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Introduction

L’économie politique est la science qui étudie le comportement de l’homme vivant en société
et guidé par la recherche du maximum d’efficience, dans son activité de production et de
consommation face au problème d’affectation des ressources rares à usages alternatifs entre
des besoins concurrents (E. WAUTHY).

C’est la science qui étudie comment les ressources rares sont affectées pour satisfaire les
besoins des hommes vivant en société. Elle s’intéresse aux opérations essentielles
(production-distribution-consommation des biens) ainsi qu’aux institutions et aux activités
ayant comme objet de faciliter ces échanges.

L’analyse économique moderne se subdivise en deux branches : l’analyse micro-économique


et l’analyse macro-économique.

 L’analyse micro-économique a pour objet d’étude des comportements des agents


économiques individuels (consommateurs ou ménages, producteurs ou entreprises) et
de leurs relations sur les différents marchés où s’échangent les produits et les facteurs
de production. La célèbre « loi de l’offre et de la demande » est un instrument
privilégié de ces échanges ou rencontres.

Au départ d’une analyse de comportement de ces agents -comportement optimal (ou


égoïste) des consommateurs (acheteurs) et comportement optimal (ou égoïste) des
producteurs (offreurs)- elle montre comment de tels échanges libres conduisent à une
situation d’équilibre ; c’est-à-dire une situation où chacun obtient exactement ce qu’il
veut en fonction de ses calculs rationnels.

 L’analyse macro-économie s’attache aux grandeurs globales ou agrégats, telles que le


volume total de l’emploi, la production globale ou le revenu national. Par ailleurs, elle
accorde une attention particulière à ce qu’on appelle la politique économique, qui est
un ensemble de mesures prise par le pouvoir public pour assurer la satisfaction des
besoins des hommes vivant en société, c’est-à-dire atteindre les objectifs partagés par
tout le monde ; à savoir : la croissance économique, le plein-emploi des facteurs de
production (réduction du chômage), le bien-être collectif (répartition équitable des
ressources nationales) et la maitrise de l’inflation.

Le plan général de ce cours s’articule autour de six chapitres. Il s’agit de :

Chapitre 1 : Théorie du comportement du consommateur


Chapitre 2 : Comportement économique du producteur
Chapitre 3 : Le marché et la détermination de l’équilibre
Chapitre 4 : Modèle de détermination du revenu national
Chapitre 5 : La monnaie dans l’économie
Chapitre 6 : L’inflation
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Chapitre 1 : Théorie du comportement du consommateur

Tout agent économique est confronté au problème du choix et de décision. En effet, tout
homme éprouve des besoins : besoin de se nourrir, besoin de se vêtir, besoin de se soigner,
besoin de s’instruire, besoin de voyager, etc. Ces besoins sont multiples. Pour les satisfaire,
l’homme doit choisir entre plusieurs biens, ceux qui satisfont mieux ses besoins. Une fois ce
choix réalisé, il doit donc décider d’allouer des ressources, à sa disposition, pour acquérir ces
biens.

En d’autres termes, la décision d’acheter une certaine quantité d’un bien à un certain prix,
découle d’un double choix : choix d’un bien pour satisfaire un besoin parmi tous les besoins à
satisfaire et choix de consacrer une partie de ses ressources à la satisfaction de ces besoins.

Cette analyse du processus de choix part de la supposition que l’agent prend des décisions
rationnelles. En effet, la théorie néo-classique, selon le principe de l’individualisme
méthodologique considère l’individu comme fondamentalement rationnel, c’est-à-dire un
homo-oeconomicus, un individu qui connait toutes les possibilités d’emploi de son revenu pour
satisfaire ses besoins et que son objectif est la maximisation de son utilité (ou de sa
satisfaction). Ce dernier n’est rien d’autre que l’importance qu’un individu accorde à un bien
à un moment précis de sa vie, à cause de la jouissance qu’il attend. Et, c’est le besoin de
l’homme qui donne à une chose son utilité et qui lui confère la qualité de bien.

En d’autres termes, la théorie du comportement du consommateur analyse le comportement


de l’individu à partir de la maximisation sous contrainte de sa fonction d’utilité. Donc, la
façon dont le consommateur retire le maximum de satisfaction de la répartition de ses
ressources entre les différents biens et les conséquences qui en découlent font l’objet de ce
chapitre.

En effet le repérage de son utilité peut se faire à travers deux approches :


- L’approche cardinale : selon laquelle l’utilité est un concept mesurable ;
- L’approche ordinale : qui s’inscrit en faux contre la mesurabilité de l’utilité.

1. L’approche cardinale de l’utilité

L’utilité étant la capacité que possède une chose de servir à la satisfaction des besoins
humains ou c’est la satisfaction que l’on tire de la consommation d’un bien ou d’un service ;
certains auteurs estiment qu’elle est mesurable (S.Jevons, C.Menger et L.Walras), c’est-à-dire
quantifiable. Elle est mesurée en nombre d’utils ou utilons. Il s’agit d’une unité de mesure
imaginaire calculant l’utilité cardinale.

Cette hypothèse de mesurabilité implique que l’on peut établir une hiérarchie entre les
différents niveaux d’utilité : si l’utilité de la consommation d’une quantité qa du bien A est de
3

10 utils et si celle obtenu avec qb du bien B est de 5 utils, cela signifie que l’utilité de qa est
deux fois supérieure à celle de qb.

Il est à noter que l’utilité d’un bien est un concept subjectif, car l’appréciation d’un bien varie
selon les individus. Par ailleurs, l’utilité d’un bien dépend de la quantité de ce bien et de
l’intensité du besoin à satisfaire. Le besoin étant satiable (saturation), son intensité diminue
quand la satisfaction augmente. Ainsi, dans le même temps que décroit l’intensité du besoin,
décroit aussi l’importance du bien qui permet de le satisfaire.

La réalité d’une telle mesure est naturellement incertaine, mais cette approche a permis de
mettre en évidence deux principes (ou lois) :
- Le principe de l’utilité marginale décroissante ;
- Le principe d’égalisation des utilités marginales pondérées.

1.1. Le principe de l’utilité marginale décroissante

Deux composantes de l’utilité doivent être distinguées avant d’énoncer le principe de l’utilité
marginale décroissante. Il s’agit de l’utilité totale et de l’utilité marginale.
- L’utilité totale (UT), qui correspond au niveau de satisfaction procuré par la
consommation d’une quantité donnée d’un bien. C’est donc la somme des utilités
marginales.
Mathématiquement : ∑ ∫

- L’utilité marginale (Um), qui est le niveau de satisfaction procuré par la


consommation d’une unité supplémentaire d’un bien. C’est donc l’accroissement de
l’utilité totale généré par la consommation d’une dose supplémentaire d’un bien. En
d’autres termes, on appelle Um d’un bien pour un consommateur, l’utilité procurée par
chaque dose ou unité supplémentaire d’un bien.
Mathématiquement :

Pour illustrer ces deux notions, supposons qu’un consommateur chiffre l’utilité que lui
procure la consommation du bien X (voir le tableau 1).
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Tableau 1 : Utilité totale et utilité marginale

Qtés de X UTX UmX


0 0 -
1 20 20
2 35 15
3 45 10
4 50 5
5 52 2
6 52 0
7 49 -3

Graphique 1.1. : Utilité totale et utilité marginale

56
UTX

52
48
44
40
36
32
28
24
20 UTX
16
12
8
4
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 Qtés de X

22
UmX

20
18
16
14
12
10
8
6 UmX
4
2
0
-2 0 Qtés de X
1 2 3 4 5 6 7 8
-4
-6

De ces deux graphiques, nous constatons que, lorsque la quantité du bien X augmente, l’utilité
totale augmente aussi, mais d’une manière non proportionnelle, c’est-à-dire à un taux
décroissant. En plus, lorsque la quantité consommée est de 5, l’utilité totale atteint le
maximum 52 utils ; au-delà de ce point, tout nouvel accroissement de la consommation réduit
l’utilité totale. Par contre, l’utilité marginale de X définie comme l’accroissement d’utilité
résultant de l’augmentation d’une unité de la consommation de X (c’est-à-dire la différence
5

entre deux niveaux successifs d’utilité totale) diminue à mesure que la quantité de X
augmente et qu’au niveau où la quantité est de 5, correspondant au maximum de l’utilité
totale, l’utilité marginale procurée par la quantité suivante est nulle. Au-delà de cette
quantité l’utilité marginale devient négative, traduisant ce qu’il convient d’appeler « la
désutilité ».

De cette constatation, nous pouvons énoncer le principe de l’utilité marginale décroissante de


la manière suivante : l’utilité marginale procurée par chaque dose supplémentaire d’un bien
consommé va en diminuant et devient nulle à partir d’un certain seuil appelé « point de
satiété » ou « point de saturation ». Au-delà de ce point, l’utilité marginale de doses
supplémentaires peut devenir négative et se transformer en désutilité.

Ce principe découle de la loi psychologique de l’allemand Heinrich GOSSEN (1854) qui


stipule que l’intensité d’un plaisir qui se prolonge diminue et finit par disparaître quand
l’individu parvient à satiété. Au-delà du point de satiété, le plaisir peut se transformer en
peine.

1.2. Le principe d’égalisation des utilités marginales pondérées

La maximisation de l’utilité du consommateur doit tenir chaque fois compte, d’une part de la
réalité du marché (c’est-à-dire du prix de chaque bien) et, d’autre part de son revenu. Donc, le
consommateur doit confronter ses volontés avec ses possibilités de manière à rendre sa
satisfaction la plus grande possible, c’est-à-dire que le consommateur se forcera, compte tenu
de ses préférences, de son revenu et de prix des biens désirés, de maximiser l’utilité totale que
lui procure la consommation de ces biens.

Ce processus de choix conduit à la mise en pratique du principe d’égalisation des utilités


marginales pondérées ; qui stipule que l’équilibre du consommateur est obtenu lorsque la
dernière unité monétaire investie dans chacun des différents biens donne au consommateur
une satisfaction identique. En d’autres termes, le consommateur maximise sa satisfaction, s’il
sélectionne une quantité de chaque bien telle que les utilités marginales de différents biens
soient égales.
Mathématiquement, l’équilibre est obtenu au point où :

Si les prix sont identiques, cette formule s’écrira de la manière suivante :

Si les prix de biens sont différents, le consommateur va comparer non plus les utilités
marginales de chaque bien, mais les utilités marginales pondérées. La recherche des quantités
X et Y qui maximisent la satisfaction du consommateur passe par la table de MENGER (voir
au point III).
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2. L’approche ordinale de l’utilité

L’approche cardinale a été critiquée par plusieurs auteurs parce qu’il est impossible de
mesurer l’utilité. C’est ainsi que certains auteurs, comme V. PARETO, SLUTSKY, J. HICKS,
SAMUELSON ont montré que la classification de l’utilité est préférable à la quantification.
C’est l’approche ordinale de l’utilité.

Cette approche part du constat que si un consommateur ne peut pas mesurer l’utilité, il peut
néanmoins la classer en ordonnant ses préférences. C’est-à-dire que le consommateur sait
classer les biens par ordre de préférence sans recourir à une mesure d’utilité absolue. D’où la
notion de « courbe d’indifférence ».

2.1. Les courbes d’indifférence

Une courbe d’indifférence n’est rien d’autre qu’un lien des points représentant les
combinaisons de deux biens ( et ) qui procure au consommateur un même niveau de
satisfaction.
Une famille des courbes d’indifférences constitue « la carte d’indifférence ».

La courbe d’indifférence n’est pas construite de n’importe quelle manière. Sa construction


obéit à un certain nombre de postulats connus sous l’appellation « axiomes de
comportements ».

2.1.1. Les axiomes de comportements et construction de courbe d’indifférence

Ces axiomes sont au nombre de quatre :

1°/ Axiome de préférence, qui stipule que face à un panier de deux biens et , tout individu
est capable d’émettre l’un de trois jugements ci-après :
- : est strictement préféré à ;
- : est strictement non préféré à ;
- : est équivalent à .

La préférence indique une utilité supérieure, tandis que l’équivalence traduit l’indifférence
entre les deux biens.

2°/ Axiome de transitivité, qui stipule que face à un panier de trois biens :
- si : si le bien est préféré à
- et : et est préféré à
- alors : alors est préféré à .
Cet axiome implique la cohérence.
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3°/ Axiome de dominance : pour toute paire de paniers de biens A=(qb, qv) et B=(q’b, q’v)
telle que qb=q’b et qv >q’v ou qb>q’b et qv=q’v, ou encore qb>q’b et qv >q’v, alors A B.
Cet axiome dit en d’autres termes, que « plus » est préféré à « moins », mais ceci reste vrai
dans le domaine des biens utiles, c’est-à-dire les biens désirés par l’homme.

4°/ Axiome de substituabilité : pour toute paire de panier A=(qb, qv) et B=(q’b, q’v) telle que
A B, il existe une quantité dq’b (ou dq’v) qui, ajoutée à B, constitue un nouveau panier
(B’) tel que B’ A.

L’ensemble de ces postulats fait donc qu’une courbe d’indifférence ne peut donc qu’être
comme ci-dessous :
Graphique 1.2. : Courbe d’indifférence

A
Courbe d’indifférence
B
A B C
C

Cette courbe reflète les différentes combinaisons de bien x et y qui confèrent au


consommateur une utilité totale identique. Comme les couples A, B et C procurent au
consommateur une utilité identique, le consommateur est supposé par hypothèse indifférent :
d’où le terme de courbe d’indifférence.

De l’observation de cette courbe d’indifférence, on constate qu’au fur et à mesure que la


substitution de y par x s’opère, le bien x devient abondant (et donc son utilité marginale
diminue) alors que le bien y devient de plus en plus petit (et donc son utilité marginale
augmente). Ceci est la conséquence du principe de décroissance du taux marginal de
substitution (cfr 2.1.3.).

2.1.2. Caractéristique des courbes d’indifférences

a) Une courbe d’indifférence située à droite (ou au-dessus) d’une autre correspond
obligatoirement à des combinaisons préférées. (Et cela en vertu de l’axiome de
dominance).
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Graphique 1.3. : La carte d’indifférence

CI3
CI2
CI1

x
Ainsi, lorsqu’on se déplace le long d’une courbe d’indifférence, le niveau de satisfaction ne
change pas. Tandis qu’en se déplaçant d’une courbe d’indifférence à une autre, en partant de
l’origine des axes, on accède à de niveaux de satisfaction de plus en plus supérieur (c’est-à-
dire que CI1< CI2< CI3) représenté par la direction de la flèche. Et, l’ensemble de ces courbes
constitue la carte d’indifférence.

b) Les courbes d’indifférences ne peuvent jamais se croiser. Cela résulte même de la


rationalité du consommateur.
Soit deux courbe d’indifférence CI1 et CI2 qui se coupe au point B.
Graphique 1.4. : Croisement de deux courbes d’indifférence

A C

CI1

CI2
x
 D’après l’axiome de dominance, la combinaison C, se trouvant à droite de
combinaison A, est préférée par rapport à A. En effet, A et C contiennent les
mêmes unités du bien y. mais la combinaison C contenant plus de x qu’A, est
donc préférée par rapport à cette dernière.
 Par définition, une courbe d’indifférence est une courbe représentative de tous
les points qui procurent au consommateur un même niveau de satisfaction. Le
point A et B, se trouvant sur la courbe d’indifférence CI1, représentent donc
pour le consommateur un même niveau de satisfaction. Nous disons donc que
le consommateur est indifférent entre les combinaisons A et B ; parce que se
trouvant sur la même courbe d’indifférence. De même, les combinaisons B et
C, se trouvant sur la courbe d’indifférence CI2, représentent pour le
consommateur, le même niveau de satisfaction. Nous disons donc que le
consommateur est indifférent entre les points B et C.
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 D’après l’axiome de transitivité : A B et B C ; alors A C.


Ce qui est absurde, car une même combinaison C ne peut pas être à la fois
supérieur et identique à un autre (c’est-à-dire A).

Un consommateur rationnel ne peut donc pas dire à la fois que : « je préfère C


à A et je suis indifférent entre C et A ».

D’où il est inconcevable que deux courbes d’indifférence se croisent. En effet,


si deux courbes d’indifférences se croisaient, un même niveau de satisfaction
serait à la fois supérieur et identique à un autre.

c) Une courbe d’indifférence a toujours une pente négative. Cela implique qu’une courbe
d’indifférence est toujours décroissante.
En effet, si la courbe d’indifférence était croissante, il y aurait violation de l’axiome de
dominance qui stipule que plus est préféré à moins.
Graphique 1.5. : Courbe d’indifférence croissante
y
A

x
Par définition, B≡C, parce que se trouvant sur la même courbe d’indifférence. Or,
selon l’axiome de dominance, B C. Ce qui est absurde.

d) La courbe d’indifférence est convexe par rapport à l’origine des axes. Cela est la
conséquence du principe de décroissance du TMS. En effet, le rapport | | diminue au
fur et à mesure que la substitution de x à y s’opère. Et cela parce qu’en renonçant au
bien y, son utilité marginale augmente ; et en acquérant de plus en plus de x, l’utilité
marginale de x diminue. Ainsi un consommateur rationnel exigera donc un peu plus
de x (dont l’Um diminue) pour le sacrifice d’une unité supplémentaire de y (dont l’Um
augmente).
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2.2. Le taux marginal de substitution (TMS)

2.2.1. Présentation et définition


Graphique 1.6. : Le taux marginal de substitution
Y

A
∆y
B
∆x C

Chaque point sur une courbe d’indifférence représente une combinaison de bien x et du bien
y. Lorsqu’on passe d’un point à un autre (exemple d’A à B, et de B à C) sur une courbe
d’indifférence, on augmente la quantité d’un bien (ici, le bien x) et on diminue la quantité
d’un autre (ici, le bien y) tout en gardant le même niveau de satisfaction.

Le taux auquel se fait cet échange dépend de l’endroit où l’on se situe sur la courbe
d’indifférence. Il apparait en effet que pour obtenir une unité supplémentaire de bien x, le
consommateur sera de moins à moins disposé à céder de grandes quantités du bien y devenant
« petit », et donc rare, son utilité marginale augmente ; alors que c’est le contraire pour le bien
x. Il existe donc aux différents de x et y. Ces taux d’échange sont mesurés par le taux
marginal de substitution (TMS).

On appelle taux marginal de substitution de x à y (TMSxy) la quantité du bien y à laquelle on


doit renoncer (-∆y) par unité supplémentaire du bien x (∆x), tout en gardant le même niveau
de satisfaction (cfr axiome de substituabilité), c’est-à-dire l’utilité ou la satisfaction ne change
pas (∆U=0).

Mathématiquement, l’expression d’une courbe d’indifférence est donnée par U=U(x,y). Etant
donné que l’utilité est constante le long d’une courbe d’indifférence, il en découle que :

L’expression s’appelle TMSxy. En temps discret, on note .


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Le TMS est toujours négatif, mais dans la pratique, on le présente en valeur absolue pour
mieux montrer sa décroissance au fur et à mesure que la substitution continue (cfr le passage
d’A à B, et de B à C dans le graphique). Ainsi :

| | | |

Par analogie, le taux marginal de substitution de y à x (TMSyx) mesure la quantité du bien x à


laquelle on doit renoncer par unité supplémentaire du bien y, tout en gardant le même niveau
de satisfaction.
| | | |

Notons à ce sujet qu’à l’équilibre du consommateur (à l’optimum) le taux marginal de


substitution est égal au rapport des utilités marginales des deux biens qui est égal au rapport
des prix :
| |

En effet, la pente de la courbe d’indifférence est donnée par , alors que celle de la

droite du budget est donnée par . A l’équilibre les deux pentes sont identiques.

2.2.2. Propriétés du TMS

a) Le TMS est une notion ponctuelle, ce qui signifie que la valeur change
continuellement lorsqu’on se déplace sur une courbe d’indifférence. En d’autres
termes, à chaque point sur une courbe d’indifférence correspond une valeur donnée du
TMS.

b) Le TMS est négatif, ce qui signifie que l’accroissement de la quantité d’un des biens
devra s’accompagner de la diminution de la quantité de l’autre si on veut garder le
même niveau de satisfaction.

c) La valeur absolue du TMSxy est décroissante, ce qui signifie que quand on se déplace
le long d’une courbe d’indifférence, puisque l’Um diminue (car devenant de plus en
plus abondant) et que l’Um augmente (parce que le bien y devient de plus en plus petit
et donc rare).

3. L’équilibre du consommateur

3.1. Equilibre du consommateur dans l’approche cardinale de l’utilité

D’après l’approche cardinale le consommateur obtient le maximum d’utilité (ou de


satisfaction) lorsque la dernière unité de la monnaie (de son revenu) employé pour
consommer les différents biens lui apporte la même utilité.
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La condition de l’équilibre pour obtenir ce maximum d’utilité s’écrit :

Pour plusieurs biens (n biens), cette condition d’utilité devient : =

La recherche de cet équilibre en l’appliquant le principe d’égalisation des utilités marginales


pondérées passe par la table de Menger.

Exercice 1 : Soit un consommateur qui dispose d’un revenu de 24 francs et décide de


l’affecter pour l’acquisition de trois biens A, B et C dont les utilités marginales
sont données dans le tableau suivant :

Doses Um du bien A Um du bien B Um du bien C


1 12 9 6
2 11 8 5
3 10 7 4
4 9 6 3
5 8 5 2
6 7 4 1
7 6 3 0
8 5 2
9 4 1
10 3 0
11 2
12 1
13 0

Si les prix unitaires de ces biens sont respectivement : PA=3, PB=2 et PC=1.
a) Etablir le plan de consommation de ce consommateur en supposant qu’il est rationnel.
b) Quel est le niveau total de satisfaction obtenu par ce consommateur après avoir épuisé tout
son revenu ?
c) A quel niveau s’établit l’équilibre de ce consommateur ?

Réponse : Pour répondre à cette question, il faut d’abord élaborer la table de Menger (table
des utilités marginales pondérées).
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Table de Menger

Doses ⁄ ⁄ ⁄
1 4 4,5 6
2 3,67 4 5
3 3,33 3,5 4
4 3 3 3
5 2,67 2,5 2
6 2,33 2 1
7 2 1,5 0
8 1,67 1
9 1,33 0,5
10 1 0
11 0,67
12 0,33
13 0

a) Le plan de consommation de notre consommateur rationnel est donc la suivante :

Nbre Plan de Um procurée Dépense


d’achat consommation totale
1 1ère dose de C 6 1
2 1ère dose de B 9 2
3 1ère dose de A 12 3
4 2ème dose de C 5 1
5 2ème dose de B 8 2
6 2ème dose de A 11 3
7 3ème dose de C 4 1
8 3ème dose de B 7 2
9 3ème dose de A 10 3
10 4ère dose de C 3 1
11 4ère dose de B 6 2
12 4ère dose de A 9 3
TOTAL 90 24

Avec un revenu de 24 Francs, notre consommateur ne pourra acquérir que 4 doses de chaque
bien.
b) Le niveau total de satisfaction est de 90 utiles ;
c) L’équilibre s’établit au point où les différentes utilités marginales pondérées par les
prix sont égales. L’équilibre correspond donc à 3.
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3.2. Equilibre du consommateur dans l’approche ordinale de l’utilité

L’équilibre du consommateur s’établit, dans cette approche, au point de tangence entre la


droite de budget et la courbe d’indifférence. Il s’agit d’un problème d’optimisation liée où le
consommateur maximise son utilité représentée par la courbe d’indifférence sous contrainte
budgétaire représentée par la droite du budget (ou encore ligne de budget).

3.2.1. La droite du budget ou la contrainte budgétaire

La théorie du comportement du consommateur repose sur l’hypothèse que le consommateur


cherche à repartir son revenu monétaire (son budget) limité entre les biens et services fournis
afin d’obtenir un maximum de satisfaction. Donc la contrainte budgétaire est représentée par
le revenu.

Si nous supposons que le consommateur ne dispose que de deux biens X et Y ; et qu’il doit
acheter en quantité x et y avec son revenu monétaire R, et si le prix de ces deux biens est
respectivement PX et PY ; alors la contrainte budgétaire s’écrit :

Cette équation stipule que le montant consacré à l’achat du bien X ( ) ajouté au montant
consacré à l’achat du bien Y ( ) ne doit pas dépasser le revenu monétaire disponible (c’est-
à-dire le budget du consommateur). En d’autres termes, le revenu monétaire du
consommateur ne peut pas être inférieur aux coûts occasionnés par l’achat de ses biens.
Pour besoin d’analyse, on considère le cas où le consommateur épuise son budget à l’achat de
deux biens ; c’est-à-dire : . Cette équation est connue sous le nom de
l’équation du budget.

A partir de cette équation, on peut faire ressortir l’équation de la droite du budget, qui n’est
rien d’autre que le lien des points représentant toutes les combinaisons de biens x et y qui
occasionnent la même dépense totale pour le consommateur (c’est-à-dire qui épuise le revenu
du consommateur).

Cette équation de la droite du budget s’obtient en exprimant y comme fonction de x ; c’est-à-


dire :

La dérivée de cette équation par rapport à x donne : qui représente la pente de la


droite du budget. Le signe négatif veut dire que nous avons à faire à une droite décroissante.
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Graphiquement, l’équation de la droite de budget est représentée comme suit :


Graphique 1.7. : La droite du budget
Y

X

Cette droite indique que si la totalité du revenu de notre consommateur est dépensée à l’achat
du bien y, la quantité totale à acheter ne peut être que de ⁄ (ordonné à l’origine). Et si le
consommateur décide d’affecter tout son revenu à l’achat du bien x, la quantité totale à
acheter ne pourra être que de ⁄ (abscisse à l’origine). La partie hachurée s’appelle
ensemble budgétaire.

Les différents points se trouvant sur la droite du budget représentent des plans de
consommation qui épuise le revenu du consommateur.

A gauche de la droite du budget, on a à faire à des plans de consommation accessibles, mais


non désirable. Et à droite de cette droite, on a à faire à des plans de consommation désirable,
mais inaccessible. Le plan de consommation accessible constitue ce qu’on appelle espace
budgétaire.

3.2.2. Le déplacement de la droite de budget

La droite du budget peut être déplacée à la suite de la variation de prix ou de celle de revenu.

a) Variation de prix d’un de deux biens (prix de l’autre bien et revenu inchangés)

Toutes choses égales par ailleurs, une diminution de prix est indiquée d’une part, s’il s’agit du
prix du bien X, par la rotation de la droite autour du point A ( ⁄ ) vers la droite, et d’autre
part, s’il s’agissait du bien Y, par la rotation de la droite autour du point B ( ⁄ ).
Graphique 1.8. : Déplacement de la droite du budget causé par une diminution du prix
Y Y
A’
Diminution du prix du bien Y
Diminution du prix du bien X A
A

OA<OA’
OB<OB’

X X
B
B B’
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Par contre, une hausse de prix est indiquée d’une part, pour le bien X, par la rotation vers la
gauche de la droite de budget autour du point A, et d’autre part, pour le bien Y, par la rotation
vers la gauche de la droite du budget autour du point B.
Graphique 1.9. : Déplacement de la droite du budget causé par une hausse du prix

Y Y
Augmentation du prix du bien Y
Augmentation du prix du bien X
A
A

A’ OA>OA’
OB>OB’

X X
B
B’ B

b) Variation du revenu (prix inchangés)

Une baisse du revenu (esp. augmentation du revenu), le prix des biens restant constant, est
indiquée par un déplacement parallèle vers le bas (resp. Vers le haut) de la droite du budget.

Graphique 1.10. : Déplacement de la droite du budget causé par une variation du revenu

Y Y
A’
Augmentation du revenu
Baisse du revenu
A
A

A’

X X
B B’
B’ B
3.2.3. L’équilibre du consommateur

L’équilibre du consommateur découle de la rencontre de deux plans de consommation. Le


premier est le plan de consommation désirable reflété par la courbe d’indifférence et le
deuxième plan, c’est le plan de consommation accessible au consommateur reflété par la
droite du budget.

En d’autres termes, le problème du consommateur consiste à préciser le niveau d’utilité le


plus élevé qu’il peut atteindre avec un certain niveau de revenu. Pour un consommateur
rationnel, ce problème consistera à accroitre au maximum sa satisfaction en consommant le
plus possible les deux biens, tout en respectant sa contrainte budgétaire.

Graphiquement, le plan qui sera choisi est celui qui est réalisé au point de tangence entre la
droite du budget et la courbe d’indifférence. A ce point, la pente de la droite du budget est
17

égale à la pente de la courbe d’indifférence. La pente de la courbe d’indifférence est


représentée par le TMS ( ) et celle de la droite du budget est représentée par le rapport

des prix ( ). Le rapport des prix indique le taux auquel il peut substituer un bien à un autre
sur le marché. L’égalité entre les deux pentes est la condition nécessaire pour atteindre une
satisfaction maximale. Donc à l’équilibre .

Graphique 1.11. : L’équilibre du consommateur

y
A

K
M
CI3
N

CI2
L CI1

x
B

Le point M représente la combinaison optimale qui assure l’optimum du consommateur, c’est-


à-dire l’équilibre du consommateur. Il est situé au point de tangence de la droite du budget
avec la courbe d’indifférence (CI2). Tout mouvement en dehors de ce point sur la droite du
budget placera le consommateur sur un niveau de satisfaction inférieur (cas de points K et L ;
qui sont accessibles mais non désirables). De même tout déplacement en dehors de ce point le
long de la courbe d’indifférence placera le consommateur dans la zone des plans de
consommation désirables mais inaccessibles à son revenu (cas du point N).

En résumé, le point d’équilibre possède deux caractéristiques importantes :

- Ce point est unique. Il indique les quantités de chaque bien susceptible de maximiser
l’utilité du consommateur compte tenu de ses préférences et de son budget initial.
- A ce point, le TMS est égal à l’inverse du rapport des prix de deux biens.

Mathématiquement, on est amené à maximiser la fonction d’utilité sous la contrainte


budgétaire de la manière suivante :


La méthode connue pour résoudre ce genre de problème est celle du multiplicateur de
Lagrange. C’est-à-dire, il faut former le Lagrangien (L) :

Est le multiplicateur de Lagrange, qui mesure l’utilité marginale du revenu. A l’optimum,


correspond à .
18

 La condition du premier ordre, consistant à l’annulation des dérivées premières,


conduit à :

On obtient un système de 3 équations à 3 inconnues dont la résolution nous donnera ̅ ̅ ̅


d’équilibre.

A l’optimum, c’est-à-dire à l’équilibre du consommateur, on a la relation :

et où utilité marginale de et = utilité marginale de .

 La condition du second ordre pour maximiser l’utilité consiste à tester si la positivité


du déterminant de la matrice gessienne bornée :

| | | |

Exemple :

a)
⁄ (1)
⁄ (2)
(3)
de (1) et (2), on a : (4)
(4) dans (3) donne :
̅ (5)
(5) dans (4) donne : ̅

b) Il s’agit de représenter la quantité demandée d’un bien comme uniquement fonction du


prix de ce bien. Pour ce faire, on aura :

En résolvant ce système, on trouve :


̅ ⁄ Qui est la fonction de demande du bien x
̅ ⁄ Qui est la fonction de demande du bien y
19

N.B : Une méthode alternative consiste à réduire le problème de l’optimisation liée à un


problème de l’optimisation libre (ou sans contrainte). Pour ce faire, on part de la
contrainte pour revenir à la fonction à optimiser.

De la contrainte, on tire :
(1)
(1) Dans la fonction d’utilité donne :

(À maximiser)
C.P.O :
̅ (2)
(2) dans (1) donne : ̅
C.P.O :

3.2.4. Déplacement de la position d’équilibre : courbe de revenu-consommation et


Courbe de prix-consommation

Nous savons qu’à chaque position de la droite du budget correspond un point d’équilibre :
point ne correspondant à la tangence d’une courbe d’indifférence et d’une droite du budget.

Cet équilibre peut se déplacer soit à la suite de variation du revenu, soit à la suite de variation
de prix. Le déplacement de point d’équilibre à la suite de variation du revenu, les prix de deux
biens restant constants, engendre la « courbe de revenu-consommation » et le déplacement
du point d’équilibre à la suite de la variation du prix d’un bien, le prix de l’autre bien et le
revenu restant fixes, engendre la « courbe de prix-consommation ».

a) Courbe de revenu-consommation

Si le revenu du consommateur varie, cette variation va modifier l’ordonné à l’origine ( ⁄ ,


mais pas la pente. La droite du budget qui symbolise son pouvoir d’achat va se déplacer vers
la droite (le haut) ou vers la gauche (le bas) selon que son revenu augmente ou diminue.
Comme la pente de cette droite est donnée par le rapport des prix des deux biens x et y, la
nouvelle droite du budget sera parallèle à l’ancienne. La conséquence est que l’équilibre du
consommateur se déplace également. Et, sur une droite de budget donné, cet équilibre
correspondra au point de tangence entre une courbe d’indifférence et cette droite. Si les
variations du revenu sont continuées, le déplacement du point d’équilibre engendrera une
courbe appelée « courbe de consommation en fonction du revenu » ou « courbe de revenu-
consommation ».

C’est à partir de cette courbe qu’on dérive la courbe d’Engel. La courbe de revenu-
consommation est le lien des points représentatifs des combinaisons de deux biens x et y
optimales, lorsque les prix sont constants et que seul le revenu change.
20

La courbe d’Engel est celle qui montre comment les quantités demandées d’un bien varie à la
suite de la variation du revenu, toutes choses égales par ailleurs.
Graphique 1.12. : Courbe de revenu-consommation

X X
0

La courbe de revenu-consommation ou de niveau de vie ci-dessous 0K est issue de la jonction


du point 0 et les différents points d’équilibre lorsque le revenu change, céleris partibus.

b) Courbe de prix-consommation

Si le prix de l’un des biens varie, toutes choses égales par ailleurs, la pente de la droite du
budget va changer puisqu’elle est égale au rapport des prix, mais par l’ordonné à l’origine
(s’il s’agit du bien x) ou l’abscisse à l’origine (s’il s’agit du bien y).

En supposant, que le prix du bien x augmente, le consommateur va réduire la consommation


de ce bien et la droite du budget va se déplacer vers la gauche (de AB à AB’). Par contre, si le
prix baisse, le consommateur va augmenter la quantité consommée de ce bien et la droite du
budget se déplacera vers la droite (de AB à AB’’). En d’autres termes, y aura pivotement de la
droite du budget autour de l’ordonné à l’origine (le point A= ⁄ ). Par conséquent,
l’équilibre du consommateur se déplace également. Et sur une droite du budget donné, cet
équilibre sera toujours unique. Si les variations de sont continues, le déplacement du point
d’équilibre engendrera une courbe appelée « courbe de prix-consommation ». C’est à partir de
cette courbe qu’on dérive la courbe de la demande d’un bien.

La courbe de prix-consommation (AN) traduit la manière dont la consommation des biens x et


y varie lorsque le prix de l’un des biens varie, toutes choses égales par ailleurs. Cette courbe
est obtenue en joignant le point A aux différents points de tangence des différentes droites de
budget aux courbes d’indifférence correspondantes. En d’autres termes, la courbe de prix-
consommation est le lien des points représentatifs des combinaisons de x et y optimales
lorsque pour un budget donné, on fait varier le prix de l’un des biens, l’autre restant constant.
La courbe de demande montre comment les quantités demandées d’un bien varient lorsque
son prix change, toutes choses égales par ailleurs.
21

Graphique 1.13. : Courbe de Prix-consommation


Y

A
N

X
0 B’ B B’’
4. Dérivation de la fonction de la demande et de la courbe d’Engel

Nous savons que la fonction d’utilité permet de déterminer les quantités de biens que le
consommateur pourra acquérir compte tenu de son revenu et des prix de ces différents biens.

Dans cette section nous allons chercher comment dériver la courbe de demande individuelle,
la courbe d’Engel et la courbe de demande collective (ou courbe de demande du marché).

4.1. Dérivation de la courbe de demande individuelle

La courbe de la demande individuelle est dérivée à partir de la courbe de prix-consommation.


En effet, la courbe de prix-consommation indique les quantités qui seront demandées à
chaque variation de prix de l’un des biens, le revenu et le prix de l’autre bien restant
constants. En reportant sur un autre graphique les données de la courbe de prix-
consommation, il apparait que la quantité demandée du bien x décroit au fur et à mesure que
son prix croit.

Or, nous savons que la demande d’un bien dépend de plusieurs déterminants individuels et
collectifs, tels que : son prix, les prix des autres biens, le revenu du consommateur, les goûts
du consommateur, les anticipations du consommateur, les mouvements de la population, etc.
Pour le besoin d’analyse, nous considérons que les autres déterminants ne sont pas modifiés.
Ce qui se traduit par l’expression « toutes choses égales par ailleurs » ou « céleris partibus ».

Sur base de ces considérations, nous formulons la loi de la demande de manière suivante :
« Toutes choses égales par ailleurs, la quantité demandée d’un bien varie en raison inverse
de son prix ».

Mais cette loi enregistre quatre exceptions. Il s’agit :

- Il y a des biens qui sont demandés pour leur valeur élevée. Par exemple : les bijoux en
or ou en diamant, … Il s’agit de l’effet de snobisme ou de Veblen, le consommateur
acquiert les biens pour leur valeur élevé pour se distinguer des autres. Si le prix de ces
22

biens diminués, le snob va diminuer sa demande pour n’est pas être confondu avec la
masse.
- L’effet de Griffent : la demande des biens augmente lorsque le prix augmente. Ce
paradoxe concerne les biens qui occupent une grande place dans le budget du
consommateur, et que ce dernier consomme lorsque son revenu est bas.
- Pendant la période de hausse généralisée de prix, on assiste à un comportement de la
part des consommateurs qui est contraire à la loi de la demande. Etant donné qu’ils
attendent à ce que le prix augmente sans cesse, d’où ils auront tendance à augmenter
les quantités demandées pour pouvoir préserver leur pour d’achat de la monnaie.
- Effet d’imitation : il existe dans certains marchés des consommateurs pour qui la
quantité demandée d’un bien dépend directement de la quantité de ce bien demandé à
l’instant même par d’autres consommateurs. Le marché de vêtements féminins
fonctionne souvent de la sorte : le consommateur achète un type « particulier » d’habit
puisque celui-ci est à la mode (et donc largement demandé par d’autres
consommateurs). Dans ce cas, l’augmentation de prix s’accompagne d’une
augmentation de la quantité demandée.

Graphique 1.14.: Dérivation de la courbe de demande


individuelle
Y

A
N

X
0 B’ B B’’

Px

Courbe de la demande

X
La courbe de demande collective s’obtient par la sommation de quantités demandées
individuellement à chaque niveau de prix.
23

4.2. Dérivation de la courbe d’Engel

La courbe d’Engel montre comment les quantités demandées d’un bien change lorsque le
revenu change, toutes choses égales par ailleurs.

En règle générale, la courbe d’Engel est une courbe croissante ; les quantités demandées
augmentent quand le revenu augmente.

On mesure la sensibilité de la demande par rapport au revenu à partir de la notion d’élasticité.


Ainsi, la courbe d’Engel peut présenter trois formes distinctes selon la sensibilité de la
demande par rapport au revenu. Engel distingue trois comportements à la suite de la variation
du revenu :
- La consommation d’un bien peut augmenter plus que proportionnellement à
l’accroissement du revenu, ce bien sera catégorisé parmi les biens de luxe ou biens
supérieurs. Dans ce cas, la courbe croît à un taux décroissant (la pente est faible).
- La consommation d’un bien peut augmenter moins proportionnellement à
l’accroissement du revenu, ce bien est considéré comme un bien normal de première
nécessité. Dans ce cas, la courbe croît à un taux croissant (la pente est forte).
- La consommation d’un bien peut augmenter proportionnellement à l’augmentation du
revenu, ce bien sera considéré comme un bien à élasticité-revenu unitaire. C’est le
cas d’un bien normal.

Toutefois, lorsque la pente de la courbe d’Engel est négative, on dira qu’il s’agit d’un bien
inférieur.

4.3. Effet de substitution et effet de revenu

La description de la courbe de prix-consommation a permis de voir qu’un changement dans le


prix d’un bien se traduisait, en général, par un réajustement dans les quantités des deux biens.
Ce réajustement est connu sous le nom d’effet-prix. Cet effet prix peut se décomposer en deux
effets : un effet de substitution et un effet de revenu.

Un changement du prix d’un des biens a en effet deux conséquences :

1° Tout d’abord le taux optimal d’échange entre les biens est affecté puisque le rapport des
prix change. Ainsi, pour cette seule raison, le consommateur devrait réajuster la proportion
optimale de la consommation des biens ; il aura tendance à augmenter la consommation du
bien devenu relativement moins cher et diminuer la consommation du bien devenu
relativement plus cher.

2° Mais, le changement du prix d’un bien à une deuxième conséquence : il affecte le revenu
réel (pouvoir d’achat) du consommateur. Ainsi, même si le revenu monétaire (ou nominal)
n’est pas affecté, le revenu réel augmente si le prix d’un des biens diminue, il diminue si le
prix d’un des biens augmente. Ceci est mis en évidence par le pivotement de la ligne du
budget.
24

On appelle « effet de substitution », le changement enregistré dans les quantités des biens x et
y en supposant que le revenu réel est resté constant.

On appelle « effet de revenu », le changement enregistré dans les quantités des biens x et y dû
à la seule variation du revenu réel.

Pour mettre en évidence ces deux effets, il faut trouver un moyen de mesurer le changement
dans le revenu réel lié au changement dans le prix. Il y a deux façons de le faire : selon la
méthode de Hicks et selon la méthode de Sloutsk.

Selon la définition de Hicks, le revenu réel reste constant si l’on peut obtenir le même niveau
de satisfaction.

Selon l’approche de Slutsky, le revenu réel reste constant si l’on peut obtenir les mêmes
quantités de bien x et de bien y.
Graphique 16 : Effet de substitution et effet de revenu
Y Y

Effet de substitution et effet de revenu (Hicks) Effet de substitution et effet de revenu (Slutsky)
J J

I I

yC A yC A
yA c yA c
yB yB
B B

α β β α β
X β X
xA → xB → xC M L K xA → xB → xC M L K

 Approche de Hicks

Soit une carte d’indifférence, un budget R0 et un rapport de prix mesuré par la tangente de

l’angle ( | | | |).
Soit A, le point représentatif de la situation optimale, les quantités respectives étant axa et yA.
soit une baisse du prix du bien x telle que le nouveau rapport de prix est mesuré par . Le
nouveau point optimal est C, point n’appartenant à une courbe d’indifférence plus élevée (I2).
Une baisse du prix d’un des biens s’est traduite par un accroissement de la satisfaction
( . Ceci se traduit par l’accroissement de la quantité de x.

Néanmoins, pour que cela soit possible, il a été nécessaire de réajuster la combinaison
optimale et de profiter du nouveau prix plus bas de x pour accroître la quantité (xC>xA). le
passage du point A au point C décrit l’effet prix.
25

Traçons la droite IL, parallèle à la nouvelle ligne du budget JK et tangente à la courbe


d’indifférence initiale I1 au point B. En B, la satisfaction est identique qu’en A. mais, ce
même niveau de satisfaction peut être atteint avec un budget (nominal) plus faible R1 (

).

Selon l’approche de Hicks, le budget réel représenté par la droite IL lorsque le rapport de prix
vaut est équivalent au budget représenté par la droite JM quand le rapport de prix vaut
. Le passage du point A au point B décrit l’effet de substitution : la diminution de prix de
x s’est traduite par une augmentation de x : (xB-xA) et une diminution de la quantité de y : (yA-
yB) (effet S). Si seulement B1 est nécessaire pour obtenir la même satisfaction qu’auparavant,
on dispose de B0 (B0>B1). Cet accroissement du pouvoir d’achat revient à imaginer un
déplacement parallèle à elle-même de la ligne IL. Ainsi, on passe du point Bau point C. ce
passage décrit l’effet revenu (effet R). Une augmentation du pouvoir d’achat s’est traduite par
une augmentation de la quantité x (xC-xB) et une augmentation de la quantité de y (yC-yB).
Ainsi, l’effet prix (A→C) est la somme d’un effet de substitution (A→B) et d’un effet de
revenu (B→C).

 Approche de Slutsky

Nous partons des mêmes hypothèses que dans le cas précédent : une diminution du prix de x a
conduit à un déplacement du point A au point C.

Traçons une ligne de budget parallèle à JK est passant par A. le budget nominal R1 qui est
associé à cette ligne IL est, d’après l’approche de Slutsky, le revenu équivalent au budget
associé à la droite JK lorsque le rapport de prix est , parce que ce budget R1 permet au
consommateur de garder la même combinaison de biens x et y qu’au début (le point A) mais
au nouveau prix ( ).

Si le budget est de IL, le point optimal n’est plus A, mais B, point obtenu par la tangence
entre la ligne du budget IL et une courbe d’indifférence supérieure. Selon Slutsky, le passage
du point A au point B décrit l’effet de substitution, et le passage du point B au point C décrit
l’effet de revenu.

4.4. L’élasticité de la demande

4.4.1. L’élasticité de la demande par rapport au prix

L’élasticité de la demande d’un bien par rapport à son prix est le rapport entre la variation
relative de la quantité demandée et la variation relative du prix. Elle mesure la sensibilité de la
demande aux variations des prix.
26

Mathématiquement, on obtient l’élasticité par la formule :


On interprète l’élasticité de la demande comme suit : « de combien varie, en pourcentage, la


quantité demandée d’un bien lorsque son prix est modifié d’un certain pourcentage ? ».

Lorsque nous calculons l’élasticité en un point de la courbe de demande, c’est-à-dire pour un


accroissement « très petit » du prix, on obtient une formule qui fait intervenir des
différentielles « dp » et « dq » à la place des accroissements « » et « ».



On peut aussi obtenir l’élasticité en recourant à la formule suivante :


Enfin, lorsque q est une fonction puissance de p (c’est-à-dire ), on peut exprimer


l’élasticité à l’aide des logarithmes :

Selon la loi de la demande, lorsque le prix d’un bien augmente, ce bien est moins demandé ;
ce qui veut dire que l’élasticité est une quantité négative. Mais, on préfère l’exprimer en
valeur absolue.

On distingue généralement cinq types d’élasticité de la demande par rapport au prix :


 Si | | , les prix ont beau varié, mais la demande ne varie pas. Un tel bien est dit
parfaitement inélastique, c’est-à-dire qu’on est prêt à payer n’importe quel prix pour
obtenir une quantité donnée de ce bien. Ex : les produits pharmaceutiques.
 Si | | , l’augmentation de prix s’accompagne d’une diminution moins que
proportionnelle de la quantité demandée. Un tel bien est dit inélastique.
 | | , les variations relatives des prix s’accompagnent des variations
proportionnelles de la quantité demandée, en pourcentage. Un tel bien est dit à
élasticité unitaire.
 | | , les variations relatives des prix s’accompagnent des variations relatives plus
que proportionnelles de la quantité demandée. Un tel bien est dit élastique.
 | | , une variation infime de prix du bien entraine une variation gigantesque de
la quantité. Cela veut dire qu’à un prix donné, le demandeur accepte n’importe quelle
quantité. Un tel bien est dit parfaitement élastique.
27

4.3.2. L’élasticité partielle de la demande

Lorsque, pour une fonction de demande à plusieurs variables, on peut calculer plus d’une
élasticité, les différentes élasticités sont appelées élasticités partielles.

 L’élasticité partielle croisée de la demande mesure la variation relative de la quantité


demandée d’un bien par rapport à la variation relative du prix d’un autre bien.

- Si , les deux biens sont dits substituables : c’est-à-dire que la quantité du


bien 1 s’accroît lorsque le prix du bien 2 s’accroît et vice-versa.
- Si , les deux biens sont complémentaires : c’est-à-dire que la quantité du
bien 1 s’accroit lorsque le prix du bien 2 décroît et décroît lorsque le prix du bien 2
s’accroît.
- Si , les deux biens sont neutres : c’est-à-dire que les deux biens sont
indépendants l’un de l’autre. Dans ce cas, la quantité demandée du bien 1 n’est
sensible ni à l’augmentation, ni à la diminution du prix du bien 2.

 L’élasticité partielle de la demande par rapport au revenu mesure la variation


relative de la quantité demandée d’un bien par rapport à la variation relative du
revenu.

- Si , le bien est dit supérieur ou de luxe. En effet, la part des dépenses


consacrées aux biens de luxe tend à croître avec l’augmentation du revenu. Mais
le pourcentage d’accroissement de la consommation est supérieur à celui du
revenu.
- Si , le bien est dit normal. Les biens normaux sont de biens dont le
pourcentage d’accroissement de la consommation est inférieur à celui de revenu.
- Si R  1, le bien est dit « de nécessité ». En effet, la part des dépenses consacrées
aux produits de première nécessité tend à décroitre avec l’augmentation du
revenu.
- Si , le bien est dit inférieur. Les biens inférieurs ont une élasticité-revenu
de la demande négative. Il s’agit des biens dont la consommation diminue lorsque
le revenu augmente.

Exemple : Fufu chez les Lokelés.

- Les biens de GIFFEN constituent une catégorie spéciale des biens inférieurs. Il
s’agit des biens qui n’obéissent pas à la loi de la demande (c’est-à-dire des biens
dont les prix et les quantités demandées varient dans le même sens). Ce sont des
biens qui occupent une large part du revenu individuel lorsque ce dernier est fort
peu élevé et que les consommateurs auraient tendance à abandonner dès qu’ils
accèdent à des tranches supérieures de revenu.
28

4.3.3. Les facteurs déterminants d’élasticité

Les facteurs suivants peuvent expliquer l’élasticité :

- La disponibilité des substituts, un bien qui possède plusieurs substituts tend à avoir
une demande élastique.
- La multiplicité des usages auxquels un bien peut être affecté. La demande d’un bien
qui possède plusieurs usages tend à être élastique tandis qu’un bien qui possède très
peu d’usages aura une demande qui tend à être inélastique.
- L’importance d’un bien dans le budget du consommateur. Un bien qui occupe une
place importante dans le budget du consommateur tendra à avoir une demande
élastique. Par contre, un bien qui occupe une place négligeable dans le budget du
consommateur tendra à avoir une demande inélastique. Ex : le sel, les allumettes,

Exercice sur le chapitre 1

1. 10 livres sont achetés lorsque le prix est de 80CDF. 20 livres sont achetées lorsque le prix
est de 60 CDF. Quelle est l’équation de la demande ?
R/ ⁄

2. Lorsque le prix est de 100 CDF, aucun livre n’est acheté. Lorsque l’acquisition des livres
est gratuite, 50 sont demandés. Quelle est l’équation de la demande ?
R/ ⁄

3. La fonction d’utilité d’un consommateur rationnel est donnée par . Sachant que
:
a) Trouver les quantités x et y qui maximisent l’utilité ;
b) Dériver les fonctions de demande rationnelle des biens x et y ;
c) Déterminer le TMS à l’équilibre ?
d) Supposons que le prix du bien x seulement varie, passant de à
et . Montrer graphiquement comment s’opère le déplacement du
point d’équilibre et dériver la courbe de demande du bien x à partir de la courbe de
prix-consommation.

4. En rapport avec l’exercice précédent, supposons cette fois-ci que, toutes choses égalent par
ailleurs, le revenu du consommateur varie, passant de R1=1200 CDF à R2=2400 CDF et
R3=600 CDF. Montrer graphiquement comment s’opère le déplacement du point
d’équilibre et dériver la courbe d’Engel à partir de la courbe de revenu consommation.

5. Un consommateur consacre son revenu R à l’achat de deux biens x et y dont les prix
unitaires respectifs sont et . Ses préférences sont données par la fonction d’utilité
⁄ ⁄
où x et y représentent les quantités consommées des deux
biens.
29

a) Ecrivez l’équation du TMS


b) Déterminer le panier optimal du consommateur si et
c) Déterminer le niveau de satisfaction du consommateur.

6. Selon une étude de F.Guder et J.Buongiomo (1984), la courbe de demande de papier


journal dans les Etats du Nord-Est des Etats-Unis a l’allure suivante : .
Quelle est l’élasticité-prix de la demande de pâte à papier si P=500$ la tonne ?

7. Supposons que la demande pour un bien x soit de la forme :


, avec Q : quantité demandée de bien x, : le prix du bien x, : le prix du bien y et
R : le revenu disponible par tête.
a) Calculer l’élasticité-revenu pour R=10000 et Q=1700
b) Calculer l’élasticité-prix croisée de la demande entre x et y pour =500 et que
Qx=1500.

Solution

1. Nous savons que la fonction de demande a la forme suivante : , où Q est la


quantité demandée et P est le prix de ce bien sur le marché.

Si , alors (1)
Si , alors (2)

Ces deux expressions de la demande des livres constituent un système de deux équations à
deux inconnues, qui peut être résolu par la méthode de substitution. On a :
{

De (1), on a : (1’)
Et (1’) dans (2), on aura : ⁄
Et (3) dans (1’), on a :
Ce qui implique que l’équation de la demande est égale :
⁄ ou

2. En appliquant le même raisonnement que dans l’exercice précédent, on a :


Si , alors (1)
Si , alors (2)
De (2), on a : (3)
Et (3) dans (1), on aura : ⁄
Ce qui implique que l’équation de la demande est égale :
⁄ ou
30

3. Ce problème peut être formalisé de la manière suivante :


a) Pour trouver les quantités qui maximisent l’utilité, il faut former un lagrangien. On a :

⁄ (1)
⁄ (2)
(3)
de (1) et (2), on a : (4)
(4) dans (3) donne :
̅ (5)
(5) dans (4) donne : ̅
b) Il s’agit de représenter la quantité demandée d’un bien comme uniquement fonction du
prix de ce bien. Pour ce faire, on aura :

En résolvant ce système, on trouve :


̅ ⁄ Qui est la fonction de demande du bien x
̅ ⁄ Qui est la fonction de demande du bien y
N.B : Pour les sous questions b), C) et l’EX 4. Cfr le cours et les explications.

5.

a) ⁄
√ ⁄ (1)

√ ⁄ Est l’équation du TMS

b) Pour trouver le panier optimal, nous avons deux possibilités :


(2)
 (3)

(1)=(3) √ ⁄ (4)
(4) dans (2) ̅ (5)
(5) dans (4) ̅
Donc, le panier optimal est
31

 On peut encore trouver ce panier optimal au moyen du lagrangien :


S/C
On aura

o (1)

o (2)

o (3)
(1)=(2) (4)

(4) dans (3) ̅ (5)


(5) dans (4) ̅
c) Pour trouver le niveau de satisfaction du consommateur, on doit remplacer dans la
fonction utilité x et y par leurs valeurs optimales :

Le niveau de satisfaction de ce consommateur est de 4,5 utils.

6. et par tonne

| |
Si le prix augmente de 1%, la quantité demandée baisse de 255%. Il s’agit d’un bien
élastique.

7.
a)

, ce bien est normal. Car, si le revenu varie de 100%, la quantité


demandée de ce bien varie dans le même sens de 23,5%. La variation de la quantité
demandée est moins proportionnelle que la variation du revenu.
b)

Si varie de 100%, la quantité demandée du bien x varie dans le même sens de 17%.
Ces deux biens sont substituables.
32

Chapitre 2 : Comportement économique du producteur

Le deuxième homo-oeconomicus dont l’étude de comportement s’avère indispensable,


s’appelle le producteur.

Ce chapitre sera axé sur le comportement du producteur en matière d’allocation des


ressources, placé dans un univers où les moyens sont rares et les besoins sont multiples. Le
producteur devrait se comporter de manière rationnelle, c’est-à-dire devrait viser le maximum
de profit en combinant les facteurs de production de manière optimale.

1. La théorie de la production

Le comportement du producteur est économique lorsqu'il s'efforce de réduire, à minimum


incompressible, le coût de sa production en évitant tout gaspillage de facteurs (matières,
énergie, main-d’œuvre, ...). En agissant ainsi, il recherche le plus grand profit. La maximisation
du profit par le producteur est la première hypothèse émise au départ de cette théorie.

Cette recherche de profit maximum peut prendre trois formes différentes selon le type de
contrainte qui s'impose à lui (calcul économique du producteur) :

- Le coût de la production peut être déterminé d’avance : dans ce cas


l’entrepreneur doit maximiser la quantité à produire ;
- La quantité à produire peut-être fixée d'avance : il revient alors à l'entrepreneur de
minimiser le coût de cette production ;
- Le coût et la production peuvent varier librement : l'entrepreneur maximise son profit
sans contrainte interne à la firme.

Or, pour produire, on doit combiner en proportion variables les facteurs de production, qu’on
appelle aussi « inputs ». Ces facteurs de production peuvent être fixes ou variables.

- Un facteur fixe est un facteur qui ne varie pas avec le volume de production ; c’est-à-
dire que la quantité de ce facteur qui est nécessaire à l’entreprise pour produire est
indépendante du volume de la production. Exemple : les bâtiments d’une entreprise, la
terre pour une exploitation agricole, …
- Un facteur variable est celui qui varie avec le volume de production ; c’est-à-dire la
quantité nécessaire de ce facteur à l’activité de l’entreprise dépend de l’importance de
la production. Exemple : les matières premières, la main d’œuvre, …

Cette distinction est nécessaire à court terme, car à long terme tous les facteurs de production
deviennent variables.

2. La fonction de production
33

La production étant l’opération qui consiste à réunir des facteurs (inputs) pour réaliser un
volume de biens ou produits (output) dans un horizon et dans un espace donné ; c’est-à-dire
que pour produire, il faut combiner en proportion variables les facteurs de production.

C’est ainsi que la fonction de production établit une relation entre la production (Output) et
les quantités des facteurs de production (inputs) nécessaires pour obtenir un volume de
production.
Traditionnellement, on reconnait trois facteurs de production. Il s’agit du travail (L), du
capital (K) et de la terre (T). Dans ce cadre, la fonction de production s’écrit comme suit :

Avec Q : le volume de production ou output et K, L, T des facteurs de production appelés


inputs.

La fonction de production n’est valable que pour un état donné de la technologie, parce
qu’avec les mêmes facteurs de production, on peut produire un volume plus important si la
technologie change.

En effet, le concept de fonction de production homogène montre comment la production varie


si tous les facteurs de production augmentent. C’est dans ce cadre que la fonction Cobb
Douglas est homogène de degré 1( .

2.1. La production avec un seul facteur variable

2.1.1. Hypothèses de base

- Il n'existe qu'un seul facteur de production qui est variable. Le facteur souvent retenu est le
travail ;
- Le facteur variable peut être combiné à différentes proportions avec le facteur fixe pour
produire des quantités variées d'output. Le facteur fixe souvent retenu c'est la terre ( ̅ ), de
telle sorte qu'on peut écrire la fonction de production comme suit : ̅ ; où la
barre sur indique que le facteur est fixe. Comme T est fixe, Cette fonction s'écrit
;
- La discussion tourne autour d'une production spécifique ; la production agricole
(ex. production du blé, du riz, de pommes de terre, ...) ;
- On retient une fonction de production continue. Cela suppose que les facteurs de
production sont divisibles et adaptables.

o On dit qu'il y a divisibilité d'un facteur de production quand ce dernier peut être
obtenu et/ou utilisé en unités aussi petites que l'on veut.
o L'adaptabilité se définit comme la faculté d'associer à une unité d'un facteur
de production donné un nombre de plus en plus grand d'unités d'autres facteurs.
34

Exemple : la terre est un facteur adaptable ; parce que sur une superficie de 10
hectares, par exemple, on peut associer 1, 2, 3, ... travailleurs.

2.1.2. Combinaison optimale des facteurs de production

Comment s'opère la combinaison optimale de facteurs de production pour produire l'output ?

La réponse tourne autour de la loi de rendement non proportionnel. Cette loi s'énonce
comme suit : « toutes choses égales par ailleurs, lorsque l'on ajoute graduellement
(continuellement) des unités de plus en plus nombreuses d'un facteur variable à un facteur fixe,
la production totale (ou rendement total) augmente d'abord plus que
proportionnellement, ensuite moins que proportionnellement, atteint un maximum, puis
commence à décroître ».

Il convient de définir, à l’aide de la fonction de production, trois notions qui tournent autour
de la productivité physique des facteurs de production. Il s’agit de la productivité totale, de la
productivité moyenne et de la productivité marginale.

- La productivité totale ou rendement total (PT) d’un facteur de production est la


quantité produite d’un bien qui résulte de la combinaison d’une quantité variable d’un
facteur (travail) avec une quantité constante d’un autre facteur (la terre).
- La productivité moyenne ou rendement moyen (PM) d’un facteur de production est le
rapport de sa productivité physique (totale) à sa quantité.
- La productivité marginale d’un facteur de production (Pm) est la variation de la
productivité totale résultant d’une variation de la quantité du facteur variable.

Mathématiquement, on aura :

- ∑
- ⁄
-

Illustrons ces notions au moyen de deux exemples.

1. Soit le tableau ci-dessous indiquant la production totale obtenue par la combinaison de


deux facteurs, le facteur variable L (en quantité q) et le facteur fixe T.
35

Facteur variable L en quantité q PT de L PM de L Pm de L


0 0 0 0
1 8 8 8
2 24 12 16
3 34 11,33 10
4 40 10 6
5 44 8,8 4
6 46 7,67 2
7 47 6,71 1
8 47 5,88 0
L’analyse de ce tableau montre que, dans un premier temps, la production totale croit plus que
proportionnellement à l’augmentation du facteur variable L (de 0 à 8 et de 8 à 24), ensuite,
elle croit moins que proportionnellement à l’augmentation du facteur variable L (de 34 à 40,
de 40 à 44,) avant d’atteindre le maximum (PT=47).
Graphiquement, la production totale croit plus que proportionnellement à l’augmentation du
facteur variable L jusqu’à la deuxième quantité, ensuite, elle augmente moins que
proportionnellement à l’augmentation du facteur variable L avant d’atteindre le maximum à la
septième quantité au point C.

Graphique 2.1. Les courbes de PT, PM et Pm


PT 52 C
48
44
40
36
32 A
28
24
20 PT
16
12
B
8
4
0 K L M
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 q

PM
Pm

PM
q
Pm

I II III
36

La production moyenne est mesurée par la sécante OA qui relie l’origine des axes à un point
quelconque sur la courbe de production totale, ⁄ . Par contre, la production
marginale est la pente de la tangence menée à un point donné de la courbe de la production
totale. La productivité marginale au point C est nulle.

2. Déterminer les fonctions de rendement (ou productivité) total (PT), de rendement moyen
(PM) et de rendement marginal (Pm) pour la fonction de production suivante :
.

Représenter graphiquement ces différentes fonctions et établir les différentes relations qui
existent entre ces courbes.

Solution

a) La fonction donnée ci-dessus correspond à la productivité totale :

b) Représentation graphique :

Pour représenter graphiquement les différentes courbes, il convient d'abord de rechercher le


maximum de chaque courbe, ainsi que le point d'inflexion pour la courbe de PT. Les autres points
figurant sur chaque courbe s'obtiendront en donnant à x des valeurs non négatives.
En optimisant chaque fonction on obtient ;
- La PT atteint le maximum au point x = 5,25. Le point d'inflexion correspond à x = 2,5
- La Pm atteint le maximum au point x = 2,5.
- La PM atteint le maximum au point x = 3.75

On obtient ainsi les différents points suivants qui nous permettrons de ressortir la relation entre
ces différentes courbes.

Quantité de Productivité Productivité Productivité


facteur totale (PT) marginale (Pm) moyenne (PM)
variable (x)
0 0 63 63
1 187 255 167
2.5 657.5 363 263
3.75 1080 288 288
5.25 1323 0 252
6 1242 207 -225

A partir de ces différents points, on peut faire le graphique pour bien voir la relation entre ces
courbes (cfr graphique 2.1).
37

Les courbes de Pm et PM peuvent être aisément dérivées, dans leurs grandes lignes, à partir de la
courbe de PT étant donné les points caractéristiques de la courbe de PT. Il suffit de projeter ces
points sur un graphique des productivités unitaires dont l'axe des abscisses correspond à celui
du graphique de productivité totale et mesure l'input total.

Du graphique 2.1, les constats suivants peuvent être révélés :

1° La courbe de Pm et celle de PM commencent au même point. La courbe de Pm augmente plus


vite que celle de PM et atteint aussi plus vite sont point maximum. A sa phase
descendante, elle coupe celle de PM à son maximum.

2° Le point d'inflexion de la courbe de PT correspond au point maximum de la courbe de Pm.


Lorsque la courbe de PT atteint son maximum, celle de Pm est nulle. Et lorsque la courbe PT
décroît, celle de Pm dévient négative.

3° L’inclinaison la plus élevée que l'on puisse rencontrer lorsqu'on relie les points de la
courbe de PT à l'origine des axes correspond au point où la courbe de PM atteint son
maximum. Et, c'est à ce point que la courbe de Pm coupe celle de PM en son maximum.

Pour obtenir une signification économique des relations techniques entre ces différentes
courbes ; il convient de distinguer 3 zones de production à partir de la forme de PT.

 Zone I : comprise entre l'origine des axes et le point où la PM atteint le maximum. Ici,
la Pm et la PM augmentent avec l'augmentation du facteur variable. (Pm > PM).
 Zone II : comprise entre le point maximum d’Id PM et le point où la Pm est nulle.
Dans cette zone, la PM et la Pm décroissent mais demeurent positives.
 Zone III : est celle où la Pin est négative traduisant le fait que l'emploi d'une
unité supplémentaire de facteur variable diminue la productivité totale.

Ce qui distingue réellement ces trois zones, c'est l'intensité de l'utilisation du facteur fixe et
variable.

En effet, dans la Zone I, il y a plus d'unités de facteur fixe par unité de facteur variable.
Concrètement, un ouvrier fournit un travail beaucoup trop faible pour cultiver une terre d'une telle
superficie. Aussi, deux ouvriers produisent-ils ensemble plus du double de ce que peut produire un
seul ; trois ouvriers produisent plus du triple et ainsi de suite. On dit alors qu'on dans la phase des
rendements croissants. Dès lors, l'augmentation du facteur variable aura une conséquence
l'augmentation plus que proportionnelle de la productivité totale.

Dans la Zone III, il y a trop d'unités de facteur variable par unité de facteur fixe. Ce qui fait que
la Pm du facteur variable devient négative. En d'autres termes, les ouvriers sont trop
nombreux et ils se nuisent mutuellement dans leur travail. Dès lors, la réduction du facteur
(nombre d'ouvriers) aura comme conséquence l'augmentation de la production.

Dans la Zone II, la Pm et la PM sont positives, mais décroissent. La quantité de travail n'est pas
excessive par rapport à la terre, puisque la production augmente quand on augmente la quantité
38

de travail. Cette zone se caractérise par une meilleure combinaison qui soit entre le fixe et le
facteur variable. C'est la raison pour laquelle cette zone est appelée « Zone économiquement
efficiente ».

C’est une zone de rendements décroissants ; c'est-à-dire que la productivité totale continue
d’augmenter, mais à un rythme décroissant. Cela s'explique par le fait que l'on continue à
accroître le nombre d'hommes au-delà du point où la terre est suffisamment cultivée.

P.S. L'exemple ci-dessus illustre une situation que l'on retrouve fréquemment dans le
domaine agricole. Toutefois, il peut être extrapolé dans le domaine manufacturier et
autre. Par ailleurs, ceci n'implique pas que du point de vue économique, il n'y ait
qu'une seule combinaison de facteurs à adopter : la meilleure combinaison, du point
de vue économique, dépend du coût des facteurs et du prix de vente de produit.

Ce qui intéressant de retenir de cette analyse est ceci : « tant que le facteur variable
rapporte plus que ce qu’il coûte, une firme aura intérêt à accroître l’emploi de ce
facteur pour augmenter son profit ».

2.2. La production avec deux facteurs variables

2.2.1. Hypothèses de base

- Il existe deux facteurs de production qui sont variables. Par convention, on retient le
capital (K) et le travail (L) ;
- Les facteurs variables peuvent être combinés à différentes proportions avec le facteur
fixe pour produire des quantités variés d’output. Le facteur fixe souvent retenu c’est la
terre ( ̅ ), de telle sorte qu’on peut écrire la fonction ci-dessus comme ̅ .
Comme T est fixe, cette fonction s’écrit :

On retient une fonction de production continue. Cela suppose que les facteurs de
production sont divisibles, substituables et adaptables.

La substituabilité est définie comme la possibilité de remplacer un facteur de


production par un autre dans la production d’un bien sans du tout changer le volume
global de la production.

Ces différentes hypothèses permettent de définir les courbes d’iso-produits ou isoquants ou


encore courbes d’indifférence du producteur.

2.2.2. Les courbes d’iso-produits ou isoquants

Une courbe d’iso-produit indique les combinaisons des quantités de deux facteurs de
production qui permettent, pour un état donné de technologie, d’obtenir une quantité
constante d’un bien.
39

Graphique 2.2. : Courbe d’iso-produit


ouisoquant
K

A
Courbe d’iso-produit
A B
B

Les combinaisons A et B indiquent deux niveaux de production égaux, car la production est
mesurable. Par contre, si on avait à faire à une courbe d’indifférence les deux combinaisons
sont équivalent, car la satisfaction du consommateur n’est pas mesurable.

Le point représente un processus à forte intensité de capital, ce processus caractérise les pays
qui disposent d’une abondance de facteur capital et le point B, un processus à forte intensité
de main d’œuvre qui caractérise les pays qui possède une abondance de mains d’œuvre.

Appliquer le premier processus au pays qui a une abondance du facteur travail aura pour
conséquence le chômage de la main d’œuvre et appliquer le deuxième au pays disposant
d’une abondance du facteur capital aura pour conséquence le chômage du facteur capital.

2.2.3. Caractéristiques des isoquants

L’isoquant possède les mêmes caractéristiques que la courbe d’indifférence du


consommateur.

a) Lorsqu’on se déplace sur la carte d’isoquants en partant de l’origine des axes, on


accède à des isoquants représentant des niveaux de production de plus en plus élevées.
b) Les courbes d’isoquants ne peuvent jamais se croiser. Parce que le croisement des
isoquants peut signifier qu’une même combinaison des facteurs est capable de
produire deux volumes de production différents. Et cela aura pour conséquence que
l’une des combinaisons est inefficiente et conduit au gaspillage des ressources rares.
c) L’isoquant a toujours une pente négative. Cela implique que si l’on diminue l’emploi
d’un facteur, on doit nécessairement augmenter l’emploi de l’autre facteur enfin de
maintenir constant le volume de production.
d) La courbe d’isoquant est convexe par rapport à l’origine des axes. Cela est la
conséquence du principe de la décroissance du taux de substitution technique (TMST).

2.2.4. Le taux marginal de substitution technique (TMST)

Le TMST est le rapport entre la quantité du facteur K que l’on peut sacrifier et la quantité du
facteur L que l’on peut acquérir pour maintenir constant le volume de production. En d’autres
40

termes, il mesure la quantité du facteur K à substituer à une unité de L pour que la production
reste constante.

Mathématiquement, supposons une fonction de production : . Etant donné que la


production est constante le long d’un isoquant. Il en découle que la différentielle totale de
cette fonction de production est :

or, et représentent respectivement la productivité marginale du facteur K et celle du


facteur L. Ce qui implique que :

D’où le | | | |

Notons que le TMST est égal au rapport des productivités marginales des facteurs utilisés
dans le processus de la production en ce même point. Le TMST est égal à la pente de la
tangente à l’isoquant.

Par ailleurs, lorsqu’on descend le long de l’isoquant le TMST décroit (la raison est la même
que celle évoquée pour la courbe d’indifférence). En effet, l’isoquant étant convexe à l’origine
des axes et en descendant le long de celui-ci, des quantités de plus en plus petites d’un facteur
devenant rare seront échangées par des quantités de plus en plus grandes d’un autre facteur
devenant abondant.

2.2.5. Le rendement à l’échelle

Le concept de rendement à l’échelle répond à la question de savoir dans quelle mesure la


production varie lorsque les quantités de facteurs de production varient.

La première réponse est que, lorsqu’à une augmentation proportionnelle de tous les facteurs
de production correspond un accroissement de la production de même proportion, les
rendements à l’échelle sont constants. Si l’on connait le prix relatif et les procédés de
production, l’on peut à partir d’un seul isoquant identifier toute la famille des isoquants d’une
même fonction de production. Graphiquement, les différents isoquants se situent à égal
distance les uns des autres (voir I, OA=AB=BC et OA’=A’B’=B’C’).

La deuxième réponse est que, lorsque la production augmente dans une proportion plus forte
que la quantité de facteurs utilisés, les rendements à l’échelle sont croissants. Les segments
de sentier d’expansion deviennent de plus en plus petits au fur et à mesure que la production
augmente (voir II, OA>AB>BC et OA’>A’B’>B’C’).
41

La dernière réponse est que, lorsque la production augmente dans une proportion plus faible
que la quantité de facteurs utilisés, les rendements à l’échelle sont décroissants. Les
segments de sentier d’expansion deviennent de plus en plus longs au fur et à mesure que la
production augmente (voir III, OA<AB<BC et OA’<A’B’<B’C’).
Graphique 2.3. : Les rendements à échelle
I II III
K K K

20 25
15
A A 15 A
10 12
5 5 5
L L L
Lorsque les prix des facteurs de productions sont donnés, des rendements croissants signifient
des coûts moyens unitaires décroissants, des rendements constants entraînent des couts
unitaires constants et des rendements décroissants entraînent des coûts unitaires croissants.

3. Détermination de l’équilibre optimal du producteur

L’équilibre du producteur correspond à la combinaison optimale des facteurs de production.


Cette combinaison peut être considérée de deux façons :

- Pour une dépense (coût) donné, il existe une combinaison optimale des facteurs, c’est-
à-dire une combinaison qui procure la production la plus élevée (maximisation de la
production) ;
- Pour une production fixée, il existe une combinaison optimale des facteurs, c’est-à-
dire une combinaison qui entraine la moindre dépense (minimisation de la dépense).

Dans les deux cas, l’équilibre du producteur sera obtenu au point de tangence entre l’isoquant
et l’isocout. Il s’agit de l’équilibre partiel du producteur.

3.1. La contrainte budgétaire

Dans la mesure où les facteurs de production ne sont pas de biens libres car ils sont achetés
sur le marché à un certain prix, il résulte pour l’entreprise une contrainte budgétaire qui
l’amènera à combiner les facteurs de production de manière efficiente, c’est-à-dire de manière
soit à minimiser le coût de production pour un volume de production donné, soit de
maximiser la production.

Supposons que le budget de l’entreprise soit désigné par la lettre B et que les prix des facteurs
K et L soient désignés respectivement par les lettres et . l’équation du budget s’écrit de la
manière suivante : , où est le prix du capital (profit unitaire), est le prix du
travail (salaire par unité de travail) et budget de l’entreprise.
42

De cette équation, on peut faire ressortir l’équation de la droite du budget ci-après :

La droite du budget du producteur ou isocoût est le lien des points représentant toutes les
combinaisons des facteurs K et L dont le coût total est le même.

La dérivée de cette équation par rapport à L donne : qui représente la pente de la


droite du budget. Le signe négatif indique que nous avons à faire à une droite décroissante.

Graphiquement, l’équation de la droite du budget du producteur ou isocoût est représentée


comme suit :
Graphique 2.4. : La droite du budget du
producteur
K

Isocoût

L

Chaque point sur l’isocoût représente une combinaison de facteurs qui épuisent la totalité du
budget du producteur.

Cette droite peut être déplacée à la suite de la variation de prix de facteurs ou de celle du
budget du producteur.

Toutes choses égales par ailleurs, une diminution de prix est indiquée d’une part, s’il s’agit du
prix du facteur L, par la rotation de l’isocoût autour du point A ( ⁄ ) vers la droite, et
d’autre part, s’il s’agissait du facteur K, par la rotation de l’isocoût autour du point C ( ⁄ ).

Graphique 2.5. : Déplacement de l’isocoût causé par une diminution du prix


K K
A’
Diminution du prix du bien K
Diminution du prix du bien L A
A

OA<OA’
OB<OB’

L L
C
C C’
43

Par contre, une hausse de prix de facteur est indiquée d’une part, pour le facteur L, par la
rotation vers la gauche de l’isocoût autour du point A, et d’autre part, pour le bien K, par la
rotation vers la gauche de l’isocoût autour du point C.
Graphique 2.6. : Déplacement de l’isocoût causé par une hausse du prix

K K
Augmentation du prix de K
Augmentation du prix de L
A
A

A’ OA>OA’
OC>OC’

L L
C
C’ C

Par contre, une baisse du budget (resp. Augmentation du budget), le prix des facteurs restant
constant, est indiquée par un déplacement parallèle vers le bas (resp. Vers le haut) de
l’isocoût.
Graphique 2.7. : Déplacement de l’isocoût causé par une variation du budget

K K
A’
Augmentation du budget
Baisse du budget
A
A

A’

L L
C C’
C’ C

3.2. La combinaison optimale des facteurs de production

L’équilibre du producteur est obtenu au point de tangence entre l’isoquant et l’isocoût.

Graphique 2.8. : L’équilibre du producteur

K
A

S
M
III
N

II
R I

L
B
44

Le point M sur cette figure représente le nombre d’unités physiques du facteur K et de facteur
L nécessaire pour obtenir le plus grand volume de production possible en épuisant le budget
du producteur.

Les combinaisons S et R sur l’isocoût AB représente une même dépense que la combinaison
M ; mais elles se situent à un niveau de production inférieur (I<II) par rapport à M. Elles sont
donc économiquement non efficientes.

Les combinaisons N et P sur l’isoquant II procurent le même volume d’output que la


combinaison M ; mais elles sont tout simplement irréalisables parce qu’elles se situent dans la
zone des plans de production inaccessibles.

Bref, seule la combinaison M conduit à une production maximale compte tenu du budget
disponible.

Cette solution optimale présente les caractéristiques suivantes :

- Elle est unique. Elle se situe sur le plan de production à la fois désirable et accessible ;
- A ce point, la pente de l’isocoût est égale à la pente de l’isoquant.

Mathématiquement, on est amené le problème de la manière suivante :


Pour maximiser la production sous contrainte budgétaire, il faut former le Lagrangien (L) :

Ici, est le multiplicateur de Lagrange, qui la productivité marginale du revenu (c’est-à-dire


).

Les conditions du premier ordre, conduisent donc à :

A l’optimum, c’est-à-dire à l’équilibre du consommateur, on a la relation :

où = productivité marginale du travail L ( )


= productivité marginale du capital K ( )
Etant donné que la pente de l’isoquant est égale à celle de l’isocoût à l’optimum, on en déduit
donc que :
45

On peut donc conclure que lorsque le producteur désire maximiser sa production physique
pour une dépense donnée, la combinaison optimale des facteurs est atteinte quand le TMST
est égal au rapport des prix des facteurs.

4. Comparaison entre l’isoquant et la courbe d’indifférence du consommateur

a) Les points de ressemblance

Il y a plusieurs points de ressemblance entre l’isoquant et la courbe d’indifférence du


consommateur :

- Les deux courbes sont négativement inclinées, convexes par rapport à l’origine des
axes et ne peuvent jamais se croiser ;
- Dans les deux cas, l’équilibre est réalisé au point de tangence entre la courbe
d’indifférence et la droite du budget ; le déplacement de la droite du budget entraînant
par la même occasion le déplacement du point d’équilibre ;
- Les variations des prix donnent lieu, dans chaque cas, à deux effets : l’effet de
substitution et l’effet revenu pour le consommateur ; et l’effet de substitution et l’effet
de production pour le producteur ;
- Lorsqu’on se déplace sur la carte d’indifférence du consommateur (ou du producteur),
en partant de l’origine des axes, on accède à des courbes d’indifférence représentent
des niveaux de consommation (ou de production) de plus en plus élevés.

b) Les points de divergence


Les différents points de démarcation entre les deux courbes sont les suivants :

- La courbe d’indifférence du consommateur indique une analyse ordinale du niveau


d’utilité (l’utilité est un concept non mesurable) ; tandis que l’isoquant indique une
analyse cardinale du niveau de production (la production est un concept mesurable :
ex. la production est de 100 tonnes).
- Dans le cas de la consommation, le point de tangence entre la droite du budget et la
courbe d’indifférence représente l’équilibre final du consommateur en ce sens que
c’est à ce point que l’utilité est maximisée : ce qui correspond à son objectif final ;
tandis que dans le cas de la production, le point de tangence entre isoquant et l’isocoût
ne représente pas l’équilibre final du producteur, car son équilibre final, c’est la
maximisation du profit (et non de la production).
- Si l’on peut déduire une fonction de demande pour un bien à partir de différents points
d’équilibre résultat des variations continues des prix de l’un des biens, il n’en est pour
rien de ce qui est de la demande pour un facteur de production, car celle-ci est fonction
de l’objectif essentiel de l’entreprise qui est la maximisation du profit.
46

5. Les fonctions de coût

Nous venons de dire que le point de tangence entre isoquant et l’isocoût ne représente pas
l’équilibre final du producteur, son objectif est de maximiser le profit plutôt que la
production.

C’est ainsi que, le raisonnement consiste à analyser directement les recettes et les coûts
exprimés comme des fonctions de la production. En d’autres termes, les prix des facteurs de
production et des produits sont introduits dans l’analyse en considérant que le problème de
combinaison optimale des facteurs résolu ; d’où le problème revient à déterminer le niveau de
production qui permet de maximiser le profit.

La fonction de coût total donne le coût minimum que le producteur doit supporter pour
réaliser chaque volume de production.

A partir de cette fonction, on définit différentes catégories de coûts.

5.1. Définitions de coûts

Le coût total (CT) est l’ensemble de dépenses effectuées par le producteur pour acquérir et
combiner les facteurs de production afin de réaliser une production donnée.

Les coûts totaux englobent les coûts explicites et les coûts implicites.
Les coûts explicites sont ceux qui donnent effectivement lieu à un paiement, c’est-à-dire que
le coût explicite d’un facteur est le montant payé au moment de l’achat de ce facteur ; il
implique une sortie de fonds. Tandis que les coûts implicites sont ceux qui existent sans
donner lieu à un paiement, ce sont les coûts alternatifs des ressources propres à l’entreprise.

Les coûts totaux se subdivisent en coût fixe et en coût variable. Ainsi la formule du coût total
sera :

Les coûts fixes (CF) sont des dépenses liées aux facteurs considérés comme fixes dans
l’entreprise. Exemple : les frais d’assurance, les frais de surveillance de des installations de
l’entreprise, les loyers, les intérêts bancaire, etc.

Les coûts variables (CV) sont des dépenses liées aux facteurs variables, c’est-à-dire que ce
sont de dépenses liées au volume de production. Exemple : la rémunération des ouvriers, les
dépenses liées matières premières, etc.

Le coût moyen (CM) est la mesure de coût total par nombre d’unités du bien produit. Ce coût
peut être décomposé en coût fixe moyen (CFM) et coût variable moyen (CVM). En d’autres
termes, c’est le quotient du coût total par la quantité produite. On a donc :
47

avec et

Le coût marginal (Cm) est l’accroissement de coût total engendré par un accroissement
supplémentaire de la production. C’est le coût engendré par la dernière unité produite.

Exemple : Soit la fonction de coût total CT d’une entreprise en concurrence pure et parfaite
est donnée par : . Trouver les fonctions de coût
variable, de coût fixe, de coût moyen, de coût marginal, de coût variable moyen et
de coût fixe moyen.

Solution : la fonction donnée ci-dessus correspond au coût total. Ainsi :


- Le coût variable correspond au montant encouru par le producteur pour acquérir les
facteurs qui varient avec le volume de la production. Ce qui implique que :
.
- Le coût fixe est le montant encouru par le producteur quel que soit le niveau de la
production. Si ; ce qui correspond au CF.
- Le coût moyen est le coût par unité produite. Ainsi :
⁄ .
- Le coût marginal correspond à une variation « infinitésimale » du coût total engendrée
par la production d’une unité supplémentaire de l’output. Ce qui implique que :
.

- Le coût variable moyen est le coût variable par unité produite.


.

- Le coût fixe moyen est le coût fixe par unité produite. ⁄ .

5.2. Formes des courbes et relations entre les courbes de coûts

Nous savons que les coûts fixes ne varient pas avec le volume de la production,
graphiquement on peut les représenter par une droite parfaitement horizontale.

Par contre, les coûts variables tirent leur forme de la courbe de production totale. En effet, si
on multiplie la quantité du facteur variable par le prix, on obtient le coût total d’acquisition de
ce facteur variable. Le coût apparait comme une fonction implicite de la production. En
inversant les axes du graphique de la production totale, on obtient la courbe des coûts
variables totaux.
48

Les coûts totaux sont la somme des coûts variables et des coûts fixes. Mais sa courbe à la
même forme que celle des coûts variables à partir du niveau des coûts fixes.

Le coût moyen est mesuré par la pente de la sécante qui relie l’origine des axes à un point
donné de la courbe de coûts totaux.

Le coût marginal est mesuré par la pente de la tangente menée à un point donné de la courbe
de coûts totaux.

avec = pente de CM =

Si
Si
Si

Les relations entre les différentes courbes de coûts peuvent être résumées comme suit :

1° La courbe de Cm commence au même point que celle de CVM. Elle descend plus vite que
celles de CVM et de CM et atteint son point minimum (A’) plus tôt que les deux autres
courbes ; et à sa phase ascendante, elle coupe chacune de ces deux courbes à leur point
minimum (B’ et C’).

2° Au fur et à mesure que la production s’accroît, l’inclinaison de la courbe de CT devient de


plus en plus faible et passe par un point d’inflexion au-delà duquel elle croit à nouveau. Le
point d’inflexion, ou l’inclinaison est la plus faible, est celui où la courbe de CT change de
concavité. A ce point, la courbe de Cm atteint son minimum.

3° L’inclinaison la plus faible que l’on puisse rencontrer lorsqu’on relie les points de la
courbe de CV à l’origine des axes correspond au point où la courbe de CVM atteint son
minimum (B’). Il en est de même du minimum de la courbe de CM (C’) qui correspond à
l’inclinaison la plus faible que l’on puisse rencontrer lorsqu’on relie les points de la courbe
de CT à l’origine des axes.
Et, c’est à ces différents points respectifs que la courbe de Cm coupe celles de CVM et de
CM en leur minimum.

4° La courbe de CM est d’abord descendante, ensuite elle atteint un point minimum ; et enfin,
elle devient descendante. C’est une courbe en forme de U. la courbe de CVM ressemble à
celle de CM ; mais, elle se situe en tout point en dessous de la courbe de CM ; la différence
entre les deux courbes étant constituée de coût fixe moyen. Il en est de même de la courbe
de CVT qui est identique à celle de CT ; la différence étant constituée par les coûts fixes.

5°Quant au CFM, cette courbe est descendante et asymptotique à l’axe des abscisses,
traduisant le fait que le CFM diminue toujours avec l’augmentation de la production sans
jamais être nul.
49

La courbe de Cm coupe la courbe de coût variable moyen à son point minimum (B’) appelé
seuil de fermeture. C’est le point où le prix et la quantité permet à l’entreprise de couvrir
seulement le coût fixe. L’entreprise est indifférente entre continuer à produire et cesser toute
production. C’est ainsi que la courbe d’offre du producteur peut aussi commencer au niveau
du seuil de fermeture, si l’entreprise cherche à préserver sa clientèle.
Le point où la courbe de Cm coupe la courbe de CM (C’) est le seuil de rentabilité. A ce
point, l’entreprise couvre tous les coûts (fixes et variables). C’est le point au-dessus duquel
l’entreprise commence à réaliser le profit.
Le point où la courbe de Cm coupe la courbe de CVM (B’) est le seuil de fermeture. A ce
point, l’entreprise couvre seulement les coûts fixes. C’est le point deçà duquel l’entreprise
doit fermer ses usines ; parce que dans ce cas la perte subie en produisant sera supérieure à la
perte subie en ne produisant pas.
Ainsi, la courbe d’offre d’entreprise se confond avec la courbe du coût marginal à partir du
seuil de fermeture.
Graphique 2.9. : Les courbes de coûts
Coûts

Cm
CVM
CM
50

5.3. Dérivation de la courbe d’offre

Partant des relations ci-dessus, la courbe d’offre du producteur se confond avec la partie
croissante de la courbe de Cm à partir du point minimum de la courbe de CVM. Il s’agit de la
courbe d’offre individuelle. En faisant la sommation des courbes d’offre pour tous les
producteurs, on obtient la courbe d’offre du marché.

La courbe de l’offre est une courbe croissante, les quantités offertes évoluant en raison directe
du prix. D’où, la loi de l’offre stipule que : « toutes choses égales par ailleurs, les quantités
offertes d’un bien sont une fonction croissante du prix de ce bien ».

Si le prix d’un bien augmente, les quantités offertes de ce bien augmente aussi et si le prix
diminue, ces quantités diminuent de même.

L’expression « toutes choses par ailleurs » signifie qu’il n’y a pas de variations au niveau des
autres facteurs pouvant exercer une certaine influence sur la quantité offerte. C’est le cas du
prix des biens apparentés, des conditions climatiques (ex. les intempéries), des coûts de
production, …

La courbe se déplace à droite suite à une augmentation de l’offre et à gauche suite à une
diminution de l’offre.

Il existe des biens dont la baisse de prix peut conduire à l’augmentation des quantités offertes
en vue de maintenir constant le niveau de recette, car si le producteur avait baissé les quantités
offertes, il aurait enregistré une baisse de recette (c’est le cas dans le secteur agricole), l’offre
de ce bien est dite perverse et constitue une exception à la loi de l’offre.

La sensibilité des quantités offertes d’un bien par rapport au prix est mesurée au moyen de
l’élasticité-prix de l’offre. Elle est le rapport entre la variation relative des quantités offertes et
la variation relative de leur prix.

L’élasticité de l’offre est toujours positive, le prix et les quantités évoluant toujours dans le
même sens ; en vertu de la loi de l’offre.

C’est ainsi que l’élasticité de l’offre sera :

- élastique, si ,
- inélastique, si ,
- à élasticité unitaire, si
- parfaitement inélastique (ou rigide) si,
- parfaitement élastique si
51

Graphique 2.10. : La forme de droite de l’offre par rapport aux élasticités

Les facteurs qui peuvent déterminer l’élasticité de l’offre sont les suivants :

- La nature du bien considéré. Un bien qui peut être conservé facilement, aura une offre
plus élastique qu’un bien qui ne peut pas être conservé facilement.
- Les biens qui peuvent être produits et mis facilement au marché, leur offre tendra à
être plus élasticité que celle de bien difficile à produire et à mettre facilement sur le
marché.

5.4. Les courbes de coûts de longue période

La caractéristique de la longue période est que tous les facteurs de production deviennent
variables, tous les facteurs fixes tels que les bâtiments, les équipements sont agrandis.
Les fonctions de productions et de coûts sont déterminées de façon unique en cours de période
et dépendent de l’importance de l’équipement dont dispose l’entreprise.

En longue période, l’entreprise est libre de choisir entre plusieurs fonctions de production et
plusieurs fonctions de coût lesquelles dépendront de différentes tailles ou dimensions qu’elle
peut adopter.

Considérons la taille de l’entreprise indiquée par k, les facteurs de production capital K et


travail L. Les tailles des différents équipements permettant d’accroître la capacité de
production sont désignées en ordre de croissance par ko, k1 et k2. Les différentes fonctions de
production et des coûts de production correspondants peuvent s’écrire comme suit :

Le coût fixe représenté par est une fonction croissante de la taille de l’équipement
( .
52

La fonction de coût total de longue période indique à l’entrepreneur le coût de production


minimum qu’il doit supporter pour obtenir chaque volume de production lorsqu’il a la
possibilité de modifier sa capacité de production installée. En d’autres termes, la fonction de
coût total de longue période indique le moindre coût d’obtenir un output donné à des
différents niveaux de production.

Apres l’adoption d’une dimension donnée par l’entreprise, la combinaison de facteurs de


production n’est plus optimale parce que l’entreprise s’adapte aux conditions de marché en
modifiant uniquement les facteurs variables. L’entreprise choisit la combinaison des facteurs
de production, la meilleure possible et adapte aux conditions du marché survenu après
l’installation de l’usine.

Le coût de production serait supérieur à celui qui aurait pu exister en long terme si toutes les
conditions du marché avaient été prévues.

La courbe de coût total en long terme est l’enveloppe de courbes de coûts totaux à court
terme. Cette courbe commence à l’origine des axes parce que tous les facteurs étant variables,
les coûts y afférents les sont aussi.

A chaque dimension de l’entreprise correspond une courbe de court terme. Chaque niveau de
production peut être atteint avec différentes tailles de l’entreprise, lesquelles correspondent à
différents niveaux des coûts.

Considérons alors un entrepreneur qui envisage une produire q0, il constate que son coût total
sera égal à C0 s’il choisit la dimension k0. De même, s’il veut produire une quantité q1, il
choisira le niveau k1 et s’il veut produire q2, il choisira k2.
Graphique 2.11. : La courbe de longue période CLP
Coûts

q
53

En joignant les points minimum P0, P1 et P2 par une courbe issue de l’origine des axes, on
obtient la courbe de coût de longue période. Elle est l’enveloppe des courbes de coût total de
courte période et constitue l’expression graphique de la fonction de coût total de longue
période.

En partant du point q0 vers q2, on part d’un point où le coût total de courte période et de
longue période sont égaux vers un point où le coût de courte période est supérieur au coût de
longue période. Par conséquent, l’accroissement imputable à l’unité supplémentaire qui
rapproche q0 et q3 sera supérieur en courte période qu’à longue période. En d’autres termes, le
coût marginal de court terme est supérieur au coût marginal de long terme.
54

Chapitre 3 : Le marché et la détermination de l’équilibre

La théorie du consommateur et du producteur nous ont permis de disposer respectivement


d’une fonction de demande et d’une fonction d’offre.

Le fonctionnement du marché permet maintenant d’indiquer comment la confrontation des


décisions de consommation (achat) et de production (vente) détermine le prix d’échange (prix
d’équilibre).

Le marché d’un bien est le lieu de rencontre, en instant donné, de la volonté des
consommateurs, exprimée par leur demande et des désirs des producteurs, exprimés par leur
offre. Cette confrontation est censée aboutir à la formation d’un prix et à la détermination des
quantités échangées d’un bien déterminé.

La demande du marché (D) est constituée de toutes les demandes individuelles. Ces dernières
sont dérivées, comme vue ci-haut, à partir de la courbe de prix-consommation.

L’offre du marché ou l’offre globale d’un bien (O) est constituée par la somme des offres
individuelles. Ces dernières se confondent avec la partie ascendante des courbes de coûts
marginaux à partir du seuil de fermeture.

1. L’équilibre du marché en régime de concurrence pure et parfaite

On a vu que la production a pour cadre d’analyse le régime hypothétique de libre


concurrence. Ce régime est basé sur un certain nombre d’hypothèse qui caractérise ce marché.

1.1. Les conditions pour l’existence d’une concurrence parfaite

1° L’atomicité du marché : il existe un grand nombre de producteurs et de consommateurs, de


taille comparable ; il n’y a entre eux aucune entente préalable et aucun ne peut avoir une
action suffisamment déterminante sur le marché que pour faire varier les prix ;
2° L’homogénéité du produit : les biens offerts sont absolument fongibles, c’est-à-dire que les
produits offerts ne sont pas hétérogènes ou différenciés (tous les produits sont identiques)
;
3° La libre entrée (ou sortie) sur le marché : aucune barrière ne vient entraver l’entrée de
nouveaux producteurs sur le marché. A l’inverse, tout producteur peut à tout moment
sortir librement du marché.
4° La transparence du marché : tous les participants (acheteurs et vendeurs) ont à tout
moment une connaissance parfaite des quantités offertes et des prix ;
5° La fluidité du marché : les acheteurs choisissent librement leurs fournisseurs et décident
en toute liberté d’acheter ou de ne pas acheter. Les fournisseurs décident tout aussi
librement de produire ou de ne pas produire.
55

Notons que la concurrence pure et parfaite est une hypothèse de travail, et non un postulat
conforme à la réalité. En effet, le phénomène économique de production et de consommation
se manifeste de plus en plus en régime de concurrence imparfaite (concurrence
monopolistique, monopole, monopsone, duopole,).

1.2. L’équilibre du marché en concurrence pure et parfaite

Lorsque les conditions de concurrence parfaite sont réunies, aucun vendeur ni aucun acheteur
individuellement considéré n’est en mesure d’exercer une influence sur le prix du marché ; le
prix est la variable à déterminer et ne peut donc résulter que de l’action conjointe de tous les
vendeurs et de tous les acheteurs. Ici, le producteur est « Price taker », pour ainsi dire qu’il
considère comme tel le prix du marché.

Or, l’objectif du producteur est la maximisation du profit. Le profit ( ) est l’excédent des
recettes ( sur les coûts ( ).

1.2.1. Recettes totales, moyennes et marginales

En régime de CPP, comme le prix résulte de la confrontation de l’offre totale et de la


demande totale du produit, il est imposé par le marché (c’est une donnée du marché).

La recette totale est la quantité vendue au prix du marché. D’où la recette totale est une
fonction croissante de la quantité produite et vendue.

C’est ainsi que la recette moyenne (RM) est le rapport entre la recette totale et la quantité
produite et vendue. La recette marginale (Rm) est l’accroissement de la recette totale attribué
à la vente d’une unité additionnelle produite et vendue.

Nous constatons que les recettes moyenne et marginale sont égales au prix du produit au
marché. Ce qui nous fait dire qu’en concurrence parfaire RM=Rm=P.
56

Graphiquement les trois courbes de recette se présentent comme suit :

Graphique 3.1. : Courbes des recettes totale, moyenne et marginale en CPP

RT RT
RM
Rm
P

RM=Rm=P

1.2.2. L’équilibre du marché à court terme

L’équilibre du marché est réalisé, dans le cas de concurrence, si la quantité demandée d’un
bien est égale à la quantité offerte de ce bien. Cette condition détermine à la fois le prix
d’équilibre (Pe) et la quantité échangée (Qe).

Exemple :
soient
En équilibre
̅ ̅
Graphique 3.2 : Equilibre du marché à court terme
P

5 demande
offre

Q
0 6 10
En effet, si le prix actuel était plus élevé (soit P=3) que le prix d’équilibre, pour lequel la
demande globale et l’offre globale sont égales, la quantité demandée (Qd=4) serait alors
inférieure à la quantité offerte (Qs=9). Quelques-uns des vendeurs ne pourraient pas vendre
leurs produits au prix pratiqué, mais ils seraient disposés à vendre à un prix inférieur plutôt
que de ne rien vendre du tout. La concurrence entre les vendeurs va ainsi réduire le prix
jusqu’à ce qu’il s’établisse au niveau pour lequel la demande globale est égale à l’offre
globale.

De même, lorsque le prix actuel est plus faible (soit P=1) que le prix d’équilibre, la quantité
demandée (Qd=8) va être supérieure à la quantité offerte (Qs=3). Ceci signifie que quelques-
57

uns des acheteurs ne pourront pas satisfaire leurs demandes pour le prix pratiqué. Par
conséquent, ils accepteront de payer un prix plus élevé plutôt que de renoncer à satisfaire leur
demande. La concurrence entre les acheteurs va faire hausser le prix jusqu’au prix d’équilibre,
pour lequel la demande globale est égale à l’offre globale.

Il ressort de tout ce qui précède que le prix d’équilibre est unique. Tous les acheteurs qui
voulaient acheter à ce prix sont satisfaits ; et tous les vendeurs peuvent vendre les quantités
qu’ils souhaitaient vendre à ce prix.

1.2.3. Déplacement de l’équilibre du marché

Les courbes d’offre et de demande globales ont été tracées en fonction de la variation d’un
seul facteur : le prix ; les autres facteurs étant supposés constants.

Lorsque le prix d’un bien change, toutes choses étales par ailleurs, cela se traduit par un
déplacement de long de la courbe de la demande ou de l’offre. Cette sensibilité de la demande
ou de l’offre aux variations des prix est mesurée à travers la notion d’élasticité vue ci-haut.

Dans ce point, nous étudierons les effets sur l’équilibre du marché d’une variation de l’offre
et/ou de la demande par suite d’une modification d’autres facteurs que les prix (revenus, les
prix des biens apparentés, les goûts des consommateurs, les conditions climatiques, etc).

a) Variation de la demande

Si les revenus des familles (appelées ménages) augmentent, chacune d’elles désirerait
d’avantage des biens. Dans ce cas, pour chaque prix inchangé, la quantité q d’un bien
demandé sera plus considérable. Par conséquent, la courbe de demande (DD) se déplacera
vers la droite en D’D’. Il en résulte aussi un déplacement du point d’équilibre le long de la
courbe d’offre, de E à E’. En cas de réduction des revenus des ménages, c’est l’action
contraire qui se produira (déplacement vers la gauche de DD à D’’D’’).

Lorsqu’il s’agit des biens apparentés, la courbe de la demande se déplace vers la droite en cas
d’augmentation des prix des biens substituables et elle se déplace vers la gauche en cas de
diminution des prix des biens substituables. Pour les biens complémentaires, c’est le contraire
qui se produit.

En définitive, on peut retenir que toute augmentation de la demande est représentée


graphiquement par un déplacement de la courbe de la demande vers la droite ; et toute
diminution de la demande se traduit par un déplacement de la courbe de la demande vers la
gauche. Graphique3.3. : Déplacement de l’équilibre suite à une variation de la demande
D’

P
D

D’’

Pe

D’

D’’
q
qe
58

Une augmentation de la demande signifie, de la part des acheteurs, une volonté d’acheter
davantage au même prix ou d’acheter autant qu’auparavant à un prix supérieur.

b) Variation de l’offre

Les coûts de production, les conditions climatiques (ex : les intempéries) ont pour effet de
déplacer le point d’équilibre, toutes choses égales par ailleurs (c’est-à-dire, la demande ne
change pas, les prix restent inchangés, …).

L’augmentation des coûts de production (ex : imposition d’une taxe spécifique par unité
vendue) a comme effet de déplacer la courbe d’offre vers la gauche (de OO à O’O’). Il en
résulte aussi un déplacement du point d’équilibre le long de la courbe de demande, de E à E’.
En cas de réduction des coûts de production (ex : institution d’une subvention par l’Etat),
c’est l’action contraire qui se produira (déplacement vers la droite, de OO à O’’O’’).
Graphique 3.4 : Déplacement de l’équilibre suite à une variation de l’offre

P O’
O

O’’

Pe

O’
D
O

O’’
q
qe

En définitive, on peut retenir que toute augmentation de l’offre se représente graphiquement


par un déplacement de la courbe de l’offre vers la droite et toute diminution de l’offre se
traduit par un déplacement de la courbe de l’offre vers la gauche.

Une augmentation de l’offre implique, dans le chef des producteurs, le désir d’offrir
davantage au même prix ou d’offrir une même quantité à un prix inférieur.

c) Variation conjointe de l’offre et de la demande

Une augmentation ou une diminution de la demande accompagnée d’une augmentation ou


d’une diminution identique de l’offre n’influence nullement le niveau de prix.
Graphique 3.5. : Variation identique de l’offre et de la demande
D’
P O
D

O’

Pe
D’

D
O

O’
q
qe
59

Une variation conjointe de l’offre et de la demande n’a de répercussion sur le prix que si :

- Ou bien les variations vont en sens contraire (I) ;


- Ou bien, étant de même nature, elles ne sont pas du même ordre d’importance (II).

Graphique 3.6. : Déplacement de l’équilibre suite à une variation conjointe de l’offre et de la demande

D’
P O P O
D I D II
O’ O’
D’

Pe Pe

P’e
P’e
D
O O D
D’
O’ O’
q q
qe qe q'e

La figure I montre comment une augmentation de l’offre accompagnée d’une diminution de la


demande provoque une diminution de prix. Par contre, la figure II montre comment une
augmentation de l’offre accompagnée d’une augmentation moins que proportionnelle de la
demande provoque une diminution de prix.

1.2.4. Maximisation du profit à court terme

En régime de concurrence parfaite, nous savons que l’entrepreneur n’est pas en mesure
d’exercer une influence sur le prix de vente de son produit et sur les prix d’achat des facteurs
de production.

Ce qui implique que les recettes et les coûts de l’entreprise sont fonction de la production.

avec
]

La condition de premier ordre d’un maximum de profit consiste à l’annulation de la dérivée


première du profit par rapport à la quantité. On a :

Cette égalité signifie que, l’entrepreneur qui cherche à maximiser son profit doit produire une
quantité de bien telle que le coût marginal correspondant soit égal au prix de vente de ce bien
ou à la recette marginale.
60

La condition du second ordre d’un maximum de profit exige que la dérivée seconde soit
négative :

Ce qui signifie que le Cm correspond au volume de production qui maximise le profit doit
être croissant.

Graphiquement, l’équilibre est représenté comme suit :


Graphique 3.7 : Maximisation de profit en CPP
CM
Cm D Cm CM
A RM=Rm=P

B
C

q
0 q1
L’entrepreneur maximise son profit au point D, car à ce point il y a d’une part rencontre entre
les courbes de Cm et de Rm (condition du premier ordre Cm=Rm=RM=P), et d’autre part, à
ce point, la courbe de Cm est dans sa phase ascendante.

En dehors du point D, si l’entrepreneur produit et vend une quantité inférieure à q1, l’unité
supplémentaire occasionne un manque à gagner ; si par contre, l’entrepreneur produit et vend
une quantité supérieure à q1, il va subir une perte.

Ce profit maximum peut être visualisé par le graphique ci-après :


61

Exemple : La fonction de demande d’une firme est donnée par : . Si la


fonction de coût moyen est donnée par : ⁄ , trouver le
niveau de la production qui :
a) Maximise la recette totale ;
b) Minimise le coût marginal ;
c) Maximise le profit.
Solution :

a) Si la fonction de demande est ; alors


Or
Pour maximiser RT, on doit annuler la dérivée première et chercher à voir si la dérivée
seconde est inférieure à zéro.

CPO :

C2O :

D’où Q=45 maximise la recette totale

b) Si la fonction de coût moyen est ⁄ ;


or

et,

Pour minimiser Cm, on a :

CPO : ⁄

C2O :

D’où, ⁄ minimise le coût marginal.

c) La fonction de profit est donnée par

Pour maximiser le profit, on a :

CPO :
C2O :
 Pour Q=1, on a minimise le profit
 Pour Q=4, on a maximise le profit

Le profit total maximum est donc :


62

1.2.5. L’équilibre du marché à long terme

A court terme, l’offre des produits ne peut augmenter que jusqu’à la limite fixée par la
capacité de production des entreprises ; puisque cette capacité de production constitue une
donnée. A long terme, cette capacité de production peut varier. Un prix est fourni par
l’intersection de la courbe d’offre de longue période des entreprises existantes et de la courbe
de demande.

Ce prix doit bien entendu être suffisant pour couvrir les coûts de production des entreprises,
faute de quoi certaines d’entre elles disparaîtraient. L’offre deviendrait insuffisante et le prix
monterait.

Par contre, si le prix du marché permet à toutes les entreprises existantes de réaliser des
profits et comme en concurrence parfaite rien ne s’oppose à l’apparition de nouvelles
entreprises, à long terme le profit va disparaître. En effet, l’entrée de nouvelles entreprises
aura pour conséquence l’augmentation de l’offre de biens sur le marché ce qui entrainera une
baisse du prix.

Par ailleurs, les nouvelles entreprises vont aussi demander des facteurs de production,
l’augmentation de la demande des facteurs de production va contribuer à augmenter le coût de
production.

La conjugaison de ces deux paramètres finira par faire disparaître le profit et l’équilibre du
marché est réalisé lorsque dans chaque entreprise le profit est nul.

En d’autres termes, l’équilibre du marché à long terme implique que l’offre et la demande
soient égales et que les profits soient nuls. Les forces de la concurrence déterminent non
seulement le prix du produit et la quantité échangée, mais le nombre des entreprises dans la
branche de la production.

2. L’équilibre du marché en régime de concurrence imparfaite

En régime de concurrence pure et parfaite aucun agent (acheteur et le vendeur) pris


individuellement ne peut modifier le niveau de prix du produit ou des facteurs de production.
Une telle situation implique une indépendance absolue des décisions de tous les agents, or
l’Indépendance suppose l’hypothèse de l’atomicité et de fluidité de l’offre et de la demande.
En réalité, cette indépendance n’existe pas.

Dans cette section, nous présentons les conséquences des violations de ces hypothèses. Les
violations portées à chacune des hypothèses mettent le marché en régime de concurrence
imparfaite, constitué de plusieurs cas selon que la violation porte sur l’hypothèse d’atomicité
(du côté de l’offre et de la demande, cela engendre le monopole bilatéral ; du côté de l’offre,
elle donne naissance aux régimes de monopole, de duopole et d’oligopole ; du côté de la
demande, cela donne naissance aux régimes de monopsone, d’oligopsone, …) ou sur
63

l’hypothèse de fluidité, c’est-à-dire lorsque la connaissance des conditions du marché n’est


pas parfaite ou lorsque le produit est différencié, il y a violation de l’hypothèse
d’homogénéité.

Il peut y avoir une violation conjuguée des hypothèses d’atomicité et d’homogénéité, c’est le
cas de monopole discriminant. Il peut aussi y avoir différenciation de produit avec le maintien
de l’hypothèse de l’atomicité, c’est le cas de la concurrence monopolistique.

2.1. L’équilibre du marché en régime de monopole

2.1.1. Définition

Le monopole est un régime caractérisé par l’existence d’une seule entreprise qui fabrique un
produit absolument différent de tout autre produit, c’est-à-dire un produit pour lequel il n’y a
pas de substitut.

En régime de monopole, le monopoleur forme à lui seul l’industrie. L’offre de la firme (du
monopoleur) correspond à l’offre du marché. Car aucune autre entreprise n’a la possibilité de
pénétrer sur le marché du produit considéré.

Cette situation place le monopoleur dans une position de force à l’égard des acheteurs puisque
son offre d’entrepreneur est en même temps l’offre du marché.

Par contre, le monopsone est une situation du marché dans laquelle un seul demandeur fait
face à un grand nombre d’offreur.

D’où, le monopoleur est libre de fixer le prix en fonction des quantités qu’il décide de
produire et de vendre en vue de maximiser le profit. Par contre, il n’est pas maître des
quantités qui seront achetées à ce prix ; ces quantités demandées dépendent des dispositions
des acheteurs qui sont matérialisées par leur courbe de demande. Or, la demande est une
fonction décroissante du prix, si le monopoleur fixe un prix élevé, les quantités demandées
seront moins importantes.

C’est ainsi que le monopoleur, pour maximiser le profit, aura donc le choix entre une
politique de prix et une politique de quantités.

- Si le monopoleur décide du prix, il vendra la quantité que les acheteurs sont disposés à
acheter à ce prix ;
- S’il décide de la quantité, il vendra au prix que les acheteurs sont disposés à faire
acquisition de cette quantité proposée.
64

Graphique 3.8 : Politique du monopoleur

- S’il décide du prix P1, le monopoleur ne pourra vendre que


la quantité q1 ;
- S’il décide de la quantité q2, le monopoleur ne pourra
vendre qu’au prix P2.

2.1.2. Recette totale, recette moyenne et recette marginale

La recette totale est égale au produit de la quantité vendue par le prix. Etant donné que les
quantités d’un bien que le monopoleur peut écouler à un certain prix sont limitées, il doit
baisser son prix pour écouler les quantités plus importantes. La courbe de demande sera donc
décroissante.

C’est-à-dire que la demande est une fonction inverse du prix [q=f(P)], mais dans l’étude de
recette, la quantité devient la variable explicative du prix [P=f(q)].

La courbe de demande représente également la recette moyenne du monopoleur. Si la


fonction de demande est linéaire, la recette moyenne :

Avec : b : la pente de la courbe de demande


A : l’ordonnée à l’origine

La recette totale est nulle, si la quantité achetée et vendue est nulle ou si le prix est nul. La
courbe de recette totale a donc une ordonnée nulle, elle est maximisée lorsque ⁄ et
⁄ .

La recette marginale est la dérivée de la recette totale par rapport à la quantité produite et
vendue.

La courbe de recette marginale est décroissante et possède une pente deux fois plus rapide que
celle de la recette moyenne, mais les deux courbes ont la même ordonnée à l’origine. En
d’autres termes, la recette marginale sera toujours inférieure au prix de vente (RM) ; et la
pente de Rm est la moitié de celle de RM.
65

Graphiquement, les courbes se présentent comme suit :


Graphique 3.9 : Les courbes des recettes du monopoleur

Il existe une relation entre la recette marginale du monopoleur et l’élasticité de la demande de


son produit qui se présente de la manière suivante :

Or

La recette marginale est alors : , avec .


Ainsi, la recette marginale est égale au produit du prix par la somme de l’unité et de l’inverse
de l’élasticité de la demande. Comme , la relation montre que la recette marginale est
positive si la valeur absolue de l’élasticité est supérieur à l’unité. La Rm est nulle, si la valeur
absolue de l’élasticité est nulle et négative si cette valeur est inférieure à l’unité.

2.1.3. Equilibre du marché à court terme

Le marché se trouvera en équilibre lorsque le profit du monopoleur est maximisé. C’est-à-dire


que le monopoleur opte pour une politique de prix ou une politique de quantité, il s’arrangera
toujours à maximiser son profit.

Comme en concurrence parfaite, cet équilibre est réalisé lorsque la recette marginale est égale
au coût marginal dans la partie ascendante de la courbe du Cm.
Graphique 3.10 : Equilibre du marché à court terme du monopoleur

E
66

A la différence du marché concurrentiel (où Rm=RM=P), la recette moyenne (RM), dans le


régime du monopole, ne se confond plus à la recette marginale (Rm).

Graphiquement, le monopoleur est en équilibre lorsqu’il produit la quantité OE. Pour cette
quantité produite, le prix de vente est OB (RM) et le coût moyen de production est OA (CM).
Le profit du monopoleur est donc égal à ABCD.

Ce profit maximum peut être visualisé par le graphique ci-dessus :

Exemple : La fonction de la demande pour un bien particulier et donnée par : et


le coût moyen du monopoleur est : . Si une taxe t par unité vendue est
imposée au monopoleur, déterminer le profit total maximum et la valeur de t pour
laquelle le revenu total résultant de cette taxe est maximisé.

Solution :
et

et
Si une taxe de t est imposée à chaque unité vendue, alors le revenu total perçu par l’Etat est :
(ce qui correspond à un élément de coût pour le monopoleur).

Le coût total après taxation est donc :

Le profit total est :


67

CPO :
C2O :

D’où, la quantité maximise le profit.


Le profit total maximum est :

Le revenu total résultant de cette taxe est :

CPO :

C2O : ; d’où maximum au point

Ainsi, maximise le revenu total perçu par le gouvernement.

En instituant une taxe de par unité vendue, le profit total maximum attendu par le
monopoleur sera :

Et le revenu maximum perçu par le gouvernement est :

2.2. Le monopole bilatéral

Le monopole bilatéral est un marché caractérisé par la présence d’un seul acheteur face à un
seul vendeur. Cette situation concerne aussi le marché où une seule entreprise achète un
produit à plusieurs producteurs et le revend à plusieurs consommateurs.
Le prix d’achat est déterminé par la courbe d’offre, qui constitue la courbe de coût moyen de
l’entreprise.

Le profit est maximisé à la rencontre de la courbe de Cm et la RM, qui permet la


détermination du prix d’achat et de vente du produit.
Pour le cas où l’entreprise est seul acheteur et seul vendeur, son prix d’achat sera le plus bas
possible et son prix de vente le plus élevé possible.

Exemple : Soient une fonction de demande et une fonction de coût total du monopoleur
suivantes : et . Déterminer le profit total maximum et le
démontrer graphiquement.
68

 Le profit est maximisé lorsque la Rm=Cm. On a :

est la quantité qui maximise le


profit.
Le profit maximum est de 4.
 Graphiquement, on chechera à tracer les courbes de CM, Cm, RM et Rm.
Si q=1, CM=3, Cm=4, RM=7 et Rm=4
Si q=0, CM=2, Cm=2, RM=10 et Rm=10

Nous constatons d’une part que la les courbes de CM et de Cm sont croissantes, ont une
même ordonnée à l’origine, mais la pente de la Cm est deux fois plus raide que celle de
CM, et d’autre part, que la Rm est inférieure à la RM mais ont une même ordonnée à
l’origine.

C
B

E
=

Le point d’intersection S de la courbe de Cm et de Rm correspond à la quantité produite et


vendue égale à 1 qui maximise le profit du monopoleur au prix de 7 francs (0B=EC=7francs).
Le profit du monopoleur est de 4 francs (la surface ABCD).

2.3. Le duopole et l’oligopole

Le régime de duopole est une situation, où l’offre d’un produit, sur le marché est assurée par
deux vendeurs à plusieurs acheteurs

Par ailleurs, l’oligopole est une situation de marché composé d’un nombre de vendeurs
suffisamment faible ayant un produit homogène et légèrement différencié face à plusieurs
acheteurs. Par contre, l’oligopsone est une situation du marché où un petit nombre de
demandeur se trouve en face d’un grand nombre d’offreurs.
69

Ces deux régimes se caractérisent par trois éléments ci-après :

- Les barrières (financière, technologique, matérielle, réglementaire, etc) à l’entrée du


marché sont considérables et limitent le nombre des vendeurs ;
- Etant donné que le produit est légèrement différencié, chaque entreprise tient compte
de sa demande et de ses coûts de production ;
- Le prix sera fixé de commun accord. Si en effet, l’un des vendeurs baisse son prix
dans le but d’attirer la clientèle de ses concurrents, la réaction des autres ne seront
qu’une baisse de même ordre pour conserver la clientèle et tous seront dans une
situation moins favorable qu’auparavant.

Dans ces deux régimes, la politique adoptée par chacun des vendeurs exerce une influence sur
le marché, c’est-à-dire le prix et le profit des autres vendeurs. D’où, chaque vendeur doit tenir
compte de la réaction des acheteurs (la courbe de demande) et de la réaction imprévisible de
ses concurrents.

En outre, lorsque les vendeurs mettent sur le marché un produit homogène, l’adoption d’une
politique de prix, comme dans le cas du monopoleur, crée une situation instable qui peut
conduire à la disparition de certains concurrents. En d’autres termes, si les vendeurs adoptent
une politique de baisse de prix, les concurrents disposant de la moins forte capacité financière
seront condamnés à la faillite et l’on aboutira à long terme à une situation de monopole.

S’ils se rallient à une politique de quantité. Comme chacun d’eux représente une fraction de
l’offre du marché, il peut influencer le marché par ces décisions et agir indirectement sur le
prix. D’où, on aboutira une fois encore dans une politique de prix.

Donc, chaque vendeur, pour mettre en place sa politique, doit tenir compte des décisions des
autres. Et, cela peut aboutir soit à une collusion qui implique des accords entre producteurs
concernant le prix, le volume de la production ou le partage de marché ; soit à une
coordination spontanée où chaque vendeur anticipe les réactions des autres avant d’adopter sa
propre politique.

2.4. La concurrence monopolistique

La concurrence monopolistique est une situation qui combine à la fois les caractéristiques de
la concurrence parfaite et celles du monopole.

Dans ce régime, on trouve d’une part un nombre important de producteurs pour qu’aucun
d’entre eux ne soit en mesure d’exercer une influence sur les autres, ce qui relève de la
concurrence parfaire ; et d’autre part, chaque producteur s’adresse à une demande particulière
puisque son produit n’est pas absolument semblable à celui de ses concurrents.

Autrement dit, les producteurs sont suffisamment nombreux et leurs produits sont différenciés
(cette différenciation peut être objective ou subjective). Ce qui fait que chaque producteur
70

dispose d’une part relativement faible du marché pour lequel il fixe le prix indépendamment
des autres.

C’est ainsi que, le producteur peut réduire son prix sans attirer toute la clientèle de ses
concurrents et l’augmenter sans perdre toute sa clientèle.

D’où, chaque producteur a une demande propre qui est une fonction décroissante du prix et,
comme tout monopoleur, il maximise, en court terme, son profit en produisant une quantité de
telle sorte que son coût marginal soit égal à sa recette marginale.

En long terme, comme dans le cadre de la concurrence parfaite, la liberté d’entrée existe.
L’existence du profit va attirer d’autres producteurs, ces derniers vont diminuer la part des
marchés des entreprises existantes, c’est-à-dire leur demande, entraînant la réduction des
recettes et l’augmentation des prix des facteurs par l’augmentation de la demande de ces
facteurs. D’où, à long terme le profit sera nul.

2.5. Le monopole discriminant

Le monopole discriminant est une situation dans laquelle le monopoleur accroît son profit en
vendant son produit sur plusieurs marchés (au moins deux marchés) à des prix différents.

La discrimination n’est possible que lorsque le monopoleur est capable d’identifier clairement
ces marchés, c’est-à-dire qu’il doit les tenir séparés. Si tel n’est pas le cas, les demandeurs
n’achèteraient que sur le marché qui a prix le plus bas, ce qui entraînerait une hausse de prix
sur ce marché et peuvent le revendre sur l’autre marché entraînant éventuellement une baisse
de prix jusqu’à l’égalisation du prix sur ces deux marchés.

Exemple :
- La SNEL et la REGIDESO appliquent des tarifs différents pour les particuliers et les
industriels.
- A l’Université de Kinshasa applique les frais académiques différents pour les étudiants
nationaux et les étudiants étrangers.
- Les universités de la RDC appliquent les frais académiques différents pour les
nouveaux inscrits et les anciens étudiants.

Pour maximiser le profit total, le discriminateur doit égaliser le coût marginal à la recette
marginale de l’ensemble des marchés. Supposons le cas de deux marchés, on a :

or et

En dérivant le profit par rapport à , on obtient :


71

En dérivant le profit par rapport à , on obtient :

Donc, , ce qui implique que l’allocation sera optimale lorsque les recettes
marginales sur les deux marchés sont égales.

Or, pour une fonction de demande quelconque il existe une relation entre la recette marginale,
le prix et l’élasticité de la demande par rapport au prix : .

Lorsque , on a :

( ) ( )

Pour que et que la discrimination par les prix soit possible, il faut que c’est-
à-dire que les courbes de demande sur les marchés partiels aient des élasticités différentes.

Si entraîne et si par contre entraîne . Le prix pratiqué sera


plus faible sur le marché où la demande est la plus élastique.

Graphiquement, comment déterminer le volume de production optimale, c’est-à-dire le


volume de production qui permet de réaliser le profit total maximum et comment répartir de
façon optimale, pour obtenir la recette totale maximum, la vente de la quantité q0 entre les
deux marchés ?
p P
p ou
Marché I Marché II c Marché global

Cm
B2
P2 CM

B1 c0
p1 D
c0

A1 A2
A Rm
D1 Rm2 D2
Rm1

O1 q1 q O2 q2 q O q0 q

Soient deux marchés (I et II).


- Marché I : courbe de demande D1 et la courbe de recette marginale Rm1
- Marché II : courbe de demande D2 et la courbe de recette marginale Rm2
72

Le volume de production maximale (0q0) sera obtenu lorsque la recette marginale de


l’ensemble des marchés est égale au coût marginal.

Sur le graphique :
- Le coût moyen : 0c0
- La quantité vendue 01q1 sur le marché I au prix 01p1, la recette totale sur le marché I
est représentée par le rectangle 01q1B1p1.
- La quantité vendue 02q2 sur le marché I au prix 02p2, la recette totale sur le marché II
est représentée par le rectangle 02q2B2p2.
- Le Profit total : 01q1B1p1+02q2B2p2-0q0c00.

En effet, lorsque les recettes marginales sur les deux marchés sont égales, si on déplace une
unité d’un marché vers l’autre, l’unité déplacée procure alors une recette marginale plus petite
et la recette totale diminue. Inversement, si les ventes sont réparties de façon telle que la
recette marginale est plus élevée sur un marché que sur l’autre, on peut augmenter la recette
totale en transférant des unités du marché qui a la recette marginale la plus petite sur l’autre
marché.

La courbe de recette marginale du marché global est obtenue par la sommation horizontale de
Rm1 et Rm2, implique donc pour chaque niveau de production, une allocation optimale des
ventes entre les deux marchés.

Exercices sur le chapitre 3

EX1. Démontrer que pour une fonction de demande linéaire de la forme , la


recette est maximisée au point où .

EX2. Soit la fonction de demande : .


a) Déterminer la quantité et le prix qui maximise la recette totale
b) Déterminer la recette maximale.

EX3. Les fonctions de demande pour les biens et sont données par :
et . Si la fonction de coût joint est donnée par :
, trouver les quantités et prix qui maximisent le profit du
monopoleur ainsi que le profit maximum.

EX4. La fonction de demande pour un bien particulier et donnée par :


. Si le coût total du monopoleur pour la production et le marketing
de ce bien est donné par : , déterminer le profit total maximum
attendu par le monopoleur.

EX5. Soient les fonctions de coût des deux entrepreneurs rivaux qui fabriquent la
quantité du bien X pour le premier entrepreneur et la quantité du même
bien pour le deuxième entrepreneur : et , et une fonction de
73

demande de la forme . Déterminer les quantités et


qui maximisent les profits de ces deux entrepreneurs, le prix du marché et le
profit maximum de chaque entrepreneur.

EX6. Une entreprise à la possibilité de pratiquer une politique discriminatoire entre le


marché local et le marché international pour un produit dont les fonctions
demande sont données par :
: pour le marché local
: pour le marché international

La fonction de coût total étant . Trouver le


prix que le producteur pourra pratiquer dans le but de maximiser le profit :
a) Avec discrimination entre les marchés
b) Sans discrimination
c) Comparer le profit total obtenu avec discrimination des prix à celui obtenu
sans discrimination des prix.

Solution

EX1.

Pour que la recette totale soit maximisée, les conditions suivantes doivent être
remplies :
CPO :

C2O :
D’où, la quantité maximise la recette totale.

EX2. (1)
a) Pour que la recette totale soit maximisée, les conditions suivantes doivent être
remplies :
CPO :
Pour que cette dérivée soit égale à zéro, il faut que . D’où,
(2)
(2) dans (1) donne :
d’où et sont la quantité et le prix qui optimisent la recette
totale.

C2O :

Au point , on a :
74

D’où RT atteint son maximum au point .

b) La recette totale maximale est .

EX3.

Le profit du monopoleur est maximisé lorsqu’il a la possibilité de pratiquer une


discrimination des prix.
Ainsi :
et

CPO :

C2O :
| |
D’où est maximisé au point ( ).

EX4.

CPO :

C2O :
D’où, la quantité maximise le profit.
Le profit total maximum attendu par le monopoleur est de 24.

EX5. Comme l’offre du marché est assurée par deux entreprises, nous avons à faire aux
duopoleurs. La maximisation du profit est réalisée au niveau où le Rm=Cm.

Pour le premier entrepreneur :

Pour le deuxième entrepreneur :


75

On doit annuler les dérivées partielles premières par rapport à et . On aura :

(1) et (2)
(1) Et (2) constituent les fonctions de réaction des deux entrepreneurs. Si nous
tirons dans (1) et dans (2) . On a :

Ces deux fonctions indiquent que toute augmentation de la production de l'un des
entrepreneurs provoque une réduction de la quantité produite par l’autre.

En substituant l’une dans l’autre, nous trouvons les valeurs qui maximisent le profit de
chacun des entrepreneurs. On a : ̅ ̅
D’où le prix de ce bien et le profit de chacun des entrepreneurs sont :

Donc, au prix de 180 CDF, le premier entrepreneur produit et vend 80 unités du bien X
et obtient un profit maximum de 12.000 CDF. Par contre, à ce même prix le deuxième
entrepreneur produit et vend 30 unités du bien X et obtient un profit maximum de 3.600
CDF.

EX6. ; et

a) Pour maximiser le profit sous discrimination des prix, le producteur doit fixer le
prix de telle sorte que Rm=Cm
Avec , on a : ainsi, le Cm devra être le même
à tous les niveaux de la production.
 Sur le marché local, on a :

Et
Lorsque , on aura :
Avec , on a :
 Sur le marché international, on a :
76

Et
Lorsque , on aura :
Avec , on a :
En adoptant la politique de discrimination de prix, le producteur sera amené à
fixer un prix bas (67,5) sur le marché international, dans lequel la demande est
relativement plus élastique ( | | , et un prix élevé (110) sur le marché
local où la demande est relativement moins élastique (| |

b) Si le producteur n’opte pas pour une politique de discrimination des prix, alors
, les deux fonctions de demande ci-dessus peuvent être agrégées.

D’où,

Et

Lorsque , on aura :

Si , alors

Lorsqu’on applique une politique non discriminatoire, le prix baisse sur le marché
domestique (76<110) et il augmente sur le marché international (76>67,5). Notons que
les quantités vendues demeurent toujours inchangées : et . D’où,
. Toutefois, avec cette deuxième politique, la quantité total vendue sur le marché
(de )
77

Chapitre 4 : Modèles de détermination du revenu national

Les variables macroéconomiques permettent aux économistes et aux décideurs politiques de


mesurer et de comparer, d’une année à l’autre, et d’un pays à l’autre, la manière dont les
économies se comportent.

Ces variables, appelées « agrégats », sont des grandeurs synthétiques qui mesurent le résultat
de l’activité de l’ensemble de l’économie. Les principaux d’entre-deux sont le Produit
Intérieur Brut, le revenu national, la consommation, la formation brute de capital fixe et
l’épargne.

L’une des plus importantes variable économique, le Produit Intérieur Brut (PIB), mesure à la
fois la production de biens et services d’un pays et le revenu que cette production génère.

Ce chapitre aborde d’une part, les questions relatives aux sources et aux affectations du PIB,
et, d’autre part le processus de cheminement de la politique économique à partir du modèle
keynésien de détermination du revenu national.

4.1. Définitions

- Le Produit Intérieur Brut (PIB) est une mesure de la production nationale, c’est-à-dire
de l’ensemble des biens et services produits au cours d’une période donnée (en général
l’année).
- Le revenu national (Y) mesure l’ensemble des revenus perçus par les acteurs
économiques. Conformément au circuit des échanges, le revenu national est égal au
produit intérieur brut.
- Le revenu national disponible est la part du revenu national (au prix du marché) qui est
disponible pour la consommation et l’épargne. En économie fermée, le revenu
disponible serait égal au PIB puisque ce dernier s’écrit : Y = C + S. En économie
ouverte, le revenu national disponible est égal au PIB augmenté des revenus reçus du
reste du monde, et diminué des revenus versés au reste du monde.
- Le Produit National Brut (PNB) est un agrégat employé dans certains pays et par
certaines organisations internationales aux fins de comparaison entre pays. Il diffère
du PIB par la prise en compte des revenus du reste du monde.

PNB = PIB + Revenus du travail, de la propriété et de l’entreprise reçus du reste du


monde net des revenus de même nature versés au reste du monde.

Statistiquement, la différence entre le PIB et le PNB est très petite (moins de 1 %), si bien
qu’en analyse économique, parler du produit (ou de la production) Y, s’applique
indifféremment au PIB ou au PNB.
78

Le taux de croissance

Soit Y = AKL, une fonction de production Cobb-Douglas.

 L’accroissement absolu de la production s’écrit :


dY = dK + dL

 L’accroissement relative de la production (appelé taux de croissance) est :


= dK + dL =  +

 Le taux de croissance de la production à travers le temps (en temps continu) s’obtient


par :
= = +
̇ ̇ ̇
=  +  , en posant ̇ = ̇ = et ̇ =

Exemple

Le PIB d’une économie en 1979 est de 424.8 milliards. Si en 2000, le PIB s’élève à 1117.8
milliards, on peut calculer le taux de croissance entre deux périodes et le taux de croissance
moyen par :

a) ( ) * 100 = ( - 1) * 100 = ( ) * 100 = 163.1 %


Le taux de croissance moyen est  = = 7.8 %

b) En considérant le cas continu, le taux de croissance moyen s’obtient par :



= = = = = 4.6 %

Il est à noter que, comme la production nationale augmente continûment, la deuxième


méthode de calcul est la plus plausible.

4.2. Les acteurs (ou agents) économiques

Dans une économie nationale, les acteurs ou agents économiques sont nombreux. En
macroéconomie, il est habituel de les regrouper en quatre grandes catégories appelées
« grands pôles d’économie ». Il s’agit des pôles principaux entre lesquels se nouent les
relations économiques. Ces acteurs sont :

4.2.1. Les Entreprises

Celles-ci sont des cellules qui produisent des biens et services en vue de leur vente à
un prix qui couvre approximativement leurs coûts. Elles sont saisies en macro-économie par
79

l’agrégat « Investissement » (I). Il est habituel de distinguer deux catégories


d’investissement :
- Investissement en capital fixe (FBCF) : Achats de bâtiments et des machines par
exemples ;
- La formation de stock (variation de stocks) : ce sont des produits non utilisés ou non
vendus à la fin d’une période donnée (matières premières, biens de consommation,
…). Ils considérés comme investissement parce que les entreprises, du fait des stocks,
ont de l’argent immobilisé (« investi ») au même titre que celui qui l’est en machines
ou en bureaux.

On distingue les entreprises privées (Entreprises individuelles et sociétés commerciales et


industrielles) dont la fonction principale est la production de biens et services à but lucratif ;
des entreprises publiques placées sous l’autorité de l’Etat et qui produisent des biens et
services publics.

4.2.2. Les ménages

Le secteur de ménages groupe tous les individus résidant dans le pays et considérés dans leur
fonction de consommation, abstraction faite de leur participation à une activité productive
quelconque (dans le cadre d’une entreprise individuelle). Ils offrent aux entreprises des
facteurs de production (le travail) moyennant un revenu qui leur permet de consommer. En
macroéconomie, ils sont saisis par l’agrégat « Consommation » ou consommation finale (C).
Ce dernier représente la valeur des biens et services utilisés pour la satisfaction directe des
besoins humains, individuels ou collectifs. Notons à cet effet que l’épargne (S) est la part des
ressources (revenus) courants qui reste disponible pour accumuler des actifs physiques ou
financiers.

4.2.3. Les administrations

Elles sont souvent appelées « Etat » en macroéconomie. La fonction principale des


administrations est la fourniture de service à but non lucratif. On distingue les
Administrations publiques (Pouvoir public) et les Administrations privées (Partis politiques,
syndicats, ONG, Associations sportives, Croix rouge, …). Les administrations publiques
regroupent les unités institutionnelles dont la fonction est de mettre à la disposition du public
des biens et services gratuitement ou à un prix sans relation avec le coût de production. Les
administrations privées sont des unités institutionnelles dont la fonction économique
principale est la production de services non marchands destinés à des groupes particuliers de
ménages. Elles peuvent également produire sans but lucratif des services marchands réservés
aux ménages. Les dépenses publiques ne sont pas mesurées en tant qu’agrégat distinct. Elles
sont évaluées à partir des comptes des administrations publiques fournis par la comptabilité
nationale. D’une part, il y a les dépenses publiques (G) et d’autre part les recettes publiques
(T).

4.2.4. Le reste du monde (ou l’extérieur)


80

Il regroupe l’ensemble des agents résidant à l’étranger ou l’ensemble des pays autre que le
pays considéré avec lequel le pays entretient des relations commerciales. Il est saisi par les
importations (M) et les exportations (X).

D’une manière générale, les agents économiques effectuent entre eux des transactions sur
quatre grands marchés :

- Le marché des biens et services, où se déterminent la production nationale, la demande


(par exemple la demande de biens de consommation) et le niveau de prix.
- Le marché des facteurs de production, dont le marché du travail est le plus important.
Il permet de déterminer le niveau des salaires, l’emploi et par différence le chômage.
- Le marché des capitaux, où s’établit le niveau des taux d’intérêt.
- Le marché des changes, qui permet l’échange de la monnaie nationale contre
l’ensemble des devises et la détermination du taux de change. Ce dernier peut être
déterminé à l’incertain (c’est-à-dire le nombre d’unités de monnaie nationale par unité
de monnaie étrangère) ou au certain (c’est-à-dire le nombre d’unités de monnaie
étrangère que l’on peut obtenir pour une unité de monnaie nationale). A travers le
monde, seuls deux pays (USA et Grande Bretagne) pratiquent la cotation au certain.
Les autres pays utilisent la cotation à l’incertain qui masque plus ou moins l’évolution
de la dévaluation de leur monnaie.

4.3. Les déterminants de la demande de biens et de services

La section précédente a permis d’identifier les composantes du PIB :

- Consommation (C)
- Investissement (I)
- Dépenses publiques (G)
- Exportation nettes (X-M)

En effet, dans une époque déterminée et dans un pays donné, se manifeste une demande de
biens de consommation de la part des ménages (Consommation privée) et des administrations
(Consommation publique). Il existe également une demande des biens d’investissement des
entreprises (Investissement privé) et des Administrations (Investissement public). Si
l’économie est ouverte aux échanges extérieurs, il existe enfin une demande étrangère
(Exportation). La somme de ces différents éléments constitue la demande totale ou effective :
celle qui s’appuie sur le pouvoir d’achat. Cette demande effective détermine le niveau de la
production, puis celui du revenu et de l’emploi.

Une économie fermée, il y a trois utilisations possibles des biens et services qu’elle produit.
L’identité du revenu national exprime ces trois composantes du PIB :

Y=C+I+G
81

Les ménages consomment une partie de la production de l’économie et utilisent,


conjointement aux entreprises, une autre partie pour l’investissement, le solde étant acquis par
l’Etat.

Pour simplifier l’analyse, nous supposons, dans un premier temps, qu’il n’y a pas d’échanges
extérieurs et de secteur public.

4.3.1. Modèle keynésien de détermination du revenu national : économie fermée

Dans une économie fermée sans secteur public, le montant du produit (ou du revenu) national
et le niveau de l’emploi dépendent des dépenses de consommation des ménages et de
l’investissement des entrepreneurs.

L’étude de l’équilibre économique peut se faire selon deux optiques complémentaires : celle
du produit national (ou de la production) et celle du revenu national. La première optique ne
prend en considération que les flux réels (Production = Consommation), tandis que la seconde
ne prend en considération que les flux monétaires (Revenu = dépenses de consommation).

a) Optique du produit

Selon cette optique, la production totale (Y) est dissociée en production de biens de
consommation(C) et production de biens d’investissement. L’équation fondamentale de
l’équilibre est donc :

Y= C + I (1)

Production = Demande totale (ou production vendue)

Cette égalité recouvre celle de l’offre et de la demande. A la demande de biens et services, on


peut ajouter l’offre de ceux-ci. Comme les facteurs de production et la fonction de production
déterminent conjointement la quantité produite, on aura :

Y = F( ̅ , ̅ ) (2)
=Ῡ

La consommation varie directement avec le revenu. Cela suppose que les autres facteurs
explicatives (appelés « facteurs psychologiques ») sont supposés constants. Or, cela n’est
possible qu’à court terme ; en d’autres termes le modèle keynésien n’est rien d’autre qu’un
modèle de court terme.

Lorsque le revenu augmente, la consommation augmente, mais moins proportionnellement au


revenu. En admettant l’hypothèse de fixité de la propension marginale à consommer (b), la
fonction de consommation s’écrit : C = C0 + bY (avec C0, consommation autonome).
82

Le montant de l’investissement est en réalité fonction du taux d’intérêt (i) et de l’efficacité


marginale du capital (taux interne de rentabilité)1. En supposant donné le taux d’intérêt, le
montant optimal de l’investissement devient I0 (autonome).

En combinant ces diverses équations pour décrire l’offre et la demande de la production, on


trouve :

Y = Ῡ = C0 + bY + I0 (3)
Ῡ qui est le niveau d’équilibre du revenu national.

La quantité prend le nom de multiplicateur.

c) Optique du revenu

L’égalité (1) peut être aussi étudiée sous l’aspect du revenu ou de l’emploi du revenu. Dans ce
cas, le Produit Intérieur Brut (Y) n’est rien d’autre que le revenu national 2. Une partie de ce
dernier étant dépensée en achats de biens de consommation et une autre non consommée
(c’est-à-dire épargnée), on a l’égalité :

Y = C + S (4)

Revenu issu Achats des biens Epargne


De la production de consommation

D’après Keynes, l’épargne a un caractère résiduel, c’est-à-dire que c’est la consommation qui
est déterminée en premier lieu et non l’épargne. Par conséquent, en observant l’évolution des
écarts entre la consommation et le revenu, on parvient en même temps à étudier les variations
de l’épargne globale en fonction du revenu. En d’autres termes :

S=Y–C
S = Y – (C0 + bY) = -C0 + (1-b)Y

Où (1-b) représente la propension marginale à épargner et S0 = -C0, la désépargne.


Les relations (1) et (4) peuvent être combinées pour former la relation (5)

C+I=C+S (5)

1 Le taux interne de rentabilité (r) est la valeur de i qui égalise la valeur des flux de Trésorerie actualisés à
l’investissement initial :
=I
2 Dans cette optique, la valeur de la production (P*Q) est égale au montant de salaire versée (nombre
d’ouvriers, E, multipliée par le salaire moyen, s, donc s*E) et du bénéfice (B). d’où P*Q = s*E + B.
Sur le plan macroéconomique, on obtient l’égalité : PIB = RS + EBE + (TI – SUB).
RS = Revenu de salaire
EBE = Bénéfice ou rémunération des Entreprises
(TI – SUB) = Taxe moins subvention (en ajoutant l’Etat dans le modèle)
83

L’égalité (4) signifie que la valeur de la production (demande de biens et services) est égale
aux revenus distribués (emplois du revenu) et que ceux-ci sont utilisés pour acheter des biens
de consommation et constituer de l’épargne. De l’équation (4), on tire l’équation
fondamentale de l’équilibre, celle de l’épargne et d’investissement :

I=Y–C=S et I = S

La représentation graphique de l’équilibre macro-économique est faite aux graphiques (4.1) et


(4.2). Chacun d’eux correspond à une étape du raisonnement : le premier ne prend en compte
que la consommation, le second y ajoute l’investissement.

Y O = Offre Globale
Graphique: 4.1.
A C= Co +b.Y
AB= S  O
B
E
1000

S O
Co
Y= 400

45°
Y
O Y= 400 Y*=1000
S
Graphique: 4.2.

S = - Co + (1-b).Y
A’
A’B’= AB=S  O
O Y
S O Y*=1000 B’

-Co 45°

Dans le premier graphique, la bissectrice de 45° matérialise l’égalité du produit national (Y)
et de ses composantes (C + S). Par exemple, si la production est 1000 millions et la
consommation 1000 millions, l’équilibre s’établit au point E (cela signifie que toute la
production est consommée et que l’épargne est nulle).

A gauche du point E, la consommation est supérieure au revenu : il y a désépargne (S < 0), et


à droite du point E, il y a apparition de l’épargne (toute la production n’est pas consommée).

Le point C0 représente la consommation incompressible (autonome) : il y a toujours une


consommation minimale même quand le revenu est nul.
84

Le graphique 4.2. Aboutit aux mêmes conclusions, mais le raisonnement est mené en terme
d’épargne.

4.3.2. Modèle keynésien de détermination du revenu national :


Prise en compte du secteur public

Les dépenses publiques sont des achats qui suscitent une production et créent des revenues. Si
on appelle G la somme des dépenses publiques de consommation et d’investissement, la
condition d’équilibre (optique du produit) s’écrit :

Y=C+I+G (6)
avec C = C0 + bYd

I = I0

G = G0 (autonome : l’Etat construit des écoles et/ou des hôpitaux dans un but
collectif ou de bien-être).

T = T0 + tY

To = Taxe autonome
G0 = dépenses autonomes et indépendantes du montant de revenu national (l’Etat
construit des écoles et/ou des hôpitaux dans un but collectif ou de bien-être).

En combinant l’équation (6) et (2), on trouve :

Y= = Co + bYd + Io + Go

En partant de l’optique des dépenses, on trouve :

Yd = C + S
Y–T=C+S
Y =C+S+T (7)

De l’expression (7), on tire :

Y–T –C=S

Le terme (Y – T – C) est le revenu disponible diminué de la consommation, soit l’épargne


privée.

De l’expression (6), on peut écrire :


Y–C–G=I
Le terme (Y – C – G) désigne la production qui subsiste après que les demandes des
consommateurs et de l’Etat aient été satisfaites : on l’appelle épargne nationale ou épargne
tout court.
85

Ainsi reformulée, l’identité comptable du revenu national montre que l’épargne est égale à
l’investissement.

Au sein de l’économie nationale, il est possible de distinguer l’épargne des ménages et


l’épargne de l’Etat :

(Y – T – C) + (T – G) = I (10)

Le terme (T – G) désigne les recettes diminuées des dépenses, soit l’épargne publique3.

Le rapprochement de (8) et (10) donne

S+T=I+G (11)

L’équation (11) est l’équation d’équilibre ex-post sur le marché des biens et services dans une
économie fermée en situation de sous-emploi.

4.3.3. Analyse macroéconomique complète et Analyse des multiplicateurs

L’introduction des relations commerciales avec le reste du monde modifie le circuit des
échanges comme suit ;

Y+M = C+I+G+X
Production totale = Demande finale totale
Offre totale = Demande globale

Si le revenu crée par les exportations est supérieur à celui dépensé en importation, l’effet net
(X-M) constitue un accroissement de la production et du revenu intérieurs. Ainsi, dans une
économie ouverte, les exportations nettes (X-M) sont alors une composante de la demande
globale. Le modèle de détermination du revenu national est donc :

Y= C + I + G + (X-M)

En remplaçant ces différentes variables par leurs valeurs respectives, on détermine le niveau
d’équilibre du revenu national.

Considérons :

C = C0 + bYd G = G0 X = X0 Yd = Y – T
I = I0 T = T0 + tY M = M0 + mYd

Y = revenue national C = consommation globale


I = investissement global G = Dépense Gouvernementale (globale)
T = taxe globale T0 = Taxe autonome

3Si l’Etat dépense plus qu’il ne perçoit, il y aura un déficit et l’épargne publique sera négative.
86

X : Exportation (globale) M : importation (globale)


Co = consommation autonome (parce que b = propension marginale à consommer
ne dépendant pas du revenu)
I0 : investissement autonome G0 = dépense Gouvernementale autonome
X0 = exportation autonome M0 = importation autonome
m = propension marginale à importer t = taux de taxation (ou propension
marginale à taxer)

Avec 0 < b, m, t < 1, on peut déterminer l’effet sur le niveau d’équilibre du revenu national
d’une variation sur chacune des variables ou paramètres définies ci-dessus. Il s’agit donc, en
d’autres mots, de dériver les différents multiplicateurs. La marche à suivre consiste d’abord à
remplacer les différentes variables et paramètres par leurs valeurs respectives dans l’équation
du départ ; ensuite à tirer le revenu d’équilibre comme uniquement fonction de ces variables
et paramètres, et enfin, à dériver le revenu d’équilibre par rapport à la variable concernée afin
d’obtenir le multiplicateur cherché.

En remplaçant les différents variables et paramètres par leurs valeurs respectives on aura :

Y = Co + bY – bTo - btY + I0 + X0 - M0 – mY + mT0 + mtY


Y – bY + btY + mY – mtY = C0 – bT0 + I0 + G0 + X0 – M0 + mT0
(1 – b + bt + m – mt) Y = (C0 – bT0 + I0 + G0 + X0 – M0 + mT0)

Le niveau d’équilibre du revenu national est donc :

Les différents multiplicateurs s’obtiennent en dérivant Y par rapport à chaque variable ou


paramètre.

1° Le multiplicateur des exportations :

Comme 0 < b, m, t < 1 ; ce multiplicateur est positif. Ainsi, une augmentation d’une unité
dans les exportations aura comme effet d’augmenter le revenu national de

2° Le multiplicateur des importations autonomes :

Une augmentation des importations autonomes a un effet négatif sur le revenu d’équilibre.
87

3° Le multiplicateur d’investissement :

Une augmentation de l’investissement a un effet positif sur le revenu d’équilibre.

4° Le multiplicateur de la taxe autonome :

Etant donné que la propension marginale à consommer est toujours supérieure à la propension
marginale à importer (en effet, ont consommé toujours plus que ce qu’on importe), ce
multiplicateur est négatif. D’où une augmentation de la taxe autonome a un effet négatif sur le
revenu d’équilibre.

5° Le multiplicateur du taux de taxation :

Ce multiplicateur est négatif.

6° Le multiplicateur de la dépense gouvernementale :

Une augmentation de la dépense gouvernementale a un effet positif sur le revenu d’équilibre.

7° Le multiplicateur du budget équilibre :

Une augmentation simultanée de la dépense gouvernementale et des impôts a un effet positif


sur le revenu d’équilibre. Ceci est connu sous l’appellation « Théorème d’HAAVELMO », du
nom de son concepteur.

D’après ce dernier, les impôts ont un effet négatif sur le revenu et la consommation des
ménages s’ils sont de plus en plus élevés, alors que l’augmentation des dépenses publiques a
un effet positif sur le revenu. Ainsi, lorsque l’Etat augmente les recettes et les dépenses de
façon simultanée, l’effet sur l’économie n’est pas neutre mais positif tel qu’il ressort du calcul
du multiplicateur.
Le principe de multiplicateur est un mécanisme selon lequel toute variation dans l’un des
éléments constitutifs de la demande globale exerce un effet en chaîne sur les autres variables
88

et aboutit à un impact polarisé sur le revenu national d’une grandeur plus importante que celle
de la modification dans la variable initiale.

4.3.4. Analyse IS-LM et cheminement de la politique économique

Dans la théorie keynésienne, le schéma de réalisation de l’équilibre macro-économique


s’effectue en termes réels. L’équilibre s’établit par l’égalité entre l’épargne et
l’investissement. L’épargne est définie comme une fonction croissante du revenu et
l’investissement comme une fonction inverse du taux d’intérêt (plus le taux d’intérêt est élevé,
moins nombreux sont les projets d’investissement rentables).

Comme les variables G et T sont établit par la politique budgétaire, l’équation d’équilibre
macroéconomique peut s’écrire :

=C( ) + I(r) +

Dans ces conditions, le taux d’intérêt (r) est la seule variable non déterminée dans l’équation,
il doit s’ajuster pour faire en sorte que la demande de biens et services soit égale à l’offre de
ceux-ci.

Le schéma (ou modèle) IS-LM permet de combiner, dans le cadre de l’analyse keynésienne,
l’équilibre sur le marché réel.

La courbe IS décrit l'équilibre sur le marché réel (marché de biens et services) ; c'est-à-
dire qu'elle indique les valeurs du revenu et du taux d'intérêt qui permettent de réaliser
l'équilibre entre l'épargne et l'investissement. En d'autres termes, la courbe IS montre
le taux d'intérêt qui permet d'obtenir l ' é g a l i t é entre l'offre globale et la demande
globale.

Le graphique (4.3) présente la construction de la courbe IS.

La courbe LM décrit l'équilibre sur le marché de la monnaie ; c'est-à-dire qu'elle


indique les valeurs du revenu et du taux d'intérêt qui permettent de réaliser l'équilibre
entre l'offre et la demande de monnaie.

Le graphique (4.4) présente la construction de la courbe LM.

L'analyse IS-LM permet d’exterminer le niveau du revenu et du taux l'intérêt (le


couple Y et i) qui puissent satisfaire simultanément aux conditions d'équilibres sur le
marché des biens et services (marché réel) ainsi que sur celui de la monnaie (marché
monétaire).

Le graphique (4.5) présente l’équilibre simultané sur les deux marchés.


89

La modélisation de référence telle que fonctionne une économie fermée avec une situation
de sous-emploi est décrite par six équations qui permettent d’apprécier le cheminement de
la politique économique :

 Une équation d’équilibre sur le marché des biens et services ;


I+G=S+T (1)
 Une équation d’équilibre sur le marché de la monnaie ;
M0 = Md (2)
 Assortie d’une équation de demande de monnaie ;
Md = a + kY + bi (3)
 Une fonction d’investissement ;
I = I0 – i (4)
 Une fonction d’épargne ;
S = S0 + s (Y – T) (5)
 Et une fonction de prélèvement fiscal
T = T0 + tY (6)

où a, k, b, I0, S0, s et  sont des paramètres ayant une valeur constante, et où M 0, T0, t et G
sont considérés comme des variables de politique économique.

(4) et (5) dans (1) donnent :

S0 + s(Y – T0– tY) + T0 + tY = I0 – i + G

[s + (1-s)t] Y + I = I0 – S0 – (1-s)T0 + G (7)

(3) dans (2) donne :

kY – bi = M0 – a (8)

L’équation (7) donne l’équilibre sur le marché de biens et services, tandis que l’équation
(8) donne l’équilibre sur le marché monétaire.

De ces deux équations, on tire aisément la valeur du taux d’intérêt (i) et du revenu (Y) qui
satisfont les conditions d’équilibre sur les deux marchés.

La résolution du système permet de trouver :

(9)

Cette équation donne le revenu d’équilibre sous la forme réduite.


90

Cheminement de la politique économique

Considérons un système de départ pour lequel les valeurs des paramètres, des variables
instrumentales et des variables endogènes sont données comme suit :

1. Paramètres
2. Variables instrumentales
3. Variables endogènes

S0 = -20 M0 = 75 Y = 293.1
S = 0.2 G = 40 S = 31.7
I0 = 60 t = 0.1 I = 26.0
 = 600 T0 = 5 Mad = 75
a = 30 I = 0.056
k = 0.25 b = 500

Si le gouvernement entend élever le niveau du revenu à un niveau de plein emploi (par exemple
Y = 300), il dispose de trois variables instrumentales :

- L’augmentation de la dépense publique (G)


- L’augmentation de l’offre de monnaie(M0)
- L’augmentation ou la réduction du taux de taxation (T0)

 L’action sur les dépenses publiques consiste à se servir du multiplicateur de la dépense


gouvernementale. En donnant aux paramètres leurs valeurs, on trouve :

= = 1.72

Y = 1.72 G

Ainsi, pour porter Y de 293.1 à 300, il suffit de porter G de 40 à 44 (G = =0.4).

Toutefois, le problème ne s’arrête pas à ce niveau, à moins qu’on ne considère le gouvernement


indifférent au déficit budgétaire qui va s’aggraver et aux tensions sur le marché financier qui en
résulteraient (effet d’éviction). Ainsi, parallèlement au retour au plein-emploi, le gouvernement ne
doit pas négliger le déficit budgétaire et doit veiller au taux d’intérêt pour éviter de gêner le
financement de l’investissement privé. Pour ce faire, il existe d’autres moyens d’action,
notamment le financement monétaire et l’action sur le taux d’imposition.

 En repartant de l’équation (9) et en y reportant les valeurs des paramètres et des variables
instrumentales, soit trois d’entre elles qui définissent les marges de manœuvre du
gouvernement (c’est-à-dire G, M0 et t), on obtient :

Y=
91

Le déficit budgétaire B est donné par :

B = G – T = G – T0 – tY

= -5 + G – tY

Et le taux d’intérêt par :

I = 0.06 – 0.002 M0 + 0.0005 Y

Le gouvernement peut donc, en principe, se donner trois objectifs (Y*, B* et i*) ; et cela parce
qu’il dispose de trois instruments4,

Y* =

B* = -5+ G – Tty

i* =0.06 – 0.002 M0 + 0.0005 Y

On obtient ainsi un système de trois équations (ou trois objectifs à trois inconnues (G, t, M0) ou
instruments dont la résolution dépend de l’orientation de la politique (type libérale ou
interventionniste).

 Si le gouvernement opte pour l’option libérale, l’action consistera à diminuer la pression


fiscale et s’entendre à une relance de l’activité par l’augmentation des dépenses privées, au
prix d’une réduction sensible des dépenses publiques.

Les trois variables endogènes à atteindre sont désormais :

Y = 300

B=0

i = 0.04

La résolution du système conduit à retenir les valeurs, ci-après, des variables instrumentales :

G = 20 (au lieu de G = 40)

t = 0.05 (au lieu de t = 0.1)

M0 = 85 (au lieu de M0 = 75.3)

On remarque que pour que le taux d’intérêt ne subisse aucune pression, il s’est avéré nécessaire de
lâcher un peu sur la quantité de monnaie. Il s’agit là d’une politique que l’on pourrait qualifier de
politique de l’offre.

4 La règle de contrôle de système stratégiques énoncée par J. Tinbergen [1952] stipule que « pour qu’un
ensemble d’objectifs fixes puisse être réalisé, il faut que le nombre d’instruments indépendants dont
disposent les autorités soit égal au nombre d’objectifs fixes indépendants.
92

 On peut aussi revenir à l’équilibre budgétaire d’une autre manière, surtout si l’on
considère qu’il vaut mieux augmenter les dépenses publiques dont l’utilisation serait
considérée comme plus productive que celle des agents privés. Il s’agit d’encourager la
concurrence entre dépenses publiques et dépenses privées.

Les trois variables endogènes à atteindre sont désormais :

Y = 300
B=0
i = 0.05

La résolution du système conduit à retenir les valeurs, ci-après, des variables instrumentales :
G = 50
t = 0.15
M0 = 80

Ici, les dépenses publiques et la pression fiscale ont nettement augmenté, mais l’offre de monnaie
variera moins fortement puisque le retour au plein-emploi est en partie financé par l’augmentation
de l’impôt.

Il s’agit cette fois-ci d’une politique de relance d’inspiration keynésienne, mais assortie d’une
contrainte sur l’équilibre budgétaire et d’une moindre création monétaire.

Notons que dans le système de départ, les trois variables endogènes avaient pour valeurs :
Y = 293.1
B = 5.7
I = 0.056
et les trois variables instrumentales :
G = 40
t = 0.1
M0 = 75

Enfin, une précision concernant la création monétaire mérite d’être soulevée : dans les deux cas, la
création monétaire répond à un objectif de croissance (il ne faut pas étouffer une économie qui a
besoin de la monnaie pour croître).
93

Les graphiques 4.3 illustrent l’analyse IS – LM.

Graphique(4.3): Constitution de la courbe IS


S S
Cadran(C) S = -Co + s.Y Cadran(B)
I=S

E’ S1 D’
S1

So E So D

Y 45° I
Yo Y1 Io I1
i i
Cadran(A)
Cadran(D)
Avec i0 = 0.056 S0 = I0 = 26 Y0 = 293.1

I1 = 0.04 S1 = I1 = 36 Y1 = 300
io A io C

Avec i0 = 0.056 S0 = I0 = 26 Y0 = 293.1


i1 B i1 C’
IS I = I(i)
I1 = 0.04 S1 = I1 = 36 Y1 = 300
Yo Y1 Y Io I1 Y

Le point de départ est le cadran (A). Ce cadran indique qu’à un taux d’intérêt i0 = 5.6 %, le
niveau d’investissement est I0 = 26. Ce montant est reporté sur le cadran (B) dont la bissectrice
indique l’égalité I = S. La condition d’équilibre est donc le point D qui indique le montant 26.
Cette valeur est reportée sur la fonction d’épargne S0 = 26 du cadran (C) qui indique la valeur du
revenu national correspondante (Y0 = 293.1). Cette valeur est le niveau du revenu national qui
réalise l’égalité Iprévu = Sprévue. Les coordonnées Y0 = 293.1 du cadran (C) et i0 = 5.6 % du cadran
(A) sont reportés sur le cadran (D) pour former le point A. Ce point, qui est un premier point de la
courbe IS, correspond à la valeur du taux d’intérêt (i = 0.056) et du revenu (Y = 293.1) qui réalise
l’équilibre entre l’épargne et l’investissement (S = I = 26).

Par une démarche analogue, on arrive à former le point B du cadran (D) lorsque le taux d’intérêt
baisse (i1 = 0.04). En reliant les points A et B, on dérive la courbe IS.
94

Graphique(4.4): Constitution de la courbe LM


Mt Mt
Cadran(C) Cadran(B)

75 S’

73,3 S
o

293,1 300 Y 2 10 Mz
i i
LM
Cadran(D) Cadran(A)

R’ io
5,6%

R i1
4,0%
k

293,1 30001 Y 2 10 Mz

Si l’offre de monnaie est constante, une augmentation du revenu (de Y = 293.1 à Y = 300) aura
comme conséquence un accroissement de l’encaisse de transaction (de 73.3 à 75) et une réduction
de l’encaisse de spéculation (de 10 à 2) induite par l’accroissement du taux d’intérêt (de 4 % à 5.6
%).

Sur le cadran (B), le point S se déplace en S’. En joignant les coordonnées de Y du point v et les
coordonnés de i0 du point k, on construit le point R du cadran (D). Par une démarche analogue, on
construit le point R’ lorsque le taux d’intérêt est de 5.6 %. En reliant les points R et R’, on dérive
la courbe LM. Notons que la construction de la courbe LM peut aussi se faire en prenant
l’augmentation de l’offre de monnaie comme point de départ. Dans ce cas, pour un taux d’intérêt
de 4 %, si l’offre de monnaie s’accroît, la monnaie de transaction Mt augmente ; la demande de
monnaie de spéculation étant constante (10). Ceci a pour effet de modifier la valeur du revenu
national (de 293.1 à 300). Cette augmentation du revenu national a comme conséquence
l’augmentation du taux d’intérêt et une réduction de l’encaisse de spéculation5.

5Selon M. Friedman, une politique d’expansion monétaire qui entraînerait à court terme une baisse du taux
d’intérêt, va se traduire à plus ou moins long terme par une hausse du taux d’intérêt dans la mesure où elle
est source d’anticipation inflationniste.
95

Graphique (4.5). Equilibre simultané sur les deux marchés (courbe IS – LM)

LM

E
i*

IS

Y* Y

L’intersection de la courbe IS et LM détermine le point e où la quantité de monnaie existante


détermine un taux d’intérêt suffisamment bas et un investissement juste suffisamment élevé pour
aboutir à un niveau de revenu d’équilibre.

C’est le taux d’intérêt qui permet d’établir la liaison entre l’équilibre sur le marché réel et
l’équilibre sur le marché monétaire : il exerce une influence sur le volume de l’investissement et,
par cet intermédiaire, sur le niveau du revenu qui réagit, à son tour, sur la demande de monnaie
aux fins de transactions.

Exercice :

Soit le modèle suivant :


Y = C + I0 + G0 Yd = Y – T C0 = 100 I0 = 90 b = 0.75
C = C0 + bYd T = T0 + TY G0 = 330 T0 = 240 t = 0.20

a) Trouver le niveau d’équilibre du revenu Ῡ.

b) Quel est l’effet d’une augmentation des dépenses gouvernementales de 50F sur le
revenu d’équilibre ?

c) Quel est l’effet d’une augmentation de la taxe autonome de 50F sur le revenu
d’équilibre ?

d) Trouver l’effet d’une augmentation des dépenses gouvernementales de 50F


intégralement financée par les impôts ?

e) Supposons que le revenu du plein-emploi, dans l’exercice 1, soit de 1000F et que le


gouvernement décide de l’atteindre, de combien peut-il changer :
96

e.1.) Les dépenses gouvernementales, s’il opte pour la politique des dépenses
publiques ;

e.2.) la taxe autonome, s’il opte pour la politique fiscale.

f) Expliquez l’effet sur le déficit budgétaire si :

f.1.) l’Etat opte pour la politique de dépense publique (a) ci-dessus ;

f.2.) l’Etat opte pour une politique fiscale.

Solution :

a)

b) Si les dépenses gouvernementales augmentent de 50F, le revenu d’équilibre va


augmenter de:

c) Si la taxe autonome augmente de 50F, le revenu d’équilibre va augmenter de :

d) L’effet sur le revenu d’équilibre d’une augmentation identique des dépenses


gouvernementales et de l’impôt d’un montant de 50F, est:

e) Notons par Y* le revenu de plein emploi (Y* = 1000F). Si le gouvernement veut


l’atteindre, il doit porter le revenu d’équilibre de 850 F à 1000 F. En d’autre termes, il faut
que :

∆Ῡ = 1000 – 850 = 150F

e.1.) Si l’Etat veut jouer sur les dépenses gouvernementales, on aura :


97

D’où une augmentation de 60 F dans les dépenses publiques va augmenter le niveau


d’équilibre du revenu de 150 F : ce qui permettra d’atteindre le revenu du plein emploi Y*.
(Ῡ + ∆Ῡ = 850 + 150 = 1000 F)
e.2.) Si l’Etat préfère jouer sur les impôts, on aura :

150 = - 1.875
D’où une diminution de la taxe autonome de 80 aura comme effet de faire porter le
niveau d’équilibre du revenu de 850 F à 1000 F.

f) Le budget de l’Etat est en équilibre lorsque G = T. Si G > T, on aura un déficit


budgétaire ; et si G < T, il y aura un excédent budgétaire.
Au niveau d’équilibre initiale de revenu ( , on avait la situation suivante :

G0 = 330
T – G0 = 410 – 330 = 80
Il y a donc un excédent budgétaire de 80 F.

f.1.) Si le gouvernement opte pour la politique des dépenses publiques, alors :


- le gouvernement doit accroître les dépenses gouvernementales de 60 F pour atteindre le
nouveau niveau d’équilibre du revenu qui est celui de plein-emploi (soit 1000 F)
- La taxe doit aussi augmenter par suite du passage du revenu d’équilibre de 850 F à 1000 F.

La nouvelle situation se présente donc comme suit :

G0 = 330 + 60 = 390
T – G0 = 440 – 390 = 50
D’où l’excédent budgétaire sera réduit de 30 F (passage de 80 F à 50 F).

f.2.) Si l’Etat opte pour la politique fiscale, alors le gouvernement doit réduire la taxe
autonome de 80 F pour atteindre le nouveau niveau d’équilibre du revenu (soit 1000 F).

D’autre part, l’augmentation du revenu de aura un autre effet positif sur


le montant total de la taxe qui dépend du revenu.

La nouvelle situation se présente donc comme suit :

Y*
G0 = 330

T – G0 = 360 – 330 = 30
D’où l’excédent budgétaire sera réduit de 50 F (passage de 80 F à 30 F).
98

Exercices sur le chapitre 4

I. Les modèles de détermination du revenu national

EX1 : Trouver (a) la forme réduite, (b) la valeur numérique de ̅ et (c) l’effet sur le
multiplicateur lorsqu’une taxe proportionnelle au revenu de t est incorporé dans le
modèle ci-dessous.

Y=C+I C=Co+bYd T=To+tY Yd=Y-T

Où I=Io=30 ; Co=85 ; b=0,75 ; t=0,2 ; et To=20

EX2 : Trouver le niveau d’équilibre du revenu national lorsque :

S= -70+0,25 Yd ; Yd=Y-T ; I=Io=40 G=Go=30 et T=To=20

EX3 : Soit le modèle macro-économique suivant :

Y = C + I C = C0 + bY I = I0 + a Y
Où C0 = 65; I0 = 70 ; b = 0,6 et a = 0,2
(a) Trouver la forme réduite du revenu national;
(b) Trouver la valeur numérique du revenu national d'équilibre ̅ ;
(c) Qu'est-ce qui apparaît au multiplicateur lorsque l'investissement est fonction du
revenu national ?

II. Analyse IS-LM

EX.4 : Soient : C = 102 + 0,7Y ; I = 150- l00i ; M s=300 ; Mt =0,25Y


et M z = 124-200i
Trouver :
(a) le niveau d'équilibre du revenu national et le taux d'intérêt d'équilibre;
(b) le niveau de C, I, M t et Mz lorsque l'économie est en équilibre.

EX.5: Supposons que pour l'exercice précédent l'offre de monnaie augmente


de 17;
(a) Evaluer l'effet de cette augmentation sur le niveau d'équilibre du revenu national
et sur le taux d'intérêt d'équilibre;
(b) Trouver les valeurs de C, I, M t et Mz à ce nouvel équilibre.

EX.6 : Soit le modèle macro-économique complet suivant :


C= 89 + 0,6Y; I= 120-1 5 0 i ; Ms = 275 ; M t = 0,1 Y et M z = 240-250i
(a) Trouver la courbe IS-LM;
(b) Trouver le niveau de C, I, M t et Mz en équilibre;
(c) Montrer ce qui apparaît aux conditions d'équilibre si l'investissement
autonome est fixé à 97.
99

SOLUTIONS

EX.1 :

a)

b) ̅

c) Lorsque la taxe est fonction du revenue, au lieu d’être autonome, le multiplicateur


change, passant de [ ⁄ à[ ⁄ .

Le taux de taxation (t) a pour effet de réduire la valeur du multiplicateur, en effet :

EX.2 : La condition d’équilibre d’un modèle à 3 secteurs est donnée par :

̅
EX.3 :

a) b)

c) Lorsque l’investissement est fonction du revenu, au lieu d’être autonome, le multiplicateur


change, passant de [ ⁄ à[ ⁄ .

La propension marginale à investir (a) a pour effet d’accroître la valeur du multiplicateur.

En effet :
100

EX.4 :

a) L’équilibre du marché réel (IS) existe lorsque :

L’équilibre du marché monétaire existe lorsque :

L’équilibre simultanée dans ces deux marchés exigé que :


{

On aboutit donc à un système de deux équations à deux inconnues dont les valeurs des
inconnues peuvent être obtenues aisément :

b) En équilibre :

Vérification
C+I=Y Mt+Mz=Ms
662+138=800 200+100=300

EX.5 :

a) Si l’offre de monnaie (Ms) augmente de 17, l’équation LM devient :

L’équation IS reste inchangée :

On obtient le système suivant :


{

En résolvant ce système, on trouve :


101

Un accroissement de l’offre de monnaie, toute chose égale par ailleurs, à pour effet
d’accroître le niveau d’équilibre du revenu national et de baisser le taux d’intérêt.

b) Lorsque et , alors :

EX.6 :

a) Pour IS :

Pour LM :

En équilibre :

La solution de ce système est : et

b) Au point et , on a :

c) Si Io=97, l’équation IS devient :

L’équation LM reste la même :

En équilibre, on a le système suivant :

{
102

La solution du système est : et


Une baisse des investissements autonome entraine, toute chose égale par ailleurs, une
baisse du niveau d’équilibre du revenu national et une baisse du taux d’intérêt.

C, I, Mt baissent, tandis que Mz augmentent.


103

Chapitre 5. La monnaie dans l’économie

5.1.Définitions

La production sert en principe à satisfaire les besoins. Cependant, la satisfaction des


besoins par le biais de la production ne s'est pas toujours effectuée de la même manière. De ce
point de vue, on peut distinguer au moins deux types d'économie : l'économie naturelle et
l'économie marchande.

L'économie naturelle est caractérisée par l'existence de petits producteurs qui produisent en
petites quantités pour satisfaire directement leurs besoins (auto consommation). Les
domaines d'activité concernés par ce type d'économie sont généralement l'agriculture et
l'artisanat. Mais comme un seul individu ne peut pas tout faire, il s'instaure une certaine
division sociale du travail qui est à la base d'échanges des produits différents. Les échanges se
réalisent sous la forme de troc, un bien étant cédé contre un autre. Cependant, le troc présent
trois caractéristiques qui en limitent peu à peu l'usage :

- rencontre nécessaire de deux personnes, chacune d'elles désirant acquérir le bien


possédé par l'autre et souhaitant céder son propre bien en échange. Le bien passe
du producteur au consommateur sans intermédiaire : producteur consommateur ;
- nécessité d'attribuer une même valeur pour les deux biens à échanger. Dans
l'hypothèse où ceux-ci sont indivisibles et ont des valeurs différentes, il faut
additionner un autre bien pour combler la différence;
- impossibilité de déterminer la valeur d'un produit par rapport à tous les autres.

Présentant ainsi divers inconvénients, le troc fut progressivement abandonné.

L'économie marchande est caractérisée par l'existence d'un marché qui s'intercale entre les
producteurs et les consommateurs. On produit pour le marché, on s'approvisionne sur le
marché. Les échanges sont très développés et s'effectuent par l'intermédiaire de la
monnaie. L'intervention de la monnaie aboutit à décomposer le troc en deux opérations
successives: une vente et un achat.

Ainsi, dans une économie marchande ou économie monétaire, celui qui détient un bien
et souhaite le vendre va pouvoir céder ce bien contre une certaine quantité de monnaie qui
en constitue le prix. Avec la monnaie obtenue, cette personne pourra acquérir différents
biens.

Par conséquent on peut définir la monnaie comme étant un bien, mais un bien particulier
puisqu'elle permet d'acquérir tous les autres biens commercialisés. Il ressort de cette
définition que la monnaie est un bien qui répond à un besoin particulier : le besoin de liquidité,
C'est-à-dire le besoin qu’éprouve chacun à disposer d'un bien accepté par tout le monde pour
obtenir ce qu'il désire. Elle n'est cependant pas un bien de consommation, car personne ne
désire la monnaie pour elle-même, mais pour ce qu'elle permet d'acquérir; elle n'est pas non
plus un bien de production. La monnaie est un bien d'échange. Une caractéristique
104

importante de la monnaie reste l'acceptation générale, ce qui implique une confiance dans la
monnaie.

5.2.Les fonctions de la monnaie

5.2.1. Fonctions traditionnelles

On reconnaît traditionnellement trois fonctions essentielles à la monnaie : une fonction


d'intermédiaire des échanges, une fonction de mesure des valeurs et une fonction de réserve de
valeur.
a) La monnaie est l'intermédiaire des échanges

Certes l'échange peut toujours s'effectuer de produit à produit; mais dans un tel système de troc,
les échanges ont un caractère personnalisé et un volume limité; il faut nécessairement que se
rencontrent deux individus dont chacun possède un produit désiré par l'autre. La monnaie apparaît
alors comme un moyen commode de faciliter et de développer les échanges sur une base
impersonnelle qui est le marché.

b) La monnaie unité de mesure des valeurs

Le troc ne permet de déterminer la valeur d'une marchandise que par rapport à celle avec laquelle
elle a été échangée.

Avec la monnaie, qui constitue un étalon de mesure des valeurs, il devient possible non seulement
de mesurer la valeur des différents biens mais encore de comparer facilement la valeur de ces
biens entre eux.

c) La monnaie instrument de réserve de valeur

Cette fonction est souvent considérée comme la plus importante parce qu'elle conditionne en
fait l'utilisation de la monnaie comme moyen de règlement ; le permet, en effet, de conserver
un pouvoir d'achat et le vendeur d'un bien accepte de recevoir de la monnaie s'il est sûr de
pouvoir acquérir n'importe quel bien ou service aux mêmes, conditions d'échange lorsqu'il
désirera. La monnaie permet ainsi de différer l'utilisation, des ressources, elle constitue un lien
privilégié entre le présent et le futur.

Il convient de distinguer deux notions de réserve de valeur; au sens fort et au sens faible.

- La monnaie peut être une réserve de valeur au sens fort lorsqu'elle est détenue pour
elle-même, en concurrence avec les autres réserves des valeurs.
- La monnaie peut constituer une réserve de valeur au sens faible dans la mesure où les
agents économiques dissocient, dans le temps, la vente de l'achat. Dans ce cas, la monnaie
n'est pas détenue pour elle-même, mais pour les dépenses ultérieures qu'elle permettra de
réaliser. Elle est donc momentanément conservée, en attente d'être utilisée. La fonction
de réserve de valeur n'est alors que la dimension "stock ‘' de la fonction d'intermédiaire
des échanges.
105

Soulignons que la fonction de réserve de valeur n'existe vraiment que si la valeur représentée par
une certaine quantité de monnaie reste identique, quel que soit le moment où celle-ci est
utilisée, ce qui ne se produit pas en cas de hausse du niveau général des prix (c'est-à-dire
pendant les périodes d'inflation).

5.2.2. Fonction moderne

L'étude des fonctions traditionnelles de la monnaie a montré l''extrême pouvoir qu'elle confère
à son détenteur. Ce pouvoir se concrétise grâce à la fonction de liquidité. En outre,
l'utilisation de ce pouvoir, généralisée à l'ensemble des agents économiques de la nation,
peut introduire des perturbations économiques dans l'équilibre global. Il faut alors que l'Etat se
dote d'un pouvoir de régulation: la monnaie devient ainsi un instrument de politique économique.
En effet, les deux fonctions modernes de la monnaie sont: la fonction de liquidité et l'instrument
de politique économique.

a) Fonction de liquidité

La monnaie est la liquidité par excellence. Celui qui détient de la monnaie a une créance générale
sur la production nationale puisqu'il peut la convertir en n'importe quel bien ou service, à
n'importe quel moment, en n'importe quel lieu. C'est par la fonction de liquidité que s'exprime
ce pouvoir extrême de choix.

b) Instrument de politique économique

La liquidité confère un pouvoir individuel de choix extraordinaire entre les mains de son
détenteur. Mais la somme des liquidités individuelles peut vite se révéler un élément
particulièrement dangereux au niveau de l'équilibre de l'économie globale. Il faut donc que
l'Etat, garant de l'intérêt général et de l'équilibre, se donne les moyens de s'ériger en pouvoir
compensateur. Ainsi, la monnaie devient l'instrument de l'expansion, de la redistribution
des revenus et de domination économique sur le plan des relations internationales (l'étalon-
dollar consacre la suprématie économico-politique des Etats Unis d'Amérique, donc ce pouvoir de
domination).

5.2.3. Substitution monétaire et dollarisation

Il est de plus en plus admis que les agents économiques nationaux peuvent être amenés à
réallouer leurs portefeuilles sur la base des anticipations sur le taux de change et les taux
d’intérêt à l’étranger. Il s’agit dans ce cas de la substitution entre actifs non monétaires
nationaux et étrangers. Une grande partie des actifs non financiers y est détenus sous la forme
de dépôts en devises rémunérés, conduisant à un phénomène progressif connue sous le nom
de « dollarisation de l’économie ».

Les résidents de n’importe quel pays peuvent détenir des devises étrangères et s’en servir dans
certains types de transactions telles que les échanges internationaux et le tourisme. Toutefois,
dans certains pays en développement la demande de devises étrangères émanant des résidents
106

nationaux, surtout des devises fortes, le plus souvent les dollars des Etats-Unis, dépasse de
beaucoup les besoins pour ce type de transactions.

5.2.3.1. Définition de la dollarisation

Dans la littérature courante, les termes Dollarisation et Substitution monétaire sont utilisés
pour décrire une même réalité. D’une manière générale, ils désignent le remplacement de la
monnaie nationale dans ses fonctions par une monnaie étrangère. Dans tous les pays subissant
une inflation chronique, on observe que rapidement une devise étrangère est utilisée aux côtés
de la monnaie nationale dans l’économie. Seulement, certains les emploient indifféremment,
d’autres, plus récemment, leurs donnent une signification différente. Quand les deux termes
ne sont pas synonymes, la substitution monétaire fait alors partie du processus plus large de la
dollarisation ; elle en est même l’aboutissement (Guillaumont J. S. [1994], Sahay et Végh
[1995]).

Pour décrire ces concepts, il est intéressant de rappeler que la monnaie apparaît comme un
bien spécifique, recherché pour lui-même en raison des fonctions essentielles qu’il remplit.
On distingue traditionnellement trois fonctions de la monnaie : elle est un intermédiaire des
échanges, une unité de compte, un instrument de réserve de valeur. Avec l’apparition de la
crise financière, les fonctions de la monnaie sont de plus en plus reportées sur d’autres
monnaies que celle définie par l’autorité monétaire nationale. La monnaie est donc atteinte
dans ses fonctions et le dollar s’impose de plus en plus comme réserve de valeur, unité de
compte et parfois intermédiaire des échanges pour certains produits. C’est l’ensemble de ces
phénomènes qui définit la dollarisation, parce que le dollar est la principale devise utilisée à
cette fin.

Dans une économie soumise à des fortes tensions inflationnistes, les résidents commencent à
détenir la plupart de leurs actifs financiers sous forme de dépôts ou de billets libellés en
devises. La monnaie nationale est alors de moins en moins réserve de valeur au profit du
dollar et/ou d’autres devises. Cette perte d’une de ses fonction ne peut être réduite au
problème classique de fuite de capitaux même si très souvent elle prend cette forme. La fuite
de capitaux peut concerner aussi bien le mouvement vers les actifs non monétaires que vers
les actifs monétaires et financiers.

La substitution monétaire ne se limite donc pas à l’abandon d’une fonction de la monnaie, à


savoir celle de réserve de valeur, au profit d’une devise.

Progressivement, les agents utilisent la monnaie étrangère pour se protéger contre l’inflation.
Ce phénomène se renforce de telle sorte que non seulement des contrats et des ventes
purement nationaux sont effectués en devises, mais aussi la monnaie nationale ne sert plus
d’unité de compte pour l’achat de certains biens. L’abandon de cette fonction par la monnaie
nationale concerne d’abord les biens d’équipement et certains biens durables relativement
coûteux, puis, lorsque l’inflation persiste, un certain nombre de biens plus importants. Plutôt
que de modifier au jour le jour le prix de certaines marchandises, certains pays, notamment le
Brésil et l’Israël, étaient tentés d’utiliser une devise (en l’occurrence le dollar) pour exprimer
107

les prix des biens durables et/ou des bons de Trésor indexés sur le cours du dollar. Epongeant
ainsi l’inflation, qualifiée d’inertielle, cette indexation de la monnaie nationale à la devise-clé
signifie, en fait, l’abandon de la monnaie nationale ; cette dernière n’existant plus que de
manière strictement formelle.

La monnaie nationale ne remplit plus alors sa fonction d’unité de compte ; rôle perdu au profit
de la devise.

Enfin, lorsque l’hyperinflation gagne en ampleur ou lorsque les comportements de l’ensemble


des agents économiques deviennent fondamentalement spéculatifs, comme c’est le cas en
RDC, la monnaie nationale tend à être encore davantage délaissée. Après la substitution de la
fonction d’unité de compte par le dollar, c’est la fonction d’intermédiaire des échanges qu’est
maintenant atteinte. La monnaie nationale sert dans un espace de marchandises de plus en
plus réduit ; les devises étrangères, en l’occurrence le dollar, l’ayant remplacée pour les
transactions sur les biens les plus coûteux d’abord, puis pour l’achat des biens de
consommation courante.

La substitution monétaire, définit comme étant l’emploi d’une monnaie étrangère comme
moyen d’échange, est alors l’aboutissement du processus de dollarisation, qui est le
remplacement de la monnaie nationale par la monnaie étrangère dans toutes ses fonctions
traditionnelles.

5.2.3.2. Mesure de la dollarisation

La distinction entre les deux concepts amène à une distinction dans les mesures du
phénomène (Sahay et Vegh, [1995]). En effet, la substitution monétaire est mesurée par le
rapport entre monnaie étrangère et monnaie nationale, et la dollarisation par la part des actifs
financiers étrangers, monnaie et dépôts, dans la richesse financière de l’économie.
Pour les pays en développement concernés par le phénomène de la dollarisation, la monnaie,
moyen d’échange, est représentée essentiellement par les billets (les comptes chèques et les
cartes de crédit sont quasi-inexistants).

Etant donné les difficultés relatives à la détermination des montants des billets étrangers, la
mesure la plus couramment utilisée est effectuée en prenant la part des dépôts libellés en
devises dans le système bancaire pour ce qui est des études recherchant une validation
empirique. Certains auteurs (ADDAM C. [1995]) suggèrent l’observation des variations
attendues du taux de change pour l’appréciation de la portée macro-économique du
phénomène de dollarisation.

5.3. Les agrégats de la monnaie

La quantité de monnaie en circulation dans une économie est un élément déterminant du


revenu national et du niveau des prix. Ainsi, il est important que le gouvernement
connaisse en tout temps non seulement la quantité de monnaie en circulation mais aussi les
sources de la création.
108

5.3.1. Les composantes de la masse monétaire

La forme des monnaies acceptée comme moyen d'échange a beaucoup changé et changera
encore avec le temps. On élabore continuellement de nouveaux éléments d'actifs monétaires
qui remplissent certaines des fonctions de la monnaie, sinon toutes, et sont plus ou moins
faciles à convertir en monnaie.

Si la définition conceptuelle de la monnaie comme intermédiaire échanges ne soulevé


pas de difficulté majeure, la spécification concrète de cette définition n'est pas aussi simple.
En effet, la liquidité est une notion relative, et il n'est pas facile de fixer le seuil délimitant la
monnaie des autres actifs, notamment financiers. Ceci explique la diversité des agrégats
monétaires effectivement recensés. On distingue:

a) M1 ou disponibilités monétaires

L'agrégat M1, appelé aussi "disponibilités monétaires" regroupe les moyens de paiement
immédiatement utilisables par les agents économiques. Il s'agit des billets et monnaies
divisionnaires (monnaies métalliques) en circulation, c'est-à-dire non stockés par les banques, ainsi
que les dépôts à vue.

b) M2 ou masse monétaire

Cet agrégat comprend M1 plus les "disponibilités quasi-monétaires" constituées des dépôts à
terme auprès des banques commerciales.

c) M3 ou ensemble des liquidités

II regroupe M2 plus des dépôts à terme auprès des intermédiaires financiers non bancaires
(placements auprès des Caisses d'Epargne et Compagnies d'Assurance, et les bons du Trésor).

d) L ou ensemble des actifs monétaires

L'agrégat L constitue l'ensemble des actifs monétaires et comprend, en plus de M3, les titres du
marché monétaire émis par des agents non bancaires (financiers et non financiers) ainsi que
l'épargne contractuelle.

On peut enfin résumer les agrégats monétaires à l'aide du tableau ci-dessus.


109

Tableau n °5.1 : Composantes de la masse monétaire

Billet et monnaies divisionnaires


+ dépôts à vue

= M1
+ dépôts à terme

= M2
+ placements à terme
= M3
+ titres du marché monétaire
+ épargne contractuelle

=L

5.3.2. Sources de création de la monnaie

Les contreparties de la masse monétaire peuvent être définies comme les opérations qui
constituent la source de la création monétaire au profit des agents non financiers. En
acquérant différentes catégories d'actifs financiers, les banques créditent les comptes de dépôts de
leurs clients et créent ainsi de la monnaie scripturale qui pourra être, au gré de ceux-ci, convertie
en monnaie manuelle.

On distingue généralement trois catégories d'actifs financiers en contreparties desquelles


la monnaie est émise. Cette classification des contreparties de la création monétaire est
importante parce que le pouvoir de contrôle de l'autorité monétaire ne s'exerce pas de la même
manière sur chacune d'elles. On distingue donc :

a) La contrepartie "Extérieur" Cette contrepartie représente le solde de tous les éléments qui
concernent des relations avec des agents non résidents, qu'il s'agisse d'institutions
financières ou d'agents non financiers.

b) La contrepartie "Créances sur l'Etat" retrace l'endettement de l'Etat vis-à-vis de la Banque


centrale ou des autres institutions financières.

c) La contrepartie "Créances sur l'économie" Par "économie", il faut entendre agents non
financiers résidents dont les avoirs sont inclus dans les agrégats monétaires.

Ces créances représentent les financements consentis par les établissements de crédit aux agents
non financiers autres que l'Etat.
La notion de "crédit interne" recouvre la contrepartie "créances sur l'Etat" et la contrepartie
"créances sur l'économie".
110

Chapitre 6. Inflation

L’inflation est un déséquilibre qui touche toutes les économies nationales. Aussi
convient-il de préciser ce que recouvre le terme. En termes de symptôme, plutôt que de
nature ou de causalité, elle a pu être définie comme la hausse permanente et accélérée du
niveau général des prix. C’est d’ailleurs de cette façon qu’elle est perçue, tant par le grand
public que par les économistes. Du point de vue phénoménologique, l’inflation peut être
rampante (creeping inflation) ou galopante selon son intensité faible ou forte et l’absence ou
non d’un processus cumulatif.

6.1. Définitions

Une économie peut être exposée à deux types de mouvement du niveau général des prix :
l’inflation et la déflation. Il y a inflation lorsque le niveau général des prix est en hausse
continue plus ou moins durable. La déflation est une situation inverse où le niveau général des
prix est en baisse continue plus ou moins durable. L’inflation déclarée, entretenue ou
accélérée devient à son paroxysme l’inflation galopante ou hyperinflation.

CAGAN définit l’hyperinflation comme la situation où le taux de croissance mensuel des prix
dépasse 50 % et s’achève précisément le mois précédant celui à partir duquel la hausse tombe
sous la barre de 50 % pour au moins une année. Dans le cadre de cette étude, nous retenons la
définition de SIAENS selon laquelle l’hyperinflation est une érosion monétaire ou
inversement une hausse de prix dépassant 30 % par mois. Sur cette base, la période allant de
1990 à 2000 caractérise l’hyperinflation congolaise. En effet, excepté l’année 1997, où le taux
d’inflation est tombé miraculeusement à 13.5 %, cette période se caractérise par une forte
augmentation du niveau général des prix. BEAUGRAND adopte une définition peu
rigoureuse en prenant comme indicateur un taux d’inflation moyen de 20 % durant trois mois
successifs.

Contrairement à l’hyperinflation qui ne dure jamais très longtemps, parce que le processus
inflationniste est explosif et aboutit à une stabilisation brutale ou à une destruction de la
monnaie, l’inflation chronique est une inflation rapide et durable (supérieur à 20 % par an et
atteignant parfois plus de 100 %).

6.2. Débats sur l’inflation

Selon les monétaristes, l’inflation est un phénomène essentiellement monétaire dans ses
causes, ses manifestations et ses propagations. De ce point de vue, la principale cause de
l’inflation réside bien dans le déficit budgétaire. L’idée est que lorsque le financement du
déficit budgétaire se fait par les avances de la Banque Centrale au profit du Trésor, il en
résulte un accroissement de la masse monétaire sans contrepartie réelle. Il y a donc une
rupture de l’équilibre entre la demande globale et l’offre globale qui ne peut être rétabli que
par l’augmentation de prix intérieurs.
111

Cette argumentation peut être schématisée comme suit :

Ms > kPY  AD  P


avec Ms l’offre de monnaie, P le niveau général de prix, Y le revenu national, k l’inverse de la
vitesse de circulation de la monnaie et AD la demande agrégée.

Ce schéma indique que lorsque l’offre de monnaie (Ms) augmente, cela tend () à accroître
() la demande agrégée (AD). L’accroissement () de la demande agrégée (AD) entraîne ()
l’augmentation () des prix.

P M s Y
Mathématiquement :  
P Ms Y

P M s Y
avec taux d’inflation, s
taux de croissance de l’offre de monnaie et le taux de
P M Y
croissance de l’économie. D’après cette équation, le taux d’inflation est fonction du taux de
croissance de la masse monétaire et du taux de croissance de la production sous l’hypothèse
de constance de la fréquence circulaire de M.

Friedman et les monétaristes considèrent que l’inflation est fondamentalement un phénomène


monétaire impliquant de ce fait que la croissance de la production est inframarginale. Le lien
de causalité unique est donc établi entre la masse monétaire et les autres variables
fondamentales, impliquant ainsi le caractère exogène de l’offre de monnaie. Ainsi, la masse
monétaire demeure la principale donnée stratégique pour l’obtention de la stabilité
économique : excessive, la création de monnaie conduit inéluctablement à l’inflation;
insuffisante, elle provoque une récession. D’où la nécessité pour les autorités monétaires de
faire progresser la masse monétaire à un taux constant et modéré, identique à celui de la
production réelle (pilotage automatique) dans la lutte contre l’inflation.

Cet argumentaire découle de l’équation des échanges (MV = PQ) qui stipule que la valeur de
la monnaie utilisée dans les échanges est égale à la valeur des biens achetés et vendus. Si la
masse monétaire croit à un taux constant, identique à celui de la production réelle, et si la
fréquence circulaire de M (V) est constante, alors le niveau général des prix (P) demeurera
constant. On aura donc :

M V P Q
   .
M V P Q

M Q V P
Ainsi, si  et sous l’hypothèse de constance de , il en découle que =0
M Q V P

La critique fondamentale que l’on peut formuler à l’encontre de l’approche monétaire, dans le
cadre des pays en développement, est qu’elle suppose que l’inflation est essentiellement
déterminée par des facteurs intérieurs notamment l’excès d’offre de monnaie. Or, les
déséquilibres structurels de l’économie peuvent être également à l’origine de l’inflation.
112

Les keynésiens, quant à eux, considèrent l’inflation comme un phénomène économique


global. L’inflation apparaît donc à la fois comme un phénomène de production, de revenu et
de dépense. Le phénomène de prix n’est qu’une conséquence de l’inflation et non pas
l’inflation elle-même (l’inflation consiste en un excès de demande de biens par rapport aux
possibilités de l’offre, l’excès provoquant un mouvement irréversible de hausse des prix).

Cette interprétation réintègre l’inflation parmi les phénomènes réels et permet d’expliquer les
conséquences économiques de l’inflation sur la production.

Les partisans de cette thèse soulignent même que l’inflation est l’une des principales causes
du déficit budgétaire. De ce point de vue, on trouve la conception active ou fonctionnelle de la
politique budgétaire post-keynésienne en tant qu’instrument de régulation conjoncturel au
travers l’action discrétionnaire des responsables de la politique économique.

En réalité, disons que l’inflation est un phénomène à multiples facettes dont l’analyse peut se
situer à différents niveaux de complexité. La théorie quantitative de la monnaie constitue,
certes, un point de départ utile pour l’analyse de ce phénomène. Elle passe, cependant, sous
silence le rôle des déséquilibres réels dans la naissance des tensions inflationnistes et elle ne
peut non plus expliquer les mouvements simultanés de l’inflation et de réduction du niveau
d’activité.

L’importance de ce débat a un effet considérable sur la définition des politiques économiques


mises en œuvre pour lutter contre l’inflation. L’un des enjeux majeurs est de savoir s’il est
nécessaire de conduire une politique dont l’objectif principal consiste à restreindre la
demande globale en réduisant le déficit budgétaire (et donc l’émission monétaire), ou bien s’il
est possible de lutter contre l’inflation chronique sans avoir recours au contrôle de la demande
globale.

6.3. Politique budgétaire et financement inflationniste du déficit

La politique budgétaire suppose une modification autonome des dépenses de l’Etat et des
prélèvements fiscaux opérés par les pouvoirs publics pour la régulation conjoncturelle. Cette
dernière vise à stimuler ou à freiner la conjoncture en fonction des déséquilibres existants.
Lorsque l’Etat distribue des revenus croissants dans le cadre des dépenses de fonctionnement
et pour financer les investissements, il en résulte un déficit budgétaire devant être financé soit
par emprunt, soit par création monétaire. Le caractère inflationniste d’un déficit budgétaire
n’est certes pas une idée récente. Cependant le regain d’attention dont il fait l’objet pour
expliquer les inflations élevées est dû à l’article de Sargent, de l’université de Minnesota,
consacré aux hyper-inflations de l’entre-deux guerres en Europe Centrale, où il défend l’idée
selon laquelle la maîtrise de l’inflation repose sur la maîtrise du déficit budgétaire.

Sargent a relevé une relation arithmétique simple permettant de faire ressortir une implication
importante de la contrainte budgétaire du gouvernement. Spécialement, le financement par
emprunt du déficit budgétaire peut s’avérer, à long terme, plus inflationniste que le
financement par la création monétaire. L’argument repose sur le fait que lorsque le
113

gouvernement finance son déficit, cela inclut les effets des engagements financiers antérieurs.
Cela peut s’exprimer par la relation :

Déficit budgétaire total = Déficit primaire + Intérêt de la dette (6.1)

Le défit budgétaire peut être financé soit par la création monétaire (Accroissement de la base
monétaire), soit par emprunt (Emission des Bons de Trésor).

La contrainte budgétaire peut donc se présenter sous la forme :

Déficit budgétaire total = Accroissement de la base monétaire + Bons de (6.2)


En combinant les deux relations ci-dessus,
Trésor vendus on obtient :

Bons de Trésor vendus + Accr. de la base Monét. = Déficit primaire +

Cette manipulation arithmétique qui aboutit à laIntérêt de laéquation


dernière dette a une implication non
moins négligeable dans le débat. En effet, d’après cette équation, si l’Etat opte pour le
financement monétaire du déficit, les intérêts de la dette ne seront pas plus importants dans le
futur qu’ils ne les sont actuellement. Mais si le financement par l’emprunt est utilisé, cela
conduira à un déficit élevé dans le futur qui, à son tour, devrait être financé soit par la création
monétaire, soit par emprunt.

Ainsi, sous l’hypothèse que le déficit primaire demeure constant dans le temps (i.e.
accroissement du déficit primaire égal à zéro), si le gouvernement se finance actuellement par
emprunts, au bout d’un certain temps il sera tenté de stopper l’emprunt et se tourner vers la
création monétaire. Ce qui conduira à créer la monnaie à un taux permettant de financer les
intérêts de la dette qui existaient plusieurs années auparavant. Ainsi, à cause de
l’accumulation des intérêts, le financement par emprunt qui se termine par la création
monétaire est plus inflationniste que le financement monétaire (immédiat) d’un niveau donné
de déficit.

On pouvait opposer à cette thèse le pouvoir légal exclusif que dispose l’Etat de lever les
impôts pour financer les paiements d’intérêts sur la dette et rembourser, si nécessaire, la
totalité de celle-ci. Ce pouvoir bien réel est, toutefois, soumis à de nombreuses limites.
Economiquement, la pression fiscale ne saurait dépasser un certain seuil, au-delà duquel
l’activité économique serait asphyxiée. La montée des impôts risquerait de déformer le
système d’incitations des agents, de contribuer au développement de l’économie souterraine
où la fraude devient la règle du jeu et de produire en fin de compte des effets pervers à ceux
recherchés en matière de recettes fiscales. Politiquement et socialement, il y aurait également
de nombreuses résistances à la montée de la pression fiscale pour financer uniquement des
paiements d’intérêts sur la dette publique.

Enfin, la modalité la moins glorieuse est de recourir au FMI. En effet, l’emprunt en devises
aux ressources du FMI est une arme à double tranchant. D’un côté, l’emprunt FMI permet de
114

financer des déséquilibres extérieurs en préservant les réserves de change et en évitant, ou


reculant, une politique intérieure d’austérité trop draconienne. D’un autre côté, la dette
extérieure a, comme toute dette, des effets cumulatifs et, lorsqu’elle est libellée dans une
devise qui s’apprécie au cours du temps, son volume peut rapidement devenir inquiétant au
point que la communauté financière internationale finit par imposer ses conditions en cas de
nouveaux emprunts. Arrivé à ce stade, un pays emprunteur perd une partie de son
indépendance.

Compte tenu de ces limites, les revenus supplémentaires devraient être fournis à l’Etat par la
création monétaire. Ce mode de financement, connue sous le nom de seigneuriage, permet à
l’Etat de couvrir ses besoins de financement sans recourir à l’émission des titres publics
porteurs d’intérêts. Toutefois, la question fondamentale qui se pose est de savoir si oui ou non
cette politique est soutenable. En effet, l’émission de la monnaie nouvelle par l’Etat est la
conséquence de l’existence des déficits budgétaires, c’est-à-dire l’insuffisance des recettes
fiscales par rapport à l’ensemble des dépenses de l’Etat pendant une certaine période. En
revanche, en cas d’excédent des recettes fiscales sur les dépenses publiques (surplus
budgétaire), l’Etat a la possibilité de retirer un certain montant de la dette publique existante.

Dans les pays en développement, caractérisés par des déficits budgétaires chroniques, le
seigneuriage est la principale source des revenus de l’Etat. L’explication réside dans le fait
que l’inflation fonctionne en réalité comme une taxe (la taxe d’inflation), qui procure des
recettes implicites à l’Etat en dévalorisant continuellement la dette existante. La hausse de
l’inflation implique une dévalorisation accélérée de la dette et procure des recettes
supplémentaires qui permettent de repousser la nécessité d’une correction budgétaire plus
drastique par le relèvement des impôts ou la compression des dépenses. Ainsi, face à
l’insuffisance des recettes fiscales et à ses capacités limitées d’emprunts extérieurs, le
gouvernement congolais était amené à faire marcher la planche à billets pour payer ses
dépenses. L’injection monétaire s’est traduite par une inflation élevée qui dure jusqu’à ce que
le gouvernement prenne conscience de l’insoutenabilité de cette politique.

En effet, la correction budgétaire par la taxe d’inflation connaît une limite : lorsque l’Etat ne
parvient pas à maintenir son déficit budgétaire dans des limites raisonnables, les agents
économiques sont amenés à développer le comportement de fuite devant la monnaie
nationale; finalement il en résulterait une baisse de revenu de seigneuriage alors que le taux
d’inflation requis pour l’obtention de ce revenu augmente. Cette situation ne fait qu’aggraver
les problèmes budgétaires de l’Etat : en raison des délais de paiements de l’impôt, les recettes
fiscales réelles diminuent avec l’inflation obligeant l’Etat, pour payer ses dépenses, à émettre
encore davantage de monnaie et du même coup, se fourvoyer dans la spirale inflationniste. Ce
type de comportement se produit plus particulièrement dans les pays où l’instabilité politique
est forte engendrant de ce fait une certaine inertie du système fiscal.
115

6.4. Mesures de l’inflation

6.4.1. Calcul du taux d'inflation

Comment mesurer le-niveau général des prix,. c,'est-à-dire l'ensemble des prix des biens et des
services ?

La mesure de l'inflation est relativement complexe et malgré leurs défauts et leurs


insuffisances, les indices des prix à la consommation servent de mesure au phénomène
inflationniste. L'indice des prix à la consommation résume dans un chiffre unique révolution
d'ensemble des prix des biens et services figurant dans la consommation des ménages.

Comment calculer le taux d'inflation ?

Le taux d'inflation correspond au taux de variation de l'indice des prix à la consommation entre
deux périodes. Si l'indice est de 145 pour l'année 1 (I1 = 145) et 150 pour l'année 2 (I2 = 150),
alors le taux d'inflation de l'année 2 est :

La taux d'inflation annuel peut être calculé en glissement ou en moyenne :

- Le calcul en glissement compare l'indice des prix du mois de décembre de deux


années consécutives ;
- Le calcul en moyenne compare la moyenne annuelle de l'indice (c'est-à-dire la
moyenne arithmétique simple des douze indices de l'année) de deux années
considérées.

6.4.2. Calcul du pouvoir d'achat

On peut calculer l'évolution du pouvoir d'achat d'une certaine somme d'argent (10 000 F,
par exemple) entre deux dates : t 1 et t2, pendant lesquelles l'inflation s'est accrue (5 %
d'inflation, par exemple).

En t2, 10 000 F ne permettent plus d'acheter la même quantité des biens que durant la période
précédente. Les prix ont augmenté de 5 % et l'indice des prix est donc passé de 100 à 105,
Le pouvoir d'achat de 10 000 F est devenu :
116

Donc, en t2, 10 000 F correspondent à la valeur nominale, ou valeur à prix courants, tandis
que 9 523,81 F représentent la valeur réelle (le pouvoir d'achat), ou valeur à prix constants
par rapport à la période t 1. On dit que l'on a déflaté la valeur nominale.
Déflater consiste donc à corriger une grandeur économique des effets de l'inflation. Le
passage d'une valeur à prix courants à une valeur à prix constants se fait grâce à un déflateur
(indice des prix à la consommation, par exemple). Ainsi, on calcule :

6.5. Taxe d’inflation et seigneuriage monétaire

L’objectif du gouvernement est de maximiser ses recettes fiscales. Outre les moyens
traditionnels de taxation, le gouvernement peut aussi décider d’accroître ses recettes fiscales
en augmentant la masse monétaire. Le revenu qu’obtiennent les autorités monétaires en
imprimant de la monnaie (seigneuriage) dépend du taux de croissance de la masse monétaire
et de la quantité de monnaie détenue par le public. Si le niveau général des prix augmente, le
public reconstitue ses encaisses désirées à la même vitesse que l’inflation en érode le pouvoir
d’achat. L’inflation fonctionne donc comme un impôt (taxe d’inflation) sur la détention
d’encaisses en monnaie nationale.

Certes, lorsque le gouvernement finance son déficit par la création monétaire, l’inflation qui
en découle a comme effet de réduire la valeur réelle des encaisses détenues par le public. Pour
maintenir la valeur de leurs encaisses, les agents économiques sont amenés à accroître la
valeur nominale de leurs encaisses à un taux pouvant compenser les effets de l’inflation.
L’inflation agit donc comme une taxe sur la détention de la monnaie (étant donné la réduction
du pouvoir d’achat qu’elle provoque) parce que les agents économiques sont forcés de réduire
leurs encaisses réelles au profit de l’Etat qui pourra utiliser l’excédent de ses revenus (en
économisant les paiements d’intérêt sur ses dettes) pour financer ses suppléments de
dépenses. Ainsi, lorsque le gouvernement finance son déficit par la création monétaire, l’on
peut considérer que le gouvernement se finance à travers la taxe d’inflation. Cette dernière
n’est rien d’autre qu’une taxe imposée par le financement monétaire du déficit et correspond à
la dépréciation de la valeur réelle des encaisses monétaires des agents économiques privés. En
effet, en émettant de la monnaie nouvelle à son propre usage, l’Etat réduit la valeur de la
monnaie ancienne détenue par les agents. L’inflation est donc un impôt prélevé sur la
détention de monnaie. Cet impôt est différent des autres dans la mesure où personne ne reçoit
l’avis d’imposition du gouvernement. Il est beaucoup plus subtil : quand le gouvernement
lève cet impôt, il prélève des ressources sur les ménages sans avoir à leur envoyer une facture.

M 

Le revenu réel tiré de la création monétaire est égale à R  avec M accroissement de
P
la monnaie nationale égale au déficit budgétaire et P niveau général des prix.
117

On peut exprimer R  de la manière suivante :


 
M M M
R   * (1.1)
P M P

M M
avec la demande de monnaie en terme réels et le taux de croissance de la masse
P M

M
monétaire. Par analogie avec le vocabulaire employé en Finances Publiques, est le taux
M
M
d’imposition (taux de la taxe) et la base imposable (l’assiette de la taxe d’inflation) ; d’où
P
l’expression originale d’impôt d’inflation que l’on doit à CAGAN [1956] qui a longuement
analysé les phénomènes d’hyperinflation et conclut que la demande de monnaie en termes
réels (md ) dépend du taux d’inflation anticipé πe : md = exp.[-πe + ], avec -πe l’élasticité
de la demande de monnaie par rapport à l’inflation anticipée.
118

Table des matières


Introduction ........................................................................................................................................... 1
Chapitre 1 : Théorie du comportement du consommateur ............................................................... 2
1. L’approche cardinale de l’utilité ............................................................................................... 2
1.1. Le principe de l’utilité marginale décroissante ........................................................................ 3
1.2. Le principe d’égalisation des utilités marginales pondérées ................................................... 5
2. L’approche ordinale de l’utilité ................................................................................................. 6
2.1. Les courbes d’indifférence ....................................................................................................... 6
2.2. Le taux marginal de substitution (TMS) ................................................................................. 10
3. L’équilibre du consommateur .................................................................................................. 11
3.1. Equilibre du consommateur dans l’approche cardinale de l’utilité....................................... 11
3.2. Equilibre du consommateur dans l’approche ordinale de l’utilité ........................................ 14
4. Dérivation de la fonction de la demande et de la courbe d’Engel ......................................... 21
4.1. Dérivation de la courbe de demande individuelle .................................................................. 21
4.2. Dérivation de la courbe d’Engel ............................................................................................ 23
4.3. Effet de substitution et effet de revenu .................................................................................... 23
4.4. L’élasticité de la demande ...................................................................................................... 25
Exercice sur le chapitre 1 ................................................................................................................. 28
Chapitre 2 : Comportement économique du producteur ................................................................ 32
1. La théorie de la production ...................................................................................................... 32
2. La fonction de production ........................................................................................................ 32
2.1. La production avec un seul facteur variable .......................................................................... 33
2.2. La production avec deux facteurs variables ........................................................................... 38
3. Détermination de l’équilibre optimal du producteur ............................................................ 41
3.1. La contrainte budgétaire ........................................................................................................ 41
3.2. La combinaison optimale des facteurs de production ............................................................ 43
4. Comparaison entre l’isoquant et la courbe d’indifférence du consommateur ............................... 45
5. Les fonctions de coût ................................................................................................................. 46
5.1. Définitions de coûts ................................................................................................................ 46
5.2. Formes des courbes et relations entre les courbes de coûts .................................................. 47
5.3. Dérivation de la courbe d’offre .............................................................................................. 50
5.4. Les courbes de coûts de longue période ................................................................................. 51
119

Chapitre 3 : Le marché et la détermination de l’équilibre .............................................................. 54


1. L’équilibre du marché en régime de concurrence pure et parfaite ...................................... 54
1.1. Les conditions pour l’existence d’une concurrence parfaite .................................................. 54
1.2. L’équilibre du marché en concurrence pure et parfaite ......................................................... 55
2. L’équilibre du marché en régime de concurrence imparfaite .............................................. 62
2.1. L’équilibre du marché en régime de monopole ...................................................................... 63
2.2. Le monopole bilatéral............................................................................................................. 67
2.3. Le duopole et l’oligopole ........................................................................................................ 68
2.4. La concurrence monopolistique ............................................................................................. 69
2.5. Le monopole discriminant...................................................................................................... 70
Exercices sur le chapitre 3 ............................................................................................................ 72
Chapitre 4 : Modèles de détermination du revenu national ..................................................... 77
4.1. Définitions ................................................................................................................................. 77
4.2. Les acteurs (ou agents) économiques ...................................................................................... 78
4.2.1. Les Entreprises .................................................................................................................... 78
4.2.2. Les ménages ........................................................................................................................ 79
4.2.3. Les administrations ............................................................................................................. 79
4.2.4. Le reste du monde (ou l’extérieur) ...................................................................................... 79
4.3. Les déterminants de la demande de biens et de services....................................................... 80
4.3.1. Modèle keynésien de détermination du revenu national : économie fermée ....................... 81
4.3.3. Analyse macroéconomique complète et Analyse des multiplicateurs.................................. 85
4.3.4. Analyse IS-LM et cheminement de la politique économique ............................................... 88
Exercices sur le chapitre 4 .............................................................................................................. 98
Chapitre 5. La monnaie dans l’économie ...................................................................... 103
5.1. Définitions................................................................................................................................ 103
5.2. Les fonctions de la monnaie ................................................................................................... 104
5.2.1. Fonctions traditionnelles ................................................................................................... 104
5.2.2. Fonction moderne.............................................................................................................. 105
5.2.3. Substitution monétaire et dollarisation ............................................................................. 105
5.2.3.1. Définition de la dollarisation .......................................................................................... 106
5.2.3.2. Mesure de la dollarisation .............................................................................................. 107
5.3.Les agrégats de la monnaie ................................................................................................... 107
5.3.1. Les composantes de la masse monétaire ............................................................................ 108
5.3.2. Sources de création de la monnaie .................................................................................... 109
120

Chapitre 6. Inflation .......................................................................................................................... 110


6.1. Définitions ............................................................................................................................... 110
6.2. Débats sur l’inflation .............................................................................................................. 110
6.3. Politique budgétaire et financement inflationniste du déficit ............................................. 112
6.4. Mesures de l’inflation ............................................................................................................. 115
6.4.1. Calcul du taux d'inflation ................................................................................................. 115
6.4.2. Calcul du pouvoir d'achat ............................................................................................ 115
6.5. Taxe d’inflation et seigneuriage monétaire .......................................................................... 116

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