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Bulletin Seg Taaba Vol 2009-N°1* 26/02/09 10:44 Page 2

Volume 2009 - n°1

ISSN : 0851-7940

BULLETIN RÉGIONAL D'ÉCHANGES SUR L'ANALYSE ET L'INFLUENCE DES POLITIQUES DE DÉCENTRALISATION

Dans ce numéro
Zoom sur…: Transfert de compétences, transferts 2
financiers et mobilisation des ressources
propres des collectivités locales
A suivre : • Peut-on décentraliser des ressources straté- 4
giques ? Réflexions sur l’articulation des
niveaux de gestion autour du lac de Guiers
• Compétences transférées : problématique de
la maîtrise d’ouvrage dans les collectivités 6
locales au Bénin
• Transfert de compétences et des ressources au
Mali 7
Compte rendu : Exercice des compétences transférées
au Sénégal, le bilan 10 ans après ! 9

0 Publié par IED Afrique dans le cadre du programme Réussir la Décentralisation.


B.P. 5579 Dakar-Sénégal Tél : 00 221 33 867 10 58 . E.mail : contact@iedafrique.org

Edito La majorité des Etats africains au sud du Sahara ont


opté pour la politique de décentralisation. Cette
importante décision est souvent accompagnée de
la dévolution de pouvoirs et /ou de compétences
transfert de neuf domaines de compétence sans pour autant leur
octroyer tous les moyens d’exercer ces responsabilités (….).
Dans la même lancée, nous parlons de l’expérience du Mali qui a adopté
une démarche sensiblement différente de celle du Sénégal et qui connait
aux collectivités locales ainsi créées. Plusieurs
r années après ces transferts de compétences, et déjà des avancées significatives malgré quelques attentes encore non
malgré des niveaux d’assimilation et d’exercice très satisfaites des collectivités territoriales (…). L’on remarquera que malgré
variables, il nous semble instructif d’essayer de dresser dans ce présent le caractère récent des transferts de compétences aux collectivités
numéro de Seg Taaba un mini état des lieux. urbaines comme rurales le processus y est beaucoup plus ‘audacieux’
en cela qu’il donne plus de responsabilités aux élus locaux.
Cet exercice de revue de la décentralisation, à la fois facile et difficile a
fait l’objet, au Sénégal, en 2007 d’assises nationales pour tenter de dresser Toutes ces expériences en cours ont retenu l’attention de ce numéro de
un bilan après dix années de transfert de compétences aux collectivités Seg Taaba qui a voulu par la même occasion publier un exemple innovant
locales (….). Il est ressorti de cette rencontre que l’un des problèmes de transfert de compétences en matière de maîtrise d’ouvrage au profit
majeurs que rencontrent les collectivités locales sénégalaises est la des collectivités locales du Bénin. Ces dernières, malgré le poids de la
faiblesse de leurs capacités,particulièrement dans les domaines financiers, tutelle exercée par les représentants de l’Etat tentent aujourd’hui d’assu-
fiscaux, et budgétaires. En effet, ces matières sont toutes techniques et mer avec efficacité les compétences qui leur sont transférées depuis
relativement complexes et les responsables locaux en charge ont 1997 (…). Mais Seg Taaba revient aussi sur un sujet délicat relatif aux
rarement reçu les formations nécessaires pour leur maîtrise (….). enjeux du transfert de la gestion des ressources partagées par plu-
sieurs collectivités locales comme les eaux du lac de Guiers au Sénégal
Cette situation est valable pour toutes les collectivités locales : le transfert situées dans le ressort d’une communauté rurale (…).
de compétences sans transfert égal de ressources. Elle s’est davantage
fait sentir au lendemain de la réforme de 1996 qui a considérablement
augmenté les responsabilités des collectivités locales notamment par le Bonne lecture !
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Zoom sur…

Transfert de compétences, transferts


financiers et mobilisation des ressources
propres des collectivités locales
Les politiques de décentralisation mises en moyens suffisants soient octroyés aux au moment où sur le plan interne le faible
œuvre ces dernières années en Afrique collectivités locales pour l’exercice de potentiel de ressources mobilisables reste
de l’ouest sont toutes accompagnées d’un ces attributions, ce qui n’est pas souvent inexploité.
transfert important de compétences de le cas. Dès lors, on peut comprendre la
l’Etat central vers les collectivités locales. nature des contraintes qui minent A partir d’une analyse sommaire de la
Du Niger au Sénégal en passant par le encore la marche de la décentralisation situation du Sénégal, nous allons essayer
Burkina Faso et le Mali, on peut à la au Sahel d’un point de vue de la prise en de comprendre combien les transferts
lumière des observations et informa- compte du développement à l’échelle de compétences peuvent davantage
tions disponibles constater que ces locale par les collectivités locales. (paradoxalement) accroître les difficultés
transferts de compétences posent Les ressources financières indispensables de fonctionnement des collectivités locales
encore d’énormes problèmes. En effet, le au développement local constituent un ainsi que leur dépendance vis-à-vis des
principe de tout transfert de compé- casse tête permanent pour les élus services de l’Etat.
tence ou de pouvoir voudrait que des locaux. Les dotations des Etats sont faibles

Quelles ressources pour les collectivités locales ?


Les lois sénégalaises sur la décentralisation peu performante des recettes propres communes et communautés rurales dis-
de 1996 ont renforcé le poids et le rôle des collectivités locales et de la modicité posent d’une fiscalité propre, alors que la
des collectivités locales en leur transférant des transferts financiers de l’État. Région qui constitue le troisième ordre
un certain nombre de compétences de collectivité locale créée seulement
dévolues jusque là à l’État. Ce transfert Les compétences transférées résultent avec la réforme de 1996, n’a essentielle-
s’est accompagné d’une compensation des dispositions de la loi 96-07 du 22 mars ment comme source de recettes que les
des coûts des charges découlant des 1996 portant transfert de compétences aux transferts de l’Etat et dans une moindre
dites compétences, avec la mise en place régions, aux communes et aux commu- mesure, celles que lui procure la coopé-
du Fonds de dotation de la décentralisation nautés rurales dans neuf domaines. Ces ration décentralisée.
(FDD). Ce fonds vient s’ajouter aux compétences pourraient être réparties en
ressources classiques des collectivités deux principaux groupes : celles dont Au niveau des Communes et commu-
locales (ressources fiscales et parafiscales). l’exercice occasionne des coûts relativement nautés rurales, on note au même
Cet ensemble de ressources constitue élevés qu’on pourrait appeler compétences moment une faible mobilisation des res-
ainsi, les finances locales. à forte incidence financière (santé, édu- sources financières propres qui s’expli-
cation, environnement et GRN) et celles querait principalement par la centralisa-
L’Etat dans ce dispositif, en plus de son dont l’exercice ne requiert, en principe, tion excessive de la chaîne fiscale qui
pouvoir régalien, maintient des relations que des frais relativement faibles et qui rend les collectivités dépendantes des
de transferts financiers avec les collectivités seraient ainsi considérées comme des services fiscaux et financiers de l’Etat
locales afin de les soutenir soit dans compétences à faible incidence financière. quant à l’évaluation de leur potentiel fis-
l’exercice des compétences transférées, cal et au recouvrement de leurs recettes,
soit dans la réalisation d’investissements L’observation de la réalité depuis plus de dix l’insuffisance de personnel qualifié au
indispensables à la vie des populations à ans révèle que la majorité des collectivités niveau des communes et l’absence de ce
travers le fonds d’équipement des collecti- locales restent encore plus dépendantes personnel au niveau des communautés
vités locales. des ressources de transfert de l’Etat rurales.A ces difficultés d’ordre adminis-
Au Sénégal, on peut dire que globalement, et/ou des partenaires au développement, tratives, il faut ajouter le manque de
de telles ressources sont caractérisées que de leurs ressources propres. civisme fiscal de la part des contribuables
par leur faiblesse notoire découlant, de L’autre fait marquant quant à la capacité qui restent encore réticents au paiement
l’étroitesse de leur assiette fiscale et de des collectivités locales à prendre en charge des impôts et taxes. En effet, pour beau-
la non maîtrise de celle-ci,de la mobilisation les compétences transférées est que, les coup de communautés rurales, la taxe
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Zoom sur…
rurale qui constitue l’essentiel des recet- Concernant la Région, parmi les ressour- De cette situation, il découle tout natu-
tes budgétaires n’est jamais recouvrée à ces de fonctionnement et d’investisse- rellement que les recettes effectivement
des taux suffisants. La collecte des droits ment, seuls les fonds de dotation de la perçues par les collectivités locales et
de marché connait les mêmes difficultés décentralisation et d’équipement des surtout la région, restent sans commune
dans les communes avec souvent une collectivités locales sont effectivement mesure avec les besoins de prise en
mauvaise organisation du système de perçus. Les autres ressources à caractère charge de ses compétences et par voie
collecte ou l’absence de contrôle suffi- non fiscal du reste, ne font jusqu’ici, l’ob- de conséquence ceux du financement de
sant sur les collecteurs. jet d’aucun recouvrement. son développement local en général.

La mobilisation de ressources : un handicap pour les élus !


Ce serait une erreur de penser que seuls humaines et privilégie la concertation et la compétences transférées. Il est bien pos-
les transferts financiers de l’Etat suffisent à participation non seulement des organisa- sible de croire que lorsque des stratégies
prendre en charge le coût des compéten- tions de base,mais aussi des leaders d’opi- concertées de maîtrise et de mobilisation
ces transférées. Même si le code des col- nion. des ressources financières sont entrepri-
lectivités locale stipule que le montant Pour la réussite d’une telle stratégie, des ses, que les collectivités locales découvri-
alloué par l’Etat doit être au moins équi- équipes de mise en œuvre volontaires ront que des gisements de ressources
valent aux charges occasionnées par pourraient être formées,en collaboration existent à l’échelle locale, et que de tels
l’exercice de ces compétences transfé- étroite avec les services fiscaux, les servi- gisements sont mobilisables, si des straté-
rées (article 54 du CCL), la réalité est ces financiers de l’Etat d’une part, et les gies et des moyens adéquats sont
toute autre. Aucune collectivité sénéga- services financiers de la collectivité d’au- déployés.
laise ne peut, aujourd’hui se targuer de tre part. Cependant, au préalable, les col-
faire face à l’essentiel des charges occa- lectivités locales devraient faire l’effort Toutefois, ces résultats sont assujettis à
sionnées par les transferts de compéten- d’associer,de faire participer les citoyens à l’omnipotence et à l’omniprésence des
ces depuis 1996. toutes les étapes de l’élaboration de leur services de l’Etat sans lesquels, aucun
budget, d’assurer la tenue de comptes résultat significatif n’est possible dans ce
Dès lors, pour améliorer la situation, dans rendus d’exécution de ces budgets. Ces domaine. Ce qui pose le lancinant pro-
une perspective de prise en charge effec- actions pourraient constituer des cataly- blème de la décentralisation de la chaîne
tive des compétences transférées, il est seurs efficaces du mouvement vers la pro- fiscale. Aussi, le recrutement de person-
nécessaire que les collectivités locales motion du développement local dans un nels qualifiés et motivés au niveau des col-
mettent en place des stratégies de mobi- élan de participation volontariste. lectivités locales peut être un gage de suc-
lisation appropriées de leurs ressources cès à l’accroissement de leurs ressources
propres. Pour cela, il est important que le Ce serait là une manière de réaliser des financières propres.
conseil local dispose d’autres ressources performances dans la prise en charge des

Conclusion
La prise en charge des coûts générés par Cependant, l’idéal serait d’évaluer exacte- transmettre des compétences si des dis-
les compétences transférées pose ment les charges induites par l’exercice positions efficaces ne sont pas prises sur
aujourd’hui beaucoup de problèmes aux normal des compétences transférées et les voies et moyens de trouver les res-
collectivités locales au moment même où d’essayer d’octroyer autant aux conseils sources financières destinées à exercer
certains acteurs notamment les associa- locaux. Cette procédure aurait eu l’avan- ces compétences. Certains pays comme
tions d’élus sénégalais demandent encore tage non seulement de mettre en applica- le Mali ou encore le Bénin pourraient bien
l’élargissement des compétences transfé- tion le principe légal de la compensation, s’inspirer des difficultés de mise en œuvre
rées et qu’au Mali le processus venant d’assurer l’autonomie financière à la col- de certaines compétences observées au
juste de commencer. Du côté de l’Etat, il lectivité locale et surtout de faciliter Sénégal pour davantage réussir la prise en
est question d’augmenter de manière l’émergence de pôles de développement charge des activités de développement
substantielle le montant du fonds de dota- à l’intérieur du pays. Il est difficilement local par les Communes surtout rurales.
tion et ainsi de mettre plus de moyens à concevable dans la situation actuelle des
la disposition des collectivités locales. entités décentralisées de continuer à
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À suivre…
Peut-on décentraliser des ressources stratégiques ?
Réflexions sur l’articulation des niveaux de gestion
autour du lac de Guiers
La notion de ressource stratégique Au Sénégal, le lac de Guiers est une Il s’agira ici de s’interroger sur le sens
désigne toujours quelque chose de pré- ressource stratégique. Situé entre le des dynamiques à l’œuvre.Les collectivités
cieux, sinon vital, souvent rare ou fragile. Delta et la moyenne Vallée, le lac offre la locales ont-elles engagé un processus
L’or autrefois, le pétrole ou l’uranium plus importante réserve d’eau douce d’apprentissage qui leur permettra à
aujourd’hui, l’eau dans tous les milieux du pays.A l’échelle nationale, elle alimente terme de s’imposer comme acteurs
secs, relèvent ainsi de cette catégorie la forte demande en eau potable des incontournables de la gestion des res-
des ressources stratégiques. Partout ou grandes villes du pays (Dakar, Thiès, sources du lac de Guiers, faisant valoir
presque, les ressources stratégiques Touba). Mais à l’échelle locale, les eaux leurs intérêts aux côtés de l’Etat ? Ou
sont l’apanage des Etats. du lac et les terres riveraines sont aussi bien, à l’inverse, l’importance des
En Afrique, les dynamiques de décen- utilisées et convoitées par des usagers enjeux et le contexte politique national
tralisation partout engagées à la suite différents, parfois concurrents : agro- conduiront-ils, sous le vernis écaillé
de la crise des Etats du continent, dans industrie du sucre, maraîchers, éleveurs, d’une décentralisation inaboutie, à une
les années 1980, posent en des termes pêcheurs. gestion centralisée des ressources
nouveaux la question du contrôle de la Dans le contexte de la décentralisation, lacustres ?
gestion des ressources stratégiques l’Etat a transféré une partie de la gestion
entre l’échelon central et les niveaux foncière aux collectivités locales, mais
régionaux et locaux. pas celle de l’eau.

Conflit de temporalité et durabilité des ressources


Le lac de Guiers est une ressource partagée stratégies de court terme : les ruraux Autour de ces ambitions se rencontrent
par les habitants de 5 communautés veulent améliorer leurs revenus, l’agro- ainsi deux dynamiques en apparence
rurales (Ross Béthio, Mbane, Syer et Keur industrie veut produire davantage et à contradictoires : celle de la décentrali-
Momar Sarr, et Ronkh) et par l’agro moindre coût. sation, qui voit l’affirmation progressive
industrie dominée par la Compagnie A l’opposé, les stratégies de l’Etat séné- de jeunes collectivités locales ; mais
Sucrière Sénégalaise (CSS). galais se projettent sur le long terme. aussi celle d’un Etat qui reprend l’initiative
L’importance du lac varie pour les usa- En effet, l’Etat considère le lac de Guiers après les mauvais temps de l’ajustement.
gers selon leur position et leur culture comme une ressource importante qu’il
des aménagements hydro-agricoles. La faut préserver dans une perspective de
plupart d’entre eux développent des développement durable.

Les niveaux de gestion : entre outils et articulations


La gestion de l’eau revient à part Etats riverains, mais plutôt entre les uti- terre et les communautés rurales.
entière à l’Etat à travers le ministère de lisations1, selon les possibilités. Par ailleurs, certaines entreprises privées
l’hydraulique. La gestion des eaux de qui, théoriquement, ne possèdent aucune
l’axe principal du fleuve Sénégal est du L’administration de la terre revient aux prérogative en matière de gestion des
ressort de l’Organisation pour la Mise communautés rurales qui affectent et ressources naturelles, interviennent de
en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS), gèrent le patrimoine foncier relevant fait dans leur gestion. L’Etat soustrait
alors que celle des défluents est du du domaine national2 situé sur son ter- parfois de vastes emprises foncières au
domaine des Etats. Le cadre législatif et ritoire. Cependant, ce transfert de domaine national pour les attribuer
réglementaire de l'OMVS indique, à tra- compétences aux collectivités locales sous forme de baux emphytéotiques à
vers les conventions de 1972 et la s’est effectué sans mesures d’accompa- des entreprises privées. Les commu-
charte des eaux du fleuve Sénégal de gnement suffisantes. Sur le terrain, la loi nautés rurales peuvent alors perdre
mai 2002, que la répartition des eaux foncière est soit méconnue soit tout rôle de supervision sur ces terres.
du fleuve doit se faire entre les diffé- contournée. Il existe toujours des L’exemple de la CSS en constitue une
rents secteurs d'utilisation. Il n'y a pas conflits entre certaines grandes familles bonne illustration.
un partage de la ressource entre les détentrices de droit traditionnels sur la
1 Ces différentes utilisations sont l'agriculture, la pêche continentale, l'élevage de bétail, la pisciculture, la sylviculture, la faune et la flore, l'énergie hydroélectrique, l'alimentation en eau des populations urbaines et rurales, la santé,
l'industrie, la navigation et l'environnement.
2 La loi 64-46 de 1964 dite loi sur le domaine nationale réglemente le régime foncier au Sénégal. Les terres non immatriculées appartiennent pour l’essentiel au Domaine national.
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À suivre
Les outils de gestion
Pour sauvegarder les ressources en eau, Cependant, la priorité accordée à Les differents aménagements hydro agricoles
la Direction Générale de la Planification l’aménagement de la zone du lac de Guiers et les transformations économiques qui
des Ressources en Eau (DGPRE), sous semble avoir été déplacée vers d’autres les accompagnent sont porteurs de
la tutelle du ministère de l’hydraulique secteurs du Delta. Ce déplacement perturbations considérables sur les systèmes
et avec l’appui de la Banque Mondiale, a peut être interprété par les difficultés agricoles et pastoraux. Des conflits
entrepris depuis septembre 2004 une d’articulation entre des institutions entres usagers nuisent aux relations
étude pour élaborer un plan de gestion du ministérielles concurrentes : le ministère entre les populations et compliquent la
lac de Guiers. Les élus, les organisations de l’hydraulique qui pilote le plan de gestion des communautés rurales. Les
paysannes et la société civile de la région gestion du lac et celui de l’agriculture POAS3 ont été expérimentés pour atténuer
du lac de Guiers ont été invités à participer qui a en charge le schéma d’aménagement. ces tensions, tout en renforçant les
aux différents ateliers réalisés,mais ils n’ont Mais l’imbrication des enjeux a rapidement capacités des collectivités locales en
pas le pouvoir d’orienter le processus, révélé les difficultés posées par cette matière de gestion de leurs ressources
ni de décider. absence d’articulation. territoriales. Ils sont conçus comme des
outils et des processus de concertation
pour la gestion de l’espace à l’échelle
des communautés rurales. Il en résulte
souvent la conscience de la nécessité
d’améliorer les articulations entre la
communauté rurale et les territoires
voisins ou les niveaux de décision supé-
rieurs (région,sociétés régionales publiques,
Etat). Mais ce besoin n’a pour le moment
guère été pris en charge. Or, les questions
de limites territoriales litigieuses, de
même que celles de la gestion des eaux
et des terres du lac de Guiers pilotées
par l’Etat,appellent un niveau de médiation
intermédiaire entre l’échelle locale et le
niveau national.

Conclusion
Au Sénégal, les lois de la décentralisation durabilité de l’exploitation des ressources, trielles, au détriment des populations rive-
prévoient un transfert de compétence notamment pour l’eau. raines du lac.
en matière de gestion des ressources
naturelles au bénéfice des collectivités Cela étant, améliorer la participation des
locales. Mais la ressource la plus stratégi- collectivités locales à la gestion des res- Ndeye Fatou MAR
que, l’eau, n’est pas transférée. Et le mor- sources naturelles autour du lac n’en Université Gaston Berger BP 234
cellement de l’environnement lacustre constitue pas moins un enjeu important Saint Louis / CIRAD Sénégal
entre les jeunes collectivités locales aux pour préserver la qualité de la ressource. Tel : Fax : (00 221) 961 18 84
capacités de gestion territoriale encore Or la Loi d’Orientation Agro-Sylvo- fatoumar1@yahoo.fr
limitées affaiblit leur capacité à peser sur Pastorale (LOASP), adoptée en juin 2004
les processus d’aménagement et de gestion prévoit à brève échéance l’adoption Géraud MAGRIN
en cours de définition. Dans l’immédiat, d’une loi de réforme foncière. Les collec- CRENAM, 6, rue Basses des Rives
la prééminence des niveaux de gestion tivités locales auront alors un rôle 42023 Saint Etienne Cedex
nationaux sur les niveaux locaux semble majeur à jouer pour éviter l’accaparement magrin@cirad.fr
mieux garantir la prise en compte de la du foncier par les exploitations indus-

Références
HARDIN G., 1968.The tragedy of the commons, Science 162 : 1243-8.
MAGRIN G., 2005. Les décentralisations doivent-elles prendre en compte les relations villes - campagnes ? Quelques réflexions sur
Saint Louis et la vallée du fleuve Sénégal, COLL J.L.,
3 Plans d’Occupation et d’Affectation des Sols.
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À suivre…

Compétences transférées :
problématique de la maîtrise d’ouvrage dans
les collectivités locales au Bénin
Décentralisation émergente et progressive, sans nul doute une expérience nouvelle avec beaucoup d’enseignements ;
Hilhorst et Baltissen (2005) décrivent dans cette partie du document intitulé «Les premiers pas des communes
au Bénin : Enseignements du processus de la décentralisation», la question des initiatives de renforcement des
processus de vulgarisation de la politique de décentralisation au Bénin. Ce diagnostic insiste sur la dualité conflictuelle,
qui oppose les communes et les institutions centrales en ce qui concerne la maîtrise d’ouvrage.

Maîtrise d’ouvrage : une nouvelle réorganisation au bénéfice des élus locaux ….


Les auteurs font un rappel des processus Cependant, le contrôle de légalité que les pilotage.Toutefois, la mission de contrôle
de désengagement de l’Etat par le jeu des préfets exercent est souvent à l’origine des ouvrages est assurée par des comités
transferts progressifs de compétences, des frustrations des maires qui ne profi- villageois.
définis dans la loi 97-029 en direction des tent pas réellement des opportunités
différentes collectivités locales et des ins- d’assistance qui leur sont offertes.En effet, Cette nouvelle organisation de la maîtrise
titutions déconcentrées. Différents fonds les maires revendiquent certaines restric- d’ouvrage a beaucoup modifié les rap-
sont proposées dont les fonds d’investis- tions ou lenteurs dans le transfert de pou- ports entre les communes et les organisa-
sement, les fonds propres et les fonds voir relatif aux aspects techniques au sein tions de développement. Et cette compé-
d’inscription budgétaire des communes. des institutions administratives. tence, devenue progressivement partici-
L’avènement des compétences en maî- pative, est transférée aux communes en
Outre cet appui financier, les collectivités trise d’ouvrage, nouvellement adoptées instaurant une dynamique de concerta-
locales bénéficient d’une assistance tech- en 2005, met les communes sur une nou- tion entre les communautés qui, générale-
nique qui leur permet de faire face au velle position dans le domaine des infra- ment, contribuent à la réalisation des
nouveau contexte de gestion et de structures. Les fonds destinés à l’exécu- infrastructures après le versement d’une
conduite du génie urbain ou rural. Ceci tion effective de cette compétence sont contre partie en espèce ou en nature ou
doit s’exprimer dans une dynamique de déposés au trésor public. Une commis- encore en participant à la gestion des
réaménagement institutionnel, de refor- sion communale veille au recrutement infrastructures et des équipements.
mulation des procédures et surtout d’une des entreprises et bureaux d’étude après
réelle volonté de la part de l’Etat. l’approbation des projets par le comité de

…Mais qui présente des limites


La compétence en maîtrise d’ouvrage sanitaires, la commune est souvent inter- zones offrent des opportunités de fiscalité
dans le secteur de l’hydraulique a été une pellée dans les processus de recrutement plus conséquente à la commune d’où le
opportunité de réforme des procédures du personnel. recours à des cabinets de géomètres-
d’exécution et/ou de réalisation des tra- En matière domaniale, les compétences experts pour clarifier la situation foncière.
vaux d’intérêt public à l’échelle des com- des communes restent très timides et Ceci permettra de mieux améliorer le
munes. Ce processus de transfert officiel sont souvent à l’origine de plusieurs pro- statut de l’occupation de l’espace en ter-
s’est réaffirmé avec l’appui technique blèmes fonciers.Alors qu’elles s’imposent mes de droits pour les populations vulné-
apporté par les services déconcentrés de fait par les nombreux besoins de pro- rables et de planification pour les infra-
dans la gestion de la production et de la tection de l’environnement naturel et structures publiques.
distribution de l’eau potable. physique aussi bien en milieu urbain que
Dans le secteur de la santé, la compé- rural. Le lotissement reste le seul garant Texte extrait de « Les premiers pas des
communes au Bénin : Enseignements
tence de la commune se résume aux acti- d’un minimum de sécurisation foncière
du processus de la décentralisation »
vités de construction et d’entretien des face aux différents risques.A la périphérie
Série : Décentralisation et gouvernance
structures sanitaires et à la gestion des des villes, les quartiers spontanés donnent
locale, Bulletin 371 Pages 59 à 65, Institut
maladies à caractère endémique. Et bien lieu à une nouvelle formule d’aménage- Royal des Tropiques (KIT) – Amsterdam KIT
que ses compétences n’englobent pas les ment dite lotissement-remembrement. Politiques et Pratiques du Développement
charges de fonctionnement des services Les processus de lotissement de ces
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À suivre
Transfert de Compétences
et des ressources au Mali
En transférant les compétences aux collectivités locales, l’Etat malien les responsabilise à une prise en charge effec-
tive des affaires locales et facilite ainsi la réalisation des différentes activités planifiées dans les Plans de Développement
Economique, Social et Culturel (PDSEC) des collectivités. Cependant, même si des progrès ont été notés, beaucoup de
choses restent à réaliser pour rendre ce transfert des compétences efficace.. Les deux domaines que sont la santé et
l’éducation peuvent servir d’illustration.

L’exercice des compétences transférées dans le secteur de la santé


Au Mali, le mandat des collectivités
locales dans le domaine de la santé a
été défini en 2002 dans le décret 314
sur le transfert de compétences. La
loi offre ici la possibilité aux collectivités
(communes / Cercles) de planifier les
activités de santé, de nouer des par-
tenariats avec les organisations de
base et de recruter une certaine
catégorie de personnel sanitaire.
Le ministère de la santé a signé une
convention de financement avec
l'Agence Nationale d'Investissement
des Collectivités Territoriales (l’ANICT)
afin de faciliter la maîtrise d’ouvrage
par les collectivités communes. Par
contre, les ressources matérielles
n’ont pas été dévolues ; les infrastruc-
tures et équipements des structures
de santé restent la propriété de
l’Etat.

Si dans leur exercice des compétences


en matière de santé les collectives
locales maliennes ont noté des acquis,
des difficultés ont été répertoriées,
notamment :
• Le faible niveau de fonctionne-
ment des organes de pilotage de
la santé au niveau national
• La lenteur dans le processus de
déconcentration des services de
la santé
• La non-validation du plan triennal
de transfert des compétences
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À suivre…
• Le dispositif d’appui conseil tech- élus sur les procédures de planifi- des ressources. L’opérationnalisation
nique des collectivités dans le cation et de mobilisation des res- du transfert de compétences exige la
domaine de la santé reste encore sources redéfinition (ou clarification) des rôles
peu opérationnel et responsabilités des principaux
• La mise à disposition des fonc- Le processus du transfert de compé- acteurs notamment le ministère de la
tionnaires (personnel médical, tence du secteur de la santé offre des Santé, les collectivités territoriales et les
paramédical et autres) reste non opportunités considérables pour amé- Associations de Santé Communautaire
encore effective. liorer la prestation de services en (ASACO).
• Le faible niveau de formation / milieu rural ; toutefois, les conflits de
information des collectivités des compétences minent l’utilisation efficace

Etat des lieux du transfert de compétences dans le domaine de l’Education

L’Etat a élaboré un cadre de réfé- et partenaires de l’école. Cela a com- • L’accès aux informations nationales
rence de l’éducation en mai 2002. Ce mencé dans le cadre d’un forum • L’insuffisance du plan de développe-
cadre comporte un schéma opération- national sur la gestion de l’école en ment éducatif ; les communes s’ap-
nel et une esquisse de plan de décen- mode décentralisé (février 2003) puient sur leur plan de développe-
tralisation pour chacun des trois puis à travers de nombreux documents ment communal (PDSEC).
niveaux d’enseignement concernés tels que, les guides pour l’élabora- Il faut espérer que dans les années à
par le transfert de compétences (1er tion des PDE (plan de développement venir, l’Etat va accèlérer le niveau de
et 2ème cycle de l’enseignement fon- éducatif) etc. trasfert des compétences dans le
damental et enseignement secon- domaine de l’éducation. Ce qui va
daire). Ces actions ont permis d’enregistrer permettre aux collectivités locales
A partir de ce schéma, le Ministère de des avancées certaines avec entre d’atteindre des niveaux d’éfficacité
l’Education Nationale du Mali a initié autres : importants en s’impliquant d’avantage
un certain nombre d’actions notam- - La disponibilité d’outils d’appui dans la gestion de certaines matières
ment : conseil (guide d’élaboration de pro- qui n’ont pas un caractère national
- L’élaboration du cadre référentiel jet d’école, cahier des charges, marqué. Ceci ne sera possible qu’avec
de la décentralisation de l’éducation manuel de procédures et de gestion la mise en place d’une planification
- Le transfert de certaines responsa- des points d’eau…..) ; efficace des activités du secteur édu-
bilités des services centraux aux - La mise en place de mécanismes de catif.
services déconcentrés (Académies financement des activités des
d’Enseignement et Centres d’Animation Comités de Gestion Scolaire (CGS)
Pédagogique). Cette déconcentra- à travers l’Appui Direct à
tion s’est formalisée par la mise en l’Amélioration des Rendements Références
place d’un nouveau schéma institu- Scolaires (ADARS) et la gestion des « Development Policy & Practice » ;
tionnel de l’éducation pour favori- points d’eaux ; Réaliser le transfert de compétences dans le
ser la proximité entre les collectivi- domaine de la santé L’expérience de
tés locales et les services Régionaux Ces avancées n’empêchent pas ce Koulikoro au Mali Bulletin 383
secteur d’enregistrer des difficultés à Sources : Direction Nationale des
de l’Education.
plusieurs niveaux : Collectivités Territoriales (DNCT), Direction
- l’organisation d’ateliers de forma- Régionale de la Santé du District de Bamako,
tion à destination des élus locaux et des • les services centraux peinent à
Direction Nationale de l’Hydraulique (DNH).
conseillers pédagogiques des servi- céder certaines responsabilités aux
ces déconcentrés pour leur faire services déconcentrés concernant Sources : Réseau RLD du Mali
approprier les textes relatifs à la par exemple le recrutement des
déconcentration et à la décentrali- enseignants contractuels, l’organisa-
sation tion des examens,le choix des sites de
- La clarification « continue » des construction des salles de classes,
rôles et responsabilités des acteurs etc.
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Compte rendu…
Exercice des compétences transférées
au Sénégal, le bilan 10 ans après !
L’étude diagnostic sur les compétences transférées conduite sous l’égide de la Direction de la Décentralisation, s’est
réalisée au cours d’un processus d’animation et de facilitation d’ateliers de mise à niveau et de concertation sur
la mise en œuvre des compétences transférées aux collectivités locales.
De cette étude, il ressort que le pilotage du développement local et la gestion des compétences transférées sont
caractérisés par des contraintes majeures tant politiques, institutionnelles que matérielles. Les collectivités locales, dans
leur grande majorité, éprouvent d’énormes difficultés dans la gestion des affaires locales et, particulièrement,
dans la prise en charge effective des compétences qui leur sont transférées depuis Mars 1996.
Les travaux des différents ateliers ont permis aux acteurs de la décentralisation de partager leurs expériences
et leurs vécus sur la mise en œuvre des compétences et ont permis d’aboutir à des recommandations visant
toutes à améliorer la performance des collectivités locales dans leur mission de promotion d’un développement
local durable.

Les finances et le foncier


Sur le plan financier, il est apparu la néces- ces de l’Etat vers les collectivités locales et salutaires et urgentes et devraient faciliter
sité d’une augmentation encore plus subs- l’habilitation des ces dernières en matière l’application correcte des principes d’allo-
tantielle des ressources des collectivités de fixation de taux d’impôts et de mobili- cation et de répartition du fonds de dota-
locales, notamment celles provenant de sation de ressources locales devrait voir le tion pour aider à une meilleure prise en
l’Etat (Fonds de dotation et d’équipe- jour ; charge des compétences.
ment), malgré leur forte croissance La création d’un système de péréquation
constatée ces dernières années. Ces amé- pour financer le développement local Il apparait aussi au terme de cette revue
liorations devraient aussi aller dans le sens reste en même temps une importante que la politique foncière devra être retra-
de permettre une réelle autonomie au mesure pour soutenir les ambitions de vaillée en rapport avec les politiques de
profit des collectivités locales dans la ges- développement des collectivités locales. développement sectorielles comme l’agri-
tion et l’affectation des fonds de dotation Dans le même ordre d’idées, la décentrali- culture ou la gestion des ressources natu-
et d’équipement. Les élus, en ce sens, sation du fonds National de promotion de relles. En effet, malgré les avancées qui
devront développer un plaidoyer pour la jeunesse pourrait aider les collectivités pointent à l’horizon avec la loi d’orienta-
une application effective des décrets d’ap- locales à mieux bénéficier des finance- tion agro sylvopastorale, au plan local, les
plication la loi 96/07. ments accordés, mais en veillant à accor- acteurs ont le sentiment que les législa-
der un quota de projets pour chaque tions et les pratiques foncières ne suivent
Concernant la fiscalité locale, sa réforme Région en fonction des besoins au préala- pas encore ces tendances, ce qui risque de
est fortement requise, allant dans le sens ble correctement identifiés et évalués. De freiner les ambitions de développement
d’un transfert effectif de certaines ressour- telles mesures sont considérées comme du secteur agricole.

Un renforcement des compétences des élus est nécessaire


Mais toutes ces réformes, ne sauraient choix parmi les mesures préconisées nouvelle exigence dès lors que les
produire d’effets positifs que lorsque lors de ces concertations. populations ont pris conscience de
les élus et autres acteurs chargés de les leurs droits de contrôler l’action publi-
appliquer seront suffisamment armés Au premier rang des mesures prodi- que et attendent de leurs mandants des
de savoir faire pour les traduire en guées figurent la redéfinition du profil solutions à leurs préoccupations quoti-
mesures concrètes. Pour cette raison, de l’exécutif local en fonction des mis- diennes.
la question du renforcement des capa- sions et responsabilités qui lui sont Ainsi, le profil de compétence est défini
cités a fait l’objet d’un traitement de confiées. Ce besoin est devenu une comme étant les exigences techniques,
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Compte rendu…
matérielles et financières et les conditions Pour mesurer les enjeux et relever les Le renforcement des moyens et des
nécessaires pour exécuter les missions défis qui les interpellent, la capacitation compétences des ARD et des CADL
qui sont dévolues à l’élu local. La qualité des acteurs de la décentralisation est est une exigence actuelle pour accom-
des ressources humaines locales étant un préalable. Cette question renvoie à pagner les processus de changement.
déterminante, les nouveaux paradigmes celle plus problématique du profil des Des efforts ont été faits dans la
du développement local vont s’organiser élus locaux, mais aussi de la qualité du reforme de ces structures d’accompa-
autour de la qualité de celles-ci : degré personnel des administrations locales. gnement mais il reste qu’elles ne sont
de motivation, niveau compétence, et En plus des besoins récurrents ci-dessus, pas encore suffisamment outillées pour
capacité à conduire des projets et initier de nouveaux besoins sont apparus et faire face au nombreux défis qui les
des espaces de négocier avec les autorités concernent la communication institu- attendent au niveau local.
et les partenaires. tionnelle, le plaidoyer, la négociation, etc.
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Quelques recommandations

Ces réformes et changements proposés recommandations. En voici quelques unes : • Une réelle prise en charge des politiques
ne sauraient à eux seuls suffir pour assurer • L’harmonisation des interventions de loisirs : les collectivités locales doivent
une correcte mise en œuvre de la politique des acteurs de la décentralisation est davantage participer à la conception
de décentralisation au Sénégal. En effet, les une nécessité dans un contexte de et à l’élaboration des politiques de loisirs
modes d’intervention et d’accompagnement développement local; par une approche touristique et com-
des divers intervenants doivent être • Les collectivités doivent créer des munautaire et un cadre réglementaire
revus. La caractéristique du processus mécanismes de représentation des approprié.
de développement est qu’il ne peut jeunes et des femmes dans les organes • La prise en compte de la dimension
être réussi dans la dispersion, la non délibérants des collectivités locales ; économique de la culture à travers la
coordination et l’exclusion sociale de réalisation d’infrastructures culturelles
certaines couches de la population. Ces • La nécessaire articulation entre les et la redynamisation du programme
aspects ont retenu l’attention de presque outils de planification tant au niveau national de développement culturel.
tous les analystes qui ont émis des local que national ; Malgré le riche patrimoine culturel local,
les collectivités assurent encore mal
• Le processus de validation et de mise l’exercice de cette compétence ;
en œuvre de la double planification
• Une meilleure application de la politique
doit être accéléré par la mise en place
d’aménagement du territoire afin
des services départementaux de pla-
d’amoindrir les disparités régionales
nification ;
et de réduire les tensions sociales
• La nécessaire mise en place d’un cadre nées de la forte concentration des
de concertation pour une meilleure activités au niveau de la capitale ;
harmonisation des interventions des • La nécessité de procéder à l’évaluation
acteurs ; de la politique de décentralisation
• Une meilleure utilisation des conventions tant au niveau de la gestion des com-
types pour bénéficier de l’appui des pétences transférées, des moyens
services déconcentrés ; alloués aux collectivités locales qu’au
niveau de la politique de déconcentration
• Une meilleure vulgarisation du code et de la participation des populations.
de l’environnement et des conventions
locales à travers leur traduction en langues Cette dernière exigence a permis aux
nationales et en support didactiques autorités de tenir au mois de mars 2007
est indispensable si l’on veut que les les assises nationales de la décentralisation
populations se les approprient ; dont on attend encore la publication
des résultats des travaux.
• Une plus grande prise en charge du
tourisme dans le développement local
et un élargissement de la base légale
de transfert des compétences;

Conclusion
Ces concertations ont eu le mérite la base des compétences comme le
d’avoir non seulement fait un bilan d’étape préconisent certains acteurs. Peut-on
de l’exercice effectif des compétences espérer atteindre les performances
transférées,mais aussi de toucher du doigt escomptées au niveau local sans mettre
les principaux goulots d’étranglement en place une politique pertinente de
de la politique de décentralisation. Elles formation et de recrutement de ressources
ont pu finalement aboutir à un ensemble humaines de qualité ? Le développement
de propositions visant à corriger les économique local que l’on cherche à
dysfonctionnements qui ont été relevés. instituer à travers le transfert des compé-
Malgré tout, il est à se demander au vu tences devra veiller particulièrement à
du bilan, s’il est encore opportun d’élargir ces aspects fondamentaux.

Ce texte est tiré d’un rapport de la Direction de la


Décentralisation du Ministère de la Décentralisation et des
Collectivités Locales intitulé “ Bilan des concertations
sur les compétences Transférées ”
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Humeur, humour ...


Transfert de compétences… « féminines »
« A chacun son métier et les vaches sont mieux gardées »
Monsieur XX appela un jour sa femme pour se plaindre de ses « compétences ». « Je te trouve trop lente » dit-il, « tu
mets plusieurs heures à la cuisine avant de me servir, mes vêtements ne sont pas lavés correctement … et pourtant ce que
tu fais n’est pas diable!!! ». Sur ces mots, il demanda au Bon Dieu d’inverser leur rôle durant quelques jours pour
donner à sa femme une leçon de « gestion efficace des compétences ».

Le lendemain, la femme s’installa tranquillement sous l’arbre à palabre avec ses « nouveaux compagnons » et attendit
patiemment qu’on lui serve son repas etc…
Monsieur XX passa durement la journée qui débuta à…5h du matin.
Il alla puiser de l’eau à 5km du village. A peine revenu, les enfants l’attendaient pour leur petit déjeuner ; ils étaient
en retard pour l’école. Ainsi se poursuit sa journée. Quand enfin, à minuit il décida de se reposer, sa femme lui rappela
qu’il lui restait encore à moudre le mil pour la bouillie du matin.

Il poursuivit ce rythme durant 2 jours.Au troisième, il était sur ses genoux ! Ses pieds étaient enflés, ses mains écorchées.
Le moindre mouvement lui arrachait des cris.
Il décida alors de revenir à ses « anciennes » compétences et appela le Bon Dieu pour lui faire part de son intention.
Il lui répondit tranquillement « d’accord, mais tu devras attendre encore….. neuf mois car actuellement tu es…..ENCEINT ! »

ISSN : 0851-7940
PROCHAIN NUMERO EST UN BULLETIN TRIMESTRIEL
Bilan et perspectives des pratiques de Budget Participatif D’INFORMATIONS ET D’ÉCHANGES
SUR LES POLITIQUES ET LES PRATIQUES
Depuis plusieurs années, la politique de décentralisation fait son chemin dans les pays du Sahel DE GDRN ET DE DÉCENTRALISATION.
avec des performances variables d’un Etat à l’autre.Cependant une chose reste constante,c’est
que cette forme de gouvernance démocratique à l’échelle locale dans sa philosophie originelle Publié par IED Afrique
envisage de remettre le pouvoir de décision entre les mains des citoyens. Au-delà de la dans le cadre du programme Réussir
décentralisation en tant que politique d’administration des spécificités locales, le droit du la Décentralisation.
citoyen d’un Etat démocratique lui permet d’être au courant, de participer et de recevoir des
comptes de la part des gouvernants qu’il a contribué à mettre en fonction. B.P. 5579 Dakar-Sénégal
Le contrôle citoyen de l’action public signifie cette attitude consistant de la part des citoyens Tél : 00 221 33 867 10 58
et des organisations de la société civile à jeter un regard critique sur le travail des gou- E-mail : contact@iedafrique.org
vernements aussi bien locaux que nationaux et à obliger les gouvernants à la reddition des
comptes. Les cas les plus connus sont illustrés par la pratique des budgets participatifs dans Rédacteur en chef :
certaines collectivités locales. Une pratique qui gagne du terrain de plus en plus et qui mérite Awa Faly Ba Mbow
encore qu’on lui accorde beaucoup d’attention aussi bien dans ses aspects pratique que dans
ses impacts à plusieurs points de vue. Avez-vous des expériences pertinentes de budget Équipe de Rédaction :
participatif à partager ? Le prochain numéro de Seg Taaba attend dès maintenant vos Bara Guèye,
contributions sur la thématique. Mouhamadou Lamine Seck,
Safiétou Sall Diop,
Vos contributions sont vivement sollicitées, sur : contact@iedafrique.org Maimouna Dieng Laniane.
IED Afrique - 24, sacré cœur III - BP : 5579 Dakar-Fann, Sénégal
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