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Microéconomie 1 : Microéconomie du consommateur

Cours préparé par :


BOUARARA Kenza

Partie 1

Année universitaire
0 2020/2021
Microéconomie 1 : Microéconomie du consommateur

Introduction
« L’économie politique est la science de l’administration des ressources rares dans une société ;
elle étudie les formes que prend le comportement humain dans l’aménagement onéreux du
monde extérieur, en raison de la tension qui existe entre les désirs illimités et les moyens
limités des sujets économiques ».

Raymond BARRE Economie politique, PUF, 1959

« L’économie est la science qui étudie comment les ressources rares sont employés pour la
satisfaction des besoins des hommes vivant en société ; elle s’intéresse, d’une part, aux
opérations essentielles que sont la production, la distribution et la consommation de biens et,
d’autre part, aux institutions et aux activités ayant pour objet de faciliter ces opérations ».

Edmond MALINVAUD Leçons de théorie micro- économique, Dunod , 1968

L’analyse de ces deux principales définitions fait ressortir les éléments de base qui définissent
l’économie, à savoir : Les ressources rares ; Les besoins illimités et le comportement humain
(les choix et les décisions). Ainsi, l’économie étudie la façon dont les agents économiques
utilisent les ressources rares en vue de satisfaire leurs besoins illimités. Pour que ça
fonctionne il faut déterminer :

- Qui ? Les décideurs qui déterminent les choix à faire ;

- Quel est objectif ? Satisfaire les besoins ;

- Quels sont les moyens ? Contrainte de la rareté des ressources (biens limités) ;

- Quelle solution ? Choisir la combinaison optimale : maximum de satisfaction pour le


minimum de ressources utilisées.

 Pour trouver des solutions à ces problématiques, les économistes recourent à


l’analyse. On distingue trois niveaux d’analyse :
- L’analyse macroéconomique (niveau agrégé) ;
- L’analyse méso-économique (échelle médiane) ;
- L’analyse microéconomique (niveau individuel).

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La microéconomie est la branche de la théorie économique qui étudie le comportement
individuel des '' agents économiques" : les entreprises (production), les ménages (la
consommation), l'Etat, le reste du monde et le résultat de leur interaction. Rappelons :

 Un Agent économique est une entité élémentaire qui dispose de l’autonomie


décisionnelle dans l’exercice de sa fonction économique.
 Un Besoin est une sensation de manque. Le besoin est dit économique, s’il est satisfait
par un bien ou un service disponible en quantités limitées : « rare ».
 Les biens et services permettent par leur consommation de satisfaire les besoins.
L’aptitude du bien à satisfaire le besoin est appelée utilité.

Dans le cours de ce semestre nous allons traiter particulièrement le comportement du


consommateur et les choix qu’il prenne en répondant aux questions suivantes :

- Comment améliorer les décisions du consommateur ?


- Quels biens va-t-il consommer ?
- Quelles seront les contraintes de ses choix ?

Ces problèmes interpellent la notion de la « rationalité : Homo oeconomicus ». l’homo-


oeconomicus est une représentation abstraite de l’agent économique rationnel et parfaitement
informé. Selon M. Allais (PN 1988), « un homme est rationnel lorsqu’il poursuit des fins
cohérentes avec elles-mêmes et qu’il emploie des moyens appropriés aux fins poursuivies ».

Être rationnel, selon la théorie économique standard, c’est être capable de prendre la décision
et faire le choix parmi plusieurs alternatives quel que soit les contraintes qui lui sont posées.
Pour simplifier, il s'agit pour le consommateur de maximiser son utilité personnelle sous
contrainte budgétaire. Le processus décisionnel se déclenche alors par la volonté de satisfaire
un besoin par le choix d’un bien ou plusieurs biens, en consacrant une partie du revenu (les
ressources).

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I. La théorie de l’utilité

Principe de base :
En théorie, le consommateur est supposé être rationnel, cela veut dire qu’il cherche à
maximiser son utilité sous la contrainte budgétaire.

Rappelons qu’en économie, l'utilité reflète la satisfaction obtenue par la consommation, ou bien
l'acquisition d'un certain nombre de biens et de services. Elle est liée à l’aptitude d’un bien ou
service à satisfaire un besoin. Selon ce raisonnement, nous pouvons identifier deux approches
d’analyse :

Si le consommateur est capable de mesurer sa satisfaction suite à la consommation d’un bien,


on est dans le cas d’une approche dite cardinale. Par contre, dans le cas de l’analyse ordinale,
le consommateur n’est pas appelé à mesurer l’utilité mais seulement de classer ses préférences.

o Remarque : Les deux approches, cardinale et ordinale, partagent le même objectif


d’allocation optimale des ressources mais elles se démarquent par rapport aux outils
utilisés.

1. L’analyse cardinale de l’utilité

L’analyse cardinale se base sur deux hypothèses :

 Hypothèse 1 : La mesurabilité de l’utilité, cela suppose que le consommateur soit


capable d’attribuer une unité de mesure à l’utilité.
 Hypothèse 2 : L’indépendance de biens. En termes mathématiques, on dit que l’utilité
est représentée par une fonction sous additive. Une fonction U est dite sous-
additive lorsque, pour tous les biens x et y, U(x + y) ≤ U(x) + U(y).

1.1 Utilité totale et utilité marginale


L’utilité totale, U, d’un bien X quelconque, mesure la satisfaction globale que l’individu retire
de la consommation de ce bien. Le niveau de U dépend de la quantité du bien X consommée.
U = U(X)

Par exemple : Ahmed consomme un pot de yaourt par jour, on estime que cette quantité lui
procure une utilité de 20 et on note U = 20.
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Graphiquement, la courbe de l’utilité totale prend une forme concave. C’est une forme
croissante avec un point de saturation ou de satiété S à partir duquel on commence à ressentir
la désutilité.

Représentation graphique d’UT

L’utilité marginale est l’utilité « additionnelle » si on consomme une unité supplémentaire


d’un bien. Prenons l’exemple, Ahmed consomme un pot de yaourt « additionnel », ce qui lui
offre une utilité totale de 26. L’utilité marginale est donc la différence entre U(2) et U(1) on
note :

Um=U(2)-U(1)=26-20=6

Par ailleurs, il faut noter que nous avons de cas de figure :


 Le cas discret où l’utilité marginale (Um) d’un bien X imparfaitement divisible est la
variation de l’utilité totale induite par une unité supplémentaire de ce bien. On note :
Um x= Δ Ux /Δx
Avec Δx est la variation de la quantité consommée du bien X et Δ Ux la variation de l’utilité
procurée par la consommation du bien X.
 Et le cas continu où l’utilité marginale (Um) d’un bien parfaitement divisible est la
variation de l’utilité totale pour une variation infiniment petite de la quantité
consommée.
Du point de vue mathématique, Um est la dérivée de la fonction d’utilité totale U par rapport à
X:
Um = U’ (X) = dU / Dx

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Graphiquement, la courbe d’utilité marginale est toujours décroissante. Um décroit au fur et à
mesure qu’on consomme une quantité de plus en plus grande d'un bien X. On dit que l’utilité
marginale suit la loi de Gossen.

L'intensité d'une satisfaction due à la consommation d'un bien diminue progressivement au fur
et à mesure que ce besoin est saturé (Gossen, 1854). Autrement dit, l'utilité marginale est
décroissante et devient nulle au point de satiété. (Si le consommateur continuait de consommer
au-delà de ce point, il ressentirait une désutilité).

Représentation graphique d’Um

Exemple d’application :

Le tableau suivant retrace l’évolution de l’utilité totale en fonction de l’évolution de la quantité


consommée du bien X. Calculez les Umx ? Représentez graphiquement Ux et Umx.

Quantité X Utilité Totale Ux


0 0
1 10
2 16
3 20
4 23
5 23
6 18

Correction :
Quantité X Utilité Totale Ux Utilité marginale Umx
0 0 -
1 10 (10-0)/ (1-0)=10
2 16 (16-10)/ (2-1)= 6
3 20 (20-16)/ (3-2)=4
4 23 (23-20)/ (4-3)=3

5
5 23 (23-23)/ (5-4)=0
6 18 (18-23)/ (6-5)= -5

D’après le calcul de l’utilité totale et de l’utilité marginale on peut représenter les données du
tableau graphiquement comme suit :

Graphe 1: Utilité Totale UTx


25
S : Point de saturation ou de satiété
20

15

Désutilité
10

0
0 1 2 3 4 5 6 7

Le graphe 1 est la représentation du nuage de point de l’utilité totale de la consommation du


bien X. Il a une forme Concave. Ceci dit que plus la consommation est élevée, plus l’utilité
totale est élevée, jusqu’au point de saturation au niveau de X=5. Autrement dit, l’UT augmente
au fur et à mesure de la consommation pour atteindre son max d’utilité au point 5.

Graphe 2: Utilité Marginale UM


12

10

0
S: Um=0
0 1 2 3 4 5 6 7
-2

-4

-6

6
L’Um est positive, mais elle diminue au fur et à mesure que la consommation d’un bien
augmente : l’utilité marginale est décroissante.

Graphe 3: UT et Um
25
S: point de satiété
20 X=5
UT= 23
15

10

0
0 1 2 3 4 5 6 7
-5

-10

1.2 L’équilibre du consommateur

En analyse cardinale, l’équilibre du consommateur est atteint si ce dernier maximise sa


satisfaction (maximum d’utilité U) par le choix d’une combinaison optimale de biens. Cette
condition se réalise lorsque les utilités marginales des biens pondérées par les prix sont égales
compte tenu de la contrainte budgétaire. A l’équilibre, on note :

Avec :

 Um x : L’utilité marginale du bien X


 Um y : L’utilité marginale du bien Y
 P x : Le prix du bien X

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 P y : Le prix du bien Y
 R : Le revenu du consommateur

Dans ce modèle on suppose que le consommateur est un agent économique rationnel qui
dépense la totalité de son revenu dans l’achat des deux biens X et Y en choisissant un panier ou
une combinaison optimale. Ainsi deux cas de figure sont présentés :

a. Cas n°1 : prix unitaires identiques (Px=Py)

Prenons le tableau suivant :


Qt X Um x Qt Y Um y
0 0
1 12 1 10
2 8 2 9
3 6 3 6
4 4 4 3
5 0 5 0

Nous considérons que Px=Py= 2dh et R=12 dh, quelle est la combinaison optimale que doit
choisir le consommateur ?

A l’équilibre :

 Um x = Um y (1)
 R= 2X+2Y=12 (2)

Tenons compte des données du tableau, nous pouvons constater que les quantités simultanées
de X et Y qui vérifie la première condition (1) sont X=3 et Y=3 et X=5 et Y=5 donc nous
sommes devant deux combinaisons C1 (3 ; 3) et C2 (5 ; 5). Remplaçons les quantités respectives
des deux combinaisons dans l’équation de revenu :

 C1 : (2*3) + (2*3)= 12 dh=R


 C2 : (2*5) + (2*5)= 20 dh > R

On peut dire que X=3 et Y=3 sont les quantités qui vérifient l’équilibre du consommateur et lui
procurent le maximum de satisfaction. On note ainsi :

 E (X*=3 ; Y*=3) avec,


 UT max = UT x*+ UT Y* = (12+8+6) + (10+9+6)= 26+25= 51

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Donc la combinaison optimale qui vérifie la contrainte budgétaire et procure le maximum de
satisfaction au consommateur est C1 (3 ; 3).

b. Cas n°2 : prix unitaires différents

Lorsqu’on est devant une situation d’achat à prix différents, nous devons recourir à la
pondération de Um par rapport au prix appelée Um par unité monétaire dépensée ; ce qui
suppose le calcul de Um x/Px et Um y/Py.

Prenons le tableau ci-dessous, avec Px = 2 dh , Py=1 dh et R=9 :


Qt X Um x Um x/Px Qt Y Um y Um y/Py
0 0
1 24 12 1 11 11
2 20 10 2 10 10
3 16 8 3 8 8
4 12 6 4 5 5
5 8 4 5 2 2

A l’équilibre :

 Um x / Px= Um y/Py (1)


 R= 2X+ 1Y=9 (2)

Tenons compte des données du tableau, nous pouvons constater que les quantités simultanées
de X et Y qui vérifie la première condition (1) sont X=2 et Y=2 et X=3 et Y=3 donc nous
sommes devant deux combinaisons C1 (2 ; 2) et C2 (3 ; 3). Remplaçons les quantités respectives
des deux combinaisons dans l’équation de revenu :

 C1 : (2*2) + (1*2)= 6 dh < R


 C2 : (2*3) + (1*3)= 9 dh = R

Donc la combinaison optimale qui vérifie la contrainte budgétaire et procure le maximum de


satisfaction au consommateur est C2 (3 ; 3).

Récapitulation :

Pour vérifier l’équilibre du consommateur dans l’analyse cardinale il faut toujours vérifier
l’égalité des utilités marginales Um (dans le cas des prix unitaires identiques) ou des utilités
marginales pondérées par le prix (dans le cas des prix unitaires différents) et ensuite remplacer

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les quantités dans l’équation du revenu pour vérifier la contrainte budgétaire, avec R totalement
dépensé.

c. Exercice d’application

Enoncé 1 : Soit un consommateur rationnel dont les utilités totales procurées par la
consommation de deux biens X et Y sont les suivantes :

Quantité 1 2 3 4 5 6
Utilité Totale du bien X 60 90 115 130 140 140
Utilité Totale du bien Y 100 140 165 185 200 208
Utilité marginale du bien
X
Utilité marginale du bien
Y
Um x/Px
Um y/Py

1. Calculer les utilités marginales des biens X et Y (tel que indiqué dans le tableau).
2. Déterminer le point de saturation et donnez sa signification économique.
3. Quelles sont les conditions de l’équilibre du consommateur ?
4. Supposons que les prix des biens X et Y sont égaux, quelles seraient les préférences du
consommateur et sous quelle condition de R ?
5. Sachant que Px=1 dh et Py=2 dhs, déterminer la situation optimale du consommateur
pour les différents niveaux de revenu suivants : R= 13 dhs , R= 15 dhs, R=16 et R=17
dhs.

Correction :

Quantité 1 2 3 4 5 6
Utilité Totale du bien X 60 90 115 130 140 140
Utilité Totale du bien Y 100 140 165 185 200 208
Utilité marginale du bien 60 30 25 15 10 0
X
Utilité marginale du bien 100 40 25 20 15 8
Y
Um x/1 60 30 25 15 10 0
Um y/2 50 20 12,5 10 7,5 4

1. Voir calcul en haut

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2. Le point de saturation correspond à la satisfaction maximale qu’un individu retire de la
consommation d’un bien. Il correspond à une utilité marginale = 0. Les données du
tableau démontrent que le consommateur admet uniquement un point de saturation pour
le bien X (Um x = 0 voir tableau).
3. Les conditions de l’équilibre sont les deux lois de Gossen :
 Um est décroissante
 Egalité des utilités marginales pondérées à leur prix sous la contrainte
budgétaire :

4. Puisque Px=Py alors Um x = Um y ce qui correspond aux combinaisons suivantes :


 C1 : (3*Px) + (3*Py)= 6 Px=6 Py
 C2 : (4*Px) + (5*Py)= 9 Px = 9Py

Donc la combinaison optimale dépend de R. Elle de (3x, 3y) si R=6Px=6Py ou elle est de (4x,
5y) si R=9Px=9Py.

5. Les conditions de l’équilibre sont les deux lois de Gossen :


 Um est décroissante
 Egalité des utilités marginales pondérées à leur prix sous la contrainte
budgétaire :

Selon le tableau, la combinaison optimale est (5x, 4y). Pour : Px=1 dh, Py=2dh, nous avons
l’équation : R= 5*1+4*2=13. Donc, pour R=13 dhs la combinaison optimale est (5x, 4y).

Qu’en est -il maintenant pour R=15 dhs, R=16dhs et R=17dhs ? Pour R=13, le consommateur
consomme 5x et 4y avec un point de saturation pour x (bien considéré comme indivisible). Le
consommateur doit donc rationnellement consacrer le reste de son revenu à la consommation
de y, là on doit voir les quantités de y qui réalisent l’équilibre par rapport aux niveaux de revenu
R=15 dhs, R=16 dhs et R=17 dhs avec x=5 :

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 R=15 dhs, la combinaison optimale est (5x, 5y) ;
 R=16dhs, la combinaison optimale est (5x, 5.5y) ;
 R=15 dhs, la combinaison optimale est (5x, 6y).

Enoncé 2 : Le tableau suivant retrace les utilités procurées par la consommation des unités
successives de 3 biens x, y et z :
Quantité consommée Utilité de x Utilité de y Utilité de z
1 20 15 25
2 35 25 43
3 45 31 59
4 50 36 74
5 50 36 84
6 40 35 85

1. Si Px=Py=Pz=4dhs et R(le revenu)=28dhs, quelles sont les quantités de x , y et z pour


atteindre le maximum de satisfaction ?
2. Sous quelle condition le consommateur peut augmenter la quantité consommée de
chaque bien d’une unité, les prix étant toujours égaux à 4 dhs ?
Conclusion :
L’analyse cardinale présente deux difficultés :
- La première tient au fait de la difficulté de la mesure de l’utilité ;
- La deuxième découle du principe d’interdépendance des utilités des divers biens
(complémentaires ou substituables) : U (x,y) ≠ U (x) + U (y). En effet, l’utilité d’un bien n’est
pas indépendante de la détention d’autres biens par exemple : l’utilité retirée d’une voiture est
largement dépendante des quantités d’essence que l’on peut se procurer.
D’où l’intérêt d’une autre analyse : analyse ordinale .

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