissante de leur chiffre d'affaire à l'extérieur des frontières nationales,
cependant que pour gérer leurs actifs, très diversifiés géographiquement, quelques
unes n'hésitent pas à adopter les méthodes de gestion des multinationales privées,
en créant par exemple des chambres de compensation ou des holdings financières
de droit suisse (19).
Aux frontières du secteur public 65
et du secteur privé :
les filiales des entreprises publiques

16. Il en résulte désormais une catégorie nouvelle d'entreprises publiques, les


multinationales publiques (20), d'autant plus originale que le propre d'une
multinationale , est de rester la propriété de son Etat d'origine.

Qu'elles appartiennent à des pays industrialisés ou à des pays en développement,


ces multinationales publiques occupent aujourd'hui une place importante dans
l'économie mondiale, au point que, dans les classements annuels de
l'hebdomadaire américain "Fortune", elles sont depuis plusieurs années
régulièrement au moins six parmi les cinquante premières entreprises mondiales,
par le chiffre d'affaire consolidé (21).

2°) Au-delà de ces stratégies de croissance, ce sont encore des stratégies de


décentralisation de leurs structures que les entreprises publiques poursuivent en
filialisant des départements internes devenus autonomes (22).

17. Tantôt, l'opération


d'"autonomisation" progressive
de finalisation
d'un est
service
la conséquence
ou d'un département,
logique d'unconduit
processus
par
étapes, et que la superposition de différents organigrammes de l'entreprise-mère
correspondant à des époques différentes permet d'identifier (23). Le service a
d'abord été créé par regroupement d'activités autour d'une même ligne de
produits, d'un même marché spécifique ou d'une même zone d'intervention. Puis il
a été érigé en une branche autonome, placée sous l'autorité d'un directeur de
branche, fréquemment appelé "délégué de branche" parce qu'il a bénéficié
d'importantes délégations de pouvoirs. Enfin, pour des raisons fiscales (BIC, TVA),
commerciales (recherche d'une clientèle extérieure) ou financières (emprunt,
association avec des capitaux privés ou étrangers), il a été finalement transformé en une
société juridiquement distincte de l'entreprise-mère.

18. Tantôt, la finalisation s'inscrit dans le cadre de l'aménagement des structures


d'un groupe, suffisamment important par le nombre des filiales ou la diversification
de ses activités et de ses implantations géographiques, pour que l'entreprise-mère
soit contrainte de créer des holdings intermédiaires dont la mission est de contrôler
et de coordonner l'activité de filiales d'un même secteur (24).

L'entreprise publique-mère se concentre alors sur son activité principale, si elle l'a
conservée, ou évolue elle-même vers la forme juridique d'une société holding
n'exerçant plus directement d'activités productives qu'elle a déléguées à ses
propres filiales et sous-filiales.

1 9. L'analyse de ce second type de stratégies, observées sur plusieurs entreprises


publiques, permet de dire que les entreprises publiques y recourent d'autant plus
facilement qu'elles sont soumises à de très fortes contraintes de Service Public
(25), ce qui conduit à affirmer que ces stratégies de finalisation sont fréquemment
le moyen que possèdent les entreprises publiques d'échapper à un statut juridique,
66 Lucien RAPP

jugé trop contraignant et de trouver des formes d'intervention beaucoup plus


souples et par conséquent plus compatibles avec les exigences d'une gestion
industrielle et commerciale.

Ces stratégies ne sont évidemment acceptables de la part d'entreprises publiques


que si elles restent soumises au contrôle de la Puissance Publique.

B) Ce contrôle doit être exercé à deux niveaux au moins : au niveau de ces


stratégies sans doute, mais aussi au niveau des filiales qui en sont issues.

20. 1°) Le contrôle des stratégies d'entreprises publiques est généralement assuré
par les procédures d'autorisation préalable auxquelles sont soumises les opérations
de créations de filiales et de prises de participation financière des entreprises
publiques, dans tous les Etats (26).

21 . Ces procédures sont évidemment très peu compatibles avec les exigences de
rapidité, de souplesse et également de confidentialité qu'impose ce type
d'opérations. Elles le sont d'autant moins que le système juridique en vigueur ou la
Constitution, comme en France, exigent une autorisation législative pour certaines
d'entre elles qui ont pour objet ou pour effet un transfert de propriété d'entreprise du
secteur public au secteur privé (27).

Elles ont donc fait l'objet d'assouplissements pour tenir compte de ces exigences :

- suppressionde l'autorisation ou limitation aux seules opérations de


diversification proprement dites (28),

- procédure d'autorisation déléguée ou implicite (29),

- définition contractuelle d'un domaine de diversification ou d'une enveloppe


financière correspondant aux opérations que l'entreprise peut conduire sans
autorisation (30).

22. Mais ces assouplissements ne sauraient dispenser les Pouvoirs Publics de


tutelle de définir une véritable politique industrielle qui identifie les objectifs attendus
de chaque entreprise et le rôle qu'elle doit jouer. C'est surtout l'absence d'une telle
politique industrielle, davantage que la lourdeur de procédures d'autorisation
préalables, qui semble avoir considérablement gêné les relations des entreprises
publiques et de leurs autorités de tutelle au cours des vingt cinq dernières années
(31).

23. 2°) Au-delà de ces stratégies, ce sont encore les filiales ainsi créées que les
Pouvoirs Publics doivent contrôler, singulièrement lorsque celles-ci sont issues
d'opérations de démembrement de l'entreprise-mère.
Aux frontières du secteur public 67
et du secteur privé :
ies filiales des entreprises publiques

Le risque est en effet que l'essentiel de l'activité d'une entreprise publique,


transformée en une société holding, échappe de cette façon au contrôle des Pouvoirs
Publics.

24. L'attitude la plus couramment adoptée par les Pouvoirs Publics de tutelle a
consisté à chercher à assimiler les filiales à leurs entreprises publiques, en les
soumettant au même régime juridique qu'elles (32). Mais comme toutes les filiales
ne pouvaient être mises sur le même plan que leurs entreprises-mères, il a fallu
poser des critères et définir des seuils à partir desquels une filiale peut être
considérée comme une entreprise publique.

Pour des raisons de commodité, le critère adopté a été très souvent celui du
contrôle financier quantitatif majoritaire, c'est-à-dire que l'on a considéré qu'une
filiale détenue majoritairement par son entreprise-mère peut être assimilable à elle
et donc soumise au même régime juridique (33) qu'elle.

25. Cette solution s'est révélée tout à la fois arbitraire et inefficace (34).

- Arbitraire, parce qu'elle conduit à distinguer, sans fondement convaincant,


des "filiales-entreprises publiques", dont la majorité du capital social est
entre les mains de leur entreprise publique-mère et des "filiales-entreprises
privées" dont l'entreprise publique-mère ne détient pas la majorité des
actions mais peut contrôler totalement la gestion.

- Inefficace, parce qu'elle a créé une brèche dans le dispositif de contrôle


des entreprises publiques, par laquelle elles ont pu y échapper en toute
impunité. Combien de filiales d'entreprises publiques ont-elles, en effet, été
créées, sous une forme juridique ou avec une composition de capital
soigneusement étudiées, de manière à permettre à l'entreprise-mère
d'échapper aux contraintes juridiques et financières de son statut
d'entreprise publique ?

26. Dès lors la question peut être posée de savoir si le contrôle des filiales ne passe
pas par la reconnaissance de cette entité nouvelle qu'est le groupe public formé par
l'entreprise publique et ses filiales.

Gestion des filiales et 27. La gestion des filiales a rendu nécessaire l'adoption par les entreprises
structures des publiques-mères de structures de groupe (A), qu'à défaut de notion juridique du groupe
entreprises publiques (35) d'entreprise, le droit positif s'efforce de prendre en compte (B).
68 Lucien RAPP

28. A) L'existence d'une structure de groupe se reconnaît, au-delà du nombre des


filiales ou de leurs implantations, au degré de cohésion de l'entreprise-mère et des
sociétés qui lui sont rattachées. Plus cette cohésion est forte, plus le groupe existe.
S'il paraît aujourd'hui difficile de nier l'existence de groupes d'entreprises publiques,
par contre la cohésion entre entreprises publiques-mères et filiales, qui les
identifient, est obtenue par des procédés juridiques plus ou moins évolués selon les
entreprises publiques.

29. 1°) Dans une première catégorie de groupes publics (36), c'est un service
spécialisé, à l'intérieur de l'entreprise publique-mère, qui est chargé de coordonner
l'action des filiales, la vérification de leurs résultats étant assurée par les services
financiers ou comptables compétents. Cette forme d'organisation très rudimentaire
correspond aux groupes publics, de création récente, de dimension réduite et dont
les activités sont encore assez peu diversifiées.

L'entreprise publique-mère y occupe une place dominante, le calcul d'indices de


finalisation tant en termes d'effectifs employés qu'en termes de participation à la
valeur ajoutée du groupe confirmant la place limitée des filiales par rapport à leur
entreprise publique-mère (37).

30. 2°) Dans une deuxième catégorie de groupes d'entreprises publiques (38), dont
les formes d'organisation sont un peu plus évoluées, le travail de coordination et de
contrôle des filiales a été délégué par l'entreprise publique-mère à une ou plusieurs
filiales, qui remplissent les fonctions de sociétés holdings et ont, pour certaines
d'entre elles, le statut d'établissements financiers (38 bis).

Les groupes publics entrant dans cette deuxième catégorie sont généralement des
groupes de création plus ancienne. Ils ont été très rapidement confrontés à la
nécessité de coordonner l'action de nombreuses filiales, exerçant des activités
assez diversifiées. Mais l'entreprise publique-mère continuant d'exercer
directement une activité industrielle ou commerciale, il a semblé opportun de la décharger
de la tâche de coordination et de direction des filiales, ce qui n'exclue pas qu'elle
intervienne dans la gestion et le contrôle des filiales et ne cherche même à orienter
leur développement, dans le sens de la stratégie du groupe (39).

Autant, dans la première forme d'organisation, les sociétés du groupe public


bénéficient d'une autonomie limitée, autant, dans la seconde, la centralisation du
processus de décision est moins importante et la liberté de gestion des filiales
beaucoup plus grande.

31.3°) Enfin une dernière catégorie de groupes publics (40) rassemble ceux dont les
formes d'organisation sont les plus évoluées, parce que l'entreprise publique-mère
s'est elle-même transformée en une société holding, gérant et contrôlant ses filiales
et sous-filiales.
Aux frontières du secteur public 69
et du secteur privé :
les filiales des entreprises publiques

Son rôle est dès lors celui d'un centre de décision unique pour l'ensemble du groupe
public, les filiales et sous-filiales étant en quelque sorte les instruments d'exécution
de la stratégie du groupe, définie par l'entreprise publique-mère.

Cette troisième forme d'organisation n'exclue pas une certaine délégation du


pouvoir de décision stratégique, au profit de branches autonomes ou de holdings
intermédiaires. Elle doit être également compatible avec le contrôle nécessaire des
Pouvoirs Publics de tutelle sur la stratégie du groupe public, ce qui donne, pour
certains groupes d'entreprise publique, une construction de type pyramidal
comportant trois niveaux (41) qui n'est pas sans rappeler les principes d'organisation
des secteurs publics italiens (notamment de l'IRI) ou espagnol (ENI) :

- un niveau de contrôle,
- un niveau d'impulsbn,
- un niveau d'exécution.

Dans ce dernier cas de figure, il est difficile, étant donné le degré de cohésion
obtenu, de ne pas considérer l'ensemble formé par l'entreprise-mère et ses filiales
comme une entité autonome distincte de ses éléments constitutifs, ayant une
stratégie et des contraintes de gestion propres, qui justifient à terme une
reconnaissance juridique.

32. B) En l'état actuel du droit, les groupes d'entreprises publics ou privés sont des
organisations de fait qui n'ont pas d'existence juridique (42), ce qui soulève de
nombreux problèmes de distorsion entre le droit et le fait, qu'à défaut d'un statut des
groupes publics, diverses pratiques juridiques s'efforcent de faire disparaître (43).

33. 1 °) Pratiques administratives tout d'abord, par un aménagement des modalités


du contrôle des entreprises publiques qui prenne en compte le groupe public
qu'elles forment avec leurs filiales, ses exigences de fonctionnement et les
problèmes spécifiques qu'il pose.

. On a indiqué que les techniques de contrôle a priori sont fréquemment supprimées


ou adaptées :

. par une définition restrictive de leur champ d'application,

. par une déconcentration du pouvoir d'autorisation,

. par le développement de véritables contrats de groupes publics, passés


entre leurs dirigeants et les Pouvoirs Publics de tutelle.

De même le contrôle a posteriori est de plus en plus fréquemment exercé dans


l'optique des groupes publics formés par l'entreprise publique-mère et ses filiales
70 Lucien RAPP

(44), notamment à partir de techniques souples, utilisant les méthodes du contrôle


de gestion.

34. 2°) Pratiques jurisprudentielies, en second lieu, comme celles qui conduisent le
juge, qu'il soit administratif, judiciaire ou même financier, à combler les lacunes du
droit en prenant en considération "l'unité économique d'exploitation" que forme
l'entreprise publique-mère et ses filiales, cela, aussi bien dans l'intérêt du groupe
public lui-même, que dans celui de ses créanciers ou de ses salariés.

Il est ainsi particulièrement difficile de priver les salariés d'une filiale du bénéfice de
l'ancienneté qu'ils ont acquise dans l'entreprise publique-mère en continuant
d'appliquer le principe de la dualité de personnes morales, lorsque cette filiale a été
créée par personnification juridique d'un service de l'entreprise publique-mère et
que cette dernière en détient la totalité ou quasi totalité des actions (45).

35. 3°) Pratiques législatives encore, comme celles qui consistent à actualiser les
statuts d'une entreprise publique, pour tenir compte de l'évolution de ses structures
(46).

Il est ainsi anormal que les statuts d'un grand nombre d'entreprises publiques
continuent de décrire leurs structures comme celles de sociétés monolythiques
exerçant directement une activité industrielle ou commerciale et ne comportant que
très peu de filiales alors qu'elles sont devenues de véritables groupes publics,
multinationaux et diversifiés.

De même l'on peut se réjouir pour des raisons évidentes de clarté et de réalisme
juridique que, suivant en cela les recommandations de la Vile directive adoptée le
13 juin 1983 par le Conseil des Communautés Européennes, la plupart des Etats
d'Europe aient étendu à leurs groupes publics l'obligation de présenter des
comptes consolidés de groupe (47).

36. La nécessité de tels aménagements législatifs, jurisprudents, ou


administratifs n'est toutefois pas ressentie par tous les Etats.

Il est en particulier regrettable que, par suite de l'inadaptation du Code de


Commerce, le groupe public tunisien de la SOGITEX, qui est l'un des plus dynamiques
du pays, soit condamné à disparaître, soit au profit d'un organisme administratif,
une agence de secteur directement contrôlée par l'Etat, soit au bénéfice d'une
banque d'affaires privée, dans le cadre d'un processus de privatisation (48).
Aux frontières du secteur public 71
et du secteur privé :
les fHides des entreprises publiques

Cession des filiales et 37. La cession de participations financières, majoritaires ou non, constitue une
privatisation des opération de gestion courante pour une groupe d'entreprise. S'il est normal qu'il
entreprises publiques (49) étende son activité à d'autres secteurs connexes, complémentaires, ou différents,
il est également normal qu'il se retire de ceux qu'il ne juge plus rentables ou qui ne
correspondent plus à sa stratégie. Nécessité qu'exprime de manière très imagée
l'expression de "respiration du secteur public" souvent utilisée en France pour
désigner un projet de loi destiné à faciliter ce type d'opérations (50).

38. Mais la cession de filiales prend aujourd'hui une autre signification dans le
contexte des politiques de privatisation conduites par un grand nombre d'Etats (50
bis). Elle en est en effet l'un des moyens -le plus commode et sans doute aussi le
plus efficace- comme le montre une présentation des différentes techniques de
privatisation utilisées :

- privatisation du capital, de la gestion ou du régime juridique,

- privatisation avec ou sans transfert de propriété d'entreprises,

- privatisation d'entreprises, de groupes d'entreprises ou de secteurs


d'activité.

39. A) Les pays industrialisés et les pays en développement ont une conception
différente de la privatisation d'une entreprise publique : les uns privatisent le capital,
les autres la gestion, quand ils ne sont pas, les uns et les autres, confrontés à la
nécessité de privatiser le régime juridique d'une entreprise publique, avant d'en
ouvrir le capital ou d'en confier la gestion au secteur privé.

Or les filiales sont l'instrument commun de ces trois formes de privatisation.

40. 1°) Dans les pays industrialisés la privatisation d'une entreprise publique
consiste le plus souvent pour l'Etat-actionnaire à céder tout ou partie des
participations qu'il possède dans le capital.

Cette cession -totale ou partielle- peut-être réalisée sous des formes différentes :
- introduction d'actions en bourse,
- offre publique de vente,
- distribution d'actions aux salariés,
- dévolution gratuite d'actions dans le public,
- augmentation de capital social (51).
72 Lucien RAPP

41. Or la privatisation ainsi réalisée, même si elle concerne toutes les actions
détenues par l'Etat, est fréquemment incomplète dès lors que :

- l'Etat conserve une participation majoritaire qui lui donne le contrôle des
organes dirigeants,

- la cession ne porte que sur des démembrements d'actions (titres participatifs,


certificats pétroliers),

- les actions minoritaires de l'Etat sont assorties d'un droit de vote double ou
de droits spéciaux (pouvoir de veto suspensif).

42. Ces précautions ne sont pas nécessaires lorsque la privatisation d'une


entreprise concerne ses actifs et notamment les participations financières qu'elle détient
dans le capital des filiales. A l'exception des autorisations administratives exigées,
l'opération se déroule suivant les règles du droit commun, sous un régime de
privatisation totale.

43. 2°) Dans les pays du Tiers-Monde, notamment en Afrique Noire sub-saharienne
(52) une solution fréquemment retenue consiste à confier la gestion d'une entreprise
publique, dont l'Etat conserve la propriété, à une société privée ou étrangère.
Deux types de contrats peuvent être passés, de gestion ou de gérance, suivant que
la société privée concessionnaire assume la gestion pour son compte et à ses
risques et périls (contrat de gestion) ou pour le compte de l'Etat concédant qui
conserve les risques de l'exploitation et doit rémunérer, en toute hypothèse, le
travail du concessionnaire (contrat de gérance).

44. La conclusion de tels contrats n'est pas sans soulever de nombreux problèmes
dont l'un des plus importants est posé par le recours éventuel des créanciers de l'une
des parties contre l'autre (53).

45. La filialisation d'une entreprise publique par la cession de tous ses actifs à des
filiales, éventuellement à capitaux privés majoritaires, permet d'obtenir un résultat
équivalent : la gestion d'un certain nombre d'activités publiques par des intérêts
privés, et cela avec des risques moins importants puisque l'entreprise-mère, qui
peut conserver la propriété nominale des actifs cédés, dans le cadre d'un contrat de
location ou de mise à disposition par lequel elle en laisse l'usage et la jouissance à
ses filiales, reste contrôlée par l'Etat.

46. Ce dernier type de montage a du reste été utilisé à différentes reprises au


Canada (54) pour réduire les problèmes soulevés par la privatisation d'un certain
nombre de sociétés de la Couronne, dont l'Etat fédéral souhaitait continuer de
contrôler les activités.
Aux frontières du secteur public 73
et du secteur privé :
les filiales des entreprises publiques

47. 3°) A défaut de privatisation du capital ou de la gestion d'une entreprise


publique, il peut être nécessaire de rapprocher le régime juridique d'une entreprise
publique de celui de ses concurrents privés.

La privatisation du régime juridique d'une entreprise publique est toujours une


opération délicate, ne serait-ce que parce qu'elle implique très souvent le vote d'une
loi, notamment lorsqu'elle consiste en la transformation d'un établissement public
en une société commerciale de droit privé (55).

Le même résultat peut être obtenu dans des conditions de souplesse totale par la
filialisation de départements autonomes ou d'unités de production indépendantes,
opération qui réalise une triple privatisation :

- du régime juridique d'abord, puisque la filiale est une société de droit privé,

- de la gestion, puisqu'elle a vocation à se développer de manière autonome


et peut par exemple bénéficier de sources de financement propres ou faire
appel à une clientèle extérieure,

- et du capital, puisqu'elle peut l'ouvrir à des intérêts privés, dans le cadre


d'une augmentation de capital ou par introduction de ses titres en bourse
(56).

48. B) La privatisation d'une entreprise publique peut ne pas impliquer le transfert


de sa propriété au secteur privé. Mais lorsqu'elle réalise un tel transfert, elle doit
alors respecter le plus souvent une procédure solennelle d'autorisation législative.

49. En France cette procédure a été longtemps réservée aux entreprises publiques-
mères. L'article 34 de la Constitution du 4 octobre 1 958 impose en effet que "la loi
fixe les règles concernant ... les nationalisations et les transferts de propriété
d'entreprises du secteur public au secteur privé". Ce dernier membre de phrase
était apparu comme une périphrase, synonyme de dénationalisation. Pendant de
nombreuses années, il n'a guère posé de problèmes d'interprétation, sans doute
parce qu'il était plus fréquemment question de nationalisations directes ou
indirectes (par la création de filiales), que de dénationalisations ; également parce que
sur le plan des principes juridiques, la compétence exclusive du législateur pour
dénationaliser paraissait découler du parallélisme des compétences : le législateur
étant compétent pour nationaliser, il paraissait normal qu'il le fût aussi pour
dénationaliser.

50 - Les premiers problèmes sont apparus au cours des années 1970, dans le
cadre de la politique de redéploiement industriel mis en oeuvre peu après le premier
choc pétrolier (57).

Cette politique s'est en effet traduite par de nombreuses opérations de transferts


74 Lucien RAPP

d'actifs d'entreprises publiques-mères à leurs filiales, dans le but d'assouplir la


gestion des groupes publics, de favoriser leur diversification et dans une certaine
mesure, également, de permettre leur internationalisation. Or ces opérations de
transferts d'actifs ont été autorisées par voie réglementaire conformément à la
réglementation applicable aux créations de filiales. Et la question a été alors
soulevée de savoir si elles n'auraient pas dû être autorisées par le Parlement
conformément à l'article 34 de la Constitution, en raison des transferts de propriété
d'entreprises qu'elles réalisent ou qu'elles peuvent favoriser.

51 . Saisi de recours pour excès de pouvoir contre les décrets d'autorisation de ces
opérations, le Conseil d'Etat français a eu à interpréter les dispositions de l'article 34
de la Constitution, et notamment à expliciter l'expression de 'transfert de propriété
d'entreprise du secteur public au secteur privé".

Il l'a fait par une série de décisions importantes (58) dont il est résulté :

- que le transfert de la propriété d'une entreprise du secteur public au secteur


privé peut être réalisé par tous moyens, y compris par voie de cession d'actifs
à une filiale,

- que ce transfert est constitué lorsque les actionnaires publics (Etat,


collectivités locales, établissement publics, entreprises publiques à
participation publique majoritaire) ne possèdent plus, ensemble ou séparément,
directement ou indirectement, la majorité des actions dans le capital social ou
des sièges dans l'organe délibérant.

52. La mise en oeuvre de cette jurisprudence a soulevé d'importants problèmes,


notamment liés au fait que, tel qu'il a été défini par le Conseil d'Etat, le critère du
contrôle financier quantitatif majoritaire est applicable aux filiales et aux sous-filiales
des groupes d'entreprises publiques. Or on ne peut pas imaginer qu'une opération,
aussi courante et aussi indispensable au fonctionnement des groupes d'entreprises
que les cessions d'actifs d'une entreprise à une autre, nécessite le respect d'une
procédure solennelle comme le vote d'une loi d'autorisation.

Le parlement a bien tenté de surmonter cette difficulté en introduisant dans la loi de


nationalisation de 1 982 des dispositions qui autorisaient les dirigeants des groupes
nationalisés à procéder directement à des opérations de cession d'actifs. Mais le
Conseil Constitutionnel, dans sa décision du 16 janvier 1982, les a déclarées non
conformes à la Constitution. Non que toutes les opérations de ce type doivent être
nécessairement autorisées par voie législative, mais qu'en l'absence de loi
définissant le régime juridique des transferts de propriété d'entreprise du secteur
public au secteur privé, on ne peut les abandonner au pouvoir discrétionnaire des
dirigeants d'entreprises publiques.
Aux frontières du secteur public 75
et du secteur privé :
les filiales des entreprises publiques

53. C'est dans cet esprit que le gouvernement de M. Mauroy a élaboré puis déposé,
le 28 octobre 1982, sur le bureau de l'Assemblée Nationale un projet de loi de
"respiration" du secteur public (59). Mais ce projet n'a jamais été examiné par la
Commission compétente, ni a fortiori voté par le Parlement.

Il en est résulté une période d'incertitude durant laquelle diverses opérations de


cessions de filiales ont été réalisées, bien qu'elles soient illégales (60).

54. Cette période d'incertitude a cessé depuis l'entrée en vigueur de la loi


d'habilitation économique (61 ) - après qu'elle ait été jugée conforme à la
Constitution par le Conseil Constitutionnel - loi dont l'article 7 légalise désormais les
opérations de cession de filiales.

55. C) La privatisation peut enfin concerner une entreprise en particulier, un groupe


d'entreprise, voire tout un secteur d'activité, qui jusque-là était contrôlé par une ou
plusieurs entreprises en situation de monopole (62).

Dans les trois cas, les filiales en sont l'instrument essentiel.

56. 1°) La privatisation d'une entreprise publique isolée est fréquemment réalisée
par la cession de ses actifs les plus rentables au secteur privé, singulièrement
lorsque celle-ci est lourdement déficitaire et que l'on ne peut envisager, en l'état, sa
cession au secteur privé (63).

Une technique très utilisée, notamment au Royaume-Uni (64), consiste à constituer


des lots homogènes d'actifs immobiliers, financiers, industriels ou commerciaux, en
les regroupant au sein d'une société filiale dont le capital est ensuite mis en vente,
soit immédiatement, soit après une période de transition au cours de laquelle les
bénéfices dégagés auront permis de renflouer l'entreprise publique-mère.

57. 2°) La privatisation d'un groupe d'entreprises peut-être réalisé de deux


façons :

- par la privatisation de l'entreprise publique-mère qui entraîne, avec elle,


celle des filiales majoritaires.

- par la privatisation des filiales elles-mêmes, solution moins radicale mais


beaucoup plus compatible avec la nécessité de ne pas désorganiser
l'équilibre des groupes d'entreprises publiques par des opérations qui
pourraient avoir des implications du point de vue de la stratégie internationale du
groupe ou modifier ses circuits de financement internes (65).

58. 3°) De plus en plus souvent, c'est le secteur d'activité dans lequel les entreprises
ou groupes d'entreprises publiques occupent une position dominante que les
76 Lucien RAPP

gouvernements souhaitent ouvrir à la concurrence. Il s'agit là d'une opération


particulièrement délicate, que Ton ne peut réaliser brutalement, étant donné les
conséquences qu'elle peut avoir sur le plan économique et social (66).

59. Ce n'est pas un hasard si les procédures de démonopolisation sectorielle suivies


par un grand nombre d'Etats, notamment dans le secteur des télécommunications
(67) consistent à démembrer par étapes les entreprises publiques en situation de
monopole, en favorisant dans un premier temps la création des filiales à capitaux
privés majoritaires qui sont ensuite progressivement appelées à se faire
concurrence.

60. Au-delà des politiques de privatisation qui viennent d'être évoquées, la création
de filiales d'entreprises publiques a donc bouleversé la structure des secteurs
publics nationaux.

Ce ne sont pas seulement des règles nouvelles qui sont nécessaires mais plus
profondément une autre façon d'appréhender les problèmes des entreprises du
secteur public.
Aux frontières du secteur public 77
et du secteur privé :
les filiales des entreprises publiques

NOTES

Sur l'ensemble de ce phénomène, voir nos observations in : Les filiales


(1) des entreprises publiques. L.G.D.J. 1983, Bibliothèque de droit public
T. 144.

(2) Cf AG DELION in : Les filiales des entreprises publiques. Droit Social,


juillet-août 1 960 p. 381 et s. . Adde : P. DU PONT : L 'Etat Industriel, Sirey ,
1 961 , p. 34 ; M. VASSEUR : L 'Etat banquier d'affaire, Dalloz, 1 962, p.
19 ; Rapport présenté au nom du Conseil Economique et Social par J.
BRANGER : Les participations financières de l'Etat, Avis et rapports
du Conseil Economique et Social N° 6, 1 9 mars 1 959.

(3) Très souvent de manière incomplète et partielle. Par ex. en France, CE 10


juillet 1972. Cie Air Inter, Droit Administratif 1972, p. 273 ; CE 24 novembre
1978 (2 arrêts) ou CE, 22 janvier 1982, SFENA cités note 58.

(4) Voir notamment en France : AG DELION La notion d'entreprise


publique, Actualité Juridique Droit administratif 1979 p. 3 ; A. DE LAUBA-
DERE et P. DELVOLVE Droit Public Economique, Dalloz, 1985 N° 529;
M. DURUPTY Exlste-t-ll un critère de l'entreprise publique ? Revue
Administrative 1984, p. 7.

(5) Voir notamment à ce sujet, le dernier rapport de la commission de vérification


des comptes des Entreprises Publiques, 14e rapport d'ensemble. JO Doc.
Adm. 25 nov. 1 976 p. 2588. A noter qu'un observatoire du Secteur Public a été
mis en place en novembre 1982, à la direction générale de l'Industrie, du
Ministère de l'Industrie et de la Recherche.

(6) Voir principalement l'importante étude de M. GRESH, Les entreprises


publiques et la création de filiales in Revue Economique et Statistique
N° 65, mars 1975, p. 29. A noter que la nomenclature ne recense que les
entreprises dans lesquelles l'Etat détient au moins 30% du capital.

(7) Voir notamment Haut Conseil du Secteur Public, rapport 1984 vol. 1 p. 81.
Adde les études statistiques publiées régulièrement par A. BIZAGUET, dans
la Revue du Trésor. Pour un exemple cf cette Revue Nos nov. et déc. 1 984,
deux articles publiés sous le titre : "Les transformations récentes du
secteur public, en France et en Europe Occidentale".

(8) H. GRESH article précité, Adde les conclusions d'une importante étude
réalisée par un groupe d'élèves de l'ENA, publiées in Revue de la Caisse
Nationale des Marchés de l'Etat N° 82, 1er trim. 1979, p. 25.

(9) A ce sujet, voir deux études publiées par la Revue Economie et Statistique en
78 Lucien RAPP

1 982, V. THOLLON-POMMEROL Les groupes publics et privés N° 1 47


sept. 1982 p. 3 ; L VASSILLE Nationalisation, le secteur public
s'expose à la concurrence, N° 150, déc 1982 p. 3.

(1 0) Voir nos observations in Les filiales des entreprises publiques op. cit.
p. 34, 41 , 46. Elles ne portent que sur trois pays : Belgique, Espagne, Canada.

(1 1 ) Cf. l'étude de G. GRAZIANI in Revue d'Economie Industrielle, 2e trim. 1 984,


Problèmes Economiques 21 nov. 1 984. La Documentation Française.

(12) Voir S. LALL Les multinationales originaires du Tiers-Monde, PUF,


IRM, 1984.

(13) Pour une bibliographie complète sur les aspects voir notamment trois
ouvrages récents sur le sujet : B. JEANNEAU, Droit des services publics
et des entreprises nationales, Dalloz, 1984 ; M. DURUPTY Les
entreprises publiques, PUF Thémis, 1985 ; P. DELVOLVE, A. DE
LAUBADERE Droit Public Economique, Dalloz , 1985.

(1 4) Sur les stratégies des entreprises publiques, voir notamment JP. ANASTAS-
SOPOULOS La stratégie des entreprises publiques, Dalloz, 1980,
Adde Revue Française de Gestion, 1979 N°s 20 et 21 Dossier Spécial :
"L'entreprise publique en gestion".

(1 5) Voir E. VESSILLIER Economie Publique, Masson, 1 977 P. 1 53. Adde les


observations de M. VOISSET in Les contrats de plan Etat-Entreprises
publiques, Journée d'étude du 18 avril 1984, CREAM, 1984.

(1 6) Voir le tableau réalisé par R.A. THIETARD à partir de celui de H.I. ANSOFF,
in Revue Française de Gestion, mars-avril 1979, p. 72.

(17) Voir M. LONG La diversification des entreprises publiques


françaises, Revue française d'Administration Publique, N° 15, juillet-
septembre 1 980, p. 499. Notamment le tableau concernant le Commissariat à
l'Energie Atomique p. 513.

(1 8) Voir notre étude sur le processus de décision stratégique dans les


multinationales publiques, "Public Multinational Enterprises and Strategic
Decision Making" Working Paper, N° 34, IL0 1 984.

(1 9) Tel est le cas de Renault en France. Sur le processus de la multinationalisa-


tion des entreprises publiques, voir B. MAROIS Le comportement
multinational des entreprises françaises nationalisées, Revue Française
de Gestion, mars-avril 1987, p. 31
Aux frontières du secteur public 79
et du secteur privé :
les filiales des entreprises publiques

(20) Sur cette question voir J.P. ANASTASSOPOULOS et al. Lea


multinationales publiques PUF IRM 1985.

(21) JP ANASTASSOPOULOS, Les multinationales publiques , OP. cit.

(22) Sur le processus de filialisation de services d'entreprises publiques, voir nos


observations in Les Filiales des entreprises publiques op. cit. p. 1 70.

(23) A cet égard, l'exemple de la Compagnie Internationale des Services en


Informatique (CISI), filiale du Commissariat à l'Energie Atomique, issue de la
filialisation d'un de ses départements autonomes. Pour une analyse du
processus, M. DEBENE Le redéploiement des entreprises
publiques, Droit Social, mars 1978, p. 71.

(24) A cet égard, l'organisation du Groupe Elf Aquitaine, décrite in J. PAVARD,La


politique financière des entreprises, Banque 1979 Adde étude EN A,
Revue CNME art. précité p. 36.

(25) Voir nos observations in Les groupes d'entreprises publiques PUF


1986 Que sais-jeN° 2295. A rapprocher de J.P. ANASTASSOPOULOS, La
stratégie des entreprises publiques, op. cit. p. 56.

(26) Voir nos développements in Les filiales des entreprises publiques, op.
cit. p. 393.

(27) Voir ci-après B. 3°)

(28) Exemple décret N° 76-36 du 12 janvier 1 976 relatif aux prises de


participations financières de la RNUR, J0 15 janvier 1 976 p. 451 , Décret N° 82-1 027
du 2 décembre 1 982 qui a supprimé la procédure d'autorisation pour les
groupes nationalisés en 1982.

(29) Exemple art. 39 du Décret du 20 décembre 1 967 portant organisation


administrative de l'Entreprise Minière et Chimique (EMC).

(30) Exemple du 1 er contrat de programme Etat-EDF 1 970.

(31 ) Voir M. VOISSET Les contrats de plan, journée d'étude CERAM op. cit.
p. 17. ; voir aussi M. VOISSET, article in L'Interventionnisme
économique de la Puissance Publique, Etudes en l'honneur du Doyen
G. PECQUIGNOT, CERAM, mai 1984 T II p. 717.
80 Lucien RAPP

(32) Voir à cet égard les modifications successives du décret du 9 août 1 953, cf
nos observations in Lee filiale» de» entreprise» publiques op. cit
p. 398.

(33) Pour une illustration récente de cette technique, voir les articles 1 à 4,
définissant le champ d'application de la loi du 26 juillet 1983 relative à la
démocratisation du secteur public.

(34) Cf nos explications in Les filiales des entreprises publiques p. 419.

(35) Sur toute cette question, voir notre étude, Le» groupe» d'entreprise»
publique», PUF 1986 Que sais-je N° 2295, avec les références
bibliographiques.

(36) Dont l'exemple type pourrait être en France le groupe Air France, cf notre
étude in Revue Française de Droit Aérien et Spatial, N° 2, 1982.

(37) Pour le calcul de coefficient de finalisation voir étude ENA in Revue CNME op.
cit. p 27.

(38) Dont EDF ou la SNCF fournissent des exemples significatifs.

(38 bis)Comme la SAPAR, filiale spécialisée d'EDF.

(39) Voir les initiatives prises en 1 978 dans le groupe SNCF. Cf nos observations
in : Le» groupe» d'entreprl»»» publique», op. cit.

(40) Tel est notamment le cas de l'entreprise publique Renault.

(41 ) A l' exemple du groupe Elf Aquitaine : ERAP - SNEA - SNEA P.

(42) Sous réserve des Etats qui comme l'Allemagne Fédérale se sont dotés d'un
statut du groupe.

(43) Voir nos observations in L»» groupe» d'entreprise» publiques, op. cit.
p. 123.

(44) A titre d'exemple voir le dernier rapport de la Cour des Comptes, 1 986 not.
210.

(45) Voir nos observations in Le personnel de» filiale» de» entreprise»


publiques, Droit Social, N° 12, Dec 1982 p. 748.

(46) Pour un exemple, voir les nouveaux statuts de la SNCF (décret du 1 8 février
1 983). Cf nos observations in : Revue Transport juin 1 983, N° 284 p. 291 "Un
nouveau statut du group» SNCF".
Aux frontières du secteur public 81
et du secteur privé :
les filiales des entreprises publiques

(47) Cf en France, loi N° 85-1 1 du 3 janvier 1 985 relative aux comptes consolidés
de certaines sociétés commerciales et entreprises publiques. Pour un
commentaire, Revue Française de Droit Administratif, mars-avril 1986, p. 217.

(48) Sur le cas particulier de la SOGITEX et ses problèmes actuels, Cf. Les
groupes d'entreprises publiques, op. cit. p. 26.

(49) Sur la privatisation des entreprises publiques voir notre étude : "Techniques
de privatisation des entreprises publiques" LKec 1986 Actualités du
droit de l'entreprise vol. 16, et notamment les références bibliographiques.

(50) Sur ces problèmes voir : "Entreprises publiques et Pouvoirs Publics,


l'exemple des cessions de participations financières publiques"
Cahier du Droit de l'Entreprise N° 2, 1986.

(50 bis) Au 1er janvier 1986 une quarantaine de gouvernements avaient adopté ou
préparé des opérations de privatisation.

(51 ) Pour des exemples cf nos observations in Techniques de privatisation


des entreprises publiques, op. cit. p. 31 .

(52) Par exemple la gestion de la Société des Transports de Kinshasa a été


confiée à une entreprise mixte à gestion privée : la société des Transports du
Zaïre. Pour d'autres illustrations : AF D'ALMEIDA, La privatisation des
entreprises publiques au sud du Sahara, in Etudes Politiques,
Economiques et Sociologiques Africaines, 1 986, p. 55.

(53) Voir PB La privatisation des entreprises publiques en Afrique, Marchés


Tropicaux, 19 avril 1985 p. 987.

(54) Notamment dans le secteur minier et pétrolier.

(55) Pour un exemple, le SEITA transformé en une société commerciale par la loi
du 2 juillet 1 980, M. DEBENE Modification du statut du SEITA, Actualité
Juridique, Droit Administratif, 1980, p. 475.

(56) Voir nos observations in Techniques de privatisation des entreprises


publiques, op. cit. p. 24.

(57) Cf M. DEBENE Le redéploiement des entreprises publiques, op.


cit.Adde nos observations in : Les lois de privatisation et la
"resplratlon"du secteur public. Revue Française de Droit Administratif
n°2/1987.
82 Lucien RAPP

(58) CE. 24 novembre 1 978 deux arrêts : espèce Cogema et espèce SNEA, AJDA
1979, p. 42, Concl. Mme LATOURNERIE ; p. 34 Chr. O. DUTHEILLET DE
LAMOTHE et Y. ROBINEAU ; p. 48 note BAZEX. CE 22 janvier 1 982 AJDA,
1 983, p. 1 97, Chr. B. LASSERRE et J.M. DELARUE ; RDP 1 983, p. 487 note
J.M. AUBY ; Dalloz, 1 983, p. 373 note M. DURUPTY ; Droit social 1 983, p. 676
note JP. DUBOIS.

(59) Projet N° 1193 relatif aux transferts de propriété d'entreprises du secteur


public au secteur privé.

(60) Voir nos observations in Cahiers du Droit de l'Entreprise N° 7 - 1986, article


précité.

(61 ) Loi N° 86-793 du 2 juillet 1 986 autorisant le gouvernement à prendre diverses


mesures d'ordre économique et social, dont les modalités d'application ont
été précisées par la loi N° 86-912 du 6 août 1 986.

(62) Sur la démonopolisation cf. Techniques de privatisation des


entreprises publiques, op. cit. p. 77.

(63) La Régie Renault a ainsi cédé au mois d'août 1985 au Crédit Lyonnais la
propriété de l'ancien immeuble de son conseil d'administration où se trouve le
Pub Renault ; les Charbonnages de France ont vendu leur immeuble de
l'avenue Percier à une filiale de la Bank of Japan, au mois de décembre 1 985.

(64) Exemples : puits de la mer du nord regroupés sous l'autorité d' Entreprise
Oil ; actifs hôteliers de British Rail regroupés sous l'autorité de British Rail
Hotel.

(65) Voir en particulier les problèmes soulevés par la privatisation de la SOFIRAD


in "Techniques de privatisation"t op. cit. p. 51.

(66) Pour une illustration de quelques problèmes posés par la politique de


déréglementation voir "Déréglementation et privatisation" in
Observateur de l'OCDE, mai 1986 p. 14 ; Le Monde Diplomatique mars 1986 p. 5
(dossier spécial) , S. PAUL Privatisation et secteur public, Finances et
développement, décembre 1985, p. 42.

(67) Voir notamment Lamy, Droit de l'Informatique, 1 986 N° 1803 et s.

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