Vous êtes sur la page 1sur 17

Voilà ce que la Commission d'enquête jugera :

par Abdelaziz Belkhodja, mercredi 12 janvier 2011, 13:23

LA VÉRITABLE NATURE DU RÉGIME DE BEN ALI

L’immolation par le feu du jeune Mohamed Bouazizi a déclenché en Tunisie une révolte sans précédent.
L’immolation n’est pas un suicide, il s’agit d’un acte de courage destiné à montrer à la foule le rejet
absolu des pratiques d’un pouvoir qui vous empêche littéralement de vivre et c’est bien la raison pour
laquelle le peuple a décidé une fois pour toutes d’en finir avec la dictature.

Ce document est destiné à informer le lecteur de la véritable nature du régime mis en place par Ben Ali,
un homme qui a distribué à son entourage immédiat les ressources du pays et qui joue le rôle d’arbitre
entre les différents détenteurs des richesses, retirant aux uns et donnant aux autres dans une valse des
allégeances qui l’a complètement éloigné des réalités de la Tunisie.

Cette logique du pouvoir a entraîné une si grave déliquescence des valeurs que la société dérive
rapidement et sûrement vers la décadence ou alors l’intégrisme religieux, considéré comme le dernier
refuge de la dignité.

Outre les mouvements de foule spontanés comme les révoltes de Redeyef en 2009 et de Sidi Bouzid qui
se sont étendues à toute la république et où les slogans scandés par la foule sont dirigés contre la
corruption de la famille de Ben Ali, une multitude d’écrits et d’articles ont condamné depuis 1988 les
dérives du régime, qu’elles soient politiques ou financières.

Concernant les dérives politiques, il suffit de lire la déclaration du 7 novembre 1987 pour être convaincu
de l’absence totale de volonté politique et cette absence est confirmée par le fait que Ben Ali accepte et
couvre les pratiques mafieuses de son entourage immédiat, et ce, au vu et au su de tout le monde et
avec la complicité de plusieurs membres de tous les corps de l’État.

Le dossier que nous présentons cible les opérations réalisées par l’entourage immédiat de Ben Ali. La
liste n’est évidemment pas complète car quelques proches du pouvoir opèrent par l’intermédiaire de
prête-noms et le suivi des opérations devient plus difficile.

Bien que l’ensemble des secteurs de l’économie du pays ait été touché par la rapacité des proches de
Ben Ali, ce sont évidement les gros marchés et les meilleures entreprises du pays qui ont été visées en
premier. Ainsi, les privatisations ont toutes été opérées dans l’illégalité totale et en contradiction
flagrante avec la loi et les règlements.

La première grande victime de ces opérations est l’État tunisien, un État qui a été complètement vidé de
sa substance par Ben Ali et son entourage, et ce, pour s’assurer de sa main-mise sur le pays en éliminant
toute voix discordante et en allant jusqu’à créer de toutes pièces une opposition fantoche.

Le Comité de Salut Public

Concernant les « affaires » qui sont devenues la principale activité de Ben Ali et de son entourage, nous
vous présentons ci-dessous une première liste des richesses accumulées par Ben Ali et ses proches, et
ce, avec une arrogance qui nous éclaire sur la mentalité de ces individus qui n’ont aucune conscience
politique, qui sont convaincus que la Tunisie leur appartient et qui se substituent à l’État.

Comme nous le verrons ci-dessous, le poids de Ben Ali et de ses proches dans l’économie du pays est de
plus en plus important, ce qui fait que le jeu économique en est lourdement affecté.

Le vérouillage de l’économie empêche tout investissement et toute évolution dans les secteurs clés, ce
qui entraîne un nivellement de l’économie par le bas. En clair, la gestion opaque de l’économie et la
phagocytation des instruments économiques entraînent le pays vers un désastre sans précédent dans
l’histoire de la Tunisie, surtout que la dénonciation de cet état de fait est impossible à cause du
verrouillage total de l’information et du blocage - organisé par Abdelwahab Abdallah - de toute
émergence d’une société civile.

Cette dynamique concourt très rapidement à la désintégration de la société tunisienne et à l’émergence


des extrêmes.
LE SECTEUR BANCAIRE

Le clan Ben Ali a commencé son enrichissement par l’entremise des crédits sans garanties accordés par
les banques nationales de développement. Ces pratiques, poussées à l’extrême, ont mis à mal ces
institutions. Alors, pour avoir les coudées franches, le clan a décidé de s’approprier des institutions
financières.

LA PRISE DE CONTRÔLE DE LA BANQUE INTERNATIONALE ARABE DE TUNISIE.

La prise de contrôle de la BIAT a été opérée d’une façon complètement opaque par une famille proche du
pouvoir. Les frères Mabrouk ont opéré une prise de contrôle musclée de ladite banque, l’un des fleurons
du secteur bancaire tunisien. La famille Mabrouk, qui était déjà fortunée sous l’ancien régime, et même
avant l’Indépendance, s’est toujours assuré des liens privilégiés avec le pouvoir en place. Elle possède
aujourd’hui un empire commercial et financier qui a été bâti, depuis l’union avec les Ben Ali, sur des
passe-droits et des coups de pouce «venus d’en haut».

LA PRISE DE CONTRÔLE DE LA BANQUE DE TUNISIE

La Banque de Tunisie, l’une des plus anciennes institutions bancaires du pays, connue pour son
professionnalisme et son excellente gestion, est tombée dans l’escarcelle de Monsieur Belhassen
Trabelsi, frère de Mme Ben Ali. La prise de contrôle de la banque a été faite d’une façon qui s’apparente à
un véritable hold-up. Plusieurs grands actionnaires ont été mis devant le fait accompli et la direction de la
banque a été accordée à Mme Abdallah, femme de Abdelwahab Abdallah, qui, avec Abdelaziz Ben Dhia,
est l’un des deux piliers du régime, et qui est, comme nous le verrons plus loin, l’homme qui a bloqué
toute émergence d’une société civile en Tunisie.

DEUX NOUVELLES BANQUES

Alors que la Banque Mondiale et le FMI dénoncent dans leurs rapports envoyés aux autorités tunisiennes
le «surbanking» du pays (trop de banques par rapport aux besoins de l’économie) et évoquent la
nécessité d’opérer des concentrations et des fusions des institutions bancaires, le gouvernement, par
l’intermédiaire du gouverneur de la banque centrale, délivre deux licences de banque à deux gendres du
président, la Banque Zitouna pour M. Matri et la MEDIOBANCA pour M. Slim Zarrouk.

la privatisation de la banque du sud

Il ne s’agit pas ici de la prise de contrôle d’une banque, mais d’un délit d’initié qui a privé l’Etat d’un
revenu considérable au profit de la famille. Il faut rappeler que la vente de la Banque du Sud au groupe
hispano-marocain ATTIJARI BANK s’est faite à travers un délit d’initié coopté par l’État: Sakhr el Matri,
gendre de Ben Ali a acheté à bas prix une part des actions de la Banque du Sud et les a revendues, avec
une grosse plus value, au moment de l’OPA lancée par le groupe hispano-marocain.
Commision de contrôle des transferts a la banque centrale

D’énormes abus ont été constatés en matière de transfert d’argent à l’étranger, des mouvements de
fond de plusieurs centaines de milliards sont effectués en totale contradiction avec la loi tunisienne des
transferts de devise.

Une commission d’enquête doit être organisée pour arrêter ce fléau de fuite de devises dont bénéficient
Ben Ali et ses proches.

Le secteur des transports

la société ennakl :

Volkswagen - audi - porsche - seat - KIA

La société nationale Ennakl a été quasiment offerte au gendre de Ben Ali, Sakhr el Matri, qui sans aucun
apport personnel, par l’intermédiaire de crédits accordés (sans aucune garantie) par la BNA, s’est
retrouvé à la tête de cette entreprise. Aux dernières nouvelles, le chèque de 17 millions de dinars déposé
par Sakhr el Matri en garantie au ministère des Finances n’aurait pas été versé à ce jour.

Il faut également mentionner le fait que selon les experts, la valeur réelle de l’entreprise serait au
minimum de 300% supérieure à la valeur de la transaction.

Dès la prise de contrôle de cette société par M. Matri, les licences d’importation de véhicules, qui étaient
accordées au compte-gouttes selon les besoins du pays, ont été données à tour de bras et on en est
même arrivés à importer des Porsche qui coûtent un peu moins de 500 mille dinars ! Ce qui constitue une
absurdité absolue dans un pays comme la Tunisie.

Concernant KIA, des industriels coréens sont venus pour monter en Tunisie une industrie de fabrication
de pièces détachées, et encore une fois, c’est un proche de Ben Ali, Sakhr el Matri, qui s’est approprié la
licence d’importation et de distribution des véhicules.

LA SOCIÉTÉ LE MOTEUR

mercedes - fiat...

La Société LE MOTEUR, l’un des fleurons de l’État, propriétaire des «cartes» MERCEDES et FIAT, entre
autres, a été privatisée dans des conditions très obscures au bénéfice de Cyrine Ben Ali et de son époux
Marouane Mabrouk.

La décision de privatisation a été suivie par la mise à l’écart du Secrétaire d’État a la privatisation à
cause du fait qu’il ait défendu un prix de cession beaucoup plus élevé.

Peugeot
En décembre 2008, la fille cadette de Ben Ali a été promise à un jeune garçon de la famille Ben Gaied. Le
jeune homme a alors été immédiatement coopté comme P.D.-G. de la Société STAFIM PEUGEOT, dont les
actions ont été achetées au rabais, sinon au nominal, auprès de la BIAT, banque du groupe Mabrouk, allié
à Ben Ali.

FORD - range rover - jaguar - hyunday - man

La privatisation à très bas prix de la société étatique qui détenait la licence Ford a été réalisée par
Belhassen Trabelsi, frère de Mme Ben Ali, et son ami Hamadi Touil.

Ils ont réussi à imposer à tout le secteur public l’achat de leurs véhicules.

Plusieurs « cartes » de marques leurs sont attribuées, comme Range Rover, Jaguar et Hyundai, sans
compter l’assemblage des véhicules MAN.

Les seules taxes qui baissent sont celles des voitures!

Le marché automobile étant trusté par les familles proches de Ben Ali, les seules taxes qui baissent sont
celles des voitures.

Ces baisses des taxes ne concernent pas seulement les voitures populaires, mais aussi des voitures de
luxe dont le montant dépasse parfois le prix d’une usine.

TUNISAIR

La compagnie Tunisair, fleuron historique de l’aérien tunisien, a subi sous l’ère Ben Ali un harcèlement
sans précédent de la part de la famille.

La Présidence de la République, comme si elle n’avait pas d’autres chats à fouetter, s’est immiscée dans
toutes les décisions de la Compagnie, et ce, de la désignation des hôtesses à l’achat d’avions,
principalement depuis l’arrivée à la tête de la Compagnie du tristement célèbre Rafaa Dekhil qui s’est
donné corps et âme à la famille.

Parmi les scandales, deux sont d’une dimension légendaire. L’un concerne l’achat par la compagnie, pour
le compte de la Présidence, d’un Boeing 737/600 comportant salons, chambres à coucher, bureaux (on se
demande pourquoi).

Nonobstant le fait que ces achats pèsent très lourd sur les comptes de la compagnie, on se demande
pourquoi Ben Ali a besoin d’un luxe pareil alors que, depuis l’Indépendance, un simple réaménagement
des avions existants était suffisant pour les voyages officiels.

Si M. Ben Ali avait développé une diplomatie active, cet achat surdimensionné par rapport à la taille du
pays aurait pu à la limite se justifier, mais la politique internationale de la Tunisie s’est complètement
désintégrée durant le règne de Ben Ali qui n’est plus reçu que par des dictateurs ou, au meilleur des cas,
des présidents honorifiques.

Or, cet avion gouvernemental sert surtout pour les voyages privés de la famille qui part régulièrement
calmer son avidité au Boulevard St Honoré et va frimer aux frais de l’État à St Tropez ou ailleurs.

Comme si cela ne suffisait pas, voici que Ben Ali décide de faire acheter par Tunisair un nouvel avion, un
A340 qui coûte, au prix catalogue d’Airbus, 280 millions d’euros ; auxquels il faut ajouter les frais de
réaménagement qui font que cet avion coûtera, à sa livraison, à peu prés 600 milliards. De quoi relancer
le développement de plusieurs régions du pays et donner du travail à des dizaines de milliers de
chômeurs.

Pour comparaison, l’achat par le gouvernement français d’un A320 usagé a provoqué un tollé général en
France. Or, l’avion de M. Ben Ali coûtera le prix de 8 (huit) A320, et ce, pour un pays dont le PIB est des
centaines de fois inférieur à celui de la France.
Il faut également ajouter qu’à la suite de cet achat noyé dans une grosse commande de Tunisair,
messieurs Sakhr el Matri et Belhassen Trabelsi ont acheté deux avions privés.

carthago airlines & nouvelair

Concernant les licences accordées aux compagnies aériennes :

Licence accordée à Slim Chiboub et Aziz Miled pour Nouvelair.

Licence accordée à Belhassen Trabelsi pour Carthago-airlines et fusion de Carthago et de Nouvelair après
la disgrâce de Slim Chiboub.

LA GESTION DES SERVICES DE L’AEROPORT DE TUNIS

La concession du premier opérateur privé pour la gestion de la logistique des services de l’OPAT a été
accordée dans une opacité totale à la société MAS. Encore une fois, c’est un gendre de Ben Ali, M. Slim
Zarrouk, qui en est le bénéficiaire. Dans quelles conditions financières et pourquoi lui?

Appel d’offreS pour la privatisation des free-shops

La société qui a été retenue pour l’attribution de la licence des Free-Shops est la Sté Weitnauer qui était
chapeautée par Sofiene Ben Ali et Abderahmane Tlili. Ce dernier a ensuite été mis hors-circuit.

La Compagnie Tunisienne de Navigation

La CTN, compagnie de navigation historique, qui a joué depuis l’Indépendance un rôle exceptionnel dans
l’économie du pays, est aussi visée par les proches de Ben Ali, surtout depuis que le jeune Sakhr el Matri
a ouvert son village pour croisiéristes.

Avant la privatisation prévue de la CTN, la compagnie a reçu l’ordre de commander à coup de centaines
de milliards de nouveaux navires qui ne seront livrés qu’une fois la CTN privatisée, et ce, pour le bénéfice
des futurs preneurs qui sont déjà choisis par le pouvoir.

Imed trabelsi et la CTN

Imed Trabelsi, connu pour ses frasques dont le vol et recel de yachts et une multitude d’opérations
douteuses, a également créé à lui tout seul une nouvelle ligne pour la CTN reliant Sfax à Tripoli. Il a laissé
une ardoise de plusieurs centaines de milliers de dinars à la CTN.
téléphonie

tunisiana

L’État tunisien se fait voler des centaines de millions de dinars par les «Premières Dames» de Tunisie et
de Palestine.

Pourquoi la deuxième concession de téléphonie mobile a-t-elle été accordée à El Sawiress, un ami de
Mme Arafat? Parce que Mme Arafat a demandé à son amie, Mme Ben Ali d’intercéder en sa faveur contre
une somme faramineuse.

Encore une fois, dans cette affaire, c’est l’État tunisien qui s’est fait voler une somme d’à peu près 400
millions de dinars.

L’ouverture des offres pour la licence de téléphonie mobile a révélé que VIVENDI était le mieux placé
pour l’emporter. Mais pour leur propre intérêt, les proches de M. Ben Ali ont averti ORASCOM pour qu’il
fasse une contre-offre supérieure à celle de VIVENDI.

Six mois après avoir obtenu la licence, ORASCOM n’avait toujours pas réglé le gouvernement tunisien.
Après plusieurs menaces du ministère des Télécoms pour annuler la transaction, les proches de Ben Ali et
à leur tête Mongi Safra ont concocté une solution miracle qui restera dans les annales de l’histoire des
détournements de biens public de la planète : un groupe de financiers s’est réuni pour accorder à
Orascom un crédit avec un pool bancaire 100% tunisien. Et la licence, accordée à une société étrangère,
a donc fini par être payée avec un chèque en dinars tunisiens ! Ce sont donc les banques tunisiennes qui
ont offert Tunisiana à Orascom!

Cette affaire a provoqué des remous jusqu’à la Banque Mondiale qui, constatant ces irrégularités
flagrantes, a décidé d’annuler un crédit bancaire à long terme de 250 millions de dollars au bénéfice de
la Tunisie. Cette institution financière internationale qui depuis l’Indépendance a toujours soutenu le
développement de la Tunisie, se méfie désormais de toute opération concernant notre pays.

L’affaire TUNISIANA n’est qu’un épisode des frasques des deux «Premières Dames» qui ont également
défrayé la chronique par la création de l’ISC.

L’AFFAIRE WATANIA-QTEL / SAKHR EL MATRI

La téléphonie mobile étant une activité délicate pour la sécurité du pays, la Tunisie n’a pas manqué,
comme cela se fait partout ailleurs, de conditionner la vente de parts des entreprises de téléphonie à
approbation préalable.

Watania-Qtel, propriétaire de 50% de Tunisiana, a décidé d’acquérir les 50% restants. Or, pour obtenir
l’aval du gouvernement tunisien, Watania Qtel a« offert »à Skhar el Matri 25 % de l’affaire en
contrepartie de l’aval du gouvernement et de la promesse d’obtention d’une licence 3G.

Tout le montage financier dont on parle dans les médias tunisiens est pur mensonge, nous publierons
ultérieurement les documents prouvant la malversation.

ORANGE

Les opérations se suivent et se ressemblent, la licence du troisième opérateur téléphonique a été


accordée à la fille du président, Cyrine Ben Ali, qui est également, à travers Planet Tunisie, le principal
fournisseur d’accès Internet du pays.
ORANGE, suite:

Le contrat signé entre ORANGE et l’État tunisien prévoyait une clause de non concurrence d’une année
concernant la licence 3G.

Ce contrat stipulait que si la licence 3G était accordée dans l’année à un autre opérateur, l’État se verrait
obligé de rembourser 70 millions de dinars du montant de la licence.

Il est étonnant que l’État n’ait pas su attendre une année avant d’accorder à un autre opérateur une
licence 3G. La Tunisie a ainsi perdu 70 millions de dinars.

MEDIAS

La famille Ben Ali est aujourd’hui à la tête d’un empire médiatique sans précédent dans l’histoire. Cet
empire couvre tous les secteurs médiatiques, de la presse écrite à la télévision.

RADIO MOSAIQUE FM

Il était clair que les médias aussi allaient subir la razzia de la famille de Ben Ali. Non seulement pour des
raisons économiques, mais aussi pour des raisons d’influence politique. En effet, dans leur folie des
grandeurs, les proches de Ben Ali se sont crus aptes à prendre le pouvoir, c’est ainsi qu’ils ont investi à
tour de bras dans les médias. Radio, journaux, agences de publicité. Nous nous en tiendrons ici aux
grands médias.

C’est ainsi que la licence de la première radio privée a été accordée à un groupe d’hommes d’affaires
dont Belhassen Trabelsi, majoritaire, est comme par hasard le frère de Mme Ben Ali.

Pour couper court aux rumeurs, la licence a été accordée au nom de M. Boutar, prête-nom et P.D.-G. de
ladite radio.

CHAMS FM

Autre radio privée, mais même système : la licence de CHAMS FM a été accordée à la fille Ben Ali épouse
Mabrouk. Le prête-nom est Fathi Bhouri, ancien directeur général de Planet Tunisie, dont elle est
également propriétaire.

ZITOUNA FM

L’imagination ne fait pas partie des proches du régime: la licence de ZITOUNA FM a été accordée à Sakhr
el Matri, gendre du président qui, à travers cette radio «islamisante», veut se faire passer pour un
«véritable musulman» et acquérir les faveurs du peuple.
JAWHARA FM

Pour ne pas être en reste, évoquons la radio FM du Sahel. La licence a été donnée à M. Néji Mhiri, ami
personnel de Ben Ali et administrateur à la Banque Centrale de Tunisie alors qu’il doit environ 600
millions de dinars aux banques tunisiennes!

CARTHAGE TV

Non content d’avoir, avec leur société de production CACTUS, complètement phagocyté la télévision
nationale avec la vente de programmes achetés clé en main et la production de séries vendues à
l’avance avec l’appropriation des plages publicitaires, Belhassen Trabelsi et Sami Fehri décident de créer
leur propre chaîne de télévision.

Il faut noter que Cactus production s’est approprié, ces dernières années, 60 % des revenus de la chaine
nationale TV7. Les directeurs de la chaîne ont ainsi contribué à l’effacement de toute une génération de
producteurs en achetant au seul Cactus l’écrasante majorité des programmes.

HANNIBAL TV

Même procédé complètement illégal d’accord de licence que pour les radios.

Monsieur Mohamed Nasra, époux d’une proche de Mme Ben Ali a obtenu la première licence privée de
télévision. Il a d’ailleurs contribué de façon exceptionnelle à l’abêtissement de la société tunisienne en
présentant des débats nerveux qui ne concernent jamais les questions essentielles que tous les Tunisiens
se posent.

Il faut également mentionner qu’Hannibal TV doit au fisc tunisien plus de 5 millions de dinars et que les
ordres de laisser faire partent directement de la Présidence de la République !

D’autre part, comme si tout ceci ne suffisait pas, le patron d’Hannibal TV jouit d’une immunité de fait
devant les tribunaux. Il ne paie aucun fournisseur de sa chaîne et ne verse aucun droit de retransmission
à la Fédération tunisienne de football, privant ainsi les clubs de football d’une source de revenus très
importante.

groupe dar assabah

A la suite d’une dispute au sein de la famille propriétaire du groupe de presse Dar Assabah, Sakhr el Matri
a racheté l’affaire.

Le groupe Assabah publie, entre autres titres, les journaux Assabah et Le Temps.

Le contrôle des médias en Tunisie est complété par le système mis en place par l’un des piliers du
régime, M. Abdelwahab Abdallah, qui contrôle tout le reste des médias grâce à une agence d’État :
L’ATCE

L’Agence Tunisienne de Communication Extérieure est l’organisme mis en place par Abdelwahab
Abdallah pour mettre au pas les médias qui aspireraient à une quelconque liberté d’expression et
contrôler ainsi toute émergence d’une société civile.

L’ATCE gère le budget publicitaire de toutes les entreprises étatiques et l’utilise pour soumettre les
médias à l’autorité de M. Abdelwahab Abdallah.

Exemple : un média tunisien s’exprime d’une façon qui ne plait pas au régime. Immédiatement, le service
des commandes publicitaires de l’ATCE est averti et retire à ce média toutes les publicités étatiques qui
lui sont dévolues. Il ne reste alors qu’un seul choix au responsable du média en question : se limiter aux
insertions du secteur privé. Or, Abdelwahab Abdallah et ses sbires vont jusqu’à influencer les choix
publicitaires des entreprises privées en appelant les responsables pour leur conseiller de retirer leur
budget au média en question.

Mais il ne faut pas croire que l’essentiel de cet argent va aux médias amis. Plusieurs millions d’euros de
l’ATCE (donc des entreprises publiques) sont destinés à financer la communication extérieure de M.
Abdelwahab Abdallah en payant à tour de bras :

• des médias réputés indépendants (Jeune Afrique, Arabies, Tunisie PLUS…)

• des responsables politiques étrangers.

• des auteurs de livres qui font l’apologie du régime, comme ceux du journaliste-mercenaire Salvatore
Lombardo qui présente Ben Ali comme une grande personnalité politique internationale, porteuse d’un
grand message humanitaire.

En même temps, l’ATCE compte, partout dans le monde, des protégés, des agents qui, à la première
alerte politique, écrivent des articles et produisent des reportages soulignant l’excellente gouvernance de
la Tunisie. Il est utile de préciser que ce ne sont que les médias nationaux qui reproduisent l’essentiel de
ces articles et reportages, et ce, pour mieux tromper les Tunisiens en voulant leur faire croire que les
médias internationaux parlent de la «réussite de la Tunisie de Ben Ali» alors qu’il ne s’agit que de
journalistes payés.

La communication politique de M. Abdallah s’évertue également, envers l’opinion publique étrangère, à


présenter Ben Ali comme un bouclier contre l’islamisme radical. A chaque crisette ou crise, ses
journalistes-agents véreux crient au loup: « Les islamistes veulent prendre le pouvoir » ! Or la population
tunisienne dans son écrasante majorité a toujours renié l’islamisme radical. Seul le comportement
indigne et irresponsable des proches du régime pousse les Tunisiens vers l’extrémisme.

D’ailleurs, nous avons appris que face à la révolte actuelle, les conseillers politiques de Ben Ali ont
évoqué la nécessité d’une grande manipulation destinée à détourner la population de ses revendications
légitimes. En effet, une action terroriste islamiste commanditée par le pouvoir serait en gestation. C’est
tout ce que ces conseillers de Ben Ali auraient trouvé pour salir cette révolte non violente et légitime.
Cette recette consistant à brandir l’épouvantail de l’islamisme radical est une recette vieillotte qui ne
trompe plus personne et qui renvoie à chaque fois aux calendes grecques les réformes nécessaires au
pays.

Les manœuvres de désinformation à grande échelle sont subies par la Tunisie depuis les premières
années du régime de Ben Ali. Mais la nullité de la communication politique tunisienne a détourné
l’ensemble de la population vers les chaînes étrangères, Al Jazera en premier lieu.

En fait, la politique de communication dirigée par M. Abdallah est un véritable désastre national :
l’ensemble de la population ne fait plus aucune confiance aux médias nationaux qui ont par ailleurs été
durement visés par les slogans des manifestants de l’hiver 2010/2011 qui font l’apologie d’Al Jazeera.

Il faut aussi rajouter à l’actif de M. Abdelwahab Abdallah l’une des plus stupides opérations de censure de
toute la planète. En effet, à la fin des années 90, un livre dénonçant les dérives de Ben Ali étant paru à
Paris, Monsieur Abdallah donna l’ordre d’acheter tous les exemplaires. C’est ainsi qu’il propulsa ce livre
au top des ventes, lui donnant un succès et une notoriété inespérés.

Cette leçon n’a même pas servi à Monsieur Abdallah, car une autre version de la même bêtise a été
renouvelée une décennie plus tard concernant le livre «La Régente de Carthage». La plainte déposée
sans base juridique devant le tribunal des référés à Paris par Me Samia Maktouf, dont l’habileté s’est
limitée à l’obtention des faveurs de Mme Ben Ali, a donné au livre un coup de pouce publicitaire sans
précédent puisque tous les journaux en ont parlé. Autre conséquence des limites intellectuelles de ces
deux conseillers politiques de Ben Ali : la campagne de fouilles opérée durant des mois aux aéroports
tunisiens à la suite de la publication de «La Régente de Carthage» restera dans les annales : les
douaniers et policiers avaient reçu l’ordre de demander à tous les arrivants en Tunisie : «Avez-vous des
livres dans vos bagages?». Beaucoup ont dû croire que les livres, comme la drogue ou les explosifs,
étaient interdits en Tunisie.

Triste résultat pour l’un des rares pays au monde ayant 3000 ans de civilisation.

l’immobilier

Faire une liste des biens et opérations immobilières concernant la famille élargie de Ben Ali est une
opération de longue haleine.

Nous citerons, dans le tas, la razzia opérée par Belhassen Trabelsi sur les maisons de Sidi Bou Said et
l’acquisition au dinar symbolique du village touristique construit autour du port de Sidi Bou Said et le
groupe des hôtels Carthago vendu dernièrement au libyen Leico.

A Gammarth, Slim Chiboub et Aziz Miled ont construit une marina.

La zone «Les Côtes de Carthage» a été presque entièrement distribuée par l’Agence Foncière Touristique
aux Ben Ali, Trabelsi, Mabrouk, etc...

La plupart des opérations immobilières du pays sont aux mains de la famille. Ben Ali leur distribue des
zones entières. Il l’a fait pour Montassar Maherzi (époux de la sœur de Mme Ben Ali)à Gabès, pour lui-
même à la Baie des Anges au Kantaoui, il a distribué à tour de bras des dizaines de milliers d’hectares de
terres agricoles à ses proches (Utique, Zagouan etc...).

L’agence fonciere d’habitation

L’AFH, agence étatique qui a garanti, durant des décennies, aux foyers tunisiens à revenu faible ou
moyen l’accès à la propriété est devenue une véritable pompe à fric au bénéfice des proches du pouvoir
qui en usent pour soudoyer tous ceux qui les soutiennent.

C’est ainsi que les proches du pouvoir mettent en danger l’un des meilleurs acquis de l’histoire sociale de
la Tunisie : l’accession à la propriété.

LES TERRAINS DE LA SATPEC A GAMMARTH.

La SATPEC, organisme fondé pour la promotion du cinéma tunisien, a été concédée à une société
appartenant à Tarak Ben Ammar. Mais là où le bât blesse, c’est qu’avant cette opération, tous les terrains
compris dans la concession ont été retirés et vendus pour promotion immobilière, toujours en faveur de
la famille.
les TERRAINS De la steg

Suite à la privatisation de la Société Ennakl, celle-ci s’est illégalement approprié un terrain public de
plusieurs hectares rendu accessible suite à la fermeture de la centrale électrique de La Goulette. Sur ce
même terrain qui possède une berge sur les rives du Canal de Tunis, à quelques centaines de mètres du
port, M. Matri a fait construire un village touristique comprenant un quai destiné aux bateaux de
croisières et un centre commercial de plusieurs dizaines de boutiques, le tout bâti sur un terrain
appartenant à l’État et concédé au Holding PRINCESS (appartenant à hauteur de 90% à Ben Ali et 10% à
Matri) sans aucune consultation ni appel d’offres.

Cette véritable razzia sur les croisières, dont profitait auparavant l’État par l’intermédiaire de l’OPAT,
touche également l’ensemble des commerçants du tourisme qui voient petit à petit les croisiéristes
limiter leur visite au port touristique de M. Matri.

Drôle de façon de promouvoir le tourisme tunisien en limitant la visite des touristes aux berges du canal
de Tunis, alors que le parc archéologique de Carthage, l’un des plus prestigieux de la Méditerranée, est
juste à côté.

les terrains de la sonede

Le même M. Matri n’a pas trouvé mieux pour élever un palais des 1001 nuits que de le bâtir à Sidi Bou
Said, sur un terrain appartenant à la Compagnie tunisienne des Eaux : la SONEDE.

Comment ce terrain est-il sorti du patrimoine de la SONEDE pour aboutir dans celui de M. et Mme Matri,
les Tunisiens aimeraient bien le savoir. Mais le vol manifeste des biens de l’État ne suffit pas, car par la
construction de ce palais, la famille de M. Ben Ali, certainement frustrée par la richesse des familles
royales du Golfe, a exposé à tous les regard sa folie des grandeurs car cette habitation de 8 000m2
construits contient - outre une mosquée et un garage de plusieurs milliers de m2 - une chambre à
coucher de 700m2, sans compter les fauves dans le jardin. L’ambassadeur des USA n’a pas manqué de le
préciser avec un humour moqueur dans un câble révélé par Wikileaks.

Bref, la bêtise et l’avidité sont telles que la famille de M. Matri - une digne famille tunisienne dont un
ancêtre est un héros de l’Indépendance du pays - renie les frasques du rejeton qui s’est acoquiné avec un
pouvoir dont les pratiques doivent faire se retourner dans sa tombe le grand et digne Mahmoud el Matri.

jardin public au bénéfice

de la famille

La Tunisie compte peu de lieux de loisirs mythiques. Il a fallu raser le dernier d’entre eux, une boîte de
nuit qui a fait la notoriété internationale de l’ambiance nocturne tunisienne. On a détruit cet endroit pour
construire un jardin public parsemé de lieux de loisirs tout à fait privés. En effet, un club privé et un
centre de thalassothérapie gérés par Mme Ben Ali et sa sœur ont été édifiés sur ce terrain public.
L’investissement a été financé par le frère de Mme Ben Ali, Belhassen Trabelsi, et son associé Hamadi
Touil.

On se demande une nouvelle fois comment les mairies - qui sont si souvent tatillonnes sur leurs
privilèges - accordent avec autant de passe-droits des concessions et des permis de bâtir sur leurs
propres domaines sans aucune consultation ni appel d’offres.

En fait, il s’agit encore du phénomène de deux poids, deux mesures». Les biens de la communauté sont
entièrement dévolus aux proches de Ben Ali en faveur desquels aucune loi ne s’applique, à part celle du
plus fort.
La grande distribution

Carrefour

Licence obtenue par l’entremise de Slim Chiboub qui a conditionné son intervention contre une somme
faramineuse.

Géant

Licence obtenue par la famille Mabrouk grâce à Mme Mabrouk, fille de Ben Ali.

Monoprix

Egalement entré dans le patrimoine des Mabrouk.

Bricorama

Affaire entièrement réalisée par M. Mahbouli puis carrément confisquée par Imed Trabelsi.

INDUSTRIE

Outre les briquetteries qui ont fait l’objet d’une concentration aux mains du discret mais néanmoins actif
Slim Zarrouk, époux de Ghazoua Ben Ali, il est utile de mentionner le plus grand scandale de l’histoire
financière de la Tunisie :

Carthage cement

En matière de détournement de biens publics, l’affaire Carthage Cement est celle où les excès les plus
incroyables ont été réalisés.

Un pool industriel international mené par des Italiens a proposé à l’État tunisien l’achat de la cimenterie
de Tunis. Après plusieurs mois de travail et après avoir obtenu l’essentiel des autorisations nécessaires,
au moment de signer le contrat définitif avec l’État tunisien, les industriels sont contactés par Belhassen
Trabelsi qui conditionne l’accord de l’État à 20% de l’affaire (80 millions de dinars).

Choqués par ces pratiques, les industriels se retirent, laissant à Belhassen Trabelsi l’affaire qu’ils avaient
montée.

Celui-ci procède alors à l’appropriation de plus de 400ha de terrain (acquis au dinar symbolique)
appartenant à l’État et en flagrante irrégularité avec toutes les règles, fait entrer en bourse Carthage
Cement qui n’a aucun bilan, et ce, grâce à des banquiers irresponsables. Pour couronner le tout, la
Société Tunisienne des Chemins de Fers se permet de financer, pour Carthage Cement, 15 kms de voies
de chemin de fer. Le ministère des Transports et l’Assemblée Nationale n’y voient aucun inconvénient.
Ne citons pas la Cour des Comptes, la Commission de contrôle des opérations de bourse ni tous ces
organismes de contrôle mis en place par le régime pour mieux tromper son monde et qui harcèlent tous
les Tunisiens sauf ceux qui mettent le pays sous leur coupe réglée.

Carthage Cement constitue certainement le plus gros scandale de l’ère Ben Ali, et ce, avec la complicité
active de plusieurs hauts responsables.

DIVERSES AFFAIRES

L’International School of Carthage.

Un terrain et une subvention d’à peu près 2 millions de dinars du ministère de l’Education nationale
accordés gracieusement à Mmes Ben Ali et Arafat pour la création d’une école privée!

Alors que les écoles tunisiennes subissent un manque flagrant de budget de fonctionnement, alors que
les classes sont dans un état de délabrement avancé, un budget national est alloué à une école élitiste
privée!

Comme si tout cela ne suffisait pas, pour obliger les Tunisiens à inscrire leurs enfants dans son école,
Mme Ben Ali a usé de tout son pouvoir pour fermer la principale institution concurrente. Le fondateur de
cette institution, M. Bouabdeli, a été obligé de mener une véritable campagne de presse internationale,
ponctuée par la publication d’un livre, pour pouvoir recouvrer ses droits. Sans succès.

Comme l’a révélé Wikileaks, Mme Ben Ali s’est même frottée à l’Ecole américaine de Tunis en ordonnant
au ministère des Finances d’annuler le régime de faveur fiscale dont bénéficiait l’institution américaine. Il
faut préciser que suite à la petitesse de ces pratiques, le gouvernement américain a revu à la baisse ses
aides économiques à la Tunisie.

Les bananes de la république

Comme cela devait se faire dans une république devenue bananière, l’importation des bananes a été
retirée à l’une des plus prestigieuses sociétés de développement tunisienne, la STIL, qui avait lancé, au
début de la Tunisie indépendante, un exceptionnel plan de développement du Sud et qui bénéficiait de
plusieurs monopoles d’État. L’un de ces monopoles concernait l’importation de bananes qui été soustrait
à cette société nationale de développement pour être accordé aux membres de la famille Trabelsi,
Moncef, ancien photographe de rue et M. Jaraya, son acolyte.

Il faut préciser que les ministres du Commerce se pressaient pour leur signer les licences d’importation et
obtenir ainsi les faveurs du pouvoir.
La sucrerie de Bizerte

L’importation du sucre était un monopole d’Etat, mais pour mieux se sucrer, M. Belhassen Trabelsi, frère
de Mme Ben Ali, a décidé de se substituer à ce monopole d’Etat en créant sa propre usine à Bizerte. Il
s’est même approprié une partie du port de Bizerte pour y installer ses silos. Et ce, avec l’homme
d’affaires prête-nom Lotfi Abdenadher.

LES ALCOOLS

Comme tout État en développement, les monopoles juteux avaient été accordés, comme nous l’avons vu
plus haut, à des Sociétés de Développement destinées à mettre à niveau l’économie tunisienne. C’est
ainsi que le monopole d’importation et de distribution des alcools appartenait, lui aussi, à la STIL. Mais la
liquidation de cette entreprise particulièrement juteuse ne s’est pas fait attendre et les Trabelsi ont
immédiatement mis la main sur ses divers monopoles et même sur le marché noir de l’alcool, dont la
distribution passe obligatoirement par Imed Trabelsi.

Et c’est ainsi que l’œuvre de développement de la Tunisie a été abandonnée au profit de quelques
personnes sans envergure, pour leur seul profit.

Des régions entières sont ainsi tombées en désuétude, complètement abandonnées par un État devenu
soucieux du seul enrichissement de Ben Ali et de ses proches qui à leur tour récompensent les agents
véreux de l’État en leur accordant des postes en haut lieu. L’explication de la déchéance de tout un pays
apparaît alors dans toute sa simple vérité.

Les trabelsi et Les Ben ali se substituent à la douane

Une multitude de sociétés officient depuis des années au vu et au su de tout le monde pour permettre à
certains commerçants tunisiens d’importer des produits sans droits de douane avec un prix fixe au mètre
cube importé.

Les conteneurs passent la douane sans aucun contrôle. Cette pratique avait créé un scandale en
décembre 2006 à la suite d’une attaque intégriste à Soliman. Tout le monde se demandait si les
intégristes n’avaient pas fait entrer les armes dans ces conteneurs non contrôlés.

Cette pratique d’importation sauvage contribue à appauvrir tout le tissu industriel tunisien, alimente le
marché parallèle de produits et d’objets volés et provoque la faillite des honnêtes commerçants.

Les principaux bénéficiaires de ce trafic sont Jalila Trabelsi, sœur de Madame Ben Ali, et Hayet et Kaies
Ben Ali, sœur et neveu du président et d’autres membres de la famille que nous citerons la prochaine
fois.

LE THON TUNISIEN, MONOPOLE DE M. MOURAD TRABELSI, FRERE DE MME BEN ALI

L’exportation du thon est depuis quelques années devenue monopole personnel de Mourad Trabelsi qui
est également le seul individu autorisé en Tunisie à en faire l’élevage et à l’exporter.
Pêche au Lac de Tunis

Le même Mourad Trabelsi a obtenu, par l’intermédiaire d’un Italien prête-nom, le monopole de la pêche
au Lac de Tunis. Son unique contrepartie : nettoyer les algues du Lac.

Quel est le prix de la concession ; comment a-t-elle été accordée ? Mourad Trabelsi paye-t-il des impôts
en contrepartie de ces énormes privilèges?

La friperie

Même système, mêmes bénéficiaires. La friperie n’a pas échappé aux proches de Ben Ali, dont elle est
devenue une chasse gardée !

Conclusion

Cette énumération est rébarbative tellement le manque d’imagination des proches de Ben Ali est
éprouvant en matière de détournement de biens publics et autres enrichissements illégaux.

Nous préparons un second dossier où nous poursuivrons l’énumération de ces scandales qui ne doivent
jamais être oubliés pour que ces gens qui ont mis le pays à genoux puissent payer un jour tous leurs
méfaits.

Nous tenons également à avertir les Tunisiens des arnaques qui sont déjà en cours de préparation, tel le
déclassement du terrain de l’ IHEC à Carthage. En effet, les proches du Président considèrent que ce
terrain, merveilleusement placé sur le versant de l’historique Carthage, conviendrait bien mieux à la
construction de dizaines de villas pour leur compte. La même logique a été adoptée pour le stade
Zouiten, situé sur les hauteurs du Belvédère et de Mutuelleville. La même logique a été adoptée pour le
versant sud de la colline de Gammarth où les constructions vont très bientôt être entamées par un
certain Imed, clone de son homonyme trabelsien et prête-nom de certains membres de la famille et qui a
déjà loti un terrain archéologique entre Carthage et La Marsa, terrain déclassé par un ancien dirigeant de
l’Institut du Patrimoine et par des complicités au sein du ministère de la Culture, nous y reviendrons
aussi.

Nous parlerons également du neveu de Ben Ali, Monsieur Mehdi Mlika, et de sa politique
d’embellissement de l’environnement qui s’est soldée par la simple exécution d’une «Avenue de
l’environnement» dans chaque ville de Tunisie. L’embellissement de ces artères, qui a consisté en
quelques bacs à fleurs et terre-pleins gazonnés et quelques horreurs artistiques, a coûté des fortunes
dont les principaux bénéficiaires sont Mehdi Mlika et Ben Ali, par l’intermédiaire d’entrepreneurs véreux
qui n’ont ramassé que des miettes. Bref ce sont les budgets des municipalités et du ministère de
l’Environnement qui en ont pâti.

Nous évoquerons aussi le hold-up réalisé au profit de Sakhr el Matri et du fils de Ben Ali par l’achat au
nominal des actions du groupe Nestlé détenues par la Banque Nationale Agricole depuis une
cinquantaine d’années. Nestlé International a violemment réagi devant ces pratiques dignes des pires
républiques bananières.

Nous évoquerons aussi l’acharnement avec lequel la famille de Ben Ali se réserve tous les marchés
publics du pays, contribuant ainsi à appauvrir l’État en imposant des prix qui n’ont rien à voir avec la
réalité des offres.

Nous parlerons du monopole accordé à Moncef Trabelsi dans le transport des produits pétroliers dans
tout le pays, nous évoquerons les malversations ayant eu lieu autour des projets immobiliers géants de
Sama Dubai et de Boukhater et qui ont engrangé de telles commissions qu’ils ont fini par couler malgré
des terrains acquis parfois au dinar symbolique et alors que nos propres entrepreneurs sont écartés de
ces projets juteux.
Sans oublier la résidence de St Tropez, acquise par Ben Ali et sa femme sous la médiation de Sakhr el
Matri et François Benaceur.

Nous n’évoquerons pas la saga Imed Trabelsi/Faouzi Mahbouli concernant Bricorama car elle est étalée
en large et en travers sur Internet.

Par contre, nous reviendrons sur l’affaire de l’aéroport des pèlerins, construit sans appel d’offres ni
consultation et ayant coûté 10 fois son prix.

Nous parlerons aussi de l’aéroport international d’Enfida et de la concession remportée par la Société
turque TAV. Cette société, représentée par Belhassen Trabelsi et Youssef Zarrouk, n’était pas en mesure
de payer la concession. Belhassen Trabelsi leur a concocté, avec l’intervention de Ben Ali, un concours
bancaire en dinars tunisiens alors que le paiement était prévu en dollars. Comment ce crédit sera
remboursé alors que l’aéroport reste désespérément désert?

Nous dévoilerons également dans le prochain dossier d’autres détournements de milliards de dinars à
l’OACA, à la Poste, à Tunisie Télécom, au groupe chimique, au ministère de l’Environnement, etc.

Nous appelons les responsables honnêtes, s’il en demeure, de réagir le plus vite possible en désignant
une commission d’enquête indépendante qui devra faire la lumière sur toutes ces affaires.

Nous appelons également tous les responsables politiques à saisir la gravité de la situation et à
s’entendre pour déposer Ben Ali et procéder à l’arrestation de toute la clique qui a procédé à un véritable
dépècement du pays.

Il faut avoir présent à l’esprit que ces personnes sans scrupules sont prêtes à mettre le pays à feu et à
sang pour glaner encore quelques mois au pouvoir, de quoi leur permettre de finaliser leurs opérations en
cours.

Il faut que les consciences s’éveillent, que les responsables politiques et ceux de la sécurité du pays,
militaires compris, cessent de faire allégeance à des individus sans foi ni loi qui utilisent le prestige du
pouvoir pour faire ce que bon leur semble sans aucun sens des responsabilités ni même de la mesure.

Tous les responsables savent que tout ce qui est écrit ici est vrai et nous tenons à les avertir que s’ils
continuent à faire la sourde oreille, ils se mettrons dans la position définitive de complices de la mise à
sac du pays.

Nous appelons également les responsables de la sécurité du pays de refuser de s’engager dans des
complots qui visent à faire changer l’opinion des Tunisiens et à les garder sous un régime qui ne peut
aboutir qu’à la désintégration du pays.

Nous remercions de tout cœur tous ceux qui nous ont permis de réaliser ce dossier, ils ne l’ont fait sans
aucun calcul, simplement par nationalisme, pour défendre ce pays qui ne mérite pas ses dirigeants
actuels.

Nous tenons encore une fois à évoquer ceux qui se sacrifient pour que la Tunisie ne soit plus jamais à la
solde de tristes individus. Tous ceux qui défilent, se battent, parlent et écrivent sont le fer de lance de
notre pays car ils le font tout en sachant qu’ils se battent contre l’une des pires dictatures de notre
temps.

Nous appellons tous les Tunisiens à continuer à manifester pacifiquement leur ras le bol, à ne pas toucher
aux biens communs.

Nous appelons enfin une nouvelle fois les responsables à se comporter avec force et honneur et à réagir
à la mise à sac du pays en déposant Ben Ali, le premier responsable de cette situation.

Nous proposons comme alternative politique l’élévation du premier ministre actuel, M. Mohamed
Ghanouchi, au poste de Président de la République pour une période d’une année pendant laquelle aura
lieu la consolidation de la société civile née des événements actuels et l’organisation d’un tribunal
spécial.

Nous appelons la convocation d’une Assemblée Nationale Constituante pour un changement


constitutionnel relatif au rôle et au mandat du chef de l’État dans le sens de leur réduction pour que plus
jamais aucun individu ne confisque aux Tunisiens leur pays.

Plus d’un demi-siècle de dictature et de culte de la personnalité suffisent. Nous proposons que chaque
futur dirigeant de la Tunisie n’ait la possibilité de gouverner que durant un unique et court mandat, pour
laisser à la société civile tunisienne, qui durant ces dernières semaines a merveilleusement résisté au
terrible système de Ben Ali, la possibilité d’émerger définitivement.

Au nom de tous les Tunisiens dignes.

F.L.B.L.Q.A.Y.

Vous aimerez peut-être aussi