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Les réformes engagées dans le cadre de mettre les collectivités territoriales dans une dynamique de

développement n’ont pas suffi pour réduire les disparités entre les différentes régions notamment Dakar
et l’intérieur du pays. Même s’il est prématuré d’évaluer l’Acte III de la décentralisation, l’analyse des
réalisations et les perspectives semblent donné plus de place à la région de Dakarsemble donné On
croyait que l’avènement de l’Acte III de la décentralisation dont l’objectif

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Sénégal: “Avec l’Acte III de la


Décentralisation et le Plan Sénégal
émergent(PSE), l’organisation
territoriale du développement
constitue une des dimensions des
stratégies de développement
territorial dont l’importance n’est
plus à démontrer” – Une contribution
de Malal Camara(Directeur général
de l’Agence de Développement Local)
L'Africain       July 11, 2014      Accueil, Contribution, Economie     No Comment

Fondements théoriques et éclairages historiques…


Au lendemain de la décolonisation en Afrique, plusieurs modèles de développement ont été construits
par les États centraux. Ces modèles politico-économiques, largement inspirés du modèle colonial, ont
été, pour le cas du Sénégal, centralisateurs et unilatéralement verticaux avec l’approche
communément appelée « top down ». Cette démarche a engendré de multiples conséquences comme
la marginalisation des populations et de leurs différentes échelles de gouvernance (régions,
communes) alors qu’elles étaient les principaux bénéficiaires, ainsi que des déséquilibres territoriaux
dont la persistance est devenue une contrainte majeure de développement humain. Ces modèles, dans
leur conception, font fi le plus souvent de la complexité sociale et de ses dimensions qualitatives,
relationnelles et locales. C’est la raison pour laquelle, le centralisme étatique outrancier comme
démarche, semble avoir montré ses limites quant à la résolution harmonieuse des préoccupations
politiques, sociales, économiques et culturelles des populations à la base, car de l’indépendance à nos
jours, ce dirigisme étatique n’a pas produit les résultats escomptés.

Au Sénégal, l’émergence plus ou moins récente du concept de développement local participe de la


volonté partagée (État, société civile, communautés de base) de trouver des réponses pertinentes aux
préoccupations légitimes des populations, car il est avéré que, tant qu’il n’y a pas d’adhésion, de
participation effective et surtout de responsabilisation des acteurs locaux, il ne peut y avoir de
développement local réussi.

L’importance et la nécessaire reconnaissance du niveau local comme entité territoriale ayant des
spécificités économiques, sociales et culturelles ne sont plus à démonter. Ainsi, au lendemain des
indépendances, avec la décentralisation progressive de certaines actions au niveau des politiques
publiques, la dimension locale est de plus en prise en compte. L’objectif est de corriger les
déséquilibres entre territoires par une mobilisation de toutes les énergies et une valorisation des
potentialités territoriales.
Au regard de ce qui précède, il est important de distinguer les notions d’aménagement du territoire, de
développement communautaire et de développement local :
–Le développement communautaire est une modalité du développement local, tout comme la
décentralisation.
–L’aménagement du territoire est une politique publique qui vise à corriger les disparités
(économiques, sociales, culturelles…) inter et inter-régionales, en vue d’un développement territorial
harmonieux et équilibré. Si l’aménagement du territoire s’accompagne d’une mobilisation de
ressources humaines en vue d’une meilleure valorisation du terroir,
–le concept de développement local, quant à lui, est fondé sur un ensemble de principes directeurs
répondant à un certain nombre de finalités.
Ainsi, selon Amor Belhédi (1996), le développement local s’articule autour de six (6) principes :
–l’équité : il s’agit de rompre le schéma traditionnel entre le « Centre et la Périphérie » ;
–la croissance endogène : elle exprime un développement conforme aux ressources locales et une
grande dévolution de pouvoirs aux organisations locales ;
–l’autonomie territoriale : elle implique un grand pouvoir de décision du « Local » par rapport au
« Centre » ;
–une organisation territoriale centrée : sa finalité est de répondre aux besoins locaux (transformation
de produits, livraison de services de proximité, etc.) ;
–la préservation des écosystèmes : rendre compatibles l’exploitation des ressources du territoire et la
sauvegarde des écosystèmes ;
–la maîtrise locale des techniques utilisées : les populations locales doivent maîtriser les technologies
utilisées dans leur territoire, sinon toute intervention dans l’espace local devient une intrusion.
Cette analyse nous amène à constater aisément que le développement local couvre plusieurs
dimensions parmi lesquelles la décentralisation, le développement communautaire, la
déconcentration, le développement durable et l’aménagement du territoire. Chacune d’entre elles
définit une réalité particulière, qu’il faut élucider et articuler avec le contexte national. Le
développement local revêt une double finalité qui vise à corriger les disparités locales, mais
également à promouvoir la participation des citoyens et de leurs organisations dans la vie de leur
territoire. A ce titre, il regroupe un ensemble de stratégies concertées pour le développement
endogène des territoires et repose sur la mise en valeur des ressources humaines, naturelles,
technologiques et financières d’un terroir. Il requiert enfin une participation effective des acteurs
locaux dans la transformation de ces ressources.

En résumé, le développement local constitue une étape importante dans le processus d’élargissement
de l’espace public et un outil de choix dans une démarche de prise en charge des problèmes de
développement à la base dans un contexte d’intégration économique sous régionale en construction.
Changement de paradigmes…
Aujourd’hui, avec l’Acte III de la Décentralisation et le Plan Sénégal émergent, l’organisation
territoriale du développement constitue une des dimensions des stratégies de développement
territorial dont l’importance n’est plus à démontrer. Il en est de même pour le niveau local qui
demeure le niveau opérationnel d’actions pertinentes pour faire face aux grands enjeux mondiaux de
développement donnant lieu à des grands agendas internationaux tels que les Objectifs du Millénaire
pour le Développement (OMD) ou l’agenda du Climat (Rio+20) selon le concept « penser global et
agir local ». Cette reconnaissance devrait logiquement déboucher sur un renouvellement des
réflexions et des actions en matière d’aménagement du territoire, et sur un renouveau des politiques
de décentralisation et de renforcement du rôle des autorités locales. Même si des progrès importants
sont constatés sur ce plan, on est encore loin du compte dans la plupart des pays, notamment
d’Afrique.
Au Sénégal, la vision déclinée par les plus hautes autorités du pays parle de «  Territoires viables,
compétitifs et porteurs de développement durable ». Cela traduit, s’il en est besoin, un changement de
paradigmes articulé autour de l’approche territoriale, comme levier pour le développement local ou
tout simplement, la territorialisation des politiques publiques de développement.

l’approche territoriale, un levier pour le développement local ?


?
Dans la définition du territoire, plusieurs points de vue sont partagés : un lieu spécifique porteur
d’identités, une aire géographique délimitée par des frontières administratives ou autres, un site
d’appartenance au sens anthropologique du terme, un bassin économique ou d’emplois, etc. Mais
comme le dit Jean-Pierre ELONG MBASSI(Secrétaire Général de CGLUA dans Cités et
gouvernements locaux unis d’Afrique), certains, à l’image de Jacques Lévy, proposent de réserver le
terme territoire à des espaces à métrique topographique, et d’utiliser le terme réseau pour des espaces
à métrique topologique.

L’approche territoriale insiste sur le fait que l’espace n’est pas neutre dans l’activité humaine et
l’organisation des sociétés. Ignorer la part que l’espace joue dans les dynamiques d’évolution et de
transformation des sociétés et de leurs différents milieux de vie (en termes de territoires mais aussi en
termes de réseaux) peut conduire à de graves erreurs d’appréciation.

Prendre le territoire, comme levier de développement local, signifie que le terme développement local
ne doit en aucun cas être compris sous l’acception réductrice de « localisme », mais plutôt comme un
processus qui est par nature à la fois global et local. Global parce qu’il participe d’une dynamique de
modernisation et de transformation de la société dans son ensemble alliant plusieurs niveaux de
territoires et d’acteurs sous forme de réseaux, de sorte à tirer le meilleur parti du potentiel de chacun
d’eux. Mais local aussi, parce que c’est la traduction de cette dynamique de modernisation et de
transformation sur des territoires donnés en termes de mise en valeur des potentiels locaux matériels
et immatériels, et d’amélioration des cadres et conditions de vie des populations.
Tous les niveaux de territoires et d’acteurs doivent être mis à contribution dans toute entreprise de
développement et l’enjeu ici est d’articuler les actions aux différents niveaux pour garantir leur
meilleure synergie et le maximum d’impact positif.

Ou en est le Sénégal en matiere de développement local ?


-Au niveau étatique :
Le Sénégal a vécu une longue tradition de développement local qui, depuis les indépendances, a pris
source avec l’animation rurale qui est une modalité de la participation des communautés dans les
processus de prise de décision et la décentralisation, comme levier principal d’une dévolution du
pouvoir aux populations. On peut retenir à cette étape le mouvement coopératif appelé à devenir la
pierre angulaire du développement des communautés rurales testées en 1972. Ces dernières
bénéficient également d’un appui technique pluridisciplinaire à travers le Centre d’Expansion rurale
polyvalente (CERP) devenu aujourd’hui la Centre d’Appui au Développement local (CADL). Avec la
régionalisation de 1996, une étape importante est franchie dans le processus de la décentralisation
marquant ainsi un début de responsabilisation des collectivités locales avec la capacité de gestion des
acteurs à assumer les neuf (9) nouvelles compétences conférées par les textes de lois.

Les compétences de la région, en tant que collectivité locale, touchent la planification du territoire, le
développement économique et social, l’aménagement du territoire, l’urbanisme. La région s’appuie
sur l’Agences Régionale de Développement (ARD) et les services techniques de l’État pour exercer
ces nouvelles compétences. Toutefois, l’exercice de la gestion des compétences met en jeu plusieurs
acteurs dont les rôles, les logiques de fonctionnement et les ressources conditionnent, en grande
partie, la réussite du développement local. C’est dans ce cadre que l’Etat a, avec l’appui de ses
partenaires, testé des instruments d’appui au développement communautaire, social et local dont les
plus importants sont le Programme de Fonds de Développement social et le Programme national
d’Infrastructures rurales (PNIR). Ces deux programmes ont ciblé respectivement les Organisations
communautaires de base (OCB) et le financement de microprojets, notamment de services sociaux de
base et les collectivités locales et le financement de projets structurants. La similitude dans l’approche
participative et inclusive ainsi que dans la démarche basée sur la demande prônée par les deux
programmes a permis au Gouvernement de s’orienter avers un programme unique d’envergure
nationale prenant en compte la dimension développement local et ayant comme porte d’entrée la
collectivité locale.
Des programmes de développement local, à l’image du Programme national de développement local
(PNDL) ont initié et enregistré des acquis positifs en termes de renforcement de capacités des élus et
autres acteurs locaux, d’infrastructures socio-économiques, d’actualisation d’outils de planification,
de révision de textes relatifs à la décentralisation et à la charte de déconcentration.

Cependant, malgré ces acquis, il demeure urgent et nécessaire d’offrir un cadre d’harmonisation, de
coordination, d’impulsion des actions de développement local et fédérateur des synergies et
initiatives. C’est qu’a compris l’Etat en mettant en place l’Agence de Développement local (ADL) en
vue de l’institutionnalisation du développement local et d’appui aux structures nationales dans
l’exécution de leurs missions de développement local.

L’Agence de Développement local, en tant qu’organe d’appui conseil, de suivi et d‘aide à la prise de
décision, vise à instaurer et à promouvoir un développement local cohérent sur toute l’étendue du
territoire national. Elle est chargée aussi de fédérer, progressivement, les programmes et projets de
développement en veillant à la cohérence de leurs interventions ; de promouvoir les actions de
renforcement des capacités des acteurs pour une meilleure prise en charge des exigences du
développement local ; de constituer une base de données sur les collectivités locales, de faciliter la
mise en place et l’animation de l’Observatoire national de la Décentralisation et du Développement
local ; de veiller à la production et à la vulgarisation d’outils de planification et de capitalisation des
expériences pour une bonne planification du développement local.

Dans la gestion du développement local, plusieurs acteurs sont impliqués : acteurs institutionnels
(collectivités locales, administrations, services techniques déconcentrés), communauté de base ou
société civile, secteur privé. Les relations entre ces différents acteurs sont constitutives de la
dynamique locale.

-Le rôle primordial des collectivités locales, des élus locaux et de leurs associations:
Parmi les principaux acteurs institutionnels, les collectivités locales, les élus et leurs associations,
occupent un rôle primordial.
Grâce aux dispositions de la loi, les collectivités locales assument certains rôles et
responsabilités importants parmi lesquels :
– le leadership local ;
– le contrôle de la gestion des ressources naturelles locales (la ressource foncière, la gestion de
l’espace pour le pastoralisme…) ;
– la zone d’implantation des infrastructures et équipements communautaires ;
– le contrôle du pouvoir local.
En vue d’offrir un cadre fédérateur des initiatives et synergies, les élus ont mis en place des outils et
mécanismes de concertation, de coordination et de dialogue politique entre eux mais aussi avec
l’Administration centrale et leurs homologues extérieurs dans le cadre de la coopération
décentralisée, nord-sud et sud-sud.

Au Sénégal, il existe trois ordres de collectivités locales et chacun d’eux a créé une association en vue
de prendre en charge ses préoccupations spécifiques. Dans cette dynamique, les trois ordres ont mis
en place une union des associations d’élus locaux (UAEL) en vue de fédérer les efforts et les moyens
mais aussi pour être en phase avec les directives régionales de l’Union Economique et Monétaire
Ouest africaine (UEMOA).

-La prise en charge de la question du développement local par les OSC et OCB et ONG :
La complexité de la prise en charge de la dimension locale est une donnée réelle à intégrer dans toute
approche du développement. L’implication du niveau local nécessite une approche interactive basée
sur les résultats et les impacts auprès des bénéficiaires. Des outils participatifs à l’image des
Méthodes Accélérées de Recherche Participative (MARP), des Diagnostics Institutionnels
Participatifs (DIP) et autres formes de planification participative ont été testés et capitalisés. Cette
approche qui privilégie les acteurs locaux et leurs organisations, valorise les savoir-faire locaux et
offre, de plus en plus, des opportunités en termes de responsabilisation des populations et de
développement de leurs capacités. A titre d’exemples : des OCB, renforcées en passation de marchés
par l’ex-Agence du Fonds de Développement social (AFDS), étaient capables de gérer toute la
procédure simplifiée de passation des marchés (fourniture d’infrastructures et d’équipements de
micro-projets financés) dans les secteurs sociaux de base.

Avec l’approche « faire-faire », certaines ONG ont apporté un appui primordial dans la mise en
œuvre de projets et programmes à partir des années 2000. Cet accompagnement constituait une
nouvelle alternative pour mieux prendre en charge les défis du développement local.

Conclusion
Comme on peut le constater, il importe de retenir que le passage de l’État centralisateur à un modèle
de décentralisation de la sphère publique s’articule autour d’un projet global de négociation, de prise
de compétences et de distribution des pouvoirs.

Comme celles qui l’ont précédée, la réforme appelée communément Acte III de la décentralisation
affiche la volonté des Hautes Autorités de faire des régions naturelles de véritables pôles de
développement, c’est-à-dire des unités d’aménagement du territoire et de développement économique
et social, en somme de développement territorial durable. Cette volonté de créer les bases locales
d’une démocratie participative et inclusive se focalise sur les fondamentaux du territoire comme lieu
de concertation et d’espace propice à l’expression de solutions viables pour un développement
durable, porteur de croissance.

Pour opérationnaliser l’Acte III et le PSE, l’Agence de Développement local s’est inscrite
véritablement dans une dynamique de développement des territoires, à travers la mise en œuvre d’une
approche participative et d’une démarche inclusive du processus d’élaboration d’un portefeuille de
projets et programmes. Les centres d’intérêt couverts par ces projets sont, entre autres, l’économie
locale, le marketing territorial, l’intercommunalité et la gouvernance pour un développement durable
des territoires

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