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ECONOMIE GEOGRAPHIQUE

• DEFINITION
Approche théorique construite dans les années 1990 (Paul Krugman
"Géographie Commerciale"), elle s'emploie à comprendre les logiques de
localisation des activités à partir des facteurs (coût du foncier, coût des
transports, recherche d'économie d'échelle, proximité des marchés…) qui,
selon le cas, poussent à la concentration géographique ou, au contraire, à
leur dispersion.
https://www.glossaire-international.com/pages/tous-les-termes/economie-
geographique.html#1QrH1q7voeqeOL6s.99

Il n’existe pas de définition unique et absolue de la géographie économique.


Cependant elle peut être définie comme étant la branche de la géographie
humaine qui étudie la répartition spatiale et la localisation des activités
économiques. Cette localisation dépend de plusieurs facteurs : Importance
des ressources naturelles ; Le facteur démographique ; Le rôle des moyens
de communications.
Chapitre 1 – Les fondements de l’économie
géographique : les déterminants de la
localisation des activités productives
Chapitre 1 – Les fondements de l’économie géographique : les
déterminants de la localisation des activités productives
1) La terre comme facteur de production et prix de la localisation : la rente
foncière : Modèle de VON THÜNEN (1826)
Hypothèse :
- rationalité des acteurs, ie maximisation de leur revenu - la plaine est homogène, sans
accident géographique
- La ville est au centre de la plaine et est unique
- la fertilité des terres est identique en tout point sur la plaine et est unique
- les déplacements peuvent s’effectuer dans toutes les directions et les coûts de transport
sont une fonction linéaire de la distance et sont supportés par les agriculteurs/ producteurs
qui vendent sur le marché
- la technologie de production d’un type de produit est la même pour toutes les fermes :
taille d’exploitation identique, mêmes coûts de production…
• Modèle : les agriculteurs doivent transporter les denrées alimentaires produites
de leurs terres jusqu’au marché en ville. Comme le prix de vente unitaire et les
coûts de production (hors transport) sont identiques pour tous les agriculteurs,
ceux qui ont des terres proches du marché ont des gains plus élevés que ceux
éloignés du marché en raison de coûts de transport moindres ; ces gains
constituent des « rentes ». Chaque agriculteur à intérêt à avoir ses terres le
proche du marché possible pour augmenter ses rentes foncières. Néanmoins,
face à une demande forte, le prix de ventes des terrains augmente à mesure de
leur proximité avec le marché.
• La rente obtenue, et donc la décision de la localisation d’une activité, dépend du
prix du sol, des coûts de production, du prix de vente et, surtout, des coûts de
transport. La décision de localisation varie alors pour les différents biens qui ont
des coûts de transport, des prix de vente et des coûts de production différents.
Les différentes production se répartissent autour de la ville en cercle
concentrique (VT décrivait la répartition de 4 productions différentes).
• Intérêt : - On peut par exemple supposer que les producteurs de biens agricoles
périssables (production maraîchères, lait…) sont plus enclins à payer un prix élevé
une rente foncière pour réduire le temps d’accès ; tandis que ceux qui produisent
des denrées facilement transportables, ou qui nécessitent de vastes pâturages
(élevage de chevaux par exemple) occupent les terres les plus éloignées. - Ce
modèle a été repris dans les années 1960 à travers la nouvelle économie urbaine
pour expliquer la localisation des ménages autour d’un centre-ville et la structure
socio-spatiale des villes (cf ville monocentrique)
2) Localisation des facteurs de production et du marché dans une éco
industrialisée: Modèle de WEBER (1909)
Hypothèse du modèle :
- L’espace est une pleine homogène sans accident géographique - L’emplacement des
facteurs de production est fixé - Le lieu du marché est fixé - Quel que soit le prix du bien
fixé on sait qu’il y aura une demande - Les coûts de transport sont une fonction linéaire de
la distance - Les technologies de production sont fixes
Modèle : Avec l’industrialisation, les modèles de localisation ont quitté la question de la
rente foncière liée à l’agriculture pour s’intéresser à la localisation des entreprises
industrielles ayant des facteurs de production dont l’offre est localisée tout comme son
marché. L’entreprise détermine son choix de localisation en fonction des ces différents
coûts de transport que WEBER appelle « poids » : les coûts de transports de la quantité
nécessaire d’un premier facteur de production ; les coûts de transport de la quantité
nécessaire d’un second facteur de production ; les coûts de transport vers le marché d’une
unité produite.
WEBER distingue le poids des facteurs de production (Pf) et le poids de
la production finale (Pp).
Si P> Pp, la localisation est orientée vers les ressources nécessaires à la
production (= « perte de poids »).
Si Pf<Pp, la localisation de l’activité est orientée vers le marché ( = «
gain de poids »).
L’objectif est de minimiser le coût de production total. Ce modèle
permet de comprendre pourquoi les entreprises qui ont des coûts de
transport élevés pour le produit final se rapprochent du marché (ex: les
biens périssables).
• Intérêt :
- ce modèle s’inscrit dans la continuité du modèle de VT par la mise en avant
des coûts de transport, mais le complète en démultipliant des facteurs de
production et leur localisation. Il abandonne le lien à la terre et au foncier,
seul facteur de production chez VT.
- Dans sa version plus complexe où WEBER inclut le marché du travail, ce
modèle permet d’expliquer la délocalisation dans les PED de certaines
entreprises ayant une forte demande en travail non qualifié et des coûts de
transport faible. Ex : textile

• Limite :
- il ne prend pas en compte les éventuelles économies d’échelle et les
externalités d’agglomération
- - il n’intègre pas la concurrence que peuvent se faire les entreprises pour se
partager un marché.
3) La concurrence spatiale et les aires de marché : la différenciation
spatiale comme facteur de concurrence :Un modèle simple : le modèle
d’HOTELLING, (1929)

Hypothèse : deux vendeurs dont la localisation et les aires de marché


respectives sont déterminées ; les biens vendus sont de qualité identique et
ont le même prix ; les consommateurs supportent le coût de transport qui
est proportionnel à la distance parcourue pour acheter le bien.

Modèle : Pour illustrer ce modèle, on prend souvent l’exemple de deux


marchands de glaces A et B. Supposons une première situation où A est à
l’extrémité d’une place et B à côté. Le producteur A a intérêt à se rapprocher
de B afin d’avoir accès à un plus grand marché. Mais B peut faire la même
chose jusqu’à passer de l’autre côté de A pour avoir accès à un plus grand
marché et ainsi de suite. Après plusieurs itérations, on arrive à une situation
où les deux vendeurs sont localisés près du milieu, l’un desservant le côté
gauche, l’autre le côté droit.
Il s’agit d’un équilibre stable : chaque marchand a une moitié de plage,
et s'il se déplace légèrement d'un côté ou de l'autre, il verra sa zone
décroître au profit de son concurrent. C'est l'équilibre de Nash de ce
jeu. Cet équilibre n’est pas Pareto-optimal pour les consommateurs
puisque les coûts de transport supportés par les ménages, la distance à
parcourir n’est pas minimisée. Elle le serait si chaque producteur était
au milieu de son aire de marché.

L’intérêt de ce modèle = la localisation induit une différence entre les


biens. Pour un consommateur qui supporte des coûts de transport ou
de déplacement, deux biens homogènes sont en effet différents s’ils ne
sont pas proposés au même endroit. On parle de « différenciation avec
adresse ».
• Ce modèle a été affiné par D’ASPREMONT, GABSZEWICZ,
THISSE, dans « On Hotelling's Stability in Competition »
(1979) :
si on introduit une concurrence par les prix, sauf s’ils
s’entendent pour maintenir un niveau de prix élevé, les deux
vendeurs vont s’engager dans une guerre des prix.
Les deux producteurs ont donc intérêt à s’éloigner l’un de
l’autre : la différenciation spatiale restaure une marge de
manœuvre pour les marchands qui disposent d’une latitude
dans la détermination des prix.
4) Les économies d’agglomération
Dans un article de 1993 « On the Number of Location of Cities »,
KRUGMAN distingue deux explications aux disparités spatiales de
développement économique :
- les causes de « première nature » : il s’agit de l’ensemble des
différences de dotations en ressources naturelles ou en facteurs de
production ou en capacité d’échange (ville côtière…). Ces causes de la
concentration économique sont exogènes.
- Les causes de « seconde nature » : elles sont endogènes au
développement économique car elles ont la particularité d’être à la fois
causes et conséquences de l’agglomération des activités économiques
en raison du processus cumulatif de développement qu’elles
entrainent. On parle d’économies d’agglomération.
• MARSHALL dans Principles of economics (1890) décline trois types
d’économie d’agglomération :
- l’ampleur et la taille du marché du travail
- la taille de la demande qui s’adresse aux entreprises qu’elle émane
des consommateurs ou d’autres entreprises (en amont ou aval du
processus de production)
- l’échange d’informations et de connaissances qui constituent une
technologie de connaissances. Ces externalités de connaissances se
fondent sur deux mécanismes : les salariés des diverses entreprises
communiquent entre eux ; la mobilité entre entreprises de la partie de
la main d’œuvre la plus performante constitue un transfert de
connaissances.
• Autre catégorisation des éco d’agglo :
- les économies de localisation : elles sont liées à la proximité entre les
entreprises du même secteur. Elles proviennent de la présence d’une
main d’œuvre, de savoirs-faire, d’innovations. MARSHALL parlait d’«
industry in the air » (= atmosphère industrielle).
- Les économies d’urbanisation : elles découlent de la présence d’une
plus grande quantité et diversité de main d’œuvre, de savoirs-faire, de
biens intermédiaires et d’innovations. Ce sont les relations possibles
entre différents secteurs et la diversité tant des biens que des facteurs
qui jouent : mise en commun de biens collectifs, liens entre clients-
fournisseurs.
• MYRDAL (Economic theory and underdeveloped regions, 1957) décrit
le processus de développement localisé par une relation de
«causalité circulaire et cumulative».
• Le développement d’une région est enclenché par une condition
géographique ou historique particulière. On est ici proche du concept
de cause de première nature de KRUGMAN (1993).
• Les salaires réels et les rendements du capital sont plus élevés dans
cette région qui va ainsi attirer de nouveaux facteurs de production.
La concentration de l’activité économique dans une région va
conduire à des rendements d’échelle croissants, en raison de
l’accumulation importante des connaissances et des savoir- faire issus
de la forte concentration géographique.
• Un cercle “vertueux” de développement est ainsi enclenché. Les
différences initiales de technologie peuvent donc conduire à un
développement irrémédiablement inégal des régions.
• Pour HIRSHMAN (1958),
ce sont les «effets d’entraînements amont et aval» qui conduisent à un
développement inégal des régions.
Les liens, par le jeu des demandes, entre les différents secteurs,
conduisent les entreprises à s’agglomérer afin de minimiser les coûts
de transport.
Ici, c’est une réactualisation du modèle de Weber, avec une
généralisation à plusieurs entreprises et industries, que l’on observe.
L’agglomération des activités alimente alors le processus auto-
entretenu de développement.
PERROUX (« Note sur la notion de pôle de croissance », in Economie
Appliquée, 1955) insiste sur le rôle de l’innovation pour expliquer la
formation de «pôles de croissance » dans l’espace et s’inscrit dans la
tradition schumpeterienne de l’analyse du développement.
• La nécessité d’une taille critique pour innover et le coût de diffusion
relativement élevé des technologies entraînent une agglomération des
industries pouvant bénéficier de ces innovations. Les pôles connaissent
alors une croissance auto-entretenue par la dynamique technologique.
• Les innovations effectuées dans l’agglomération se diffusent ensuite, à des
vitesses variables, vers les industries localisées dans les espaces sous
l’influence des pôles de croissance.
• Mais ces espaces environnants sont dépendants des pôles, ils ne peuvent
être à l’origine du développement régional qui passe par une concentration
d’activités suffisante pour impulser la croissance de la région tout entière.
• AYDALOT, Dynamique spatiale et développement inégal (1976) s’est
consacré, quant à lui, plus spécifiquement à l’étude du marché du travail et
a construit une théorie de la «division spatiale du travail». La formation et
les savoir-faire de la main-d’œuvre sont les piliers de cette théorie.
• La production de certains biens nécessite des savoir-faire spécifiques et/ou
une formation particulière. Ces inputs étant concentrés en ville, les
entreprises appartenant aux secteurs pour lesquels ce type de formation
est déterminant vont s’y localiser.
• Il s’agit des secteurs les plus dynamiques et dont les entreprises sont prêtes
à rémunérer la main-d’œuvre en conséquence de sa formation. Les
entreprises n’ayant pas à faire appel à ce type de main-d’œuvre se
localisent dans les régions périphériques.
• Les activités économiques sont donc distribuées dans l’espace en fonction
de leur niveau de technologie. Les industries de transformation sont
localisées dans les espaces de faible densité, où la main-d’œuvre est peu
qualifiée mais bon marché. Les industries nécessitant une main-d’œuvre
qualifiée, porteuse de développement économique, sont localisées dans
les agglomérations.
Chapitre 2: les logiques de l’agglomération
Chapitre 2: les logiques de l’agglomération
1) Introduction:
• L’agglomération constitue un phénomène ancien et général :
La population des plus grandes villes croît régulièrement, pour passer le seuil
du million à la fin du premier millénaire (Bagdad) ;
 concentration des activités se fait au niveau mondial : par exemple, en l’an
1000, l’Asie représente les deux tiers du PIB mondial.
• Une urbanisation inédite : Au niveau mondial, le taux d’urbanisation a dépassé
les 50 % depuis 2005. La moitié du PIB mondial se concentre dans la Triade et
sur seulement 1,5 % des terres émergées.
• Centre d’agglomération peuvent varier : L’Asie représentait les deux tiers du PIB
mondial en l’an 1000, l’Europe et ses dépendances plus de 50% au début du XXe
siècle.
• Plusieurs questions se posent : Pourquoi les activités et les populations
s’agglomèrent (les forces centripètes) ? Quels sont les gains individus et
collectifs à l’agglomération ? Quelles en sont les limites ? (forces centrifuges)
2. L’agglomération des villes : le rôle du hasard ?
La loi de l’agglomération, la loi de Zipf (1935), ne s’explique que par une
distribution aléatoire. Il n’y a aucun facteur – autres que purement
aléatoires – qui pourrait déterminer le taux de croissance de chaque
ville.

Au contraire, l’agglomération peut s’expliquer par des forces


centripètes (cas d’agglomération) et les forces centrifuges (cas de
dispersion)
3) Les forces de dispersion
• Le théorème d’impossibilité spatiale, STARRETT (1978) : Si on considère une économie avec un
nombre fini de lieux et d’agents, si l’espace est homogène (= les techniques de production des
firmes et les préférences des consommateurs sont les mêmes sur tout le territoire), si les
préférences ne sont pas localement à satiété et si on est dans un cadre de CPP, alors à ce
moment, à partir du moment où on introduit des coûts de transport, il n’existe aucun équilibre
avec de l’échange, ie pas d’échange. On a intérêt à produire nous-même ce dont on a besoin pour
éviter d’avoir à payer en plus des coûts de transport = « capitalisme d’arrière-cour ».
• De nombreuses forces centrifuges (= forces de dispersion) :
- Pression sur des ressources spatiales rares qui peuvent devenir coûteuses. Ex : rente foncière (cf
modèle de VT) Dans cette optique, les agents préfèrent donc s’installer dans un endroit où il n’y a
personne.
- Coûts de transport internes (en termes d’argent et de temps) d’autant plus élevés que
l’agglomération s’étend.
- Externalités négatives et congestion. Les infrastructures d’une agglomération peuvent être
congestionnées (métro surbooké…).
- Concurrence en prix. D’ASPREMONT, GABSZEWICZ, THISSE, dans « On Hotelling's Stability in
Competition » (1979) ont montré, en réinterprétant le modèle de Hotteling, qu’en cas de
concurrence en prix, les entreprises ont plutôt tendance à s’éloigner.
4 – Les forces d’agglomération
Pour saisir les forces d’agglomération, nous sommes obligés sortir du cadre de CPP
promu par Arrow et Debreu et dans lequel s’inscrit le théorème d’impossibilité : on
introduit l’hétérogénéité de l’espace, des externalités, les rendements croissants et
les comportements stratégiques.

• A – Les causes de l’hétérogénéité de l’espace


On peut reprendre la distinction de KRUGMAN (1993) :
- Les causes de première nature (causes exogènes) = contexte naturel
(caractéristiques physiques, géopolitiques, climatiques…). Ces causes influencent:
(i) les activités économiques : les causes certaines activités dépendent des
caractéristiques physiques, à l’image de l’agriculture et des activités du secteur
primaire.
(ii) les aménités : les individus peuvent préférer les aménités, les caractéristiques
de certains endroits. Par exemple, Sophia Antipolis a été installé près de Nice.
(iii) les coûts de transport : le contexte géographique a des conséquences directes
sur la mobilité et les coûts de transport.
• les zones tempérées côtières représentent 8% de la surface terrestre,
23% regroupe 23% de la population mondiale et correspondent à 53%
du PIB mondial. La création de richesses est 18 fois plus importante
dans ces zones que dans les zones non-tempérées éloignées des
côtes. MELLINGER, SACHS, GALLUP (2003)
- Les causes de seconde nature (causes endogènes) : ce sont des
éléments du contexte d’un lieu qui sont déjà des constructions
humaines : institutions, infrastructures, agglomération. Ces éléments
sont donc endogènes à l’agglomération :
- Le rôle des institutions : Selon NORTH (« Institutions », 1991), « les
institutions sont des contraintes créées par les hommes qui
structurent les interactions politiques, économiques et sociales ».
Elles recouvrent des groupes humains, et donc, le plus souvent, des
espaces, sur lesquels elles ont deux conséquences essentielles : elles
les différencient, elles les séparent (effet d’hétérogénéité), du fait
notamment des frontières (effet de distance). A ce titre, les
institutions participent au dynamisme d’un espace :
- L’effet des frontières : La Colombie Britannique commerce 10 fois plus
avec l’Ontario qu’avec le Texas, qui se trouve à la même distance et a
un PIB 50% supérieur. (McCALLUM,1995)
B - Les logiques d’agglomération « pures »
• Nous devons ici sortir du cadre de CPP en prenant en compte les
externalités, les rendements croissants et les comportements stratégiques
(ce qu’ont permis les modèles de KRUGMAN 1991, 1995).
• Ces logiques d’agglomération pures repose sur une logique de « causalité
cumulative et circulaire ». Cf MYRDAL (Economic theory and
underdeveloped regions, 1957) qui décrit le processus de développement
localisé par une relation de «causalité circulaire et cumulative». Le
développement d’une région est enclenché par une condition
géographique ou historique particulière (cause de première nature) : les
salaires réels et les rendements du capital sont plus élevés dans cette
région qui va ainsi attirer de nouveaux facteurs de production. La
concentration de 1’activité économique dans une région va conduire à des
rendements d’échelle croissants, en raison de l’accumulation importante
des connaissances et des savoir- faire issus de la forte concentration
géographique. La présence de ces rendements croissants va alimenter
l’écart de productivité des facteurs, ce qui attire de nouvelles activités
économiques, etc = un cercle “vertueux” de développement est ainsi
enclenché. Autrement dit, l’agglomération appelle l’agglomération, qui
appelle à son tour l’agglomération : effet « boule de neige ».
• Quelques éléments de typologie des économies d’agglomération :
l’agglomération peut porter sur les biens ou les individus ; Les
économies d’agglomération peuvent être de localisation (il y a un
gain à s’agglomérer près d’agents économiques qui font la même
chose) ou d’urbanisation (les agglomérations valent pour tous les
agents) ; Les agglomérations peuvent être statiques ou dynamiques ;
les agglomérations peuvent être technologiques (le fait d’être proche
des autres à un impact sur la technologie. On produit mieux) ou
pécuniaires (effets positifs sur les coûts. On produit moins cher) ; les
économies d’agglomération peuvent être dues au partage, à
l’appariement (s’il y a plus d’endroit et de diversité, on a plus de
chances de faire de bonnes rencontres) ou à l’apprentissage
(l’économie d’agglomération passe par la connaissance ou le niveau
technologique).
• Les économies d’échelle internes : Les économies d’échelle internes à
l’entreprise peuvent s’expliquer par : l’amortissement du capital fixe;
le pouvoir de marché en monopsone (on peut par exemple avoir des
réductions sur les CI) ;

• Les économies d’échelle internes à l’entreprise peuvent s’expliquer


par : économies de « champs » (diversification de la production) ou
de « gamme » : il s’agit de la diversification de la production (pas
d’homogénéité des biens) ; économies organisationnelles : on peut
organiser plus efficacement les ressources humaines s’il y a un grand
nombre de travailleurs ; spécialisation d’Adam Smith : elle correspond
au fait de pouvoir diviser le travail à l’intérieur de la firme.
Les économies d’échelle externe (ou économie d’agglomération): elles trouvent leur
origine à l’extérieur de l’entreprise. Elles bénéficient de la même façon à toutes les
entreprises du secteur et elles se manifestent avec l’augmentation de la production de la
branche. Les rendements sont constants au niveau de l’entreprise mais croissants au
niveau de la branche. Ces économies d’échelle externe correspondent aux économies
d’agglomération.
Elles recouvrent trois grandes catégories :
Les économies d’échelle externe liées au partage (sharing) : des entreprises peuvent
avoir intérêt à se regrouper pour :
Les économies d’échelle externe liées au partage (sharing) : des entreprises peuvent
avoir intérêt à se regrouper pour : partage de biens et d’équipement coûteux. Pour
certaines infrastructures (Eglise, murailles…), on peut avoir intérêt à se regrouper
ensemble : c’est le partage des biens collectifs.
Partage des gains de spécialisation à la Adam Smith : lorsque l’on se concentre, on peut
se spécialiser. Ex : Toulouse avec l’aérospatial
Partage du risque, notamment sur le marché du travail. Lorsqu’une seule entreprise
marche bien, elle a besoin d’une plus grande MO. Or, la MO ne viendra pas s’installer car
elle n’est pas sûre d’être embauchée et prend par là-même le risque de ne pas trouver
de travail. Si on prend maintenant le cas d’un grand nombre d’entreprises, la MO peut
avoir intérêt à s’installer car le risque de ne pas être embauché pour la MO est moindre
(« Labor Market Pooling » mise en commun du marche du travail de MARSHALL).
Les économies d’échelle externes liées à l’appariement (matching),
ie la possibilité de rencontrer le bon partenaire.
Dans un article « Microfoundations of urban agglomeration economies
», DURANTON et PUGA (2004) montrent que les entreprises ont plus
de chances de trouver le bon partenaire sur le marché du travail liés si
les activités sont agglomérées (plus le nombre de partenaires qui
cherchent un appariement dans une région est élevé, plus la possibilité
de trouver un appariement de qualité est élevé)
Les économies d’échelle externes liées aux externalités de
connaissances (learning) :
l’agglomération peut aussi générer des externalités de connaissances :
Dans un article « Micro-foundations of urban agglomeration economies »,
DURANTON et PUGA (2004) distingue trois types d’exernalités :
La création de connaissances (knowledge generation : diversified urban
environments play in facilitating search and experimentation in
innovation » ;
diffusion de compétences, d’idées et de connaissances (« knowledge
diffusion » : « The basic idea is that proximity to individuals with greater
skills or knowledge facilitates the acquisition of skills and the exchange
and diffusion of knowledge) ;
L’accumulation de connaissances (« knowledge accumulation ») : les
externalités de capital se cumulent (effet statique) et se diffusent (effet
dynamique).

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