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Chapitre Troisième : Théorie du comportement du consommateur

Dans ce chapitre, nous allons d’abord chercher à savoir comment est-ce qu’un
individu décide–t-il de répartir son budget entre les différents biens et services
disponibles.

A partir de la philosophie utilitariste, à la fin du 19e siècle, les économistes


néoclassiques, notamment le Français Léon Walras, l’anglais Stanley Jevons et
l’autrichien Carl Menger ont développé une théorie où un individu rationnel est
supposé rechercher le maximum de satisfaction ou d’utilité.

Ils supposent d’abord qu’un individu est capable de mesurer l’utilité (une
mesure subjective de la satisfaction) qu’il retire de la combinaison d’un bien par un
indice quantitatif. Ce bien peut être divisible (l’unité consommable d’un bien
parfaitement divisible est infiniment petite), substituable ou complémentaire.

Cette approche est dite cardinale, c’est-à-dire l’utilité est un concept mesurable
et débouche sur un principe vraiment fondamental pour l’analyse économique
moderne « les choix individuels résultent toujours d’une égalisation à la marge des
coûts et avantages liés aux différentes possibilités qui leur sont offertes ».

Plus tard au début du 20e siècle, avec la théorie des courbes d’indifférence,
développée par l’italien Vilfredo Pareto, l’approche cardinale a été abandonnée au
profit de l’approche ordinale où un individu ne mesure plus le niveau d’utilité mais
est capable d’établir ou d’indiquer un ordre de préférence, c’est-à-dire que le
consommateur classe les biens par ordre de préférence sans pour autant recourir à une
mesure d’utilité absolue (notion des courbes d’indifférence).

Cette approche dite ordinale constitue un progrès scientifique très remarquable


pour deux raisons entre autres :
- Une hypothèse très simple qui explique mieux les phénomènes que
l’approche cardinale ;
- L’explication des décisions individuelles accorde désormais moins
d’importance aux préférences des agents, impossibles à mesurer
objectivement, qu’à leurs contraintes observables et quantifiables
(contrainte budgétaire).

La demande individuelle d’un bien sera appréhendée à partir de l’analyse de


l’évolution de l’équilibre du consommateur induite par la variation de l’un de ses
facteurs explicatifs. Ainsi, si la variable explicative est le prix du bien, la demande
individuelle du bien sera en fonction du prix et si la variable explicative est le revenu,
la demande individuelle du bien sera en fonction du revenu du consommateur.

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La demande d’un bien sera plus ou moins sensible aux variations du prix du
bien choisi, aux variations du prix des biens substituables, ou aux variations du revenu
du consommateur et les coefficients d’élasticité sondent les tendances les interactions
de la demande.

Eu égard aux considérations ci-dessus, nous aborderons dans ce chapitre ci-


après :
1. Utilité cardinale et équilibre du consommateur ;
2. Utilité ordinale et équilibre du consommateur ;
Section 1. L’utilité cardinale et l’équilibre du consommateur

3.1.1. Théorie de l’utilité marginale


3.1.1.1. Notions de l’utilité totale et utilité marginale

L’utilité totale, Ut d’un bien quelconque X, mesure la satisfaction globale que


l’individu retire de la consommation de ce bien, cf. graphique 2.1. Le niveau d’Ut est
fonction de la quantité du bien X. Ceci implique que Ut dépend de X ou encore : Ut =
U(X). La variable de décision qui indique le sens et le rythme de variation avec lequel
l’utilité évolue quand X augmente est l’utilité marginale cf. graphique 2.2.

L’utilité marginale, notée Um d’un bien partiellement divisible, mesure


l’évolution de l’utilité totale « à la marge », c’est-à-dire pour une variation très petite
de la quantité consommée. Un bien imparfaitement divisible s’il existe une unité de
mesure en deçà de laquelle il est impossible de descendre. Exemple : un individu ne
peut utiliser une demi-voiture, moins encore 0,25 paire de lunettes ; ces biens sont
partiellement divisibles.

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L’utilité marginale d’un bien X imparfaitement divisible est la variation de
l’utilité totale induite par une unité supplémentaire de ce bien. Ainsi, Umx=ΔU/ ΔX
où Δ signifie variation.

Cette mesure n’est qu’une approximation d’Um dans la plupart des cas. Sur ce,
si le bien X est parfaitement divisible, on peut toujours imaginer une quantité plus
petite quelle que soit l’unité de mesure retenue. Si on mesure la consommation en
grammes, 1 gramme ne représente pas vraiment la consommation marginale,
puisqu’une consommation de 0,5 gramme peut être envisagée ; même si l’unité de
mesure était demi-gramme, on pourra toujours envisager une consommation de 0,25,
et ainsi de suite.

Dans le cas échéant, l’utilité marginale doit prendre en compte l’évolution de


l’utilité totale qui résulte d’une variation infiniment petite de X. A cet effet, l’utilité
marginale d’un bien X parfaitement divisible est la variation de l’utilité totale pour une
variation infiniment petite (infinitésimale) de la quantité consommée.

Seul le concept mathématique de dérivée permet facilement de saisir cette


définition. Ainsi, la dérivée d’une variable quelconque Y, qui est fonction d’une autre
variable X, mesure comment varie Y pour une variation de X qui tend vers zéro. Si
Y=Y(X), c’est-à-dire si Y est fonction de X, on écrit la dérivée de Y par rapport à X de
deux façons : dy/dX ou Y(X). D’un point de vue mathématique, l’utilité marginale est
la dérivée de la fonction d’utilité totale par rapport à X. Soit : Um=U(X) ou Um=
Du/Dx.

3.1.1.2. La loi de l’utilité marginale décroissante

Il est fort raisonnable de croire que le niveau de satisfaction du consommateur


dépend de l’intensité du besoin qu’il cherche à satisfaire d’autant plus que l’envie (soit)
est proportionnelle au manque éprouvé avant la consommation. Mais l’analyse
microéconomique fait remarquer que l’intensité d’un besoin est décroissante au fur et
à mesure que la quantité consommée augmente. Ainsi, un consommateur qui a soif, il
aura mois soif à partir du deuxième verre d’eau, encore moins soif à partir du
troisième, etc.

Si alors, l’intensité du besoin décroit avec la quantité consommée, la satisfaction


éprouvée pour chaque unité supplémentaire est moins importante que pour la
précédente. Le troisième verre d’eau procure moins de plaisir que le deuxième et
encore moins que le premier mais la satisfaction globale ne diminue pas encore et si le
consommateur continue à boire, c’est qu’il éprouve encore du plaisir à le faire.

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L’utilité totale continue donc à augmenter mais de moins en moins vite et l’utilité
marginale diminue. Ainsi Ut peut être représentée par une courbe croissante et Um
par une courbe décroissante. Ut atteint son maximum au point de satiété ou de
saturation du consommateur au point S cf. graphique ci-dessus.

En ce point Um est nulle (toute unité supplémentaire de consommation


n’augmente plus la satisfaction. Si la consommation du bien X est poussée au-delà,
l’Um de doses supplémentaires devient négative et Ut diminue à son tour. Une
consommation trop importante peut entrainer un désagrément pour l’individu (si les
premiers verres sont agréables, tel n’est probablement pas le cas du cinquième).

Ce principe résulte de la loi psychologique de l’allemand Gossen (1854) qui


indique que l’intensité d’un plaisir qui se prolonge diminue et finit par disparaitre
quand l’individu parvient à la satiété et au-delà du point de satiété, le plaisir peut se
transformer en peine.

Bref, un consommateur rationnel ne devrait pas poursuivre sa consommation


au-delà du point de saturation du besoin. On fait donc l’hypothèse que l’utilité
marginale est normalement décroissante, mais toujours positive.

Ou autrement, étant donné que l’utilité totale d’un bien X varie en fonction de
la quantité X consommée du bien, elle commence par croitre avec la quantité
consommée, puis finit par décroitre, ainsi l’utilité marginale de X, Umx, mesure la
variation de l’utilité totale entrainée par la consommation d’une unité supplémentaire
du bien X :

Umx= ΔUx/Δx et quand Δx tend vers 0 (bien parfaitement divisible), elle est
égale à la dérivée de la fonction d’utilité totale, soit Umx= dUx/dx. Et on observe sur
le graphique ci-haut ce qui suit :
- Pour les valeurs du bien X inférieures à X1, l’Um est positive et décroissante
et l’Ut croit au taux croissant ;
- Pour les valeurs du bien X supérieures à X1, l’Um est négative et l’Ut
décroit ;
- Pour X=X1 : Umx= dUx/dx → max(Ux) : le consommateur atteint son
niveau de satiété.

3.1.1.3. Choix optimal du consommateur

Dans une situation de rareté, économie monétaire où les biens ne s’échangent


plus entre eux mais plutôt contre de la monnaie. Le consommateur aura maintenant à
répartir un budget donné entre X et Y. Le raisonnement ici est celui de savoir si on doit
dépenser un franc supplémentaire en bien X ou en bien Y et non de savoir si on doit
consommer une unité supplémentaire de X ou de Y.

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L’optimum du consommateur est atteint quand l’utilité marginale d’un franc
dépensé sur le bien X est égale à l’utilité marginale d’un franc dépensé sur le bien Y.
Ceci équivaut à égaliser toujours les utilités marginales, mais cette fois-ci en les
pondérant par les prix des biens X et Y (soit par Px et Py).

La condition d’équilibre du consommateur est : UmX=UmY.

= ou =

En divisant UmX par son prix, équivaut à mesurer l’utilité marginale par unité
monétaire (par franc) dépensé sur le bien X. Donc à l’équilibre, le rapport des utilités
marginales des biens est égal au rapport de leur prix.
Section 2. L’utilité ordinale et l’équilibre du consommateur

3.2.1. Théorie des courbes d’indifférences

a. Hypothèses sur les préférences

Un consommateur qui veut trier les choix possibles et définir un ordre de


préférence n’a pas besoins de supposer qu’il peut mesurer son utilité par un indice
quantitatif, mais plutôt il suffit pour lui de réunir les quatre postulats ci-dessous
connus sous l’appellation des axiomes de comportements qui nous permettent de
construire les courbes d’indifférences.

1. Axiome de préférence
Face à un panier de deux biens A et B, le consommateur peut déterminer s’il
préfère A (A>B) ou s’il préfère B (B>A), ou encore s’il est indifférent entre les deux
biens qui sont équivalent ; A=B.

2. Axiome de transitivité
Face à un panier de trois biens A, B et C, les choix du consommateur sont
transitifs, c’est-à-dire que A>B et B>C entraine A>C ; c’est-à-dire la cohérence.

3. Axiome de dominance
Pour toute paire de paniers de biens A=(X1, X2) et B=(X’1, X’2) / X1=X’1 et
X2>X’2 ou X1>X’1 et X2=X’2 ou encore X1>X’1 et X2>X’2, alors A>B, c’est-à-dire
« Plus » est préféré à « Moins » quand bien même cette réalité est vraie pour les biens
désirés par l’être humain (biens utiles).

4. Axiome de substituabilité
Pour toute paire de paniers de biens A=(X1, X2) et B=(X’1, X’2) / A>B, il existe
une quantité dX’1 ou dX’2 qui, ajoutée à B, on a un nouveau panier B’/ B’=A.

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Au vu de ce qui précède, faisons remarquer que déjà avec deux premières
conditions (postulats) qui sont plus simples et plus proches de la réalité, nous pouvons
construire une fonction de préférence qui pourra classer par ordre de préférence toutes
les combinaisons possibles des deux biens.
b. Définition et Propriétés des courbes d’indifférence
Une courbe d’indifférence représente l’ensemble des combinaisons de deux
biens qui procurent au consommateur un niveau d’utilité identique.

Graphique 2.3. Courbe d’indifférence

Cette courbe indique les différentes combinaisons des biens X et Y qui font à ce
que le consommateur puisse avoir une utilité totale identique (même niveau d’utilité
totale). Les couples A, B et C procurant une utilité identique au consommateur, celui-
ci est supposé par hypothèse être indifférent, d’où le terme de courbe d’indifférence.

Graphique 2.4. La carte d’indifférence

En observant de près le graphique ci-dessus, l’utilité totale reste inchangée


lorsqu’on se déplace le long d’une courbe d’indifférence. Cette utilité totale augmente
quand on passe d’une courbe d’indifférence à une autre plus élevée vers la droite ou
située au-dessus ( ), cf. axiome de dominance. Les différentes combinaisons sont
désignées par des biens X et Y par A, B, C, D et E (ainsi, A correspond à 3 Y et 1 X, etc.).
Par définition des courbes d’indifférences, A=B, mais C>A et C>B.

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Pour un consommateur, il existe une infinité de courbes d’indifférences,
chacune correspondant à un niveau d’utilité différent. L’ensemble de ces courbes est
appelé carte d’indifférence et il existe autant de cartes d’indifférences que d’individus.
Du fait de la rationalité du consommateur, l’intersection entre deux courbes est
impossible, c’est-à-dire les courbes d’indifférences ne peuvent jamais se croiser. Sur
la figure…, si l’intersection était possible, C ou D devraient, par définition des courbes
d’indifférences, procurer une même satisfaction que la combinaison E. Ce qui est
impossible, car D>C.

Donc, un consommateur rationnel ne peut pas à la fois préférer D à C et être en


même temps indifférent entre D et C. Si deux courbes d’indifférences pouvaient se
croiser, un même niveau d’utilité serait à la fois supérieur et identique à un autre.

En vertu de l’axiome de dominance où Plus est préféré à Moins, une courbe


d’indifférence a toujours une pente négative, c’est-à-dire qu’elle est toujours
décroissante. La décroissance de la courbe vient du fait que les utilités marginales des
biens Y et X sont supposées être positives, en raison de la rationalité des
comportements, car le niveau de satisfaction n’est jamais atteint.

Les courbes d’indifférences sont convexes par rapport à l’origine des axes,
c’est-à-dire qu’elles ne sont pas droites mais courbées vers le bas (leur inclinaison
diminue progressivement de gauche à droite). C’est la conséquence du principe de
décroissance du taux marginal de substitution. En effet, le rapport en valeur absolue
Δy/Δx diminue au fur et à mesure que la substitution des biens Y à X s’opère : en
renonçant au bien Y donc son utilité marginale augmente alors que en acquérant de
plus en plus le bien X, son utilité marginale diminue. Ainsi, un consommateur
rationnel demandera un peu plus de bien X (dont l’Um diminue) pour le sacrifice
d’une unité supplémentaire du bien Y (dont l’Um augmente).

Dans le développement de la théorie microéconomique, deux cas particuliers


de courbes d’indifférences ne respectent pas les propriétés des courbes d’indifférence,
notamment les courbes d’indifférences représentatives des substituts parfaits et des
compléments parfaits.

1. Les substituts parfaits


Lorsque le consommateur substitue un bien à un autre à un taux constant, on
dit de ces biens qu’ils sont des substituts parfaits ou des biens parfaitement
substituables. Dans ce cas, la courbe d’indifférence est une fonction linéaire.

Graphique 2.5. Courbes d’indifférence des substituts parfaits

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Exemple : soit à opérer un choix entre des fardes bleues et des fardes jaunes. Le
consommateur désire des fardes mais ne se préoccupe pas de leur couleur. Supposons
alors un panier contenant 10 fardes bleues et 10 fardes rouges ; X(10,10). N’importe
quel panier contenant 20 fardes sera aussi préférer par le consommateur que le panier
initial. Mathématiquement, tout panier (X1, X2)/ X1+X2 = 20 sera sur la même courbe
d’indifférence que le panier initial et par conséquent, les courbes seront des droites
parallèles ayant la même pente (-1).

Des autres paniers contenant un nombre total de crayons supérieur à 20 sont


préférés de telle manière que le niveau de satisfaction s’accroit au fur et à mesure que
l’on se déplace vers le haut et vers la droite.

2. Les compléments parfaits


Lorsque les biens sont toujours consommés simultanément ou ensemble dans
des proportions fixes, on dit de ces biens qu’ils sont des compléments parfaits ou des
biens complémentaires.
Graphique 2.6. Courbes d’indifférence des compléments parfaits

Exemple : soit un panier des souliers contenant 10 souliers droits et 10 souliers


gauches ; X(10,10). Supposons l’hypothèse que toute augmentation des souliers
gauches sans augmentations des souliers droits [Y(13,10), G(15,10) et Z(18,10)] laisse
le consommateur indifférent par rapport au panier initial. Il en est de même de toute
augmentation des souliers droits sans augmentations des souliers gauches. Face à une

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augmentation simultanée du nombre des souliers gauches et des souliers droits
[Y(13,13), G(15,15) et Z(18,18)] augmente la satisfaction du consommateur.

Ainsi, les courbes se déplacent vers le haut et vers la droite et par conséquent
en forme de L.

Dans le cas des compléments parfaits, ce qui est important est que l’individu
préfère consommer des biens dans des proportions fixes mais pas nécessairement dans
la proportion de 1 pour 1.

c. Le taux marginal de substitution


Dans les lignes ci-dessus, on voit bien que la forme des courbes d’indifférences
est déterminée par le rythme auquel le bien Y et le bien X sont échangés le long de ces
courbes. Ce rythme ou taux d’échange, est appelé taux de substitution. Ainsi, le taux
marginal de substitution de X à Y ( ) est la quantité du bien Y à laquelle on doit
renoncer (-Δy) par unité supplémentaire du bien X (ΔX), tout en gardant le même
niveau de satisfaction (satisfaction ne change pas, ΔU=0).

Il mesure aussi la variation de la quantité consommée du bien Y qui est


nécessaire, le long d’une courbe d’indifférence, pour compenser une variation
infiniment petite (infinitésimale) de la quantité consommée du bien X.

Le taux marginal de substitution du bien X à Y ( ), mesure la quantité de


Y que le consommateur est prêt à céder contre une unité supplémentaire du bien X,
tout en conservant le même niveau de satisfaction.

En un point d’une courbe d’indifférence continue qui représente


graphiquement la fonction Y=f(X), le est égal à l’opposé de la pente de la
tangente à la courbe en ce point :

(Taux marginal de substitution) = .

Graphique 2.7. L’équilibre du consommateur

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Si les biens X et Y sont parfaitement divisibles, on mesure le TMS entre deux
points d’une courbe d’indifférence ; entre les points A ( ) et B ( ) de la

courbe , on obtient : →

Faisons remarquer que par convention, le est rendu positif en

multipliant le rapport par -1. Le décroit à mesure que le bien X est substitué
à Y (déplacement de haut en bas le long d’une courbe d’indifférence), cette courbe est
convexe : à satisfaction égale, le consommateur accepte de plus en plus difficilement
de se séparer d’un bien qui se raréfie (Y) au profit d’un bien qui devient de plus en
plus abondant (X).

Le bien X étant substitué en bien Y le long de la courbe d’indifférence :


- La perte de unités de Y fait diminuer l’utilité totale de . ;
- Le gain de unités de X fait augmenter l’utilité totale de .

Ces deux variations de l’utilité totale se compensant, on peut écrire : . +

. → . . = (1).
En vertu de la loi de l’utilité marginale décroissante, diminue quand le
bien X augmente et augmente quand Y diminue ; le décroit donc à mesure
que le bien X est substitué au bien Y.

3.1.2. L’équilibre du consommateur

Les courbes d’indifférences formalisent les préférences subjectives des


individus. Elles précisent comment ils sont disposés à substituer les différents biens
entre eux, mais elles n’indiquent pas la combinaison optimale. Elles indiquent aussi
l’objectif du consommateur qui est celui d’atteindre la courbe d’indifférence la plus

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élevée possible, mais on ne sait toujours pas quelle courbe sera précisément atteinte.
Jusque-là, on a formalisé une partie du problème le « souhaitable ».
Ainsi, pour obtenir une théorie complète de la décision du consommateur, il
faut confronter ce souhaitable au possible, c’est-à-dire tenir compte des contraintes qui
pèsent sur sa décision. Donc, la contrainte budgétaire du consommateur.

a. La contrainte budgétaire du consommateur


Le consommateur ne choisit pas n’importe quelle combinaison des biens X et Y.
Il ne pourra choisir que parmi l’ensemble des combinaisons qui sont possibles étant
donné son revenu R et des prix ( et ).

Le revenu de l’individu est fonction de son salaire (prix du travail) fixé sur le
marché de travail. Les prix étant fixés par l’équilibre entre l’offre et la demande sur les
marchés des deux biens, R, et sont des données indépendantes des décisions du
consommateur, donc exogènes et s’imposent à lui comme des contraintes au moment
du choix. Bref, la contrainte budgétaire signifie tout simplement que la dépense doit
être égale au revenu R=X. +Y. .

Ainsi, le consommateur affecte la totalité de son revenu nominal R à l’achat des


biens X et Y qui ont respectivement pour prix et . La contrainte budgétaire du

consommateur, traduite algébriquement par l’égalité R=X. +Y. ou Y= - X+

(équation de la droite budgétaire).

b. La Droite budgétaire
Présentons graphiquement l’ensemble des combinaisons X-Y que le
consommateur peut acquérir avec un revenu donné par une droite. A partir de deux
points, on peut tracer une droite et prenons les points extrêmes :
- Sur l’axe des Y, la quantité maximum du bien Y que l’individu pourra obtenir
en consommant zéro quantité du bien X est égale à son revenu divisé par le prix
du bien Y (R/ ) ;
- Sur l’axe des X, la quantité maximum du bien X que l’individu pourra obtenir
en consommant zéro quantité du bien Y est égale à son revenu divisé par le prix
du bien X (R/ ).

En joignant ces deux points extrêmes, on obtient la droite budgétaire dont la


pente (- / est égale à l’opposé du rapport des prix des biens, désignant une
infinité de combinaisons possibles compte tenu du revenu et des prix. Ces Deux points
de cette droite ont pour coordonnées : X= 0 → Y= R/ et Y= 0 → X= R/ .

Graphique 2.8. La droite budgétaire

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Le déplacement de la droite de budget

La variation du prix ou celle de revenu peut déplacer la droite de budget.


Premièrement, il y aura modification de la pente de la droite du budget à la suite du
pivotement de cette droite autour d’un point ; et deuxièmement, il y aura modification
de l’ordonné à l’origine (R/ ) et de l’abscisse à l’origine (R/ ) tout en laissant
inchangée la pente.

a. Variation de prix d’un de deux biens (prix de l’autre bien et revenu inchangés)

Ceteris paribus, une diminution de prix est constatée d’une part, s’il s’agit du
prix du bien X, par la rotation de la droite autour du point A (R/ ) vers la droite, et
d’autre part, s’il s’agissait du bien Y, par la rotation vers la droite de la droite du budget
autour du point B (R/ ). Alors qu’une augmentation du prix est indiquée d’une part,
pour le bien X, par la rotation vers la gauche de la droite du budget autour du point B.

Graphique 2.9. Déplacement de la droite du budget causé par une diminution du


prix

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Graphique 2.10. Déplacement de la droite du budget causé par une augmentation
du prix

b. Variation du revenu (prix inchangés)

Graphique 2.11. Baisse et augmentation du revenu

c. Equilibre du consommateur
Il est souhaitable pour le consommateur qui cherche le maximum de sa
satisfaction d’atteindre la courbe d’indifférence la plus élevée. Il est donc contraint de
choisir une combinaison placée sur sa droite budgétaire et va donc retenir le point sur
cette droite qui atteint la courbe la plus élevée. En conséquence, la combinaison
optimale est définie par le point de tangence entre la courbe d’indifférence et la droite
budgétaire le point E sur la figure ci-dessous.

Graphique 2.12. Combinaison optimale

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Donc en ce point, la pente de la courbe d’indifférence (dy/dx) et celle de la
droite budgétaire (- / sont confondues. Ainsi, dy/dx= - / , or par
définition =- dy/dx, donc = / . Aussi, par rapport à la théorie de
l’utilité marginale, le égal au rapport des utilités marginales des biens X et

Y, d’où au point d’équilibre du consommateur (E) on a : = = / . Si on

multiplie les deux cotés par puis en les divisant par , on aura : /
et on retrouve ainsi la loi d’égalisation des utilités marginales pondérées par les prix.
(Résultat compatible à la théorie de l’utilité cardinale).

Bref, le point d’équilibre a deux spécificités :


• Il est unique et indique les quantités de chaque bien susceptible de maximiser
l’utilité du consommateur compte tenu de ses préférences et de son budget
initial ;
• Le TMS à ce point d’équilibre est égal à l’inverse du rapport des prix de deux
biens.

En mathématique, il revient à maximiser la fonction d’utilité sous la contrainte


budgétaire : Max U (x, y) et S/C R= + .
Ainsi, la méthode du multiplicateur de Lagrange sera employée pour une
résolution de ce problème : L= U (x, y) - ⅄ ( + -R) où ⅄ est le multiplicateur de

Lagrange, qui mesure l’utilité marginale du revenu et à l’optimum, ⅄ est égal à .

Ainsi, la méthode du multiplicateur de Lagrange sera employée pour une résolution


de ce problème L =U ( x, y) −

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