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ELEMENTS DE COMPTABILITE NATIONALE

La comptabilité nationale porte une attention particulière aux résidents,


c’est-à-dire aux agents présents sur le territoire national, sans considération de
nationalité. Elle est une représentation chiffrée du circuit économique que nous
avons présenté.
La comptabilité nationale est utilisée pour évaluer la performance
économique réalisée par un pays pendant une période donnée. La période la plus
utilisée est l’année mais les outils employés par la comptabilité nationale
permettent de calculer des résultats pour des durées différentes. L’évaluation des
performances économiques permet d’établir des comparaisons entre les différents
pays, et de mesurer l’évolution de ces performances au cours du temps. Cette
évaluation est mesurée par l’élaboration d’indicateurs synthétiques appelés
agrégats. Le principal d’entre eux est le produit intérieur brut (PIB). Un certain
nombre d’autres agrégats en dérivent.

1. Le produit intérieur brut (PIB)


Le PIB mesure le produit fabriqué par les facteurs de production situés dans
l’économie nationale, quelles que soient les personnes qui possèdent ces facteurs.
Autrement dit, il mesure les résultats de l’activité économique et donc la richesse
créée pendant un an. Le PIB se calcule en faisant, pour l’ensemble de l’économie,
la somme des valeurs ajoutées.
Celle-ci est l’augmentation de la valeur des biens qui résulte du processus de
production. On la calcule en retranchant de la valeur de la production de la firme
le coût des moyens de production qui ont été consommés dans l’acte de fabrication
du produit. Cette mesure ne tient pas compte de l’amortissement, elle est dite
« brute »
PIB = somme des valeurs ajoutées brutes des différentes branches de
l’économie + impôts liés à la production et à l’importation versés aux
administrations – subventions d’exploitation versées par les
administrations.
Pour mesurer l’évolution, on calcule un taux de croissance du PIB :

Taux de croissance du PIB entre les années t et t-1 = (PIBt - PIBt-1) / PIBt-1

On peut calculer également un PIB par habitant, en divisant le PIB par le


nombre d’habitants du pays. Ce PIB par habitant peut servir à prendre en compte
la croissance démographique et donner une meilleure approche du niveau de vie
d’une personne représentative. On considère généralement le PIB réel par tête. Ce
calcul favorise les comparaisons internationales.
On distingue, à l’intérieur du PIB, le PIB marchand et non marchand. Est
marchande toute production vendue à un prix qui couvre au moins les coûts de
production. Ainsi, tous les biens sont-ils considérés comme marchands (biens
alimentaires, vêtements, automobiles, etc.). Certains services le sont aussi, tels les
commerces, les assurances, les transports. L’addition de la production des biens
services marchands forme le PIB marchand.
Est non marchande toute production de services fournie gratuitement ou à
un prix inférieur à son coût de production (défense nationale, justice, police,
enseignement public, etc.), ou encore si l’unité produisant un service tire moins de
50 % de ses ressources de la prestation ou de la vente de ce service.

Avant de passer au revenu national, il faut tenir compte de l’amortissement


et définir le produit intérieur net (PIN) au prix du marché. D’une manière
générale, un agrégat est dit brut lorsqu’il comprend l’amortissement et net lorsque
ce dernier est retranché.
L’amortissement, ou consommation du capital fixe, mesure le taux auquel la
valeur du stock de capital existant diminue par période à cause de l’usure ou de
l’obsolescence.

2. Les autres agrégats


A partir du PIB, on détermine d’autres agrégats représentatifs de la richesse
nationale. Parmi ceux-ci : le PNB (produit national brut), le RN (revenu national) et
d’autres agrégats issus de la décomposition du PIB (épargne et investissement).

2.1. Le PNB (produit national brut)

Bien que l’agrégat représentatif de la production créée dans un pays soit le


PIB, certaines organisations internationales calculent toujours, pour effectuer des
comparaisons entre nations, le PNB. Jusqu’ici, nous avons vu que le PIB est calculé
comme le produit des unités résidentes sur le territoire national : cela signifie par
exemple qu’il prend en compte la production des entreprises détenues par des
étrangers mais présentes sur le territoire national ; à l’inverse, il ne tient pas
compte des entreprises nationales établies à l’étranger.

Le calcul du produit national brut (PNB) vise à prendre en compte le critère


de nationalité des produits ; il s’obtient en ajoutant au PIB le solde entre les
revenus du travail, de la propriété et de l’entreprise reçus du reste du monde et
les revenus de même nature versés au reste du monde.

Dans la plupart des pays développés, le PNB et le PIB sont très proches, mais
ce n’est pas le cas pour tous les pays. Dans les pays en développement, marqués
par la présence importante des entreprises étrangères sur le sol national, il existe
une différence significative entre ces deux agrégats.

PNB = PIB + revenus de facteurs en provenance du reste du monde –


revenus de facteurs versés au reste du monde.

2.2. Le revenu national (RN)


Le revenu national mesure l’ensemble des richesses produites en une année
qui vont représenter un revenu pour les agents économiques résidents. Il constitue
l’un des indicateurs les plus utilisés pour la détermination des niveaux de
développement d’un pays.
Revenu national (au prix du marché) = Produit intérieur net – revenus
de facteurs reçus du reste du monde nets des mêmes revenus versés au
reste du monde – impôts liés à la production et à l’importation versés au
reste du monde nets des subventions d’exploitation reçues du reste du
monde.
Une évaluation aux prix de marché, comme c’est le cas des agrégats cités
jusqu’à présent, comprend, outre les salaires, cotisations sociales, bénéfices
d’exploitation des entreprises, des impôts liés à la production et à l’importation
(impôts sur les biens et services) perçus par les administrations publiques. Ces
taxes n’étant évidemment pas des revenus de facteurs de production, il faut les
retrancher du revenu national au prix du marché.

3. Les limites de la mesure par le PIB


3.1. Le PIB, un indicateur imparfait

Le calcul du PIB entraîne une sous-évaluation de la production. En effet, la


comptabilité nationale ne prend pas en compte une partie de la production (travail
domestique et bénévole, économie souterraine, activités illicites,…).

La mesure de la production doit également permettre d’apprécier, en plus


de la croissance de l’économie, le bien-être collectif et individuel qui en résulte.
Or, le PIB ne rend pas bien compte de certaines réalités économiques ou
sociales (la croissance de la production ne réduit pas toujours chômage et
précarité ; les conséquences écologiques de l’activité économique sont négligées ;
la consommation de certaines productions (tabac ou alcool) peut être nocive.

3.2. L’indicateur de développement humain

Pour mieux mesurer le développement de chaque pays, l’ONU a mis au point


un indicateur de développement humain (IDH) élaboré à partir de trois éléments :
l’espérance de vie, le taux d’alphabétisation, le revenu national par habitant.
L’IDH est un outil de mesure commun aux différents pays pour rendre compte de la
dimension qualitative du progrès socio-économique.

4. Les grands équilibres économiques


La comptabilité nationale est un cadre comptable qui fournit nécessairement
des comptes équilibrés. Même s’il existe au départ des déséquilibres entre les
choix des agents économiques (par exemple, entre le montant de l’épargne et celui
de l’investissement), on obtient au bout du compte.

La comptabilité nationale présente deux équilibres fondamentaux


permettant de décrire les principaux enchaînements macroéconomiques.

4.1. L’équilibre emplois-ressources

Pour les opérations sur biens et services, l’équilibre emplois-ressources doit


toujours exister. Cette égalité fondamentale traduit l’équilibre, au niveau
macroéconomique entre :
- les ressources désignent les biens et services mis à la disposition de
l’économie d’un pays au cours d’une période (Production nationale : PIB, et
les importations de biens et services, notées M) ;

- les emplois que les agents économiques font de ces mêmes ressources
(consommation C, investissement FBCF, variation de stock VS, exportations X

Ressources disponibles Emplois disponibles


Production (PIB) Consommation finale (C)
Investissement (FBCF)
Importations (M) Variation de stock (VS)
Exportations (M)

PIB + M = C + FBCF + VS + M

L’équilibre comptable correspond alors à l’égalité des ressources et des


emplois dans l’économie durant une année. Il ne garantit pas l’équilibre
économique qui est plus difficile à réaliser car on ne connaît pas ex ante les
décisions des agents économiques. L’égalité comptable peut donc coexister avec
des déséquilibres économiques tels que chômage, inflation, déficits…

4.2. L’équilibre épargne-investissement

Dans le cas d’une économie fermée, l’offre globale de l’économie est la


production nationale (Y) ; celle-ci a deux utilisations : la consommation (C) et
l’investissement (I). Celui-ci peut être défini comme l’achat de nouveaux biens
d’équipement par les entreprises.

La production donne naissance aux revenus, distribués durant la même


période. Nous avons vu, lors de la présentation de l’économie sous forme de
circuit, que la valeur de la production correspond exactement à la valeur des
revenus distribués. Comme ces revenus sont soit consommés (C), soit épargnés (E).
L’épargne nationale (E) est égale alors à la différence entre le revenu
national (Y) et la consommation (C). Autrement dit, c’est la fraction du revenu qui
n’est pas dépensée pour acheter des biens et services. On a :
Y=C+E
Comme par ailleurs Y = C + I, on obtient I = E, on a donc : Y+M=C+I+X
Ou encore, en remplaçant Y par (C + E) : C+E+M=C+I+X
Soit : X – M = E - I

On comprend immédiatement que si la balance des transactions courantes


est déficitaire (X – M) < 0), alors (E < I). Ceci signifie que l’épargne générée dans le
pays est inférieure à l’épargne utilisée (épargne intérieure < aux besoins
d’investissement), c’est-à-dire ce pays doit « importer » de l’épargne venue de
l’étranger. On peut dire que ce pays « vit » sur l’épargne des autres.
Si, au contraire, X – M > 0, alors l’économie dégage davantage d’épargne que ce qui
est nécessaire pour investir, cette épargne peut être exportée.

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