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PROFESSEUR

NKONGO NIUMBA LEONIN

LEADERSHIP ACADEMIA
UNIVERSITY

COURS D’ECONOMIE
POLITIQUE

TROISIEME LICENCE BUSINESS


ADMINISTRATION

Mars 2024
INTRODUCTION
Dans cet enseignement d’économie politique dispensé cette année en
troisième licence en Business Administration, il sera question de fixer des vues sur
l’introduction à la microéconomie afin de permettre à ces étudiants d’avoir une vue
d’ensemble de l’analyse microéconomique.

Ainsi l’analyse microéconomique explique les comportements individuels


des agents économiques (le consommateur, le producteur, etc.) ainsi que leur
interaction sur le marché. L’analyse microéconomique moderne a amorcé son véritable
développement à la fin du 19e siècle avec les économistes néoclassiques.

La décision individuelle est prise dans un environnement où les besoins à


satisfaire sont multiples face aux ressources rares. Le choix judicieux permettra à
l’agent économique individuel de maximiser son niveau de satisfaction (l’utilité pour
le consommateur, le profit pour le producteur) en tenant compte de ses contraintes
ainsi que des informations à sa disposition.

Sur le marché, la rencontre de l’offre et la demande détermine le prix de


vente et la quantité échangée. Les marchés dans une économie étant indépendants,
l’équilibre partiel s’intéresse au fonctionnement des différents marchés pris
individuellement alors que l’équilibre général analyse d’une manière simultanée le
fonctionnement de tous les marchés en tenant compte bien sûr de leur indépendance.

Ce cours intitulé économie politique qui est une introduction à la


microéconomie est destiné aux étudiants de troisième année de Licence en Business
Administration avec un volume horaire de 45 heures dont 30 heures des cours
théoriques et 15 heures des travaux pratiques.

Cet enseignement poursuit des objectifs pédagogiques ci-après :

Objectif général du cours


Notre souci dans cet enseignement dispensé en première année de Licence
en sciences économiques est d’aider les étudiants à comprendre l’analyse
microéconomique en mettant en évidence de façon simplifiée les comportements
individuels de consommateur et de producteur dans le but de déterminer les relations
qu’ils établissent entre eux sur les marchés.

Mais aussi à développer des attitudes et aptitudes pour leur permettre


d’avoir les bases de l’analyse microéconomique à travers des analyses du
consommateur, du producteur et celle du marché (équilibre partiel), notamment la
concurrence pure et parfaite, le monopole, la concurrence monopolistique et
l’oligopole ainsi que se familiariser au marché du travail en régime de concurrence
pure et parfaite.

Les objectifs spécifiques


A l’issue de cet enseignement d’économie politique (introduction à la
microéconomie), l’étudiant qui va nous suivre avec attention sera capable :

 De maîtriser les choix du consommateur et la demande individuelle d’un


bien ;
 D’appréhender la théorie du choix du producteur et les coûts de
l’entreprise ;
 De cerner le marché et la formation des prix

Contenu du cours
Le contenu du cours proposé est le suivant :

Chapitre Premier : Choix du consommateur et la demande individuelle d’un bien ;

Chapitre Deuxième : Choix du producteur et les coûts de l’entreprise ;

Chapitre Troisième : marché et la formation des prix


CHAPITRE PREMIER

CHOIX DU CONSOMMATEUR ET
DEMANDE INDIVIDUELLE D’UN
BIEN

Dans ce chapitre, nous allons d’abord chercher à savoir comment est-ce


qu’un individu décide–t-il de répartir son budget entre les différents biens et services
disponibles et ensuite déterminer les conditions d’équilibre du consommateur afin de
déduire les lois d’évolution de la demande d’un bien.

A partir de la philosophie utilitariste, à la fin du 19e siècle, les économistes


néoclassiques, notamment le Français Léon Walras, l’anglais Stanley Jevons et
l’autrichien Carl Menger ont développé une théorie où un individu rationnel est
supposé rechercher le maximum de satisfaction ou d’utilité.

Ils supposent d’abord qu’un individu est capable de mesurer l’utilité (une
mesure subjective de la satisfaction) qu’il retire de la combinaison d’un bien par un
indice quantitatif. Ce bien peut être divisible (l’unité consommable d’un bien
parfaitement divisible est infiniment petite), substituable ou complémentaire. Cette
approche est dite cardinale, c’est-à-dire l’utilité est un concept mesurable et débouche
sur un principe vraiment fondamental pour l’analyse économique moderne « les choix
individuels résultent toujours d’une égalisation à la marge des coûts et avantages liés
aux différentes possibilités qui leur sont offertes ».

Plutard au début du 20e siècle, avec la théorie des courbes d’indifférence,


développée par l’italien Vilfredo Pareto, l’approche cardinale a été abandonnée au
profit de l’approche ordinale où un individu ne mesure plus le niveau d’utilité mais
est capable d’établir ou d’indiquer un ordre de préférence, c’est-à-dire que le
consommateur classe les biens par ordre de préférence sans pour autant recourir à une
mesure d’utilité absolue ( notion des courbes d’indifférence).

Cette approche dite ordinale constitue un progrès scientifique très


remarquable pour deux raisons entre autres :

 Une hypothèse très simple qui explique mieux les phénomènes que
l’approche cardinale ;
 L’explication des décisions individuelles accorde désormais moins
d’importance aux préférences des agents, impossibles à mesurer
objectivement, qu’à leurs contraintes observables et quantifiables
(contrainte budgétaire).

La demande individuelle d’un bien sera appréhendée à partir de l’analyse


de l’évolution de l’équilibre du consommateur induite par la variation de l’un de ses
facteurs explicatifs. Ainsi, si la variable explicative est le prix du bien, la demande
individuelle du bien sera en fonction du prix et si la variable explicative est le revenu,
la demande individuelle du bien sera en fonction du revenu du consommateur.

La demande d’un bien sera plus ou moins sensible aux variations du prix
du bien choisi, aux variations du prix des biens substituables, ou aux variations du
revenu du consommateur et les coefficients d’élasticité sondent les tendances des
interactions de la demande.

Eu égard aux considérations ci-dessus, nous aborderons dans ce chapitre


les sections ci-après :

1. Utilité cardinale et équilibre du consommateur ;


2. Utilité ordinale et équilibre du consommateur ;
3. Demande individuelle d’un bien ;
4. Elasticité de la demande.
SECTION 1. L’UTILITE CARDINALE ET L’EQUILIBRE DU
CONSOMMATEUR

I.1.1. THEORIE DE L’UTILITE MARGINALE

I.1.1.1. Notions de l’utilité totale et utilité marginale

L’utilité totale, Ut d’un bien quelconque X, mesure la satisfaction globale


que l’individu retire de la consommation de ce bien, cf. graphique 1.1.

Graphique 1.1. Utilité totale et Utilité marginale

Le niveau d’Ut est fonction de la quantité du bien X. Ceci implique que Ut


dépend de X ou encore : Ut = U(X). La variable de décision qui indique le sens et le
rythme de variation avec lequel l’utilité évolue quand X augmente est l’utilité
marginale.

L’utilité marginale, notée Um d’un bien partiellement divisible, mesure


l’évolution de l’utilité totale « à la marge », c’est-à-dire pour une variation très petite
de la quantité consommée.

Un bien imparfaitement divisible s’il existe une unité de mesure en deçà de


laquelle il est impossible de descendre.
Exemple : un individu ne peut utiliser une demi-voiture, moins encore 0,25
paire de lunettes ; ces biens sont partiellement divisibles.

L’utilité marginale d’un bien X imparfaitement divisible est la variation de


l’utilité totale induite par une unité supplémentaire de ce bien. Ainsi, Umx=ΔU/ ΔX
où Δ signifie variation.

Cette mesure n’est qu’une approximation d’Um dans la plupart des cas. Sur
ce, si le bien X est parfaitement divisible, on peut toujours imaginer une quantité plus
petite quelle que soit l’unité de mesure retenue. Si on mesure la consommation en
grammes, 1 gramme ne représente pas vraiment la consommation marginale, puisque
une consommation de 0,5 gramme peut être envisagée ; même si l’unité de mesure
était demi-gramme, on pourra toujours envisager une consommation de 0,25, et ainsi
de suite.

Dans le cas échéant, l’utilité marginale doit prendre en compte l’évolution


de l’utilité totale qui résulte d’une variation infiniment petite de X. A cet effet, l’utilité
marginale d’un bien X parfaitement divisible est la variation de l’utilité totale pour une
variation infiniment petite (infinitésimale) de la quantité consommée.

Seul le concept mathématique de dérivée permet facilement de saisir cette


définition. Ainsi, la dérivée d’une variable quelconque Y, qui est fonction d’une autre
variable X, mesure comment varie Y pour une variation de X qui tend vers zéro. Si
Y=Y(X), c’est-à-dire si Y est fonction de X, on écrit la dérivée de Y par rapport à X de
deux façons : dy/dX ou Y(X). D’un point de vue mathématique, l’utilité marginale est
la dérivée de la fonction d’utilité totale par rapport à X.

Soit :Um = U(X)ouUm = du/dx.

I.1.1.2. La loi de l’utilité marginale décroissante

Il est fort raisonnable de croire que le niveau de satisfaction du


consommateur dépend de l’intensité du besoin qu’il cherche à satisfaire d’autant plus
que l’envie (soif) est proportionnel au manque éprouvé avant la consommation. Mais
l’analyse microéconomique fait remarquer que l’intensité d’un besoin est décroissante
au fur et à mesure que la quantité consommée augmente. Ainsi, un consommateur qui
a soif, il aura mois soif à partir du deuxième verre d’eau, encore moins soif à partir du
troisième, etc.

Si alors, l’intensité du besoin décroit avec la quantité consommée, la


satisfaction éprouvée pour chaque unité supplémentaire est moins importante que
pour la précédente. Le troisième verre d’eau procure moins de plaisir que le deuxième
et encore moins que le premier mais la satisfaction globale ne diminue pas encore et si
le consommateur continue à boire, c’est qu’il éprouve encore du plaisir à le faire.

L’utilité totale continue donc à augmenter mais de moins en moins vite et


l’utilité marginale diminue. Ainsi, l’utilité totale peut être représentée par une courbe
croissante et Um par une courbe décroissante. Ut atteint son maximum au point de
satiété ou de saturation du consommateur au point S cf. graphique ci-dessus.

En ce point Um est nulle (toute unité supplémentaire de consommation


n’augmente plus la satisfaction. Si la consommation du bien X est poussée au-delà,
l’Um de doses supplémentaires devient négative et Ut diminue à son tour. Une
consommation trop importante peut entrainer un désagrément pour l’individu (si les
premiers verres sont agréables, tel n’est probablement pas le cas du cinquième).

Ce principe résulte de la loi psychologique de l’allemand Gossen (1854) qui


indique que l’intensité d’un plaisir qui se prolonge diminue et finit par disparaitre
quand l’individu parvient à la satiété et au-delà du point de satiété, le plaisir peut se
transformer en peine.

Bref, un consommateur rationnel ne devrait pas poursuivre sa


consommation au-delà du point de saturation du besoin. On fait donc l’hypothèse que
l’utilité marginale est normalement décroissante, mais toujours positive.

Ou autrement, étant donné que l’utilité totale d’un bien X varie en fonction
de la quantité X consommée du bien, elle commence par croitre avec la quantité
consommée, puis finit par décroitre, ainsi l’utilité marginale de X, Umx, mesure la
variation de l’utilité totale entrainée par la consommation d’une unité supplémentaire
du bien X :

ΔUX
Umx = et quand 𝚫𝐗 tend vers 0 (bien parfaitement divisible), elle est
ΔX
𝐝𝐔𝐱
égale à la dérivée de la fonction d’utilité totale, soitUmx= 𝐝𝐱 . Et on observe sur le

graphique ci-haut ce qui suit :

 Pour les valeurs du bien X inférieures à𝑿𝟏 , l’Um est positive et décroissante et l’Ut
croit au taux croissant ;
 Pour les valeurs du bien X supérieures à 𝑿𝟏 , l’Um est négative et l’Ut décroit ;
𝐝𝐔𝐱
 Pour X=𝑿𝟏 , :Umx= → max (Ux) : le consommateur atteint son niveau de satiété.
𝐝𝐱

A titre illustratif, soit le tableau suivant reprenant l’utilité procuré à un


consommateur suite à la consommation d’un bien X :

Tableau 1.1. : Utilité totale et Utilité marginale

Quantité du bien X Utilité procurée per le bien X Utilité marginale du bien X


0 0 -
1 20 20
2 35 15
3 45 10
4 50 5
5 52 2
6 52 0
7 49 -3

Il ressort des informations contenues dans ce tableau que la quantité du bien


X consommé augmente et l’utilité totale augmente également mais de façon non
proportionnelle. L’utilité totale atteint le maximum ou le point de satiété au niveau de
52, lorsque l’utilité marginale devient nulle. Cette dernière qui mesure l’augmentation
de l’utilité totale induite par l’augmentation d’une unité de la consommation du bien
X, diminue au fur et à mesure que la quantité du bien X consommé augmente.

Toute consommation du bien X au-delà de la quantité de 6, entraine une


désutilité (utilité marginale devient négative), d’où la loi psychologique de l’allemand
Gossen (1854) : « l’intensité d’un plaisir qui se prolonge diminue et finit par disparaitre
quand l’individu parvient à la satiété et au-delà du point de satiété, le plaisir peut se
transformer en peine ».

I.1.1.3. Choix optimal du consommateur

Trois situations peuvent être distingué dans la maximisation de l’utilité du


consommateur, soit le consommateur est dans une situation d’abondance, soit dans
une situation de rareté, économie de troc ou soit dans une situation de rareté, économie
monétaire.

1. Situation d’abondance

Dans cette situation qui peu fréquent où le consommateur se trouve dans


une situation d’abondance, si les biens à consommer sont abondants, le consommateur
ne subit aucun coût, pas de sacrifice pour se procurer une quantité quelconque du bien
X à consommer. Le consommateur maximisera son utilité en consommant le bien
Jusqu’au point où l’utilité totale du bien consommé est à son maximum ou autrement
jusqu’à ce que l’utilité marginale soit nulle. Ainsi, la condition d’équilibre du
consommateur est : Umx = 0.

2. Situation de rareté, économie de troc

Dans ce cas où les biens sont rares, le consommateur doit opérer un choix
entre les différentes possibilités de consommation. Prenons une économie de troc où
les biens s’échangent contre les biens, consommer un bien X, équivaut à renoncer à un
bien Y ou un bien T que l’on aurait pu obtenir en échange.

Le consommateur ne va donc plus pousser sa consommation du bien X


jusqu’au point de satiété. Il doit à cet effet, tenir compte du coût d’opportunité de cette
consommation (satisfaction qu’il aurait pu obtenir en renonçant au bien X). Si on
suppose qu’il n’existe que deux biens substituables X et Y, le consommateur maximise
sa satisfaction en choisissant une combinaison (X et Y) de telle sorte que l’utilité
marginale de deux biens soit égale.
Ainsi, si UmX > UmY, le consommateur augmente son utilité totale en
substituant une unité du bien X au bien Y et continuera cette substitution tant que
UmX > UmY. L’utilité marginale étant une fonction décroissante de la quantité
consommée, UmX diminue alors qu’UmY augmente et l’on atteint finalement un point
d’égalité des utilités marginales. Au de la de ce point, UmX < UmY et il serait
maintenant rationnel de substituer le bien Y au bien X. La condition d’équilibre du
consommateur est : UmX = UmY.

3. Situation de rareté, économie monétaire

Dans le cas échéant, nous sommes en présence d’une économie monétaire


où les biens ne s’échangent entre eux mais plutôt contre de la monnaie. Le
consommateur aura maintenant à répartir un budget donné entre X et Y. Le
raisonnement ici est celui de savoir si on doit dépenser un franc supplémentaire en
bien X ou en bien Y et non de savoir si on doit consommer une unité supplémentaire
de X ou de Y.

Par analogie avec le raisonnement précèdent, l’optimum du consommateur


est atteint quand l’utilité marginale d’un franc dépensé sur le bien X est égale à l’utilité
marginale d’un franc dépensé sur le bien Y. Ceci équivaut à égaliser toujours les utilités
marginales, mais cette fois-ci en les pondérant par les prix des biens X et Y (soit par Px
et Py).

La condition d’équilibre du consommateur est : UmX = UmY.

𝑈𝑚𝑋 𝑈𝑚𝑌 𝑈𝑚𝑋 𝑃𝑥


= ou =
𝑃𝑥 𝑃𝑦 𝑈𝑚𝑌 𝑃𝑦

En divisant UmXpar son prix, équivaut à mesurer l’utilité marginale par


unité monétaire (par franc) dépensé sur le bien X. Donc à l’équilibre, le rapport des
utilités marginales des biens est égal au rapport de leur prix.
SECTION 2. L’UTILITE ORDINALE ET L’EQUILIBRE DU
CONSOMMATEUR

I.2.1. THEORIE DES COURBES D’INDIFFERENCES

I.2.1.1. Hypothèses sur les préférences

Un consommateur qui veut trier les choix possibles et définir un ordre de


préférence n’a pas besoins de supposer qu’il peut mesurer son utilité par un indice
quantitatif, mais plutôt il suffit pour lui de réunir les quatre postulats ci-dessous
connus sous l’appellation des axiomes de comportements qui nous permettent de
construire les courbes d’indifférences.

1. Axiome de préférence

Face à un panier de deux biens A et B, le consommateur peut déterminer


s’il préfère A (A > B) ou s’il préfère B (B > A), ou encore s’il est indifférent entre les
deux biens qui sont équivalent ; A = B.

2. Axiome de transitivité

Face à un panier de trois biens A, B et C, les choix du consommateur sont


transitifs, c’est-à-dire que A > B et B > C entraine A > C ; c’est-à-dire la cohérence.

3. Axiome de dominance

Pour toute paire de paniers de biens A = (𝑋1, 𝑋2) et B = (X’𝟏 , X’𝟐 ) / 𝑋1 = X’𝟏
et 𝑋2>X’𝟐 ou 𝑋1>X’𝟏 et 𝑋2 = X’𝟐 ou encore 𝑋1>X’𝟏 et 𝑋2>X’𝟐 , alors A > B, c’est-à-dire
« Plus » est préféré à « Moins » quand bien même cette réalité est vraie pour les biens
désirés par l’être humain (biens utiles).

4. Axiome de substituabilité

Pour toute paire de paniers de biens A = (𝑋1, 𝑋2) et B = (X’𝟏 , X’𝟐 ) / A > B, il
existe une quantité de X’𝟏 ou de X’𝟐 qui, ajoutée à B, on a un nouveau panier B’/ B’=A.

Au vu de ce qui précède, faisons remarquer que déjà avec deux premières


conditions (postulats) qui sont plus simples et plus proches de la réalité, nous pouvons
construire une fonction de préférence qui pourra classer par ordre de préférence toutes
les combinaisons possibles des deux biens.

I.2.1.2. Définition et Propriétés des courbes d’indifférence

Une courbe d’indifférence représente l’ensemble des combinaisons de deux


biens qui procurent au consommateur un niveau d’utilité identique.

Graphique 1.2. Courbe d’indifférence

Cette courbe indique les différentes combinaisons des biens X et Y qui font
à ce que le consommateur puisse avoir une utilité totale identique (même niveau
d’utilité totale). Les couples A, B et C procurant une utilité identique au
consommateur, celui-ci est supposé par hypothèse être indifférent, d’où le terme de
courbe d’indifférence.

Graphique 1.3. La carte d’indifférence


En observant de près le graphique ci-dessus, l’utilité totale reste inchangée
lorsqu’on se déplace le long d’une courbe d’indifférence. Cette utilité totale augmente
quand on passe d’une courbe d’indifférence à une autre plus élevée vers la droite ou
située au-dessus (𝑰𝟏 à 𝑰𝟐 ; 𝑰𝟐 à 𝑰𝟑 )), cf. axiome de dominance. Les différentes
combinaisons sont désignées par des biens X et Y par A, B, C, D et E (ainsi, A
correspond à 3 Y et 1 X, etc.).

Par définition des courbes d’indifférences : A=B, mais C > A et C > B.

Pour un consommateur, il existe une infinité de courbes d’indifférences,


chacune correspondant à un niveau d’utilité différent. L’ensemble de ces courbes est
appelé carte d’indifférence et il existe autant de cartes d’indifférences que d’individus.

Du fait de la rationalité du consommateur, l’intersection entre deux courbes


est impossible, c’est-à-dire les courbes d’indifférences ne peuvent jamais se croiser. Sur
le graphique 1.3., si l’intersection était possible, C ou D devraient, par définition des
courbes d’indifférences, procurer une même satisfaction que la combinaison E. Ce qui
est impossible, car D > C.

Donc, un consommateur rationnel ne peut pas à la fois préférer D à C et être


en même temps indifférent entre D et C. Si deux courbes d’indifférences pouvaient se
croiser, un même niveau d’utilité serait à la fois supérieur et identique à un autre.

En vertu de l’axiome de dominance où Plus est préféré à Moins, une courbe


d’indifférence a toujours une pente négative, c’est-à-dire qu’elle est toujours
décroissante. La décroissance de la courbe vient du fait que les utilités marginales des
biens Y et X sont supposées être positives, en raison de la rationalité des
comportements, car le niveau de satisfaction n’est jamais atteint.

Les courbes d’indifférences sont convexes par rapport à l’origine des axes,
c’est-à-dire qu’elles ne sont pas droite mais courbées vers le bas (leur inclinaison
diminue progressivement de gauche à droite). C’est la conséquence du principe de
décroissance du taux marginal de substitution. En effet, le rapport en valeur absolue
𝚫𝐘
diminue au fur et à mesure que la substitution des biens Y à X s’opère : en renonçant
𝚫𝐗

au bien Y donc son utilité marginale augmente alors que en acquérant de plus en plus
le bien X, son utilité marginale diminue. Ainsi, un consommateur rationnel demandera
un peu plus de bien X (dont l’Um diminue) pour le sacrifice d’une unité
supplémentaire du bien Y (dont l’Um augmente).

Dans le développement de la théorie microéconomique, six cas particuliers


de courbes d’indifférences ne respectent pas les propriétés des courbes d’indifférence,
notamment les courbes d’indifférences représentatives des substituts parfaits, des
compléments parfaits, des biens indésirables, saturation et des biens neutres et les
biens discrets.

1. Les substituts parfaits

Lorsque le consommateur est disposé à substituer un bien à l’autre à un


taux constant, on dit de ces biens qu’ils sont des substituts parfaits ou des biens
parfaitement substituables. Dans ce cas, la courbe d’indifférence est une fonction
linéaire.

Exemple : Fardes bleues et Fardes rouges est le cas le plus simple : taux de 1 pour 1.

Graphique 1.4. Courbes d’indifférence des substituts parfaits


Exemple : soit à opérer un choix entre des fardes bleues et des fardes jaunes. Le
consommateur désire des fardes mais ne se préoccupe pas de leur couleur. Supposons
alors un panier contenant 10 fardes bleues et 10 fardes rouges ; X(10,10). N’importe
quel panier contenant 20 fardes sera aussi préférer par le consommateur que le panier
initial.

Mathématiquement, tout panier (𝑋1, 𝑋2)/ 𝑋1+𝑋2 = 20 sera sur la même


courbe d’indifférence que le panier initial et par conséquent, les courbes seront des
droites parallèles ayant la même pente (-1).

Des autres paniers contenant un nombre total de crayons supérieur à 20


sont préférés de telle manière que le niveau de satisfaction s’accroit au fur et à mesure
que l’on se déplace vers le haut et vers la droite. Bref, ce qui compte pour le
consommateur dans ce cas est donc la quantité totale de crayons contenue dans le
panier.

2. Les compléments parfaits

Lorsque les biens sont toujours consommés simultanément ou ensemble


dans des proportions fixes, on dit de ces biens qu’ils sont des compléments parfaits ou
des biens complémentaires. Le cas des souliers droits et souliers gauches.

Graphique 1.5. Courbes d’indifférence des compléments parfaits


Exemple : soit un panier des souliers contenant 10 souliers droits et 10
souliers gauches ; X(10,10). Supposons l’hypothèse que toute augmentation des
souliers gauches sans augmentations des souliers droits [Y(13,10), G(15,10) et Z(18,10)]
laisse le consommateur indifférent par rapport au panier initial. Il en est de même de
toute augmentation des souliers droits sans augmentations des souliers gauches. Face
à une augmentation simultanée du nombre des souliers gauches et des souliers droits
[Y(13,13), G(15,15) et Z(18,18)] augmente la satisfaction du consommateur.

Ainsi, les courbes se déplacent vers le haut et vers la droite et par


conséquent en forme de L.

Dans le cas des compléments parfaits, ce qui est important est que
l’individu préfère consommer des biens dans des proportions fixes mais pas
nécessairement dans la proportion de 1 pour 1.

3. Les biens indésirables

Un bien indésirable est un bien que le consommateur n’aime pas ou ne


préfère pas consommer. Acceptons qu’un consommateur n’aime pas les anchois ou les
engraulidés (espèces des poissons consommées par l’homme et les animaux
terrestres). Ces anchois constituent un bien indésirable qu’il doit éviter à cause de son
mauvais goût. Si on lui proposer des anchois supplémentaires, il faudrait également
lui donner une certaine quantité de poivrons pour améliorer son goût afin de rétablir
l’équilibre.
Ainsi, les courbes d’indifférences du consommateur seront croissantes avec
une pente positive. Donc : ∆𝑋2> 0, ceci implique pour les deux biens (𝑋1 , 𝑋2) ∼ (𝑋1 +

∆𝑋1 ; 𝑋2 + ∆𝑋2) ⇒ ∆𝑋1 > 0 courbes d’indifférence croissantes.

Graphique 1.6. Courbes d’indifférence des biens indésirables

La zone désirée sera donc celle « en bas, à droite » du graphique.

4. Saturation

Dans ce cas, il existe un panier (X) préféré à tous les autres. Plus le
consommateur s’en rapproche, plus grande est sa satisfaction. C’est la distance par
rapport à X qui permet de comparer les différents paniers. Ce panier préféré du
consommateur (panier X) est appelé le point idéal ou le point de saturation.

Graphique 1.7. Courbes d’indifférence des biens de saturation


5. Biens neutres

Soit un bien neutre, le bien 2, un bien qui n’influence pas la satisfaction du


consommateur. L’important pour le consommateur est la quantité de bien 1 contenu
dans chaque panier. Ainsi, Si X = (5, 15) et Y = (10, 15) de telle manière que IX = {(𝑋1,𝑋2)
/ 𝑋1 = 5} ; IY = {(𝑋1,𝑋2) / 𝑋1 = 10}.

Graphique 1.8. Courbes d’indifférence des biens neutres

6. Biens discrets

Ce sont des biens qui sont disponibles uniquement en nombre entier.

Graphique 1.9. Courbes d’indifférence des biens discrets


I.2.1.3. Le taux marginal de substitution

Dans les lignes ci-dessus, on voit bien que la forme des courbes
d’indifférences est déterminée par le rythme auquel le bien Y et le bien X sont échangés
le long de ces courbes. Ce rythme ou taux d’échange, est appelé taux de substitution.
Ainsi, le taux marginal de substitution de X à Y (𝑇𝑀𝑆𝑋𝑌 ) est la quantité du bien Y à
laquelle on doit renoncer (-Δy) par unité supplémentaire du bien X (ΔX), tout en
gardant le même niveau de satisfaction (satisfaction ne change pas, ΔU = 0).

Il mesure aussi la variation de la quantité consommée du bien Y qui est


nécessaire, le long d’une courbe d’indifférence, pour compenser une variation
infiniment petite (infinitésimale) de la quantité consommée du bien X.

Le taux marginal de substitution du bien X à Y (𝑇𝑀𝑆𝑋𝑌 ), mesure la quantité


de Y que le consommateur est prêt à céder contre une unité supplémentaire du bien X,
tout en conservant le même niveau de satisfaction.

En un point d’une courbe d’indifférence continue qui représente


graphiquement la fonction Y= f (X), le 𝑇𝑀𝑆𝑋𝑌 est égal à l’opposé de la pente de la
𝑑𝑦
tangente à la courbe en ce point : 𝑇𝑀𝑆𝑋𝑌 (Taux marginal de substitution) = − .
𝑑𝑥

Graphique 1.10. Taux marginal de substitution


Si les biens X et Y sont parfaitement divisibles, on mesure le TMS entre deux
points d’une courbe d’indifférence ; entre les points A (𝑋1 , 𝑌1 ) et B (𝑋2 , 𝑌2 ) de la
𝑌2 −𝑌1 Δy
courbe𝑈1 , on obtient : 𝑇𝑀𝑆𝑋𝑌 = − →
𝑋2 −𝑋1 Δx

Faisons remarquer que par convention, le 𝑇𝑀𝑆𝑋𝑌 est rendu positif en


multipliant le rapport Δy/ΔX par -1. Le 𝑇𝑀𝑆𝑋𝑌 décroit à mesure que le bien X est
substitué à Y (déplacement de haut en bas le long d’une courbe d’indifférence), cette
courbe est convexe : à satisfaction égale, le consommateur accepte de plus en plus
difficilement de se séparer d’un bien qui se raréfie (Y) au profit d’un bien qui devient
de plus en plus abondant (X).

Le bien X étant substitué en bien Y le long de la courbe d’indifférence :

- La perte de Δy unités de Y fait diminuer l’utilité totale de: Δy.𝑈𝑚𝑌 ;


- Le gain de ΔX unités de X fait augmenter l’utilité totale de: Δx.𝑈𝑚𝑋 .

Ces deux variations de l’utilité totale se compensant, on peut écrire :

Δy 𝑈𝑚𝑋
Δx.𝑈𝑚𝑋 + Δy.𝑈𝑚𝑌 = 0 → Δx.𝑈𝑚𝑋 = −Δy.𝑈𝑚𝑌 → − = 𝑇𝑀𝑆𝑋𝑌 (1).
Δx 𝑈𝑚𝑌

En vertu de la loi de l’utilité marginale décroissante, 𝑈𝑚𝑋 diminue quand le bien


X augmente et 𝑈𝑚𝑌 augmente quand Y diminue ; le 𝑇𝑀𝑆𝑋𝑌 décroit donc à mesure que
le bien X est substitué au bien Y.

I.2.2. EQUILIBRE DU CONSOMMATEUR

Les courbes d’indifférences formalisent les préférences subjectives des


individus. Elles précisent comment ils sont disposés à substituer les différents biens
entre eux, mais elles n’indiquent pas la combinaison optimale.

Elles indiquent aussi l’objectif du consommateur qui est celui d’atteindre la


courbe d’indifférence la plus élevée possible, mais on sait toujours pas quelle courbe
sera précisément atteinte. Jusque - là, on a formalisé une partie du problème le
« souhaitable ».
Ainsi, pour obtenir une théorie complète de la décision du consommateur,
il faut confronter ce souhaitable au possible, c’est-à-dire tenir compte des contraintes
qui pèsent sur sa décision. Donc, la contrainte budgétaire du consommateur.

I.2.2.1. La contrainte budgétaire du consommateur

Le consommateur ne choisit pas n’importe quelle combinaison des biens X


et Y. Il ne pourra choisir que parmi l’ensemble des combinaisons qui sont possibles
étant donné son revenu R et des prix (𝑃𝑋 et 𝑃𝑌 ).

Le revenu de l’individu est fonction de son salaire (prix du travail) fixé sur
le marché de travail. Les prix étant fixés par l’équilibre entre l’offre et la demande sur
les marchés des deux biens, R, 𝑃𝑋 et 𝑃𝑌 sont des données indépendantes des décisions
du consommateur, donc exogènes et s’imposent à lui comme des contraintes au
moment du choix. Bref, la contrainte budgétaire signifie tout simplement que la
dépense doit être égale au revenu R = X.𝑷𝑿 +Y.𝑷𝒀 .

Ainsi, le consommateur affecte la totalité de son revenu nominal R à l’achat


des biens X et Y qui ont respectivement pour prix 𝑃𝑋 et 𝑃𝑌 . La contrainte budgétaire du
consommateur, traduite algébriquement par l’égalité :

𝑃𝑋 𝑅
R = X.𝑃𝑋 +Y.𝑃𝑌 ouY= - X+ (équation de la droite budgétaire).
𝑃𝑌 𝑃𝑌

I.2.2.2. La Droite budgétaire

Présentons graphiquement l’ensemble des combinaisons X - Y que le


consommateur peut acquérir avec un revenu donné par une droite. A partir de deux
points, on peut tracer une droite et prenons les points extrêmes :

- Sur l’axe des Y, la quantité maximum du bien Y que l’individu pourra


obtenir en consommant zéro quantité du bien X est égale à son revenu
𝑅
divisé par le prix du bien Y ( ) ;
𝑃𝑌
- Sur l’axe des X, la quantité maximum du bien X que l’individu pourra
obtenir en consommant zéro quantité du bien Y est égale à son revenu
𝑅
divisé par le prix du bien X ( ).
𝑃𝑋

En joignant ces deux points extrêmes, on obtient la droite budgétaire dont


𝑃𝑋
la pente(- )est égale à l’opposé du rapport des prix des biens, désignant une infinité
𝑃𝑌

de combinaisons possibles compte tenu du revenu et des prix. Ces Deux points de cette
𝑹 𝑹
droite ont pour coordonnées : X= 0 → Y= et Y= 0 → X = .
𝑷𝒀 𝑷𝒀

Graphique 1.11. La droite budgétaire

I.2.2.2.1. Déplacement de la droite de budget

La variation du prix ou celle de revenu peut déplacer la droite de budget.


Premièrement, il y aura modification de la pente de la droite du budget à la suite du
pivotement de cette droite autour d’un point ; et deuxièmement, il y aura modification
de l’ordonné à l’origine (R/𝑷𝒚 ) et de l’abscisse à l’origine (R/𝑷𝒙 ) tout en laissant
inchangée la pente.

1. Variation de prix d’un de deux biens (prix de l’autre bien et revenu inchangés)
Ceterisparibus, une diminution de prix est constatée d’une part, s’il s’agit
du prix du bien X, par la rotation de la droite autour du point A (R/𝑷𝒚 ) vers la droite,
et d’autre part, s’il s’agissait du bien Y, par la rotation vers la droite de la droite du
budget autour du point B (R/𝑷𝒙 ). Alors qu’une augmentation du prix est indiquée
d’une part, pour le bien X, par la rotation vers la gauche de la droite du budget autour
du point B.

Graphique 1.12. Déplacement de la droite du budget causé par une diminution du prix

Graphique 1.13. Déplacement de la droite du budget causé par une augmentation du prix

2. Variation du revenu (prix inchangés)

Graphique 1.14. Déplacement de la droite du budget causé par une baisse et


augmentation du revenu
I.2.2.3. Equilibre du consommateur

Il est souhaitable pour le consommateur qui cherche le maximum de sa


satisfaction d’atteindre la courbe d’indifférence la plus élevée. Il est donc contraint de
choisir une combinaison placée sur sa droite budgétaire et va donc retenir le point sur
cette droite qui atteint la courbe la plus élevée. En conséquence, la combinaison
optimale est définie par le point de tangence entre la courbe d’indifférence et la droite
budgétaire le point E sur le graphique ci-dessous.

Graphique 1.15. Combinaison optimale

𝐝𝐲
Donc en ce point, la pente de la courbe d’indifférence ( ) et celle de la droite
𝐝𝐗
𝑷 𝐝𝐲 𝑷𝑿
budgétaire (- 𝑿 ) sont confondues. Ainsi, =- ;
𝑷𝒀 𝐝𝐗 𝑷𝒀

𝒅𝒚 𝑷𝑿
Or par définition 𝑻𝑴𝑺𝑿𝒀 = - . Donc 𝑻𝑴𝑺𝑿𝒀 = .
𝒅𝑿 𝑷𝒀
Aussi, par rapport à la théorie de l’utilité marginale, le 𝑇𝑀𝑆𝑋𝑌 𝑒𝑠𝑡 égal au
rapport des utilités marginales des biens X et Y, d’où au point d’équilibre du
𝑼𝒎𝑿 𝑷𝑿
consommateur E : 𝑻𝑴𝑺𝑿𝒀 = = .
𝑼𝒎𝒀 𝑷𝒀

Si on multiplie les deux cotés par 𝑈𝑚𝑌 puis en les divisant par𝑃𝑋 , on aura :
𝑼𝒎𝑿 𝑼𝒎𝒀
=
𝑷𝑿 𝑷𝒀

Ceci est la loi d’égalisation des utilités marginales pondérées par les prix
(résultat compatible à la théorie de l’utilité cardinale).

Bref, le point d’équilibre a deux spécificités :

 Il est unique et indique les quantités de chaque bien susceptible de maximiser


l’utilité du consommateur compte tenu de ses préférences et de son budget initial ;
 Le TMS à ce point d’équilibre est égal à l’inverse du rapport des prix de deux biens.

En mathématique, il revient à maximiser la fonction d’utilité sous la


contrainte budgétaire : Max U (x, y) et S/C R = 𝑥𝑃𝑥 +𝑦𝑃𝑦 . Ainsi, la méthode du
multiplicateur de Lagrange sera employée pour une résolution de ce problème : L= U
(x, y) - ⅄ (𝑥𝑃𝑥 + 𝑦𝑃𝑦 -R) où ⅄ est le multiplicateur de Lagrange, qui mesure l’utilité
ə𝑈
marginale du revenu et à l’optimum, ⅄ est égal à .
ə𝑅

De manière détaillée : Max U (x,y)


S/C. R = xPx + yPy.

La méthode connue pour résoudre ce genre de problème est celle du


multiplicateur de Lagrange. Cette méthode consiste d'abord à former le Lagrangien (L):

L= U (x, y) - ⅄ (xPx+ yPy– R)

⅄ est le multiplicateur de Lagrange, qui mesure l’utilité marginale du


𝜕𝑈
revenu. A l’optimum, correspond à .
𝜕𝑅

 La condition du premier ordre, consistant à l’annulation des dérivées premières du


Lagrangien. Ce qui conduit à :
𝐿𝑥 = 𝑈𝑥 − ⅄𝑃𝑥 = 0
𝐿𝑦 = 𝑈𝑦 − ⅄𝑃𝑦 = 0
𝐿⅄ = −(𝑥𝑃𝑥 + 𝑦𝑃𝑦 − 𝑅) = 0

On obtient un système de 3 équations à 3 inconnues dont la résolution nous


𝑦 , ⅄̅d'équilibre. Les solutions en (x,y) nous donnent les points stationnaires
donnera 𝑥̅ , ̅̅̅
(c’est – à - dire les points susceptibles d’être des extremums).

A l’optimum, c’est – à - dire à l’équilibre du consommateur, on a la relation :

𝑈𝑥 𝑈𝑦
⅄ = =
𝑃𝑥 𝑃𝑦
𝑈𝑥 𝑈𝑦
=> =
𝑃𝑥 𝑃𝑦

𝜕𝑈 𝜕𝑈
Avec Ux= utilité marginale de x ( 𝜕𝑥 ) et Uy = utilité marginale de y (𝜕𝑦 ) .

 La condition du second ordre (C.2.O) pour maximiser l’utilité consiste à tester la


positivité du déterminant de la matrice hessienne bornée :

𝐿𝑥𝑥 𝐿𝑥𝑦 𝐿𝑥⅄


|𝐻𝐵| = [𝐿𝑦𝑥 𝐿𝑦𝑦 𝐿𝑦⅄ ] > 0
𝐿⅄𝑥 𝐿⅄𝑦 𝐿⅄⅄

La matrice est hessienne parce qu'elle est formée des dérivées partielles
secondes. Elle est bornée parce que les coefficients de la contrainte apparaissent en
bordure du déterminant.

Une autre méthode très simple et rapide pour résoudre le problème


d’optimisation est de partir de la contrainte pour revenir à la fonction à optimiser.

Soit Max U (x,y) = xy


S/C. R = 10x + 5y = 1200

A partir de la contrainte, on tire donc Y : 5y = 1200 - 10x → y = 240 – 2x(1)

Plaçons d’abord (1) dans la fonction d’utilité, on aura :


U (x, y) = xy = x (240 – 2x) → 240x - 2𝑥 2 est donc la fonction à maximiser. La condition
𝑑𝑈(𝑥 ,𝑦)
du premier ordre donne : = 240 – 4x = 0 et 𝒙
̅ = 60 (2).
𝑑𝑥

Plaçons ensuite (2) dans (1), on aura enfin y = 240 – 2(60) → 𝒚


̅ = 120. La
𝑑2 𝑈(𝑥 ,𝑦)
condition du deuxième ordre donn567e : = - 4 < 0.
𝑑𝑥 2

SECTION 3. LA DEMANDE INDIVIDUELLE D’UN BIEN

La demande individuelle d’un bien dépend de plusieurs facteurs,


notamment le prix du bien, le prix des biens substituables, le revenu du
consommateur, ses goûts, etc. C’est ainsi que dans les lignes qui suivent, nous mettons
en évidence le principe de sa construction, partant de l’équilibre du consommateur, en
ne retenant que l’influence d’une seule variable active à la fois.

I.3.1. LA DEMANDE INDIVIDUELLE D’UN BIEN EN FONCTION DE SON PRIX

I.3.1.1. La courbe de consommation - prix

Le consommateur dispose d’un revenu nominal R ; les quantités et les prix


des biens soumis à son choix sont respectivement représentés par x et 𝑷𝑿 pour le bien
X ainsi que y et 𝑷𝒀 pour le bien Y. La droite 𝑩𝟏 de budget admet pour équation :

𝑃𝑋 𝑅
Y= - X+ (graphique 1.16 ci-dessous).
𝑃𝑌 𝑃𝑌

Soit l’équilibre du consommateur au point 𝑬𝟏 (𝑋1,𝑌1 ). Une baisse du prix de


X de 𝑃𝑋1 à 𝑃𝑋2, toutes choses égales par ailleurs, modifie la pente de la droite de
budget qui augmente et devient égale à (-𝑃𝑋2/𝑃𝑌 ). La nouvelle droite de contrainte 𝑩𝟐 ,
𝑃𝑋2 𝑅
d’équation : Y= - X+ , résulte d’un déplacement de la droite 𝑩𝟏 qui a pivoté
𝑃𝑌 𝑃𝑌

autour de l’ordonnée à l’origine (R/𝑃𝑌 ), dans le sens inverse des aiguilles d’une
montre. Le consommateur tenant compte du nouveau prix de X, maximise sa
satisfaction en choisissant la combinaison 𝑬𝟐 (𝑋2,𝑌2 ).

Si le prix de X continue à baisser en prenant successivement les valeurs


𝑃𝑋3et 𝑃𝑋4, l’équilibre du consommateur évolue en étant respectivement représenté par
les points 𝑬𝟑 (𝑋3,𝑌3 ) et 𝑬𝟒 (𝑋4,𝑌4 ).
Le lieu géométrique des points d’équilibre successifs 𝑬𝟏 , 𝑬𝟐 , 𝑬𝟑 et 𝑬𝟒 est
appelé Courbe de consommation-prix qui indique les combinaisons(X, Y) qui
permettent au consommateur d’atteindre le maximum de satisfaction, quand le prix
du bien X diminue, toutes choses restantes égales par ailleurs. C’est – à - dire, le
déplacement du point d’équilibre est dû à la suite de la variation du prix d’un bien
alors que le prix de l’autre bien et le revenu restent inchangés.

Graphique 1.16. L’équilibre du consommateur et la baisse du prix du bien X,


Ceterisparibus

Consommation-Prix

Demande individuelle

I.3.1.2. La courbe de demande individuelle

La courbe de consommation - prix indique, pour chaque valeur de𝑷𝑋 , la


quantité x du bien X que le consommateur choisit, parce que cette quantité du bien X,
associée à la quantité y du bien Y, lui procure le maximum de satisfaction. On obtient
donc la relation suivante de demande du bien X en fonction de son prix, toutes choses
restantes égales par ailleurs :

- 𝑷𝑋 = 𝑷𝑿1 → demande de𝑿1 unités de X ;


- 𝑷𝑋 = 𝑷𝑿2 → demande de𝑿2 unités de X, etc.

Ainsi, on établit la relation de sens contraire entre la demande du bien X et


son prix en partant de l’évolution des prix et des quantités consommées par le
consommateur.

La courbe de demande du bien X est représentée sur le graphique ci-haut,


et on observe que la demande d’un bien est généralement une fonction décroissante
de son prix (𝑬𝟏 ,𝑬𝟐 , 𝑬𝟑 𝒆𝒕 𝑬𝟒 ), ceterisparibus. La courbe de demande collective sera
obtenue par la sommation de quantités demandées individuellement à chaque niveau
de prix.

I.3.1.2.1. Exceptions à la loi de la demande

On rencontre quatre exceptions à la loi de la demande, notamment le


paradoxe de Giffen, l’effet de Veblen, les effets d’une hausse généralisée des prix et
l’appréciation des biens pour leur valeur très élevée.

1. Le paradoxe de GIFFEN

Robert Giffen avait remarqué, en étudiant la famine irlandaise de 1840, que


lorsque les prix de certains biens tels que le pain ou la pomme de terre augmentaient,
les consommateurs pauvres accroissaient les quantités achetées de ces biens et lorsque
les prix baissaient, ils en diminuaient les achats au profit d’autres produits de qualité
supérieure.

C’est que ces biens coutaient relativement moins chers par rapport à
d’autres et étaient consommés en grande quantité à un niveau très bas de revenu.
Comme la baisse de prix se traduit par une augmentation du revenu réel, les
consommateurs remplaçaient les biens de qualité inférieure par les biens de qualité
supérieure. Les biens de Giffen appartiennent à la catégorie des biens inférieurs, mais
tous les biens inférieurs n’obéissent pas au paradoxe de Giffen.

Graphique 1.17. Biens de Giffen


(dont la demande diminue quand le prix diminue) et biens inférieurs
2. L'effet de Veblen ou effet de snobisme

ThorsteinBunde Veblen (1857-1929), américain d’origine norvégienne, avait


souligné la fonction sociale de prestige que joue la consommation ostentatoire dans
son principal ouvrage paru en 1899 « Théorie de la classe de loisir ».

Il constata que par snobisme, certains consommateurs achetaient davantage


certains produits lorsque ceux-ci augmentaient de prix. Ces consommateurs pensaient
que la consommation de ces produits les distinguait des autres couches de la
population. C’est le cas des parvenus et des nouveaux riches.

Ces individus seraient prêts à réduire les quantités achetées de ces biens en
cas de baisse de prix pour éviter d’être confondus avec la masse. En effet la baisse de
prix permettrait aux personnes moins nanties d’avoir aussi accès à la même
consommation.

L’effet de snobisme réside dans l’accroissement de la consommation


lorsque le prix augmente, au – delà d’un prix - seuil Pg. Il vaut surtout pour les biens
de luxe ou superflus.
Graphique 1.18. Effet de Veblen

3. Période de hausse généralisée des prix

Lorsque les anticipations des consommateurs sont telles qu’ils s’attendent à


voir les prix monter sans cesse, ils seront poussés à chaque hausse de prix à augmenter
les quantités achetées de peur que les hausses de prix futures ne réduisent à néant leur
pouvoir d'achat.

Inversement, si les prix ont tendance à baisser périodiquement, il peut


s’ensuivre une baisse des quantités demandées afin de pouvoir profiter des baisses de
prix ultérieures.

4. Biens appréciés pour leur valeur très élevée

La qualité de certains biens est associée dans l'esprit des consommateurs à


un prix très élevé (bijoux en or ou en diamant).

Par conséquent, une forte baisse du prix de ces biens risque de conduire les
consommateurs à douter de la nature ou de la qualité réelle de ces biens et de
provoquer une diminution de leur demande. Une montre en or qui se vendrait au
même prix qu’une paire de pantoufles, par exemple, exercerait très peu d'attrait sur
les personnes capables de s'acheter une vraie montre en or.
I.3.2. LA DEMANDE INDIVIDUELLE D’UN BIEN EN FONCTION DU REVENU
DU CONSOMMATEUR

I.3.2.1. La Courbe de consommation - revenu

Le consommateur dispose d’un revenu nominal 𝑹𝟏 ; les quantités et les prix

des biens soumis à son choix sont respectivement représentés par X et 𝑷𝑿 pour le bien
𝑃𝑋
X, et Y et 𝑷𝒀 pour le bien Y. La droite 𝑩𝟏 de budget admet pour équation :Y= - X
𝑃𝑌
𝑅
+𝑃 1 .
𝑌

Soit le point d’équilibre initial 𝑬𝟏 (𝑋1, 𝑌1 ) et que une augmentation du


revenu nominal du consommateur de 𝑹𝟏 à 𝑹𝟐 , toutes choses égales par ailleurs,
déplace la droite de contrainte budgétaire, parallèlement à elle-même, de la position
𝑩𝟏 à la position 𝑩2 (la pente, égale à -𝑃𝑋 /𝑃𝑌 , n’est pas modifiée, mais l’ordonnée à
l’origine augmente et devient égale à 𝑅2 /𝑃𝑌 ). Le desserrement de la contrainte
budgétaire permet au consommateur de choisir une plus grande quantité de biens et
d’augmenter sa satisfaction. Le nouvel équilibre est en effet atteint au point 𝑬𝟐 (𝑋2 , 𝑌2),
pour un niveau de satisfaction 𝑈2 .

Toute augmentation du revenu nominal induit une modification de


l’équilibre du consommateur ; pour 𝑹𝟑 > 𝑹𝟐 et pour 𝑹𝟒 > 𝑹3, les solutions d’équilibre
correspondent respectivement aux points 𝑬𝟑 (𝑋3 , 𝑌3 ) et 𝑬𝟒 (𝑋4 , 𝑌4).

Graphique 1.19. L’équilibre du consommateur et l’augmentation du revenu


nominal, toutes choses égales par ailleurs ainsi que la demande
individuelle en fonction du revenu (Courbe d’Engel)
Consommation-Revenu

Courbe d’Engel

Le lieu géométrique des points d’équilibre successifs 𝑬𝟏 , 𝑬𝟐 , 𝑬𝟑𝐞𝐭 𝑬𝟒 est


appelé courbe de consommation - revenu qui indique, pour des valeurs croissantes
du revenu nominal, Ceteris paribus, les combinaisons (X,Y) correspondantes qui
permettent au consommateur de maximiser sa satisfaction.

I.3.2.2. La Courbe d’Engel

La courbe de consommation-revenu indique, pour chaque valeur du revenu


nominal, la quantité x du bien X que le consommateur choisit, parce que cette quantité
du bien X, associée à la quantité y du bien Y, lui permet de maximiser sa satisfaction.
On obtient ainsi cette relation de demande de X en fonction du revenu, Ceteris
paribus :

 Pour R = 𝑅1 →demande de 𝑋1 unités du bien X ;


 Pour R = 𝑅2 →demande de 𝑋2 unités du bien X, etc.

C’est donc une courbe qui montre comment les quantités demandées d’un
bien change lorsque le revenu change, toutes choses restantes égales par ailleurs. La
demande peut croitre plus ou moins fortement avec le revenu du consommateur, ou
au contraire décroitre Cf. Elasticité revenu de la demande.
SECTION 4. L’ELASTICITE DE LA DEMANDE

I.4.1. ELASTICITE-PRIX DE LA DEMANDE

L’élasticité-prix de la demande d’un bien mesure le degré de réaction de la


demande du consommateur à la variation du prix de ce bien. Entre deux points d’une
courbe de demande, l’élasticité-prix de la demande est égale au rapport de la variation
relative de la demande en pourcentage à la variation relative du prix en pourcentage.

𝛥𝑋
𝛥𝑋 𝑃𝑋
Soit : ep = 𝑋
𝛥𝑃𝑋 = . , la demande étant généralement une fonction
𝛥𝑃𝑋 𝑋
𝑃𝑋

décroissante du prix, lorsque le prix d’un bien augmente, ce bien est moins demandé.
La valeur calculée de l’élasticité-prix est négative mais on préfère l’exprimer en valeur
absolue.

Faisons remarquer que :

 La formule de l’élasticité-prix est parfois présentée, comme suit, en multipliant


𝛥𝑋

le rapport des variations relatives par -1. Soit : ep = - 𝑋


𝛥𝑃𝑋 Le coefficient
𝑃𝑋

d’élasticité ainsi calculé est normalement positif et n’indique pas le sens de la


réaction de la demande à la variation du prix du bien ;

 La mesure de l’élasticité entre deux points A(𝑃𝑋1,𝑋1) et B(𝑃𝑋2,𝑋2) d’une courbe


de demande n’a de valeur que si les points sont peu éloignés l’un de l’autre. Le
coefficient ep est différent selon que l’on considère la réponse de la demande à
une baisse du prix de 𝑃𝑋1 à 𝑃𝑋2 ou au contraire à une augmentation du prix de
𝑃𝑋2 à 𝑃𝑋1. Afin de pallier cette difficulté de mesure, on peut calculer l’élasticité
au milieu du segment AB (élasticité d’arc).

𝑃𝑋1 +𝑃𝑋2
𝛥𝑋 𝛥𝑋 𝑃𝑋1 +𝑃𝑋2
soit : ep = 2
𝑋1 +𝑋2 =
𝛥𝑃𝑋 𝛥𝑃𝑋 𝑋1 +𝑋2
2

 Pour des accroissements infinitésimaux du prix du bien (𝛥𝑃𝑋 𝑡𝑒𝑛𝑑 𝑣𝑒𝑟𝑠 0), le
𝛥𝑋 𝑑𝑋
rapport tend vers une limite𝑓 ′ (𝑃𝑋) = , égale à la dérivée de la fonction
𝛥𝑃𝑋 𝑑𝑃𝑋
de demande X=𝑓(𝑃𝑋). L’élasticité-prix calculée en un point de la courbe
𝑑𝑋 𝑃𝑋 𝑃𝑋
(élasticité point) est donc égale à ep = =𝑓 ′ (𝑃𝑋) . Une élasticité-prix
𝑑𝑃𝑋 𝑋 𝑋

ep= - a (avec a>0) signifie qu’une variation du prix de 1% provoque une


variation en sens inverse de la demande de a%.
 Lorsque q est une fonction puissante de p (c’est-à- 𝑃𝑛 ), on peut exprimer
əlnX
l’élasticité à l’aide des logarithmes : ep=əlnp

Quelques valeurs particulières de l’élasticité-prix de la demande sont les


suivantes :

 Si |ep|→ ∞ : la demande du bien par rapport au prix est parfaitement


élastique : une variation infime de prix du bien entraine une variation
gigantesque de la quantité, c’est-à-dire qu’à un prix donné, le demandeur
accepte n’importe quelle quantité.
 Si |ep|>1 : toutes variations relatives des prix s’accompagnent des variations
plus que proportionnelles de la quantité demandée, alors la demande d’un tel
bien est élastique.
 Si |ep|=1 : toutes variations relatives des prix s’accompagnent des variations
proportionnelles de la quantité demandée, en pourcentage. La demande d’un
tel bien est d’élasticité unitaire.
 Si 0 <|ep|<1 : l’augmentation de prix s’accompagne d’une diminution moins
que proportionnelle de la quantité demandée. la demande d’un tel bien est
inélastique.
 Ep=0 : la demande est rigide, les prix ont beau varié mais la demande ne varie
pas. On est donc en présence d’un bien parfaitement inélastique (le
consommateur est prêt à payer n’importe quel prix pour obtenir une quantité
donnée de ce bien. Ex : les produits pharmaceutiques.

Certaines courbes de demande sont caractérisées par une élasticité-prix


constante (courbes iso-élasticités).

Graphique 1.18. Demandes iso-élastiques


I.4.2. ELASTICITE PARTIELLE DE LA DEMANDE

Si on est en présence d’une fonction de demande à plusieurs variables, on


peut calculer plus d’une élasticité et ces différentes élasticités sont des élasticités
partielles.

I.4.3. ELASTICITE CROISEE DE LA DEMANDE

La demande d’un bien X dépend du revenu R du consommateur, de ses


goûts (préférences), du prix 𝑃𝑋 du bien considéré et du prix 𝑃𝑌 d’un autre bien Y. Soit
la fonction de demande X = X (𝑃𝑋, 𝑃𝑌 , R). On peut cependant exprimer la demande
du bien X en fonction du prix du bien Y, toutes choses restantes égales par ailleurs

(𝑃𝑋 𝑒𝑡 𝑅 é𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑐ℎ𝑎𝑐𝑢𝑛 𝑓𝑖𝑥é à 𝑢𝑛 𝑛𝑖𝑣𝑒𝑎𝑢 𝑑𝑜𝑛𝑛é) ; soit la fonction de demande X =


g(𝑃𝑌).
L’élasticité croisée de la demande du bien X mesure le degré de réaction de
la demande de X à la variation du prix de Y ou encore mesure la variation relative de
la quantité demandée d’un bien par rapport à la variation relative du prix d’un autre
bien.
𝛥𝑋

Elle est égale au rapport des variations relatives suivant : ec = 𝑋


𝛥𝑃𝑌 ou =
𝑃𝑌
𝛥𝑋 𝑃𝑌
ec= 𝛥𝑃𝑌 . . Valable pour de petits accroissements de 𝑃𝑌 (élasticité mesurée entre deux
𝑋

points de la courbe de demande), la formule devient, quand 𝛥𝑃𝑌 →


𝑑𝑋 𝑃𝑌 𝑑𝑋
0 (é𝑙𝑎𝑠𝑡𝑖𝑐𝑖𝑡é 𝑝𝑜𝑖𝑛𝑡): ec = , où = 𝑔′ (𝑃𝑌) est la dérivée de la fonction de
𝑑𝑃𝑌 𝑋 𝑑𝑃𝑌

demande𝑔(𝑃𝑌).

Faisons remarquer que si l’on considère la fonction de demande X = X


(𝑃𝑋, 𝑃𝑌 , R), l’élasticité croisée de la demande du bien X par rapport au prix du bien Y
ə𝑋 𝑃𝑌 ə𝑋
est : : ec = ə𝑃𝑌 , où ə𝑃𝑌 est la dérivée partielle de la fonction de demande par rapport
𝑋

à 𝑃𝑌.
Quelques valeurs particulières de l’élasticité croisée de la demande et
typologies des biens :

Si ec > 0 : la variation du prix du bien Y entraine une variation de même


sens de la demande du bien X : les deux biens sont substituables ou encore la quantité
du bien X s’accroit lorsque le prix du bien Y s’accroit et vice versa.

Si ec < 0 : la variation du prix du bien Y entraine une variation de sens


contraire de la demande du bien X : les deux biens sont complémentaires ou encore la
quantité du bien X s’accroit lorsque le prix du bien Y décroit et décroit lorsque le prix
du bien Y s’accroit.

Si ec = 0 : on est en présence de deux biens neutres, c’est-à-dire les deux


biens sont indépendants l’un de l’autre (la quantité demandée du bien X n’est ni à
l’augmentation, ni à la diminution du prix du bien Y.

I.4.4. ELASTICITE-REVENU DE LA DEMANDE

La demande x du bien X peut être exprimée en fonction du revenu R du


consommateur, Ceterisparibus. Soit la fonction de demande X = G(𝑃𝑌). L’élasticité-
revenu de la demande mesure le degré de réaction de la demande à la variation du
revenu ou encore mesure la variation relative de la quantité demandée d’un bien par
rapport à la variation relative du revenu.

Entre deux points d’une courbe de demande, l’élasticité-revenu est égale au


rapport de la variation relative de la demande à la variation relative du revenu. Soit er
𝛥𝑋
𝛥𝑋 𝑅
= er = 𝑋
𝛥𝑅 ou = er = . . En un point de la courbe de la demande, la formule de
𝛥𝑅 𝑋
𝑅
𝑑𝑋 𝑅 𝑑𝑋
l’élasticité-revenu est : er = , où = G’( R) est la dérivée de la fonction de demande
𝑑𝑅 𝑋 𝑑𝑅

par rapport au revenu.

Quelques valeurs particulières de l’élasticité-revenu de la demande et


typologies des biens :

Si 0 ≤ er ≤ 1 : la quantité du bien augmente proportionnellement moins que


le revenu. Le bien considéré appartient à la catégorie des « biens normaux », (les biens
normaux sont les biens dont le pourcentage d’accroissement de la consommation est
inférieur à celui du revenu.

Si er > 1 : la quantité du bien augmente proportionnellement plus que le


revenu. Le bien considéré appartient à la catégorie des « biens supérieurs ou de luxe ».
En effet, la part des dépenses consacrées aux biens de luxe tend à croitre avec
l’augmentation du revenu. Mais le pourcentage d’accroissement de la consommation
est supérieur à celui du revenu.

Si er < 0 : la quantité du bien diminue quand le revenu augmente. Le bien


considéré appartient à la catégorie des « biens inférieurs ». Les biens inférieurs ont
une élasticité-revenu de la demande négative. Il s’agit des biens dont la consommation
diminue lorsque le revenu augmente.

Si er < 1 : c’est un bien de nécessité dont la part des dépenses consacrées


aux produits de première nécessité tend à décroitre avec l’augmentation du revenu.

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