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Pr Abderrazzak ABDOUNE Cours comptabilité Nationale 2020/2021

Introduction Générale

La comptabilité nationale qui est l’une des matières enseignés, dans le cursus universitaire est
destinée aux étudiants de la S5. Mais en quelque sorte elle représente un prolongement de ce
qu’ils ont appris en S2dans la matière de la macroéconomie enseigner en S2.

Sur le plan pratique, cette matière met à votre disposition un outil de travail favorisant
l’utilisation et l’interprétation des comptes nationaux régis par le système de comptabilité
nationale.

Sur le plan théorique cette matière entreprend d’exposer les soubassements et les fondements
de la macroéconomie, notamment en terme de logique de circuit macroéconomique
(appréhension des phénomènes au plan global).

Il convient, notamment, de comprendre qu’il ne s’agit pas de maîtriser toutes les subtilités et
tous les artifices de la comptabilité nationale.
Cette matière ne doit pas être vue comme une fin en soi, mais comme un outil indispensable
pour appréhender l’économie dans son ensemble, à travers les agents et les opérations qui la
composent, mais également pour effectuer des analyses et des prévisions économiques.

Le cadre comptable permet d’évaluer les grands agrégats de l’économie, tels la valeur ajoutée,
l’emploi, les dépenses globales, le solde commercial, ou l’investissement, au niveau national,
régional ou par branche d’activité, que ce soit en stock ou en flux. Il est également utile pour
analyser certains secteurs spécifiques, tels le secteur financier ou les administration publiques.
Il permet aussi d’analyser l’évolution d’une économie dans le temps, par exemple à travers
son taux d’inflation, le taux de croissance du PIB, l’évolution des structures productives ou
des comportements financiers. Il permet enfin d’appréhender les relations internationales
(Import export…).


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Notre cour commencera par, une présentation de la comptabilité nationale en se basant sur
l’approche historique et en mettant en exergue les spécificités de cette démarche vis-à-vis de
discipline proches. Puis nous allons identifier les différents agents économiques ainsi que les
différentes opérations qui composent une économie. Ensuite, nous allons regroupés les
différentes opérations dans des tableaux notamment le TEE et le TOF. Enfin, nous allons
essayer de faire une analyse plus poussée des informations fournies par les comptes nationaux
à travers l’utilisation d’outils tels que les taux de croissance ou les indices, et de consacré au
TES (Tableau entrées-sorties), tableau complémentaire du TEE et du TOF, utilisé pour la
prévision économique et pour l’étude du système productif.

En ce qui concerne les TD nous allons adopter une nouvelle approche. En ce qui concerne la
partie théorique ainsi que les exercices d’application, il seront présenter sous forme d’un
QCM comme ça vous serez familiariser avec cette outil qui s’impose de plus en plus et
comme ça vous allez trouver une aisance de répondre aux questions le jour d’examen
inchallah. De plus, ces exercices d’ »Entraînement » fournissent l’occasion d’une
expérimentation personnelle dans le cadre d’exercices de synthèse présentés dans un ordre de
difficulté croissante.


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Chapitre 1 : Principes de la comptabilité nationale

La comptabilité nationale, dont l’objet est descriptif, et la macroéconomie, dont l’objet est
explicatif, représentent des disciplines distinctes. En réalité, elles sont profondément liées en
raison de l’approche globale de l’économie qu’elles préconisent, cette approche étant
justiciable d’une représentation en termes de circuit. Cette représentation commune peut être
macroéconomie (section 1) et les principes de la comptabilité nationale (section 2). La
spécificité de l’approche comptable apparaît néanmoins à travers la trajectoire historique au
cours de laquelle elle s’est progressivement constituée (section3).

Section 1 : L’émergence de l’approche macroéconomique


On distingue en général trois étapes.
1.1 François Quesnay et le circuit d’une économie précapitaliste agricole

F. Quesnay (1694-1774), fondateur de l’école des physiocrates, est l’auteur du Tableau
économique (1758) qui est la première représentation globale de l’économie sous forme d’un
circuit. Il fournit, à travers la qualification des flux de revenu et de dépenses entre les trois
classes constituant la société : cultivateurs, propriétaires fonciers et commerçants-artisans, un
embryon de modèle macroéconomique. Les différents flux de revenus et de dépenses
constituent donc un circuit à trois pôles au sein duquel la richesse née dans le travail agricole
à l’ensemble des catégories sociales1.


1 La vision proposée par F Qesnay repose sur la productivité exclusive et la productivité

exclusive de l’agriculture. Cette vision est liée au dogme de la productivité naturelle de la


terre, censée multiplier la matière. D’ou l’idée que les fermiers créent seuls plus de
richesse qu’ils n’en consomment et que les autres classes ne font que transformer la
matière. Cette thèse physiocratique, fortement contestée dès les années 1770,
notamment à la suite des travaux.


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o La classe des cultivateurs ou fermiers (F) est appelée classe productive car c’est elle
qui crée la richesse de la nation en exploitant la terre.
o La classe des propriétaires fonciers (P) subsiste grâce au revenu qui lui est versé
annuellement par la classe productive (le produit net) en échange de la jouissance de
l’exploitation de sa terre.
o La classe des commerçants-artisans (A) est qualifiée de classe stérile, sa seule activité
consistant à transformer les richesses extraites du sol (biens agricoles) en richesses
ayant un montant strictement identique (bien manufacturés).

Le circuit macroéconomique des flux de revenus (monétaires) construit par F. Quesnay
est illustré par l’exemple arithmétique suivant : la production agricole s’élève à 5 unités
de compte (u.c). les fermiers auto consomment 2 u.c, conservées en nature sous forme
« d’avances annuelles » destinées à la production de l’année suivante (semences et
subsistances), le reste étant vendu pour 1 u.c aux propriétaires et pour 2 u.c à la classe
stérile. Le produit de la vente (soit 3 u.c) permet d’acheter du matériel aux
commerçants-artisans (1 u.c) et de payer le fermage (égale au produit net) aux
propriétaires terriens (2 u.c). la classe des propriétaires dépenses son revenu (2 u.c)
pour moitié en biens agricoles et pour moitié en biens manufacturés. La classe stérile
achète 2 u.c en produits agricoles (matières premières et subsistances). La classe
productive est donc la seule à créer de la richesse, égale au produit net, soit la différence
entre la production (5 u.c) et les reprises (dépenses nécessaires à la production et au
renouvellement de celle-ci).
Autoconsommation : 2 (en nature)
Achats de produits
Agricoles : 2 Fermages : 2
F

Achats alimentaires : 1


Achats d’outillage : 1

A P

Achats de biens manufacturés : 1


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Dans ce circuit, la richesse circule grâce à la diffusion du surplus, les dépenses des
propriétaires terriens générant à leur tour des dépenses de la part des fermiers et de la
classe des artisans. On peut donc considérer que l’impulsion macroéconomique initiale
est donnée par le versement du produit net des fermiers aux propriétaires terriens. Le
second temps du circuit repose sur les dépenses des propriétaires, le troisième temps du
circuit consistant dans le bouclage des flux vers le pôle initial, représenté par les
fermiers, et rendant ainsi possibles les conditions productives de la période suivante.
L’apport de F. Quesnay peut être jugé fondamental à plusieurs titres
Simplifiée en termes de circuit mettant en avant les indépendances des classes et leur
rôle dans la cohérence du corps économique. En outre, l’approche fondée sur la notion
de produit net, impulsant la création de richesses par une classe puis la diffusant à
travers son accaparement par une autre classe, ouvrira la voie au concept marxiste de
plus-value puis à celle, qui prévaut actuellement dans la comptabilité nationale, de
valeur ajoutée. Enfin, bien que le Tableau représente l’équilibre des flux dans le cadre
d’une économie stationnaire (sans croissance), puisque d’une période à l’autre la
production se reproduit à l’identique, il modélise pour la première fois la dynamique
macroéconomique sous la forme d’une succession de séquences temporelles.

1.2 Karl Marx2 et le circuit du capitalisme industriel

Pour analyser la dynamique du capitalisme, K. Marx, grand admirateur des travaux de F.
Quesnay, reprend à son compte l’approche macroéconomique en termes d’interdépendances
socio-économiques présentée dans le circuit physiocratique.
« L’anatomie » du mode de production capitaliste, selon la formule de K. Marx, repose sur la
compréhension de l’articulation de trois fonctions essentielles, de la création de valeur
(richesses) à sa répartition et à son accumulation, triptyque qui s’apparente au schémas
production-revenu-dépense.


2 K. Marx (1818-1883) occupe une place singulière dans la pensée économique

allemande du fait des dimensions multiples de son œuvre : il est à la fois philosophe,
économiste et historien. Premier théoricien du socialisme scientifique, il s’attache à
démontrer que la transformation sociale ne peut résulter que d’un processus
révolutionnaire. C’est dans cette perspective qu’il tente d’analyser dans Le Capital
(1867) ce qui fait la quintessence du mode de production capitaliste


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La substance de la valeur résidant d’après K. Marx dans le travail, la loi de la valeur exprime
la loi économique de la production marchande par laquelle l’échange des marchandises
s’effectue selon la quantité de travail socialement nécessaire à leur production.
K. Marx fait alors apparaître que l’échange marchand, qui peut être symbolisé par
l’enchaînement M-A-M (marchandise-argent-marchandise), ne représente qu’un aspect, le
plus visible, du système capitaliste. Dans la sphère marchande, la loi de la valeur se réalise par
le biais de la monnaie, équivalent général, dans l’échange de valeurs équivalentes. D’ou
l’impossibilité de justifier l’apparition du profit capitaliste dans cette sphère, dans la mesure
ou ce dernier suppose un accroissement de la valeur. Ce constat conduit K. Marx à faire
l’hypothèse de son émergence à travers un autre enchaînement A-M-A’ ‘argent-marchandise-
argent) prenant place à la faveur des rapports entre capitalistes et salariés.
L’enchaînement A-M-A’ représente le cycle des « métamorphoses du capital ». les détenteurs
des moyens de production utilisent le capital-argent initial ». les détenteurs des moyens de
production utilisent le capital-argent initial A dans le processus productif (achat
d’équipements et de la force de travail), ce dernier aboutissant à la fabrication de
marchandises M dont la vente, toujours aléatoire, peut procurer un profit (mesuré par la
différence A’-A).
Cette opération est rendue possible grâce à l’utilisation de la force de travail, créatrice de
plus-value (PL) dans le processus de production (la force de travail est la seule marchandise
qui crée plus de richesses qu’elle n’en coûte). La plus value (PL) représente donc la part de la
valeur créée par la force de travail dans le processus de production qui n’est pas restituée aux
salariés sous forme de salaires car elle fait l’objet d’une appropriation exclusive par les
capitalistes. Cette appropriation découle de la détention des moyens de production par les
capitalistes, le travailleur étant « libre » de toute propriété et ne possédant comme
marchandise à vendre que sa propre force de travail. On notera que chez K. Marx
l’antagonisme qui régit les rapports capitalistes et salariés fonde le rapport d’exploitation, qui
est la caractéristique dominante du mode de production capitaliste.
Le profit capitaliste incite les capitalistes à accumuler le capital de période en période. D’ou
une représentation possible en termes d’un circuit dont l’équilibre est assuré au cours du
temps par le bouclage profit-accumulation. Toutefois la marchandise produire n’est pas
assurée de trouver preneur sur le marché d’ou la possibilité de crises, ruptures du circuit
inhérentes à ce mode de production.


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o Lorsque la plus-value (PL), source du profit (A’-A), est dépensée intégralement par les
capitalistes, excepté l’amortissement servant au remplacement du capital utilisé, le
capital initial est reproduit à l’identique. K. Marx parle alors de reproduction simple.
o Lorsque la plus-value (PL) est en majeure partie investie, elle est donc accumulée et
l’on a une économie en croissance, K. Marx parlant alors de reproduction élargie.

k. Marx démontre en outre que la reproduction d’ensemble du capital impose la réalisation


d’équilibres particuliers entre les secteurs produisant les biens de production et les secteurs
produisant les biens de consommation. La réalisation de ces équilibres n’est pas garantie par
la marche spontanée du système économique, d’ou la survenance inéluctable de crises.
L’accumulation du capital est donc le phénomène majeur auquel se rattachent les lois
économiques du capitalisme. Elle conduit à l’accroissement de la composition organique du
capital (élévation de la part du capital constant-machines, équipement- vis-à-vis du capital), à
la concentration du capital et à la baisse tendancielle du taux de profit.

1.3 John Maynard Keynes3 et le circuit d’une économie monétaire de


production

J. M. Keynes propose une rupture décisive vis-à-vis de la microéconomie.
D’une part, l’hétérodoxie du projet keynésien est manifeste à travers la volonté de J. M.
keynes de faire de la théorie «classique » (standard) un cas particulier de sa « théorie
générale ». D’autre part, et de manière plus profonde, ce qui est en cause dans l’hétérodoxie
keynésienne, c’est une entreprise de déconstruction des postulats microéconomiques, mis en
œuvre par J. B. Say et trop rarement rediscutés pendant plus d’un siècle.


3 L’analyse macroéconomique s’est principalement développée la crise de 1929 et à

partir des travaux de J. M. Keynes (1883-1946). En particulier, La théorie générale de


l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, publiée par J. M. Keynes en 1936, et un ouvrage
fondamental car il marque le point de départ d’une rupture théorique vis-à-vis de
l’approche microéconomique. Premier économiste de son temps fonctionnaire ayant
participé aux grands rendez-vous de l’histoire mondiale, J. M. Keynes est également en
désaccord avec ses contemporains sur le plan de la politique économique. Il explique
que pour sortir de la crise de 1929, on ne peut recourir à la flexibilisation des salaires
sur le marché de l’emploi. Le plein-emploi ne peut être automatiquement atteint par le
seul jeu du marché ce qui nécessite l’intervention de l’Etat.


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Le système de pensée keynésien, qui n’est pas sans avoir de parenté (tout au moins implicite)
avec les deux auteurs précédents, peut se résumer aux positions suivantes (A. Barrère, 1990,
p. 14) :
• Abandon des raisonnements en termes d’économie réelle pour leur substituer une
économie monétaire de production, la monnaie ayant une importance aussi grande que
les biens dans l’activité économique ;
• Analyse en termes de circuit global hiérarchisé au lieu d’approches en termes de
marchés (équilibres offre/demande et régulation par les prix) régis par les
comportements individuels ;
• Approche de la dynamique des variations et de l’évolution économiques prenant la
place de l’équilibre statique de la théorie des marchés.
La nouvelle discipline, initiée par keynes, requiert la construction de nouveaux concepts : les
agrégats, saisissant directement l’activité économique dans ses principaux aspects
(production, répartition, dépense) au niveau global. Ainsi, les agrégats permettent-ils de
mesurer la production nationale, la consommation finale nationale ou l’investissement
national d’un pays donné. Dans la mesure ou ces instruments sont inédits, leur estimation
nécessite le recours à un appareillage statistique qui est, lui aussi, largement à construire.
D’ou le développement de comptabilité nationales qui s’ensuivra, sous les effets conjugués de
l’impulsion keynésienne et de la crise de 1929, cette dernière ayant contribué à accréditer
l’approche keynésienne de l’économie.
Le système keynésien repose sur les interdépendances liant les différents flux, la
détermination du revenu national et de l’emploi résultant de l’interaction de fonctions de
comportement concernant la consommation, l’investissement et la monnaie. Ces interactions
multiples sont à l’origine, pour J.M. Keynes, d’un risque élevé de sous-emploi qui implique la
possibilité d’un chômage involontaire. Ce sous-emploi chronique ne pouvant être corrigé
spontanément par les entreprises et les mécanismes du marché, il rend légitime l’intervention
publique, qui seule, peut être à même de mener une politique de relance de la demande
effective par stimulation de la consommation ou de l’investissement.
Dans le circuit kéynésien, les banques ont un rôle premier par l’impulsion monétaire qu’elles
déclenchent vis-à-vis de la production.
Les agents globaux en sont les pôles fonctionnels, c’est-à-dire purement représentatifs de
fonctions : les banques (B) ont pour fonction la création monétaire et le financement des
entreprises ; les entreprises € la production ; les ménages (M) la consommation. Les opérations
(financer, produire, verser des revenus, dépenser) en sont les flux, mesurés par des agrégats. On


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peut adopter la représentation ci-dessous, le circuit étant équilibré à chaque pôle par l’égalité des
flux monétaires entrants et des flux sortants.

Les variables sont ainsi définies : F,


financement des entreprises par le crédit B
bancaire ; S, épargne des ménages ; Y, S F
revenu des ménages décomposable en
salaire (w) et revenus de la propriété et de
Y
l’entreprise (Π) ; C, consommation finale ;
I+U, investissement net et coût d’usage de M E
C
la production (consommation
intermédiaires et amortissement).

On vérifie à chaque pôle les équilibres comptables :


- au pôle banques (B) : F = S ;
- au pôle entreprises (E) : U + I + C + F, d’ou : Y = C + F ;
- au pôle ménages (M) : C + S = Y.

Ces équilibres comptables permettent de mettre en évidence l’identité qui lie les trois optiques
de lecture des activités économiques (tableau ci-contre).


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Optiques Interprétation
Optique de formation du revenu : La production nette est source de revenus, ici
Y=C+Π décomposés en salaires et revenus de la
propriété et de l’entreprise
Optique d’utilisation du revenu : L’utilisation de la production, dont la valeur
nette est égale aux revenus distribués, se
Y=C+S partage entre consommation finale et
épargne.
La valeur des richesses créées Y en biens de
Optique de dépense (demande) : consommation et d’investissement, mesurée
par la VAB, est égale à la demande de ces
Y=C+I deux catégories de biens (ici, dans ce schéma
= C+F simplifié, la demande d’investissement est
indirectement liée aux financements obtenus
par les entreprises)).

De ces égalités, on peut tirer la relation qui lie épargne et financement (investissement) :
F=Y–C=S
F=S
L’égalité entre épargne et financement fourni par les banques – ou entre épargne et
investissement – est la condition d’équilibre du circuit keynésien à trois pôles.

2. Circuit comptable et circuit macroéconomique :


La comptabilité nationale a un but descriptif : elle rassemble dans un cadre comptable
cohérent toutes les opérations effectuées par les agents d’une économie nationale au cours
d’une année, en vue de connaître et de synthétiser (par exemple, à travers l’élaboration des
agrégats) la situation de cette économie.
La macroéconomie est consacrée à l’analyse des facteurs qui déterminent le niveau de
l’activité globale d’une économie : elle a pour but d’expliquer les conditions de l’équilibre des
flux globaux (opérations) s’établissant entre les agents macroéconomiques, catégories
auxquelles on attribue des comportements homogènes.
En réalité, les deux disciplines sont profondément complémentaires.
D’une part, la comptabilité nationale est l’outil indispensable à la mise en œuvre de la
macroéconomie. En effet, par les mesures systématiques auxquelles elle procède, elle rend
seule possible la traduction des variables macroéconomiques en grandeurs observées. Elle
représente donc le cœur du système d’information économique dont se dote une nation.
D’autre part, les deux disciplines considèrent que l’économie peut être vue à partir d’un
équilibre mettant en cause trois pôles d’un circuit : la production, le revenu et la dépense. La
production génère la distribution de flux de revenus, ce qui donne lieu à une dépense d’un


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certain montant qui détermine en retour le niveau de la production. Cet équilibre se reproduit
de période en période.
Dans les deux disciplines, les agents macroéconomiques sont les pôles du circuit et les
opérations économiques, mettant en relation les agents macroéconomiques, sont les flux du
circuit. Dans sa représentation la plus simple, le circuit décrit des relations bilatérales, réelles
et monétaires, unissant les entreprises et les ménages : les flux réels (livraison de biens et
services, fourniture de facteurs de production tels que le facteur travail) sont doublés par des
flux monétaires de même valeur mais de sens contraire (achats de la production par les
ménages, revenus versés par les entreprises aux ménages). Le circuit est équilibré, la somme
des flux entrants étant égale à la somme des flux sortants.
Remarques
Si l’on imagine une multitude d’agents et d’opérations, on conçoit aisément que la
représentation graphique (sagittale) du circuit rencontre des limites matérielles.
En outre, en comptabilité nationale, les agents sont à la fois institutionnels et fonctionnels.
Chaque agent n’est pas représentatif d’une seule fonction mais d’une fonction principale.
Ainsi, les ménages ont effectivement pour fonction principale la consommation, mais ils
assument aussi des fonctions de production ou d’investissement à titre secondaire. Il en est de
même des autres agents.
Visant à la fois l’exhaustivité et la synthèse, la comptabilité nationale propose donc plusieurs
simplifications :
- seuls les flux monétaires sont pris en compte pour eux-mêmes d’une part, et comme
représentants des flux réels (ils évoluent en sens inverse et sont de même montant)
d’autre part ; le circuit à deux pôles (ménages et entreprises) (représenté ci-dessous)
enregistre les deux flux suivants : versement de revenus (salaires) aux ménages par les
entreprises pour une valeur Y = 1000 ; dépenses des ménages (consommation) pour
une valeur C = 1000 ;
Y = 1000

Ménages Entreprises



- C = 1000


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- la représentation comptable est substituée à la représentation sagittale. Les diverses


opérations sont enregistrées dans des comptes (appelés comptes en T) :
• à tout agent est associé un compte ;
• on porte en ressources (R sur la partie droite) les opérations correspondant à des flux
monétaires reçus ;
• on porte emplois (E sur la partie gauche) les opérations donnant lieu à des flux
monétaires versés ;
• le solde, généralement porté en emplois, assure l’équilibre de présentation du compte,
c’est-à-dire l’égalité des ressources et des emplois (il est calculé en faisant :
ressources-emplois) ; si les ressources sont supérieures aux emplois, il apparaît une
capacité de financement chez l’agent, et le solde est précédé du signe + ; si les
ressources sont inférieures aux emplois, il apparaît un besoin de financement chez
l’agent, et le solde est précédé du signe -.

La comptabilité nationale repose sur le principe de l’écriture en partie double. Chaque flux
donne lieu à une double écriture : en emplois pour une catégorie d’agent (flux monétaires
versés), en ressources pour une autre catégorie d’agent (flux monétaires reçus).
Dans l’exemple précédent, si l’on suppose que les ménages consomment ( C ) tout leur revenu
et que les entreprises versent sous forme de salaires les revenus de la production (Y), on a
donc :

E Entreprise R E Ménages R

Y = 1000 C =1000 C = 1000 Y = 1000

Remarques 1
Le solde étant ici nul, puisque Y = C, il n’est pas nécessaire de le faire figurer dans les
comptes en T.
Remarque 2


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Lorsque, pour une raison quelconque, l’équilibre du circuit n’est pas assuré, il convient de
rétablir l’équilibre en ayant recours aux variations de stocks (biens produits antérieurement et
non vendus par exemple). Si C > Y, on est amené à puiser sur des stocks antérieurs, d’ou une
variation de stocks négative ΔS < 0 (elle comble la différence constatée entre C et Y). si
C < Y, c’est l’inverse et l’équilibre des flux est assuré par une augmentation des stocks
(ΔS >0).
Interprétation
Y représente à la fois la production et les revenus distribués. Sous l’angle de la production, il
y a égalité entre cette production (Y) et la demande de biens de consommation (C) ; sous
l’angle des revenus, il y a égalité entre ce revenu (Y) et les achats de biens de consommation
(C’). D’ou, la double égalité : Y = C, exprimant l’équilibre global du circuit (identique à
l’égalité des

3. Trajectoire historique de la comptabilité nationale

Il est d’usage de faire remonter les origines de la comptabilité nationale aux périodes les plus
reculées de l’histoire humaine, notamment aux pratiques comptables ou aux préoccupations
fiscales des Egyptiens, des Babyloniens, des Grecs ou des Romains. Néanmoins, l’émergence
de la comptabilité nationale au sens strict se situe dans les années succédant à la seconde
Guerre mondiale.
En effet, même des initiatives visant à estimer le revenu national menées en des temps moins
anciens, comme celles de William Petty (en 1665) ou de Gregory King (de 1688 à 1695), pour
intéressantes quelles soient, ont en réalité peu contribué à faire progresser l’approche
comptable, notamment en raison d’une approche restrictive de la notion d’activité productive
tirée des travaux d’Adams Smith. Il en sera de même des travaux des Physiocrates et de K.
Marx, en dépit de l’impulsion notoire qu’ils ont respectivement donnée à la vision globale de
l’activité économique.
La comptabilité nationale se constitue donc assez récemment, à compter de la période
charnière de la crise des années trente, la transition s’effectuant en une quinzaine d’année en
prenant à la fois appui sur des préoccupations pratiques et théoriques. Deux faits y sont
décisifs : d’une part, la crise économique qui, rendant les interventions étatiques plus
fréquentes, provoque des insatisfactions répétées en matière d’information statistique ; d’autre
part la « révolution Kéynienne », qui, à travers le concept d’agrégats, conduit à porter


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l’attention des économistes sur la nécessité de connaître les flux participant du circuit
macroéconomique, tels le produit national brut, le revenu national et la dépense nationale.
Cette approche, liée à l’émergence d’organismes officiels chargés de l’élaboration statistique,
sera illustrée à cette période par les travaux de S. kusnets aux Etats-Unis, C. Clark en Grande-
Bretagne, R. Fisch en Norvège, C. Colson et A. Sauvy en France.
Parallèlement à ces travaux, Wassily Leontief (1906-1999), en Russie puis aux Etats-Unis ou
il a émigré, mène des recherches sur l’analyse des relations interindustrielles en termes de
relations techniques entre les productions d’une branche industrielle et les produits
nécessaires à cette production. Ses découvertes conduiront ultérieurement à l’élaboration des
travaux « entrées-sorties », l’utilisation de ces tableaux s’étant généralisée lors de la mise en
œuvre de planification indicatives dans les divers pays occidentaux (en particulier en France)
en relation avec l’élaboration de comptes nationaux.
La Seconde Guerre mondiale marque les débuts d’une nouvelle étape conduisant au décollage
simultané de véritables systèmes de comptabilité nationale dans plusieurs pays. Ce
foisonnement méthodologique provoque une démarche d’harmonisation internationale qui
aboutit à la publication en 1952 par l’OCDE (devenu depuis lors OCDE) d’un « système
normalisé de comptabilité nationale ». Cette initiative, à laquelle adhèrent la plupart des pays,
conduit à la mise à l’écart de la France qui poursuit de son côté le développement d’un
système de comptabilité autonome.
La portée de cette démarche singulière doit être doublement nuancée. D’une part, malgré la
normalisation, entérinée en 1954 par l’ONU qui conduit à la reconnaissance officielle des
systèmes anglo-saxons, l’existence d’un système normalisé, les pays participants conservent
une autonomie relative qui se traduit dans le maintien des particularités de leurs système
respectifs. D’autre part, l’isolationnisme français ne doit pas être interprété en termes de
chauvinisme national : le système élaboré par la France, beaucoup plus détaillé que les
systèmes anglo-saxon, répond mieux, à l’époque, aux orientations planifiées de la
reconstruction d’après-guerre.
Néanmoins, notamment à compter de la mise place du Marché Commun en 1957, les
responsables de l’action publique conçoivent que la trajectoire française, qui repose entre
autres sur une notion de production réduite à la stricte production marchande, ne peut
durablement continuer à se séparer de celle de l’ensemble des autres pays. D’ou l’alignement
officiel de la France, en 1976, sur un « système normalisé », entre-temps révisé à plusieurs
reprises. On notera que le système comptable français, qui répond à l’appellation de SECN 76
(système élargi de comptabilité nationale), s’intègre dès lors au SEC 70 (système européen de


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comptes), lui même adapté en 1970 du SCN 68 (système de comptes normalisés) défini par
l’ONU en 1968.
La dernière vague d’harmonisation, lancée dès 1980 par l’ONU (en lien avec le FMI, la
Banque mondiale et la communauté européenne), aboutit à la constitution du SCN 93
(Système de comptabilité nationale 1993) qui se différencie du système précédent par
l’intégration de modifications prenant en compte la dérégulation des économies et le
développement des services, notamment financiers. Sur la base des lignes directrices
internationales en matière de comptabilité nationale énoncées dans le SCN 2008 (système de
comptabilité nationale énoncées dans le SCN 2008 (système de comptabilité nationale de
2008), l’Union européenne à élaboré le SEC2010, système européen des comptes 2010, entré
en vigueur en septembre 2014dans tous les pays de l’Union européenne. Il succède au
système précédent, le SEC 1995 qui avait été mis en place en 1998. Le SEC 2010 s’inscrit
dans le prolongement du SEC 1995, tout en intégrant un certain nombre de changements
conceptuels importants, tels que la réévaluation des échanges extérieurs, la capitalisation des
dépenses de recherche et développement ou l’amélioration de la comptabilisation de l’activité
des sociétés financières. Le système européen des comptes fait l’objet d’un règlement
communautaire servant de référence obligée à l’ensemble des Etats membres, dont la France.
Aujourd’hui, les comptes nationaux sont donc régis par un ensemble de règles comptables et
de pratiques définies au niveau international, permettant les comparaisons entre pays sur des
bases statistiques identiques. Les manuels méthodologiques font l’objet de révisions
régulières, afin de s’adapter au développement économique mondial. Elles restent cependant
occasionnelles, le but étant d’offrir un cadre d’analyse stable dans le temps, en évitant au
maximum les ruptures de séries.
Afin d’effectuer des comparaisons dans le temps, la comptabilité nationale fait également
référence à des périodes de base, elles-mêmes réactualisées environ tous les cinq ans.
Pour une période de temps donnée, la comptabilité nationale définit et stabilise aussi un
ensemble de concepts, nomenclatures et méthodes spécifiques. Cet ensemble porte la
dénomination de base. Depuis les années cinquante, plusieurs bases ont été définies, chacune
d’elles portant le nom de son année de référence : 1956, 1959, 1962, 1971, 1980, 1995, 2000,
2005, et depuis septembre 2014 la base 2010.
La raison d’être de l’élaboration de bases successives réside dans l’insuffisance d’évaluations
annuelles réalisées en valeur (dites en euros courants). En effet, pour apprécier les évolutions
de l’activité économique, on cherche plutôt à appréhender les volumes, c’est-à-dire les
évaluations courantes débarrassées des incidences de l’inflation. La comptabilité élabore la


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base pour l’année choisie comme année de référence. Pour les années suivantes, afin d’isoler
les volumes, elle évalue ce qu’aurait été l’évolution enregistrée si les prix étaient restés fixes
(évaluation dite à prix constants). Au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’année de
référence, du fait de la déformation subie par la structure des prix, les évolutions à prix
constants sont cependant de moins en moins fiables. D’ou la nécessité de changements de
base périodiques. Chaque changement de base est une opération lourde que la comptabilité
nationale se doit de réaliser sous peine de ne plus être adaptée aux évolutions des réalités
économiques.
Aujourd’hui, les comptes nationaux présentent une image structurée et détaillée de
l’économie d’un pays et offrent ainsi un cadre cohérent utilisable à des fins d’analyse et
prévision macroéconomiques, l’harmonisation des règles et pratiques comptables permet par
ailleurs les comparaisons internationales.


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CHAPITRE / Cadre comptable, agents et opérations

1.1 Nomenclatures des comptes nationaux :


Les travaux de confection des comptes nationaux passent d’abord par la mise en place des
nomenclatures. Celles-ci constituent un élément chef, au même titre que l’architecture
comptable elle-même. Ce sont elles, qui déterminent le contenu des différents postes retenus
pour constituer les comptes nationaux. Elles concernent plus précisément les domaines
suivants :
Ø les agents (secteurs institutionnels et branches) ;`
Ø les flux et les stocks ;
Ø les biens et services ;
Ø les fonctions.
1.2 Unités Institutionnelles :
Définition :
Une unité institutionnelle est une entité économique dotée de la capacité autonome de
posséder des actifs, de souscrire des engagements, d’exercer des activités économiques et de
réaliser des opérations avec d’autres entités.
L’unité institutionnelle est donc un centre élémentaire de décision économique caractérisé par
l’unicité de comportement et l’autonomie de décision dans l’exercice de sa fonction
principale. Une unité est dite institutionnelle dès lors qu’elle dispose d’une comptabilité
complète ou serait en mesure d’en établir une, si cela lui était imposé.
Dire qu’une unité de l’autonomie de décision dans l’exercice de sa fonction principale
signifie :
a. qu’elle est en droit de posséder en toute autonomie des biens et actifs ; elle est donc en
mesure d’échanger la propriété de biens ou d’actifs lors d’opérations réalisées avec
d’autres unités institutionnelles ;
b. qu’elle a la capacité de prendre des décisions économiques et d’exercer des activités
économiques dont elle est tenue directement responsable en droit ;
c. qu’elle a la capacité de souscrire des engagements, de contracter des dettes et autres
obligations et de passer des contrats en son propre nom.

Dire qu’une unité dispose d’une comptabilité complète signifie qu’elle dispose à la fois d’un
bilan de ses actifs et passifs et de documents comptables ou apparaît la totalité des opérations


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économiques et financières qu’elle a effectuées au cours de la période de référence des


comptes.
Les unités qui n’ont pas de comptabilité complète et qui ne seraient pas en mesure d’en établir
une, si cela leur était imposé, sont à englober dans les unités institutionnelles dans la
comptabilité desquelles leurs comptes partiels sont intégrés.
Les unités qui, pourvues d’une comptabilité complète, ne disposent pas de l’autonomie de
décision dans l’exercice de leur fonction principale, sont à englober dans les unités qui les
contrôlent.
Les unités qui ne disposent pas nécessairement d’une comptabilité complète, mais qui, par
convention, sont réputées pour leur autonomie de décision, sont considérées comme des
unités institutionnelles. Il s’agit des :
ü ménages ;
ü unités résidentes fictives qui ont un centre d’intérêt économique sur le territoire
économique.
Sont considérées comme unités résidentes fictives :
ü les parties d’unités non résidentes qui ont un centre d’intérêt économique sur le
territoire économique du pays (c’est-à-dire, dans la majorité des cas, qui y effectuent
des opérations économiques pendant une durée d’un an o plus ou y exercent des
activités de construction pendant une période inférieure à un an à condition que la
production qui en résulte constitue une formation brute de capital fixe) ;
ü les unités non résidentes en leur qualité de propriétaires de terrains ou de bâtiments sur
le territoire économique du pays, pour les seules opérations portant sur ces terrains ou
bâtiments.

Même si elles ne disposent que d’une comptabilité partielle et ne jouissent as en général de
l’autonomie de décision, les unités résidentes fictives sont traitées comme des unités
institutionnelles.
Il existe, dans la pratique, deux grandes catégories d’unités en mesure de posséder tous les
attributs de l’unité institutionnelle :
ü les personnes physiques (ou les groupes de personnes qui forment les ménages) ;
ü les personnes morales (entités juridiques ou sociales) dont l’existence est reconnue
indépendamment des personnes ou des autres entités qui en détiennent la propriété ou
le contrôle.


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1.2.1 Concepts déterminants dans la définition d’une unité institutionnelle

1.2.1.1 Territoire économique


Le territoire économique du pays est la zone géographique administrée par les pouvoirs
publics (administration centrale) et à l’intérieur de laquelle, les personnes, les biens et les
capitaux circulent librement.
Le territoire économique du Maroc est constitué par :
ü le territoire géographique du pays ;
ü l’espace aérien national et les eaux territoriales ;
ü les enclaves territoriales, c’est-à-dire les territoires géographiques situés dans le reste
du monde et utilisé, en vertu de traités internationaux ou d’accords entre Etats, par les
administrations publiques marocaines (ambassades, consulats…).
Le territoire économique ne comprend pas les enclaves extraterritoriales, c’est-à-dire les
parties du territoire géographique du pays utilisées par des administrations publiques d’autres
pays et par des institutions et des organisations internationales en vertu de traités
internationaux ou d’accords entre Etats (ambassades et consulats étrangers installés au Maroc,
locaux occupés par des organisations internationaux).

1.2.2 Résidence
La résidence est un attribut important dans le système de comptabilité nationale, parce que le
statut de résident des productions détermine les limites de la production intérieure et influe sur
l’évaluation du produit intérieur but (PIB) et de nombreux flux importants. Le concept de
résidence adopté dans le SCN comme dans la balance des paiements n’est pas déterminé par
la nationalité ou par des critères juridiques. La notion de base est ici le centre d’intérêt de
l’unité institutionnelle. En outre, les frontières délimitant les pays qui sont reconnues sur les
plans politiques ne conviennent pas toujours ç des fins économiques. Il faut donc recourir au
concept de territoire économique du pays qui est la zone géographique pertinente à laquelle
s’applique le concept de résidence. Une unité institutionnelle est dite résidente lorsque son
centre d’intérêt économique se trouve sur le territoire économique du pays.

1.2.3 Centre d’intérêt économique


Une unité institutionnelle est réputée avoir un centre d’intérêt économique dans un pays
lorsqu’il existe à l’intérieur du territoire économique de ce pays un endroit (domicile, lieu de
production ou d’autres locaux) dans lequel ou à partir duquel elle exerce, et à l’intention de


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continuer d’exercer, des activités et d’effectuer des opérations économiques d’une ampleur
significative pendant une période relativement longue (un an ou plus).
Dès lors, si une unité effectue dans ces conditions des opérations sur des territoires
économiques dans plusieurs pays, elle sera réputée avoir un centre d’intérêt économique dans
chacun de ceux-ci. La propriété d’un terrain ou d’un bâtiment sur le territoire économique est
suffisante pour conférer au propriétaire un centre d’intérêt économique dans le pays.

1.2.4 Centre d’intérêt économique


Une unité institutionnelle est réputée avoir un centre d’intérêt économique dans un pays
lorsqu’il existe à l’intérieur du territoire économique de ce pays un endroit (domicile, lieu de
production ou autres locaux) dans lequel ou à partir duquel elle exerce, et à l’intention de
continuer d’exercer, des activités et d’effectuer des opérations économiques d’une ampleur
significative pendant une période relativement longue (un an ou plus).

Dès lors, si une unité effectue dans ces conditions des opérations sur des territoires
économiques dans plusieurs pays, elle sera réputée avoir un centre d’intérêt économique dans
chacun de ceux-ci. La propriété d’un terrain ou d’un bâtiment sur le territoire économique est
suffisante pour conférer au propriétaire un centre d’intérêt économique dans le pays.

1.2.5 Economie nationale ou économie totale


L’économie nationale d’un pays constitue le champ d’investigation de la comptabilité
nationale ; elle se définit comme l’ensemble des unités institutionnelles résidentes sur le
territoire économique de ce pays.

2. Les secteurs institutionnels :


Les nécessités de synthèse ne permettent pas de s’intéresser à chaque unité institutionnelle
prise individuellement. Ces unités sont regroupées en ensembles dits secteurs institutionnels.
Ces secteurs peuvent être subdivisés en sous secteurs.

Chaque secteur ou sous-secteur regroupe les unités institutionnelles ayant un comportement


économique analogue. Les unités institutionnelles sont classées en secteur sur la base de la
catégorie de producteurs dont elles relèvent et de la nature de leurs activités et fonctions
principales. Ces deux caractéristiques sont considérées comme représentatives de leur
comportement économique. La décomposition en sous-secteurs est opérée selon des critères


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propres à chaque secteur, ce qui permet de caractériser à un niveau plus analytique le


comportement économique des unités.

Les unités institutionnelles résidentes qui constituent l’économie nationale se répartissent en


cinq secteurs institutionnels mutuellement exclusifs :
- Le secteur des sociétés financières (SNF) ;
- Le secteur des sociétés financières (SF) ;
- Le secteur des Administrations publiques (APU) ;
- Le secteur des ménages ;
- Le secteur des institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBL).

Les unités relevant de ces différents secteurs entretiennent des opérations économiques avec
des unités non résidentes. Celles-ci sont regroupées dans un secteur fictif, dénommé Reste du
Monde, pour rendre compte de ces opérations.

Chaque secteur institutionnel est traité dans ce chapitre en tenant compte des spécificités et
des particularités de l’économie marocaine.


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Secteur Institutionnel Fonction principale Ressources principales


Sociétés non financières Production de biens et Montant de la vente
(SNF) services non financiers
marchands
Sociétés financières (SF) Production marchande de Fonds provenant des
services financiers engagements financiers
contractés (dépôts ou proches
substituts, primes
contractuelles ou cotisations
sociales volontaires)
Administrations publiques Production non marchande Versements obligatoires
(APU) destinée à la consommation effectués par des UI
individuelle et collective ; appartenant à d’autres
réalisation d’opérations de secteurs
redistribution du revenu et de
la richesse nationale
Ménages (MEN), y compris Consommation ; production Rémunération des facteurs de
entreprises individuelles de biens et services la production, transferts
(EI) marchands et biens et effectués par d’autres
services pour leur usage final secteurs, produits de la vente
propre
Institutions sans but Production et fourniture de Contributions, volontaires, en
indicatif au service des biens et services non espèces, versements des
ménages (ISBLSM) marchands destinés à la APU, produit de ventes
consommation des ménages occasionnelles, revenus de la
propriété
Reste du Monde (RM) Regroupe l’ensemble des opérations des unités résidentes
avec les unités non résidente

2.1 Les sociétés non financières (SNF)


ce secteur comprend l’ensemble des unités dotées de la personnalité juridique qui sont des
producteurs marchands et dont l’activité principale consiste à produire des biens et services
non financiers. Sont concernées les sociétés et quasi-sociétés, qu’elles soient privées ou


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publiques. Une quasi-société n’est pas dotée de la personnalité juridique mais elle doit tenir
une comptabilité complète et jouir de l’autonomie de décision. Une société contrôlée et
majoritairement financée par une administration publique sera incluse dans le secteur des
sociétés si elle a une production principalement marchande, c’est-à-dire si ses ventes couvrent
plus de la moitié de ses coûts de production. Dans le cas inverse, ou elle a une production
principalement non marchande, elle sera prise en compte dans le secteur des APU.
Les institutions et associations sans but lucratif au service des SNF sont également incluses
dans ce secteur.
Le secteur des SNF est subdivisé en trois sous-secteurs : sociétés non financières publiques
(c’est-à-dire soumises au contrôle d’administrations publiques), sociétés non financières
privées nationales et sociétés non financières sous contrôle étranger (c’est-à-dire contrôlées
par des unités institutionnels non résidentes), telles que les filiales ou succursales.

2.2 Les sociétés financières (SF)


Le secteur des sociétés financières regroupe trois grands sous-secteurs. Le premier est celui
des institutions financières monétaires (IFM) qui fournissent principalement des services
d’intermédiation financière à caractère monétaire. On y trouve la Banque centrale (Banque de
France) et les autres institutions financières monétaires (soit les établissements de crédit
municipal, institutions financières spécialisées, établissements de monnaie électronique,
sociétés financières, etc, et fonds d’investissement monétaires). Le deuxième sous-secteur est
celui des sociétés financières hors IFM et SAFP, qui comprend les fonds d’investissements
non monétaires, les autres intermédiaires financiers (sociétés de crédit-bail, sociétés
financières spécialisées…) ainsi que les auxiliaires financiers (courtiers, sociétés de gestion de
portefeuilles, bureaux de change…). On y trouve enfin le sous-secteur des sociétés
d’assurance et des fonds de pension (SAFP), dont l’activité principale est la mutualisation des
risques.

2.3 Les administrations publiques (APU)


Le secteur des APU comprend :
- L’administration publique centrale (APUC) qui comprend l’Etat et les organismes
divers d’administration centrale ou ODAC dont la compétence s’étend sur tout le
territoire économique.


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- Les administrations publiques locales (APUL) dont la compétence s’étend seulement


sur une partie du territoire : on y trouve les collectivités locales, et les ODAL
(chambres consulaires, collèges et lycées, centres communaux d’action sociale ….).
- La gestion de la sécurité sociale au Maroc est assurée par la caisse Nationale de
sécurité sociale (CNSS), la caisse Marocaine de Retraite (CMR), le Régime Collectif
d’Allocation des Retraites (RCAR) et les organismes mutualistes.

2.4 Les ménages (MEN)
Parmi les ménages (MEN), on distingue les ménages purs (ensemble des occupations d’un
même logement) et les entrepreneurs individuels (EI) (unité économique qui ne possède pas
de personnalité juridique distincte de la personne physique de son exploitant, par exemple un
artisan ou un agriculteur). Le secteur des ménages comprend six sous-secteurs (auquel, sauf
pour le premier, le ménage appartiendra en fonction de sa source de revenu la plus
importante) : employeurs et travailleurs indépendant, salariés, bénéficiaires de revenus de la
propriété, bénéficiaires de pensions et bénéficiaires d’autres transferts. Le sous-secteur des
employeurs et travailleurs indépendant comprend les ménages propriétaires d’entreprises
individuelles, non constituées en société, qui ont une activité de production de biens et
services marchands.

2.5 Les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLM)
le secteur des ISBLSM regroupe les unités dotées de la personnalité juridique qui servent les
ménages et sont des producteurs non marchands privés (leur statut leur interdit de procurer un
revenu à l’unité qui les a créés ou les contrôles). On y trouve les partis politiques, les
syndicats de salariés, des associations et des fondations. Lorsque ces institutions sont de faible
importance, leurs opérations restent confondues avec celles des ménages. Une ISBLSM dont
plus de la moitié des ressources et publique sera cependant classée dans les APU. De même,
si plus de la moitié des coûts de production sont couverts par le produit des ventes, l’unité
sera considérée comme un producteur marchand et classée dans le secteur des sociétés
(financières ou non financières).

2.6 Le reste du Monde


Les secteurs institutionnels résidents de l’économie nationale effectuent une gamme
d’opérations avec les unités économiques non-résidentes. C’est pourquoi le SCN prévoit un


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cadre ou figurent aussi bien les flux que les stocks générés par ces unités en relation avec les
unités résidentes. Ce cadre est dénommé « reste du monde ».

Ainsi, le reste du monde comprend l’ensemble des unités qui ne sont pas caractérisées par une
fonction et des ressources principales ; il regroupe les unités non résidentes dans la mesure ou
elles effectuent des opérations avec des unités institutionnelles résidentes. Le reste du monde
inclut les enclaves étrangères (ambassades, consulats, …) et les organisations internationales
situées dans le territoire géographique du Maroc. Le reste du monde fait donc référence aux
notions de territoire économique et de résidence.

Le reste du monde joue un rôle identique à celui d’un secteur institutionnel même si les unités
non-résidentes n’en font partie qu’à partir du moment ou elles réalisent des opérations avec
des unités institutionnelles résidentes.

Aucun partage particulier du reste du monde n’est pas recommandé par la SNC. Il dépend des
besoins d’analyses économiques du pays. Il peut être ventilé, selon la répartition
géographique des échanges commerciaux, en zones de transactions économiques du pays.

L’introduction du reste du monde dans le schéma des comptes nationaux permet d’enregistrer
les différents types d’opérations avec l’extérieur et complète de ce fait la séquence des
comptes relatifs aux secteurs institutionnels résidents. La balance des paiements constitue
l’instrument statistique de base pour la confection de ces comptes.

A cet égard, dans le but d’harmoniser les statistiques de la balance des paiements avec les
comptes nationaux, le FMI a élaboré un nouveau manuel de la balance des paiements.
Celui-ci concorde avec le SCN93 presque en tous les points en ce qui concerne la définition
des unités résidentes (qu’il s’agisse des producteurs ou des consommateurs), l’évaluation des
transactions et du stock d’actifs et de passifs extérieurs, le moment d’enregistrement des
transactions et des stocks et les méthodes de conversion. Il existe aussi une concordance au
niveau des transactions internationales, qu’il s’agisse de ressources réelles (bien, services et
revenus), de transferts (courants ou de capital) ou d’actifs et passifs financiers extérieurs et au
niveau de la position extérieure globale.


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Il convient de signaler qu’à partir de 1995 et dans le cadre des efforts entrepris en vue de
l’harmonisation des statistiques des échanges extérieurs avec les nouvelles normes
internationales en vigueur, la balance des paiements du Maroc est désormais présentée selon
les recommandations de la cinquième édition du Manuel éditée depuis la fin de 1993 par le
FMI.

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