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ANNEE ACADEMIQUE 2019-2020

UNIVERSITE JEAN LOROUGNON UFR DES SCIENCES ECONOMIQUES


GUEDE ET DE GESTION

PREMIERE ANNEE DE LICENCE


SEMESTRE 1

SUPPORT DE COURS MAGISTRAL


D’INITIATION A L’ANLYSE
MICROECONOMIQUE

Chargé de cours : Dr ZOKOU Clément, UFR SEG /UJLoG

Couverture Académique : Pr TIEHI Tito, Maître de Conférence Agrégé UFR SEG


UFHB
1
INTRODUCTION
La microéconomie, dont le préfixe « micro » dérive d’une racine grecque
signifiant « petit », traite du comportement d’unités ou agents économiques
individuels. Il s’agit notamment des consommateurs et des producteurs.
La microéconomie explique comment et pourquoi ces agents individuels
prennent des décisions économiques.
A la base de la science économique se trouve la notion de besoin. Le besoin
qu’on définit comme le sentiment de manque de tout ce qui nécessaire à l’homme pour
vivre en société. Les besoins présentent un caractère illimité essentiellement parce
qu’ils se renouvellent sans cesse ; alors que les moyens pour satisfaire, de façon
précisément convenable, ces besoins sont jugés limités ou rares. Ces moyens sont
appelés biens économiques ou ressources rares principalement parce que leur
acquisition est onéreuse ou exige un effort, et ne sont alors pas gratuitement offerts
par la nature.
Les agents économiques individuels sont alors contraints par la limite ou la
rareté des ressources dans la satisfaction de leurs besoins. Ils sont donc appelés à faire
des choix ou des arbitrages. La microéconomie analyse ces choix à travers l’étude des
comportements individuels de demande et d’offre ainsi que leur interaction sur les
marchés pour expliquer la formation des prix. Cet objet de la démarche
microéconomique se retrouve dans la définition de l’Economie de L. ROBBINS, Essai
sur la nature et la signification de la science économique (1932), « l’économie est la
science qui étudie le comportement humain en tant que relation entre les fins et des moyens
rares à usages alternatifs » ; et de celle de E. MALINVAUD, Leçons de théorie
microéconomique (1969), « l’économie est la science qui étudie comment les ressources rares
sont employées pour la satisfaction des besoins ; …… ».
Les origines de l’analyse microéconomique se situent dans les travaux de
Williams Stanley JEVONS (Théorie de l’Economie Politique, 1871), fondateur de l’Ecole
de Cambridge, de Carl MENGER (Fondements de l’économie politique, 1871), fondateur
de l’Ecole Autrichienne, de Léon WALRAS (Eléments d’économie pure, 1874), fondateur
de l’Ecole de Lausanne.

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CHAPITRE 1 : LE COMPORTEMENT DU
CONSOMMATEUR

Comment un consommateur, contraint par un revenu limité, décide –t-il de


l’achat de biens et services ? Il s’agit là d’une question fondamentale de la
microéconomie qui propose trois étapes pour comprendre le comportement du
consommateur, à savoir l’analyse des préférences du consommateur, de la contrainte
budgétaire, et des choix optimaux du consommateur.

SECTION 1 : Les hypothèses de base sur les préférences et les

courbes d’indifférence.

1. Les paniers de biens

Un panier de biens, aussi appelé vecteur de consommation, est une liste composée
d’une quantité donnée pour tous les biens disponibles dans l’économie. Deux
hypothèses de travail sont formulées sur ces biens disponibles dans l’économie. En
effet, ces biens doivent respecter les deux axiomes suivants :
Axiome 1 (homogénéité) : il existe différents types de biens, et au sein
de chaque type, les biens sont supposés être identiques ou homogènes.
Axiome 2 (divisibilité et additivité) : pour chaque type de biens, les
quantités disponibles sont divisibles et additives.
Un panier j , noté X j , peut donc s’écrire sous la forme d’un vecteur composé

des différentes quantités des n biens disponibles dans l’économie.

Il s’écrit : X j x1 j , x2 j ,...., xij ,..., xnj où xij se lit la quantité de bien i dans le panier j

Considérons deux paniers : le panier X 1 composé de 3 unités de bien 1 et

2 unités du bien 2 ; et le bien X 2 composé de 10 unités de bien 1 et 5 unités du bien 2.

Analytiquement, les deux paniers s’écrivent :


X1 x11 , x21 3, 2 ou encore X 1 x11 3, x21 2 , plus simplement X 1 3, 2

X2 x12 , x22 10,5 ou encore X 1 x12 10, x22 5 , plus simplement X 2 10, 5

3
2. Rationalité et préférences du consommateur

On note d’entrée que les préférences (ou « goûts ») des consommateurs sont,
par définition, subjectives, c’est-à-dire propres à chaque individu. Ce pourquoi, on
formule des hypothèses sur ces préférences afin d’assurer la cohérence du cadre
d’analyse. Ainsi, on considère pour la suite de la présentation que les préférences
répondent à un ensemble d’axiomes qui permettent de circonscrire l’analyse aux
comportements rationnels des consommateurs.

2.1 Les axiomes de rationalité du consommateur


La rationalité du consommateur repose sur un ensemble d’axiomes. On note
que dans la littérature économique, un agent (consommateur, producteur) rationnel
est qualifié d’« homo-oeconomicus ».

Axiome 1 (Axiome de comportement) : les consommateurs maximisent leur propre


satisfaction.
Cet axiome comporte deux éléments distincts. Tout d’abord, il suppose que tout
consommateur recherche le panier biens qui maximise sa satisfaction. En outre, cet
axiome énonce que les consommateurs ne sont concernés que par la seule
maximisation de leur propre satisfaction. Ce qui implique qu’un consommateur
adoptera un comportement altruiste si seulement si le gain qu’il en tire est supérieur
au coût engendré par ce comportement altruiste. On parle alors d’altruisme rationnel.

Axiome 2 (Axiome de l’unicité de la relation de préférence) : chaque


consommateur est doté d’une relation de préférence unique qui constitue son seul critère
de choix.
L’unicité de la relation de préférence assure qu’il existe chez le consommateur un
classement unique des paniers de biens. Cet unique classement permettra au
consommateur de choisir le panier qui maximise sa satisfaction.

Axiomes de cohérence du consommateur : Il s’agit ici d’affiner les propriétés


que doit respecter la relation de préférence afin que les choix des
consommateurs soient cohérents.

4
Il importe d’abord de préciser que lorsqu’un consommateur compare deux
paniers de biens X 1 et X 2 , trois formes de relations binaires sont envisageables :

- soit, X 1 X 2 , qui signifie que le panier X 1 est strictement préféré au

panier X 2 ou vice-versa ( X 2 X 1 ).

- soit, X1 X 2 , qui signifie que le consommateur est indifférent entre

les paniers X 1 et X 2 . On dit alors des paniers X 1 et X 2 qu’ils sont

équivalents, c’est-à-dire qu’ils procurent au consommateur le même


niveau de satisfaction.
- X1 X 2 , qui signifie que le panier X 1 est faiblement préféré au panier

X 2 , ou encore le panier X 1 est au moins aussi désirable que le panier

X 2 ; et vice versa ( X 2 X1 )

De ces relations binaires, on tire les trois axiomes de cohérence du


consommateur :
Axiome 3 (Axiome de complétude) : pour tous paniers de biens X 1 et X 2

, on a soit X 1 X 2 ou X 2 X1 .

Cet axiome signifie simplement qu’un consommateur est toujours à


mesure de pouvoir comparer deux paniers de biens.
Axiome 4 (Axiome de réflexivité) : pour tout panier de bien X i , on a

Xi Xi .

Cet axiome signifie qu’un panier est préféré ou équivalent à un autre


panier de même composition. Dit autrement, un consommateur est
capable d’identifier des paniers de biens identiques.
Axiome 5 (Axiome de Transitivité) : soient les paniers de biens
X1 , X 2 et X 3 . Si X 1 X 2 et X 2 X 3 alors X 1 X3

Cet axiome précise que les comparaisons deux à deux de paniers de biens
doivent être cohérentes.

5
Toute relation de préférence qui vérifie les trois axiomes de cohérence du
consommateur, c’est-à-dire complète, réflexive et transitive, est qualifiée de pré ordre
total. Ces axiomes de cohérence ainsi que l’axiome de comportement et l’axiome
d’unicité de la relation de préférence définissent le comportement rationnel du
consommateur.

2.2 Les axiomes sur les formes des préférences des consommateurs.
Il s’agit ici de spécifier quelques axiomes complémentaires qui caractérisent les
préférences dites normales ou convexes constituant les cas standards de préférences.

L’axiome 1 (Axiome de continuité des préférences) : si un panier X 1 est

strictement préféré à un panier X 3 X1 X 3 , et qu’un panier X 2 est très proche

du panier X 1 , alors X 2 X3 .

Au total, selon cet axiome, si deux paniers sont proches, alors les niveaux de
satisfaction qu’ils procurent doivent également être proches.

L’axiome 2 (axiome de non-saturation des préférences, ou axiome


d’insatiabilité, ou encore axiome de « monotonicité des préférences ») : Le
consommateur préfère toujours le panier le mieux doté en quantités de chacun
des biens.
L’axiome de non-saturation des préférences signifie qu’un agent préfère toujours
consommer plus de biens. D’où la formule, « le consommateur préfère toujours plus à
moins ». On suppose ici qu’il n’y a pas de phénomène de satiété qui pourrait conduire
un individu à ne pas apprécier une consommation excessive d’un bien.
L’Axiome 3 (axiome de convexité des préférences) : si X 1 X 2 et si X 1 X2 ,

alors 0,1 on aura X1 1 X2 X2 .

Cet axiome signifie qu’un panier résultant d’une combinaison linéaire de deux
paniers de biens sera toujours au moins aussi désirable que chacun des paniers
de biens originels. On déduit alors que les consommateurs ont une préférence
pour les mélanges, c’est-à-dire qu’ils préfèrent disposer de paniers diversifiés
plutôt que de consommer des paniers extrêmes.

6
3. Les courbes d’indifférence
On représente graphiquement les préférences à l’aide de courbes d’indifférence.
Une courbe d’indifférence représente toutes les combinaisons de paniers de biens qui
procurent à un consommateur le même niveau de satisfaction.
Au regard des axiomes sur la rationalité des consommateurs et des axiomes sur
les préférences, le consommateur peut désigner le panier de biens qu’il préfère. En
s’appuyant sur cette information, il est possible, pour un consommateur, de classer
tous les paniers de biens possibles. Pour l’illustrer, construisons le tableau 1.1
ci-dessous :

Tableau 1.1 : Cas de préférences d’un consommateur


Paniers Unités du bien 2 ( x2 ) Unités du bien 1 Observation
de biens ( x1 )
A 55 25 Niveau de satisfaction supérieur à C
B 45 15 Niveau de satisfaction inférieur à C
C 52 18 Niveau de satisfaction de référence
E 48 20 Même niveau de satisfaction que C
F 45 22 Même niveau de satisfaction que C

La figure 1.1 donne la représentation graphique des préférences décrites dans


le tableau 1.

x2

A
55
C
52

48 D
B
45 E

15 18 20 22 25 x1

Figure 1.1: Représentation graphique des préférences individuelles

7
En s’appuyant sur l’axiome de non-saturation, on peut comparer les paniers
dans chacune des zones. Ainsi, le panier C est préféré au panier B ainsi qu’à tous les
paniers à l’intérieur de la zone dans lequel est situé le panier B ; alors que le panier
A, ainsi que tous les paniers de la zone contentant A, est préféré au panier C. Mais, le
panier C ne peut être comparé aux paniers D et E sans informations supplémentaires
sur la relation de préférence du consommateur considéré car ces trois paniers
n’obéissent pas à l’axiome de non-saturation.

On retrouve cette information dans la figure 2.2 qui Figure 1.2 : Représentation graphique d’une
représente une courbe d’indifférence de niveau Courbe d’Indifférence
passant par les paniers C, D et E. Cette courbe
indique que le consommateur est indifférent entre
x2
ces trois paniers. En passant du panier C ( x1 =18,
x2 =52) au panier D( x1 =20, x2 =48), notre 55 A
consommateur ne se sent ni mieux ni moins bien.
En effet, abandonner 4 unités de bien 2 pour 52
C
acquérir 2 unités supplémentaires de bien 1
, qu’implique le passage du panier C au D, lui D
procure le même niveau de satisfaction que s’il 48

consommait le panier C. Le raisonnement est B E


similaire pour le passage du panier C au panier E. 45
Mais le consommateur préféra le panier C au
panier B situé dans une zone en dessous de la
courbe d’indifférence de niveau .

15 18 20 22 25 x1

Notons que la pente de la courbe d’indifférence, représentée sur la figure 1.2, est
négative, c'est-à-dire pour garder le même niveau de satisfaction, notre consommateur
devra renoncer à consommer un peu moins de bien 1 s’il désire consommer davantage
de bien 2, et vice versa. Au total, les courbes d’indifférence sont nécessairement
décroissantes et ne peuvent nullement être croissante du fait de l’axiome de non-
saturation des préférences.

La carte d’indifférence est la représentation d’un ensemble de courbes


d’indifférence qui décrivent les préférences d’un même consommateur. Dit
autrement, par tous les paniers de biens possibles d’un consommateur passe une

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courbe d’indifférence, et l’ensemble de ces courbes d’indifférence représente la carte
d’indifférence du consommateur. On l’illustre par la figure 1.3 représentant la carte
d’indifférence tiré du tableau 1.1.

Figure 1.3 : Une carte d’indifférence

x2

A
C
B

Tous les paniers de biens de la courbe d’indifférence de niveau , qui est la


plus éloignée de l’origine des axes, sont préférés à ceux de la courbe d’indifférence de
niveau qui sont, à leur tour, préférés aux paniers de biens de la courbe
d’indifférence de niveau . En somme, plus une courbe d’indifférence est éloignée de
l’origine des axes, plus grand est le niveau de satisfaction qui lui est associé.
Notons bien que deux courbes d’une même carte d’indifférence ne peuvent se
couper. Pour faire simple, on dira que deux courbes d’indifférence décrivant les préférences
d’un même consommateur ne peuvent se croiser ou se couper. Pour le comprendre,
rapportons-nous à la figure 1.4 ci-dessous.
Figure 1.4 : Impossibilité d’intersection des CI
Le consommateur est indifférent entre les paniers
A et B car les deux appartiennent à la courbe x2
d’indifférence . Il en est de même pour les
paniers A et D appartenant à . Alors selon
l’axiome de transitivité, le consommateur doit être D
indifférent entre les paniers B et D. Ce qui contredit
l’hypothèse l’axiome de non-saturation car le B
A
panier D est par construction mieux doté en bien 1
et en bien 2 que le panier le panier B. En somme,
l’intersection des courbes d’indifférence d’un
même consommateur infirme l’axiome de non-
saturation, ce qui ne saurait être cohérent. x1
9
4. Formes des courbes d’indifférence
La forme ou l’allure d’une courbe d’indifférence dépend surtout de la nature
de la relation entre les biens considérés.

4.1 Cas des biens imparfaitement substituables


Deux biens sont imparfaitement substituables si les préférences du
consommateur sont telles qu’il ne peut pas totalement renoncer à la consommation
de l’un au profit de l’autre. Ainsi, pour la plupart des consommateurs, les aliments de
résistance et les aliments d’entretien sont deux catégories de biens imparfaitement
substituables.
En présence de biens imparfaitement substituables, on parle de préférences
convexes ou normales (voir axiome de convexité des préférences).

Pour les biens imparfaitement substituables, les x2


courbes d’indifférence sont strictement
convexes, c'est-à-dire présente une allure
incurvée vers le bas et asymptotes aux axes. Le C
52
terme strictement convexe signifie que la
courbe d’indifférence est à pente négative dont -4
D
la valeur absolue diminue au fur à mesure 48
qu’on descend le long de la courbe -3 E
45
d’indifférence. On l’illustre par la figure 2.5. En
effet, lorsqu’on descend le long de la courbe
d’indifférence , le passage du panier C au x1
panier D puis du panier D au panier E, les 18 20 22
paniers sont de moins à moins dotés en x 2 et
de plus en plus dotés en x1 . D’où la pente Figure 1.5 : Courbe d’Indifférence strictement
Convexe
négative de la Courbe d’indifférence
strictement convexe . En outre, à mesure
qu’on descend le long de , le consommateur
renonce à des quantités de plus en plus faibles
de x 2 . D’où la décroissance de la valeur
absolue de la pente de la courbe d’indifférence
strictement convexe.

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Pour l’interprétation de la décroissance de la valeur absolue de la pente de la
courbe d’indifférence strictement convexe, introduisons la notion de Taux Marginal
de Substitution (TMS). Le Taux Marginal de Substitution du bien 2 au bien 1 est le nombre
d’unités de bien 2 auxquelles le consommateur est prêt à renoncer pour acquérir une unité
supplémentaire du bien 1 tout en conservant le même niveau de satisfaction, on le notera TMS2 1

Quand on parle de TMS, il faut nécessairement identifier le bien que le


consommateur désire acquérir davantage et le bien qu’il désire consommer moins. On
décidera, par convention pour cette section comme pour la suite du cours, que le TMS
désigne la quantité du bien placée sur l’axe des ordonnées à laquelle le consommateur
est prêt à renoncer pour obtenir une unité supplémentaire du bien situé sur l’axe des
abscisses.
Sur la figure 1.5, le TMS est alors le nombre d’unités de bien 2 auquel renonce
le consommateur pour acquérir une unité supplémentaire du bien 1. On écrit alors :
x2 dx2
TMS2 1 (ou - )
x1 dx1

Il ressort de cette dérivation algébrique que : Le signe algébrique du TMS est

toujours négatif : car x2 est une quantité négative x2 0 puisqu’on réduit la

dotation en bien 2 pour augmenter celle du bien 1 x1 0 . Considérant ce signe

négatif assez encombrant, l’analyse économique définit par convention le TMS comme
une grandeur positive. D’où le signe moins dans la formule du TMS.

Pour des préférences convexes ou « normales » (biens imparfaitement


substituables), le TMS décroît le long de la courbe d’indifférence.

Pour l’illustrer, considérons la courbe d’indifférence de la figure 1.5. Lorsqu’on

x2 48 52
passe du panier C au panier D, TMS 2 1 2 Mais en passant du
x1 22 20

panier C au panier E le TMS2 1 baisse et est égale à 1,5. Et cette tendance décroissante

du TMS2 1 se poursuivra pour le passage du panier E à un panier situé à sa droite, et

ainsi de suite. L’interprétation de cette décroissance du TMS2 1 est la suivante : Au fur

et à mesure qu’augmente la quantité consommée d’un bien, il s’ensuit une baisse

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progressive de la satisfaction qu’il procure, c’est la premier loi de Gossen ; par
conséquent le consommateur sera prêt à renoncer à des quantités de plus en plus
faibles d’un autre bien pour acquérir des unités additionnelles dudit bien.

4.2 Cas des biens parfaitement substituables et des biens parfaitement


complémentaires
Les biens parfaitement substituables et les biens parfaitement complémentaires
représentent deux cas de préférences extrêmes par rapport aux préférences convexes.
Deux biens sont parfaitement substituables aux yeux d’un consommateur s’il est
indifférent entre la consommation de l’un ou la consommation de l’autre. Dit autrement, des
biens sont des substituts parfaits si on préfère ne peut pas les consommer simultanément.

Par exemple, pour rédiger son examen de Microéconomie, l’étudiant Licence 1 a


le choix entre utiliser un stylo de couleur bleue ou un stylo de couleur noire et non les
deux à la fois. Et, comme la couleur du stylo n’aura aucune incidence sur sa
performance, il est indifférent entre le choix de l’une ou de l’autre couleur. Dans ce
cas, le stylo de couleur bleue et le stylo de couleur noire sont deux substituts parfaits.

Plus précisément, deux biens sont des substituts parfaits quand le TMS de l’un à
l’autre est toujours constant. Il s’ensuit alors qu’en présence de deux biens
parfaitement substituables, les préférences du consommateur sont décrites par des
courbes d’indifférence qui ont la forme de droite à pente négative (voir figure 1.6).
Dans l’exemple de l’Etudiant Licence 1 la pente de sa courbe d’indifférence est de -1
découlant du fait que son TMS du stylo de couleur bleue au stylo de couleur noire est
de 1, c'est-à-dire s’il renonce à utiliser une unité de stylo de couleur bleue il
compensera par l’utilisation d’une unité de stylo de couleur noire (échange 1 contre
1). Il importe de bien noter que la pente de la courbe d’indifférence en présence de deux
biens parfaitement substituables est toujours négative et constante mais pas toujours
égale à -1. Par exemple, si l’Etudiant UJLOG pense qu’une clé USB de mémoire de 2
Giga-octets est équivalente à deux clés USB de mémoire de 1 Giga-octet, la pente de
sa courbe d’indifférence est de – 2 (échange de 2 contre 1).

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Chaussures gauches
Stylo bleue

2
3
1
2
1

1 2 3 Chaussures
1 2 3 Stylo droites

noire

Figure 1.6 : Courbes d’Indifférence en Figure 1.7 : Courbes d’Indifférence en


présence de substituts parfaits présence de biens complémentaires

Deux biens sont parfaitement complémentaires dans un processus de consommation si


l’on ne peut pas consommer l’un sans nécessairement l’autre, et cela dans des proportions fixes.
C’est le cas de la chaussure gauche et de la chaussure droite pour tout individu en
parfaite possession de ses deux jambes. Si on donne à un individu une chaussure
gauche, il faudra nécessairement lui adjoindre une chaussure droite pour qu’il puisse
assurer convenablement sa consommation.
En présence de biens complémentaires, la courbe d’indifférence prend la forme
d’un « L » majuscule, l’angle étant situé au point où le nombre de chaussures gauches
est égale au nombre de chaussures droites. Cette courbe d’indifférence est représentée
par la figure 1.7.

5. L’utilité
Il a été mentionné au début de cette section que les consommateurs peuvent
classer les paniers de biens les uns par rapport aux autres. Toutefois, il paraît, par
souci de simplification, de pouvoir affecter à chaque panier de biens une mesure
numérique qui permet d’associer à chaque courbe d’indifférence un niveau indicatif
de satisfaction. Ainsi, l’utilité représente la valeur numérique indicative attribuée à la
satisfaction d’un individu consommant un panier de biens.

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5.1 La fonction d’utilité
Une fonction d’utilité est une façon d’attribuer une valeur numérique aux différents
paniers de biens de telle sorte que les paniers plus désirables reçoivent des valeurs supérieures
à ceux qui le sont moins.
Si l’on suppose que la fonction d’utilité d’un consommateur s’écrit :
U( x1 , x2 ) 0, 01 x1.x2

- au panier A x1 25, x2 55 est attribué le niveau

d’utilité UA 0, 01 25 55 13, 75

- au panier B x1 15, x2 45 , on attribue le niveau d’utilité U B 6, 75

- et, au panier C x1 18, x2 52 , on attribue le niveau d’utilité U C 9,36

L’attribution des niveaux d’utilité à ces différents paniers de biens est telle que
le panier A est préféré au panier C ( > ), et le panier C est à son tour préféré au

panier B ( > ).

En somme, la fonction d’utilité fournit la même information que la carte


d’indifférence : toutes deux classent les paniers de biens en fonction du niveau de
satisfaction qu’ils procurent au consommateur. Ainsi, ce qui importe pour une
fonction d’utilité, c’est la façon dont elle classe des paniers des biens en leur attribuant
des valeurs numériques. Comme, la fonction d’utilité ne se préoccupe que du seul classement
ou de l’ordre à établir entre les paniers de biens possibles, on dit que l’utilité est un concept
ordinal. On parle alors de fonction d’utilité ordinale par opposition la fonction d’utilité
cardinale.
L’approche cardinale de l’utilité visait à quantifier la satisfaction procurée par
la consommation d’un panier de biens en lui attribuant une valeur cardinale mesurée
en utilon. Ainsi, par cette approche on dirait de combien un panier est préféré à un
autre panier. Dans l’exemple du consommateur donné précédemment, l’approche de
l’utilité cardinale dira que le panier A ( = 13,75) est plus deux fois préférés au panier
B ( = 6,75); alors que l’approche de l’utilité ordinale se contentera de dire
simplement que le panier A est préféré au panier B sans donner une interprétation
particulière à la grandeur de l’écart entre les deux valeurs numériques considérés
comme indicatives.

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Comme seul le classement des paniers importe pour la fonction d’utilité
ordinale, il n’existe pas une seule façon d’attribuer des niveaux d’utilité aux différents
paniers de biens. En effet, si la fonction d’utilité ( , ) permet d’attribuer une
valeur numérique au panier ( , ), il en sera de même si on multiplie ( , ) par 2
ou par tout autre nombre positif. Cette multiplication par 2 est un exemple de
transformation monotone. Une transformation monotone modifie un ensemble de nombres
en un autre ensemble de nombres tout respectant leur classement. En pratique, une
transformation monotone est représentée habituellement par une fonction (. ) qui transforme
chaque nombre en un autre nombre ( ) de telle sorte que le classement entre les différentes
valeurs de soit respecté, c'est-à-dire que > implique que ( )> ( ).

Si (. ) est une fonction monotone et croissante, U . une fonction d’utilité

quelconque, alors f U . est une transformation monotone de la fonction d’utilité

U . qui décrit exactement les mêmes préférences que la fonction U . . Pour résumer,

on peut énoncer le principe suivant : toute transformation monotone d’une fonction


d’utilité représente les mêmes préférences que la fonction d’utilité initiale.

5.2 Quelques exemples de fonction d’utilité


Nous avons examinés quelques cas de préférences ainsi que les courbes
d’indifférence qui les décrivent. Il s’agira ici de caractériser ces préférences par des
fonctions d’utilité.
A partir d’une fonction d’utilité, par exemple U x1 , x2 il est relativement simple

de tracer des courbes d’indifférence. Il s’agira de représenter tous les points


représentant le couple de quantités x1 , x2 de paniers de biens donnés tels que

U x1 , x2 est égal à une constante donnée. En termes mathématiques, l’ensemble des

points x1 , x2 tels que U x1 , x2 est égal à une constante s’appelle une courbe de

niveau. Pour des valeurs différentes de la constante, on obtient des courbes


d’indifférence de niveaux différents.

15
x2 U 1
U 2
Illustrons en déterminant les courbes d’indifférence à partir
U 3
d’une fonction d’utilité. Considérons, à cet effet, la fonction
d’utilité U x1 , x2 x1 .x2 . On rappelle qu’une courbe
d’indifférence est simplement ici l’ensemble des valeurs x1

et x2 telles que U x1 , x2 x1 x2 k pour une constante


k donnée. En exprimant x2 en fonction de x1 , on définit la
k
courbe d’indifférence par l’équation : x2 .
x1
Cette courbe d’indifférence est représentée à la figure 1.8
pour k 1, 2,3

x1
5.2.1 Biens parfaitement substituables

La fonction d’utilité couramment utilisée pour décrire les préférences pour des
biens imparfaitement substituables, ou préférences normales, est la fonction
Cobb-Douglas, baptisée du nom de l’économiste Paul Douglas de l’Université de
Chicago et du mathématicien Charles Cobb d’Ambert Collège, qui ont initialement
utilisé cette formalisation pour analyser le comportement de production.
La forme générale de la fonction d’utilité Cobb-Douglas s’écrit :

U x1, x2 x1a x2b


Où a et b sont des nombres positifs qui décrivent plus précisément les
préférences du consommateur pour chacun des deux biens. Des valeurs différentes
des coefficients a et b impliquent des formes différentes pour les courbes
d’indifférence.

Une transformation monotone de la fonction d’utilité Cobb-Douglas représente


exactement les mêmes préférences que la fonction d’utilité initiale. Une transformation
monotone est particulièrement intéressante pour simplifier les calculs de dérivées
partielles. Il s’agit de la transformation monotone croissante à l’aide de la fonction
logarithme népérien :

V x1 , x2 ln U x1 , x2 ln x1a x2b a ln x1 b ln x2 .

16
5.2.2 Les substituts parfaits ou biens parfaitement substituables

On rappelle que lorsque deux biens sont parfaitement substituables, la


courbe d’indifférence associée aux préférences du consommateur est une droite.
C’est la pente constante de la courbe d’indifférence qui constitue la caractéristique
principale des substituts parfaits.
De manière générale, les préférences pour des substituts parfaits peuvent être
représentées par une fonction d’utilité de la forme :
U x1 , x2 ax1 bx2

Les paramètres et sont des nombres positifs. Ils traduisent « la valeur » que
le consommateur attribue respectivement au bien 1 (désiré en quantités x1 ) et au

bien 2 (désiré en quantités x2 ). La pente d’une courbe d’indifférence, qui mesure aussi

le TMS2 1 , est donnée par a b .

5.2.3 Les compléments parfaits ou biens parfaitement complémentaires

Dans l’exemple de chaussures gauches et de chaussures droites, le


consommateur ne se préoccupe que de paires de chaussures correctement constituées.
Ainsi, pour le consommateur, on prend le nombre de paires complètes de chaussures
comme fonction d’utilité. Le nombre de paires complètes de chaussures est la valeur
minimum du nombre de chaussures droites ( ) ou de chaussures gauches ( ) à sa
disposition. Et la fonction d’utilité ici s’écrit :
U x1 , x2 Min x1 , x2

Considérons les paniers A x1 10, x2 10 ; B x1 12, x2 10 ; et C x1 10, x2 11

On a Min 10,10 Min 12,10 Min 10,11 10 ; les paniers A, B et C appartiennent

alors à la même courbe d’indifférence de niveau 10.


De façon générale, les préférences pour les biens parfaitement complémentaires
peuvent être représentées par une fonction d’utilité de la forme :
U x1 , x2 Min ax1 , bx2

Les paramètres et sont des nombres positifs qui indiquent les proportions
dans lesquelles les biens sont consommés.

17
5. 3 L’utilité marginale
Considérons un individu qui consomme un panier de biens ( , ). Quelle est
la variation d’utilité de cet individu s’il reçoit un peu plus de bien 1 (quantités )?
Ce taux de variation est appelé l’utilité marginale du bien 1. On le note et le définit
sous la forme d’un ratio :

U U x1 x1 , x2 U x1 , x2
Um1
x1 x1

L’utilité marginale mesure le taux de variation de l’utilité ) découlant d’une


petite variation de la quantité de bien 1 ( ). Il importe de souligner que la quantité
du bien 2 est maintenue constante.
Pour généraliser, notons que dans l’analyse économique, le terme « marginal »
implique simplement une dérivée. Et l’utilité marginale se réécrit simplement :

( , )
=

La dérivée partielle est utilisée puisque l’utilité marginale du bien 1 se calcule


en maintenant constant la quantité ( ) du bien 2. Pour le bien 2 (quantités ), on a :
( , )
=

La variation de l’utilité consécutive à une variation de la quantité consommée


du bien 1, la consommation du bien 2 étant constante, s’écrit alors :
U x1Um1

On utilise l’utilité marginale pour établir le taux marginal de substitution


(TMS).

5.3.1 Utilité marginale et taux marginal de substitution

On rappelle que le taux marginal de substitution TMS 2 1 s’interprète comme

le taux auquel le consommateur est disposé à substituer une certaine quantité de bien
2 (quantités ) au bien 1 (quantités ) le long d’une même courbe d’indifférence.
De cette interprétation, on déduit une façon simple de calculer le TMS à partir
d’une fonction d’utilité. Considérons à cet effet, la fonction d’utilité ( , ). Si on
considère une variation simultanée de la consommation du bien 1 et du bien 2, qu’on

18
note ( , ) ou ( , ), qui maintienne l’utilité constante. Dit autrement, une
variation simultanée des quantités consommées et correspond à un déplacement
le long de la même courbe d’indifférence. On a donc :
x1Um1 x2Um2 U 0 ou dx1Um1 dx2Um2 dU 0 .
x2 Um1 dx2 Um1
soit, - ou -
x1 Um2 dx1 Um2
x2 dx2
or, TMS 2 1 - ou TMS 2 1 =-
x1 dx1
Um1
TMS2 1
Um2

5.3.2 Exemples d’illustration avec les préférences normales ou convexes


Le taux marginal de substitution est facile à calculer pour des préférences

convexes avec l’usage de la fonction d’utilité de type Cobb-Douglas : U x1 , x2 x1a x2b

U x1 ax1a 1 x2b ax2 a x2


TMS2 1 .
U x2 bx1a x2b 1 bx1 b x1

On constate ici que le TMS2 1 décroit au fur et à mesure que la quantité désirée du bien 1

augmente.

Soit, V x1 , x2 la transformation monotone de U x1 , x2 à l’aide de la

fonction logarithme népérien. D’où,

V x1 , x2 ln U x1 , x2
V x1 , x2 ln x1a x2b a ln x1 b ln x2
1
* Vm1 V x1 * a b ax2
Soit, TMS 21 TMS 21 .
Vm2 V x1 x1 x2 bx1
ax2
On a bien, TMS 2 1 TMS 2* 1
bx1

On Conclut et on généralise qu’une transformation monotone ne modifie pas le taux


marginal de substitution.

19
SECTION 2 : Analyse des possibilités d’action du

consommateur
Pour bien étudier les choix ou décisions du consommateur, il faut dès le
départ, savoir ce qu’il peut effectivement acquérir sur le marché avec le pouvoir
d’achat que lui confère son revenu monétaire ou revenu nominal. Ce qui revient
étudier l’ensemble des éléments qui restreignent la liberté d’action du consommateur.
La première contrainte qui s’impose au consommateur est une contrainte
financière car les biens économiques sont, par définition, des biens onéreux. La
nature peut également imposer des contraintes au consommateur selon que le bien
qu’il souhaite consommer est disponible à des moments de temps précis, cas des
fruits saisonniers.
D’autres contraintes aux possibilités d’action du consommateur peuvent
résulter des mesures prises par l’Etat ou les collectivités publiques. En effet, la fixation
des quotas dans la consommation de certains biens et l’interdiction de consommer
d’autres biens sont autant de mesures qui ne vont pas sans conséquence sur
l’aptitude d’un consommateur à satisfaire ses besoins.

1. L’Ensemble Budgétaire (EB)

Des contraintes qui restreignent les possibilités d’action du consommateur nous


retiendrons, pour faire simple, les contraintes financières, c’est-à-dire les limites aux
choix du consommateur que constituent son revenu monétaire alloué à la
consommation et les prix des biens désirés. Ce qui nous amène à examiner la notion
d’ensemble budgétaire (EB).

1.1 Définition
Par ensemble budgétaire (EB) ou ensemble de consommation réalisable, on entend
l’ensemble des paniers de biens que le consommateur peut se procurer compte tenu de son
revenu et des prix des biens sur le marché. Autrement dit, l’EB est l’ensemble des
paniers de biens financièrement réalisables ou accessibles au consommateur.
Considérons le tableau ci-après.

20
Tableau 1.3 : Illustration de l’ensemble budgétaire

Bien 1 Prix du Bien 2 Prix du Dépense Totale Revenu Observation


bien 1 Bien 2

Panier = + R
A 12 10 000 21 5 000 225 000 200 000 Inaccessible

B 11 10 000 20 5 000 210 000 200 000 Inaccessible

C 10 10 000 20 5 000 200 000 200 000 Accessible

E 9 10 000 18 5 000 180 000 200 000 Accessible

F 8 10 000 18 5 000 170 000 200 000 Accessible

G 8 10 000 17 5 000 165 000 200 000 Accessible

H 7 10 000 16 5 000 150 000 200 000 Accessible

Il ressort de ce tableau que les paniers C,E,F,G et H, qui suscitent une


dépense (D) inférieure ou égale au revenu monétaire ou nominal (R) alloué à la
consommation de l’individu, sont financièrement accessibles au consommateur. Ces
paniers de biens appartiennent donc à son ensemble budgétaire. Par contre, les A et B
qui qui entraînent une dépense totale (D) supérieure au revenu nominal (R) sont
financièrement inaccessibles ; et n’appartiennent donc pas à l’ensemble budgétaire du
consommateur.

De manière formelle, on peut définir l’ensemble budgétaire EB comme suit. Soit


un individu qui est supposé acheter n biens en quantités respectives, , ,…, avec
la dotation d’un revenu nominal R. Si les prix des biens sur le marché sont

respectivement , ,…, ; son ensemble budgétaire se définit en compréhension


de la sorte :
EB x1 , x2 ,..., xn R n / p1 x1 p2 x2 ... pn xn R

L’appartenance des paniers de biens à l’ensemble R n laisse entendre que les

quantités de biens ne peuvent être que supérieures ou égales à zéro (contrainte de non
négativité).

21
Au regard de cette définition, on peut dire que l’ensemble budgétaire est
l’ensemble des paniers qui ne coûtent pas plus que le revenu nominal du
consommateur, c’est-à-dire qui coûtent moins ou exactement son revenu nominal.

1.2 Contrainte budgétaire et droite de budget


La contrainte budgétaire signifie que la dépense totale (D) de l’individu pour
acquérir les quantités de chacun des biens qu’il désire consommer ne doit pas excéder
son revenu nominal (R).
Si le consommateur, doté d’un revenu nominal (R) , demande deux biens : bien
1 et bien 2 respectivement désirés en quantités x1 et x2 avec p1 le prix d’une unité

du bien 1 et p2 celui d’une unité du bien 2, sa contrainte budgétaire s’écrit :

p1 x1 p2 x2 R (1)

On dira de la contrainte budgétaire qu’elle est saturée si l’individu consacre


entièrement son revenu à l’acquisition des quantités de bien qu’il désire consommer.
On définit alors la droite de budget comme l’ensemble des paniers de biens possibles qui
saturent la contrainte budgétaire du consommateur. Dit plus simplement, la droite de

budget est l’ensemble des paniers x1 , x2 qui coûtent exactement le revenu du

consommateur.
La contrainte budgétaire saturée s’écrit, en utilisant les notations de (1) :
p1 x1 p2 x2 R

L’équation de la droite de budget s’écrit aussi :


p1 R
p1 x1 p2 x2 R ou plus simplement x2 x1
p2 p2

22
Il ressort de cette représentation graphique que
la droite de budget se présente comme la
frontière supérieure de l’ensemble budgétaire.

L’ordonnée à l’origine s’interprète comme Droite de budget :


la quantité maximale du bien 2 ( ) que le +
consommateur peut acquérir avec son revenu R.
Ensemble
De même, l’abscisse à l’origine est la Budgétaire
quantité maximale du bien 1 ( ) que le
consommateur peut acquérir avec son revenu R.
( = 0, = ) et ( = , = 0) sont
0
des paniers de coin (paniers extrêmes).
Figure 2.9 : Représentation de
l’ensemble budgétaire

p1 R
De l’équation x2 x1 de la droite de budget dans le système d’axes ( , 0, ),
p2 p2

p1
il ressort que celle-ci présente une pente négative égale à . En effet, la pente de
p2

la droite du budget est négative parce qu’un accroissement de la quantité achetée du


bien 1 ( > 0 ) doit se faire accompagner d’une baisse de la demande du bien 2
( < 0) pour que la dépense de l’individu soit maintenue constante ; les prix des
biens 1 et 2 étant maintenus constants.

p1 x2
La valeur absolue de la pente de la droite de budget, à savoir est
p2 x1

aussi appelée prix relatif et s’interprète comme le taux de substitution du marché au


sens où il renseigne sur le nombre d’unités de bien 2 qu’il faut sacrifier pour accroître
la quantité du bien 1 d’une unité supplémentaire tout en conservant le même niveau
de revenu nominal (R).

2. Effets des variations de prix et de revenu sur la droite de budget

La droite de budget du consommateur dépend à la fois de son revenu et des prix


des biens. Mais, le revenu et les prix varient fréquemment. Il s’agit ici d’analyser les
effets de ces variations sur la droite de budget.

23
2.1 Effets de la variation du revenu
On rappelle, en suivant les notations précédentes, que l’équation de la droite de
p1 R
budget s’écrit : x2 x1 .
p2 p2

p1 R
Sa pente est et elle a pour ordonnée à l’origine x20 et pour abscisse à
p2 p2

R
l’origine x10 .
p1

On considère que les prix p1 et p2 restent constants et le revenu du

consommateur augmente en passant de R à R ' , avec par exemple R ' 2 R . On note


la droite de budget finale, c’est-à-dire associée au revenu R ' ; et la droite de
budget initiale, associée au revenu nominal initial R.
p1
Les droites de budget et présentent la même pente car les prix p1
p2

et p2 restent inchangés entre les deux situations. Il s’ensuit alors que les droites de

budget et sont parallèles.


R' 2R
La droite de budget finale a pour ordonnée à l’origine x12 et
p2 p2

R' 2R R R
pour abscisse à l’origine x11 contre respectivement x20 et x10
p1 p1 p2 p1

pour la droite de budget initiale. Dit en termes économiques, les quantités maximales
de bien 1 et de bien 2 que le revenu final R’ permet d’acquérir sont supérieures à celles
que le revenu initial R peut respectivement acheter. Ou encore, les paniers de coin
associés à R’ sont mieux dotés que ceux associés à R.

Il s’ensuit alors que la droite de budget finale est située au - dessus de la


droite de budget initiale . L’ensemble de ces données sont représentées sur la figure
1.10 ci-dessous.

24
On résume la figure ci-contre, en
retenant que, lorsque le revenu du x2
= +
consommateur augmente ( passage de
R '
R à R’) et que les prix des biens qu’il x2
p2
désire restent constants, sa droite de
= +
budget se déplace parallèlement à R
x2
elle-même vers le haut. p2

De l’autre, lorsque le revenu du


R '' = +
consommateur diminue (passage de R x2
p2
à R’’) et que les prix des biens qu’il
désire restent constants, sa droite de
budget se déplace parallèlement à D1' D0
D1
elle-même vers le bas. x1
R '' R R '
x1 x1 x1
p1 p1 p1
2.2 Effets de la variation des prix
p1 R
L’équation de la droite s’écrit : x2 x1
p2 p2

Supposons que le prix du bien 1 (désiré en quantités ) varie en diminuant


de p1 à p1' ( p1 p1' ), le prix p2 du bien 2 et le revenu R du consommateur restent

inchangés ou constants.

Entre la situation initiale p1 , p2 , R et la situation finale p1' , p2 , R

l’ordonné à l’origine, ou encore la quantité maximale de bien 2 que le revenu R

R
permet d’acquérir, reste logiquement inchangé x20 x21 . Par contre, l’abscisse
p2

à l’origine ou la quantité maximale de bien 1 que le revenu R permet d’acquérir, varie,


plus précisément augmente en valeur. Et, parce que le prix du bien 1 diminue, les
R R
autres paramètres étant constants. Soit, x10 x11 .
p1 p1'

En somme, lorsque le prix du bien 1 varie et le que le prix de l’autre bien et


le revenu du consommateur restent inchangés, la droite de budget garde son ordonnée
à l’origine mais voit sa son abscisse à l’origine varier (augmenter ou diminuer en
valeur). L’ensemble de ces données sont représentées sur la figure 1.11 ci-dessous.

25
En somme, lorsque le prix d’un
des biens désirés par le consommateur
x2
diminue, ici le prix p1 du bien 1, alors
que son revenu et le prix p2 de l’autre p1 R
x2 x1
bien restent constants, la droite de p2 p2

budget, ancrée sur son ordonnée à R


x2 p1' R
l’origine, pivote vers l’extérieur. p2 x2 x1
p2 p2
En cas d’augmentation du prix
p1 du bien 1, la droite de budget,
ancrée sur son ordonnée à l’origine, x2
p1''
x1
R
p2 p2
pivote vers l’intérieur.

On tient un raisonnement
similaire lorsque la variation de prix
concerne le prix p2 du bien 2. x1
R R R
x1 x1 x1
p1 p1'
p 1''

SECTION 3 : Le choix du Consommateur


Après avoir étudié les préférences et les contraintes budgétaires du
consommateur, il s’agira ici de déterminer comment le consommateur décide de la
somme d’argent à allouer à l’achat de chaque quantité de bien désiré. On fait
l’hypothèse que le consommateur est rationnel dans ces choix, c’est-à-dire qu’il choisit
les quantités de bien de manière à maximiser sa satisfaction compte tenu de la
contrainte que constitue son revenu monétaire.
Le panier ainsi choisi est appelé panier optimal, il satisfait nécessairement les
deux conditions suivantes :
- le panier optimal appartient à la droite de budget, c’est-à-dire que le
consommateur consacre tout son revenu affecté à la consommation à
l’acquisition du panier optimal ;
- le panier optimal correspond à la combinaison de quantités de biens
préférée de toutes les autres combinaisons financièrement accessibles au
consommateur.

26
1. Analyse graphique du choix optimal ou du problème économique du
consommateur

Le problème économique du consommateur est celui d’opérer le choix optimal de


panier biens, c’est-à-dire de choisir le panier de bien qui maximise son utilité en tenant
compte des restrictions que lui imposent son revenu et les prix des biens désirés.

1.1 Cas classique des préférences normales

x2

U2
x * E
2

U1
B U0

x1* x1

Figure 3.1 : Préférences normales et Choix optimal

La figure 3.1 illustre le cas classique de l’analyse du comportement du


consommateur : préférences normales, courbes d’indifférence strictement convexes,
absence de contraintes autre que la contrainte budgétaire.
Il s’agit d’identifier dans l’ensemble budgétaire le panier de bien situé sur la
courbe d’indifférence la plus élevée possible. Les préférences étant monotones, c’est-
à-dire le consommateur préférant consommer plus que moins jusqu’à la saturation de
sa contrainte budgétaire, on limitera notre exercice d’identification aux paniers situés
sur la droite de budget, et donc ignorer ceux situés en dessous de celle-ci. A cet effet,
on identifie les paniers A et B situés sur la courbe d’indifférence U 0 et le panier E de

la courbe d’indifférence U1 . Le panier E est préféré aux paniers A et B car U1 est situé

27
au-dessus de U 0 . Le panier E x1* , x2* constitue le choix optimal du consommateur.

L’ensemble des paniers de la courbe d’indifférence U 2 qui sont préférés au panier

E x1* , x2* présentent la particularité de n’est pas être financièrement accessible au

consommateur, U 2 étant largement au-dessus de sa droite de budget ( U 2 n’a aucune

intersection avec la droite de budget).

Le panier optimal E x1* , x2* présente une caractéristique importante : E se situe

au point de tangence entre la courbe d’indifférence la plus élevée possible U1 et la

droite de budget. Dit autrement, la tangente de la courbe d’indifférence U1 au panier

optimal n’est rien d’autre la droite de budget. Or, la tangente de U1 au panier E a pour

pente le taux marginal de substitution du bien 2 (désiré en quantités x2 ) au bien 1

(désiré en quantités x1 ) au panier E ( TMS2 1 E ) ; et la droite de budget a pour pente

l’opposé du rapport des prix p1 et p2 respectivement des biens 1 et 2.

En somme, pour des préférences normales, le choix optimal ou l’équilibre du


p1
consommateur est caractérisé par la condition nécessaire: TMS2 1 .
p2

On parle d'équilibre du consommateur parce qu'il s'agit de la situation


recherchée par le consommateur et qu'il n'a plus intérêt à modifier une fois qu'il l'a
trouvée au sens où elle est l’unique situation qui lui procure le maximum de
satisfaction, compte tenu de sa contrainte budgétaire.
Si la condition de tangence est une condition nécessaire d’optimalité, est-elle
une condition suffisante ? La réponse est oui dans le cas des préférences convexes que
nous envisageons ici. En effet, pour des préférences convexes, traduites par des
courbes d’indifférence strictement convexes, un panier de bien qui satisfait la
condition de tangence est nécessairement un panier optimal. Graphiquement cela se
comprend aisément : du fait de sa forme hyperbolique, la courbe d’indifférence la plus
élevée possible s’incurve, à partir du point de tangence, en s’écartant de la droite de
budget, il ne peut donc y avoir de point de tangence supplémentaire.

28
Ce résultat, qui énonce que la condition de tangence est une condition
nécessaire et suffisante d’optimalité, assez évident graphiquement peut être démontré
mathématiquement. Il sera considéré comme admis pour la suite de cette section, ce
qui évitera de calculer des conditions de second ordre ou conditions suffisantes
d’optimalité.
La condition d’égalité entre le taux marginal de substitution et la pente de la
droite de budget qui caractérise ici le panier optimal, appelé aussi solution intérieure,
a-t-elle une signification économique particulière ?
Le taux marginal de substitution est aussi interprété comme un
"Consentement Marginale à Payer" du consommateur. En effet, la valeur du taux
marginal de substitution du bien 2 au bien 1 ( TMS2 1 ) indique la quantité du bien 2

que le consommateur est disposé à fournir en "paiement" d'une unité


supplémentaire de bien 1, à niveau d'utilité inchangé. Le TMS est alors considéré
comme un prix relatif subjectif ou psychologique. Or le marché impose au
consommateur un prix relatif objectif ( p1 p2 ), à savoir la valeur absolue de la pente

de la droite de budget. Dit autrement, le marché indique que si le consommateur désire


acheter une unité supplémentaire du bien 1, il devra renoncer à l’achat de p1 p2

unité(s) du bien 2. Ou encore, le consommateur devra fournir p1 p2 unité(s) du bien

2 en "paiement" d’une unité supplémentaire de bien 1. Rationalité oblige, le


consommateur atteint son équilibre lorsque son prix relatif subjectif coïncide avec le
prix relatif du marché.
En somme, le consommateur atteint donc son équilibre quand le taux auquel il
veut échanger les deux biens l'un contre l'autre est égal au taux auquel il peut
concrètement les échanger sur le marché.

29
1.2 Cas des préférences pour des biens parfaitement substituables
Tout choix optimal respecte-il nécessairement la condition de tangence
expliquée précédemment ? Pas toujours.
La première exception à la condition de tangence est celle où le panier optimal
est caractérisé par la consommation nulle d’un des deux biens. C’est principalement le
cas en présence de biens parfaitement substituables. Par définition des biens
parfaitement substituables, le panier optimal est soit situé sur l’axe des ordonnées ou
soit sur l’axe des abscisses. On parle alors ici de solution de coin. Alors sur lequel des
deux axes se situe la solution de coin ou panier optimal ? Ou encore lequel des deux
biens le consommateur sacrifie-t-il pour atteindre l’équilibre ? La figure 3.2, ci-dessous,
décrit la recherche de l’équilibre du consommateur en présence de biens parfaitement

Cas (a): TMS 2 1 2 p1 p2 1 Cas (b): TMS2 1 2 p1 p2 3

R E Courbe d’indifférence
x2 Courbes p2
de pente - 2
d’indifférence
de pente -2
substituables.
R
p2
Droite de
budget Droite de
A B budget
A
E

R R x1
x1
p1 p1

30
Cas (a) : TMS 2 1 2 , c’est-à-dire que, le long de chaque courbe d’indifférence, le

consommateur est disposé à céder 2 unités de bien 2 pour obtenir une unité
supplémentaire de bien 1. Si on suppose que le prix p1 du bien 1 est égal à 3 et le prix

p1
p2 du bien 2 est aussi égal à 3 ; de sorte que 1 . Ainsi, renoncer à la consommation
p2

2 unités du bien 2 permet d’économiser 2 p2 6 UM ; tandis que consommer une

unité supplémentaire de bien 1 ne coûte que 1 p1 3 UM . Il reste alors au

consommateur 6 3 3 UM qu’il pourra utiliser pour augmenter son utilité en


consommant davantage de bien 1. Par ce processus de substitution, le consommateur
atteint son équilibre au panier E, totalement démuni de bien 2.
En somme :
p1
- lorsque TMS 2 1 , le consommateur renonce totalement à la
p2
consommation du bien 2 et son panier optimal est exclusivement
composé de quantités du bien 1 et ;
p1
- lorsque TMS 2 1 , le consommateur renonce totalement à la
p2
consommation du bien 1 et son panier optimal est exclusivement
composé de quantités du bien 2.

1.3 Cas des préférences pour des biens parfaitement complémentaires

Courbes d’indifférence
x2

E
x2*

Droite de budget

x1*
x1

31
2. La résolution mathématique du problème économique du
consommateur

Mathématiquement, le problème de la détermination du choix optimal du


consommateur, c’est à dire du meilleur panier pour lui, est un problème d'optimisation
sous contrainte, autrement dit celui de la détermination d'un "extremum lié".

2.1 Programme primal du consommateur


Pour simplifier la présentation, on considère un consommateur doté d’un
revenu R demandant deux biens, bien 1 et bien 2 imparfaitement substituables et
respectivement désirés en quantités x1 et x2 aux prix respectifs de p1 et p2 .

Le programme primal d’optimisation du consommateur se présente comme un


problème de la maximisation de l’utilité sous la contrainte d’un niveau de dépense
donné.
Le problème du consommateur s’écrit alors sous la forme d’un programme de
maximisation :

max U x1 , x2
x1 , x2
P1
sc R p1 x1 p 2 x2

On suppose que les biens 1 et 2 sont nécessaires, c’est-à-dire:


pour x1 0 ou x2 0, U x1, x2 0.
Dans ce programme de maximisation, la fonction d’utilité U x1 , x2 du
consommateur est appelée fonction objectif ; et sa contrainte budgétaire
R p1 x1 p2 x2 est une contrainte en équation car il établit qu’à l’optimum la
contrainte budgétaire est saturée.
Ce programme est appelé programme first best du consommateur car le
consommateur est sous la seule contrainte de son budget, les quantités x1 et x2 ,
supposées strictement positifs, ne souffrant d’aucune contrainte de disponibilité.
Ce programme peut être résolu par la méthode dite de substitution mais on lui
préfère en général la méthode dite de Lagrange.

32
1.1.1 La Méthode de substitution

En tirant x2 de la contrainte budgétaire, on écrit :

R p1
x2 x1 x1 (2.1)
p2 p2

En remplaçant par (1) dans la fonction objectif, on écrit :

U x1 , x2 U x1 , x2 ( x1 ) Z x1

Il s’agit simplement de maximiser la fonction Z x1 . La condition nécessaire du

Z U x1 , x2 x1
premier ordre s’écrit alors : 0 (2.2)
x1 x1

U . U . x2 p1
(2.2) . U x1 U x2 . 0
x1 x2 x1 p2

U x1 p1 p1
En arrangeant, on écrit : soit TMS12
U x2 p2 p2

On retrouve ici, pour les deux biens, l’égalité entre le TMS et le rapport des
prix, condition nécessaire établit plus haut. Cette condition nécessaire est ici suffisante
car les préférences considérées ici sont strictement convexes.

La solution de (2.2) est notée x1* . Et en remplaçant par x1* dans la contrainte
budgétaire, plus précisément dans l’équation (2.1), on établit :

R p1 *
x2* x1
p2 p2

1.1.2 La Méthode de Lagrange

La méthode de Lagrange, ou méthode du lagrangien ou encore méthode du


multiplicateur de Lagrange, est une technique de calcul qui est utilisée pour
maximiser ou minimiser une fonction sous une ou plusieurs contraintes.
On proposera une application pas à pas de cette méthode pour le problème
d’optimisation du consommateur donné par le programme de maximisation P1 .

Enoncé du Problème : Premièrement, on écrit le Lagrangien du


problème d’optimisation. Le Lagrangien se présente comme la différence

33
de la fonction objectif, c’est-à-dire la fonction à maximiser ou minimiser,
il s’agit ici la fonction d’utilité qui est maximisée, et de la contrainte, ici
la contrainte budgétaire, affectée d’un facteur multiplicatif . Le facteur
multiplicatif est appelé multiplicateur de Lagrange. Le Lagrangien
s’écrit :
L x1 , x2 , U x1 , x2 R p1 x1 p2 x2

Notons bien que dans le Lagrangien, on a écrit la contrainte budgétaire


comme la différence entre le revenu nominal R du consommateur et sa
dépense totale ( p1 x1 p2 x2 ) . Et cette différence doit être est nulle à

l’optimum.

Dérivation du Lagrangien : En dérivant partiellement L x1 , x2 , par

rapport à x1 , x2 et et en égalisant ces dérivées partielles à zéro, on

obtient les conditions nécessaires pour un optimum. Les équations


résultant de cette opération sont :

L .
Umx1 x1 , x2 p1 0 2.3
x1
L .
Umx2 x1 , x2 p2 0 2.4
x2
L .
R p1 x1 p2 x2 0 2.5

On rappelle que Um désigne l’utilité marginale, plus précisément

U x1 , x2
Umx1 est la variation de l’utilité suite à une faible
x1
variation de la quantité consommée du bien 1. On retient en pratique

une variation d’une unité de x1 .

34
Résolution du système d’équations: les équations (2.3), (2.4) et (2.5)
peuvent se réécrire :
(2.3) Umx1 p1 2.3'
(2.4) Umx2 p2 2.2'
(2.5) p1 x1 p2 x2 R 2.5'

2.3' Umx1 p1 Umx1 p1


2.6
2.4 ' Umx2 p2 Umx2 p2

On retrouve la condition nécessaire et suffisante ici d’optimalité, à savoir


l’égalité entre le rapport des utilités marginales ou TMS12 et le rapport

des prix ou prix relatif. On dira alors que le consommateur atteint son
équilibre ou maximise son utilité avec le panier de biens qui égalise le
rapport des utilités marginales au rapport des prix des biens.
L’équation (4) peut se réécrire :
Umx1 Umx2
(2.6)
p1 p2

Et, la condition nécessaire et suffisante d’optimalité se redéfinit comme


l’égalité des utilités marginales pondérées par les prix respectifs. On
énonce alors la seconde loi de Gossen selon laquelle le consommateur
atteint son équilibre ou maximise son utilité avec le panier de biens qui
égalise les utilités marginales pondérées par les prix respectifs.
En outre :
R p1 R p2
2.5 ' x2 x1 ( ou encore x1 x2 )
p2 p2 p1 p1

On établit le panier optimal ou les quantités optimales x1* et x2* en


résolvant le système :

Umx1 x1 , x2 p1
Umx2 x1 , x2 p2
R p1
x2 x1
p2 p2

x1* et x2* ainsi déterminées indiquent les quantités demandées

respectivement de bien 1 et de bien 2 qui maximisent l’utilité du

35
consommateur pour chaque niveau de Revenu R et pour chaque de
niveau de prix p1 et p2 . On les note x1* R, p1 , p2 et x2* R, p1 , p2 et on les

appelle fonctions de demande Marshallienne ou fonctions de demande


ordinaire du bien 1 et du bien 2.

2.2 Programme dual du consommateur

Il y a deux façons de considérer la décision d’optimisation du consommateur.


Le choix du panier optimal, comme nous avons déjà mentionné, peut être analysé
comme le problème du choix de la courbe d’indifférence la plus élevée (valeur
maximale de l’utilité) qui touche la droite de budget, mais aussi comme le problème
du choix de la plus basse droite de budget (dépense totale minimum) qui touche une
courbe d’indifférence donnée. Le terme de dualité est utilisé pour présenter ces deux
perspectives. Le problème dual d’optimisation du consommateur se présente comme un
problème de la minimisation de la dépense sous la contrainte d’un niveau donné d’utilité à
atteindre.

Le problème dual du consommateur s’écrit sous la forme d’un programme de


minimisation :
min p1 x1 p2 x2
x1 , x2
P2
sc U x1 , x2 U*

Où les biens 1 et 2, respectivement désirés en quantités x1 et x2 , sont des biens


nécessaires imparfaitement substituables ( préférences convexes ou normales).

Le Lagrangien associé à ce programme de minimisation sous contrainte s’écrit :


L x1 , x2 , p1 x1 p2 x2 U * U x1 , x2

Où est le multiplicateur de Lagrange. Les conditions nécessaires s’écrivent :

36
L . U x1 , x2
p1 0 p1 Umx1 (2.10)
x1 x1
L . U x1 , x2
p2 0 p2 Umx2 2.11
x2 x2
L .
U * U x1 , x2 0 U x1 , x2 U* 2.12

2.10 Umx1 p1 p1
TMS12
2.11 Umx2 p2 p2

Comme dans le programme primal du consommateur, on retrouve la condition


nécessaire (ici suffisante compte de la stricte convexité des préférences considérées), à
savoir le panier optimal, c’est-à-dire ici le panier minimisant la dépense, est celui qui
assure l’égalité entre le rapport des utilités marginales (ou le Taux Marginal de
Substitution) au rapport des prix (ou prix relatif). Dit plus simplement, les quantités
demandées x1* et x2* qui minimisent la dépense apparaissent au point de tangence

entre la droite de budget et la courbe d’indifférence de niveau U * . Et comme on l’a vu,


il présente les mêmes propriétés graphiques que le panier optimal qui maximise
l’utilité dans le programme primal du consommateur.

On conclut alors que le panier optimal x1* , x2* solution du programme dual

du consommateur est aussi la solution de son programme primal.

En somme, le calcul du consommateur revient toujours, en définitive, à


déterminer un panier optimal. Seulement, ce panier optimal peut être déterminé dans
deux situations différentes :

1ère situation (Programme primal) 2e situation (Programme dual)

Maximisation de la fonction d'utilité sous Minimisation de la dépense totale sous


contrainte du niveau de revenu. contrainte du niveau d’utilité.

L x1 , x2 , U x1 , x2 R p1 x1 p2 x2 L x1 , x2 , p1 x1 p2 x2 U * U x1 , x2
Quand on laisse prix et revenu sous forme Quand on laisse prix et utilité sous forme
de variables, on exprime les fonctions de de variables, on exprime les fonctions de
demandes marshalliennes ou ordinaires : demandes hicksiennes ou compensées :

x1* ( R, p1 , p2 ) x1* (U , p1 , p2 )
x2* ( R, p1 , p2 ) x2* (U , p1 , p2 )
37
3. Propriétés des fonctions de demande.

3.1 La double loi microéconomique de la demande


Les fonctions de demande marshalliennes ou ordinaires des biens 1 et 2, notées
respectivement x1 p1 , p2 , R et x2 p1 , p2 , R dépendent du prix du bien considéré, du

prix de l'autre bien et du revenu du consommateur.


Plus précisément, chacune de ces fonctions vérifie la double loi
microéconomique de la demande :
- la demande d'un bien est normalement une fonction décroissante du prix
de ce bien ;
- la demande d'un bien est normalement une fonction croissante du
revenu du consommateur.
Remarquons que cette double loi microéconomique de la demande souffre
quelques exceptions remarquables.
1. la demande peut être une fonction croissante du prix du bien sous trois
effets possibles:
- l'effet Giffen: la demande croît avec le prix quand le bien est de toute
première nécessité, dans ce cas l'effet de revenu fait plus qu'annihiler l'effet
de substitution. On le verra dans la section suivante.
- L'effet Veblen : la demande des biens de luxe peut croître avec le prix
à cause du comportement ostentatoire ou démonstratif de certains
consommateurs.
- l'effet d'anticipation : en situation d'incertitude, la demande peut croître
lorsque les consommateurs nourrissent des anticipations inflationnistes ;
cet effet peut être renforcé par un effet de spéculation (acheter d'autant
plus maintenant que l'on espère pouvoir vendre plus cher plus tard).
2. la demande peut être une fonction décroissante du revenu du consommateur
pour les biens dit inférieurs à cause de l'effet qualité : la croissance de son
revenu amène le consommateur à substituer progressivement aux biens de
qualité médiocre des biens de meilleure qualité.

38
3.2 L’homogénéité

Les fonctions de demande marshalliennes ou ordinaires sont des fonctions


homogènes de degré 0.
Une fonction économique est dite homogène de degré k si, en multipliant ses
variables déterminantes par la même valeur positive , la fonction est multipliée par
k
. Dans le cas des fonctions de demande marshallienne, on écrit :
x1* p1 , p2 , R 0 *
x 1 p1 , p2 , R x1* p1 , p2 , R

x2* p1 , p2 , R 0 *
2 x p1 , p2 , R x2* p1 , p2 , R

Cette équation, qui traduit l’homogénéité de degré 0 par rapport aux prix et au revenu des
fonctions de demande marshallienne ou ordinaire, signifie que lorsque les prix et le revenu du
consommateur varient dans les mêmes proportions, les quantités optimales demandées
restent inchangées. Dans ce cas, le comportement du consommateur n’est pas influencé par
une variation simultanée des valeurs nominales (prix et revenu). On dit alors du
consommateur qu’il n’est pas « myope » ou n’est pas victime de l’illusion monétaire.
Les fonctions de demandes Hicksiennes ou compensées sont homogènes de
degré 0 par rapport aux prix. Pour une valeur positive , on écrit :

x1* U , p1 , p2 , 0 *
x U , p1 , p2
1

x2* U , p1 , p2 , 0 *
x U , p1 , p2
2

Cette équation traduit l’homogénéité de degré 0 par rapport aux prix des fonctions de
demande hicksienne ou compensée qui signifie que lorsque les prix des biens désirés varient
dans les mêmes proportions, les quantités optimales demandées restent inchangées. On note
encore une fois que le comportement du consommateur n’est pas influencé par une variation
simultanée et proportionnelle des valeurs nominales, ici les prix.

3.3 Identité de Roy et Lemme de Shephard

Identité de Roy

On rappelle qu’on définit la fonction d'utilité indirecte comme la


fonction d'utilité V R, p1 , p2 obtenue en remplaçant les arguments de la fonction

39
d'utilité directe U x1 , x2 par l'expression des fonctions de demande marshalliennes.

Soit :

V R, p1 , p2 U x1 R, p1 , p2 , x2 R, p1 , p2

Cette fonction d'utilité indirecte précise l'utilité maximale que l'on peut
atteindre pour chaque niveau de prix des biens et du revenu du consommateur.
La fonction d'utilité indirecte V R, p1 , p2 est fonction croissante du revenu

V R 0 et décroissante des prix V p1 0 et V p2 0 .

Selon l’identité de Roy, les demandes marshalliennes des deux biens 1 et 2


peuvent être obtenues par l'intermédiaire des dérivées de la fonction d'utilité

indirecte : plus précisément, la demande du bien i i 1, 2 est égale, au signe près, au

rapport des dérivées de la fonction d'utilité indirecte par rapport au prix du bien i pi

et par rapport au revenu R . Soit :

V p1 V p2
x1* R , p1 , p2 et x2* R, p1 , p2
V R V R

Lemme de Shephard

La somme des demandes Hicksiennes ou compensées valorisées par le


système de prix est appelée fonction de coût. Elle décrit le coût minimum pour
atteindre un niveau d’utilité ou de satisfaction donné. On l’écrit :

c U , p1 , p2 p1 x1* U , p1 , p2 p2 x2* U , p1 , p2

Lorsqu’elles existent, les dérivées premières de la fonction de coût par rapport au prix
sont les fonctions de demande hicksienne ou compensée. Cette Propriété est connue
sous le nom de Lemme de Shephard et permet d’écrire :

c U , p1 , p2
x1* U , p1 , p2
p1
c U , p1 , p2
x2* U , p1 , p2
p2

40
CHAPITRE 2 : LA STATIQUE COMPARATIVE DANS LA
THEORIE DU CONSOMMATEUR
Le chapitre 1 a posé les fondations de la théorie du consommateur. Le présent
chapitre franchira une étape supplémentaire dans l’analyse de la demande. En effet, il
s’agira ici d’examiner comment la demande d’un bien réagit en cas de variation des
prix et du revenu. Etudier comment un choix se modifie suite à un changement dans
l’environnement économique revient à faire ce qu’on appelle une analyse de statique
comparative. Le terme « comparatif » signifie que l’on désire comparer deux situations
d’équilibre : celle avant et celle après la modification de l’environnement économique.
Le terme « statique » signifie qu’on considère seulement la situation d’équilibre finale,
et non le processus d’ajustement qui permet de conduire à cette situation finale.
Dans le cas du consommateur, il n’y a que deux types de variables qui
caractérisent son environnement économique, à savoir les prix et le revenu. La statique
comparative dans la théorie du consommateur porte par conséquent sur les réactions
de la demande suite à des variations de prix et de revenu.
La fonction de demande qui sera utilisé le plus souvent au cours de cette analyse
en statique comparatif est la fonction de demande marshallienne.

SECTION 1 : Variation du revenu, équilibre du consommateur et demande.

On commence ici par examiner la réaction du consommateur à une modification


de son revenu monétaire ou nominal. L’objectif est de comparer les choix ou paniers
optimaux pour des niveaux différents de revenu. Cette analyse, comme toutes les
autres analyses de statique comparatif seront conduites dans ce chapitre, s’appuiera
sur la clause du toute chose égale par ailleurs (Ceterus paribus), c’est-à-dire qu’on
suppose que seul le facteur explicatif de la demande auquel s’intéresse l’analyse varie,
tandis que les autres facteurs sont maintenus constants. Cette clause implique ici que
seul le revenu du consommateur varie, les prix étant maintenus constants.

41
1. Les biens normaux et les biens inférieurs
On a précédemment examiné l’effet sur la droite de budget d’une augmentation
du revenu quand les prix sont maintenus constants : la droite de budget se déplace
parallèlement à elle-même vers le haut ; et vers le bas lorsque le revenu diminue. Quel
est dès lors l’effet d’un tel déplacement de la droite de budget sur la demande ou les
choix optimaux du consommateur ? Le Graphique 2.1 ci-dessous illustre la réponse à
cette question.

Droites de budget
x2

Choix ou paniers optimaux

Courbes d’indifférence
x2*1

x2*0

x1
x1*0 x1*1

Figure 2.1 : Biens normaux. La demande des biens 1 et 2 s’accroit quand


le revenu augmente. Les deux biens sont par conséquent qualifiés de
biens normaux.

Comme illustré sur la figure 2.1, un bien est qualifié de bien normal lorsque sa
demande augmente en cas d’accroissement du revenu, et diminue en cas de réduction
du revenu. En somme, pour un bien normal, la quantité demandée évolue toujours
dans le même sens que le revenu.
x x
0 ou 0
R R
La figure 2.2 ci-dessous illustre, pour des préférences normales, les
caractéristiques d’un bien qualifié d’inférieur : une augmentation du revenu se traduit

par une diminution de la consommation du bien 1 x1* tandis que celle du bien 2 x2*

42
augmente. Le bien 1 est alors qualifié de bien inférieur. Il existe de nombreux biens
inférieurs, c’est-à-dire des biens dont la demande varie à sens contraire du revenu. Il
s’agit presque de n’importe quel bien de faible qualité.

Choix ou paniers optimaux

Courbes d’Indifférence
*1
x 2

Droites de budget
x2*0

x1*1 x1*0 x1 (Bien 1)

Figure 2.2 : Bien inférieur. Le bien 1 est un bien inférieur. Cela signifie que
la demande pour ce bien diminue quand le revenu augmente.

En somme, pour un bien inférieur, la quantité demandée évolue toujours dans


le sens contraire du revenu.
x x
0 ou 0
R R

Le fait qu’un bien soit inférieur ou non dépend du niveau de revenu


considéré. Il se pourrait très bien que des ménages ivoiriens à revenu relativement
faible consomment davantage de margarine au petit déjeuner quand leur revenu
augmente, mais à partir d’un certain niveau d’augmentation, la consommation de
margarine peut diminuer au profit de celle du beurre ou du fromage ou encore de la
confiture.

43
2. Le chemin ou sentier d’expansion du revenu et la Courbe d’Engel

On sait désormais qu’une augmentation du revenu se traduit par un


déplacement parallèle et vers le haut de la droite de budget. En reliant les différents
paniers demandés ou choix à mesure que la droite de budget se déplace ainsi, on
trace une courbe appelée « chemin ou sentier d’expansion du revenu ».
En somme, le chemin d’expansion du revenu représente alors le lieu géométrique
des demandes optimales pour chaque niveau de revenu. Si les deux biens considérés
sont des biens normaux, le chemin d’expansion présente une pente positive comme
l’illustre la figure 2.3 (A).

Pour chaque niveau de revenu R , il existe un choix ou panier optimal x1* , x2*

Considérons uniquement la fonction demande marshallienne du bien 1:


x1* p1 , p2 , R . Si on maintient les prix constants et qu’on considère les modifications

de la demande ordinaire du bien 1 consécutives à des variations du revenu, on


obtient une courbe connue sous le nom de « courbe d’Engel ». La Courbe d’Engel
est une représentation de la demande d’un des biens en fonction du revenu, tous
les prix étant maintenus constants. Voir figure 2.3 (B)

x2
R
Courbe d’Engel
Chemin
d’expansion
du Revenu

A x1 B x1
(A) Le chemin
Figure 2.3 : Lesd’expansion du de
modifications revenu représente
la demande en les
caschoix optimaux
de variation dupour les différents
Revenu.

44
SECTION 2 : Variation de prix, équilibre du consommateur et demande

Nous avons dans cette section l’effet d’une variation de prix sur l’équilibre du
consommateur ou son choix optimal. La clause du toute chose étant égale par ailleurs
implique ici que celle le prix du bien dont la demande est analysée varie tandis que les autres
facteurs explicatifs de la demande que sont le revenu et le prix de l’autre bien sont maintenus
constants. Par habitude de raisonnement, la demande analysée sera celle du bien 1 désiré en
quantités x1 et acquis aux prix p1 .

1. Les biens ordinaires et les biens de Giffen


Comment varie la quantité demandée du bien 1 suite à une baisse de son prix
passant p10 à p11 ? De façon intuitive, on dira que la demande du bien 1 devrait

augmenter quand son prix diminue. Il s’agit en fait du cas habituel, illustré par la
figure 2.5. En effet, quand le prix du bien 1 diminue, la droite de budget s’aplatit, c’est-
à-dire que son abscisse à l’origine se déplace vers la droite tandis que son ordonnée à
l’origine reste inchangée, le revenu et le prix p2 du bien 2 étant constants. Il s’ensuit

alors un déplacement vers la droite du panier ou choix optimal : la quantité demandée


x1* du bien 1 augmente.

x2

x1
x1*0 R *1
x
1
R
p10 p11

Figure 2.5. Bien Ordinaire ou bien typique : Ordinairement, la demande d’un


bien augmente quand son prix diminue.

45
Le bien 1 est qualifié de bien ordinaire ou bien typique parce que sa
demande et son prix varient en sens opposé : La quantité demandée du bien augmente
quand son prix diminue et diminue quand son prix augmente. Soit :

x1* x1* R, p1 , p2
0 ou 0
p1 p1

La demande d’un bien doit –elle toujours augmenter quand son prix diminue ?
La réponse est en fait négative. Il est théoriquement possible de trouver des
préférences normales pour lesquelles une diminution du prix du bien 1 induit une
réduction de la quantité demandée de ce bien. Un tel type de bien est qualifié de bien
de Giffen, du nom de l’économiste Sir Thomas Giffen qui le premier, au XIX e siècle,
mit en évidence cette possibilité. Ce cas de figure est illustré par la figure 2.6.

x2

x1
x1*1 x1*0

Figure 2.6. Bien de Giffen : la diminution du prix du bien 1 induit une


réduction de la demande de bien

En somme, un bien de Giffen ou bien atypique est caractérisé par une demande
qui varie dans le même sens que son prix. Soit :

x1* x1* R , p1 , p2
0 ou 0
p1 p1

46
2. Chemin d’expansion du prix et la Courbe de demande

On considère toujours que le prix du bien 1 se modifie, en diminuant par


exemple, et que le prix du bien 2 et le revenu sont maintenus constants, le lieu
géométrique des paniers ou choix optimaux pour chaque niveau du prix du bien 1
est appelé chemin d’expansion du prix. Et en mettant en relation la quantité
optimale demandée du bien 1 pour chaque niveau p1 du prix bien 1, on établit la

courbe de demande du bien 1. Ce raisonnement est aussi valable pour le bien 2.

x1

x2 p1
Courbe de demande
du Bien 1
Chemin d’expansion
du prix

x1 (B) x1
(A)
Figure 2.6. Chemin d’expansion du Prix et Courbe de demande : la partie (A) présente un
chemin d’expansion du prix qui donne les choix optimaux quand seulement le prix du bien 1
se modifie. La partie (B) présente la courbe de demande correspondant. Celle –ci relie la
quantité optimale du bien 1 à son prix.

Fort logiquement la courbe de demande est de pente négative lorsque le bien


est un bien ordinaire ou typique, et de pente positive pour un bien de Giffen ou bien
atypique.

47
3. Les substituts et les compléments

L’idée de base des biens substituables et de biens complémentaires a été


précisée en début du chapitre 1. Il s’agit ici d’en donner une définition économique
précise. On rappelle, à cet effet, la demande de bien 1, par exemple, est généralement
fonction du prix des deux biens ; c’est pourquoi on écrit : x1 p1 , p2 , R . On peut dès

lors se poser la question de savoir l’impact sur la demande de bien 1 d’une variation
du prix du bien 2 : la demande va-t-elle augmenter ou diminuer ?

- Si la demande de bien 1 augmente quand le prix du bien 2 s’accroit,


on dira que le bien 1 est un substitut du bien 2 ou encore que le bien
1 et le bien 2 sont substituables. En termes formalisés, le bien 1 est un

x1 x1 p1 , p2 , R
substitut du bien 2 si : 0 ou 0 . L’idée est ici que
p1 p2

le consommateur se tourne vers la consommation de bien 1 quand le


bien 2 devient plus cher ; il substitue le bien moins cher au bien
devenu plus cher.
- Par contre, si la demande de bien 1 diminue quand le prix du bien 2
augmente , on dit le bien 1 est un complément du bien 2. Cela signifie

x1 x1 p1 , p2 , R
que : 0 ou 0 . Les biens complémentaires sont
p1 p2

des biens qui sont consommés ensemble dans certaine proportion


fixe, comme le café et le sucre, par exemple, de sorte que la
consommation des biens tend à diminuer quand le prix d’un des biens
augmente.

48
SECTION 3 : Décomposition de l'effet-prix : Effet de substitution et Effet de
revenu.

La variation du prix d’un bien, toute chose étant égale par ailleurs, entraîne
deux sous-effets : l'effet de substitution et l'effet de revenu ,qu'il vaudrait
d'ailleurs mieux appeler effet de revenu réel ou effet de pouvoir d'achat.

L'effet de revenu correspond à la variation de la quantité demandée suite à


la variation du pouvoir d'achat qu'entraîne la variation du prix du bien.

L'effet de substitution, quant à lui, résulte du fait que, indépendamment de


la variation du pouvoir d'achat qu'entraîne la variation du prix du bien, celle-ci
modifie, ceteris paribus, le rapport des prix des deux biens en présence et que, à partir
du moment où ces deux biens sont relativement substituables, cela va inciter le
consommateur à réaliser une substitution entre les deux biens.

L'explicitation des effets de substitution et de revenu peut être faite


géométriquement et algébriquement. Qu'il s'agisse de l'analyse géométrique ou de
l'analyse algébrique, le raisonnement peut être tenu de deux façons ou méthodes
différentes quant à la manière de mettre en évidence l'effet de substitution, c'est-à-dire
l'effet de la modification de prix sur la demande en supposant le revenu réel
constant :

- La "méthode de Slutsky" qui consiste à raisonner à pouvoir d'achat constant ;


- Et, la "méthode de Hicks" qui raisonne à utilité constante.

A y voir de près, ces deux méthodes s'opposent en définitive sur la définition


de la notion de revenu réel : pour Slutsky, le revenu réel est constant lorsqu'il permet
d'acquérir le même panier de biens qu'à la situation initiale, en dépit de la variation du
prix du bien. Alors que pour Hicks, le revenu réel est constant lorsqu'il permet de
conserver le même niveau d'utilité qu'à la situation initiale.

Pour généraliser, on pourrait alors dire que la mise en évidence de


l'effet de substitution se fait à "richesse" du consommateur constante, cette richesse

49
pouvant être évaluée tout aussi bien par un panier donné de biens que par un certain
niveau d'utilité.

1. La méthode de Slutsky : mise en évidence de l'effet de substitution à


pouvoir d'achat constant.

1.1 L’effet de substitution

On considère toujours un consommateur doté d’un revenu R qui demande


deux biens : le bien 1 désiré en quantité x1 et acquis au prix p1 ; et le bien 2 désiré en

quantité x2 et acquis au prix p2 .

On considère que le prix du bien 1 se modifie en passant de p1 à p1' , ceteris

paribus. Pour les deux situations, ces fonctions de demandes ordinaires


s’écrivent alors :
Situation initiale : x1* p1 , p2 , R et x2* p1 , p2 , R

Situation Finale : x1*' p1' , p2 , R et x2*' p1' , p2 , R

Supposons que le consommateur désire, malgré la variation du prix du bien 1,


accéder au même panier optimal qu'en à la situation initiale , c'est-à-dire bénéficier
du même pouvoir d'achat qu’ à la situation initiale. Pour cela, il faudrait une
modification de son revenu nominal et que celui-ci passe de R à R ' avec,

R p1 x1* p2 x2* et R' p1' x1* p2 x2*


Soit, R ' R x1 p1' p1 R x1 p1

R est la variation du revenu nominal qu'il faudrait que le consommateur


enregistre pour pouvoir se procurer exactement le panier optimal initial malgré la
variation du prix de bien 1.
La variation du revenu ( R ) et la variation du prix ( p1 ) vont toujours

logiquement dans le même sens : si le prix s’accroît, on doit augmenter le revenu pour
que le panier reste accessible au consommateur.

50
D’une façon générale, L’effet de substitution au sens de Slutsky indique
de combien le consommateur « substitue » un bien à l’autre quand un prix se modifie,
mais que le pouvoir d’achat reste constant.
Plus précisément, l’effet de substitution sur la demande du bien 1, qu’on
note x1s , est la variation de la demande du bien 1 quand le prix de ce bien et le revenu

se modifient et deviennent respectivement p1' et R ' , avec R ' le revenu compensé

pour maintenir constant le pouvoir d’achat du consommateur malgré le passage de


p1 à p1' . Soit :

x1s x1* p1' , p2 , m ' x1* p1 , p2 , m

En pratique, pour déterminer l’effet de substitution, on utilise la fonction

de demande marshallienne pour calculer x1* p1' , p2 , m ' et x1* p1 , p2 , m . Lorsqu’un

dispose de la fonction de demande, il suffit d’introduire dans cette fonction les valeurs
numériques considérées pour calculer l’effet de substitution.
L'effet de substitution est souvent appelé "variation de la demande
compensée" parce que la variation du prix du bien est compensée ici par une
variation du revenu juste suffisante pour permettre au consommateur d'acheter le
panier initial. L'effet de substitution correspond ainsi à un effet de compensation.

La figure 2.7 ci- après représente la décomposition de l’effet de la variation


de prix en mettant en évidence l’effet de substitution et l’effet revenu dont l’examen
est réservé au paragraphe suivant.

51
x2

x2*0
E0 E1

E'

R
R
R'

x1*0 ES ER x1

Figure 2.7. Effet de Substitution (ES) et Effet Revenu (ER) : Quand le prix du bien 1 x1 se
modifie en diminuant et le revenu et le prix du bien 2 x2 restent inchangés, la droite de budget
pivote autour de son ordonnée à l’origine. On imagine que ce mouvement est décomposé en deux
étapes : dans un premier, une mouvement de rotation de la droite de budget autour du choix initial
décrivant l’ES ; et ensuite un déplacement parallèle et vers le haut de la droite de budget décrivant
0
l’ER. En somme ; le passage de la situation d’équilibre initial ( E ) à la situation d’équilibre
'
transitoire ( E ) représente l’ES ; et celui de E ' à la situation d’équilibre final ( E1 ) répresente l’ER.

Quelle interprétation économique donne-t-on à ces mouvements ? On


considère d’abord la droite de budget obtenu après rotation, à laquelle on associe le
revenu compensé R ' . Notons que le mouvement rotation de la droite de budget
traduit le changement de prix relatif : passage de p1 p2 , pente de la droite de budget

initiale R , à p11 p2 , pente de la droite de budget après rotation R ' . Toutefois, cette

dernière droite de budget présente la même pente et par conséquent le même prix
relatif ( p11 p2 ) que la droite de budget finale R .

Le panier optimal de la situation initiale x1*0 , x2*0 étant sur la droite de

budget obtenu après rotation, on dira qu’au niveau de revenu R ' , le panier x1*0 , x2*0

est financièrement accessible au consommateur. Par conséquent, celui-ci dispose d’un


pouvoir d’achat inchangé dans la mesure où il est capable d’acquérir le panier optimal

52
initial malgré la modification du prix relatif. Le mouvement de rotation de la droite de
budget décrit alors l’effet de substitution selon l’analyse de Slutsky.

1.2 L’effet de revenu

Envisageons maintenant le second mouvement : le déplacement parallèle de la


droite de budget. Son interprétation économique est bien aisée. En effet, comme déjà
mentionné, un déplacement parallèle d’une droite de budget est un mouvement qui
correspond à une modification du revenu quand les prix restent inchangés. Ce
mouvement de déplacement parallèle de la droite de budget décrit l’effet de revenu
dans la mesure où il résulte d’une simple modification du revenu qui passe de R ' à R

les prix étant constants et égaux à p11 , p2 . Sur la figure 2.7, cette modification du

revenu entraîne le passage de la situation d’équilibre E ' à E 1 .

Plus précisément, l’effet de revenu sur la demande du bien 1, noté x1R , est la

variation de la demande du bien 1 quand le revenu passe de son niveau compensé

R' à son niveau initial R et que le prix du bien 1 reste fixe et égal à son niveau

après modification p11 . Soit :

x1R x1* p11 , p2 , R x1* p11 , p2 , R '

1.3 Signes de l’effet de revenu et de l’effet de substitution.

L'effet de revenu (réel) peut opérer sur la demande du bien dans les deux sens : il
va dans le même que sens du revenu (réel), et donc de signe contraire à la variation du
prix, quand le bien est normal ; et dans le sens opposé du revenu (réel), et donc de même
signe que la variation du prix, quand le bien est inférieur. En effet, quand le prix d’un
bien diminue, le revenu réel ou le pouvoir d’achat augmente. S’il s’agit d’un bien
normal une augmentation du revenu réel entraîne une augmentation de la demande
du bien. S’il s’agit d’un bien inférieur, une augmentation du revenu réel induit une
diminution de la demande.
L'effet de substitution agit toujours dans le sens contraire à la variation du prix.
L’effet de substitution est donc qualifié de négatif puisque la variation de la
demande due à l’effet de substitution est de signe contraire à la variation de prix : si le

53
prix diminue, l’effet de substitution entraîne une augmentation de la demande du
bien, et vice versa. Soit par exemple,

Si, p1 p1' p1 0 on doit avoir x1* p1' , p2 , R ' x1* p1 , p2 , R x1S 0

1.4 Variation totale de la demande.

En conservant les notations définies précédemment, la variation de la demande


du bien 1, notée x1 , due au changement de son prix, le prix du bien 2 et le revenu

étant maintenus constants, s’écrit :

x1 x1* p1' , p2 , R x1* p1 , p2 , R

Comme mentionné précédemment, la variation totale de la demande ou effet


total peut être décomposée en deux effets : l’effet de substitution et l’effet revenu. Soit :
x1 x1S x1R

x1* p1' , p2 , R x1* p1 , p2 , R x1* p1' , p2 , R ' x1* p1 , p2 , R x1* p1' , p2 , R x1* p1' , p2 , R '

Cette équation qui indique que l’effet total est la somme de l’effet de
substitution et l’effet revenu est connue sous le nom de l’équation de Slutsky. L’intérêt
de cette équation de Slutsky, qui est en fait une simple identité algébrique, réside dans
la détermination du signe de l’effet.
On a établi que l’effet de substitution doit toujours être négatif, c’est-à-dire de
signe contraire à la variation du prix, l’effet de revenu peut être positif ou négatif. Par
conséquent l’effet total peut être négatif ou positif selon la nature du bien.
- Si le bien dont le prix se modifie est un bien normal, l’effet total est
négatif : une diminution du prix du bien est équivalente à une
augmentation du revenu réel qui, dans le cas d’un bien normal, induit
une augmentation de la demande du bien. On a alors un effet de
revenu négatif qui vient renforcer l’effet de substitution. Soit :
x1 x1S x1R

54
- On rappelle que dans le cas d’un bien inférieur, l’effet de revenu est
positif alors l’effet de substitution est toujours négatif. Deux cas de
figure se présentent alors :
Soit l’effet de revenu est dominé par l’effet de
substitution et l’effet total est négatif, on se trouve alors
dans le cas du bien inférieur typique. Soit:
x1 x1S x1R .

Soit, l’effet de revenu domine l’effet de substitution


et l’effet total est positif, se trouve alors dans le cas
particulier du bien inférieur de type Giffen :
x1 x1S x1R .

Tableau 2.1 : Récapitulatif de la détermination algébrique des différents effets.

Situation d’équilibre Situation d’équilibre Situation d’équilibre


initiale ( E ) transitoire ( E ) finale ( E )
0 ' 1

Demande
marshallienne du x1* p1 , p2 , R x1* p1' , p2 , R ' x1* p1' , p2 , R
bien 1

E ' - E0
Effet de substitution
x1* p1' , p2 , R ' - x1* p1, p2 , R

E1 - E '
Effet de Revenu
x1* p1' , p2 , R - x1* p1' , p2, R'
E1 - E 0
Effet total
x1* p1' , p2 , R - x1* p1 , p2 , R

55
Tableau 2.2 : Le jeu des deux sous-effets selon la nature du bien

Effet de Substitution Effet de Revenu Effet total


Bien normal ou Négatif (-) Négatif (-) Signe négatif (-)
ordinaire
Bien inférieur mais Suffisamment négatif Positif (+) Négatif (-)
typique (- -)
Bien inférieur de Négatif (-) Suffisamment Positif (+)
type Giffen positif (+ +)

2. La méthode de J. Hicks : mise en évidence de l'effet de substitution


à utilité constante.

Pour ne pas alourdir ce texte, on se contentera d'indiquer les différences


entre l'analyse de Hicks et celle de Slutsky sans refaire tous les
développements.

La différence essentielle entre les analyses de Slutsky et de Hicks est que l'effet
de substitution est isolé par le premier à pouvoir d'achat constant alors qu'il l'est par
le second à utilité constante.

Graphiquement, rappelons que l'effet de substitution de Slutsky est obtenu par

rotation de la droite de budget autour de E 0 , la situation d'équilibre initial, pour


prendre une pente correspondant au nouveau rapport de prix et entrer en tangence
avec une autre courbe d'indifférence de la carte du consommateur, déterminant ainsi
un équilibre transitoire E ' ( Voir figure 2.7) .
Comme indiqué sur la figure 2.8 ci-après, dans l'analyse de Hicks, l'effet de
substitution est mis en évidence en traçant une droite de budget transitoire R '

parallèle à la droite de budget finale R . La pente commune à ces deux droites de

budget est égal au nouveau rapport de prix p1' p2 . En outre la droite de budget

transitoire présente, en outre, la caractéristique d’être tangente à la courbe


d’indifférence de la situation initiale. Et, ce point de tangence E ' représente l’équilibre
transitoire caractérisé par le maintien du niveau initial d'utilité. Cet équilibre
transitoire résulte, en outre comme dans l’analyse de Slutsky, d’une substitution entre

56
les deux biens suite au nouveau prix relatif p1' p2 et d'une modification

compensatrice du revenu nominal R ' que le consommateur devrait enregistrer.

Comme dans l’analyse de Slutsky, le passage de la situation d’équilibre

transitoire E ' à la situation d’équilibre finale E1 traduit l'effet de revenu.

x2
U0

E0
E1

E'

R
R R'
x1
ES ER

Figure 2.8. Effet de substitution et de Revenu selon l’analyse de Hicks

57
SECTION 4 : Les Elasticités de la demande

L'élasticité est un indicateur de sensibilité : elle donne le sens et mesure


l'intensité de la réaction d'une fonction à la variation de sa variable déterminante.

Si on a la fonction y f x , l'élasticité de y par rapport à x est :

dy y dy x
ey x .
dx x dx y

L'élasticité est le rapport de deux variations relatives ,celle de la fonction


et celle de la variable, pour en faire un nombre indépendant des unités de mesure.

L'élasticité prend un signe positif ou négatif selon que y et x varient

dans le même sens ou non, et sa valeur absolue est d'autant plus grande que la
réaction de y à la variation de x est forte, l'élasticité unitaire servant de seuil entre

demande rigide et demande élastique.

1. L'élasticité-prix de la demande

L'élasticité-prix de la demande prend deux formes selon que l'on envisage de


tester la réaction de la demande d'un bien donné à la variation du prix de ce bien ou à
celle du prix d'un autre bien : on parle d'élasticité-prix directe dans le premier cas et
d'élasticité-prix croisée dans le second. Le signe des deux élasticités est important pour
qualifier la nature des biens en cause : l'élasticité-prix directe est normalement
négative et elle prend un signe positif en cas d'exception à la loi de la demande
(effet Giffen, effet Veblen) ; l'élasticité-prix croisée est quant à elle positive, nulle
ou négative selon que les deux biens sont substituables, indépendants ou
complémentaires.

1.1 L'élasticité-prix directe

L’élasticité-prix directe mesure la sensibilité de la demande d’un bien donné


par rapport à une variation de son prix. En gardant les notations des sections
précédentes, l’élasticité-prix directe de la demande du bien 1, qu’on note ex1 p1 s’écrit :

58
x1 p1 , p2 , R p1
ex1 p1 .
p1 x1

L'élasticité-prix directe est normalement de signe négative et elle prend un


signe positif dans le cas exceptionnel des biens de type Giffen.

L’interprétation économique de l’élasticité-prix directe consiste à comparer sa


valeur absolue avec la valeur unitaire 1. Ainsi :

- Si ex1 p1 1 , on dit de la demande du bien 1 qu’elle est élastique, c’est-

à-dire qu’une variation du prix p1 du bien 1 entraîne une variation

plus que proportionnelle de sa demande.

- Si ex1 p1 1 , on dit de la demande du bien 1 qu’elle est d’élasticité

unitaire, c’est-à-dire que la demande du bien 1 et le prix p1 du bien 1

varient dans les mêmes proportions.

- Si ex1 p1 1 , on dit de la demande du bien 1 qu’elle est inélastique, c’est-

à-dire qu’une variation du prix p1 du bien 1 entraîne une variation

moins que proportionnelle de sa demande.


Le caractère élastique ou non de la demande d’un bien dépendent de l’existence
de substitut proche pour ce bien. Ainsi, les biens pour lesquelles il n’existe
pratiquement pas de substitut proche ont généralement une demande inélastique. Il
s’agit notamment des produits pétroliers, du sel de cuisine ; et pour certains individus
de l’alcool, du tabac, etc. Et ces biens, en dehors du sel de cuisine, sont
particulièrement visés dans le cadre des mesures de réforme fiscale de la part des
pouvoirs publics.

Tableau 2.3. Elasticité-prix directe et dépenses de consommation

Si le prix augmente, les Si le prix diminue, les


Demande dépenses de consommation dépenses de consommation

Inélastique Augmentent Diminuent


Unitaire Sont inchangées Sont inchangées
Elastique Diminuent Augmentent

59
1.2 Elasticité-prix croisée

L’élasticité-prix croisée mesure la sensibilité de la demande d’un bien


donné par rapport à une variation du prix d’un autre. En gardant toujours les mêmes
notations, l’élasticité-prix croisée de la demande du bien 1, qu’on note ex1 p2 s’écrit :

x1 p1 , p2 , R p2
ex1 p2 .
p2 x1

L’élasticité-prix croisée peut être de signe négatif ou positif selon la nature


de la relation qui existe entre les deux biens. L’interprétation économique de
l’élasticité- prix croisée porte essentiellement sur son signe tant bien que l’examen de
sa valeur absolue peut être utile dans la formulation de certaines mesures de politique
économique. Ainsi :
- ex1 p2 0 : la demande du bien 1, demandé en quantité x1 , augmente
(diminue) quand le prix p2 du bien 2 augmente (diminue). Alors le
bien 1 et le bien 2 sont des substituts bruts ou tout simplement sont
substituables.

- ex1 p2 0 : la demande du bien 1, demandé en quantité x1 , diminue


(augmente) quand le prix p2 du bien 2 augmente (diminue). Alors
le bien 1 et le bien 2 sont des compléments bruts ou tout simplement
sont complémentaires.

2. L'élasticité-revenu de la demande

L’élasticité-revenu de la demande mesure la sensibilité de la demande d’un


bien donné par rapport à une variation du revenu nominal du consommateur. En
gardant toujours les mêmes notations, l’élasticité-revenu de la demande du bien 1,
qu’on note ex1 R s’écrit :

x1 p1 , p2 , R R
ex1 R .
R x1

60
L’élasticité-revenu de la demande peut être de signe négatif ou positif selon la
nature du bien considéré. Ainsi :
- ex1 R 0 , signifie que le bien 1, demandé en quantité x1 , est un bien

normal ou ordinaire au sens où sa demande varie dans le même sens


que le revenu nominal.
- ex1 R 0 , signifie que le bien 1 est un bien inférieur au sens où sa

demande varie dans en sens opposé du revenu nominal.

L’interprétation économique la plus intéressante de l’élasticité-revenu de la


demande reste, dans le cas des biens normaux, la comparaison de sa valeur avec le
seuil unitaire. Ainsi :
- Si 0 ex1 R 1 , on dit du bien 1 qu’il est un bien normal et

nécessaire, c’est-à-dire que la demande x1 du bien 1 varie moins

que proportionnellement par rapport au revenu nominal du


consommateur.
- Si ex1 R 1 , on dit du bien 1 qu’il est un bien neutre, c’est-à-dire

que la demande x1 du bien 1 évolue dans la même proportion que

le revenu nominal du consommateur.


- Si 1 ex1 R , on dit du bien 1 qu’il est un bien luxe ou bien

supérieur, c’est-à-dire que la demande x1 du bien 1 évolue plus

que proportionnellement par rapport au revenu nominal du


consommateur.
On illustre ces interprétations de l’élasticité-revenu de la demande par les lois
d'Engel selon lesquelles les biens alimentaires sont des biens normaux et nécessaires,
certains étant de type Giffen pour certaines catégories sociales, les biens concernant
l'habillement et l'habitation sont des biens neutres et la santé, l'éducation, les loisirs
des biens de luxe ou biens supérieurs.

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Bibliographie

BIALES Ch., La Demande : une Analyse Microéconomique Appliquée,


Université de Montpellier, 2016

Hal R. Varian, Introduction à la microéconomie, 6e Edition


américaine traduite par THIRY B., Edition De BOECK Université
(2003).

Pindyck R., Runbinfeld, Microéconomie, 8e édition, édition


française dirigée par Sofer C. et Sollogoub M., Pearson France
2012.

NSHUE MOKIME A.M, Cours Magistral de Microéconomie, Kinshasa


2012

TIEHI Tito N., Cours de microéconomie, Première Année de licence,


UFR SEG UFHB

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