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MACROÉCONOMIE – CHAPITRE 5 :

La richesse des nations : définir et mesurer les agrégats macroéconomiques

1. Notions clés :
 La macroéconomie est l’étude de l’activité économique agrégée
 Le Système des comptes économiques nationaux est conçu pour calculer le produit intérieur brut (PIB), qui
mesure la production économique agrégée
 Le PIB peut être mesuré selon trois méthodes qui donnent toutes le même résultat : Production = Dépenses
= Revenus
 Le PIB a ses limites, aussi bien en tant que mesure de l’activité économique qu’en tant que mesure du bien-
être économique. Il souffre de certaines faiblesses car certaines ressources ne sont pas bien mesurées. De
plus, PIB et bien être ne signifient pas la même chose.
 Les économistes utilisent les indices de prix pour mesurer le taux d’inflation et pour distinguer le PIB nominal
du PIB réel (calculé en prix constants).

2. Les questions macroéconomiques :

La macroéconomie est l’étude des agrégats économiques et des phénomènes économiques à l’échelle de
l’économie (par ex. : le taux de croissance annuels de la population économique totale (agrégée) d’un pays ou le
pourcentage annuel d’augmentation du coût de la vie).

Pour comprendre l’évolution de la croissance d’un pays, certains économistes qui sont adeptes de la macro basée
sur la micro vont s’intéresser à une entreprise et agréger les résultats pour arriver à un niveau macro. D’autres
vont étudier directement des grands agrégats économiques pour comprendre les comportements
macroéconomiques.

Intéressons-nous ici à certaines questions principales de macroéconomie :

· Quel est le revenu par habitant ? Comment mesurer les différences de revenu par habitant ?
· Quelle est l’ampleur des différences de revenu par habitant ?
· Quelles sont les causes de ces différences ?
· Pendant combien de temps ces différences de revenu par habitant vont-elles perdurer ? Convergence,
stabilité ou divergence ?

Les pays ont des indicateurs économiques très différents et des facteurs politiques différents qui feront qu’ils
prendront des décisions différentes.

A. Le revenu par habitant :

Le revenu par habitant (ou PIB par habitant) est égal au PIB divisé par la population totale (= revenu moyen par
habitant), si le PIB est égal au PNB.

 Indicateur de création de valeur dans l’économie pendant une certaine période.

Le PIB est uniquement calculé sur le territoire du pays. Mais certaines organisations ont des installations dans des
autres pays. Le PNB est donc l’indicateur qui comprend aussi les produits et flux monétaires des installations
étrangères. Les notions de PIB et PNB sont en général plutôt équivalentes, c’est pourquoi dans notre analyse on

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considèrera que c’est plus ou moins égal. Quand on considère que PIB = PNB, cela signifie que les revenus nets
étrangers sont nuls.

B. Les différences de revenu par habitant :

Les principales différences de revenu par habitant sont causées par plusieurs facteurs :

- Différences institutionnelles
- Politiques gouvernementales
- Taille du pays
- Nombre d’habitants

Le revenu moyen par habitant représente une mesure agrégée du niveau de vie. Cependant, c’est une moyenne
qui ne rend pas compte de certaines inégalités pourtant bien existantes. Certains prônent ces inégalités car vue
comme une motivation pour ceux qui n’ont rien à tout faire pour avoir plus et donc, un boost pour l’économie.
D’autres sont contre selon l’idée que ces inégalités empêchent l’économie d’avancer.

C. La croissance économique :

À court terme, la croissance économique ralentit ou devient négative lorsque la dépense agrégée diminue. On
appelle donc récession une baisse de l’activité économique qui dure généralement au moins deux trimestres
consécutifs (ex. : Italie). C’est une question purement technique, c’est une définition.

Durant les récessions, le taux de chômage augmente. Mais qu’est-ce qu’un chômeur ?

Selon l’OIT, c’est une personne en âge de travailler (15 ou plus) qui répond simultanément à 3 conditions :

· Être sans emploi : ne pas avoir travaillé au moins une heure durant une semaine de référence (semaine
précédente ou autre semaine définie selon standards statistiques)

· Être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours

· Avoir recherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans au
moins 3 mois

Attention, certains chômeurs répondant à la définition de l’OIT ne sont pas forcément indemnisés car il y a
d’autres conditions plus spécifiques. Dans la presse, on peut constater une certaine confusion car les journalistes
présenteront des taux de chômages différents. En effet, le plus souvent, ils considèreront uniquement les
chômeurs indemnisés.

 Bcp de définition donc confusion mais on se basera sur les chiffres de l’OIT.
On peut donc définir le taux de chômage comme le pourcentage de chômeurs au sein de la population active
(somme des personnes qui travaillent et des personnes au chômage). Une personne en âge de travailler mais qui
n’a pas d’emploi ne fait pas partie de la population active.

3. Le système des comptes économiques nationaux :

Afin de mesurer l’activité économique d’un pays, la science économique a progressé et on dispose de nos jours
d’un système qui permet de mesurer l’activité économique agrégée : le Système des comptes économiques
nationaux du Canada. Nous allons nous intéresser à ce système afin répondre à certaines questions importantes.

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Les comptes nationaux, au fil du temps, ont été étoffés pour prendre en compte de nouveaux facteurs et
indicateurs de richesse nationale.

Grâce à ce système, on va essayer de valoriser le PIB, la création de richesse, de trois différentes manières :

• Approche par la production : le PIB selon l’approche par la production représente la valeur marchande
totale des bien et services finals produits dans un pays au cours d’une période donnée (=indicateur de
production sur un territoire donné pendant une période donnée).

• Approche par les dépenses : selon l’approche par les dépenses, le PIB est vu comme tout ce qu’un pays
dépense au cours d’une période donnée.

• Approche par les revenus : pour calculer le PIB selon l’approche des revenus, on va calculer tout ce que les
ménages de ce pays gagnent au cours d’une période donnée.

Exemple : Penville est un petit pays avec un seul employeur. Kashpen, qui produit 10 millions de stylos par année.
La valeur marchande d’un stylo est de 2 €.

À Penvile, 100 000 habitants travaillent dans les usines de Kashpen. La compagnie possède les machines
nécessaires à la production, et elle n’a qu’à engager des travailleurs.

• Approche par la production :


La valeur marchande de toute la production (production agrégée) est le produit de la quantité produite
par la valeur marchande : 10 millions de stylos x 2€ = 20M€

• Approche par les dépenses :


On peut additionner les ventes de stylos aux ménages, aux entreprises, aux gouvernements et aux pays
étrangers (y compris les stock invendus) : 10 millions de stylos x 2€ = 20M€

• Approche par les revenus :


Finalement, on peut additionner les salaires versés aux travailleurs (x) de l’usine ainsi que les
rémunérations du capital physique utilisé : x€ + (20M€ - x€) = 20M€

Peu importe de quelle façon on compte, on obtient le même résultat.

 Production = Dépenses = Revenus

A. Les flux circulaires :

Les facteurs de production sont les intrants du processus de production. Comme vu en microéconomie, on
distingue 2 facteurs de production : le travail et le capital. On va simplifier l’analyse en considérant le capital
comme un capital physique (la terre, les usines, etc.).

Le travail et le capital physique sont la propriété des ménages : les ménages en sont propriétaires, directement
ou indirectement, car les entreprises sont détenues par des actionnaires et que la plupart des actionnaires sont
des ménages.

Les entreprises ont besoin de travail et de capital pour fournir des biens et services dont les ménages ont besoin.
Les flux sont donc circulaires (voir diagramme). En effet, les ménages fournissent le travail et le capital aux
entreprises qui elles, leur fournissent des biens et services.

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Le diagramme montre les 4 types de flux économiques qui relient les ménages et entreprises. Ces 4 transactions
doivent toutes avoir la même valeur marchande et c’est là que le système des comptes économiques entre en
jeu.

B. Le PIB selon la méthode de production :

Les comptes économiques nationaux selon l’approche de la production calculent la valeur marchande que
chaque entreprise située dans le pays a ajouté au processus de production.

On parle de biens et services finals, c’est-à-dire que les composants qui sont assemblés pour faire un produit final
ne sont pas comptés séparément, car ce serait un double comptage. Dans le cas d’une production de voitures
par exemples, on ne compte pas les pièces séparées mais la voiture complète.

De plus, le PIB est une mesure de la production et non des ventes. Autrement dit, toute chose produite est
comptée dans le PIB, bien qu’elle ne soit pas vendue à un client

Plus exactement, ces comptes mesurent la valeur ajoutée de chaque entreprise :

 Recettes de l’entreprise – achats de produits intermédiaires à d’autres entreprises

Dans le Système des comptes économiques nationaux selon la production, importer un bien et le vendre
exactement au même prix à un consommateur n’ajoute pas de valeur pour le pays. Cependant, importer quelque
chose pour le revendre plus cher crée cette valeur ajoutée et donc de la valeur pour le pays.

C. Le PIB selon la méthode des dépenses :

Les comptes économiques nationaux selon la méthode des dépenses mesurent les achats de biens et de services
produits à l’intérieur du pays.

Ces achats relèvent de l’une ou l’autre des catégories suivantes :

· La consommation (C) : valeur marchande totale des biens et services de consommations qu’achètent tous
les ménages du pays (à l’exception des dépenses en construction résidentielle).

· L’investissement (I) : valeur marchande du nouveau capital physique acheté par les ménages et les
entreprises du pays. Ça représente la valeur des dépenses/somme investie pour acheter du capital
physique (création d’un capital). Il n’y a pas seulement le capital des entreprises qui est concerné.

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Il ne s’agit que de l’investissement privé. Ce capital physique comprend les maisons, les stocks, les
infrastructures et les équipements mais ne tient pas compte des investissements financiers comme les
actions et obligations
On parlera plus précisément de formation de capital fixe.

· Les dépenses publiques (G) : valeur marchande totale des achats publics de biens et services. Cette
catégorie exclut les paiements de transferts (assurances emploi, pensions) et les intérêts payés sur la dette
publique car ce sont des paiements à d’autres agents économiques qui utiliseront cet argent pour acheter
des biens et services (évite le double comptage car ce sont plus des transferts que des dépenses strictes).

· Les exportations (EX) : valeur marchande totale de tous les biens et services produits au pays et vendus à
des ménages, entreprises et administrations publiques de l’étranger.

· Les importations (IM) : valeur marchande totale de tous les biens et services produits à l’étranger et vendus
au pays. Ceci fait donc double comptage avec les trois premières catégories, mais cela permet justement
de le soustraire du calcul du PIB car les importations ne créent aucune valeur dans le pays.

Nous sommes maintenant prêts à comprendre comment se calcule exactement le PIB à l’aide des dépenses.
Prenons Y comme symbole du PIB. Nous avons donc :

Y (PIB) = C+ I + G + EX - IM
Cette identité qui décompose le PIB est si importante qu’elle porte un nom : l’identité des comptes économiques
nationaux.
Malheureusement, cette équation peut poser problème : comment mesurer les importations moins les
exportations ? en effet, ce n’est pas aussi évident que cela de savoir ce qui entre et qui sort d’un pays. Même
avec les informations de l’administration de la TVA et de la douane, on n’est pas au courant de tous les achats
des habitants (par ex. : shopping à Maastricht).
Notons également que EX - IM correspond à la balance commerciale du pays, soit les exportations nettes. Si EX
dépasse IM on parle d’excédent commercial, dans le contraire on parle de déficit commercial.

D. Le PIB selon la méthode des revenus :

Les comptes économiques nationaux selon la méthode des revenus mesurent tous les paiements reçus par les
travailleurs et les propriétaires de capital physique ou financier.

On distingue deux grandes catégories de revenus :

· Les revenus du travail : Ce sont les revenus payés aux gens pour leur travail.
Cela comprend donc les salaires, les honoraires, les prestations de maladie et les prestations de retraite. Et
cela inclut également toutes les autres formes de rémunération directe ou indirecte (ex : voiture de
société).

· Les revenus du capital : Ce sont les revenus ou bénéfices réalisés par les propriétaires d’un capital physique
(ex : maison) ou d’un capital financier (ex : actions et obligations).
Cette catégorie inclut également nombre d’autres éléments comme les dividendes versé aux actionnaires,
les intérêts payés aux prêteurs, les bénéfices non répartis des sociétés, les loyers versés aux propriétaires et
même l’avantage de vivre dans sa propre maison.

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Bien qu’il y ai deux catégories, une personne peut recevoir à la fois des revenus du travail et du capital en même
temps.

Le calcul donnera toujours la même solution car chaque euro gagné par l’entreprise doit soit être redistribué en
salaire ou gardé pour l’entreprise, et c’est grâce à la somme des deux que nous trouvons le PIB.

E. Conclusion : l’identité du PIB

Toutes ces façons de calculer le PIB donne le même résultat.

 PRODUCTION = DÉPENSES = REVENUS

On appelle « identité » cette équivalence nécessaire. Deux variables sont liées par une identité lorsqu’elles sont
définies d’une manière qui les rend mathématiquement identiques.

Remarque : l’approche par la production serait la plus fiable.

4. Qu’est ce que le PIB ne mesure pas ?


Le PIB est un très bon outil pour évaluer la santé de l’économie, mais il n’est pas parfait et laisse de côté de
nombreuses informations. Il ne reflète donc pas parfaitement l’économie d’un pays, d’une région.

A. La dépréciation du capital physique et des ressources naturelles :

Le PIB omet la diminution de la valeur du capital physique due à l’obsolescence, l’usure, la détérioration de
certains biens. Pour avoir une image fidèle de l’économie, on devrait donc soustraire de la production totale cette
dépréciation du capital physique qui accompagne la production de valeur.

Le problème, c’est que cette dépréciation est difficilement mesurable contrairement à ce qu’on pourrait penser.
On va donc faire une estimation et considérer que cette diminution de valeur entraine environ une diminution de
10 à 15% du PIB.

- Problèmes de précision de la mesure de dépréciation : les gouvernements et Etats ne mesurent pas avec
suffisamment de précision cette dépréciation que pour pouvoir la compter dans le PIB.
- Catégories difficiles à analyser : ces estimations ne tentent pas d’évaluer la dépréciation de nombreuses
catégories du capital physique qui sont difficiles à analyser (comme les réserves de pétrole par exemple).
- Dépréciation de la santé du capital humain non prise en compte : on pourrait tenir compte dans le calcul de
la dépréciation de la détérioration de la santé du capital humain. En effet, on exclut l’ensemble des
problèmes de santé que certaines personnes pourraient subir suite à un travail éreintant, par exemple.

Dès lors, on peut dire qu’il est clair que le non-calcul de la dépréciation physique dans le PIB est une grosse
faiblesse pour celui-ci, car il s’en trouve faussé.

B. La production domestique non prise en compte :

Le PIB ne tient pas compte de la production domestique. Le problème est que beaucoup de choses sont
produites à domicile (ménage, cuisine, éducation et garde des enfants, etc.) et ces choses ne sont pas
comptabilisées dans le PIB.

Par exemple, si on cultive des fleurs, le bouquet qu’il en résulte ne sera pas tenu en compte alors que si on l’avait
acheté chez le fleuriste, il aurait été pris en compte.

La non prise en compte de cette production domestiques est une énorme faille mais les spécialistes n’ont pas
encore trouvé de moyen pour l’évaluer.

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C. Les transactions de l’économie souterraine :

Le PIB ne tient pas compte des transactions de l’économie souterraine (marchés noirs). Il est logique que cette
branche ne puisse être prise en compte car l’économie souterraine concerne l’ensemble des agents qui « cachent
» volontairement leurs salaires et revenus afin d’éviter de payer des impôts. Ils peuvent également cacher ces
revenus pour éviter de payer une pension alimentaire ou parce qu’ils n’ont pas de permis de travail. L’économie
souterraine concerne également l’ensemble des activités illicites (drogue, prostitution…). Il s’agit donc de
transactions cachées délibérément aux statisticiens.

Malgré tout, certains pays ont décidé de commencer à comptabiliser ces activités dans leur calcul de PIB. Dans
l’Union Européenne, on ajuste les statistiques de PIB pour en prendre compte.

D. Les externalités :

Qu’elles soient négatives (pollution, bruit, criminalité, …) ou positives (vaccins, systèmes de sécurité, silencieux, …),
elles sont exclues du calcul du PIB. Cela semble logique car les producteurs ne se rendent pas compte du coût de
l’externalité et n’en prennent pas compte dans leurs dépenses (ext. négative) et les consommateurs n’en
prennent pas compte dans le bénéfice de leurs achats (ext. positive).

E. Produit intérieur brut (PIB) et produit national brut :

Le PIB ne tient pas compte de la production effectuée par du travail ou du capital belge à l’étranger. C’est
pourquoi on va faire appel à la notion de PNB.

 Produit intérieur brut (PIB) : tient compte de la production en Belgique (territoire belge), peu importe la
nationalité des travailleurs ou du capital.
 Produit national brut (PNB) : tient compte de la production des facteurs de production appartenant à des
résidents belges, peu importe où ils sont utilisés.

Ainsi, le PNB d’un pays inclut la production d’un travailleur qui réside normalement dans ce pays même si cette
production a eu lieu pendant que cette personne travaillait à l’étranger. Cependant, le PNB exclut la valeur
ajoutée d’une machine dans une usine étrangère située tout de même dans le pays mais comptabilise quand
même les salaires des autochtones (belges) qui travaillent dans cette usine. Le PNB comptabilise donc
uniquement ce qui « appartient » au pays.

Comment calculer ce PNB?

 PNB = PIB + Production à l’étranger du capital et du travail du pays - Production au pays du capital et du
travail étranger

Est-ce une distinction importante avec le PIB ?

En Belgique, l’écart entre le PIB et le PNB est toujours de 1 ou 2% seulement. Mais cet écart varie selon les pays.

Il faut donc bien identifier l’origine des flux monétaires pour correctement calculer le PIB et le PNB. En effet,
l’indicateur PIB peut être biaisé à cause du déménagement d’une personne ou d’une stratégie d’optimisation
fiscale.

Si le PIB est supérieur au PNB ?

· La production en Belgique est plus importante que la production des facteurs de production belges dans le
monde.
· La Belgique attire plus de facteurs de production qu’elle n’en exporte.

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Si le PIB est inférieur au PNB ?

· La production en Belgique est moins importante que la production des facteurs de production belges dans
le monde.
· La Belgique attire moins de facteurs de production qu’elle n’en exporte.

Malheureusement, ces indicateurs ne reflètent pas la réalité à 100% et peuvent semer des doutes.

Par ex. : le tourisme en Croatie.

F. Le temps libre :

L’exclusion des loisirs est une autre faille du PIB. La plupart des gens ont du temps libre et la comparaison de
deux pays peut être faussée lorsque les travailleurs d’un des deux pays travaillent plus et ont donc moins de
temps libre.

G. Le PIB assure-t-il le bonheur ?

Est-ce que toutes ces exclusions signifient que le PIB est une mauvaise mesure du bien-être économique d’une
nation ? il faudra faire une évaluation de la satisfaction de la vie par pays et la comparer au PIB.

On remarque que le PIB semble quand même être


un excellent prédicateur : un bon PIB par habitant
est souvent synonyme de bien-être selon le
graphique.

5. PIB réel et PIB nominal :


Malgré ses imperfections, le PIB est un outil utile pour calculer l’évolution de la croissance économique.
Cependant, le PIB peut augmenter essentiellement pour 2 raisons :

· L’inflation des prix


· La hausse des quantité produites

C’est pourquoi, on va donc distinguer le PIB nominal du PIB réel.

A. PIB nominal :

Le PIB nominal est la valeur marchande totale de la production calculée au prix courant de chaque unité produite.

 On évalue la production nationale au prix de la période qu’on analyse.


Il correspond donc à la mesure du PIB dont on parle depuis le début.

B. Le PIB réel :

Le PIB réel est la valeur marchande totale des biens et services finals produits au cours d’une année donnée, en
utilisant les prix d’une année de référence qui peut être différente de celle pendant laquelle les biens et produits
ont été produits.

 On évalue la production nationale aux prix d’une année de référence pour comparer à travers le temps.
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Le concept de croissance du PIB réel permet de se concentrer sur ce qui est vraiment intéressant : les quantités
disponibles (combien l’économie produit à divers moments ?). Et ce, sans que les variations de prix ne viennent
fausser la comparaison.

C. La méthode des euros enchainés :

Le panier de B&S que représente un pays varie au fil du temps. Le PIB réel calculé selon la méthode de l’année de
base comporte donc une faiblesse : elle ne permet pas de tenir compte des changements de poids relatifs des
biens entre eux (évalués par les prix relatifs des biens) par rapport à l’année de base.

Par exemple : En 2016 un manuel d’économie coûte 50€ et un ordinateur coûte 2000€ (un ordinateur a donc 40
fois le poids d’un manuel dans le calcul du PIB). En 2017, le prix d’un ordinateur est désormais de 1000€ et les
manuels passent de 50 à 75€ (l’ordi n’a plus que 13 fois le poids d’un manuel dans le PIB). Si on calcule le PIB de
2017 en utilisant les prix de 2016, on surévaluera donc le poids des ordinateurs dans le calcul du PIB réel.

On va donc utiliser la méthode des € enchainés pour connaitre la réelle évolution : cela permet de supprimer la
variable € et permet d’éviter les erreurs de sous/surestimation (les quantités de 2017 ne seraient pas celles
qu’elles sont si elles étaient aux prix de 2016).

Pour calculer le taux de croissance entre 2 périodes, on calculer le taux de croissance du PIB réel de deux
manières différentes : on utilise d’abord la 1ère période comme base, puis ensuite on utilise la 2 e période comme
base. Il suffit ensuite de faire la moyenne arithmétique de ces 2 taux de croissance pour avoir le taux de
croissance en euros enchaînés.

PIB de l'année N année de base n-1 − PIB de l'année N-1 année de base n-1

PIB de l'année N-1 année de base n-1

PIB de l'année N année de base n − PIB de l'année N-1 année de base n


PIB de l'année N-1 année de base n
 Taux de croissance en euros enchainés :

Taux de croissance en base N + Taux de croissance en base N+1

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 PIB de l’année N+1 en euros enchainés :

PIB réel de l’année précédente * (1 + taux de croissance en euros enchaînés)

Remarque : PIB de l’année précédente = PIB nominal si année de départ

D. Le déflateur du PIB :

Aussi appelé « indice implicite », le déflateur du PIB est une mesure de la façon des prix des B&S produits dans
un pays ont augmenté depuis l’année de base. On peut le calculer comme ceci :

Déflateur du PIB = PIB nominal ⋅ 100


PIB réel

 Le numérateur montre ce que ça couterait d’acheter tout ce qui est produit au pays l’année N aux prix de N
 Le dénominateur montre ce que ça couterait pour acheter tout ce qui est produit au pays pendant l’année N
aux prix de N-1
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On peut aussi calculer le pourcentage de variation du déflateur du PIB d’année en année.

Déflateur du PIB de N − Déflateur du PIB de l'année de base

Déflateur du PIB de l'année de base

Le déflateur du PIB de l’année de base étant toujours égal à 100, ce calcul nous donne comme résultat une
augmentation ou une diminution des prix en pourcentage par rapport à l’année de base.

Rappel : le PIB nominal d’une année de référence est toujours égal à son PIB réel.

E. L’indice des prix à la consommation :

L’indice des prix à la consommation (IPC) évalue le niveau de prix d’un panier donné de biens et services. Il est
calculé comme suit :

Coût à l'achat d'un panier de biens et services


de consommation donné au prix de l'année N
IPC de l'année N = ⋅ 100
Coût à l'achat d'un panier de biens et services de
consommation donné au prix de l'année de base

Le déflateur du PIB et l’indice des prix à la consommation semblent similaires. En effet, ils ont plusieurs points
communs :

· Les deux formules utilisent les prix de l’année N au numérateur et les prix de l’année de base au
dénominateur
· Les deux formules reposent sur un ratio qui compare ce qu’il en couterait pour acheter B&S une année et
ce qu’il en couterait pour acheter les mêmes B&S au prix de l’année de base
· Les deux formules ont la même interprétation : un ratio plus élevé est synonyme d’augmentation des prix
et vice-versa

L’IPC étudie un panier donné de B&S de consommation conçu pour refléter les quantités de produits qu’achète
un ménage typique. C’est ce qu’on appelle le panier du consommateur.

Contrairement à l’IPC, le déflateur du PIB étudie un panier de B&S produits dans une économie au cours d’une
période donnée. C’est ce qu’on appelle le panier du PIB.

Même s’ils se ressemblent fort, il persiste tout de même des différences entre ces 2 indicateurs :

· Le panier du PIB comprend des choses que les gens n’achètent pas : centrales électriques, trains, sous-
marins, etc. Les consommateurs utilisent les services fournis par ces biens mais ne les achètent pas
directement et ils ne sont donc pas pris en compte par le panier du consommateur.
· Le panier du consommateur comprend certaines
choses non comptabilisées dans celui du PIB
(importations, etc.).
· Un produit qui se retrouve à la fois dans les deux
paniers peut avoir un poids différent selon le panier.

Malgré tout, les résultats des 2 indicateurs restent proches


comme on peut le voir sur ce graphique :

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Remarque : En Belgique, un autre indice est aussi utilisé : l’indice santé.

La valeur de cet indice est obtenue par la soustraction de certains produits du panier de l’indice des prix à la
consommation, à savoir :
- Boissons alcoolisées
- Tabacs
- Carburants

L’indice santé sert de base à l’indexation des salaires, des pensions, des allocations sociales et des loyers.

F. L’inflation :
Le taux d’inflation est le taux d’augmentation des prix calculé comme une augmentation en pourcentage de
l’indice des prix d’années en années. Pour calculer l’inflation il suffit d’appliquer cette formule avec comme indice
le déflateur du PIB ou l’IPC au choix :

Taux d'inflation à l'année N = Indice des prix de l'année N - Indice des prix de l'année N-1
Indice des prix de l'année N-1

Le choix de l’indice n’a pas un grand effet sur le taux d’inflation mais l’IPC a tout de même plus de pertinence
pour le consommateur typique.

G. Corriger les variables nominales :

L’indice des prix permet de faire des comparaisons pertinentes dans le temps. Comme par exemple : comparer
les salaires d’années différentes car ceux-ci évoluent avec le temps et il est difficile de dire qu’un salaire plus élevé
est synonyme d’un pouvoir d’achat plus élevé. Pour comparer deux salaires il faut remettre le plus ancien à ce
qu’il vaudrait aujourd’hui.

Valeur en euros année A = Indice des prix année A ⋅ valeur en euros année B
Indice des prix année B

On peut utiliser cette formule historique pour exprimer tout prix d’une année A en euros d’une année B.

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MACROÉCONOMIE – CHAPITRE 6 :
Les revenus agrégés

1. Notions clés :
 Le revenu par habitant — ou PIB par habitant — varie considérablement selon le pays
 On peut comparer les disparités de revenus entre les pays en utilisant le PIB par habitant au taux de change
courant ou, mieux, mesuré en parité de pouvoir d’achat (PPA)
 La fonction de production agrégée relie le PIB d’un pays à son stock de capital, à l’efficacité totale des
heures de travail et à sa technologie. Elle est souvent représentée dans une forme spécifique appelée
fonction de production de Cobb-Douglas.
 La fonction de Cobb-Douglas peut être utilisée pour déterminer le PIB par travailleur théorique d’un pays si
celui-ci bénéficiait de la technologie d’un autre pays.
 Les disparités de PIB par habitant entre les pays résultent en partie de différences dans le capital physique
par travailleur et le capital humain, mais les différences liées à la technologie et à l’efficacité de la production
sont encore plus déterminantes

2. Mesurer les différences de revenus par habitant :

Pour comprend les écarts de revenus dans le monde, il faut d’abord établir les mesures. Même si le revenu par
habitant n’est pas parfait, cela reste une mesure fiable et donc un bon point de départ dans notre analyse.

A. Revenu ou PIB par habitant :

Le revenu par habitant ou PIB par habitant est égale au PIB divisé par la population totale :

Revenu par habitant = PIB par habitant = PIB


Population totale

Pour comparer deux pays il ne faut cependant pas oublier de tout remettre dans la même devise :

PIB par hab. = PIB par hab. en devise nationale x €

Taux de change

Mais attention, utiliser les taux de change pour comparer les PIB de divers pays présente 2 problèmes principaux :

 Les prix des biens et services peuvent varier d’un pays à l’autre
 Les taux de change varient tout au long de l’année pour des raison qui ne sont pas liées à la fluctuation des
prix

B. Parité du pouvoir d’achat (PPA) :

Les économistes privilégient un autre outil qui améliore la comparaison du revenu par habitant dans divers pays :
la parité du pouvoir d’achat (PPA). En effet, le PIB par habitant ne prend pas en compte le coût de la vie.

La parité du pouvoir d’achat établit le coût d’un panier de biens et services représentatif dans chaque pays et
corrige le PIB de manière qu’une même somme permette d’acheter ce panier de B&S dans chaque pays. Pour ce
faire, cet outil va convertir le PIB d’un pays en utilisant les prix des B&S relatifs au prix des mêmes B&S dans
l’autre pays comparé.
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Cela donne donc un bien meilleur portrait de la véritable situation de chaque pays.

PIB par habitant en PPA = PIB par habitant en devise nationale * ajustement pour la PPA

C. L’indicateur Big Mac :

L’indice Big mac est un ratio des prix d’un Big Mac dans 2 pays différents. C’est un exemple simple de correction
pour la parité de pouvoir d’achat. L’inconvénient principal de cet indicateur est qu’il se base sur un seul produit
qui ne représente qu’une infime partie de la consommation de la population, et non un panier de B&S. son prix
ne reflète donc pas les véritables différences du coût de la vie entre les pays.

Cet indicateur permet de soulever un problème, surtout en Europe. En effet, en Europe, pour tous les pays
membres de la zone € ont forcément la même devise. Donc pour comparer le PIB par habitant de la Grèce et du
Luxembourg, on n’a pas besoin du taux de change. Mais même si on a la même devise, le cout de la vie varie
entre les pays européens. Le problème subsiste donc car les pays de la zone € peuvent avoir des paniers de B&S
très différents. Même si on a la même devise, on doit être bien conscient des différences de niveau de vie
(pouvoir d’achat). L’indicateur Big Mac donnera des chiffres différents car même si c’est la même devise, le Big
Mac ne coûtera pas la même chose dans les différents pays européens.

3. Les inégalités dans le revenu par habitant :

Même si les ajustements liés à la parité de pouvoir


d’achat augmentent le PIB par habitant des pays en vois
de développement, il subsiste d’énormes écarts de PIB
par habitant entre les pays.

Les zones les plus rouges ont un revenu par habitant très
faible contrairement aux zones vertes et jaunes qui ont un
revenu par habitant plus élevé. Cet indicateur est donc
signifiant mais il faut tenir compte de ses faiblesses.

Je peux aussi utiliser cette méthode à travers le temps. Mais pour rendre ces chiffres comparables dans le temps
je dois les ramener à une valeur commune d’une certaine année.

Mais quels sont les facteurs qui peuvent expliquer ces inégalités ?

A. Le revenu par travailleur :

On va envisager le facteur travail en fonction de la démographie et les taux d’activité de la main-d’œuvre. Ces
facteurs peuvent varier grandement d’un pays à l’autre et donc influer sur le PIB par habitant.

On pourrait donc considérer :

Revenu par travailleur = PIB


Nombre de travailleurs actifs

Contrairement au PIB par habitant, on exclut les personnes qui ne


participent pas à la production. Cette mesure donne une meilleure idée de
la production moyenne de chaque travailleur. On peut voir sur le graphique
que, malgré les revenus plus élevés, les tendances restent fort similaires.

Il existe une corrélation positive entre le revenu par habitant et le niveau de vie.

13
B. Les revenus et le niveau de vie :

Doit-on se concentrer sur le revenu par habitant ou par travailleur? Tout dépend ce que l’on veut analyser. Dans
l’analyse de la productivité le revenu par travailleur est plus intéressant, alors que dans l’analyse du niveau de vie
il est plus adéquat de s’intéresser au revenu par habitant.

Certains problèmes se posent quant à représenter le niveau de vie par rapport au revenu. Tout d’abord, dans un
même pays toutes les régions ne sont pas aussi riche l’une que l’autre. De plus, les gens ne se soucient pas
uniquement de leur revenu, mais aussi des loisirs, de la santé, de la sécurité publique, etc. On sait pourtant que le
PIB ne prend pas cela en compte. Néanmoins, le revenu peut nous apprendre bien des choses sur le niveau de
vie.

Comme par exemple le nombre de personnes qui vivent dans une extrême pauvreté, c’est pourquoi le seuil de
pauvreté a été créé. Le seuil de pauvreté de 1,25$ US/jour/personne est une mesure de la pauvreté absolue
utilisée par les économistes et autres spécialistes des sciences
humaines pour comparer l’ampleur de la pauvreté dans divers
pays.

Ce graphique présente la relation entre le pourcentage de


personnes d’un pays en dessous de ce seuil de pauvreté et le
revenu par habitant. Notez que dans ce diagramme, l’échelle
des abscisses augmente de façon logarithmique, soit de façon
non constante.

Une autre raison de soucier du revenu par habitant, c’est parce


que la pauvreté est souvent synonyme de problèmes de santés.
Pour évaluer la santé de façon générale et simplement, il suffit de
regarder l’espérance de vie moyenne à la naissance, comme sur
le graphique à droite. Encore ici, il y a une forte corrélation entre
revenu par habitant et espérance de vie alors que la santé n’est
pas prise en compte par le PIB.

Il y a également d’autres facteurs à prendre en compte pour


comparer le niveau de vie avec le revenu. L’indice de
développement humain (IDH) combine le revenu par habitant,
l’espérance de vie et l’éducation. Il permet donc de mesurer plus
globalement le niveau de vie. En comparant cet indice avec le
revenu par habitant, on peut de nouveau voir cette forte
corrélation entre les deux.

Un bon revenu par habitant ne veut pas directement dire un bon niveau de vie mais comme on a pu le voir, c’est
une analyse qui fonctionne. Il suffirait donc de regarder d’abord le revenu par habitant, puis d’examiner en détail
les autres données (santé, éducation, etc.).

C. La productivité :

On appelle productivité la valeur des B&S qui génère un travailleur en une heure de travail. La productivité
mesure donc également le revenu par heure de travail.

14
Les différences sur le plan de la productivité sont les principaux facteurs qui expliquent que le revenu par habitant
et le reveu par travailleur varient d’un pays à l’autre. Autrement dit, pour comprendre les énormes différences de
revenu par habitant entre les pays, il faut s’intéresser à la productivité.

Plus précisément, il faut étudier les facteurs qui rendent le travail beaucoup plus productif dans certains pays que
dans d’autres. On analysera donc plus en profondeur la productivité dans le point suivant.

4. La productivité et la fonction de production agrégée :


A. Les écarts de productivité :

Comme évoqués précédemment, les écarts de productivité représentent la source principale de différence entre
les revenus par habitant ou par travailleur de pays différents. La productivité varie d’un pays à l’autre pour 3
raisons principales :

o Le capital humain : Comme les travailleurs ne sont pas tous identiques, un nombre de travailleurs serait
inutile pour correctement estimer le facteur de production « travail ». Le capital humain représente
l’ensemble des aptitudes, des capacités et de l’expérience qui permettent à une personne de produire des
B&S ou de créer de la valeur économique.
On va donc parler ici d’efficacité totale des heures de travail (H) qui se calcule en multipliant le nombre
total d’heures travaillées dans l’économie (L) par l’efficacité moyenne ou le capital humain moyen des
travailleurs (h).
H=Lxh

Pour augmenter le travail il faut augmenter les heures de travail ou la productivité moyenne.

o Le capital physique : Le capital physique englobe tous les bien utilisées dans la production, y compris les
machines et les bâtiments. On peut agréger tout en une seule mesure pour avoir le stock de capital
physique d’une économie (K) : la valeur de l’équipement, des structures, et de tout autre intrant (non relié
au travail) utilisé pour la production.
Une économie avec d’avantage de capital fait augmenter le PIB de ce pays.

o La technologie : Une économie dotée d’une meilleure technologie (A) utilise plus efficacement le travail et
le capital, ce qui lui permet une plus grande productivité. Elle peur avoir une meilleure technologie soit
parce qu’elle utilise un savoir supérieur dans la production, soit parce qu’elle organise la production plus
efficacement.

B. La fonction de production agrégée :

Quel est l’effet d’une augmentation des facteurs de production précédents sur le productivité et le PIB ?

Les macroéconomistes utilisent la fonction de production agrégée pour représenter la relation entre le PIB et les
facteurs de production précédents (capital humain, capital physique et techonologie).

Y = A × F (K,H)
où Y = PIB
K = stock de capital physique
H = efficacité totale des heures de travail que l’économie utilise dans le processus de production (Lxh)
A = indice du niveau de la technologie.
F ( ) est une fonction mathématique qui indique qu’il y a une relation entre le capital physique, le travail
et le PIB dans un environnement technologique donné.

15
C. Représenter la fonction de production agrégée :

Pour comprendre la production d’un pays, nous nous pencherons sur une fonction de production qui décrit
comment les facteurs de production se combinent pour produire le PIB.

Mais nous ne nous intéresserons pas à des produits spécifiques, nous ferons comme s’il s’agit que d’une seule
entreprise. En effet, cette fonction possède deux caractéristiques analogues à la fonction de production d’une
firme individuelle :

 « Plus, c’est mieux. » : une augmentation du capital physique ou de l’efficacité totale des heures de
travail, tout en maintenant constant l’autre facteur, mènera à un PIB plus élevé.

 La loi du rendement/ produit marginal décroissant : si tous les autres facteurs de production restent
constants, plus on augmente la quantité utilisée d’un facteur de production, plus la contribution
marginale au PIB de ce facteur de production diminue.

5. Le rôle et les déterminants de la technologie :


A. La technologie :

Une meilleure technologie permet à une économie


d’augmenter sa production avec les mêmes intrants.

Comme on peut le voir sur le graphique, un progrès


technologique va donc déplacer la fonction agrégée vers le
haut.

L’économie produit donc d’avantage de PIB à tous les niveaux


de stock de capital. Notre étude de fonction était donc juste.

B. Les dimensions de la technologie :

Les progrès technologiques viennent surtout de décisions délibérées d’agents économiques qui visent
l’optimisation. La définition donnée à la technologie est assez large et comprend plusieurs aspects bien distincts :

 Le fait de savoir produire des biens impossibles quelques années auparavant ou d’effectuer certaines
tâches plus efficacement. Une partie de ce savoir est implicitement intégrée au capital humain (ex. :
utiliser un logiciel ou la dernière version de Microsoft) mais une autre partie se retrouve aussi
implicitement dans le stock de capital physique des entreprises (ex. : produire un ordinateur ou un
téléphone intelligent).

16
 Le progrès technologique qui résulte principalement de recherche et développement (R&D), activités
visant à faire avancer les connaissances scientifiques, à générer des innovations ou à utiliser les
connaissances existantes dans la production afin d’améliorer la technologie d’une entreprise ou d’une
économie. Un progrès technologique peut également décrire les avancées dans les connaissances des
processus de production.

Les entreprises et les administrations publiques belges dépenses entre 2 et 2,5% du PIB en R&D chaque
année dans le but de mettre au point de nouveaux B&S et de nouvelles techniques de production.

N.B. : stratégie « Europe 2020 » adoptée en 2010 par les états membres de l’UE impose à chaque pays de
dépenser min 3% de son PIB en R&D.

 Une dernière différence due à la technologie peut exister entre deux économies : l’efficacité due à la
production. L’efficacité de la production décrit la capacité de la société à produire la quantité maximale
de biens à un coût donné ou avec une quantité de facteurs de production et de savoir.

Les progrès technologiques viennent surtout de décisions délibérées d’agents économiques qui visent
l’optimisation.

Un bon exemple des effets du développement technologique est la loi de Moore. Nommée ainsi en l’honneur du
cofondateur d’Intel, Gordon Moore, la loi de Moore prédit que le nombre de transistors (donc la vitesse de calcul)
sur une puce informatique double environ tous les deux ans.

6. Aspect mathématique de la fonction de production agrégée : fonction Cobb-Douglas

Une fonction de production exprime la relation entre les facteurs de production d’une entreprise et la quantité
produite. Il existe de nombre fonction de production fonctionnelles.

La fonction de production agrégée est souvent représentée par les économistes dans une forme spécifique
appelée fonction de production Cobb-Douglas.

Y = A x F (K,H) = A x K1/3 x H2/3


Où Y = revenu (PIB) national
A = technologie
K = capital physique
H = capital humain

Comme on peut facilement le remarquer, l’addition des exposants de K et H donne 1. Cette caractéristique de la
fonction de Cobb-Douglas génère deux propriétés importantes :

6. La fonction de production montre des rendements d’échelle constants : si on augmente K et H de


x%, Y augmente de x%.

7. La fonction de production est conforme au fait


empirique suivant : 2/3 du revenu (PIB) national von au
travail et le dernier 1/3 va au capital physique (on
suppose que la contribution à la production est égale à
la part de la rémunération).

17
En divisant les deux cotés de l’équation, on obtient le PIB par travailleur, y :

Le PIB par travailleur (y) est ici écrit en termes de capital physique par travailleur (K/L) et en termes de capital
humain par travailleur (H/L=Lxh/L=h) :

Autrement dit :

PIB par travailleur = Technologie x (Capital physique par travailleur) 1/3 x (Capital humain par travailleur)2/3

La fonction de production Cobb-Douglas peut aussi être utilisée pour déterminer le PIB par travailleur théorique
d’un pays si celui-ci bénéficiait de la technologie d’un autre pays.

Ex. : quel serait le PIB par travailleur de l’Inde si celle-ci possédait le même niveau technologique que les USA ?

18
MACROÉCONOMIE – CHAPITRE 7 :
La croissance économique

1. Notions clés :
 La croissance économique mesure l’augmentation de PIB réel par habitant dans le temps, en d’autres
mots, l’amélioration du « niveau de vie ».
 Le PIB par habitant élevé qu’affichent aujourd’hui de nombreux pays résulte de la croissance économique
rapide qu’ont connu ces pays au cours des deux derniers siècles.
 Une croissance économique soutenue s’appuie sur le progrès technologique.
 Les différences considérables dans le taux de croissance historique des diverses économies sont en grande
partie à l’origine des écarts actuels de leurs PIB par habitant.
 La croissance économique est un puissant outil de réduction de la pauvreté.

2. Le pouvoir de la croissance économique :


La croissance économique d’un pays se résume comme l’augmentation du PIB par habitant dans une économie.
Cette croissance n’est pas parfaitement régulière car elle connait des variations qu’on appelle fluctuations
économiques.

On va aussi parler de taux de croissance : c’est la variation d’une quantité, ici le PIB par habitant, entre deux dates
par rapport à la quantité de référence (celle du début de la période).

yt+1 yt
Taux de croissance t, t+1 = −
yt

Grâce à cette formule, nous pouvons calculer le taux de croissance du PIB par habitant de toutes les années et de
tous les pays.

A. Aperçu de la croissance en Belgique :

Grâce à la croissance économique, le niveau de vie est beaucoup plus élevé aujourd’hui qu’avant.

Depuis 1850, le PIB par habitant de la Belgique (calculé en PPA) ne fait qu’augmenter : il est passé de 3042$ à 38
806$ en 2010.

Le taux de croissance annuel du PIB par habitant belge est généralement positif, mais il peut aussi être
négatif comme nous le montre le graphique suivant.

19
La moyenne arithmétique des taux de
croissance annuels réels (année de base
2010) a été de 2,24% entre 1961 et 2017.

Le taux de croissance réel (année de base


2010) en 2010 était de 1,37%.

B. Croissance exponentielle :

Dans la notion de croissance économique, nous pouvons parler de la croissance exponentielle. La croissance
exponentielle décrit le processus par lequel une quantité croît à un taux à peu près constant : l’augmentation de
la valeur d’une variable (soit yt+1 - yt dans les termes de l’équation précédente) est proportionnelle à sa valeur
courante (yt dans les termes de l’équation précédente).

 Cette notion implique que la nouvelle croissance repose sur la croissance passée et ses effets composés.

Par exemple, supposons que Y croit de 10% par année :

Cela signifie qu’après un certain nombre d’années de croissance, des différences relativement modestes de taux
de croissance se cumulent pour produire de grandes différences de revenu (PIB) par habitant. C’est pourquoi la
nature exponentielle de la croissance est une des principales explications des immenses écarts de PIB par
habitant entre les pays.

Une différence de 1 petit % dans le taux de croissance d’un pays par rapport à un autre peut avoir un effet
énorme, à long terme, sur le PIB par habitant de ce pays, par rapport à celui de l’autre pays.

Remarques :

 Attention, pour calculer une croissance sur autant d’années, il faut, pour chaque année, se baser sur le
résultat de l’année précédente.
 Lors de la mise en place du graphique, il est impératif d’utiliser une échelle verticale proportionnelle ! Si elle
ne l’est pas, il peut y avoir une perception « d’accélération » dans l’augmentation du PIB alors que le
graphique du PIB est censé augmenter de façon constante (taux de croissance constant). Autrement dit, un
taux de croissance constant se traduit par une droite sur une échelle proportionnelle.

20
C. Les modèles de croissances :

La croissance exponentielle peut expliquer les énormes différences actuelles entre les PIB par habitants des pays.
Les pays riches ont connu une croissance continue sur les 200 dernière année alors que ce n’est pas le cas pour
les pays pauvres.

Pour comparer les différents modèles de croissances des différents pays, il faut tenir compte de beaucoup de
choses telles que les évènements historiques, les guerres, les crises économiques, etc.

 Croissance de rattrapage : les pays relativement pauvres tendent à rattraper les pays riches en adoptant
les technologies et les méthodes de production des pays riches (augmentent leurs revenus agrégés en
tirant parti des technologies disponibles, augmentent leur épargne et améliorent l’efficacité des heures
de travail).
C’est surtout par une transition sectorielle, soit en réduisant la main-d’œuvre du secteur agricole pour la
diriger vers la production manufacturière, par exemple, que certains pays pauvres sont parvenus à
augmenter son taux de croissance et donc, son PIB car ces mesures ont permis d’augmenté de façon
énorme la productivité du pays.
Ex. : Taiwan et Corée du Sud, l’Argentine est une preuve que cela n’est pas efficace.

 Croissance soutenue : certains pays ont bénéficié de taux de croissance généralement positifs et
relativement stables pendant une longue période (50, 100 voire même 200 ans).
Ex. : Belgique, Canada, USA, Royaume-Uni

3. Comment l’économie d’un pays croît-elle ?


Retournons à la fonction de production agrégée Y = A x F (K,H) qui contient une première réponse à cette
question. En effet, elle relie le PIB aux deux facteurs de production (capital physique K et efficacité totale des
heures de travail H). Cette fonction dépend aussi du niveau technologique (A) qui rend compte des
connaissances disponibles dans une économie et de l’efficacité des heures de travail.

Un pays peut accroitre sont PIB par habitant de 3 façons :

a. En augmentant son stock de capital physique : ainsi on va augmenter la capacité d’un pays à produire via
l’investissement, un processus d’accumulation du capital (voir point suivant).
b. En augmentant l’efficacité des heures de travail : par exemple, en augmentant les heures prestées par
personne.
c. En améliorant sa technologie.

A. L’accumulation de capital :

Pour rappel, au chapitre 5, on a abordé une équation fondamentale : Y = C + I + G + X – M. Dans cette équation,
Y est le revenu national (PIB), C est la consommation, I est l’investissement, G les dépenses publiques en B&S, X
les exportations et M les importations.

Le gouvernement prélève des impôts dont le montant agrégé (net des transferts) est T. La partie du revenu
national dont les ménages disposent pour consommer, le revenu disponible, est donc égal à Y-T.

La partie du revenu disponible qui n’est pas consommée est appelée épargne agrégée (S). On va donc écrire :

Y = C + S +T

Cela implique l’égalité suivante :

C+I+G+X–M = Y = C+S+T

21
Si on isole l’investissement :

I = S + (T – G) – (X – M)

On remarque donc que l’investissement sera donc plus faible que l’épargne seulement si le gouvernement fait un
déficit (T<G) ou si le pays a un surplus commercial. À l’inverse, l’investissement sera plus élevé que l’épargne si le
gouvernement a un surplus budgétaire (T>G) ou si le pays accuse un déficit commercial. Cependant, comme vu
précédemment, la majeure partie de l’investissement est rendue possible que grâce à l’épargne.

Pour simplifier les choses, considérons une économie simple sans gouvernement, sans importations ni
exportations.

G=X=M=0

Nous avons donc, du point de vue des dépenses :

Y=C+I

Et du point de vue des revenus :

Y=C+S

Cela implique que, dans une économie fermée sans gouvernement, l’investissement agrégé provient de l’épargne
agrégée. Ce qui s’exprime par légalité :

I=S

Cette relation signifie que toutes les ressources que les ménages décideront d’épargner serviront à des
entreprises qui les transformeront en investissement.

 Un pays avec un taux d’épargne élevé investit beaucoup d’argent, augmente son capital physique, et par la
fonction de production agrégée, accroît plus rapidement son PIB.

B. L’optimisation : le choix entre épargne et consommation

Pour comprendre la division du PIB entre consommation et investissement, il faut étudier ce qui motive les
ménages à épargner. L’épargne équivaut à ne pas consommer aujourd’hui afin de pouvoir consommer plus dans
le futur. La consommation apporte une satisfaction immédiate alors que l’épargne reporte la consommation et la
satisfaction. Cependant, chaque ménage a ses besoins et priorités qui influent sur la décision d’épargner ou non.

C’est donc un problème d’optimisation et comme dans tous problème d’optimisation, les prix influent sur les
choix. Dans ce cas-ci, le prix pertinent est le taux d’intérêt qui permet aux ménages d’évaluer ce que va leur
rapporter leur épargne. Les anticipations quant à la hausse des salaires ou des impôts peuvent aussi impacter les
épargnes des ménages. Ainsi, les ménages qui s’attendent à une augmentation rapide de leur revenu peuvent
avoir moins de raisons d’épargner. Inversement, s’ils s’attendent à des hausses d’impôts, les ménages peuvent
décider d’épargner davantage pour pouvoir payer ces impôts en temps voulu sans réduire leur consommation
future.

L’agrégation de tous ces compromis et décisions individuelles donne le taux d’épargne de l’économie, c’est-à-
dire la fraction du revenu qui sera épargnée. En tenant compte de l’épargne des ménages ainsi que des sommes
rendues disponibles par les entreprises, les administrations publiques et les échanges commerciaux, on peut
calculer combien d’épargne totale est disponible dans un pays pour financer l’investissement, les déficits
gouvernementaux ou prêter à l’étranger :

22
C. Qu’est-ce qui génère la croissance continue ?

L’accumulation du stock de capital physique ? non.

L’accumulation de capital physique à elle seule ne peut pas générer de croissance soutenue, à cause du produit
marginal décroissant du capital physique.

Le produit marginal décroissant signifie plus on augmente le physique, plus les hausses de PIB seront de plus en
plus faibles (voir courbe fonction prod. agrégée). Par contre, l’entretien de ce capital demeure proportionnel à la
quantité du capital physique. Ainsi, doubler le stock de capital physique ne double pas ce qu’il permet de
produire, mais bien la partie de son rendement nécessaire pour le maintenir en état. A force d’accumuler du
capital, on finit par atteindre un point où ce qu’il permet de produire de plus permet tout juste de maintenir
l’accroissement du stock de capital. Un peu comme une personne tellement riche qui se rend compte qu’elle
passe plus de temps à entretenir ses propriétés qu’à en profiter, à force de toujours acheter de nouvelles
installations.

 Donc une croissance constante et soutenue ne peut être obtenue juste en augmentant le stock de capital
physique.

Si l’accumulation de capital physique ne suffit pas à expliquer la croissance soutenue, qu’en est-il du 2e facteur de
production, le travail. Peut-on augmenter le PIB de façon soutenue en augmentant simplement le capital
humain ? non.

Considérons d’abord une augmentation de la main d’œuvre (proportion de la population qui participe au
processus de production). À certains moments de leur développement, jouissent temporairement de
circonstances favorables à une augmentation du nombre d’heures de travail. Cela peut arriver notamment quand
le taux de natalité diminue alors que l’espérance de vie augmente. Pendant une trentaine d’années, il y a alors
peu de personnes âgées et peu de jeunes, ce qui entraine une plus grande proportion de la population
disponible à travailler. Ce phénomène est appelé « dividende démographique ». Il y a donc une limite à la
proportion de gens qui peuvent travailler.

On peut aussi augmenter l’efficacité des heures de travail en augmentant le capital humain des travailleurs
(éducation). Mais encore une fois, cela accroitra le PIB mais pas de manière à générer une croissance constante
en raison du produit marginal décroissant de l’éducation.

De plus, même si tous les facteurs de production ainsi que la technologie restent constants, chaque travailleur
supplémentaire augmentera de moins en moins le PIB à cause du produit marginal décroissant du travail.

 C’est pourquoi, peu importe l’aspect sous lequel on analyse le facteur de production « travail », la croissance
de la population et l’éducation seules ne peuvent pas générer de croissance soutenue.

Il faut donc se tourner vers un autre paramètre afin d’assurer une croissance soutenue : la technologie, et en
particulier, les progrès des savoirs techniques utilisés dans la production.

D. Savoir, progrès technologique et croissance :

Le progrès technologique est décrit comme le processus par lequel de nouvelles technologies et de nouveaux
B&S sont inventés, puis introduits et utilisés dans une économie. Cela permet d’accroitre le PIB pour une même
quantité de facteurs de production (K et H).

Le progrès technologique est dit exponentiel. Selon la définition de la croissance exponentielle, la croissance du
PIB par habitant est exponentielle parce qu’elle repose sur la valeur actuelle qui résulte de la croissance passée.

23
Analogiquement, les innovations et nouvelles technologies reposent sur un stock de savoir qui résulte lui-même
d’innovations antérieures.

 Les innovations technologiques améliorent donc la capacité d’augmenter le PIB non pas d’un montant
constant, mais d’un montant à proportionnalité constante.

 Les progrès technologiques ne sont pas soumis aux rendements décroissants. C’est donc la cause la plus
plausible d’une croissance soutenue.

On l’aura compris, il y a une belle symétrie entre le traitement des différences de PIB par habitant de divers pays
et les différences de PIB à divers moments. Dans les deux cas, le stock de capital physique et l’efficacité des
heures de travail jouent un rôle important, mais ils ne suffisent pas à expliquer les différences majeures. C’est
plutôt la technologie qui jour LE rôle déterminant.

4. L’histoire de la croissance et de la technologie :


A. La croissance avant les temps modernes :

Malgré des connaissances techniques, cette période est marquée par l’absence de croissance soutenue du niveau
de vie. Même s’il y avait une certaine croissance économique, elle n’était pas vraiment soutenue.

Il y a plusieurs raisons qui expliquent cette non-croissance :

 La technologie évoluait beaucoup plus lentement à l’époque


 L’augmentation des revenus agrégés (PIB) ne s’était pas généralement traduite par une augmentation du
revenu par habitant : cycle malthusien.

B. Les limites malthusiennes à la croissance :

Thomas Malthus, dans un ouvrage publié en 1798, soutenait que l’humanité était condamnée à vivre avec un
revenu de subsistance, un revenu pas habitant en deçà duquel une personne ne peut pratiquement pas survivre.

Le seuil de pauvreté absolue de la Banque Mondiale que nous avons abordé au chapitre précédent n’est pas tout
à fait arbitraire. Pour survivre, un humain doit avoir accès à des vêtements, un certain nombre de calories et un
abri. Dès lors, il est pratiquement impossible pour un pays d’avoir un PIB par habitant inférieur à 500$/an car cela
signifierait qu’un grand nombre de personnes vivent avec un revenu inférieur à 500$.

On va donc introduire la notion de revenu de subsistance : c’est le revenu minimum en dessous duquel une
personne ne peut pas subvenir à ses besoins vitaux et donc pas vraiment survivre. À l’époque, il n’y avait pas de
banque ni de revenu national, mais les estimations tendent à montrer qu’une personne de l’époque devait avoir
un revenu de subsistance d’environ 500$ d’aujourd’hui.

Selon le cycle malthusien (voir point précédent), l’augmentation des revenus agrégés accroit le revenu par
habitant au-delà du revenu de subsistance, ce qui entraîne une croissance démographique qui, à son tour,
exerce une pression sur les ressources qui va ramener le revenu par habitant à son niveau initial.

Malthus appliquait la puissance de la croissance exponentielle à la fécondité, qui se définit comme étant le
nombre d’enfant par adulte (ou par femme) en âge de procréer dans une population donnée. Selon lui, une
fécondité plus élevée faisait augmenter la croissance de la population, ce qui ramenait le revenu par habitant au
revenu de subsistance.

Même si la croissance démographique permet d’augmenter la production agrégée de nourriture, les rendements
marginaux décroissants de la production agricole font en sorte que la croissance de production de la nourriture,

24
elle, n’est pas exponentielle. Ainsi, la croissance démographique ramène toujours le revenu par habitant au
revenu de subsistance.

L’inverse se passe aussi lorsque le revenu descend en-dessous du seuil de subsistance car il y aurait des guerres
ou famines, qui feraient augmenter le revenu par habitant, vu qu’il y a moins de monde pour une même quantité
de nourriture.

 Sans progrès technologiques, les temps prémodernes (avant 1800) étaient soumis au cycle malthusien dans
lequel il n’y a pas de croissance soutenue.

C. La révolution industrielle et la transition démographique :

Deux éléments on permis à la Grande Bretagne, et ensuite à d’autres pays, de se libérer du cycle malthusien :

1) La transition démographique :

Au fur et à mesure que la population des campagnes migrait vers la ville pour aller travailler dans les usines, on a
assisté à une diminution de la fécondité. On parle de transition démographique (processus qui a à la fois des
causes économiques et sociales). Cette transition de la ruralité vers l’urbanisation a requis un niveau de scolarité
plus élevé et long, et donc une population mieux qualifiée. Mais elle est surtout essentielle dans le sens où elle a
permis aux économistes de l’époque de rompre avec le cycle malthusien. C’est un élément essentiel de la
croissance moderne.

2) La révolution industrielle :

La transition démographique n’a cependant pas été capable d’amorcer la croissance soutenue à elle seule. Une
autre composante est à prendre en compte : la révolution industrielle. C’est l’arrivée de nombreuses machines et
de nouvelles méthodes de production, d’abord dans le secteur de la production pour ensuite se propager au
secteur des transports. Cela a permis l’apport de nouveaux changements techniques et technologiques plus
stables et plus rapides, qui ont permis l’arrivée d’une croissance soutenue.

D. La croissance et la technologie depuis la révolution industrielle :

La révolution post industrielle a bénéficié d’une croissance soutenue du revenu par habitant grâce aux
innovations remarquables dans le transport, les communications, l’énergie et l’informatique. Sur les 250 dernières
années, un grand nombre de progrès technologiques sont apparus : chemins de fer, avions, médicaments, etc.

L’une des principales ressources de cette croissance est la R&D (recherche et développement) que les entreprises,
universités et gouvernements utilisent pour améliorer cette base de connaissances. Notre niveau de vie actuel est,
dans une large mesure, le rendement de cet investissement dans la R&D.

5. La croissance, les inégalités et la pauvreté :


Le PIB par habitant est une mesure moyenne du niveau de vie d’un pays, mais elle ne nous renseigne pas sur la
répartition des revenus. Le fait qu’une économie soit en croissance ne signifie pas que tout le monde en profite.
En effet, dans de nombreux pays, la croissance soutenue entraine également un accroissement des inégalités de
revenus. Il y a et aura toujours des ménages qui auront un revenu plus élevé que la moyenne, d’autres un revenu
moins élevé. Tous les travailleurs qui tirent un bénéfice proportionnellement comparable des nouvelles
technologies qui sont le moteur de cette croissance, mais seulement les plus fortunés.

Il faut donc regarder les inégalités et la pauvreté à l’intérieur d’une société.

A. Croissance et inégalités :

Plusieurs raisons peuvent pousser une société à se préoccuper des inégalités


25
 Certains peuvent souhaiter vivre dans une société plus juste où il n’y a pas de grandes disparités dans le
niveau de vie des citoyens.
 On peut aussi penser que des inégalités accrues conduisent à une plus grande polarisation sociale ou
même à une plus grande incidence de la criminalité dans la société.

On a parlé jusqu’ici du PIB par habitant, mais en réalité, le revenu par habitant d’un pays à un moment précis
n’est pas le revenu de tous les habitants de ce pays au même moment. Il faut tenir compte de la répartition des
revenus dans la société donnée.

Ces inégalités provoquent l’apparition de la pauvreté (1,25$/pers/jour) qui entraine de graves difficultés sur le
plan économique, mais également sur le plan de la santé et des problèmes sociaux. Il est donc important de
distinguer inégalités et pauvreté.

B. Croissance et pauvreté :

Mais quel est le lien entre la croissance et la pauvreté ?

Le graphique suivant montre la relation entre la croissance du


PIB par habitant et la variation du taux de pauvreté
(pourcentage de population vivant avec moins
d’1,25$/pers/jour en PPA).

On constate que les pays qui ont un PIB plus élevé ont moins
d’habitants sous le seuil de pauvreté. De plus, on assiste ces 10
dernières années à une relation négative entre la croissance et
la pauvreté

Mais cette relation négative entre la croissance et la pauvreté ne prouve pas que la croissance est la cause de la
diminution de pauvreté, mais elle montre que la croissance peut réduire efficacement la pauvreté.

 Il n’y a pas de causalité mais il y a une corrélation négative entre la croissance et la pauvreté.

Attention, on ne pourra dire que la croissance économique réduit la pauvreté que si elle n’est pas accompagnée
d’un accroissement des inégalités.

C. Comment réduire la pauvreté :

Il n’existe malheureusement aucune solution miracle. Cependant, plusieurs approches peuvent être mentionnées :

· Le commerce international crée des gagnants et des perdants, mais dans la plupart des cas, apporte de
réels bénéfices aux pays qui le pratiquent. De plus, les contacts qui en découlent entraînent plus
d’interactions avec les pays riches et peuvent ainsi faciliter le transfert de technologies.

· Beaucoup de pays investissent une certaine part de leur PIB dans la R&D, et une grande partie de leur
main-d’œuvre travaille dans les domaines de la science et de l’ingénierie. Les résultats de tels efforts
améliorent le niveau de vie des habitants de ces pays, mais aussi celle des habitants du monde entier
(ex.: la communication sans fil). Cet accroissement de savoirs et des technologies dans l’économie
mondiale permet donc de rehausser le niveau de vie des pays pauvres.

26
ANNEXE :
Le modèle de croissance de Solow
Afin de d’étudier ce qui détermine la croissance du PIB, les économistes utilisent le modèle de Solow que l’on va
présenter dans cette annexe du chapitre 7.

1. Notions clés :
 Il y a 3 composantes essentielles au modèle de la croissance de Solow
 Le modèle de croissance de Solow permet de trouver l’équilibre stationnaire.
 Dans le modèle de croissance de Solow, les augmentations de taux d’épargne, de capital humain et les
améliorations technologiques augmentent le niveau réel du PIB.
 Dans ce modèle, l’équilibre stationnaire est dynamique.
 Dans le modèle de croissance de Solow, une croissance soutenue ne peut se faire sans une augmentation
du niveau technologique.
 La formule de taux de croissance composé est utilisée pour calculer des taux de croissance moyens.

2. Les trois composantes :

Le modèle de Solow a 3 grandes composantes :

• La fonction de production agrégée :

Cette fonction relie le PIB au capital physique (K), à l’efficacité des heures de travail (H) et la technologie (A),
sachant que la technologie comprend la quantité de savoir disponible dans l’économie et l’efficacité de la
production. Il s’agit du levier de vitesse de la fonction de production agrégée.

Y = A * F (K,H)

• Une équation pour l’accumulation du capital physique :

La plupart des équipements et structures qui composent le capital physique d’une économie sont des biens
durables (routes, ordinateurs, ponts, …). Cependant, cette durabilité entraine une dépréciation de la valeur de
chaque bien/structure, suite à l’accumulation des années et la détérioration physique. Il est possible de
ralentir cette détérioration en entretenant le bien de façon continuelle mais cela falsifie quand même d’une
certaine façon le stock de capital physique.. Il faut donc revoir la valeur du capital physique :

On a : Kmaintenant = KL’an dernier - Kdéprécié + I

Si on fait l’hypothèse d’un taux de dépréciation (d) du capital constant, l’équation devient :

Kmaintenant = KL’an dernier - (taux de dépréciation * KL’an dernier) + I

Kmaintenant = (1 - d) * KL’an dernier + I

Avec Kmaintenant le stock actuel de capital physique


KL’an dernier le stock de capital physique de l’an dernier
I le flux d’investissements
d le taux de dépréciation du capital

27
• L’épargne des ménages

Nous avons vu que l’investissement est déterminé par le comportement d’épargne des ménages. Selon
Solow, les ménages épargnent une fraction fixe « s » de leur revenu (taux d’épargne), de sorte que l’épargne
totale dans l’économie est : « s * Y ». En mettant de côté les dépenses publiques et le commerce
international, l’égalité entre l’épargne agrégée et l’investissement total peut donc s’écrire :

I=s*Y

En utilisant la fonction de production agrégée, on obtient :


I = s * Y = s * A * F(K,H)

 La production totale (PIB) peut alors être divisée en consommation (C) et investissement (I) :

3. L’équilibre stationnaire dans le modèle de Solow :

Un équilibre stationnaire est un équilibre économique (offre=demande) dans lequel le stock de capital physique
reste constant dans le temps. On peut donc maintenant calculer la situation naturelle où le stock de capital
physique de l’an dernier et celui de cette année sont égaux :

Kt = Kt-1 = K

Comme la notion classique de l’équilibre, l’offre est égale à la demande, mais l’équilibre stationnaire exige en plus
que le stock de capital physique reste constant entre les deux moments. Pour que le stock ne change pas,
l’investissement doit toujours compenser la dépréciation de ce même capital. L’investissement doit donc être égal
à une fraction d (taux de dépréciation) du stock de capital physique :

I = s * A * F(K,H) = d * K

L’équation du capital physique devient donc :

K = (1-d) * K + I

Ainsi, pour que le stock de capital physique d’une


économie reste constant, la valeur de l’investissement doit
être égale à la valeur comptable nette du stock de capital
physique déprécié.

I = d * K = Kdéprécié

28
A présent, unissons les divers ingrédients du modèle Solow pour trouver l’équilibre stationnaire.

4. Les déterminants du PIB :

Grâce au graphique ci-dessus, on remarque que le taux d’épargne est un des principaux déterminants du PIB.

Le graphique suivant omet la courbe de la fonction de


production agrégée Y= A * F(K,H) pour ne montrer que le
niveau d’investissement que donne l’équation
I = s * A * F(K,H)

Ce graphique représente deux économies dont toutes les


composantes sont identiques sauf le taux d’épargne s. Celle
qui a le taux le plus élevé sera représentée par la courbe vert
foncé supérieure à la courbe vert clair car un taux plus faible.

Le graphique montre que, si le taux dépréciation est le même, l’équilibre stationnaire de l’économie qui a le taux
d’épargne le plus élevé est plus à droite et plus haut que l’équilibre stationnaire de l’économie avec un taux
d’épargne plus faible. Cela correspond à stock de capital physique plus grand et donc, un PIB plus élevé à
l’équilibre.

On peut avoir un raisonnement analogue avec la technologie. Une meilleure technologie, qui peut résulter d’un
savoir accru mis au service de la production ou d’une plus grande efficacité de la production, augmente le « A »
dans la fonction de production agrégée. Dans les deux cas, elle entraine un changement de la fonction de
production agrégée comme sur le graphique précédent, sauf que c’est l’efficacité totale des heures de travail qui
change et non le taux d’épargne. Les conséquences sont les mêmes : le stock de capital physique de l’équilibre
stationnaire augmente et le niveau du PIB à ce même équilibre augmente par la même occasion.

 Conclusion :
Une augmentation du taux d’épargne (s) ou du stock de capital humain (H) va faire augmenter le niveau
stationnaire du PIB et du stock de capital physique.

5. L’équilibre dynamique dans le modèle de Solow :

Le modèle de Solow est le principale modèle qu’utilisent les économistes pour réfléchir à la croissance
économique.

En plus de l’équilibre stationnaire qui ne bouge pas, il peut


aussi exister des équilibres dits dynamiques dans certaines.
Le terme d’équilibre dynamique décrit l’équilibre d’une
économie dont le comportement évolue au fil du temps. Il
décrit donc une évolution au cours d’une période donnée
et non d’un seul point.

Pour mieux saisir cette notion, examinons le graphique


suivant. On remarque que l’équilibre se situe à
l’intersection entre la courbe bleue et la courbe verte qui
représente le niveau d’investissement.

29
Imaginons qu’une grande partie du capital physique de cette économie est détruite, par une guerre par exemple.
Le stock de capital physique de l’économie serait alors défini par l’équation : K0 < K*.

Supposons aussi que rien d’autre ne change : la fonction de production agrégée, le taux d’épargne, l’efficacité
des heures de travail et la technologie restent les mêmes. Même si une variable change, l’économie n’est plus
dans un équilibre stationnaire car le capital physique n’est pas remplacé au même rythme qu’il se déprécie.

Comme le stock de capital physique vaut K 0 et que la technologie n’évolue pas, le PIB donné par la fonction
agrégée de production reste à Y0. L’épargne totale correspond dont au point s*Y0 sur l’axe vertical.

Cependant, le graphique indique aussi clairement qu’en ce point (K 0 ; s * Y0), l’investissement égale exactement la
dépréciation du capital physique. Au-dessus de la droite, l’investissement ne fait pas que reconstituer le capital
physique déprécié, il dépasse la dépréciation.

L’évolution de l’équilibre dynamique est représentée par les flèches vertes : l’équilibre part au point (K0;Y0) et suit
l’évolution de l’économie vers le point (K*;Y*). Cela met en évidence à la fois le fait qu’un équilibre dynamique
correspond à une évolution, montrant le comportement de l’économie au fil du temps, ainsi que le résultat clé:
un tel équilibre dynamique ramène l’économie vers l’équilibre stationnaire (K*;Y*).

Notons aussi que si on avait hérité d’un stock de capital plus élevé, l’investissement serait moindre que la
dépréciation (puisque la courbe verte est plus basse que la droite bleue, à droite de K*) et le stock de capital
diminuerait progressivement pour rétablir l’équilibre stationnaire.

6. Les sources de la croissance dans le modèle de Solow :


 Ni l’augmentation du taux d’épargne ni l’accumulation du capital physique ne peuvent engendrer une
croissance soutenue du PIB réel. Pourquoi ?

Une augmentation du taux d’épargne entraine un déplacement de la courbe vers le haut et provoque donc une
augmentation du niveau de PIB. Cependant, avec des niveaux donnés d’efficacité totale des heures de travail et
de technologie, il y a une limite au PIB puisque l’on ne peut jamais dépasser un taux d’épargne de 100%. Cette
limite détermine le niveau du PIB au-delà duquel l’économie ne peut plus se développer (Y max) avec une fonction
de production agrégée et une efficacité totale des heures de travail données.

L’existence de ce PIB maximal, Ymax, signifie qu’il n’est pas possible d’obtenir une croissance soutenue en se
consentant d’accroitre l’épargne. En effet, une économie qui croit à un rythme constant finirait forcément par
atteindre et dépasser n’importe quel PIB fixe, comme Ymax.

Une augmentation du taux d’épargne conduit donc à une augmentation du niveau du PIB mais pas à une
croissance soutenue.

30
 Le progrès technologique est une source de croissance soutenue du PIB réel. Mais pourquoi ?

Une augmentation du niveau technologique A augmente le niveau de productivité et donc permet de produire
plus pour un même niveau d capital physique et humain. Plus la technologie progresse, plus la fonction de
production agrégée se déplace vers le haut, ce qui accroit les niveaux d’équilibre su stock de capital physique et
du PIB.

Par conséquent, un progrès technologique (ou une amélioration constante de la technologie) conduit à une
croissance soutenue du PIB réel.

Ces progrès technologiques se produisent le long de la droite de l’équilibre stationnaire.

Une autre prédiction du modèle de Solow est que le ratio entre le stock de capital physique et le PIB devrait être
constant au fil des années.

À l’équilibre stationnaire : investissement = dépréciation.

S*Y=d*K

Qu’en est-il de la croissance de rattrapage ? Contrairement à la croissance soutenue, la croissance de rattrapage


peut résulter à la fois de l’accumulation de capital physique, de l’accumulation de capital humain et du progrès
technologique.

Cependant, bien qu’elle puisse augmenter considérablement le niveau du PIB réel, la croissance de rattrapage
n’est pas une source de croissance soutenue du PIB réel !

La croissance de rattrapage correspond en fait à l’évolution de l’équilibre dynamique d’une économie à partir
d’un niveau de capital physique inférieur au niveau de capital de son équilibre stationnaire K*.

Cette évolution de l’équilibre dynamique correspond à la trajectoire d’une économie qui est temporairement au-
dessous de son équilibre stationnaire ou qui améliore sa technologie et élève ainsi le niveau d’équilibre
stationnaire du stock de capital physique ainsi que du PIB. Le graphique précédent montre que l’économie aura
une croissance rapide jusqu’à atteindre l’équilibre stationnaire. Cette croissance rapide est une caractéristique du
processus de rattrapage.

31
7. Calcul des taux de croissance moyens (composés) :

La croissance composée est le phénomène par lequel la croissance se construit sur la croissance.

La formule est comparable à la formule des intérêts composés :

PIBt+n = PIBt * (1+g)n


Où t = année de départ
g = taux de croissance annuel moyen
n = nombre d’années

On peut réécrire le taux de croissance composé pour obtenir le taux de croissance annuel moyen (g) :

32
Macroéconomie – Chapitre 8 :
Pourquoi les pays ne sont-ils pas tous développés ?
1. Notions clés :
 Les causes immédiates de la prospérité font le lien entre la prospérité et la quantité relative d’intrants dont
les pays disposent (capital physique, capital humain et technologie).
 Les causes fondamentales de la prospérité expliquent pourquoi les pays affichent d’importantes différences
pour ce qui est de la quantité des intrants dont ils disposent.
 On distingue 3 grandes hypothèses sur les causes fondamentales de la prospérité : l’hypothèse
géographique, l’hypothèse culturelle et l’hypothèse institutionnelle.
 Les institutions économiques inclusives et extractives influent sur le développement économique.
 La destruction créatrice est inhérente à la croissance économique qui résulte du changement technologique.
 L’existence des renversements de situation appuie l’hypothèse institutionnelle selon laquelle les institutions
économiques sont la première cause fondamentale de la prospérité (ou de la pauvreté) des peuples.

2. Les causes immédiates et fondamentales de la prospérité :

Comme vu au chapitre 6, les disparités s’expliquent par des différences dans le capital physique, le capital humain
et la technologie dont disposent les pays. Mais pourquoi certains pays ont-ils accumulé davantage de capital
physique, investi davantage dans le capital humain et créé ou adopté une meilleure technologie que d’autres?

 Causes immédiates de la prospérité :

Des niveaux élevés des facteurs de production (capital physique, capital humain et technologie) expliquent un PIB
par habitant élevé. Ce sont donc des causes immédiates de la prospérité car elles établissent un lien direct entre
la prospérité élevée et les niveaux élevés de ces facteurs.

Cependant, elles n’expliquent pas pourquoi ces facteurs de production sont à des niveaux si élevés.

 Causes fondamentales de la prospérité :

Les causes fondamentales de la prospérité sont les raisons sous-jacentes à l’origine des différentes causes
immédiates. Ce sont les facteurs déterminants du développement économique car elles expliquent pourquoi les
pays affichent d’importantes différences concernant les quantités d’intrant dont ils disposent.

Il existe de nombreuses théories sur les causes fondamentales de


la prospérité que l’on regroupe sous 3 hypothèses majeures :
l’hypothèse géographique, culturelle ou institutionnelle.

A. La géographie :

Selon l’hypothèse géographique, ce sont les différences


géographiques, climatiques et écologiques qui expliqueraient les
grandes disparités de richesse observées entre les pays.

La carte montre clairement que les économies avec de faibles


PIB/habitant se trouvent dans les régions tropicales alors que celles
avec des PIB/habitant élevés sont dans des zones tempérées (à
l’extérieur des tropiques).

33
Beaucoup de grands penseurs ont défendu cette hypothèse. Comme le célèbre philosophe français Montesquieu,
selon qui le climat était un déterminant clé de l’effort au travail. Alfred Marshall était également partisan de cette
hypothèse mais pour lui, la vigueur dépendant en partie des « qualités de la race ». Selon l’économiste Jeffrey
Sachs et le géographe Jared Diamond, les climats tropicaux sont plus favorables au développement d’infections
et de maladies comme le paludisme et la dengue, ce qui contribue donc à la pauvreté.

Ces idées quant à l’effet du climat sur la vigueur et l’effort au travail sont dépassées. Mais d’autres versions sont
toujours populaires continuent d’émerger, comme la détermination de la technologie disponible en fonction des
caractéristiques géographiques, en particulier dans l’agriculture.

Si la géographie est la première cause fondamentale de la prospérité, les pays pauvres du monde ont peu de
raisons d’espérer une amélioration importante de leur niveau de vie. Ils sont défavorisés de manière permanente
et ne rattraperont pas le retard. Cependant, les versions de l’hypothèse géographique ne sont pas toutes aussi
pessimistes. Des investissements à grande échelle dans la technologie des transports ou dans l’éradication des
maladies endémiques peuvent pallier en partie ces désavantages géographiques.

B. La culture :

Selon l’hypothèse culturelle, les sociétés réagissent différemment aux incitatifs parce que leur expérience propre,
leurs enseignements religieux, la force de leurs lien familiaux ou leurs normes sociales sont différentes et mènent
à des niveaux de prospérité différents. Ainsi, certaines sociétés ont des valeurs qui encouragent l’investissement,
le travail acharné et l’adoption de nouvelles technologies tandis que les valeurs d’autres sociétés favorisent la
superstition, incitent à la méfiance envers les nouvelles technologies et découragent le dur labeur.

Par exemple :
- En 1905, le sociologue allemand Max Weber soutenait que les valeurs protestantes se traduisent par
l’augmentation de l’ardeur au travail, de l’épargne et des revenus.
- Il y a près de 20 ans, le politologue de Harvard Samuel Huntington parlait de « choc des civilisations »
pour décrire le conflit entre l’Occident et l’Islam.

D’autres mettent en avant la culture anglo-saxonne considérée comme favorable à l’investissement et à


l’adoption de nouvelles technologies, contrairement à la culture espagnole et portugaise souvent moins
dynamique.

La culture n’est évidemment pas immuable. Elle peut évoluer mais de manière très lente.

C. Les institutions :

Les institutions représentent les règles officielles et officieuses qui régissent l’organisation d’une société,
notamment ses lois et ses règlements. Cette définition englobe 3 caractéristiques :

· Elles sont conçues par des personnes qui agissent en tant que membres d’une société.
· Elles exercent des contraintes sur les comportements humains.
· Elles façonnent les comportements en établissant des mesures incitatives.

L’hypothèse institutionnelle soutient que les différences dans la façon dont les humains ont choisi d’organiser leur
société (différences qui façonnent les incitatifs auxquels sont exposées les entreprises et les personnes) sont à
l’origine des différences dans la prospérité relative des sociétés.

En résumé, elle repose sur le raisonnement suivant :

 Des sociétés différentes ont généralement des institutions différentes.


34
 Ces institutions différentes créent différents types d’incitatifs.
 Les incitatifs influent sur la tendance des sociétés à accumuler des facteurs de production et à adopter de
nouvelles technologies.

D. Une expérience naturelle dans l’histoire :

L’un des pays à avoir connu la plus grande croissance est la Corée du Sud alors que la situation de la Corée du
Sud reste misérable. Alors comment expliquer d’aussi grandes différences ? Par la géographie ou la culture ? Très
peu probable. Etant dans la même région, leur géographie était fort similaire. Venant d’un même pays, leur
culture était presque identique.

En réalité, une fois séparée, les deux pays ont adopté des institutions très
différentes. En Corée du Nord, leur institution s’est basée sur le
communisme totalitaire qui rend illégale la propriété privée et qui élimine
les marchés.
En Corée du Sud, leur institution a opté pour une économie de marché
basée sur celle des Etats-Unis qui prône les investissements en capital
physique et humain. On peut voir que la Corée du Sud s’en est beaucoup
mieux sortie grâce à l’évolution de leur PIB sur ce graphique.

3. Les institutions et le développement économique :


A. Les institutions économiques inclusives et extractives :

Les institutions économiques englobent les divers aspects des règles sociales qui concernent les transactions
économiques. Elles incluent :

· La protection du droit de propriété qui permet à des citoyens de détenir des biens comme des
entreprises, des maisons, des voitures, etc., sans craindre que le gouvernement ou quelqu'un d’autre les
en prive arbitrairement.
· Le fonctionnement et l’impartialité du système judiciaire
· Les contrats financiers entre emprunteurs et prêteurs
· La réglementation des entreprises et des professions qui établissent les conditions et le coût de l’entrée
dans une nouvelle activité ou un nouveau métier

Les institutions économiques inclusives soutiennent et encouragent les transactions économiques, notamment :

 En garantissant le droit de propriété


 En faisant régner la loi et l’ordre
 En autorisant et en faisant respecter les contrats privés
 En facilitant l’entrée dans de nouvelles professions ou dans de nouveaux secteurs d’activité

À l’inverse, les institutions économiques extractives retirent des ressources de l’économie, notamment :

 En ne protégeant pas le droit de propriété


 En n’appliquant pas les contrats privés
 En interférant avec les marchés
 En limitant l’entrée dans de nouvelles professions ou dans de nouveaux secteurs d’activité

35
Cependant, les institutions économiques extractives ne naissent pas spontanément et ne peuvent pas subsister
sans soutien politique. Les institutions politiques déterminent qui détient le pouvoir politique et à quels types de
contraintes est soumis l’exercice de ce pouvoir.

Les institutions économiques extractives sont souvent tenues par des institutions politiques qui donnent le
pouvoir dans les mains d’une élite et qui imposent très peu de contraintes quant à la façon dont elle l’exerce.
Quant aux institutions économiques inclusives, elles sont souvent tenues par des institutions politiques qui
tendent à distribuer équitablement le pouvoir politique dans la société, de sorte qu’aucun individu ou groupe
n’est en mesure de l’exercer à son profit et au détriment du reste de la société.

Par exemple, en Corée du Nord, le pouvoir reposait entièrement entre les mains de Kim Il-Sung, puis de Kim
Jong-Il. Il repose maintenant entre celles de Kim Jong-Un, le petit-fils de Kim Il-Sung. Alors qu’en Corée du Sud,
le pouvoir politique est partagé entre un président élu démocratiquement et un parlement.

B. Comment les institutions économiques influent sur les résultats économiques ?

L’expérience en Europe de l’Est fournit un autre exemple de l’hypothèse institutionnelle. En 1948, la


Tchécoslovaquie a été forcée de devenir communiste, avec des institutions extractives, alors que l’Autriche a
continué d’adhérer à un système de marché avec des institutions inclusives.

En 1989, la Tchécoslovaquie avant un PIB/habitant presque 2 fois supérieur à celui de l’Autriche ?

Que s’est-il passé ? est-ce la géographie, la culture, les institutions ? Après la chute du communisme vers la fin
des années 1980, la République tchèque et la Slovaquie, bénéficiant désormais d’institutions inclusives, ont
commencé à rattraper leur retard en matière du PIB/habitant par rapport à leur voisin autrichien.

L’analyse des données illustre le fait que les institutions économiques inclusives favorisent l’activité économique,
la croissance de la productivité et la prospérité économique tandis que les institutions économiques extractives
n’y parviennent généralement pas. Le droit de propriété est au cœur de ce principe, car seuls ceux qui savent
qu’il sera respecté seront prêts à investir et à augmenter la productivité.

De plus, les institutions économiques extractives érigent des barrières à l’entrée du marché plutôt que de créer
un environnement qui la favorise. Elles ont donc tendance à soutenir des entreprises inefficaces, à empêcher des
entrepreneurs qui ont de nouvelles idées d’entrer dans les bons secteurs d’affaire et les travailleurs d’entrer dans
les métiers et professions là où ils pourraient exercer leurs compétences de manière optimale.

Voici un modèle qui illustre bien l’effet des institutions extractives :

On va classer les entrepreneurs potentiels en ordre décroissant de rendement qu’ils pourraient obtenir en
démarrant une entreprise. On obtient alors la courbe du rendement de l’entreprenariat (courbe bleue).

On ajoute ensuite le coût d’opportunité de


l’entreprenariat (courbe rouge) qui correspond, par
exemple, à l’argent que les entrepreneurs gagneraient s’ils
choisissaient un autre métier. Le rendement de
l’entrepreneuriat, selon qu’il est inférieur ou supérieur au
cout d’opportunité, déterminera si l’entrepreneur doit se
lancer ou non.

36
Les institutions extractives ont alors deux effets :

1) La précarité du droit de propriété ou le manque de protection


juridique empêchent les entrepreneurs de bénéficier du plein
rendement de l’entreprenariat.

 La droite de rendement de l’entreprenariat se déplace vers la


gauche.

2) Les barrières à l’entrée augmentent le coût d’opportunité de se lancer


en affaires.

 La courbe du coût d’opportunité se déplace vers le haut.

Comme on peut le voir, les institutions économiques extractives permettent beaucoup moins d’entrepreneuriat
donc moins de création d’entreprise, moins de progrès technologique, un rendement moindre de l’éducation et
de l’accumulation de capital, et donc, un PIB moindre.

C. La logique des institutions économiques extractives :

Si les institutions extractives retardent le développement économique, pourquoi sont-elles adoptées ? Pour
mieux comprendre, on va aborder le concept de destruction créatrice qui a été proposé par le célèbre
économiste autrichien Joseph Schumpeter.

La destruction créatrice décrit le processus par lequel les nouvelles technologies remplacent les anciennes, les
nouvelles entreprises se substituent aux anciennes, et les nouvelles compétences rendent les anciennes
obsolètes.

Ce processus implique que le changement technologique crée aussi des perdants économiques puisqu’il
remplace d’anciennes entreprises par de nouvelles entreprises ou d’anciennes technologies par de nouvelles plus
rentables. Des individus perdent donc au change et s’y opposent, et cette opposition au progrès technologique
est une principale origine du maintien des institutions économiques extractives.

Et si on pousse un peu plus loin les idées de Schumpeter, on peut parler de destruction créatrice politique pour
décrire le processus dans lequel la croissance économique déstabilise un régime existant et réduit le pouvoir
politique des dirigeants. Les détenteurs du pouvoir politique craignent de perdre leurs positions privilégiées si le
processus de croissance économique s’accompagne d’une destruction créatrice politique.

La peur de la destruction créatrice pousse de nombreux dirigeants (pas nécessairement des dictateurs
communistes) à interdire explicitement l’adoption de nouvelles technologies et à bloquer le processus du
développement économique.

Par ex. : les dictateurs comme Kim Jong-Un de la Corée du Nord s’appuient sur les institutions économiques
extractives comme façon de maintenir leur pouvoir politique.

D. Les institutions économiques inclusives et la révolution industrielle :

Pourquoi la révolution industrielle a-t-elle eu lieu en Grande-Bretagne plutôt qu’en France ou dans un autre pays
européen ou encore en Chine? Et pourquoi a-t-elle commencé dans la seconde moitié du XVIIIe siècle plutôt
qu’à un autre moment de l’histoire?

37
Un processus social et économique complexe comme la révolution industrielle a rarement une seule cause.
Cependant, beaucoup de ces explications se rapportent aux institutions économiques inclusives de la Grande-
Bretagne qui a mis en place la garantie du droit de propriété grâce au brevet et l’entrée relativement libre dans
les différents secteurs d’activité.

E. À l’épreuve des faits :

Les régions tropicales et subtropicales sont-elles condamnées à la pauvreté par leur géographie ?

On va comparer la prospérité en 1500 et la prospérité d’aujourd’hui (en PiB/habitant).

Les deux graphiques démontrent des renversements de situation : les anciennes colonies qui étaient pauvres en
1500 sont maintenant riches alors que les anciennes colonies qui étaient riches sont maintenant relativement
pauvres. Que s’est-il passé ?

Les colons des régions pauvres et tempérées comme l’Amérique du Nord, l’Australasie et l’Argentine ont adopté
des institutions économiques inclusives, notamment grâce aux bas taux de mortalité parmi les colons.

Les colons des régions riches et tropicales comme le Mexique, le Pérou, l’Inde et le Maroc ont opté pour des
institutions économiques extractives, notamment en raison des taux élevés de mortalité parmi les colons.

Donc non elles ne sont pas condamnées. Même si les régions tropicales tendent à avoir de faibles PIB/habitant
aujourd’hui, la raison n’est pas d’ordre géographique, mais plutôt le fait que ces régions ont adopté des
institutions extractives.

4. L’aide étrangère est-elle la solution à la pauvreté dans le monde ?

Beaucoup d’Occidentaux pensent qu’une augmentation de l’aide internationale venant des pays riches est
nécessaire pour aider à enrayer la pauvreté dans le monde. Au sein de la communauté internationale, bien des
gens ont fondé beaucoup d’espoir dans l’aide au développement. Mais ce type d’aide étrangère a-t-il été efficace
pour réduire la pauvreté dans le monde? Étonnement, non.

Pourquoi en est-il ainsi? Lorsqu’on utilise l’économique pour comprendre le fonctionnement de l’aide étrangère
et les difficultés rencontrées, cette conclusion se révèle tout à fait logique, et ce, pour trois raisons :
 Le PIB par habitant peut augmenter et la croissance économique peut se déclencher si on accroît
notablement le capital physique, le capital humain ou la technologie d’un pays. Or, les montants d’aide
internationale ne sont pas suffisamment importants pour mener à des augmentations significatives du
capital physique ou du niveau de scolarité de la population. De plus, cet argent n’a généralement aucun
effet notable sur la technologie du pays ou l’efficacité de sa production.

 Une grande partie de l’aide étrangère n’est même pas investie dans l’éducation ou dans de nouvelles
technologies. A cause de problèmes liés à la corruption et à l’économie politique, l’argent donné aux
38
gouvernements ou à d’autres organisations dans les pays pauvres est souvent détourné par des
fonctionnaires corrompus ou mal investi. Seulement 15% en moyenne de l’argent donné atteint sa
destination.

 Si la cause principale de la pauvreté est les institutions extractives, alors l’aide internationale, qui passe par
ces mêmes institutions, ne réglera pas ses causes fondamentales. Dans certains cas, cet argent risque de
renforcer ou d’enrichir ces dictateurs.

Cependant ceci ne signifie pas que l’aide est mauvaise ou inutile. Cela dit, si on veut améliorer durablement les
conditions de vie des populations des pays pauvres du monde, on doit aussi consacrer de l’énergie à concevoir
des politiques qui s’attaquent aux causes fondamentales de la pauvreté, comme les institutions extractives.

39
MACROÉCONOMIE – CHAPITRE 9 :
Emploi et chômage

1. Notions clés :
 La population en âge de travailler se divise en 3 catégories : les travailleurs qui ont un emploi, les
travailleurs qui sont au chômage et ceux qui ne font pas partie de la population active.
 Le taux d’emploi et les salaires sont déterminés par la demande de travail des entreprises, l’offre de travail
des travailleurs et d’autres diverses rigidités salariales.
 Le chômage frictionnel existe parce qu’il faut du temps à un chômeur pour se renseigner sur le marché du
travail et pour se trouver un nouvel emploi.
 Le chômage structurel existe parce que la rigidité salariale empêche la quantité demandée de travail
d’égaler la quantité offerte.
 Le chômage cyclique correspond à la différence entre le taux de chômage observé et sa moyenne à long
terme.

2. Mesurer l’emploi et le chômage :

Le chômage peut avoir de lourdes conséquences économiques, psychologiques et sociales. A long terme, il a
effets néfastes simultanés : une perte de revenu, une perte de compétences et une perte d’estime de soi. Les
décideurs cherchent donc à limiter le chômage dans l’économie. Nous allons voir comment le taux de chômage
est mesuré, ce qu’il signifie et pourquoi il augmente en période de récession.

A. La classification des travailleurs potentiels :

Pour déterminer qui est un travailleur occupé et qui est un chômeur, on commence par cerner la population de
travailleurs qu’on veut mesurer. On appelle la population en âge de travailler la population de 15 à 64 ans qui
peut être définie comme la population en âge de travailler et donc potentiellement active. On peut la scinder en
deux groupes :

 Population active : personne en âge de travailler résidant sur le territoire et qui travaillent (population
active occupée) ou son sans emploi mais à la recherche d’un (population active inoccupée ou au
chômage).
 Population inactive : personne en âge de travailler mais ne travaillant pas et étant à la recherche d’un
emploi. Par exemple, les étudiants à temps plein, les femmes/hommes au foyer, les retraités, etc.

B. La définition du chômage :

Selon l’OIT, on définit un chômeur comme étant une personne en âge de


travailler (15 ans ou +) qui répond simultanément à 3 conditions :

· Être sans emploi : ne pas avoir travailler au moins une heure durant
une semaine de référence
· Être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours
· Avoir recherché activement un emploi dans le mois précédent ou
en avoir trouvé un qui comment dans moins de 3 mois

Remarque : un chômeur au sens de l’OIT n’est pas forcément inscrit au


Forem ou à l’Onem, ni inversément.

40
C. Calculer le taux de chômage :

La population active est donc la somme des personnes occupées et des chômeurs :

Population active = personnes occupées + chômeurs

On va définir le taux de chômage comme le pourcentage de population active sans emploi :

Analogiquement, on va définir le taux d’activité comme le pourcentage de population en âge de travailler qui est
active :

Ces équations sont les différentes méthodes pour mesurer le taux de chômage. Cependant, beaucoup de
données échappent à ces calculs comme les travailleurs découragés (personne en page de travailler qui
voudraient avoir un emploi mais qui ont renoncé à en chercher un) et les travailleurs sous-employés (travailleurs
dans des conditions économiques difficiles qui aimeraient augmenter leurs heures de travail mais qui ne peuvent
pas et qui sont donc en chômage partiel).

D. Les tendances du taux de chômage :

Statistiques pour la Belgique au 3e trimestre de 2018 :

Quand l’économie fluctue, le taux de chômage aussi mais dans le sens opposé. Lorsque le PIB diminue, le taux de
chômage tend à augmenter et davantage lorsque l’économie entre en récession. Au contraire, lorsque
l’économie fonctionne bien et que le PIB augmente, le chômage a tendance à diminuer. Évidemment, un certain
taux chômage est inévitable même si l’économie tourne bien.

E. Qui est au chômage ?

La prévalence du chômage varie considérablement dans les différents segments de la population active. L’une
des disparités les plus flagrantes est que le chômage est beaucoup plus élevé chez les travailleurs qui sont peu
scolarisés.

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Mais pourquoi le taux de chômage est-il plus faible chez les travailleurs les plus instruits ? Le principe
d’optimisation l’explique en partie. Quand ils perdent leur emploi, les gens ont tendance à consacrer une partie
de leur temps à la recherche d’un travail et l’autre à la production domestique. Cependant, les travailleurs mieux
instruits gagnent généralement un salaire plus élevé que les travailleurs moins instruits lorsqu’ils travaillent à
l’extérieur. Le cout d’opportunité du temps des travailleurs plus instruits est donc plus élevé. Les salaires plus
élevés des travailleurs plus scolarisés font que le coût du chômage est plus élevé pour eux.

3. L’équilibre sur le marché du travail :

Pour étudier comment se déterminent l’emploi et le chômage, il faut d’abord comprendre comment fonctionne
le marché du travail.

A. La demande travail :

Sur le marché du travail, les ménages offrent du travail pour les entreprises qui en demandent afin d’assurer leur
production. Ces entreprises essaient de maximiser leur profit, c’est-à-dire d’obtenir le plus grand écart possible
entre les recettes et les coûts. Elles doivent donc choisir la quantité de travail qui produit le profit le plus élevé
possible, et donc comparer les recettes que rapporte un travailleur avec ce qu’il en coûte pour l’employer.

Malheureusement, les entreprises doivent composer avec le produit marginal décroissant du travail. Le produit
marginal décroissant du travail moindre signifie que chaque travailleur supplémentaire génère un produit
marginal moindre que celui qui généré par les travailleurs embauchés avant lui.

Les entreprises, elles, embauchent des travailleurs jusqu’à ce que l’ajout d’un travailleur supplémentaire ne puisse
plus augmenter son profit. C’est-à-dire qu’elles continuent à embaucher des travailleurs tant son bénéfice
marginal est supérieur ou égal au coût marginal.

 Bénéfice marginal : valeur du produit marginal du travail, c’est-à-dire la hausse des recettes engendrée
par l’embauche d’un travailleur supplémentaire.
 Coût marginal : salaire d’équilibre ou salaire du marché, c’est-à-dire ce que coûte un travailleur à son
employeur.

La courbe de demande de travail montre donc comment la quantité de


travail demandée varie selon le salaire. Comme la valeur du produit
marginal diminue à mesure que le nombre de travailleurs employés
augmente, la courbe a une pente négative.

Si elle emploie moins de travailleurs que la quantité optimale, l’entreprise peut augmenter son profit en
embauchant davantage de travailleurs, parce que les recettes qu’ils rapportent (la valeur de leur produit
marginal) sont supérieures à ce qu’il en coûte de les employer (le salaire du marché).

De même, si elle emploie plus de travailleurs que la quantité optimale, l’entreprise peut augmenter son profit en
licenciant des travailleurs, parce que les recettes qu’ils rapportent sont moins élevées que ce qu’il en coûte de les
employer.

 Dès lors, une entreprise qui maximise son profit emploiera le nombre de travailleurs pour lequel la
valeur du produit marginal (bénéfice marginal) est égale au salaire du marché (coût marginal).

Si le salaire du marché varie, la quantité demandée de travail se déplace le long de la courbe qui décrit la valeur

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du produit marginal. Autrement dit, l’entreprise fait varier le nombre de travailleurs qu’elle emploie pour que la
valeur du produit marginal soit égale au salaire.

B. Les déplacements de la courbe de demande du travail :

Il y a un mouvement le long de la courbe de demande de travail lorsque le


salaire varie sans qu’aucune variable économique autre que la quantité
demandée de travail change.

La demande de travail se déplace lorsqu’il y a :

· Une variation du prix du bien ou du service :

Lorsque le prix diminue, la valeur du produit marginal des travailleurs diminuent également. Peu importe le
salaire du marché, l’entreprise va employer moins et la courbe de demande du travail se déplacement vers la
gauche.

· Une variation de la demande du bien ou du service :

Une baisse de la demande va diminuer la valeur du produit marginal des travailleurs. L’activité de l’entreprise
sera plus faible et donc elle emploiera moins, ce qui déplacement la courbe de demande du travail vers la
gauche.

· Un progrès technologique :

Le produit technologique, et plus généralement l’accroissement de la productivité, vont accroitre la valeur du


produit marginal des travailleurs. L’entreprise pourra alors employer plus et la courbe de demande du travail se
déplacera vers la droite.

· Une variation des coûts de production :

Les entreprises utilisent le travail et d’autres facteurs de production, comme les machines et les outils pour
produire des B&S. Lorsque le cout de ces autres facteurs diminue, les entreprises en achètent davantage. Cela
augmente la valeur du produit marginal du travail et déplace donc la courbe de demande du travail vers la
droite.

Mais comment tracer cette courbe de demande pour l’ensemble du marché ?

Après avoir tracé la courbe de demande de travail de chaque industrie sur un marché, il suffit de les additionner
toutes afin de former la courbe de demande de travail de l’ensemble du marché, soit « la courbe de demande de
travail agrégée ». Il faut également prendre en compte des effets d’entrainement entre les différentes industries,
entre les entreprises, entre les travailleurs.

C. L’offre de travail :

La courbe d’offre du travail illustre la relation entre la quantité offerte de travail et le salaire. Comme la courbe de
demande du travail, la courbe d’offre du travail découle du principe d’optimisation.

Les travailleurs répartissent leur temps de façon optimale entre le travail rémunéré, les loisirs et d’autres activités,
comme la production domestique. Lorsque le salaire du marché est plus élevé, il est logique que les travailleurs
consacrent davantage de temps au travail rémunéré. Ainsi, on voit que plus le salaire augmente, plus la quantité
d’offre de travail augmente aussi. Ainsi, cette courbe d’offre a une pente positive.

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D. Les déplacements de la courbe d’offre :

Il y a un mouvement le long de la courbe d’offre de travail lorsque le salaire


varie sans que les variables économiques autres que la quantité offerte de
travail changent.

La courbe d’offre se déplace lorsqu’il y a :

· Une évolution des goûts et des préférences :

L’évolution des goûts et des normes sociales influe sur le désir des gens de prendre un emploi rémunéré. Cela
peu donc déplacer la courbe d’offre du travail.
Ex. : Le travail rémunéré des femmes pendant la guerre fut un élément déclencheur de l’accroissement
considérable du taux d’activité des femmes et a fortement déplacé la courbe d’offre de travail agrégée vers la
droite.
· Une variation du coût d’opportunité :

Les nouveaux appareils domestiques (aspirateur, lave-vaisselle, etc.) ont permis de réduire le coût
d’opportunité lié au travail rémunéré en libérant du temps qui avant était consacré à la production
domestique. Cela encourage les gens à consacrer plus de temps à travailler et donc déplace la courbe d’offre
du travail vers la droite.

· Des changements démographiques :

L’accroissement de la population et l’immigration permettent que plus de travailleurs sont disponibles et


déplace alors la courbe d’offre du travail vers la droite. Par contre, le vieillissement de la population entraine
une augmentation du nombre de retraités et cela peut déplacer la courbe d’offre de travail vers la gauche si
moins de jeunes travailleurs entrent sur le marché du travail.

Tout changement dans la quantité offerte de travail ou le salaire qui modifie le tableau entier déplace la courbe
d’offre de travail.

Mais comment tracer cette courbe d’offre pour l’ensemble du marché ?

Tout comme pour la courbe de demande de travail agrégée, la courbe d’offre de travail agrégée s’obtient en
additionnant les courbes d’offre de chaque travailleur potentiel dans l’économie.

E. L’équilibre dans un marché du travail concurrentiel :

L’équilibre dans un marché du travail concurrentiel se situe à l’intersection entre la courbe d’offre de demande
du travail de ce marché. Au salaire d’équilibre concurrentiel w*, la quantité offerte de travail est égale à la
quantité demandée.

 Si le salaire dépasse w*, la quantité offerte de travail dépasse celle


demandée, ce qui exerce une pression à la baisse sur le salaire.

 Si le salaire est en deçà de w*, la quantité demandée de travail


dépasse la quantité offerte, ce qui exerce une pression à la hausse
sur le salaire.

Par conséquent, w* est le seul salaire qui égalise la quantité offerte de travail et la quantité demandée de travail.
On appelle cette quantité de travail d’équilibre « emploi d’équilibre » (L*).

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On appelle le salaire d’équilibre concurrentiel le salaire d’équilibre du marché. Il s’agit du salaire auquel chaque
travailleur qui veut un emploi peut finir par en trouver un, parce que la quantité demandée de travail correspond
à la quantité offerte.

Le graphique correspond à une représentation d’un marché du travail sans frictions, ce qui signifie que les
entreprises peuvent instantanément embaucher et licencier des travailleurs. Les travailleurs et les entreprises
possèdent toutes les informations nécessaires les uns sur les autres et le salaire s’adapte instantanément pour
équilibrer le marché. Mais une rigidité salariale peut être mise en place pour empêcher le salaire de varier pour
que la quantité demandée de travail équivaille la quantité offerte. Dans ce cas, cela peut entrainer du chômage si
le salaire est trop élevé et c’est ce qui le distingue du salaire d’équilibre du marché.

4. Pourquoi y’a-t-il du chômage ?

Au salaire d’équilibre, les deux courbes se croisent. Les gens qui ne travaillent pas sont représentés par le
segment de la courbe d’offre de travail qui se trouve au-dessus du salaire d’équilibre du marché. Ils ne sont prêts
à travailler que pour un salaire supérieur à celui d’équilibre du marché w*.

Cependant, dans un équilibre concurrentiel, nous sommes censés ne pas avoir de chômage. Pourquoi y a-t-il
toujours un taux de chômage, dans ce cas ?

a) Certains chercheurs d’emploi sont à la recherche du bon emploi : chômage frictionnel.

Une de nos hypothèses était que les travailleurs et les entreprises possédaient toutes les informations
nécessaires sur le marché du travail (salaire d’équilibre, qualifications requises, endroits ou trouver de
l’emploi…). Or, si c’était le cas, les travailleurs pourraient instantanément trouver un emploi qui leur convient
dès qu’il est disponible. Cependant, dans notre cas, les entreprises ne disposent pas de toutes les infos
nécessaires et donc les travailleurs ne peuvent pas toujours être couplés aux emplois vacants, ce qui entraine
du chômage. On appelle ce chômage « chômage fricitonnel ».

b) Certains chômeurs seraient prêts à travailleur au salaire courant mais sont incapables de trouver un
employeur prêt à les embaucher : chômage structurel.

Le chômage frictionnel venant de la recherche d’emploi sur le marché du travail est tout à fait normal.
Cependant, le chômage apparait aussi parce que certains salaires se situent parfois au-dessus du niveau
d’équilibre du marché w*, ce qui signifie que la quantité offerte de travail est supérieure à la quantité
demandée.

A. La recherche d’emploi et le chômage frictionnel :

Jusqu’ici, notre analyse reposait sur un marché à l’équilibre et sans frictions, alors qu’en réalité, ce marché
contient plein de ces frictions. En effet, les entreprises n’ont pas tous les éléments à disposition afin d’avoir « le
marché du travail parfait » sans chômage. De plus, les chercheurs d’emploi n’ont pas l’information complète sur
tous les emplois disponibles. Or, le processus de recherche d’emploi (ensemble des activités qu’entreprennent les
travailleurs pour trouver un emploi qui leur convient) est très long et peut être très couteux (obligation de quitter
ses proches, si emploi localisé très loin, déménagement, ...).

Le chômage qui découle de l’information imparfaite sur les emplois disponibles et du temps exigé par la
recherche d’emploi est appelé chômage frictionnel.

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Remarque : lorsque l’économie subit des changements structurels plus importants, il faut plus de temps et
d’effort aux personnes au chômage pour se trouver un nouvel emploi.

B. La rigidité des salaires et le chôme structurel :

On parle de rigidité des salaires lorsque les salaires (w) sont fixés au-dessus du niveau d’équilibre concurrentiel
(w*) qui égalise l’offre et la demande de travail. Lorsque la quantité offerte de travail (L) dépasse celle demandée
(L*) de manière persistante, on dit qu’il y a du chômage structurel.

La rigidité des salaires est un facteur clé dans l’émergence de la persistance d’un tel écart. Elle peut se produire
pour différentes raisons :

· Lois sur le salaire minimum


· Syndicats qui négocient des salaires plus élevés
· Entreprises qui versent des salaires plus élevés pour augmenter la productivité
· Travailleurs qui s’opposent aux baisses de salaire

1) Loi sur le salaire minimum :

Dans la plupart des pays, la législation fixe un salaire minimum. Ces planchers salariaux peuvent empêcher le
salaire du marché de descendre jusqu’au salaire à l’équilibre du marché qui égalise quantité offerte et demandée
de travail dans certains segments du marché du travail

Les lois sur le salaire minimum sont un exemple de politique qui crée
des gagnants et des perdants. Les coûts et bénéfices du salaire
minimum font l’objet de vifs débats. Plusieurs groupes sociaux
soutiennent qu’il faudrait hausser le salaire minimum pour lutter
contre la pauvreté. Ils pensent alors aux gagnants, c’est-à-dire aux
travailleurs qui obtiennent des emplois à des salaires supérieurs au
salaire d’équilibre. Cependant, les chômeurs qui voudraient travailler,
mais qui ne peuvent pas trouver d’emploi au salaire d’équilibre y
perdraient, de même que les entreprises qui devraient alors payer un
salaire plus élevé que le salaire d’équilibre.

Mais même s’il augmente le cout de certains emplois, le salaire minimum augmente aussi le revenu que les
commerces retirent car les gens dépensent plus. Cela limite les pertes d’emplois qu’entraine le salaire minimum.

Le salaire minimum peut maintenir les salaires au-dessus du salaire d’équilibre w* et ainsi créer du chômage
structurel à demande de travail constante.

En Belgique, les salaires minimums ne sont pas déterminés par la loi mais sont fixés par des conventions
collectives de travail. Une convention collective de travail est un accord conclu entre les représentants des
organisations syndicales et patronales (au sein des commissions paritaires). Cet accord détermine les relations de
travail (dont les conditions de travail et de salaire) entre des employeurs et des travailleurs au sein d'une
entreprise ou d'une branche d'activité.

En Belgique, le Conseil national du travail fixe également le


revenu minimum mensuel moyen garanti, qui constitue la limite
inférieure absolue pour la rémunération. Il n’est pas exactement
équivalent à un salaire minimum mensuel puisqu’il comprend

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certaines sommes payées dans le courant de l’année (prime de fin d’année, 13ème mois, …).

2) Les syndicats et la négociation collective :

Une autre source de rigidité des salaires, c’est la négociation collective : négociations de contrats entre les
entreprises et les syndicats. Un syndicat est une organisation de travailleurs qui milite pour l’amélioration des
conditions de travail, des salaires et des avantages sociaux de ses membres (menaces de grèves, etc.).

La négociation collective conduit souvent à un salaire d’équilibre et à des avantages sociaux supérieurs à ce que
les travailleurs auraient reçu d’équilibre du marché. La négociation collective a donc le même effet sur le
chômage que les lois sur le salaire minimum : le chômage structurel (en maintenant la quantité offerte de travail
de travail au-dessus de la quantité demandée). Par ces négociations collectives, les syndicats avantagent leurs
membres mais rendent plus difficile pour d’autres travailleurs de trouver du travail.

3) Le salaire d’efficience et le chômage :

Comme vu précédemment, nous ne somme pas dans un marché parfait où les entreprises savent tous sur les
travailleurs et inversement. Dans la réalité, les travailleurs pourraient relâcher leurs efforts au travail. Certaines
entreprises choisissent alors volontairement d’offrir un salaire plus élevé que le salaire d’équilibre à leurs
employés car cela permettrait d’augmenter la productivité et la rentabilité. On parle alors de salaire d’efficience. Il
vise à augmenter la productivité en :

 Réduisant le roulement des employés


 Motivant les employés à travailler plus fort par peur de perdre l’emploi bien payé
 Motivant les employés à travailler plus fort par reconnaissance de la générosité de la direction
 Améliorant la qualité des candidats

Comme le salaire minimum et la négociation collective, le salaire d’efficience crée une forme de rigidité salariale.
Et, comme précédemment, cette rigidité de salaire fait que la quantité offerte de travail est supérieure à la
quantité demandée et engendre donc du chômage structurel.

4) La rigidité des salaires à la baisse et les fluctuations du chômage :

Lorsque les travailleurs s’opposent fermement à une réduction de leur salaire, il y a rigidité des salaires à la
baisse. Les baisses de salaires sapent le moral des travailleurs et diminuent leur productivité. C’est pourquoi, la
plupart des entreprises préfèrent licencier des travailleurs plutôt que de réduire les salaires.

Comme dans les autres formes de rigidité salariale, la rigidité des salaires à la baisse maintient les salaires au-
dessus de celui d'équilibre, ce qui entraîne du chômage structurel.

Supposons qu'au départ, le marché du travail se trouve dans un


équilibre concurrentiel et qu'il est exempt de chômage. Ensuite, la
courbe de demande du travail se déplace vers la gauche parce
que l'économie ralentit.

Si le salaire est flexible, le déplacement vers la gauche amène le


marché du travail a un nouvel équilibre (F) où le salaire d'équilibre
est wF et la quantité demandée de travail est L F. À ce nouveau
point d'équilibre, la quantité offerte de travail est égale à la
quantité demandée, Et le chômage reste toutefois nul.

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Par contre, si le salaire est rigide il ne descendra pas au niveau du nouvel équilibre et restera à son niveau initial.
« L’équilibre » s’établit donc en E2 et la quantité offerte de travail, qui est encore à L1, dépasse la quantité
demandée descendue à L2, ce qui entraîne du chômage (structurel).

Cette rigidité à la baisse est donc une des causes de la fluctuation du


chômage.

L’effet de la rigidité des salaires à la baisse en pleine récession est


clairement illustré ici.

5) Le taux de chômage naturel et le chômage cyclique :

Il y a toujours du chômage dans l'économie. De plus, le taux de chômage d’un pays varie considérablement. Pour
distinguer le taux de chômage normal du taux des fluctuations autour de ce taux, les économistes utilisent le
concept de taux de chômage naturel. Le taux de chômage naturel est le taux de chômage d’équilibre vers lequel
tend une économie sur le long terme. Il est souvent approximé en faisant une sorte de moyenne des taux de
chômage sur une longue période. Il inclut donc le chômage frictionnel et le chômage structurel (à long terme).

Le chômage cyclique ou conjoncturel est l'écart entre le taux de chômage observé et le taux de chômage naturel.
Il est dû à l’insuffisance de la demande globale en B&S et donc habituellement, le chômage cyclique augmente
en période de récession (déplacement vers la gauche de la demande de travail) et diminue en période
d'expansion économique (déplacement de la courbe de demande de travail vers la droite).

Le chômage frictionnel est inhérent et nécessaire à tout marché du travail qui fonctionne bien. De plus, le
chômage structurel est généralement considéré comme économiquement inefficace. Il ne faut donc pas penser
que le taux de chômage naturel est un taux de chômage socialement optimal ou souhaitable.

Ainsi, considérons un marché avec une grande rigidité des salaires à la baisse. Cette économie aura un taux
relativement élevé de chômage structurel, ce qui va augmenter le taux de chômage à long terme moyen. Ce n'est
pas souhaitable car ça signifie que de nombreux travailleurs potentiels qui auraient pu exercer une activité
rémunérée sont au chômage et que leur force de travail reste inutilisée.

Si le taux de chômage naturel a des composantes à la fois frictionnelles et structurelles, il en va de même du


chômage cyclique. En période de récession, moins d'entreprises cherchent à embaucher, ce qui augmente la
difficulté pour les travailleurs de trouver un emploi convenable et accroît donc le chômage frictionnel. De plus, en
présence de rigidité des salaires à la baisse, le déplacement vers la gauche de la courbe de demande de travail en
période de récession accroît le chômage structurel parce que les salaires rigides restent au-dessus du salaire
d'équilibre du marché.

48
MACROÉCONOMIE – CHAPITRE 10 :
Le marché du crédit

1. Notions clés :
 Le marché du crédit met en relation les emprunteurs (demandent des fonds prêtables ou du crédit) et les
épargnants (offrent des fonds prêtables ou du crédit).
 L’équilibre du marché du crédit détermine le taux d’intérêt réel.
 Les institutions financières ont 3 fonctions clés : trouver des possibilités de prêts rentables, utiliser des
dépôts à court terme pour faire des placements à long terme et gérer les risques.
 Les institutions financières deviennent insolvables lorsque la valeur de leur passif dépasse la valeur de leur
actif.

2. Qu’est ce que le marché du crédit :


A. Les emprunteurs et la demande de prêts :

Les débiteurs ou emprunteurs sont les agents économiques (entreprises ou particuliers) qui empruntent des
fonds sur le marché du crédit. Le terme crédit désigne les fonds consentis ou débiteurs. La plupart des
entreprises et des particuliers empruntent de l’argent aux banques, mais le marché du crédit ne se limite pas aux
banques. Il comprend aussi de nombreuses institutions non bancaires, ainsi que le marché des prêts
commerciaux, où les grandes entreprises bien établies obtiennent de très gros prêts.

Évidemment, l’argent que l’on emprunte n’est pas prêté gratuitement : il faut payer des intérêts sur le principal
(montant emprunté initialement). Le taux d’intérêt est le montant additionnel que l’emprunteur va payer sur
chaque euro emprunté (au bout d’un an). Autrement dit, le taux d’intérêt est le cout annuel d’un prêt d’1€.

Si on convertit ce prêt d’1€ à un prêt de P€, l’intérêt total que l’emprunteur doit payer sur P€ est le montant du
prêt multiplié par le taux d’intérêt. En d’autres termes, si vous empruntez P€ pour un an au taux d’intérêt annuel i,
un an plus tard, vous rembourserez P€ + (i . P€) en paiement d’intérêts. On parle de taux d’intérêt nominal pour
le distinguer du taux d’intérêt réel, qui sera défini plus tard.

Le taux d’intérêt sur un crédit est dont le coût du crédit, ce qu’on va payer en plus pour emprunter. Plus ce taux
augmente, plus emprunter coute cher. Une hausse du taux d’intérêt réduit donc la quantité demandée de crédit.

 Plus le taux d’intérêt augmente, moins il y a d’entreprises et de particuliers prêts à payer le prix demandé
pour obtenir du crédit.

B. Le taux d’intérêt nominal et le taux d’intérêt réel :

Le coût annuel réel de votre prêt n’est pas exactement basé sur le taux d’intérêt nominal mais sur le taux d’intérêt
réel qui permet de prendre en compte l’inflation. Le taux d’intérêt réel r, c’est donc le taux d’intérêt nominal
diminué du taux d’inflation.

Equation de Fisher :
r=i-π

Le taux d’inflation mesure la perte de valeur de 1€ attribuable du niveau général des prix.

Pourquoi des agents économiques en quête d’optimisation utiliseraient-ils le taux d’intérêt réel lorsqu’ils pensent
au cout économique d’un prêt ? Si vous emprunter 1€ pour un an, vous devrez rembourser 1+i€ dans un an.

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Lorsqu’il y a de l’inflation, l’euro emprunté (et dépensé) au début de l’année n’aura pas le même pouvoir d’achat
lorsque vous le rembourserez à la fin de l’année. En fait, pour maintenir le pouvoir d’achat de l’euro emprunté, il
faudra rembourser 1€ + π dans un an puisque le taux d’inflation est π.

Les agents économiques en quête d’optimisation savent qu’ils doivent comparer ce qu’ils remboursent à la fin de
l’année à ce qu’ils ont emprunté au début de l’année et donc qu’ils doivent tenir compte de l’inflation.
Essentiellement le prix réel du prêt est la différence entre ce que l’emprunteur rembourse (1 + i) et la valeur
corrigée pour l’inflation du 1€ emprunté initialement (1 + π) :

(1+i) − (1+π) = i−π

C. Courbe de demande du crédit :

La courbe de demande du crédit décrit la relation entre la quantité demandée de crédit et le taux d’intérêt réel.

 Quantité demandée de crédit : montant que les emprunteurs sont prêts à emprunter à un taux d’intérêt
donnée
 Barème de demande de crédit : tableau qui représente la quantité demandée de crédit à différents taux
d’intérêt réel (toutes choses étant égales par ailleurs)

Cette courbe a une pente négative car plus le taux d’intérêt réel est élevé, plus la quantité demandée de crédit
est plus faible.

Cependant, l’intensité de la pente peut nous informer sur la


sensibilité de cette relation :

 Si la pente est légère c’est que la quantité demandée de


crédit ne varie pas tellement à la variation de taux d’intérêt
réel.
 Si la pente est abrupte c’est que la quantité demandée de
crédit est plus sensible à la variation du taux d’intérêt réel.

Bien que l’axe des y porte le nom de taux d’intérêt réel, presque tous les prêts sont consentis à un taux d’intérêt
nominal. Cependant, dans les décisions d’optimisation, c’est le taux d’intérêt réel implicite qui importe.

De nombreux facteurs peuvent déplacer la courbe de demande de crédit :

· Des changements dans la perception des occasions d’affaires pour les entreprises :

Les entreprises empruntent généralement pour financer leur expansion. Donc si d’autres entreprises
observent un certain développement de leurs activités, toutes choses égales par ailleurs, elles augmenteront
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leur demande de crédit à un taux d’intérêt réel donnée. La courbe de demande de crédit se déplacement
alors vers la droite.

· Des changements dans les préférences ou dans les anticipations des ménages :

Les ménages empruntent pour diverses raisons. Si leurs préférences changent et qu’ils souhaitent
consommer davantage de B&S ou alors s’ils sont optimistes quant à leur avenir, alors ils emprunteront plus
ce qui déplacera la courbe de demande vers la droite.

· Des changements dans la politique économique du gouvernement :

Les emprunts du gouvernement sur le marché du crédit peuvent considérablement varier d’une année à
l’autre. Et ceci, à cause du déficit fiscal des Etats. Les politiques fiscales du gouvernement sont très variables
et peuvent déplacer la courbe de demande du crédit.
Parfois, le gouvernement stimule l’investissement en capital physique en baissant les impôts sur les bénéfices
des sociétés ou en subventionnant directement l’investissement en capital physique, ce qui déplace la courbe
de demande de crédit du marché vers la droite.

D. Les décisions d’épargne :

Les institutions financières accordent des crédits aux entreprises et aux ménages qui souhaitent emprunter. Mais
où puisent-elles les fonds qu’elles prêtent?

Ces fonds proviennent d’autres agents économiques qui ont des excédents et qui font des dépôts dans les
banques. Les institutions financières servent donc d’intermédiaires entre les épargnants et les emprunteurs.

E. Courbe d’offre de crédit :

Pourquoi les ménages épargnent-ils ? Pour assurer leur retraite, pour leurs enfants (étude, héritage), pour
financier de grosses dépenses prévisibles (maison, voiture), pour investir dans leur entreprise, pour palier aux
imprévus, etc.

L’offre de crédit est principalement possible grâce aux épargnants. Ce sont des agents économiques qui ont des
fonds qu’ils sont prêts à prêter parce qu’ils préfèrent les dépenser plus tard. Mais au lieu de les garder
personnellement ils les prêtent aux banques pour gagner des intérêts. Les ménages et entreprises qui ont
épargné obtiennent donc des intérêts en prêtant des fonds à des institutions financières. Bien souvent, ce « prêt »
prend la forme d’un dépôt dans une institution financière en échange d’intérêts sur un compte d’épargne.

L’épargne résulte d’un compromis : les particuliers peuvent soit dépenser leur revenu en consommant
aujourd’hui des biens et services, soit l’épargner pour une consommation future. Comme l’épargne exige qu’ils
renoncent à quelque chose, les particuliers n’épargneront que s’ils obtiennent en retour quelque chose qu’ils
valorisent. Le taux d’intérêt réel est la compensation que les prêteurs reçoivent pour avoir épargné, car un dollar
épargné aujourd'hui aura un pouvoir d’achat de 1 + r € dans un an.

 Par conséquent, un taux d’intérêt plus élevé augmente le cout d’opportunité de la consommation
actuelle et accroit la quantité de fonds épargnés.

Par contre, dans certains cas, un taux d’intérêt réel plus élevé peut réduire le taux d’épargne. En effet, si le taux
d’intérêt est plus élevé cela signifie que l’on doit moins mettre de côté pour avoir un certain montant et on
épargnera alors moins. Cependant, dans la plupart des cas, cet effet négatif sur l’épargne semble plus faible que
l’effet (positif) du cout d’opportunité.

51
On en arrive donc à la courbe d’offre du crédit : c’est la courbe
qui illustre la relation entre la quantité offerte de crédit et le taux
d’intérêt réel.

 Quantité offerte de crédit : montant que les prêteurs sont


prêts à prêter à un taux d’intérêt donné.
 Barème d’offre de crédit : tableau qui représente la quantité
offerte de crédit à différents taux d’intérêts, toute choses
étant égales par ailleurs

On représentera généralement cette courbe avec une pente


positive mais ce n’est pas forcément toujours le cas.

Les mouvements le long de la courbe d’offre de crédit traduisent la réaction des épargnants aux changements du
taux d’intérêt réel. La courbe se déplacera lors :

· De changements dans les motifs d’épargne des ménages :

Les ménages épargnent pour diverses raisons mais ces raisons varient avec le temps et cela peut provoquer
un déplacement de la courbe d’offre de crédit. Cela peut être une anticipation des périodes économiques
difficiles ou des tendances démographiques.

· De changements dans les motifs d’épargne des entreprises :

Une entreprise fait du profit si ses dépenses sont moins élevées que ses recettes. Certaines entreprises
décident de redistribuer le bénéfice aux actionnaires alors que d’autres préfèrent épargner pour de futurs
investissements. L’importance des bénéfices épargnés varie bien évidemment au cours du temps.

F. L’équilibre du marché du crédit :

Le marché du crédit (ou marché des fonds prêtables) est le marché où les
emprunteurs obtiennent des fonds des épargnants. Nous avec fait
l’hypothèse simplificatrice que des emprunteurs différents présentent tous le
même risque de défaut de paiement. Cette simplification signifie que, dans
notre marché du crédit, il y aura un seul taux d’intérêt réel d’équilibre.

L’équilibre du marché du crédit se trouve à l’intersection des courbes d’offre


et de demande du crédit. Ce point détermine la quantité optimale de crédit
dans le marché (Q*) et le taux d’intérêt réel d’équilibre (r*).

Ce marché joue un rôle social clé. En permettant aux épargnants de prêter leur épargne excédentaire aux
emprunteurs, le marché du crédit améliore donc l’allocation des ressources dans l’économie.

52
3. Les institutions financières et l’intermédiation financière : réunir l’offre et la demande

Les institutions financières sont les agents économiques qui réunissent l’offre et la demande sur le marché du
crédit. Elles acceptent des dépôts et les utilisent pour octroyer différents types de prêts. Assurer le bon
fonctionnement d’une institution financière est complexe. Nous avons supposé que les prêteurs et les
emprunteurs pouvaient facilement se rencontrer mais ce n’est pas le cas dans la réalité.

Il existe plusieurs types d’institutions financières :

· Banques, caisses populaires et coopératives


· Sociétés de gestion d’actifs : permettent aux investisseurs d’utiliser leurs économies pour acheter des
titres.
· Fonds spéculatifs (hedge funds) : groupes d’investissements constitués par un petit nombre de
personnes ou d’institutions très riches qui adoptent des stratégies d’investissement non traditionnelles et
risquées. Elles facturent des frais beaucoup plus élevés que ceux de fonds communs de placement.
· Fonds de placement privés : fonds d’investissement qui regroupent quelques riches investisseurs et
détiennent des titres non cotés en bourse ou encore qui prennent le contrôle d’une société privée cotée
en bourse en achetant toutes ses actions.
· Fonds de capital de risque : fonds qui investissent dans des entreprises qui viennent tout juste de
démarrer et qui n’ont donc pas d’antécédents. C’est un type d’intermédiation financière très risqué.
· Système bancaire parallèle : Institutions qui ne sont pas officiellement des banques mais qui agissent
comme tel. Elles n’acceptent pas des dépôts mais trouvent des fonds et s’en servent pour des prêts.

On qualifie les institutions financières d’intermédiaires financiers. Les intermédiaires financiers canalisent les fonds
des offreurs de capital financier, comme les épargnants, vers les demandeurs et utilisateurs de capital financier,
comme les emprunteurs.

Le capital financier peut prendre diverses formes notamment le crédit ou les titres. Les titres sont des contrats
financiers. Ils peuvent, par exemple, conférer des droits de propriétés d’une entreprise (actions) ou promettre des
paiements aux prêteurs (obligations).

A. L’actif et le passif dans le bilan d’une institution financière :

La meilleure façon de comprendre comment fonctionnent les institutions financières est d’analyse le bilan
consolide d’une banque. L’actif comprend ses investissements, les montants que lui doivent les emprunteurs, et le
passif comprend ses dettes envers ses déposants et autres prêteurs.

ACTIF :
 Réserves bancaires : numéraire (billets et pièces) que l’institution financière garde ainsi que ses réserves
déposées à la Banque Centrale.
 Actifs liquides : actifs sans risques auxquels l’institution financière peut avoir accès rapidement.
 Actifs long terme : principalement les prêts que l’institution bancaire a consenti aux ménages et aux
entreprises, ainsi que d’autres éléments comme la valeur de ses immeubles.

PASSIF ET CAPITAUX PROPRES :


 Dépôts à vue : fonds prêtés à la banque par les déposants.
 Emprunts à court terme : prêts à court terme que l’institution financière a obtenu d’autres institutions.
 Dette à long terme : dette qui doit être remboursée dans un an ou plus.
 Capitaux propres : différence entre l’actif et le passif d’une institution financière. Cela représente la valeur
estimée de l’entreprise ou la valeur totale des actions de l’entreprise.
53
on peut transferer le risque au capitaux propres si il tombe a 0 bah banque en faillite et c pr ca quon oblige les capitaux propres a etre plus gros
4. Les fonctions des institutions financières :

Les institutions financières assurent 3 fonctions interreliées en tant qu’intermédiaires financiers :

· Elles fournissent des possibilités de prêts rentables.


· Elles transforment leurs éléments de passif court terme (dépôts) en actifs long terme via la transformation
des échéances.
· Elles gèrent le risque en utilisant des stratégies de diversification et en transférant des déposants à leurs
actionnaires (au gouvernement dans certains cas).

A. Trouver des possibilités de prêts rentables :

Les institutions financières doivent trouver des emprunteurs solvables et leur canaliser l’épargne des déposants.
Elles réunissent donc les deux côtés du marché du crédit : comme elles consentent des prêts, elles attirent un
grand nombre de candidats emprunteurs et peuvent choisir les plus solvables. Pour ce faire, elles emploient des
spécialistes de l’investissement et des agents de crédit formés pour sélectionner les meilleurs emprunteurs.

B. La transformation des échéances :

L’échéance est le moment où une dette doit être remboursée. Les dépôts à vue ont une échéance nulle puisque
le déposant peut reprendre son argent en tout temps. En revanche, lorsque les institutions financières octroient
des prêts à des emprunteurs, ces prêts arrivent généralement à échéance de quelques années plus tard (jusqu’à
25 ans).

La transformation des échéances est un processus qui consiste à convertir des éléments de passif à court terme,
comme des dépôts à vue, en actif à long terme. Cela permet à la société de procéder à d’importants
investissements à long terme. Cependant, les institutions financières se retrouvent donc avec un décalage entre
les échéances à court terme de leurs dépôts et les échéances à long terme de leurs prêts. Ce décalage peut
attirer des ennuis si de nombreux déposants retiraient simultanément leurs dépôts. Pour pallier à ce problème,
les institutions financières ne prêtent donc pas l’ensemble de leurs dépôts. Elles conservent une fraction des
dépôts dans leurs réserves ou sous une autre forme d’actifs liquides.

La plupart des jours, les retraits et nouveaux dépôts s’équilibrent plus ou moins. Habituellement, les institutions
financières n’utilisent donc qu’une petite partie de leurs réserves pour compenser les retraits nets, ce qui leur
permet d’utiliser la majorité de leurs dépôts à vue pour faire des placements à long terme.

C. La gestion du risque :

Les institutions financières gèrent le risque de deux façons :

· Premièrement, elles diversifient leur portefeuille : une institution financière n’investit pas seulement dans une
chose, mais dans un ensemble de placements très diversifié. Ceci réduit le risque parce qu’il est peu
probable que tous les placements de l’institution financière aient un mauvais rendement en même temps.
· Deuxièmement, elle transfert du risque aux actionnaires au gouvernement (en dernier recours) par
l’intermédiaire de la BCB (Banque Centrale Belge). En effet, une perte ne se fera pas ressentir auprès des
épargnants, mais auprès des actionnaires comme on peut le voir dans le bilan, cela réduira les capitaux
propres.

Des institutions gouvernementales sont également là pour contrôler la solvabilité des banques. Si une institution
financière doit faire faillite, l’UE et le gouvernement peuvent soit procéder à la fermeture de l’institution financière

54
en position précaire et payer l’assurance-dépôts promise aux déposants, soit piloter le transfert de propriété de
l’institution.

 1er scénario : l’UE garantit les dépôts dans les institutions financières jusqu’à concurrence de 100 000€ par
déposant.
 2e scénario (privilégié par les autorités) : les autorités s’organisent pour qu’une banque en bonne santé
financière prenne rapidement le contrôle de la banque en faillite. Les actionnaires initiaux perdent tout
mais au moins le lendemain la banque ouvre ses portes comme d’habitude (peut être sous un autre nom).
Ce scénario est privilégié car une faillite bancaire est extrêmement couteuse pour le système financier d’un
pays.

Toutes ces manœuvres ont évidemment un coût. Dans la plupart des cas, le passif de l’institution financière en
faillite dépasse la valeur de son actif : elle est donc insolvable. Par contre, l’institution financière qui prend son
contrôle est solvable, ce qui signifie que la valeur de son actif dépasse celle de son passif. Les autorités
gouvernementales fourniront alors un incitatif financier à la banque qui reprend le contrôle afin qu’elle ait intérêt
à reprendre les opérations de l’institution financière en faillite.

D. Les ruées bancaires :

La transformation des échéances crée des risques car la majorité des actifs des banques ne sont pas liquides alors
que leurs passifs sont liquides. Si les déposants craignent de ne pas pouvoir récupérer leur dépôt, on peut
assister à une ruée bancaire : une grande partie des déposants vont se ruer dans les banques pour retirer leur
dépôt en même temps.

Lorsque les grandes entreprises et la communauté bancaire perdent confiance dans une institution financière
affaiblie, il peut s’ensuivre une ruée bancaire institutionnelle : les entreprises et les autres institutions y retirent
alors les dépôts qu’ils y ont fait. Cependant, les ruées bancaires ne sont pas « visibles » car les nouvelles
technologies permettent de faire cela depuis chez soi.

Cela a bien sur un coût économique. Les ruées bancaires peuvent obliger une institution financière à liquider
prématurément ses actifs long terme non liquide (abandon ou liquidation inefficace d’investissement long terme
en capital physique). Cela peut aussi perturber le bon fonctionnement du marché du crédit.

E. Règlementation bancaire et solvabilité des institutions financières :

Les ruées sont rare grâce à l’assurance dépôt. Si une institution financière fait faillite pour une raison quelconque,
les dépôts de ses clients seront protégés à concurrence d’un certain montant. Les ménages ne sont pas les seuls
à faire des dépôts, les sociétés détiennent également des comptes épargnes dans des banques. De plus, les
institutions se prêtent aussi mutuellement de l’argent.

Des banques d’investissements se spécialisent aussi dans l’aide aux entreprises et aux administrations publiques
qui doivent réaliser d’importantes transactions financières surtout lorsqu’elles ont besoin de capitaux pour des
investissements.

Naturellement, les institutions financières souhaitent avant tout éviter de telles crises financières. Pour ce faire,
elles recourent à diverses stratégies. Comme toujours, mieux vaut prévenir que guérir. Les banques peuvent
également garder beaucoup de liquides à court termes afin d’éviter les ruées bancaires. On dit alors de telles
banques qu’elles sont bien capitalisées. Une institution financière à court de réserves peut cesser de consentir de
nouveaux prêts et de vendre ses actifs à long terme. Cependant, ces efforts peuvent se retourner contre elle et
amplifier un début de ruée. De plus, en cessant de consentir des prêts, elle réduit ses recettes au moment où elle
en a le plus besoin.

55
À l’épreuve des faits : les institutions financières font-elles souvent faillite ?

Aux États-Unis, 4 vagues de faillites bancaires ont déferlé depuis 1900, provoquant ainsi près de 20 000 faillites.
Les faillites bancaires sont beaucoup moins fréquentes en Belgique. La dernière en 2016 (Optima Bank).

 Mise en garde 1 : Compter le nombre de faillites bancaires peut être trompeur à certains égards, car la faillite
d’une banque d’importance systémique nationale (BISN) peut être plus destructrice que les faillites de
centaines de petites banques régionales. Exemple : Lehman Brothers.
 Mise en garde 2 : Le mode d'organisation du secteur bancaire est aussi largement différent, avec aux USA
un rôle important joué par des petites banques régionales et locales.

BIS-G : banque d’importance systémique globale (too big to fail = trop grosse pour faire faillite)
G-SII : global systemically important institution

Au niveau européen : autorité bancaire européenne (ABE) transférée de Londres à Paris

IIS : institution d’importance systémique


G-SII et O-SII (other systemically important institution)
Conseil de résolution unique (CRU) ou Single resolution board (SRB) à Bruxelles

Mécanisme de surveillance unique basé à la BCE à Francfort (application à la zone euro).

56
MACROÉCONOMIE – CHAPITRE 11 :
Le système monétaire

1. Notions clés :
 La monnaie remplit 3 fonctions clés : elle sert à la fois de moyen d’échange, de réservoir de valeur et d’unité
de compte.
 La monnaie est détenue pour effectuer des transactions, par précaution et pour spéculer.
 En recevant de dépôts et en accordant des prêts aux entreprises et aux ménages, le secteur bancaire est
capable de créer de la monnaie.
 La théorie quantitative de la monnaie prédit la relation entre la masse monétaire, la vélocité, les prix et le
PIB réel. Cette théorie prédit aussi que le taux d’inflation sera égal au taux de croissance monétaire moins le
taux de croissance du PIB réel.
 La BCE accepte les dépôts (réserves) des institutions financières.
 Le fait que la BCE gère les réserves du système financier lui permet d’influer sur 3 choses :
- Les taux d’intérêt à court terme par l’intermédiaire du taux de financement à 1 jour
- La masse monétaire et le taux d’inflation
- Les taux d’intérêts réels à long terme

2. La monnaie :

La monnaie est l’actif que les agents économiques utilisent pour mener à bien les transactions liées aux biens et
services produits dans le monde.

A. Les fonctions de la monnaie :

Actuellement, la monnaie remplit 3 fonctions clés :

 Elle sert de moyen d’échange : c’est un actif qui peut s’échanger contre des biens et services, et qui facilite
le commerce.
 Elle sert de réservoir de valeur : elle permet aux agents économiques de reporter leur pouvoir d’achat dans
le temps.
 Elle sert de mesure de valeur relative : c’est une unité de compte, un étalon universel qui exprime le pris
de divers biens et services.

B. Les différents types de monnaie :

Avant, la monnaie avait une valeur intrinsèque : elle valait quelque chose en elle-même. Maintenant, nous
utilisons une monnaie fiduciaire : c’est un instrument financier qui a une valeur de monnaie légale par décret
gouvernemental sans que cette valeur repose sur un bien physique. La valeur nominale de la monnaie fiduciaire
est donc plus élevée que sa valeur intrinsèque. N’importe quel objet peut être utilisé comme monnaie fiduciaire,
mais le risque de contrefaçon est considérable. C’est pour cela que le gouvernement règle le problème en créant
lui-même de la monnaie difficile et illégale à contrefaire.

On parle aussi de monnaie scripturale : c’est la monnaie qui n’est matérialisée par un billet ou une pièce mais qui
est inscrite dans les comptes bancaires.

C. La masse monétaire :

57
La BCE a défini plusieurs agrégats monétaires. À la monnaie fiduciaire émise et les dépôts à vue sont ajoutés
d’autres actifs, présentant un degré relativement élevé de liquidité, en fonction de la définition utilisée. Il existe
donc plusieurs définitions de la masse monétaire :

· M1 : Somme de la monnaie fiduciaire et des dépôts à vues


· M2 : M1 + les comptes d’épargne et les dépôts à terme d’une durée inférieure ou égale à 2 ans ainsi que
les dépôts remboursables avec un préavis inférieur ou égal à 3 mois.
· M3 : M2 + les dettes qui présentent un degré élevé de liquidité et une garantie de prix élevée (placements
monétaires, titres de créance d’une durée initiale inférieure ou égale à deux ans)
· M4 : M3 + certains titres du marché monétaire (billets de trésorerie et bons du trésor)

La définition la plus utilisée est M2. Selon cette définition, la masse monétaire se compose principalement de
dépôts dans divers comptes bancaires.

D. Les déterminants de la demande de monnaie :


Il existe 3 motifs fondamentaux pour lesquels les agents économiques souhaitent détenir de la monnaie :

 Pour effectuer des transactions quotidiennes


 Pour garder de la monnaie sous la main et faire face à divers évènements imprévus
 Pour spéculer, en considérant la monnaie comme un actif parmi d’autres

La demande de monnaie M1 va alors dépendre :

· Positivement des revenus et de la richesse : plus les revenus (la richesse) sont élevés, plus les agents
économiques voudront réaliser des transactions et garder la monnaie par précaution.
· Négativement des taux d’intérêts : plus les taux d’intérêts sont élevés, plus le coût d’opportunité de détenir
de la monnaie plutôt que d’autres actifs qui rapportent des intérêts est élevé (donc moins les gens gardent
de la monnaie).

E. La création de monnaie par les banques commerciales :


Supposons qu’un individu reçoit 10 000 € nouvellement émis et les
dépose dans une banque commerciale. La banque recevant cet
argent va garder une partie en réserve et prêter le reste. Supposons
que la banque garde 20% de l’argent en réserve (coefficient de
caisse de 20%) : elle va donc garder 2000€ en réserve et prêter
8000€.

Les 8000€ prêtés seront utilisés par les agents économiques les
ayant empruntés (achats, investissements, rémunérations). Il en
résultera donc un flux de revenus pour certains agents
économiques. Supposons que les bénéficiaires de ces revenus
déposent l’intégralité des sommes perçues (8000 €) dans une ou
plusieurs banques commerciales (la même par exemple). Ces
banques vont garder une partie (20%) et prêter le reste (6400€).

Les 6400€ seront à leur tour utilisés et ainsi de suite. Le processus


de création monétaire va donc continuer. L’augmentation des dépôts est cependant toujours plus faible parce
que les banques gardent chaque fois une partie en réserve.

58
Quelle sera la quantité totale de dépôts au terme du processus de création monétaire ?

A partir de 10 000€ de monnaie fiduciaire, les organismes bancaires ont


donc créé 50 000€ de monnaie scripturale.

Comme les dépôts bancaires (comptes à vue, d’épargne ou autre)


appartiennent à M2, la quantité de monnaie en circulation a été multipliée
par 5 par rapport à la quantité de monnaie initialement émise.

Il faut aussi noter que la quantité de monnaie initialement émise a été multipliée par 1/(1-0,8), c’est-à-dire, par 1/c
où c est le coefficient de caisse.

Donc plus le coefficient de caisse est faible, plus le multiplicateur 1/c est élevé. Les banques commerciales
peuvent donc être tentées de ne pas garder asse d’argent en réserve afin de générer plus de monnaie
scripturale. C’est pourquoi les responsables de la politique monétaire imposent souvent un coefficient de réserve
obligatoire les forçant à garder en réserve un certain pourcentage des dépôts.

3. La monnaie, les prix et le PIB :


A. Le PIB nominal, le PIB réel et l’inflation :

Pour rappel :
 PIB nominal : valeur marchande totale des biens et services finals produits dans un pays au cours d’une
période donnée.
 PIB réel : valeur totale de la production d’un pays au cours d’une période donnée à pris constants, c’est )
dire au prix d’une année de base.

Le taux d’inflation est le taux de croissance du niveau général des prix de l’économie. Il existe une relation qui lie
ces 3 conditions :
Taux de croissance du PIB nominal = taux d’inflation + taux de croissance du PIB réel

B. La théorie quantitative de la monnaie :

Commençons par étudier la relation entre la masse monétaire et le PIB nominal.


Comme le montre le graphique à droite, le ratio monétaire du PIB nominal varie
aux alentours de 0,5 en moyenne et semble à peu près stable sur une très longue
période. Cela signifie que pour 1€ de PIB nominal, il y a environ 0,5€ de masse
monétaire. On peut voir sur le graphique également que le ratio de numéraire
hors banque est très faible. En effet, pour 1€ de PIB nominal, il y a seulement
0,04€ de numéraire hors banque.
La théorie quantitative de la monnaie postule que ce ratio est parfaitement
constant à long terme :

59
Un ratio constant implique que la masse monétaire et le PIB nominale présentent le même taux de croissance.
Par exemple, si la masse monétaire augmente de 10%, le PIB nominal tendra aussi à croître de 10% puisque le
ratio de la masse monétaire au PIB nominal reste constant. Et donc, cela implique que sur le long terme, le taux
de croissance du PIB nominal équivaut au taux de croissance de M2.

Selon la relation précédente (taux de croissance PIB nominal = taux d’inflation + taux de croissance PIB réel) la
théorie quantitative de la monnaie peut donc prédire le taux d’inflation :

Taux d’inflation + Taux de croissance du PIB réel = Taux de croissance de M2

 Taux d’inflation = Taux de croissance de M2 - Taux de croissance du PIB réel

C. La vitesse de circulation de la monnaie :

La vitesse de circulation de la monnaie correspond au nombre moyen de fois qu’une unité monétaire change de
main au cours d’une période donnée. Elle est égale à l’inverse du ratio de la masse monétaire au PIB nominal :

Or, la théorie quantitative de la monnaie affirme que ce ratio est stable à long terme. La vitesse de circulation de
la monnaie serait donc aussi stable sur le long terme. À court terme cependant, elle ne l’est pas. Le coût
d’opportunité de détenir de la monnaie est faible lorsque le taux d’intérêt est faible, ce qui provoque une hausse
de la demande de monnaie sans que celle-ci ne soit utilisée, ce qui réduit la vitesse de circulation de la monnaie.

4. L’inflation :
 Inflation : hausse des prix.
 Déflation : baisse des prix (=inflation négative).
 Hyperinflation : niveau générale des prix qui double en 3 ans.

A. Les causes de l’inflation :

L’inflation a lieu lorsque le taux de croissance de la masse monétaire est supérieur au taux de croissance du PIB
réel. Comme le montre le graphique suivant, le taux d’inflation est étroitement lié au taux de croissance de la
masse monétaire diminué du taux de croissance du PIB.

salaire nominale sont


desavantager en cas dinflation

60
L’hyperinflation est toujours liée à une croissance
extrêmement rapide de la masse monétaire. Dans la plupart des cas, une croissance monétaire est source
d’importants déficits budgétaires. Une erreur commise par certains gouvernements quand leurs recettes fiscales
sont inférieures à leurs dépenses, est d’imprimer de la monnaie qui augmente le numéraire hors banque, et donc
la masse monétaire, et donc augmente encore l’hyperinflation.

B. Les conséquences de l’inflation :

Si l’inflation faisait augmenter similairement tous les prix et tous les salaires, elle ne changerait pas grand-chose.
Les prix et les salaires ne fluctuent pas nécessairement de manière synchronisée, du moins, pas à court terme.

Lorsqu’il y a de l’inflation, les prix relatifs incluant le salaire réel et le taux d’intérêt réel peuvent changer. Des
gagnants bénéficient alors de gains non anticipés alors que des perdants souffrent de pertes inattendues.

Par exemple : si la pension n’est pas indexée, une hausse d’inflation nuirait aux retraités car leur pouvoir d’achat
serait moindre puisque leurs revenus n’aurait pas augmenté, mais les firmes et gouvernements qui versent la
pension seraient avantagés puisque le coût réel des prestations de retraite aurait diminué.

C. Le coût social de l’inflation :

L’inflation génère des coûts sociaux :

· Coûts logistiques :
Si l’inflation fait varier plusieurs fois les prix sur une courte période, il est difficile pour les entreprises de
prévenir les consommateurs. On parle alors de coût de menu qui est le coût des changements de prix.

· Distorsions des prix relatifs :


Prenons l’exemple de deux journaux : au départ, ils se vendent tous deux à 1€, mais par la suite, à cause de
l’inflation, un des deux quotidiens décide d’augmenter le prix à 2€. Celui-ci va rapidement perdre de la
clientèle, et l’autre va vendre sans faire de bénéfice. Il cédera par la suite et augmentera à son tour le prix de
son quotidien, mais cela prendra du temps. Dès lors, cela a un coût pour l’économie en réduisant l’activité
économique.

L’inflation peut aussi parfois conduire à des politiques contre-productives, comme le contrôle des prix. Si le prix
devient trop faible, il y a de forts risques d’économie souterraine alors que s’il est trop élevé, la demande sera
trop faible.

D. Le bénéfice social de l’inflation :

L’inflation peut aussi engendrer des bénéfices sociaux :

· Lorsque la banque centrale émet de la monnaie, les recettes du gouvernement augmentent.


Si la quantité de monnaie créée est faible, cela engendre un plus grand bénéfice car la monnaie a une plus
grande valeur (car plus « rare »). Dans le cas contraire, l’inflation qui résulte de l’augmentation de la masse
monétaire réduit la valeur réelle de la monnaie qu’ils détiennent déjà et cela engendre donc une certaine
perte. On appelle seigneuriage, le revenu que le gouvernement tire de l’émission de monnaie.
61
· L’inflation peut parfois stimuler l’activité économique.
Une hausse du taux d’inflation a pour effet de réduire le salaire réel (salaire corrigé pour l’inflation), qui est le
salaire nominal divisé par l’IPC (équivaut au pouvoir d’achat du salaire). Puisque le coût réel du travail
diminue, une baisse de salaire réel incite l’entreprise à engager plus de travailleurs.
Ou alors, une augmentation des prix entraine un déplacement de la courbe de demande de travail vers la
droite, ce qui entraine aussi une augmentation du PIB à court terme.

L’inflation réduit également le taux d’intérêt réel ( = taux intérêt nominal - taux d’inflation), et une baisse de ce
taux stimule l’emprunt qui fait accroître les consommations des ménages, et donc le PIB.

5. La banque centrale :
A. La banque centrale et les objectifs de la politique monétaire :

La banque centrale est l’institution gouvernementale qui :


· Supervise les institutions financières (en Europe réparti en plusieurs acteurs)
· Influe sur certains taux d’intérêt clés
· Détermine la masse monétaire indirectement

Ces activités constituent ce qu’on appelle la politique monétaire.

En Belgique : Banque Nationale de Belgique.

En Europe : Banque Centrale Européenne qui est la banque centrale des pays ayant adopté l’euro. La BCE a pour
objectif principal de maintenir l’inflation basse, stable et prévisible sur le long terme : elle vise à garantir la
stabilité des prix (taux d’inflation proche ou inférieur à 2%).

Aux USA : Federal Reserve Bank ou Fed.

B. Que fait la banque centrale :

La banque centrale supervise le bilan des institutions financières en exigeant que chacune fasse un état de la
valeur des éléments de son actif et de son passif. Elle intervient si elle constate qu’une institution financière
détient un portefeuille d’actifs trop risqué.

Elle surveille aussi les capitaux propres des institutions financières en s’assurant qu’ils sont suffisants pour
absorber une éventuellement dévalorisation de leurs actifs.

Elle supervise également les systèmes de paiement interbancaires.

Elle détient les réserves des institutions financières (fonds que les institutions conservent pour remplir leurs
obligations à court terme), ce qui lui permet d’influer sur plusieurs variables économiques :

 Les taux d’intérêt à court terme, en particulier le taux cible du financement à 1 jour
 La masse monétaire et le taux d’inflation
 Les taux d’intérêt réels à long terme

Pour bien comprendre ces trois variables économiques, nous aborderons, dans l’ordre :

1. Le rôle des réserves bancaires dans l’économie


2. L’équilibre du marché des réserves bancaires qui détermine un taux d’intérêt à CT clé, soit le taux directeur.
A ce taux, la quantité demandée de réserves bancaires est égale à la quantité offerte.
3. L’influence de la Banque centrale européenne sur la masse monétaire et sur l’inflation

62
C. Les réserves bancaires :

Les réserves d’un institution financières comprennent les dépôts qu’elle fait à la banque centrale et le numéraire
qu’elle détient dans ses coffres. Même si elles ne font pas partie de la masse monétaire selon M2, les réserves
bancaires peuvent influer sur cette masse monétaire.

Elles représentent les liquidités des banques et donc les fonds que celles-ci peuvent utiliser immédiatement pour
faire des transactions. On appelle d’ailleurs réserves désirées les liquidités que les institutions financières désirent
garder à la banque centrale pour remplir leurs obligations financières courantes (généralement 2 à 3% de la
valeur de leurs dépôts à vue). Une institution financière a assez de liquidités si elle dispose de fonds suffisants
pour mener à bien ses activités. Mais à tout moment, les liquidités peuvent commencer à manquer et l’institution
financière aura alors besoin de fonds pour consentir de nouveaux prêts ou encore pour rembourser d’autres
banques à qui elle a emprunté de l’argent.

C’est à ce moment que le marché du financement à un jour entre en jeu : c’est le marché où les institutions
financières se prêtent et s’empruntent mutuellement des réserves, généralement pour 24 heures. De même le
taux cible du financement à un jour est le taux d’intérêt auquel la BCE souhaite voir les institutions financières se
prêter et s’emprunter mutuellement des fonds sur le marché du financement à un jour. Ce taux est aussi appelé
taux directeur de la BCE.

D. Le marché du financement à un jour : la demande

La courbe de demande de réserves décrit la quantité totale


de réserves exigées par les institutions financières pour
chaque niveau du taux cible du financement à un jour. Elle a
une pente négative, car les institutions financières (qui
optimisent la valeur de leurs avoirs) choisissent de détenir
plus de réserves lorsque le coût de ces réserves diminue.

Un taux d’intérêt plus faible accroît la quantité demandée de


réserves. Les variations du taux directeur entrainent des mouvements le long de la courbe de demande des
réserves.

La courbe de demande de réserves se déplace lorsqu’il y a :

· Une expansion ou contraction économique :

Les institutions doivent obtenir des liquidités pour pouvoir accorder de nouveaux prêts à leurs clients et les
réserves fournissent les liquidités pour financer ces prêts. Donc une augmentation du volume des prêts émis
par les institutions financières déplace la courbe de demande de réserves vers la droite.

· Une variation des besoins de liquidités :

Le fait que les institutions financières s’attendent à une forte augmentation des retraits accroît la demande de
réserves. Fournir des fonds aux déposants exige des liquidités, et c’est justement ce que les réserves
fournissent.

· Une modification de la base des dépôts :

La demande de réserve est proportionnelle à la valeur totale des soldes des comptes bancaires (base des
dépôts). Les institutions financières veulent maintenir un niveau de réserves désirées de 2 à 3% de la valeur
des dépôts, soit en espèce dans leurs coffres, soit en espèces déposées à la BCE. Une expansion de la valeur
des dépôts bancaires déplace donc la courbe de demande de réserves vers la droite.

63
· Une variation de la quantité de réserves obligatoires :

Bien qu’elles utilisent rarement ce pouvoir, les autorités monétaires pourraient imposer un pourcentage de
réserves obligatoires plus élevé ou plus faible.

E. Le marché du financement à un jour : l’offre et la fourchette cible

L’offre de réserves vient de de la BCE.


Cependant, la courbe de l’offre a une forme bien
particulière. La branche centrale est verticale et
indique la quantité de réserves nécessaire pour
équilibrer le marché du financement à un jour
au taux directeur souhaité. Pour bien savoir
pourquoi la courbe d’offre de réserves a une
telle forme, il faut comprendre le rôle de la BCE
et la fourchette cible du taux du financement à
un jour.

Pour faciliter la gestion du marché du financement à un jour, la BCE a mis en place des incitatifs visant à stabiliser
le taux du financement à un jour autour du taux visé. Elle utilise donc une fourchette opérationnelle qui délimite
le taux cible du financement à un jour. La largeur de cette fourchette est fixée à 50 points de base (0,50%), avec le
taux cible comme point médian.

Ainsi, une banque qui s’attend à terminer la journée avec des réserves excédentaires a le choix : soit elle dépose
ses fonds excédentaires à la BCE au taux directeur -0,25%, soit elle tente de prêter ses excédents à une autre
institution financière au taux directeur, une option bien plus avantageuse.

De son coté, une banque qui pense terminer la journée à court de liquidités a également le choix : soit elle
cherche à emprunter des réserves auprès de la BCE au taux officiel d’escompte, c-à-d au taux directeur +0,25%,
soit elle tente d’emprunter chez une autre institution financière au taux directeur, un choix bien plus intéressant.

Finalement, comme elle verse toujours des intérêts au taux équivalent à la limite inférieure de la fourchette
opérationnelle et prête toujours des fonds au taux qui correspond à la limite supérieure, la BCE établit une valeur
plancher et une valeur plafond au taux de financement à un jour. Elle met ainsi en place les incitatifs nécessaires
pour que les institutions financières se prêtent mutuellement leurs réserves excédentaires au taux directeur. De
plus, si le taux du marché s’éloigne du taux cible, elle peut intervenir pour corriger cette situation.

F. L’équilibre sur le marché du financement à 1 jour :

Comme la plupart des autres équilibres de marché, l’équilibre du marché du financement à 1 jour se situe à
l’intersection des courbes d’offre et de demande de réserve. En achetant ou en vendant des obligations au
gouvernement, la banque centrale européenne déplace la partie verticale de la courbe d’offre et détermine ainsi
la quantité de réserves que les banques détiennent.

Ces transactions sont appelées opérations d’open market, : il s’agit des échanges (achats ou ventes) de titres, en
particulier de titres publics (bons d’état), entre la BCE et les institutions financières visant à faire varier les réserves
bancaires (ou les soldes de règlement) et à modifier ou à soutenir le taux des fonds à un jour. Cela permet de
déplacer la courbe d’offre et donc de maintenir un taux de financement à un jour précis.

 Achats : pour augmenter les réserves bancaires donc déplacement vers la droite de la courbe d’offre.

64
 Ventes : pour diminuer les réserves bancaires donc déplacement vers la gauche de la courbe d’offre car
les institutions paient les obligations avec leurs réserves qui diminuent.

Lorsqu’elle met en œuvre la politique monétaire, la BCE cherche à trouver la quantité de réserves qui permet
d’obtenir un taux cible de financement à 1 jour donné.

G. L’influence de la BCE sur la masse monétaire et le taux d’inflation :

Pourquoi la BCE ne peut-elle pas directement contrôler la masse monétaire ou le taux d’inflation ?

La BCE détermine la quantité des réserves bancaires mais elles ne font pas partie de la masse monétaire.
Toutefois, il faut comprendre que la masse monétaire augmente lorsque les institutions financières consentent de
nouveaux prêts et cela grâce à la création de monnaie par les banques commerciales vue précédemment.

À long terme, le taux d’inflation est à peu près égal au taux de croissance de la masse monétaire moins le taux de
croissance du PIB réel. Dès lors, lorsque la BCE augmente le taux cible des financements à un jour, les taux
d’intérêt que les ménages et les entreprises paient sur leurs emprunts ont également tendance à augmenter. Par
conséquent, un taux de financement à un jour plus élevé réduit le taux de croissance des prêts aux ménages,
ralentit la croissance de la masse monétaire et fait diminuer l’inflation. Inversement, un taux de financement à un
jour plus faible augmente le taux de croissance des prêts aux ménages, accélère la croissance de la masse
monétaire et fait augmenter l’inflation.

H. La relation entre le taux directeur de financement à un jour et le taux d’intérêt réel à long terme :

La gestion des réserves bancaires permet à la BCE d’influer non seulement sur le taux du financement à un jour,
l’offre de monnaie et l’inflation, mais aussi sur le taux d’intérêt réel à long terme, car pour rappel :

Taux d’intérêt réel = Taux d’intérêt nominal − Taux d’inflation

Les décisions d’investissement des entreprises sont basées sur le taux d’intérêt réel à long terme (calculé comme
le taux d’intérêt réel mais avec les valeurs passées à long terme). Mais pour comprendre l’effet potentiel du taux
cible du financement à un jour sur le taux d’intérêt réel à long terme, il faut aussi penser au taux d’intérêt réel
auquel on s’attend au moment où le prêt est consenti, et qui peut être différent du taux d’intérêt réel effectif à
échéance du prêt :

 Taux d’intérêt réel effectif :

L’inflation effective est l’inflation qui a effectivement eu lieu dans une période de temps donnée. Le taux réel
effectif est le taux nominal accepté au moment du prêt (2017) - le taux d’inflation observé durant la période
écoulée (2017 à 2027).

Taux d’intérêt réel effectif = Taux d’intérêt nominal − Taux d’inflation effectif
65
 Taux d’intérêt réel anticipé :

On appelle anticipations d’inflation les prévisions des agents économiques quant au taux d’inflation.
Lorsqu’ils prêtent ou qu’ils empruntent de l’argent, les prêteurs et les emprunteurs en quête d’optimisation se
fient au taux d’intérêt réel anticipé puisqu’ils ne savent pas encore quel sera le taux d’inflation effectif.

Taux d’intérêt réel anticipé = taux d’intérêt nominal – taux d’inflation anticipé

Une baisse du taux cible du financement à un jour signifie que les institutions financières peuvent emprunter des
réserves à un taux d’intérêt inférieur sur le marché du financement à un jour. Comme leur coût d’emprunt
diminue, elles commencent elles aussi à offrir des prêts à des taux d’intérêt plus bas. Cela signifie que l’offre de
crédit des institutions se déplace vers la droite.

De plus, le taux d’intérêt nominal à long terme diminue aussi parce qu’en fait, un prêt à long terme est composé
de nombreux prêts à court terme. Donc si le taux cible du financement à un jour diminue, consentir le premier
prêt de 1an devient moins cher pour l’institution financière. Comme un changement du taux cible du financement
à un jour n’est généralement pas inversé avant plusieurs années, les autres années du prêt sont alors touchées. Le
taux nominal à long terme va du coup dans la même direction et diminue également.

Par conséquent, une baisse du taux cible du


financement à un jour réduit le taux d’intérêt
nominal à long terme et le taux d’intérêt réel à
long terme anticipé. Si les anticipations
d’inflation changent, l’analyse devient plus
compliquée, mais même dans ce cas le taux
d’intérêt réel à long terme anticipé diminue
souvent en réponse à une baisse du taux cible
du financement à un jour.

66
MACROÉCONOMIE – CHAPITRE 12 :
Les fluctuations à court terme

1. Notions clés :
 Les récessions sont des périodes (d’au moins deux trimestres consécutifs) durant lesquelles le PIB réel baisse.
 Les fluctuations économiques ont 3 grandes caractéristiques : la covariance, la faible prévisibilité et la
persistance du taux de la croissance économique.
 Les fluctuations économiques se produisent en raison de chocs technologiques, de changements dans les
sentiments et de facteurs financiers ou monétaires.
 La rigidité des salaires à la baisse et les effets multiplicateurs amplifient les chocs économiques.
 Les booms économiques sont les périodes d’expansion du PIB associées à une augmentation de l’emploi et
à une diminution du chômage.

2. Les fluctuations économiques et les cycles économiques :

Toute économie, dans n’importe quel pays même les plus développés, connaît une
croissance qui varie. Les fluctuations économiques (ou cycles économiques) sont
des changements à court terme du taux de croissance du PIB réel.

Il est plus facile d’examiner les cycles économiques en comparant le PIB réel (en bleu) au PIB tendanciel (en
rouge).

Le PIB tendanciel, c’est ce que serait le niveau de PIB réel si on pouvait éviter les fluctuations économiques et
maintenir un taux de croissance de PIB/habitant assez stable pendant une période prolongée.

Le taux de croissance du PIB tendanciel accélère ou ralentit quelque peu au cours des décennies en fonction des
variations du taux de croissance moyen de la population et de la technologie. En fait, une telle économie sans
fluctuations est impossible. Les fluctuations économiques font partie de la vie et les politiques gouvernementales
peuvent les atténuer, mais pas les empêcher totalement.

Sur le graphique ci-contre, on remarque 2 écarts flagrants par rapport au


PIB tendanciel :

- Lors de la grande Dépression des années 30 (énorme chute du


PIB)
- Lors de la seconde guerre mondiale des années 40 (grand saut de
PIB à cause des dépense militaires)

En économie, on parle de booms pour les périodes de croissance positive du PIB et de récessions (ralentissement
ou contractions) pour les périodes de croissances négatives du PIB.

Une expansion économique est la période entre deux récessions successives. Elle commence à la fin d’une
récession et se poursuit jusqu’au début de la récession suivante.

Depuis 1929, il y a eu une récession tous les 7 ans


environ au Canada et elles durent 13 mois en moyenne.

67
A. Les caractéristiques des fluctuations économiques :

Les fluctuations économiques ont 3 grandes caractéristiques :

· La covariance de nombreuses variables macroéconomiques agrégées :

De nombreuses variables macroéconomiques agrégées croissent ou se


contractent ensemble durant les booms et les récessions. Les économistes
appellent ce phénomène la covariance.

· La faible prévisibilité des fluctuations :

Si on se réfère aux répressions du Canada, on voit qu’elles sont toutes différentes les unes des autres (autant
en longueur qu’en intensité). Ainsi, il est clair que même avec tous les outils possibles à disposition, il est
impossible de prévoir correctement une récession ou une expansion. Les économistes parlent de faible
prévisibilité plutôt que d’imprévisibilité. Dans l’Etat actuel de la science économique, il est généralement
possible de prédire la fin d’une récession un mois ou deux avant le fait, mais il est pratiquement impossible
de prédire la fin d’une récession ou d’une expansion, dès le début de cette expansion ou récession. Il est
important de prendre ce facteur en compte car avant, on pensait que les fluctuations étaient régulières, ce
qui est faux !

· La persistance du taux de croissance économique :

Même si les récessions commencent et se terminent de manière assez imprévisible, la croissance


économique n’est pas aléatoire. Si l’économie est en croissance, elle continuera probablement à croître le
trimestre suivant. De même, si elle se contracte, elle va probablement continuer à se contracter le trimestre
suivant. Donc, si l’économie est en récession ce trimestre, elle le sera encore au prochain trimestre. On
observe donc une certaine persistance du taux de croissance économique.

B. La grande dépression :

On appelle Grande Dépression (ou Grande Crise) la forte contraction qui a débuté
en 1929. Le terme dépression désigne décrit généralement une récession
prolongée accompagnée d’un taux de chômage de 20% ou plus.

La Grande dépression respecte les trois principales caractéristiques des


fluctuations économiques. On peut notamment voir la covariance sur ces
graphiques. De plus, elle a été une surprise totale pour bon nombre d’entreprises,
économistes et décideurs. Enfin, la Grande Dépression était d’une grande
persistance. De fait, la période de croissance négative du PIB a duré quatre ans,
de 1929 à 1933.

3. L’équilibre macroéconomique et les fluctuations économiques :

Pourquoi y’a-t-il des fluctuations économiques ? Cela dépend la vision des choses. Mais on sait que les
changements imprévus dans la demande de travail

On a vu dans le chapitre 9 que l’intersection des courbes de demande et d’offre de travail déterminent l’équilibre
du marché du travail. Considérons un marché du travail où les salaires sont flexibles et nous verrons comment la
rigidité des salaires à la baisse amplifie l’effet des déplacements de la courbe de demande de travail, et par
conséquent, amplifie les fluctuations économiques.

68
Au début d’une récession, la courbe de demande de
travail se déplace vers la gauche et un nouvel
équilibre s’établit à un salaire plus bas et à une
quantité de travail demandée moindre. Il y a plusieurs
causes possibles :

 Une baisse du prix des extrants


 Une baisse de la demande des produits
 Une baisse de la productivité du travail
 Une hausse du prix des intrants

Cette courbe montre la relation entre l’emploi et le PIB : lorsque


l’emploi diminue (déplacement vers la gauche de la courbe de
demande), il en va de même du PIB réel (moins de travail pour
produire des biens et services). L’emploi et le PIB réel augmentent et
diminuent donc ensemble, ce qui est une autre illustration de la
covariance des agrégats économiques.

En principe, la chute du PIB réel pourrait être davantage importante car la baisse de l’emploi entraine d’autres
variations économiques. La mise à pied d’un travailleur rend moins productif le capital physique qu’utilisait ce
travailleur, ce qui amène les entreprises à fermer des usines et à mettre l’équipement à l’arrêt. On appelle « taux
d’utilisation de la capacité » le taux d’utilisation du capital physique, et les récessions s’accompagnent
généralement d’une réduction de l’utilisation des capacités.

Pendant une récession, si les salaires sont flexibles, la baisse de la demande de travail va entrainer une baisse des
salaires et des heures de travail. Le PIB réel va donc diminuer.

Si les salaires sont rigides à la baisse, les entreprises ne peuvent pas réduire les salaires à cause des restrictions
contractuelles ou refusent de le faire en raison de problèmes moraux qui en résulteraient. Elles finissent donc par
licencier davantage de travailleurs que si les salaires étaient flexibles à la baisse. La baisse de la demande
n’influera pas sur le salaire et les heures de travail diminueront encore plus. La récession est donc plus profonde,
et le mouvement le long de la fonction de production agrégée est encore plus prononcé qu’avec des salaires
flexibles.

Les salaires rigides à la baisse entrainent du chômage. Au salaire du marché, qui est le salaire rigide à la baisse, le
nombre de travailleurs prêts à travailler dépasse le nombre d’emplois que les entreprises sont prêtes à offrir.

69
C. Les causes de la fluctuation :

Pour comprendre la nature de l’équilibre macroéconomique, il faut comprendre pourquoi la demande de travail
fluctue. Il existe 3 écoles de pensée différentes quant aux sources de fluctuations des agrégats économiques :

· La théorie des cycles réels, qui met l’accent sur la variation de la productivité et de la technologie
· La théorie keynésienne, qui met l’accent sur la variation des anticipations
· Les théories financières et monétaires, qui mettent l’accent sur la variation des prix et des taux d’intérêt

1) Théorie des cycles réels :

Cette théorie met en avant le rôle du changement technologique dans les fluctuations économiques.

On peut l’expliquer par les chocs technologiques. Quand la R&D amène des entreprises à inventer des produits
qui ont une plus grande valeur, la valeur du produit marginal du travail augmente, ce qui pousse les entreprises à
étendre leurs activités. Donc selon toute probabilité, cela accroit leur demande de travail.

Mais les entreprises cherchent aussi à accroitre leur capacité de production, ce qui augmente l’investissement
dans l’ensemble de l’économie. Ces changements finissent par hausser le revenu des ménages (l’emploi
augmente, le salaire augmente, le profit accru des entreprises enrichit les actionnaires). Ainsi, les ménages
consomment davantage de biens et services.

 Le progrès technologique et les autres innovations qui améliorent la productivité provoquent les
expansions : augmentation de la demande de travail et des salaires ainsi que de l’activité économique
agrégée, y compris l’investissement et la consommation.

Comme vu aux chapitres 6 et 7, le taux de progrès technologique est la cause de la variation à long terme de la
croissance économique. Des percées technologiques peuvent entrainer une augmentation rapide de la
production d’une industrie donnée. Cependant, les théories purement technologiques ont du mal à expliquer les
récessions, où le PIB réel baisse. Les régressions technologiques où les capacités technologiques reculeraient,
étant une cause peu plausible des récessions.

Cependant, le taux de progrès technologique joue un rôle clé dans la variation à long terme de la croissance
économique. On sait que les pays qui mettent constamment au point de nouvelles technologies ou qui importent
les technologies de pointe d’autres pays atteignent des taux de croissance élevés. Le progrès technologique est
donc un déterminant très important des fluctuations à long terme de la croissance, même si ce n’est pas le
principal moteur des récessions.

Cette théorie souligne aussi l’importance de la variation du prix des intrants, et en particulier du prix du pétrole.
On peut considérer une augmentation du prix du pétrole comme une diminution de la productivité des
entreprises qui utilisent le pétrole. Presque toutes les entreprises en utilisent car c’est une énergie essentielle.
Ainsi, lorsqu’il y a un choc pétrolier, cela a un effet comparable à celui des changements technologiques. Les
variations du prix du pétrole (les hausses aussi) pouvant être soudaines et fortes, ce facteur peut expliquer
certaines récessions.

 Une hausse du prix des intrants cause les récessions.

2) Théorie keynésienne :

Keyne a développé une « théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie ». Il croyait en l’influence de
ce qu’il appelle « les esprits animaux » (facteurs psychologiques qui modifient l’humeur des consommateurs et

70
des entreprises et qui influent ainsi sur la consommation, l’investissement et le PIB). Selon lui, les esprits animaux
peuvent varier considérablement dans une économie, même si les caractéristiques fondamentales sous-jacentes
de l’économie ont relativement peu changé.

En fait, les esprits animaux sont un ensemble d’un phénomène plus large que les économistes appellent les
« sentiments » qui sont des changements dans les anticipations concernant l’activité économique et dans
l’incertitude réelle ou perçue que vivent les entreprises. Ces changements se traduisent par des fluctuations de la
consommation des ménages et de l’investissement des entreprises.

Imaginons qu’une entreprise anticipe une faible demande de leurs produits. Ce pessimisme aura un effet sur la
demande de travail (à la baisse). Ce changement entraine une baisse d’investissement de l’entreprise, et donc une
baisse du PIB (par rapport à l’équation). Cependant, les autres composantes de cette même équation peuvent
compenser cette perte d’investissement. Par ailleurs, lorsqu’une entreprise devient pessimiste et réduit son
emploi et son investissement, les ménages sont peu enclins à augmenter leur consommation, car ils risquent
davantage de perdre leur emploi. La consommation se déplace donc dans le même sens que l’investissement. Au
final, cela risque tout de même de réduire le PIB. L’effet est le même si ce sont les ménages qui deviennent
pessimistes : ils réduisent leurs dépenses courantes pour économiser. Cette réduction de la consommation
diminue la demande de produits de nombreuses entreprises et déplace vers la gauche la courbe de demande de
travail de celles-ci.

Tout ceci nous amène à un autre élément de la théorie de Keyne : la possibilité qu’un choc mineur sur l’économie
déclenche des effets en cascade qui finissent par causer une contraction beaucoup plus importante. On appelle
multiplicateurs les mécanismes qui font qu’un choc économique initial est amplifié par des effets en cascade, qu’il
soit bon ou mauvais. Une bonne nouvelle économique, même mineure, peut entrainer une cascade d’effets
bénéfiques à mesure que les consommateurs augmentent leur demande de biens et services, et que les
entreprises y répondent en déplaçant leur courbe de demande de travail vers la droite, ce qui multiplie l’effet de
la nouvelle initiale. De même qu’un choc négatif peut frapper l’économie et générer une vague de pessimisme :
les dépenses diminuent et ne sont pas compensée par des dépenses supplémentaires dans d’autres secteurs de
l’économie. La baisse initiale de dépense est amplifiée par d’autres diminutions dans les dépenses à cause de
l’effet multiplicateur.

Le fonctionnement des multiplicateurs comporte un élément de prophétie autoréalisatrice, puisque l’anticipation


d’un événement entraine des actions qui font que cet événement se produit (ex. : on anticipe une faible demande
de travail, on réduit l’emploi, donc on provoque cette diminution de l’emploi qu’on a anticipée). Ce phénomène
s’explique par le fait que les sentiments peuvent être de puissants catalyseurs de changement économique : un
changement des anticipations créées par les esprits animaux peut se révéler « rationnel » : lorsque les ménages et
les entreprises deviennent pessimistes sur l’économie, celle-ci se contracte en raison de leur comportement
pessimiste, de sorte que le pessimisme finit par se justifier.

3) Les théories financières et monétaires :

Les facteurs monétaires sont une des forces activantes des cycles économiques. On sait que la masse monétaire
influe sur le PIB nominal. Typiquement, une baisse du PIB nominal qui résulte d’une forte réduction de la masse
monétaire n’affecte pas seulement le niveau général des prix, mais aussi le PIB réel. Dans ce cas, les variations de
la masse monétaire influent aussi sur les cycles économiques.

Pour illustrer comment les facteurs monétaires entrainent des fluctuations du PIB réel, imaginons un scénario
dans lequel une politique de contraction monétaire entraine une forte baisse de la masse monétaire. La baisse de
masse monétaire fait diminuer les niveaux des prix, comme le prédit la théorie quantitative de la monnaie. Une
baisse du niveau général des prix réduit l’emploi à cause de la rigidité des salaires à la baisse. En effet, une baisse
du niveau général des prix signifie que les entreprises ont réduit le prix de leur production en diminuant la valeur

71
du produit marginal du travail et donc en employant moins car chaque entreprise a besoin d’une moins grande
quantité de travail pour un salaire donné. En d’autres termes, une baisse du prix de la production déplace la
courbe de demande de travail vers la gauche. Si les salaires baissaient autant que les prix de leur production, les
entreprises n’emploieraient pas moins de travailleurs. Cependant, comme les salaires ne peuvent pas être
diminuée à cause de la rigidité des salaires à la baisse, les entreprises qui veulent optimiser leur profit doivent
plutôt réduire le nombre de travailleurs qu’elles emploient.

De plus, une politique de contraction monétaire fait monter le taux d’intérêt réel. Or, on sait que le taux d’intérêt
réel est le prix qu’une entreprise paie pour un autre de ses intrants : son capital physique. Une hausse du taux
d’intérêt d’équilibre augmente donc encore les coûts de production. Comme le travail a besoin du capital
physique, l’augmentation du coût de ce capital physique amène les entreprises à utiliser moins de travail, ce qui
signifie un déplacement vers la gauche de la courbe de demande du travail.

Les perturbations du fonctionnement du marché du crédit entrainent aussi des fluctuations économiques. Nous
avons vu comment l’offre et la demande de crédit déterminent le taux d’intérêt d’équilibre et la quantité de crédit
dans l’économie. Les perturbations du marché du crédit diminuent l’investissement et la consommation, ce qui
réduit le PIB réel et l’emploi. Ainsi, un déplacement vers la gauche de la courbe d’offre de crédit déplace les
courbes de demande de travail des entreprises vers la gauche.

D. Les multiplicateurs et les fluctuations économiques :

Les effets multiplicateurs évoqués quand nous avons parlé des


changements de sentiments peuvent amplifier les effets des chocs
économiques qui proviennent de changements liés à la
technologie, aux sentiments ou aux marchés financiers.

Le graphique suivant illustre les effets multiplicateurs sur les


salaires et l’emploi lorsque les salaires sont flexibles. L’offre de
travail est représentée par la courbe rouge et celle de la demande
par la courbe bleue.

Au départ, l’économie se situe au point


d’équilibre 1. Un choc va déplacer la courbe de
demande vers la gauche et le nouvel équilibre
s’établira au point 2. Il s’agit d’un équilibre
temporaire car il ne tient pas compte des effets
multiplicateurs.

La première vague de licenciements amène les


chômeurs à réduire leur consommation de B&S,
ce qui pousse les entreprises qui produisaient ces
B&S à réduire leur demande de travail.

Cette réduction de la demande amène un autre déplacement de la courbe de demande du travail vers la gauche,
ce qui établit un nouvel équilibre au point 3. Au final, la courbe de demande se sera donc déplacé deux fois vers
la gauche à cause des effets multiplicateurs .

En principe, il pourrait y avoir d’autres déplacements mais en pratique, les économies finissent par se stabiliser, et
la spirale vers le bas fini par s’arrêter. Cette stabilisation peut être due, par exemple, au fait que de nouvelles
entreprises remplacent les anciennes qui ont fait faillite. Si une entreprise n’a pas une demande suffisante pour
rester rentable, le capital physique et humain qu’elle employait sera réaffecté à d’autres entreprises

72
(principalement à celles qui ont des activités différentes). L’arrivée de ces nouvelles entreprises stoppe le
déplacement vers la gauche de la courbe de demande de travail, et, éventuellement, commence à la déplacer
vers la droite.

La boucle de rétroaction du multiplicateur précédente fait


abstraction de plusieurs mécanismes importants dans une
économie moderne. Celle-ci donne une image plus complète des
facteurs qui multiplient l’effet du choc récessionniste car on a
ajouté certains de ces mécanismes :

- Baisse du prix des actifs financiers (cours des actions et des


obligations, prix des maisons)
- Augmentation des défauts de paiement, qui affaibli les bilans
des banques
- Hausse du taux de faillite des ménages, qui entraine des défauts de paiement dans divers types de crédit
à la consommation (prêts sur cartes de crédit)
- Hausse du taux de faillite des courtiers, qui force les prêteurs à absorber les pertes considérables
- Baisse du niveau d’intermédiation financière à mesure que les banques deviennent plus réticentes à
accorder de nouveaux prêts ou même incapables de le faire même à leur plus fidèles clients

Tous ces mécanismes créent des effets multiplicateurs additionnels, et font baisser la consommation et
l’investissement, ce qui diminue encore plus la demande de travail. La diminution de la demande de travail réduit
encore l’emploi et le PIB, ce qui affaiblit davantage l’économie et entraine d’autres rondes d’effets multiplicateurs.

E. L’équilibre à court terme avec des multiplicateurs et des salaires à la baisse :

On obtient ainsi une image plus fidèle des chocs récessionistes si on combine la rigidité des salaires à la baisse et
les multiplicateurs. Ces deux ingrédients amplifient l’effet des variations de la demande de travail sur l’emploi.

Effets d’un choc à court terme :


1. Une perturbation initiale déplace la demande de travail vers la gauche ;
2. La rigidité des salaires à la baisse entre une baisse plus marquée de l’emploi (car les entreprises ne
peuvent diminuer le salaire de leurs employés) ;
3. Les multiplicateurs poussent la demande de travail encore plus vers la gauche

Avant les chocs, l’équilibre est au point 1. Le choc initial


déplace cet équilibre jusqu’au point 2 temporairement.
Comme on suppose que les salaires sont rigides à la baisse,
les entreprises ne peuvent modifier que l’emploi. Sous l’effet
des multiplicateurs, la courbe de demande de travail se
déplace encore davantage vers la gauche et l’économie se
retrouve finalement au point 3.

L’effet combiné de la rigidité des salaires à la baisse et des multiplicateurs a amplifié l’effet de contraction du
choc récessionniste initial. Sans cette rigidité des salaires et les multiplicateurs, le déplacement initial vers la
gauche de la courbe de demande de travail aurait amené l’économie au point d’équilibre A. Avec cette rigidité et
les multiplicateurs, l’économie se déplace jusqu’au point 3, qui correspond à une réduction d’emploi beaucoup
plus importante.

73
F. L’équilibre à moyen terme : reprise partielle et reprise complète

Beaucoup de forces, certaines axées sur le marché et d’autres sur des politiques gouvernementales, tendent à
inverser les effets d’une récession en 2 à 3 ans. On qualifie cet horizon de « moyen terme » pour le distinguer du
court terme, qui dure généralement quelques trimestres.

On distingue deux mécanismes de reprise :

o Ceux où la courbe de demande du travail se déplace vers la droite grâce aux forces du marchés.
o Ceux où la courbe de demande de travail se déplace vers la droite grâce à des politiques
gouvernementales expansionnistes.

Les forces du marché proviennent de :

 La reconstruction des stocks/inventaires :

La demande de travail reprend en partie lorsque les


entreprises ont écoulé leurs stocks. Ainsi, après un
boom excessif dans la construction d’habitations, le
besoin de nouvelles habitations diminue et la courbe
de demande de travail se déplace vers la gauche.
Cependant, le stock de maisons invendues finit par
s’épuiser, la construction de nouvelles maisons
commence à reprendre, ce qui ramène la courbe de
demande de travail vers la droite.

Ce phénomène s’applique dans tous les domaines ou les entreprises détiennent des stocks, ceux-ci ne durent
pas éternellement, et, quand ils s’épuisent, la firme augmente généralement sa production. Le graphique ci-
dessus illustre un déplacement vers la droite de la courbe de demande de travail.

 Progrès technologiques :

La demande de travail reprend en partie lorsque des avancées technologiques incitent les entreprises à
étendre leurs activités.

 L’intermédiation financière :

La demande de travail reprend en partie lorsque le système bancaire se remet, et que les entreprises
financières sont de nouveau capables d’utiliser le crédit pour financer leurs activités. La disponibilité du crédit
déplace la courbe de demande de travail vers la droite

Une politique monétaire expansionniste va diminuer le taux d’intérêt et augmenter l’inflation.

Un taux d’intérêt plus faible stimule l’investissement des entreprises et les dépenses des ménages, ce qui déplace
la demande de travail vers la droite. Une inflation augmente le prix des biens et services produits par des
entreprises ce qui rend la production, et donc la hausse de l’emploi, plus rentable pour un salaire donné et cela
déplace la courbe de demande de travail vers la droite.

Avec des salaires rigides à la baisse, ce déplacement vers la droite entraine un déplacement du point A au point
B, ce qui correspond à une reprise partielle de l’emploi.

Qu’en-est-il de l’offre de travail ?


74
Comme l’inflation augmente le prix de la production, un salaire donné permettra une consommation moindre.
Tant que les salaires restent rigides à la baisse, ce déplacement de l’offre de travail est sans effet puisque l’emploi
se situe à l’intersection de la courbe de demande de travail et de la droite horizontale des salaires rigides à la
baisse qui sont fixés au-dessus du salaire d’équilibre du marché (reste au point B et ne descend pas au point D).

Cette analyse révèle aussi à partir de quand les déplacements de la courbe d’offre de travail commenceront à
avoir un effet. Si les déplacements en question sont assez importants, et qu’ils entrainent une inflation assez forte,
le salaire d’équilibre du marché grimpe au-dessus du niveau fixé par la rigidité à la baisse des salaires. Comme
sur le graphique (b), une fois ce salaire d’équilibre atteint, de nouvelles hausses de l’inflation déplacent de
manière égale la courbe de demande de travail et la courbe d’offre de travail vers le haut : le salaire d’équilibre
du marché augmente, mais l’emploi restera inchangé.

La politique budgétaire expansionniste va augmenter les dépenses gouvernementales (dépenses publiques,


allocations, …) et diminuer les recettes de l’Etat (impôts, …) pour déplacer la courbe de demande de travail vers la
droite.

 La hausse des dépenses gouvernementales augmente la demande pour les B&S que produisent les
entreprises, déplaçant la courbe de demande de ces B&S vers la droite, déplaçant la courbe de demande
de travail vers la droite.
 La réduction des impôts laisse aux entreprises et aux consommateurs un revenu après impôts plus élevé,
ce qui accroit leur pouvoir d’achat, augmente la demande pour les B&S des entreprises et déplace ainsi la
courbe de demande de travail vers la droite.

Remarquez que le déplacement vers la gauche de


l’offre de travail a un effet seulement si le nouveau
salaire d’équilibre se situe au-dessus du salaire
d’équilibre original. Le graphique suivant résume
le tout :

1. avant la récession au point 1


2. creux de la récession au point 2
3. reprise partielle au point 3
4. reprise complète au point 4

REMARQUE : salaire nominal et salaire réel.

Dans ce chapitre comme dans le chapitre 9, on a procédé à l’analyse en utilisant le salaire nominal (montant du
salaire inscrit sur le chaque de paye ou sur l’avis de dépôt direct que reçoivent les travailleurs) plutôt que le
salaire réel (salaire nominal corrigé par l’inflation). La distinction est la même qu’entre PIB réel et PIB nominal.

75
Pour calculer le salaire réel, on divise le salaire nominal par une mesure de l’ensemble des prix. On peut donc
concevoir le salaire réel comme le pouvoir d’achat du salaire nominal.

L’analyse complète de l’offre et de la demande de travail peut aussi être faite en utilisant les salaires réels. Le
changement dans les variables ne modifierait pas les conclusions, mais il mettrait en évidence d’autres éléments.
Si on se concentre sur les salaires réels, on insiste sur le fait que les entreprises prennent leurs décisions
d’embauche selon le rapporte entre ce qu’elles paient à leurs travailleurs (salaire nominal) et ce qu’elles facturent
à leurs clients (prix de leurs B&S). On met aussi l’accent sur le fait que les travailleurs prennent des décisions
d’offre de travail en fonction du pouvoir d’achat de leur salaire (panier de B&S que leur salaire va leur permettre
d’acheter).

La rigidité à la baisse des salaires nominaux, un des facteurs qui amplifient les chocs macroéconomiques néfastes,
joue un rôle similaire avec les salaires réels. Plus précisément, cette rigidité à la baisse signifie que, comme les
salaires nominaux ne peuvent pas être diminués, les salaires réels ne s’adaptent pas immédiatement non plus. par
conséquent, le marché du travail n’atteint pas le salaire réel d’équilibre du marché.

Cependant, en période d’inflation, les salaires réels peuvent baisser même si les salaires nominaux ne diminuent
pas. C’est exactement le scénario que met en évidence le graphique (a) précédent. L’analyse des salaires réels
fournit donc une autre façon d’expliquer comment une faible inflation peut aider une économie où les salaires
sont rigides à la baisse à se remettre d’une récession (car il faut une inflation assez conséquente pour voir un
changement sur les salaires nominaux).

4. Modéliser les expansions :


Jusqu’ici, il a surtout été question des récessions. Parlons un peu des expansions/booms économiques.

Une différence importante que notre analyse des déplacements de courbes du marché du travail a révélé, est que
dans le cas des déplacements vers la droite, il n’y a pas de rigidité des salaires. En effet, si les travailleurs sont
rarement disposés à accepter des réductions salariales (ch. 9), ils sont beaucoup moins réticents aux
augmentations salariales. Il n’y a donc pas de rigidité des salaires à la hausse.

C’est pourquoi, après le déplacement vers la droite de la courbe de demande de travail, l’emploi varie le long de
la courbe d’offre de travail.

L’effet du déplacement vers la droite de la demande


du travail ne sera pas accru par la rigidité des salaires
mais amplifié par les effets multiplicateurs.

La demande de travail accrue tend à augmenter les


revenus des ménages et incite ces derniers à
consommer davantage, ce qui déclenche une autre
ronde d’effets multiplicateurs et déplace la courbe de
demande de travail encore plus à droite.

Mais attention, les booms économiques ont aussi un côté sombre. Si l’économie est proche du plein-emploi et
fonctionne à plein rendement (taux de chômage faible, entreprises emploient l’essentiel de leur capacité) avant le
début de l’expansion, les possibilités de croissance économique seront relativement limitées. En effet, l’optimisme
ou d’autres facteurs qui pourraient avoir déclenché le boom risquent de se renverser si les choses tournent moins
bien que prévu et que la rentabilité est moindre que celle attendue.

Un tel renversement entraîne précisément le genre de déplacement de la demande de travail vers la gauche que
nous avons analysé. Ces déplacements vers la gauche ont tendance à créer des effets multiplicateurs néfastes et
pourraient plonger l’économie dans une récession plutôt que de la ramener doucement vers un degré d’activité
soutenable où les rendements sont conformes aux attentes qui ont justifié l’investissement.

76
Ce côté sombre des booms économiques est un des plus grands défis que les décideurs politiques aient à
relever. La prudence leur dicterait d’essayer de tempérer les booms économiques pour limiter les effets néfastes
de leur éventuel renversement. Mais comme l’augmentation de l’emploi et la réduction du chômage qui
accompagnent les booms économiques contribuent à leur popularité, ces derniers laisse souvent aller les booms
économiques et certains les favorisent (surtout si les élections approchent).

5. Annexe : approche mathématique du multiplicateur


A. Principe du multiplicateur :

Supposons une économie fermée sans gouvernement : Y = C+I et Y = C+S.

Supposons également que la consommation des ménages soit une proportion constante de leur revenu. Par
exemple, les individus consomment 80% de leurs revenus et épargnent le reste : C= 0,8*Y.

Par conséquent : Y = 0,8*Y + I.

Supposons aussi que le PIB initial à l’équilibre est de 10 000 : C = 0,8*10000 = 8000 et I = 2000.

Rem. : on suppose que I est fixe et donné de façon exogène.

Imaginons que les dépenses d’investissement augmentent de 1000 pour passer à 3000 : Y = 8000+3000 = 11 000.

Mais comment les individus consomment 80% de leurs revenus, le processus ne s’arrête pas la et la
consommation augmente ! Le PIB va donc augmente et est maintenant égal à : Y = 8800+3000= 11800.

Comme le revenu a augmenté, la consommation va à nouveau augmenter :

L’augmentation initiale de l’investissement entraine une suite sans fin de dépenses secondaires de
consommation. À la suite d’une augmentation de l’investissement de 1000, le PIB a fini par augmenter de :

B. Le multiplicateur en économie fermée sans gouvernement :

De manière générale, si la consommation agrégée est une fonction linéaire du revenu national (PIB) :

C = c0 + c*Y.

c0 = consommation autonome = quantité qui sera consommée quelque soit le revenu = minimum vital
c = propension marginale à consommer

et si l’investissement est autonome (ne dépend pas de Y) : I = I0

Y = c0 + c*Y + I0

Y – c*Y = c0 + I0

Y*(1-c) = c0 + I0

77
Dans le cas d’une augmentation initiale de 1 des dépenses autonomes (c0, I0) l’augmentation finale du revenu
national sera :

 Plus la propension marginale à épargner est faible et plus l’effet du multiplicateur est important.

En présence d’un gouvernement, le PIB se réécrit de la façon suivante : Y = C + I + G.

Si les dépenses gouvernementales sont autonomes et en l’absence d’impôts, l’effet sur le PIB d’une augmentation
des dépenses gouvernementales est le même qu’une augmentation de c 0 ou de I0.

C. Le multiplicateur avec des pouvoirs publics :

Les dépenses gouvernementales doivent toutefois être financées par des impôts. En présence d’impôts et de
transferts sociaux (=impôts négatifs), une distinction doit être faites entre revenu national (Y) et revenu disponible
(YD).

C’est le revenu disponible que les individus répartissent entre épargne et consommation.

YD = Y - T où T sont les impôts sur le revenu.

Par conséquent,

C = c0 + c*(Y-T)

1er cas : taxes indépendantes du revenu T = T0

Le multiplicateur des dépenses autonomes est identique :

Par contre, le multiplicateur d’une diminution des taxes ou d’une augmentation des transferts sociaux est égal à :

2e cas : taxes proportionnelles au revenu T = t*T (t = taux de taxation)

78
Le multiplicateur des dépenses autonomes a diminué :

Une taxation proportionnelle du revenu provoque une diminution de l’effet du multiplicateur parce que toute
augmentation du revenu des ménages est partiellement taxée et donc indisponible à la consommation.

D. Le multiplicateur en économie ouverte :

Dans une économie ouverte, le PIB se réécrit de la façon suivante :

Y = C+ I + G + EX – IM

Nous avons vu que la consommation augmente avec le revenu disponible. Les dépenses de consommation
peuvent concerner tout aussi bien des biens nationaux que des biens importés. Il est donc raisonnable de penser
que les importations augmentent proportionnellement avec le revenu national.

IM = m*Y (où m est la propension marginale à importer)

Les exportations vont dépendre du revenu national des autres pays (pour qui ce sont des importations). Par
conséquent, les exportations ne dépendront pas, pour une petite économie (comme la Belgique) du moins, du
revenu national du pays en question.

Les exportations sont donc exogènes par rapport au niveau national du pays :

EX = X0

Le multiplicateur en économie ouverte est plus faible, parce qu’une partie des biens consommés sont importés,
ce qui ne fait pas augmenter le PIB du pays.

Qu’est-ce qui empêche l’effet du multiplicateur d’augmenter de façon infinie le PIB ?

Il y a 3 fuites dans le multiplicateur :

· L’épargne
· Les taxes et impôts qui sont fonction du revenu
· Les importations

Théoriquement, en l’absence d’épargne, de taxes dépendant du revenu et d’importations, une augmentation des
dépenses autonomes augmenterait donc le PIB à l’infini.

79
Dans le chapitre 11, nous avons vu un exemple de création monétaire par les banques commerciales. Pour
simplifier nous avions fait l’hypothèse que l’entièreté des prêts étaient déposés auprès du secteur bancaire.

En réalité, les ménages et les entreprises peuvent décider de garder une partie des prêts sous la forme de
monnaie fiduciaire.

E. Le multiplicateur de la quantité de monnaie :

Supposons que M soit la quantité, fixe, de monnaie fiduciaire émise par la banque centrale. Cette monnaie peut
être détenue par :

- Des institutions financières (Mb)


- Des agents économiques non-financiers (ménages, firmes, … Mn)

 M = Mb + Mn

Notons M’ les dépôts bancaires. Le secteur non financier maintient une proportion fixe t entre ses encaisses en
monnaie fiduciaire et ses dépôts bancaires : Mn = t*M’

Le coefficient de réserve obligatoire des banques est égal à c. Elles gardent donc en réserve une proportion
constante des dépôts : Mb = c*M’

Comme la quantité totale de monnaie dans l’économie est la somme des dépôts bancaires et de la monnaie
fiduciaire :

80
MACROÉCONOMIE – CHAPITRE 13 :
Les politiques macroéconomiques contracycliques

1. Notions clés :
 Les politiques contracycliques tente d’aplanir les fluctuations économiques et, par conséquent, les
fluctuations du taux d’emploi, du PIB et des prix.
 Une politique monétaire contracyclique influe sur les réserves bancaires et sur les taux d’intérêt.
→ Une politique monétaire expansionniste accroit l’offre des réserves bancaires et abaisse les taux
d’intérêt.
→ Une politique monétaire restrictive réduit les réserves bancaires et augmente les taux d’intérêt.
 La politique budgétaire contracyclique influe sur les dépenses publiques ainsi que sur les impôts (taxes
incluses).
→ Une politique budgétaire expansionniste augmente les dépenses publiques et diminue les impôts.
→ Une politique budgétaire restrictive diminue les dépenses publiques et augmente les impôts.

2. Le rôle des politiques contracycliques dans les fluctuations économiques :

Les politiques contracycliques tentent d’atténuer l’intensité et l’amplitude des fluctuations économiques et
d’aplanir la croissance du PIB, du taux d’emploi et des prix.

Une politique expansionniste vise à réduire l’ampleur d’une récession, en stimulant la demande de travail et
l’économie. Inversement, une politique restrictive vise à ralentir la croissance économique quand elle est trop
rapide ou quand l’économie surchauffe.

On distingue deux types de politiques contracycliques :

· Les politiques monétaires contracycliques : menées par la BCE, elles visent à atténuer les fluctuations
économiques en influant sur les réserves bancaires et sur les taux d’intérêt.
· Les politiques budgétaires contracycliques : promulguées par le pouvoir exécutif et passent par le
pouvoir législatif, elles visent à atténuer les fluctuations économiques en influant sur les dépenses
publiques et sur les impôts.

Évidemment, ces deux politiques s’appliquent dans des circonstances différentes, mais elles ont tout de même
des caractéristiques communes. En cas de récession, on utilise l’une et l’autre pour déplacer la courbe de
demande du travail vers la droite. En cas d’expansion qui tourne mal, on utilise l’une et l’autre pour déplacer la
courbe de demande du travail vers la gauche.

81
Ces graphiques l’illustrent bien. Lorsque les salaires sont flexibles (1er graphique), on voit qu’à partir de l’équilibre
initial (1), le choc déplace la courbe de demande de travail vers la gauche en réduisant l’emploi et le PIB jusqu’au
creux (2) où les salaires sont plus faibles.

 Une politique expansionniste réussie protège l’économie du plein effet de la récession en déplaçant la
courbe de demande de travail au point de reprise partielle (3).

Si les salaires sont rigides à la baisse (2 e graphique), la récession a des conséquences plus lourdes sur l’emploi. La
courbe de demande de travail pendant le creux est la même que si les salaires étaient flexibles, mais la
diminution de l’emploi du point 1 au point 2 est beaucoup plus importante. Cet écart s’explique par le fait
qu’aucun déplacement vers la gauche de la courbe de demande de travail ne peut être absorbée par une baisse
des salaires.

Pourtant, les salaires rigides à la baisse permettent une politique contracyclique beaucoup plus efficace. En effet,
comme les conséquences sont plus lourdes (plus grosse diminution de l’emploi), l’effet d’une telle politique sera
plus élevé (augmentation de l’emploi plus importante). La politique agit sur l’emploi avec autant de force parce
que, dans ce cas, il n’y a pas d’effet sur les salaires.

Mais une question se pose : pourquoi les autorités voudraient réduire l’emploi et la croissance du PIB en menant
une politique restrictive ?

Tout d’abord, une politique restrictive peut diminuer l’inflation en réduisant la croissance de la masse monétaire.
En fait, dans bien des situations, les effets néfastes sur le PIB et l’emploi sont les effets secondaires de l’atteinte
d’un autre objectif de politique économique. Ainsi, lorsque l’inflation est trop importante, la BCE relie les taux
d’intérêt pour freiner l’emprunt, qui ralentit la croissance de la masse monétaire et abaisse ainsi le taux d’inflation.
La hausse des taux d’intérêt déplace la courbe de demande de travail vers la gauche et réduit donc l’emploi.

Ensuite, une politique restrictive peut réduire les risques de contraction extrême en tentant de refroidir
l’économie avant qu’elle ne surchauffe. En effet, on a vu dans le chapitre précédent qu’une expansion
économique peut finir par conduire à une grave récession parce que les anticipations optimistes risquent
d’imposer à tout moment. Une politique restrictive consiste donc à exercer une pression graduelle vers la gauche
sur la courbe de demande.

3. La politique monétaire contracyclique :

La BCE répond aux contractions économiques en adoptant


une politique monétaire expansionniste. Elle agit ainsi en
augmentant les réserves bancaires et en diminuant les taux
d’intérêt.

Lorsqu’elle veut stimuler l’économie, la BCE diminue les taux


d’intérêts court terme, ce qui entraine habituellement une
baisse des taux d’intérêt long terme. Elle influe
particulièrement le taux de financement à 1 jour. Cela incite
les ménages à acheter davantage de biens durables parce
qu’un taux d’intérêt moindre signifie qu’un prêt pour l’achat
d’un bien durable coûte moins cher. Pour satisfaire cette augmentation de la demande de biens durables, les
entreprises embauchent davantage de travailleurs.

De plus, une baisse des taux d’intérêt long terme pousse les entreprises à augmenter leurs investissements en
immeubles et en biens d’équipement car le cout du financement sera moindre. Puisqu’elles ont besoin de

82
personnel pour construire et exploiter ces nouveaux biens, la courbe de la demande de travail se déplacera
encore plus vers la droite.

 De diverses façons, la politique monétaire expansionniste déplace la courbe de demande de travail des
entreprises vers la droite et augmente donc l’emploi.

N.B. : Contrairement à la Federal Reserve System (banque centrale des Etats-Unis), la BCE n’a pas pour objectif
principal de mettre en œuvre des politiques contracycliques mais de maintenir l’inflation à des taux proches de 2
% (mais inférieurs à 2%).

A. Influer sur le taux de financement à un jour :

On a vu que la BCE fait des opérations d’open market pour


influer sur les réserves bancaires et cela influe donc sur le
taux du financement à 1 jour. En effet, on remarque sur le
graphique que l’augmentation de l’offre des réserves
bancaires à la disposition des institutions financières diminue
le taux de financement à 1 jour.

Le 2e graphique montre l’évolution de ce taux au Canada, avant pendant et


après la récession de 2008-2009. On voit bien que la BCE a essayé de mener
une politique monétaire expansionniste pour contrer la chute de l’activité
économique.

B. Les autres instruments de la BCE :

La banque centrale européenne peut aussi utiliser d’autres instruments tels que :

· La modification de la quantité de réserves obligatoires :

Ce mécanisme est peu utilisé, mais en théorie la BCE peut modifier le pourcentage de réserves obligatoires.
Une augmentation de ce taux augmenterait les réserves et donc diminuerait le taux de financement à 1 jour.

· La fourchette cible du taux de financement à 1 jour :

Les banques empruntent et prêtent peu souvent à la limite de la fourchette car elles préfèrent se prêter et
s’emprunter des fonds entre elles. Mais le fait qu’elle existe assure un taux plancher et un taux plafond pour
les réserves bancaires.

83
· L’assouplissement quantitatif (rachat de titres de dettes à long terme) :

On parle d’assouplissement quantitatif lorsque la BCE crée une grande quantité de réserves bancaires pour
acheter des obligations à long terme, ce qui augmente l’offre des réserves bancaires et diminue le taux
d’intérêt sur les obligations à long terme.

Les banques centrales trouvent aussi parfois d’autres moyens d’accroitre l’offre de crédit pendant les crises
financières. Elles créent des canaux de crédit spécialisés qui augmentent les prêts sur le marché du crédit et
stimulent indirectement la demande de B&S ainsi que la demande de travail.

Cependant, le tableau reste incomplet car plusieurs facteurs influent sur la façon dont la BCE utilise ces
instruments.

C. Anticipations, inflation et politique monétaire :

L’efficacité de la politique monétaire dépend des anticipations relatives aux taux d’intérêt et à l’inflation.

Pour rappel, le taux de financement à 1 jour est le taux d’intérêt annualisé sur les prêts à un jour que les
institutions financières se consentent mutuellement. Cependant, le taux d’intérêt qui a de l’importance dans les
décisions d’investissement des consommateurs et des entreprises est le taux d’intérêt réel à long terme anticipé :

Taux d’intérêt réel à long terme anticipé =


Taux d’intérêt nominal à long terme – taux d’inflation à long terme anticipé

Pour diminuer le taux d’intérêt réel à long terme, la BCE doit soit réduire le taux d’intérêt nominal long terme, soit
influer sur les anticipations du taux d’inflation long terme (ou les deux). Pour cela, elle va suivre une politique
monétaire expansionniste. Autrement dit, elle gardera le taux du financement à 1 jour assez bas en exerçant ainsi
des pressions à la hausse sur l’inflation, et ce durant une longue période.

N.B. : Un taux du financement à 1 jour bas équivaut souvent un taux d’intérêt nominal à long terme qui reste bas
lui aussi.

Une analyse similaire s’applique aux anticipations relatives à l’inflation long terme. Comme elle a un effet sur le
taux d’intérêt long terme, la BCE peut vouloir créer des anticipations inflationnistes quand c’est possible. Elle peut
aussi décider de mener une politique expansionniste pendant plusieurs années. Si le marché croit en cette
promesse, les anticipations inflationnistes se renforceront et cela fera diminuer le taux d’intérêt réel long terme
anticipé (si le taux d’intérêt nominal n’augmente pas avec l’inflation dans un rapport de 1 pour 1).

D. La politique monétaire restrictive : maitrise de l’inflation

Mais qu’en est-il de la politique monétaire restrictive ?

C’est l’inverse de la politique expansionniste. Une telle politique peut menacer la cible d’inflation de la BCE.
Normalement, l’augmentation des réserves bancaires permet aux institutions financières de consentir davantage
de prêts. Ceux-ci circulent dans l’économie et reviennent dans le système bancaire sous forme de dépôts.
L’augmentation des dépôts bancaires accroit la quantité de monnaie dans l’économie (M2).

Selon la théorie quantitative de la monnaie, à long terme, le taux d’inflation sera égal au taux de croissance de
M2 diminué du taux de croissance du PIB réel. Donc, une croissance trop rapide de M2 représente un risque de
hausse du taux d’inflation. La BCE va donc recourir à une politique monétaire restrictive et plus précisément

84
lorsque le taux d’inflation menace de grimper de manière importante et
persistante au-dessus du taux cible de 2%. Cette politique va permettre de :

 Diminuer la croissance des réserves bancaires


 Augmenter les taux d’intérêt
 Diminuer les emprunts
 Freiner la croissance de la masse monétaire
 Réduire l’inflation.

Cette politique fonctionne comme une politique expansionniste mais dans le sens contraire. La BCE va réduire les
réserves bancaires pour augmenter le taux de du financement à 1 jour. Elle peut aussi essayer de modifier les
anticipations relatives à sa politique monétaire à long terme en amenant les ménages et entreprises à anticiper
des mesures plus restrictives que celles qui seront appliquées.

Essentiellement, la BCE peut accélérer ou freiner le moteur de la politique monétaire.

Lors d’une récession, la BCE recourt une politique expansionniste pour compenser en partie la contraction de
l’économie.
Lors d’un boom économique, la BCE applique une politique monétaire restrictive pour freiner l’inflation.
 Dans les deux cas, elle jour un rôle contracyclique : elle agit à contre-courant des tendances
économiques dominantes.

Maitriser l’inflation n’est pas toujours facile. Une fois que l’inflation est élevée, la population commence à
anticiper un taux d’inflation élevé et la BCE a du mal à regagner leur confiance pour la lutte à l’inflation. Les
banques centrales s’efforcent donc de protéger leur réputation en maintenant l’inflation à un taux de 2% via des
politiques monétaires.

E. La borne inférieure des taux d’intérêts nominaux :

Que se passe-t-il quand un taux du financement à 1j s’approche de la limite du 0% ? Cette limite n’est pas une
vraie limite car le zéro est une valeur que les taux d’intérêt nominaux ne peuvent pas franchir. Les économistes
parlent de borne inférieure des taux d’intérêt nominaux.

C’est ce qu’il s’est passé au Japon comme on peut le voir sur ce


graphique.

Pour comprendre, il faut imaginer à quel point un taux d’intérêt négatif serait bête : l’emprunteur rembourserait
moins d’argent que ce qu’il a emprunté. Cela serait donc une très mauvaise affaire pour les institutions
financières qui perdraient trop d’argent et donc elles garderaient leur argent dans leur coffre. Lorsque le taux
d’inflation est faible ou négatif, comme au Japon dans les années 90, la borne inférieure du zéro devient
problématique pour la politique monétaire.

Lorsque le taux d’intérêt nominal est coincé à 0% ou juste au-dessus et que le taux d’inflation est négatif, le taux
d’intérêt est positif. Mais la combinaison de la borne inférieure du zéro et de la déflation est un grand problème
pour la politique monétaire car les ménages et les firmes prennent leurs décisions en se basant sur le concept
suivant :

Taux d’int réel anticipé = taux d’int nominal – taux d’inflation anticipé = 0% - (-1%) = 1%

85
Si le taux d’inflation continue à la baisse, le taux d’int réel va augmenter. L’investissement se portera mal et la
courbe de demande de travail se déplacera vers la droite.

F. Le compromis de la politique monétaire :

Les autorités monétaires font alors face à plusieurs considérations contradictoires. La BCE voudrait stimuler
l’économie en période de récession mais elle ne veut pas créer des problèmes d’inflation par la suite…

Pour faire un compromis, beaucoup de banques centrales fixent le taux de financement à 1 jour selon la règle de
Taylor :

Taux du financement à 1 jour = taux cible du financement à 1j à long terme


+ 0,5*(taux d’inflation – taux cible d’inflation)
+ 0,5*(écart de production en points de pourcentage)

Un écart de production de -5 signifie que l’économie est de 5% inférieure à la tendance.

N.B. :

Rappelons que le PIB tendanciel est une version aplanie du PIB effectif. Souvent, on utilise le PIB potentiel (PIB qui
pourrait être atteint si le travail et le stock de capital étaient entièrement utilisés dans la production) au lieu du
PIB tendanciel.

Il est important de préciser les deux parties de la rège de Taylor :

o Selon cette règle, la BCE relève le taux de financement à 1 jour en fonction du taux d’inflation. Un taux
d’inflation plus élevé l’amène à relever le taux du financement à 1 jour, ce qui va réduire la stimulation de
l’économie.

o Cette règle dit aussi que plus l’écart de production est important, plus la BCE hausse le taux du
financement à 1j. En effet, un écart de production plus important (une économie plus forte) amène la BCE
à relever le taux de financement à 1j, ce qui réduit le degré de stimulation.

 Dans les deux cas ; chaque augmentation de 1 point de pour pourcentage de l’écart de production se
traduira par une augmentation de 0,5 point de pourcentage du taux du financement à un jour.

La règle de Taylor n’est qu’une règle générale. Les décideurs politiques doivent se servir de leur intuition et de
leur sagesse et non s’y fier aveuglément. Cela dit, cette formule est un bon point de départ pour leurs
délibérations et un résumé sommaire mais utile des compromis auxquels les banques centrales se sont livrées
dans le passé.

4. La politique budgétaire contracyclique :

L’autre type de politiques contracycliques sont les politiques budgétaires. Elles sont adoptées par le pouvoir
législatif et promulguées par le pouvoir exécutif. Elles visent à aplanir les fluctuations économiques en influent sur
les dépenses publiques et les impôts.

 Politique budgétaire expansionniste : augmentation des dépenses publiques et baisse des impôts pour
accélérer le taux de croissance du PIB réel. Comme la politique monétaire expansionniste, cela déplace la
courbe de demande du travail vers la droite.
 Politique budgétaire restrictive : diminution des dépenses publiques et hausse des impôts pour réduire le
taux de croissance du PIB réel. Comme la politique monétaire restrictive, cela déplace la courbe de
demande du travail vers la gauche.
86
A. La politique budgétaire au cours du cycle économique : composantes automatiques et
discrétionnaires

Cette politique menée par le pouvoir législatif a des composantes automatiques et discrétionnaires :

o Composantes automatiques : mesures de politique budgétaire qui annulent automatiquement une partie
des fluctuations économiques.

Durant une récession l’impôt sur le revenu perdu diminue automatiquement puisque les chômeurs paient moins
d’impôt sur leur revenu et les dépenses publiques augmentent automatiquement puisque les paiements de
transfert augmentent nécessairement.

Moins ils ont d’autres revenus, plus les ménages reçoivent des paiements de transfert. Ils aident les ménages à
traverser des périodes difficiles et stimulent le PIB en permettant à des ménages de dépenser davantage durant
les récessions.

Ces mécanismes budgétaires contracycliques sont aussi appelés stabilisateurs automatiques puisqu’ils agissent
automatiquement pour aplanir les fluctuations économiques sans action délibérée du gouvernement.

o Composantes contracycliques discrétionnaires : mesures de politique budgétaire que les décideurs adoptent
délibérément en réponse aux fluctuations économiques.

Dans la plupart des cas, elles consistent en un ensemble de hausses de dépenses ciblées ou de baisses d’impôts
temporaires afin d’atténuer les difficultés économiques et stimuler le PIB.

Ce graphique illustre l’effet d’une récession sur les finances


publiques : elle créée des déficits qui ont des conséquences.

Quand le gouvernement emprunte de l’argent pour payer ses


dettes, il oblige implicitement les futurs contribuables à les
rembourser.

Le principe de la politique budgétaire contracyclique


(augmentation des dépenses et diminution des impôts en
période de récession) jour un rôle utile puisqu’il accroit ainsi les
dépenses des ménages, des entreprises, des gouvernements. La
demande de travail augmente et la courbe de demande se
déplace vers la droite.

B. Analyse de la politique budgétaire basée sur les dépenses :

Commençons avec l’identité des comptes économiques nationaux : Y = C + I + G + EX – IM

Supposons que la variation des dépenses publiques ne modifie aucun terme du côté droit de l’équation :

(Y +1) = C + I + (G+1) + EX−IM

En divisant la variation du PIB par la variation des dépenses publiques, on obtient le multiplicateur des dépenses
publiques. Si une variation de 1€ des dépenses publiques entraine une variation de m€ du PIB, le multiplicateur
est égal à :

mG = m€ / 1€

87
Comme on a supposé que la hausse n’impactait aucun élément du côté droit, il faut que l’augmentation du PIB
soit aussi de 1€. Autrement dit, m€ doit valoir 1.

 Si mG = 1, une augmentation des dépenses publiques augmente la demande de B&S des entreprises,
déplace la courbe de demande du travail vers la droite et accroit le PIB de 1€.

Evidemment, l’hypothèse qu’aucun élément ne varie du côté droit de l’équation est peu probable. En fait, les
dépenses publiques additionnelles pourraient entrainer une augmentation de la consommation des ménages en
stimulant l’activité économique et donc en augmentant l’emploi et le salaire net.

Suivant ce scénario, les dépenses publiques accrues ont un effet multiplicateur qui déplace la courbe de
demande du travail vers la droite et amplifie l’effet des dépenses publiques sur l’emploi et sur le PIB. Supposons
que ce multiplicateur augmente la consommation des ménages, on a donc :

(Y+2) = (C+1) + I + (G+1) + EX−IM

Ici le multiplicateur des dépenses publiques serait donc :

mG = 2€ / 1€ = 2

 mG=2 signifie que, si la hausse des dépenses publiques de 1€ accroît la consommation de 1€, le PIB
augmente de 2€ à chaque augmentation de 1€ des dépenses publiques.

Les partisans de la politique budgétaire basée sur les dépenses ont tendance à croire que le multiplicateur des
dépenses publiques est compris entre 1 et 2 (jusqu’à 3 pour certains types de dépenses). Pour décrire
implicitement cet effet multiplicateur, ils parlent de retombées économiques associées à leurs projets
d’investissement public.

Les critiques de la politique budgétaire basée sur les dépenses gouvernementales croient que le multiplicateur
est plus faible que 1 voire même proche de 0, à cause de l’effet d’éviction. On dit qu’il y a effet d’éviction lorsque
l’augmentation des dépenses publiques détourne partiellement ou même entièrement les dépenses des ménages
et des entreprises. Le gouvernement a besoin d’emprunter afin d’augmenter ces dépenses. Cet emprunt
augmente le taux d’intérêt sur le marché du crédit, ce qui entraine une réallocation de l’épargne passant des
emprunteurs privés au gouvernement.

Mais si ce taux devient trop cher pour les ménages et entreprises, l’investissement privé risque de diminuer
lorsque le gouvernement augmentera ses dépenses. Dans ce cas, l’investissement privé est évincé par l’emprunt
du gouvernement et les dépenses publiques contracycliques n’ont aucun effet sur la courbe de la demande parce
que l’effet expansionniste des dépenses additionnelles est annulé par l’effet de contraction causé par la baisse de
l’investissement privé.

Ex. : Y = C + (I −1) + (G+1) + EX−IM. Dans ce cas, mG = (−1€+1€)/1€ = 0

Si l’économie fonctionne bien, il est probable que l’effet d’éviction soit considérable. Mais, ce qui est intéressant,
c’est de savoir ce qu’on peut espérer du multiplicateur des dépenses publiques lorsque l’économie se contracte.
Si le taux d’intérêt est déjà au plus bas alors, l’augmentation des dépenses publiques n’aura qu’un faible effet
d’éviction sur la consommation et l’investissement.

Mais alors qui a raison ?

Les économistes ne sont pas certains mais ils s’entendent sur le fait que l’effet multiplicateur est plus grand
lorsque l’économie est clairement en dessous du PIB tendanciel, et qu’il est plus proche de 0 lorsque
l’économie est près de son potentiel.
88
C. Analyse de la politique budgétaire basée sur les impôts :

Une politique budgétaire expansionniste peut aussi être mise en œuvre en réduisant les impôts. Supposons une
diminution de 1€, le multiplicateur d’impôts est donc de 1 :

(Y+1) = (C+1) + I + G + EX−IM ⇔ mT = 1€ / 1€

Mais une baisse d’impôts de 1€ n’augmente pas tout à fait le PIB de 1€, voici une formule plus générale :

mT = m€ / 1€

La hausse de la consommation peut avoir des effets multiplicateurs : augmentation de la consommation,


augmentation du revenu des entreprises, augmentation du nombre d’entreprises ce qui demande plus
travailleurs, augmentation du revenu des ménages et donc nouvelle augmentation de la consommation.

De plus, une baisse de l’impôt sur le revenu peut inciter les travailleurs à offrir davantage de travail parce que leur
salaire après impôts a augmenté et cela déplace la courbe d’offre du travail vers la droite.

(Y+2) = (C+1+1) + I + G + EX−IM  mT = 2€ / 2€ = 1

Les réductions d’impôts peuvent aussi produire un effet d’éviction : comme les consommateurs essaient de
dépenser davantage, les ressources qui auraient été consacrées à l’investissement sans la baisse d’impôt risquent
d’être détournées vers la consommation.

(Y+1) = (C+2) + (I−1) + G + EX−IM

De même, comme les consommateurs essaient de dépenser davantage, les importations sont susceptibles
d’augmenter, ce qui réduira les exportations nettes :

(Y+1) = (C+2) + I + G + EX−(IM+1)

Si l’effet d’éviction est important, le multiplicateur peut être considérablement réduit. Dans ces 2 derniers cas, il
est égal à 1.

Les détracteurs de cette politique de baisse d’impôts pour compenser les contractions économiques soulignent
que les consommateurs soucieux d’optimiser leur bien-être ne dépenseront pas directement le « gain » de cette
baisse d’impôt. Mais pourquoi ?

 Si la consommation a des rendements croissants, ils vont essayer d’optimiser leur bien-être en
répartissant leurs dépenses additionnelles sur une plus longue période plutôt que de tout consommer
rapidement.
 Beaucoup se disent que le gouvernement finira par augmenter l’impôt pour payer cette diminution et ils
vont donc anticiper en épargnant la baisse d’impôt actuelle afin d’être en mesure de payer la hausse à
venir. Cette tendance se remarques surtout chez les riches puisqu’ils ont moins d’intérêts de dépenser
immédiatement étant donné qu’ils ont l’habitude de dépenser bcp.

Les économistes estiment que le multiplicateur d’impôt varie entre 0 et 2 selon le niveau de consommation et
les anticipations de hausse d’impôts.

D. Les politiques budgétaires ciblant directement le marché du travail :

Lorsque de nombreux travailleurs perdent leur emploi et se retrouvent au chômage, les gouvernements vont
adopter des politiques afin d’atténuer les conséquences néfastes de telles situations.

89
o L’assurance-emploi et assurance-chômage :

Par exemple, le gouvernement pourrait augmenter la période d’admissibilité au programme d’assurance


emploie lors d’une récession. Cela atténuerait les difficultés des chômeurs en leur donnant plus de temps
pour trouver un emploi qui correspond à leurs compétences.

Cependant, cette mesure réduit la nécessité de trouver un emploi rapidement et comme certains ont
tendance à profiter du système, cela pourrait augmenter le taux de chômage naturel. De plus, ce
déplacement de la courbe d’offre du travail vers la gauche réduira l’emploi (toutes choses égales par ailleurs).

Par contre en augmentant le revenu des chômeurs, la prolongation de la période d’admissibilité des
chômeurs soutient les dépenses des ménages et donc la courbe de demande du travail vers la droite.

Compte tenu de tout cela, on comprend que la prolongation a un effet assez limité sur l’emploi et sur le PIB.
Cependant, à court terme, cela reste une bonne mesure.

o Les subventions aux salaires :

Subventionner les salaires durant une récession


permettrait de créer de l’emploi. Comme on peut le
voir sur le graphique, les subventions salaires sont
adéquates lorsque les mesures monétaires et
budgétaires traditionnelles sont peu efficaces contre le
chômage.

E. Le gaspillage de fonds publics et les délais de la transmission de la politique économique :

Il arrive souvent que les administrations financent des projets inefficaces uniquement pour gagner en popularité.
Les dépenses publiques souffrent encore plus lorsque des centaines de milliards d’€ doivent être dépensés
rapidement. On parle de gaspillage de fonds publics. De plus, la plupart des projets qui ont un rendement social
élevé sont déjà financés et cela augmente la probabilité qu’un nouveau projet ne soit pas socialement
souhaitable.

Le délai de transmission entre le moment où on adopte les politiques et le moment où on les applique peut aussi
réduire leur efficacité.

Mais malgré cela, les mesures fondées sur des politiques liées aux dépenses publiques restent des stratégies
utiles.

5. Les politiques à la frontière du monétaire et du budgétaire :

Certaines politiques contracycliques combinent des effets monétaires et budgétaires. Comme par exemple, les
dépenses publiques sui visent à influer sur l’offre du crédit.

Ex. en EU :

- Renflouement de la BEI
- Bad Banks

90
MACROÉCONOMIE – CHAPITRE 14 :
La macroéconomie et le commerce international

1. Notions clés :
 Le commerce international permet aux pays de se concentrer sur les activités pour lesquelles ils détiennent
un avantage comparatif.
 La Belgique a un avantage comparatif dans le secteur des produits minéraux et dans le secteur des
machines/appareils.
 Le compte courant englobe les flux internationaux des exportations, des importations, des paiements de
revenus de facteurs et des transferts.
 Si son compte courant est déficitaire, un pays donne des reconnaissances de dette financière à ses
partenaires commerciaux. Si son compte courant est excédentaire, un pays reçoit des reconnaissances de
dettes financières.
 Au cours des dernières décennies, l’économie s’est mondialisée.
 Les termes de l’échange indiquent le rapport entre l’indice de prix des exportations et celui des
importations. Ils servent à déterminer combien de B&S un pays peut importer en faisant appel uniquement
aux recettes générées par ses exportations.

2. Pourquoi et comment réalise-t-on des échanges de B&S ?

Que ce soit au sein d’un pays ou entre plusieurs pays, le commerce améliore la qualité de vie des habitants en
augmentant l’efficacité de la production et l’efficacité de l’économie mondiale.

Le commerce exploite les gains de la spécialisation, c’est-à-dire les gains économiques que la société réalise
lorsque des travailleurs se spécialisent dans des activités de production particulières où ils détiennent un
avantage comparatif. En effet, dans les économies modernes, les B&S sont produits par des particuliers qui se
spécialisent dans la production de ces B&S.

Cette spécialisation permet de produire plus que si chacun d’entre nous produisait tout type de B&S.

A. Économie fermée vs. Économie ouverte :

Un pays qui ne commerce avec aucun autre pays est une économie fermée. Au contraire, une économie ouverte
permet le commerce international, lequel représente importante du PIB de la plupart des pays.

B. Avantage absolu et avantage comparatif :

Un producteur a un avantage absolu dans la production d’un B&S s’il peut produire davantage d’unités par heure
que les autres producteurs.

Un producteur a un avantage comparatif dans la production d’un B&S quand le coût d’opportunité d’une unité
produite par lui est inférieur au coût d’opportunité d’une unité produite par d’autres producteurs.

Pour rappel : le coût d’opportunité répond à la question : « A combien d’unités de X faut-il renoncer pour
produire une unité de Y ? ». On doit donc utiliser l’avantage comparatif plutôt que l’avantage absolu pour
déterminer quel travailleur doit être affecté à une tache.

L’une des implications les plus puissantes de l’avantage comparatif est que les prix du marché amèneront
toujours les individus à choisir les métiers et les activités qui correspondent à leurs avantages comparatifs. Mais
sans commerce, personne ne pourrait profiter de l’avantage comparatif. Cela signifie que :
91
 Les gens ont tendance à choisir le métier qui le rapporterait le plus et le commerce permet de réaliser le
métier où l’on détient son avantage comparatif.

Exemple de Wout Van Aert : triple champion du monde de cyclo-cross entre 2016 et 2018 mais il se concentre de
plus en plus sur les courses sur routes au détriment du cyclo-cross.

Qui a un avantage absolu en course sur route et qui a un avantage


absolu en cyclo-cross ? et quid des avantages comparatifs ?
WVA a un avantage absolu dans les 2 sports : il remporte le plus de
courses dans les 2 sports.

Pour déterminer les av comparatifs, on doit calculer les coûts d’opportunité :


 Wout Van Aert renonce à 20 victoires en cyclo-cross pour remporter 5 courses en cyclisme sur route :
20/5 = 4 victoires en cyclo-cross/victoire en cyclisme sur route
 Wout Van Aert renonce à 5 victoires en cyclisme sur route pour remporter 20 courses en cyclo-cross :
5/20 = 0,25 victoires en cyclisme sur route/victoire en cyclo-cross
 Toon Aerts renonce à 10 victoires en cyclo-cross pour remporter 1 victoire en cyclisme sur route :
10/1 = 10 victoires en cyclo-cross/victoire en cyclisme sur route
 Toon Aerts renonce à 1 victoires en cyclisme sur route pour remporter 10 victoires en cyclo-cross :
1/10 = 0,1 victoire en cyclisme sur route/victoire en cyclo-cross

Pourquoi WVA se spécialise en cyclisme sur route et TA en cyclo-cross ? à cause des prix du marché qui les
poussent.

C. L’avantage comparatif et le commerce international :

Un bien est souvent composé de plusieurs matières premières ou produits semi-finis qui viennent du monde
entier. La spécialisation est à l’origine de cette multiplication des lieux de conception et de production.

Supposons que les salaires des 2 économies correspondent à la valeur ajoutée qu’ils génèrent. La valeur ajoutée
et les prix du marché ne peuvent donc pas être tels que les travailleurs de plusieurs pays génèrent tous une plus
grande valeur ajoutée dans l’assemblage d’un produit ou dans la conception de ce produit. Sinon l’économie
mondiale ne pourrait pas produire à la fois les deux.

D. L’efficacité : gagnants et perdants du commerce international

En exploitant l’avantage comparatif, le commerce international accroît l’efficacité de l’économie mondiale . Les
B&S sont vendus moins chers, ce qui est bénéfique pour les consommateurs. Les exportateurs sont gagnant car
ils ont une demande plus forte grâce au commerce et pourront vendre à des prix plus avantageux. De plus, les
individus et entreprises vont recevoir des paiements venant des brevets ainsi que de la distribution et de la vente
au détail de ces items.

Mais même s’il permet une allocation des ressources plus efficaces et des gains potentiels pour l’ensemble de la
société, le commerce international ne fait pas que des gagnants. Les producteurs locaux sont perdants puisqu’ils
sont exposés à la concurrence de produits importés moins coûteux.

En Belgique, certains travailleurs moins qualifiés perdent leur emploi à cause du commerce international ; car
d’autres personnes peuvent réaliser ce même travail pour moins cher. Il faut donc envisager des politiques de
redistribution des gains.

92
E. Barrières commerciales :

Parce que le commerce international crée des gagnants mais aussi des perdants, la plupart des pays imposent
des barrières commerciales comme les tarifs douaniers.

Dans les pays développés, ces frais sont généralement bas mais ils peuvent être plutôt élevés en agriculture.
Alors que dans les pays en développement utilisent les tarifs douaniers comme source de revenu parce qu’ils ne
disposent pas de systèmes fiscaux adéquats et qu’il leur est plus facile de taxer l’importation qu’une activité
économique intérieure. Les frais de douanes y seront plus élevés aussi pour protéger leurs producteurs
nationaux.

Cette protection dont jouissent les industries d’un pays se fait au détriment des consommateurs car ceux-ci vont
payer plus cher ces B&S qui ne sont pas exposés à la concurrence. Les pays peuvent aussi utiliser des standards
techniques pour limiter les importations (≠standards d’émission de CO2).

3. La composition des échanges internationaux :

On peut facilement estimer le degré d’ouverture d’une économie au


commerce international :

 Rapport entre exportations et PIB (bleu) : Ex/PIB


 Rapport entre importations et PIB (orange) : Imp/PIB

Ex : La Belgique va exporter plus dans les secteurs des produits minéraux et des machines, alors que ses
importations se concentrent davantage dans les secteurs des produits chimiques, des plastiques et des produits
alimentaires.

En d’autres mots, la Belgique a un avantage comparatif dans le secteur produits minéraux ainsi que dans le
secteur des machines et appareils. En effet, quand un pays exporte plus que ce qu’il importe dans un secteur, il
détient un avantage comparatif. Et généralement, un grand pays a moins besoin de commercer qu’un petit pays.

4. La balance des paiements internationaux : compte courant et compte capital-financier

Il n’est pas nécessaire de vendre autant de B&S aux personnes à qui on achète des B&S. Le commerce bilatéral
est rarement équilibré. Sur le long terme cela est inquiétant car le pays qui importe peut devenir dépendant des
exportations de l’autre. De plus, d’un point de vue financier, si on importe toujours plus que ce qu’on exporte, on
aura un déficit continuel sur le LT avec le pays, et ça peut poser problème.

En 2017, la Belgique a exporté pour 396 milliards € de biens et services alors que ses importations se sont chiffrées à 393
milliards €. Son commerce international se fait avec de nombreux pays, mais les pays de l’Union européenne sont de loin ses
plus importants partenaire commerciaux (±70 %).
En 2016, les importations de biens et services en provenance de Chine se chiffraient à 14,5 milliards €, alors que les
exportations belges de biens vers la Chine atteignaient seulement 6,9 milliards €. Les importations de services en provenance
de Chine sont moindres (523 millions €) que les exportations de service vers la Chine (777 millions €). Vis-à-vis de la Chine, la
Belgique a donc un avantage comparatif dans la production de services et un désavantage comparatif dans la production de
biens.

A. Déficits et excédents commerciaux :

Les exportations nettes (ou balance commerciale) sont les exportations moins les importations : EX − IM.
 Si la balance commerciale d’un pays est positive (EX > IM), on parle d’un excédent commercial.
 Si la balance commerciale d’un pays est négative (EX < IM), on parle d’un déficit commercial.
93
B. Les flux financiers internationaux :

Le système des comptes internationaux repose sur le concept de résidence (et non sur le concept de
citoyenneté). Deux types de paiements sont à envisager :

o Paiements de revenus provenant de non-résidents :


Les résidents peuvent recevoir des paiements de l’étranger (non-résidents) pour 3 raisons :
 Recevoir des paiements pour la vente de biens : exportations.
 Recevoir des revenus provenant d’actifs qu’ils possèdent à l’étranger : on parle de revenus de
facteurs (de production) payés par des non-résidents.
Ex. : investir dans du capital étranger, les dividendes que l’on recevra sont des revenus de facteurs payés des
non-résidents.
 Recevoir des transferts provenant de non-résidents ou de gouvernements étrangers : on parle de
transferts provenant de non-résidents.
Ex. : je reçois de l’argent envoyé par ma famille vivant à l’étranger.

o Paiements de revenus aux non-résidents :


Les résidents peuvent faire des paiements à l’étranger pour 3 raisons :
 Faire des paiements aux non-résidents pour l’achat de biens : importations.
 Payer des revenus sur des actifs que des non-résidents possède dans le pays : on parle de revenus
de facteurs payés de non-résidents.
 Faire des transferts à des non-résidents où à des gouvernements étrangers : on parle de transferts à
des non-résidents.
Ex. : argent que j’envoie à ma famille vivant à l’étranger.

C. Fonctionnement du compte courant et du compta capital-financier :

Le compte courant additionne les divers types de paiements faits par des non-résidents à des résidents. Il fait la
somme des exportations nettes, des revenus de facteurs nets provenant de l’étranger et des transferts nets des
non-résidents aux résidents.

Pour chaque élément, on additionne les paiements reçus des non-résidents (+) et les paiements envoyés aux
non-résidents (-) :

 Compte courant : flux nets des paiements faits par des non-résidents à des résidents.

Le compte capital et financier reprend l’augmentation des actifs au pays détenus par des non-résidents diminué
de l’augmentation des actifs étrangers détenus par des résidents. Autrement dit, il enregistre les achats d’actifs
que les résidents font auprès de non-résidents et que les non-résidents font auprès de résidents.

94
Notons qu’il est conçu et défini de manière que ses flux nets compensent les flux nets du compte courant.

 Compte capital-financier est la contrepartie du compte courant :


Compte courant + compte capital financier = 0

Ex. : compte courant et compta capital financier de la


Belgique en 2016

Explications :
Les non-résidents ont reçu 1670€ de paiements nets, ce
qui correspond à un déficit de compte courant de 1670€.
Le compte capital et financier, lui, indique que les
résidents ont cédé aux non-résidents des actifs d’une
valeur de 1670€.

Un déficit du compte courant signifie qu’un pays a dépensé plus que ce qu’il a gagné. Il doit donc fiancer ce
déficit en trouvant un moyen de financer ce supplément de dépenses. Il obtient ce financement soit en vendant
des actifs qu’il possède à des non-résidents, soit en empruntant des fonds à des non-résidents.

Par conséquent, les déficits du compte courant doivent correspondre aux flux nets du compte capital et financier.
L’excédent du compte capital et financier accroit la dette étrangère du pays.

Un pays qui exporte systématiquement plus que ce qu’il importe va obtenir de + en + de droits et d’actifs à
l’étranger. Et inversement, si on importe plus, les étrangers vont obtenir plus de droits chez nous.

5. Les termes de l’échange :

On appelle termes de l’échange le rapport entre l’indice de prix des exportations et celui des importations. Ils
servent à déterminer combien de B&S un pays peut importer au moyen des recettes générées par ses
exportations.

A. Amélioration ou détérioration des termes de l’échange :

Lorsque l’indice augmente on dit qu’il y a amélioration des termes de l’échange, sinon il y a détérioration des
termes de l’échange.

 Si le prix moyen des exportations augmente plus par rapport au prix moyen des importations, le pays
pourra importer davantage de B&S avec le même volume d’exportations vendues puisqu’elles me
rapportent plus (amélioration des termes de l’échange).
 Et inversement si les termes de l’échange diminuent, ce qui signifie que les prix des exportations a plus
diminué que le prix des importations, le pays pourra importer moins.

Dans quelles circonstances les termes de l’échange s’améliorent-ils en Belgique ?


Quand les produits pour lesquels la Belgique est un exportateur net (av comparatif) augmentent en prix OU
quand les produits pour lesquels la Belgique est un importateur net diminuent en prix.

B. Le mal hollandais :

Le mal hollandais décrit la baisse d’activité du secteur manufacturier qui résulte de l’exportations des ressources
naturelles d’un pays. Autrement dit, c’est un processus sain par lequel un pays adapte sa structure industrielle
pour tirer le plus de revenus possibles du secteur des ressources naturelles au détriment du secteur
manufacturier (hyperspécialisation). Cette situation se présente évidemment surtout dans les pays qui ont des
ressources assez importantes.
95
Le problème est que les ressources naturelles sont épuisables sur le long terme et une fois utilisées, le pays qui
aura concentré son économie dans cette activité n’aura tout simplement plus d’économie.

6. À l’épreuve des faits :

Les entreprises comme Nike nuisent-elles à des travailleurs du Vietnam ?

Les travailleurs et travailleuses du Vietnam qui fabriquent les chaussures sport Nike reçoivent des salaires
extrêmement bas et travaillent dans des conditions très en deçà des normes de santé et de sécurité des pays
développés. Néanmoins, pour la plupart d’entre eux, la seule autre source de revenu serait le travail dans le
secteur agricole, où les salaires sont encore plus bas et les conditions de travail encore pires.

Sous-payer des personnes dans un pays en voie de développement n’est pas spécialement négatif car c’est
favorable au développement économique. Il faut cependant faire attention à l’hyperspécialisation qui pourrait
engendrer une dépendance (cfr mal hollandais).

96
MACROÉCONOMIE – CHAPITRE 15 :
La macroéconomie en économie ouverte

1. Notions clés :
 Le taux de change nominal est le nombre d’unités d’une devise étrangère qu’on peut acheter avec une
unité de devise nationale.
 Dans un régime de change flexible (ou flottant), l’offre et la demande déterminent le taux de change
nominal sur le marché des changes.
 Les taux de change fixes ou administrés sont fixés par le gouvernement.
 Le taux de change réel est le prix d’un panier de B&S produit dans un pays par rapport à un panier
semblable produit à l’étranger (prix exprimé dans une devise commune). Comme il s’agit d’un prix relatif
celui des B&S produit dans un pays par rapport à ceux de l’étranger), c’est le taux de change réel qui influe
sur les exportations nettes d’un pays.
 Une baisse des exportations nettes réduit la demande de travail et le PIB, et peut causer du chômage.

2. Les taux de change :


A. Le taux de change nominal :

C’est le prix de la devise d’un pays en unité de la devise d’un autre pays. Plus précisément, le taux de change
nominal est le nombre d’unités d’une devise étrangère qu’on peut acheter avec une unité de devise nationale. Il
est parfois simplement appelé taux de change.

On le calcule via la formule :

Plus la valeur de e est élevée, plus on pourra acheter d’unité d’une devise étrangère avec 1€.

 Quand ce taux de change nominal augmente, on dit que la devise nationale s’apprécie.
 Quand ce taux de change nominal diminue, on dit que la devise nationale se déprécie.

Attention : L’appréciation d’une devise ne se fait jamais dans l’absolu, une devise s’apprécie toujours PAR
RAPPORT à une autre mais il y a un taux de change nominal par paire de devise.

On peut aussi exprimer le taux de change nominal à l’envers, comme le prix d’une unité de devise étrangère en
devise nationale :

Si on a le prix d’un bien en une certaine devise Y, comment le transformer en notre devise nationale X ?

Prix en X = Prix en Y * X/Y  Prix en X = Prix en Y * 1/e

97
B. Les taux de change fixes, flexibles et administrés :
o Un pays a un taux de change flexible ou flottant quand le taux varie sans interventions gouvernementale, ou
presque. Chaque jour, il augmente ou diminue en fonction des forces du marché.
o Un pays a un taux de change administré lorsque le gouvernement influe sur les variations du taux sans pour
autant en fixer la valeur (cas intermédiaire).
o Un pays a un taux de change fixe lorsque le gouvernement établit la valeur du taux de change et intervient
pour la maintenir à la valeur fixée.

3. Le marché des changes :


Le marché des changes est le marché financier mondial où s’échangent les devises et où se déterminent les taux
de change nominaux. La taille de ce marché est phénoménale puisqu’en 2013, une valeur moyenne de 5345 G$
US par jour a été échangée sur le marché des changes.

Comment expliquer cela ? Dans les faits, la demande (et donc aussi l’offre) de devises sur le marché des changes
est une demande (ou une offre) intermédiaire. Cela signifie que la plupart des négociants qui demandent (ou
offrent) une devise sur le marché des changes ne le font qu’en fonction d’une autre demande. Ainsi, les objectifs
fondamentaux du négociant qui demandent une devise seront :

· D’acheter des biens et services dans cette devise sur le marché international ;
· De convertir dans sa propre devise des revenus qui ont été générés à l’étranger ;
· D’acheter un actif étranger ;
· De spéculer sur les variations de taux de change pour faire un profit.

Puisque toute transaction transfrontalière, qu’elle soit de nature réelle, financière ou spéculative, implique
presque systématiquement un échange de devises à un moment ou un autre, ce marché atteint nécessairement
une taille considérable.

Malgré cela, le modèle de l’offre et de la demande s’applique très bien au marché des changes puisqu’il est
compétitif et très liquide. Il y a un marché pour chaque paire de devises :

 Le prix est le taux de change e.


 La quantité est le montant de devise transigées.
Et comme pour les autres marchés, les courbes d’offre et de demande déterminent le prix d’équilibre, qui est le
taux de change d’équilibre sur le marché des changes.

Par ex., la courbe de demande représente des


négociants qui veulent acheter des euros sur
le marché des changes avec des yuans
chinois.

La courbe d’offre représente des négociants


qui veulent vendre des euros sur le marché
des changes pour obtenir des yuans chinois.

98
Dans un régime de taux de change flexible, le taux de change est déterminé par
l’équilibre du marché des changes. Il correspond donc au taux de change e* qui
égalise la quantité offerte et la quantité demandée d’euros (intersection des
courbes d’offre et de demande).

Imaginons une demande accrue pour certains biens en Chine, cela va entrainer
une appréciation de l’euro par rapport au yuan chinois, ce qui signifie que le yuan chinois va se déprécier par
rapport à l’euro.

A. Comment les gouvernements interviennent-ils sur le marché des changes ?

Comment s’établit l’équilibre lorsque le taux de change n’est pas flexible ? Sous un régime de taux de change
administré ou fixe, le gouvernement annonce une valeur cible (e fixe) et il va tenter d’influer sur cette valeur. Il doit
donc être prêt à vendre ou à acheter sa devise dès que le taux de change d’équilibre s’éloigne de cette valeur
cible.

La simple annonce d’un taux de change cible a peu ou pas d’effet sur le taux de change qui s’établit sur le
marché des changes.

B. Maintenir un taux de change surévalué :

Le graphe suivant peut laisser croire qu’il est facile de maintenir un taux fixe.

Les autorités chinoises ont acheté les dollars américains excédentaires sur le
marché des changes et se sont ainsi constitué des réserves dans cette
devise. En échange, elles ont offert la quantité nécessaire de yuan au taux de
change fixé. Cette opération est relativement simple à réaliser pour un pays
« monétairement souverain » car il a le droit d’imprimer ou de créer
électroniquement autant d’unités de leur devise qu’il le souhaite.

Cependant, il n’est pas aussi facile de maintenir un taux de change lorsque votre monnaie est surévaluée. Les
pays tentent parfois de fixer leur taux de change à un niveau qui surévalue leur propre monnaie.

Pour comprendre prenons l’exemple du Mexique et analysons le taux de change pesos mexicain-dollar américain
en respectant la convention voulant que le taux de change se mesure en pesos/dollar. Pourquoi le gouvernement
mexicain souhaiterait-il un peso mexicain surévalué et un dollar américain sous-évalué ?

La plupart des pays empruntent régulièrement des fonds à des pays étrangers. Etant donné l’instabilité relative de
la devise des pays en développement comme le Mexique, il n’est pas rare que ces prêts internationaux se fassent
en dollar. Les emprunteurs mexicains reçoivent donc des dollars quand ils contractent des prêts et, lorsque ces
prêts arrivent à terme ils les remboursent en dollars et non en pesos.

99
Pour prendre un exemple chiffré, disons que le gouvernement mexicain doit 1G$ à des banques américaines. Si le
taux de change pesos-dollar est de 10, ce qui signifie qu’il faut 10 pesos pour acheter un dollar, le gouvernement
mexicain a besoin de 10G$ MX pour rembourser sa dette. Supposons maintenant qu’à un taux de change de 10$
MX par dollar, le peso mexicain est surévalué (et le dollar sous-évalué), et que le prix d’équilibre du marché dans
un régime de change flexible est plutôt de 20$ MX par dollar (le peso vaut moins qu’on ne le pense donc il en
faut plus pour acheter 1 dollar).

Qu’arrive-t-il si le gouvernement mexicain permet à son peso surévalué de se déprécier (donc d’atteindre la
valeur qu’il a vraiment soit 20 pesos/1 dollar)? Le gouvernement mexicain doit maintenant payer 20G$ MX plutôt
que 10G$ MX pour rembourser sa dette qui est toujours de 1G$ US. Permettre au peso mexicain de se déprécier,
et donc au dollar américain de s’apprécier, a soudainement doublé le nombre de pesos nécessaires pour
rembourser la dette en dollars américains du gouvernement mexicain. Une dépréciation du peso peut donc
mettre énormément de pression sur les finances publiques mexicaines et placer les autorités dans une situation
embarrassante.

Malgré cela, le Mexique a certains avantages à surévaluer sa devise. Ainsi cela réduit le cout en pesos mexicains
que paient les consommateurs mexicains pour importer des marchandises provenant des USA. En gardant son
peso surévalué, le gouvernement mexicain peut donc maintenir des prix bas et un taux d’inflation faible.

De plus, la dépréciation d’une monnaie est souvent perçue comme un échec des politiques gouvernementales,
un signe de faiblesse du gouvernement ou du pays. Cette dépréciation peut être problématique pour les
politiciens des pays démocratiques, ce qui explique la politique du « dollar fort » pratiquée par le département du
Trésor des USA.

Un taux de change surévalué peut être soutenu tant que le pays


dispose des réserves en devises nécessaires mais pas indéfiniment. Si le
taux de change peso-dollar est trop faible par rapport au taux de
change que dictent l’offre et la demande, la demande de dollars
américains reste excédentaire et continuera à drainer les réserves de
dollars américains des autorités mexicaines qui s’efforcent de maintenir
le peso surévalué.

Comme sur les autres marchés, les forces du marché exercent une pression sur le marché du change en
ramenant les prix à l’équilibre quoi que le gouvernement tente de faire. Mais dans certaines situation cette
pression peut avoir des répercussions explosives.

4. Le taux de change réel et les exportations :


Jusqu’ici, on a mis l’accent sur le taux de change nominal, c’est-à-dire le taux de change qui égalise la quantité
offerte et la quantité demandée de devises sur le marché des changes. Cependant, c’est le taux de change réel
qui est crucial pour la macroéconomie et le commerce.

A. Du taux de change nominal au taux de change réel :

Par exemple, lorsque les importateurs belges comparent le coût d’un bien produit en Chine et en Belgique dans
la même devise :

 Si ce ratio est supérieur à 1, le bien dans notre pays est plus cher que ce même bien en Chine, et on se
fournira pour ce bien dans cet autre pays (importation).
 Si ce ratio est inférieur à 1, le bien en question est moins cher chez nous, on se fournira donc chez des
fournisseurs du pays étranger.

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En général, ce ratio résume deux types d’informations : les prix des biens dans leur monnaie nationales
respectives et le taux de change X→Y qui permet de convertir en devise X un bien en devise Y.

Pour calculer le prix d’un produit chinois en devise de notre pays, il faut utiliser cette équation, comme vu
précédemment :

En réunissant ces données, le ratio initial s’écrit :

Comme ce ratio est au cœur des décisions d’approvisionnement de chaque entreprise, les économistes
l’appellent le taux de change réel. C’est le rapport entre le prix en € d’un panier de B&S belge divisé par le prix du
même panier de B&S à l’étranger :

B. Le comouvement des taux de change nominal et réel :

L’équation précédente montre que le taux de change réel dépend en


partie du taux de change nominal et du rapport entre les pris d’un pays
X et d’un autre pays Y. Si les prix dans le pays X et dans le pays Y ne
subissent pas une variation du taux de change nominal, le taux de
change réel devrait varier dans la même proportion que le taux de
change nominal. C’est ce qui semble se produire à court terme.

Toutefois, on n’observe pas la même chose que l’on observe à long terme. En effet ce graphique montre que les
taux de change nominal (bleu) et réel (orange) finiront par s’apprécier et se déprécier conjointement.

Cependant, ce graphique montre aussi qu’il y a des mouvements du taux de change réel qui ne sont pas associés
à des variations de taux de change nominal (années 80). Lorsque les devises flottent et que les taux d’inflation
sont modestes, la plupart des variations du taux de change réel s’expliquent par l’évolution du taux de change
nominal, et non par la dynamique des taux d’inflation.

C. Le taux de change réel et les exportations nettes :

Qu’est-ce qui arrive aux exportations belges vers la Chine (et aux exportations chinoises vers la Belgique) quand
le taux de change réel augmente ou diminue ?

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On sait que : Exportations NETTES = EX – IM

Ce graphique illustre la courbe des exportations nettes XN(E) qui


représente la relation entre les exportations nettes et le taux de
change réel.

La pente est négative parce que, quand le taux de change réel yuan-
euros s’apprécie (ce qui suppose une valeur E plus élevée), les
exportations belges vers la Chine tendent à diminuer, et les
importations belges en provenance de Chine tendent à augmenter.

Une autre information importante ressort de ce graphe : il y a un taux


de change réel (E*) auquel les exportations nettes sont égales à 0.

 Lorsque le taux de change réel est au-dessus de E*, les exportations nettes sont négatives = déficit
commercial.
 Lorsque le taux de change réel est en-deçà de E*, les exportations nettes sont positives = excédent
commercial.

Le taux de change réel ne peut généralement pas rester au-dessus de E*, parce que les déficits commerciaux
importants et persistants peuvent amener un pays à s’endetter auprès de ses partenaires commerciaux
internationaux. Tôt ou tard, ces pays étrangers craindront que ce pays ne soit plus en mesure de remplir leurs
engagements et ils commenceront à délaisser les actifs belges sur les marchés mondiaux, ce qui entrainera une
dépréciation du taux de change nominal de l’euro qui passera de E à E*.

5. Le PIB dans une économie ouverte :


On va maintenant analyser les conséquences macroéconomiques des variations du taux de change réel. Pour
comprendre les conséquences de cette variation, revenons à l’identité des comptes économiques nationaux
étudiée au chapitre 5 :

Y = C + I + G + EX−IM

L’appréciation du taux de change réel qui réduit les exportations nettes fait donc baisser le PIB.

Pour illustrer la réaction du PIB aux variations des exportations nettes, supposons que le dollar canadien
s’apprécie et que les exportations nettes déclinent.

La demande étrangère de certains produits belges va diminuer parce que l’appréciation de l’euro a rendu les
produits belges plus chers pour les étrangers. Cette diminution de la demande va déplacer vers la gauche la
courbe de demande du travail des producteurs dans ce secteur d’activité. Le déplacement vers la gauche de la
courbe de demande de travail causé par l’appréciation du dollar se traduira par une baisse de l’emploi et crée
une nouvelle cohorte de travailleurs au chômage.

On doit aussi tenir compte des effets multiplicateurs étudiés au chapitre 12. Ainsi, les pertes d’emplois dans une
industrie exportatrice entraînent du chômage, et les nouveaux chômeurs réduisent leur consommation, ce qui
nuit à d’autres industries. Les effets multiplicateurs d’une baisse des exportations nettes peuvent donc entraîner
une contraction de l’économie plus importante que prévue par le seul effet direct de cette baisse des
exportations nettes.

A. Taux d’intérêt, taux de change et exportations nettes :

Partons du taux de change réel E1, comme sur le graphe précédent et supposons qu’une politique monétaire
expansionniste fait baisser le taux d’intérêt au pays. Cette baisse pousse les étrangers à réduire leurs avoirs en
euros (rendement moins avantageux pour eux). Mais, pour ce faire, ils doivent les échanger contre des dollars
canadiens ou des dollar américains, par exemple, ce qui accroit l’offre d’euros.
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Sur le marché des changes, l’offre accrue d’euros déplace la courbe d’offre des euros vers la droite. Comme le
taux de change belge est flottant, cette offre accrue d’euros entraine une dépréciation de l’euro par rapport au
dollar canadien ou au dollar américain.

Sur le graphique, cette dépréciation se traduit par une baisse du taux de change réel, disons de E1 à E*, ce qui fait
grimper les exportations nettes de XN1 < 0 à XN = 0.

 En résumé, une politique monétaire expansionniste diminuant les taux d’intérêts belges entraine une
dépréciation de l’euro, une baisse du taux de change réel et une augmentation des exportations nettes
belges, toutes choses égales par ailleurs.

Une politique monétaire restrictive aura évidemment l’effet inverse. Si la banque de Belgique relève le taux
d’intérêt du pays, cela rend les actifs en euros plus avantageux, ce qui pousse les étrangers à s’en procurer
davantage. L’augmentation des achats d’actifs en euros déplace la courbe de demande d’euros vers la droite, ce
qui entraine une appréciation du taux de change nominal d’équilibre, de sorte que le taux de change réel
s’apprécie également, et que les exportations nettes diminuent.

 En résumé une politique monétaire restrictive augmentant les taux d’intérêts belges entraine une
appréciation de l’euro, une augmentation du taux de change nominal d’équilibre ainsi que du taux de
change réel, ce qui diminue les exportations nettes, toute choses égales par ailleurs.

En résumé, la banque de n’importe quel pays peut accroitre les exportations nettes en abaissant les taux
d’intérêt du pays, ou elle peut réduire les exportations nettes en haussant les taux d’intérêt du pays.

B. Retour sur le mercredi noir :

L’économie britannique au début des années 90 tournait au ralenti à cause de la surévaluation de sa devise. En
effet, elle se situait au taux de change réel E1 (>E*) sur la courbe des exportations nettes et le niveau d’emploi
correspondait à L1 sur le graphique ci-dessous.

Pourquoi les autorités britanniques


pensaient-elles pouvoir soutenir la livre
malgré la surévaluation ? Ils pensaient
que cette surévaluation était passagère.

L’optimisme des autorités britanniques


n’était pas entièrement infondé. Nous
avons déjà montré comment la baisse du
taux de change nominal peut éliminer la
surévaluation d’une devise. Il existe
toutefois une autre solution, que le pays
ait ou non un régime de change flexible.

A cause de la baisse des exportations nettes, les entreprises nationales auraient pu réduire leurs prix pour devenir
plus concurrentielles sur le marché mondial. Ce geste aurait dû réduire le ratio des prix nationaux au prix
étrangers, ce qui aurait abaissé le taux de change réel du Royaume-Uni. Rappelons que le taux de change réel
est :

Une baisse du ratio des prix nationaux par rapport aux prix étrangers (si e reste fixe) se serait donc traduite par
une dépréciation du taux de change réel, et donc par un accroissement des exportations nettes, par une
augmentation de la demande de travail et par une hausse du PIB.

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En 1992, les autorités britanniques ont donc anticipé une baisse des prix britanniques par rapport au prix de leurs
partenaires commerciaux, ce qui aurait dû éliminé la surévaluation de la livre sterling et favoriser les exportations
nettes britanniques. Cependant, de telles variations des prix mettent beaucoup de temps à se produire, ce que les
autorités britanniques n’ont pas réalisé tout de suite. Quand elles l’ont compris, la surévaluation de la livre sterling
avait déjà considérablement réduit les exportations nettes et entrainé une grave récession.

Le taux de change réel montrait peu de signes de dépréciation, et les réserves britanniques de devises étrangères
s’épuisaient, la table était mise pour le Mercredi noir et pour la forte dépréciation du taux de change nominal de
la livre sterling qui s’ensuivit.

Conformément aux modèles présentés dans ce chapitre, la dépréciation de la devise britannique en ce Mercredi
noir a abaissé le taux de change réel de la livre, accru les exportations nettes britanniques et augmenté d’autant
le PIB. En fait, après le Mercredi noir, l’économie britannique s’est si bien portée (taux d’accroissement annuel de
3,6%) que certains consommateurs se sont mis à appeler la journée où Soros a fait sauter la banque d’Angleterre
le « Mercredi Blanc ». Le régime de change fixe semble avoir été préjudiciable à l’économie britannique, et laisser
les forces du marché déterminer le cours de la livre s’est finalement révélé être la meilleure politique.

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