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REPERAGE DES SIGNES EVOQUANT DES VIOLENCES SEXUELLES

C'est toute une sémiologie que l'enseignant devra repérer, rapporter mais pas interpréter.
Il y a ce que l'enfant montre, fait et dit.

1° - CE QUE L'ENFANT MONTRE ; CE QUE L'ON VOIT :

a) Les signes somatiques (du corps)

* Les troubles du sommeil


En classe : fatigue ou refus de sieste.
A la maison : cauchemars, difficultés d'endormissement, besoin de lumière.
* L'énurésie, l'encoprésie.
Lorsqu'ils sont secondaires (l'enfant était propre et ne l'est plus),
en parler aux parents et rechercher un diagnostic différentiel médical.
* Douleurs et maux de ventre : enfant qui refuse de s'asseoir, marche les jambes écartées
(violences sexuelles très récentes)
* Anorexie et boulimie : l'enfant a honte de son corps, veut s'enlaidir.
L'anorexie chez une enfant plus grande peut être un refus de la féminité, la punition du
corps sexué indésirable.
L'enfant boulimique met une barrière adipeuse entre lui et l'agresseur.
puberté précoce.

b) Troubles du développement psychomoteur et des apprentissages :

* Retard staturo-pondéral.
* Retard du langage, pour les plus jeunes à différencier d'une dysphasie ou de troubles
psychologiques.
* Retard du développement psychomoteur à différencier d'une déficience intellectuelle.
* Difficultés scolaires ou baisse brutale du rendement scolaire, chez un enfant qui allait
bien auparavant. On peut observer des difficultés de mémorisation qui traduisent le désir
d'oublier.
*A contrario, il peut y avoir un surinvestissement scolaire, l'école étant un refuge.
Ces deux derniers points sont les plus aisément repérables pour l'enseignant,

c) Troubles du comportement
* Syndrome dépressif : l'enfant est triste, apeuré, s'isole, manque de confiance en lui
passivité ou soumission excessive.
* L'anxiété : peur de l'adulte, peur d'être anormal, peur d'être contaminé par un malade et
développer une maladie.
* Arrêt de l'enfance : incapacité à jouer, pseudo-maturité (protège ses parents).
* Comportement phobique : refus de se dévêtir, peur des salles de bains, douches (refus
de se laver), peur des endroits fermés, se met plusieurs épaisseurs de vêtements, dort
tout habillé.
*Syndrome régressif (l'enfant est en quête affective).

Ces signes peuvent être repères par l'enseignant lors des classes découvertes, lors de
voyages.

* Rites obsessionnels : l'enfant vérifie plusieurs fois si les portes sont bien fermées, rites
de lavage excessifs, masturbation compulsive.
* Hyperactivité.
* Provocation : l'enfant peut avoir un comportement séducteur (vêtements provocants),
langage à connotation sexuelle.
* Agressivité : identification à l'abuseur dans les jeux de poupée pour les plus petits ou
attouchements sur d'autres enfants.
* Absentéisme scolaire ou fugues.
* Accidents à répétition : l'enfant se met en danger. *Tentatives de suicide.

Les troubles du comportement sont variables suivant l'âge.

*Jusqu'à 3 ans : troubles du sommeil, repli, régression (langage...), et jeux sexuels...


"Jusqu'à 9 ans : repli, échec scolaire, provocation, relation inadéquate avec les enfants du
même âge.....
* Jusqu'à 13 ans : fugues, dépression, et agression sur un plus jeune...
* Ados : fugues, consommation de drogues, TS......

d) Les signes physiques.

ATTENTION : Ils disparaissent très vite avec le temps ! Faire établir un constat par un
médecin. ( scolaire, PMI,...)
Lors d'une agression sexuelle récente accomplie dans un contexte de violence :
ecchymoses au niveau de la face interne des cuisses, du pénis, des fesses. Ces traces
peuvent être repérées par l'enseignant ou l'atsem (lors du déshabillage aux toilettes pour
les petits). L'enfant peut refuser d'aller aux toilettes.
Dans le cadre d'une expertise médico légale, on peut trouver des plaies vulvaires ou
anales, la présence de sperme, et l'on recherchera par des examens complémentaires
une maladie sexuellement transmissible, une grossesse. Méfiance lors d'une I.V.G
demandée par le père d'une jeune fille.

Cependant tous ces signes physiques sont souvent absents même en cas de viol.

2° - CE QUE L'ENFANT FAIT:

dessins d'enfant et textes écrits.

Attention danger.
Il peut parfois être évident quand il s'agit d'un grand enfant avec une histoire claire, nette.
Le plus souvent le dessin ne peut qu'accompagner un signalement en sus d'autres
éléments.
L'interprétation du dessin doit être laissée à des spécialistes.
Maisons phalliques.
Bouches scellée ou absence de bouche.
Personnes hyper sexuées, érections.
Personnages asexuées, tête en coeur sans corps.
Dessins sombres, tristes.

Le dessin peut faciliter la communication avec l'adulte.

Ne pas oublier de dater le dessin, d'inscrire le nom de l'enfant et de mettre entre


parenthèse les commentaires de l'enfant, noter le ton de sa voix, son comportement (se
tortille sur sa chaise, pleure, parle de sensations : c'était chaud, collant). Parfois très
explicite : en CP l'institutrice demande de dessiner un mot où on entend le son p et
l'enfant dessine une fellation (pipe).

3° - CE QUE L'ENFANT DlT : CE QUE L'ON ENTEND


Plus les enfants sont petits plus c'est difficile.
Les mots n'ont pas le même sens pour chacun de nous, il faut décoder.
Avec mon papa on fait l'amour (on s'embrasse). Avec mon papa on joue au chien (relation
sexuelle). Mon papa il me met de la colle. Le maître, il me touche. Sperme : pipi blanc,
collant.
Les confidences se font dans des circonstances imprévues pour l'adulte et choisies par
l'enfant. L'enfant se met à dire ce qu'il vit !

L'enfant a choisi la personne, le moment pour parler, il ne faut pas rater ce moment,
accepter de l'entendre.
L'enfant a peur de parler et ensuite c'est l'adulte qui a peur de l'entendre. Si l'enfant parle
et n'est pas écouté, il se tait et parfois pour longtemps

Les conditions d'écoute sont très importantes.


Où : un endroit tranquille (pas de photocopieuse, pas de passages...)
Comment : être deux adultes (c'est confortable si quelqu'un peut noter les questions et les
réponses).
Avec du temps devant soi.
Maîtriser ses émotions (il n'y a pas toujours de corrélation entre la gravité des faits pour
nous et les effets pour l'enfant).
S'il est impossible d'écouter l'enfant tout de suite, lui dire que ce qu'il vient de confier est
important et proposer de continuer la discussion plus tard.
Favoriser l'expression libre de l'enfant, pas de questions fermées, pas de jugement sur les
parents (auteurs dans 80 % des cas) pas de suggestions, respecter son refus de désigner
l'auteur, recueillir les mots de l'enfant, les écrire sans tarder (sans les changer).
L'enfant peut demander le secret, lui expliquer que pour le protéger, ce secret doit être
partagé (garder le secret serait une continuité de l'acte incestueux puisque l'abuseur
l'exige dans tout les cas). Lui expliquer qu'il existe des bons et des mauvais secrets : le
cadeau pour la fête des mères est un bon secret (une surprise) que l'on peut garder et le
secret demandé par l'agresseur est un mauvais secret que l'on doit partager.
Le remercier de sa confiance, le féliciter de son courage.
Ne pas lui promettre ce que l'on ne pourra pas tenir, lui expliquer la suite des événements
et lui demander s'il a des questions. On ne travaille ni pour ni sur l'enfant mais avec lui.

APRES LE REPERA6E OU LA CONFIDENCE

L'enseignant doit partager ses émotions et ses doutes avec l'équipe éducative et
demander de l'aide.

Le but de l'entretien : évaluer le danger, ne pas enquêter


Dans tous les cas, l'enseignant doit transmettre : II peut le faire directement au Procureur
si danger immédiat. Il peut demander de l'aide aux services sociaux et au médecin
scolaire.
* Cas particulier de suspicion où l'enfant ne parle pas
Se demander pourquoi il ne parle pas.
Entrer en communication : l'enseignant peut lui dire son inquiétude ( je me fais du souci
pour toi, il me semble que tu n'es pas bien en ce moment, que quelque chose te tracasse,
s'est il passé quelque chose dont tu aimerais me parler ?)
Ne jamais citer les faits allégués ni le suspect présumé.

CONCLUSIONS :

C'est un faisceau de signes qui étaye une suspicion.


Deux risques pour l'enseignant
* ne pas repérer la violence sexuelle
* la voir la où il n'y en a pas.

D'où la nécessité de ne pas rester seul et de partager son doute. Transmettre ce


que l'on a vu ou entendu.

Anticiper pour mieux repérer les violences sexuelles en participant à des stages de
prévention de la maltraitance et des violences sexuelles et des stages d'écoute.

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