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COURS DE COMPTABILITE NATIONALE

Sciences Economiques

Enseignant
K. SODOKIN/D. LAWSON

Année académique
2019-2020

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CHAPITRE 1. LES AGREGATS MACROECONOMIQUES

1.1 Définition et relation entre les différents agrégats

1.1.1 Définition des principaux « agrégats »

 les trois approches de calcule de la richesse produite


Le terme « agrégat » désigne une grandeur économique « agrégée ». Les
principales grandeurs agrégées, dont les valeurs sont données habituellement dans
les statistiques de chaque économie, portent sur les trois évaluations possibles
de la richesse économique.
Cette richesse peut d’abord se mesurer en termes de production de biens et de
services.
On parle alors de l’optique PRODUITS.
L’agrégat qui mesure la création de cette richesse au cours d’une période est
le PIB (Produit Intérieur Brut).
Cette richesse peut ensuite s’apprécier ensuite en termes de REVENUS.
Pour produire des biens et des services, les unités de production utilisent des
facteurs de production – travail et capital – et la richesse produite est redistribuée
sous forme de revenus (en monnaie ou en nature) aux divers agents économiques
qui ont assuré la fourniture des facteurs de production.
Divers agrégats peuvent être utilisés pour mesurer ces revenus :
 Le PNB (Produit National Brut) ;
 Le RNB (Revenu National Brut) ;
 Le RDB (Revenu Disponible Brut), etc.
Elle peut enfin se mesurer en termes de DEPENSES.
La richesse produite va être utilisées sous divers formes par ceux qui ont perçu
les revenus. Les agrégats de la dépense, ou de la DEMANDE, détaillent les
utilisations qui sont faites de la richesse produite. Cette richesse peut être
consommée, investie, exportée, etc.

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Ce sont ces trois approches de la richesse qui sont représentées sur le schéma 1.
Le schéma 2 présente ces trois modes d’évaluation pour la France en 2015.
 PIB = produit intérieur brut.
 VAB = valeur ajoutée brute.
 CF = consommation finale.
 FBCF = Formation brute de capital fixe (ou investissement brut).
 EBE = excédent brut d’exploitation (servant à la rémunération du capital).
 Revenus Mixtes = revenus qui sont à la fois des revenus du travail et du
capital pour les entreprises individuelles.
 Divers = acquisitions moins cessions d’objets de valeur.
 Solde Extérieur = export – import.

1.1.2. Les relations entre la richesse produite et les utilisations de cette


richesse : l’égalité Ressources =Emplois sur les biens et services
(Relation 1 sur le schéma 1)
Dans une économie, il est possible d’établir une égalité entre la richesse qui
apparait en « ressources » au cours d’une année et les utilisations possibles de
cette richesse qui apparaissent en « emplois ».
En ressources, on aura la production totale (PT) réalisée au cours de la période
qui correspond à tous les biens et services produits dans l’économie nationale, à
laquelle on ajoutera le montant des biens et services importés (Import).
RESSOURCES = PT + Importation
En emplois, apparaissent les diverses utilisations possibles des biens et services
au cours de la période choisie.
Les ressources peuvent être utilisées pour la production d’autres biens ou services.
On parle alors de Consommation intermédiaires (CI).
Elles peuvent être utilisées pour satisfaire les besoins des différents agents
économiques. On parle de Consommation Finale.
Elles peuvent être utilisées pour l’investissement. Il s’agit de la Formation Brute
de Capital Fixe (FBCF).
Une partie de cette richesse peut ne pas être utilisée au cours de la période et venir
accroitre les stocks de produits disponibles. On a alors une utilisation sous forme
de Variation des Stocks.
La richesse produite ou importée peut enfin être utilisée pour l’Exportation
(Export).
EMPLOIS = CI +CF + FBCF + Variation des stocks + Exportation
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Si on égalise les Ressources et les Emplois, on obtiendra une relation importante
pour apprécier la situation d’une économie.
PT + Import. = CI + CF + FBCF + Var. des Stocks + Export.
PT – CI = CF + FBCF + Var des Stocks + Export – Import.
La différence (PT – CI) correspond à la richesse produite et disponible dans
l’économie pour les utilisations énoncées à droite du signe égal. Cette richesse
nouvelle correspond au Produit Intérieur Brut (voir l’annexe 1).
PIB = CF + FBCF + Var. des stocks + Export – Import

En résumé
Le PIB correspond à la richesse créée au cours d’une
période (en général l’année) au sein d’une économie
nationale. Ce PIB est utilisé sous forme de consommation
finale, d’investissement (FBCF), de variation de stocks,
et d’exportations diminuées des importations.
Tableau 1 – Le poids de chaque composante de la demande dans le PIB.

*Sans « acquisitions moins cessions d’objets de valeurs = 0,6 milliard


Source : INSEE 2015, en milliards d’£.

Commentaire
La relation entre le PIB et les utilisations de ce dernier
sous forme de consommation finale, d’investissement
(FBCF + Variation des stocks) et de solde extérieur, est
particulièrement importante pour comprendre quel est le
poids de chacun des « moteurs » de la demande, dans la
croissance économique, cette dernière étant mesurée à
partir du PIB et du taux de croissance de ce dernier. Les
données du tableau 1 indiquent le poids de la
consommation finale dans la dynamique de la création de
richesse (PIB). La consommation représente 80% du PIB.
Une relance de la croissance économique basée sur celle
de la consommation finale aura donc, à court terme, un
impact plus important sur le PIB, qu’une relance de
l’investissement ou qu’un accroissement du solde du
commerce extérieur. Elle pourra, cependant, dans un
second temps, se traduire par un besoin accru

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d’investissement mais aussi par une augmentation des
importations et donc une détérioration du solde extérieur.

1.1.1 Les relations entre le PIB et les agrégats de revenu


(Relations 2 sur le schéma 1)
Les revenus dont disposent les divers agents dans une économie, se composent
des paiements versés aux « facteurs de production » travail et au capital à
l’occasion de la production de richesse et dont le montant équivaut au PIB. A cela
s’ajoute le solde des échanges de différents types de revenus avec le Reste du
Monde.
La prise en considération de ces différents revenus, permet le calcul de nouveaux
agrégats dont nous donnons le détail sur le schéma 3.

1.1.3.1 Le PIB, le PNB, le RNB et le Revenu National


Dans ces agrégats, une attention particulière doit être portée au PNB (Produit
National Brut) qui prend en compte le solde des échanges de revenus primaires
avec le Reste du Monde.
Ces revenus primaires, venant rémunérer les facteurs de production, comprennent
la rémunération des salariés (rémunération du facteur travail) et les revenus de la
propriété et de l’entreprise (rémunération du capital).
Le PNB et le RNB par tète sont des indicateurs souvent proposés pour mesurer le
niveau de vie par personne et pour établir des comparaisons internationales.
*Les sources d’information pour le calcul des divers agrégats de revenu
Les agrégats de revenu sont obtenus à partir d’informations reproduites dans le
Compte du Reste du Monde (voir chapitre 3).
Pour bien distinguer les différents agrégats de revenu, il convient de classer les
échanges de revenus entre l’économie nationale et le Reste du monde (extérieur)
en trois catégories, comme cela est fait sur le schéma 3.
*Les différents agrégats
Si on ne considère que les revenus primaires (flux de type 1), on peut définir le
PNB.
On pourra ensuite calculer le Revenu National Brut (RNB) qui est obtenu à partir
du PNB et en prenant en compte les flux 2.

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Dans la plupart des économies comme la France, le PNB n’est plus calculé
depuis 1994. Il a été remplacé par le RNB.
Le Revenu (National) Disponible Brut est, quant à lui, obtenu en prenant en
compte les revenus de type 3.
Enfin, on passera du RNB au Revenu National en soustrayant du Revenu
National Brut, la consommation de Capital Fixe (amortissement économique).
Le RNN est équivalent au Revenu National Net.
*Les échanges de revenus entre une Economie National et le Reste du
Monde
Dans la présentation faite dans ce cours, nous distinguons trois catégories de
revenus échangés entre l’Economie Nationale et le Reste du Monde (voir
schéma 3).
 Les revenus primaires (Flux 1). Les échanges de « flux 1 » concernent les
revenus du travail (rémunération des salariés) et les revenus de la propriété
(revenus du capital).
En 2015, l’économie française reçoit 19,5 milliards de salaires et en verse 1,2
au Reste du Monde.
Elle reçoit par ailleurs 123,9 milliards venant du Reste du Monde en « revenus
de propriété » et en verse 112,8 milliards.
Au total, les échanges de revenus primaires entre l’économie française et le
Reste du Monde dégagent un solde positif de 29,4 milliards.
Ajouté au PIB, ce solde positif (versement net en provenance du Reste du
Monde) va donner le PNB.
PNB = PIB + Solde des revenus primaires = 2 181,1 + (123,9 – 112,8) +
(19,5 – 1,2) = 2210,5 milliards d’£.
 Le Flux 2 concerne les échanges d’impôts et subventions liés à la production.
L’économie verse 2,2 milliards d’impôts et reçoit 8,1 milliards de subventions
d’exploitation. Ces opérations concernent principalement les relations entre la
France et l’Union Européenne (subventions à l’agriculture, etc.).
Le PNB plus le solde des impôts nets des subventions donne l’agrégat RNB
(Revenu National Brut).
RNB = 2210,5 + (8,1 – 2,2) = 2 216,4 milliards d’£.
Revenu National Net ou « Revenu National » = 2 216,4 – CCF (389,9) =
1 826,5 milliards d’£.
 Le Flux 3, qui prend en compte les autres opérations de transfert de revenus,
va permettre de calculer le Revenu Disponible Brut (RDB).
RDB = 2 216,4 + (21,4 – 69,8) = 2 168 milliards d’£.

Le calcul des différents agrégats de revenu à partir des flux de revenus échangés avec le Reste
du Monde (données 2015).

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 PIB = 2 181,1
 PNB = 2 181,1 + 29,4 = 2 210,5
 RNB = PNB + 5,9 = 2 216,4
 RDB = RNB – 48,4 = 2 168
 Revenu National = RNB – CCF = 2 216,4 – 389,9 = 1 826,5
(D*) : Code INSEE de chaque opération,
Année 2015, Unités : milliards d’euros (source : TEE 2015)

1.1.3.2 Les écarts de valeurs entre les agrégats PIB et le RNB


Si pour certains pays, l’écart de la valeur entre le PIB et le PNB est faible, pour
d’autres elle peut être importante. C’est le cas en particulier des pays en
développement où, à la richesse créée dans l’Economie Nationale (c’est-à-dire le
PIB), vont s’ajouter pour le calcul du RNB, des revenus nets venant du Reste du
Monde, liés en particulier au versement de revenus salariaux. Pour illustrer ces
différences, il suffit de se reporter au tableau 2.
Les PIB et RNB de différents pays en 2015.
Unités : milliards de $ courants.
Source : Banque Mondiale : Statistiques de janvier 2017.
On remarquera une anomalie concernant l’Irlande où le PIB est très supérieur au
RNB. L’implantation en Irlande, pour des raisons fiscales, des filiales
européennes de grandes mondiaux de l’internet a fait que le PIB a augmenté de
26,3% en 2015 (le taux le plus élevé au monde) mais que simultanément ceci c’est
accompagnée d’une sortie nette des revenus du travail et surtout des revenus de la
propriété consécutive au rapatriement des « profits » de ces sociétés vers les Etats
Unis ou vers divers paradis fiscaux. Cette même observation peut être faite pour
le Luxembourg.
Les étudiants perspicaces verront également une anomalie pour le Monde. En
toute logique, on devrait avoir égalité entre le PIB et le RNB. Cette anomalie est
une manifestation de ce que parfois on appelle le « trou noir » de l’économie
mondiale. Des revenus sortent de certains pays mais n’arrivent jamais dans un
autre ou bien des revenus arrivent dans un pays sans que l’on puisse en identifier
l’origine.

1.1.3.3 Les indicateurs complémentaires


La connaissance de la valeur de la richesse produite (PIB) ou des revenus
distribués dans une économie, permet bien évidemment aux entreprises d’avoir

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une idée de la situation absolue et relative de l’économie dans laquelle elle
développe (ou envisage de développer) son activité.
Elle permet aussi le calcul et l’interprétation de ratios permettant une analyse
comparée des pays et donc des potentialités offertes pour développer une activité.
 Le rapport PIB/Nombre d’habitants, donnera une idée de la richesse créée par
tête.
 Le rapport RNB ou RDB/Nombre d’habitants, donnera une appréciation du
revenu par habitant.

1.2 L’analyse des rythmes de l’activité économique : le


taux de croissance d’une économie

Un des indicateurs important pour caractériser le fonctionnement d’une économie


est le « taux de croissance » de son PIB.
Le taux de croissance d’une économie est par définition, le pourcentage de
variation annuel de l’agrégat PIB.
Cette définition appelle quelques précisions complémentaires.
D’une année à l’autre, la valeur de la richesse disponible peut augmenter, soit par
suite d’une augmentation des quantités (du volume) des richesses produites, soit
aussi du fait de l’augmentation des prix qui servent à donner une expression
monétaire commune à la richesse produite. Le taux de croissance peut donc croitre
sous l’effet à la fois d’une variation des quantités (volume) et des prix.
La part de l’augmentation du PIB résultant de l’accroissement des prix, n’apporte
rien aux consommateurs ou aux investisseurs. Elle doit donc être neutralisée pour
révéler l’accroissement en « Volume » de la richesse créée.
Le rythme de la croissante économique d’un pays, c’est le taux qui apparait sur le
PIB après avoir neutralisé l’évolution des prix des biens et services.
On dira que le taux de croissance d’une économie est le pourcentage de variation du PIB
exprimé à prix constants (on dira aussi en volume).

1.2.1 Les PIB à prix constants et le calcul du taux de


croissance de l’économie
Voici un exemple simplifié :

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Supposons que la richesse produite se compose de trois produits, chacun d’eux
étant identifié en t0 et t1 par une quantité (Q) et un prix unitaire (P).

Les PIB à prix courants, c’est-à-dire aux prix existant à l’année considérée, sont
respectivement :
𝑃𝐼𝐵 𝑡0 (𝑝𝑟𝑖𝑥 𝑡0) = 42 ; 𝑃𝐼𝐵 𝑡1 (𝑝𝑟𝑖𝑥 𝑡1) = 57
Le PIB a donc augmenté à prix courants (on dira aussi en valeur) de 35,7%. Si
on appelle « v » le pourcentage d’augmentation en valeur (ou à prix courants) du
PIB, on aura :
𝑷𝑰𝑩 𝒕𝟏 (𝑷𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟏) = 𝑷𝑰𝑩 𝒕𝟎 (𝑷𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟎)(𝟏 + 𝒗)
Entre t0 et t1, les quantités et les prix se sont modifiés, mais seules les variations
liées aux quantités (volume), correspondent à un enrichissement réel de
l’économie.
Pour le mettre en évidence, il faut donc neutraliser l’évolution des prix entre les
deux dates et calculer les PIB des deux années en utilisant les mêmes prix. Nous
avons choisis sur le tableau au-dessus les prix existant en t0.
D’un point de vue statistique, ∑ (Q1 P0)/∑ (Q0 P0) = Indice de volume de
LASPEYRES. Les quantités en t1 sont pondérées par les prix de début de
période (t0) (voir annexe 3).
Le calcul du PIB t1 avec les prix de t0 est de 47, il est obtenu en neutralisant
l’évolution des prix entre t0 et t1. On valorise ainsi le PIB t1 en utilisant les prix
qui existent à la date t0.
Le calcul du taux de croissance de l’économie se fera à l’aide du PIB t0 et du
PIB t1, exprimés à prix constants (t0).
𝑷𝑰𝑩 𝒕𝟏 (𝒑𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟎) = 𝑷𝑰𝑩 𝒕𝟎 (𝒑𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟎)(𝟏 + 𝒓)
Avec (r) représentant le taux de croissance (en volume) de l’économie.
Dans ce cas : r = (47/42) – 1 = 11,9%%.
On peut, à partir du tableau, calculer également le de croissance des prix durant
la période. Il suffit de neutraliser l’évolution des quantités entre t0 et t1. On prend
comme constants les quantités existant en t1.
D’un point de vue statistique, ∑ (Q1 P1)/∑ (Q1 P0) = Indice de PAASCHE
des prix (voir annexe 3).
On peut le calculer à partir de la relation :
𝑷𝑰𝑩 𝒕𝟏 (𝒑𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟏) = 𝑷𝑰𝑩 𝒕𝟏 (𝒑𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟎)(𝟏 + 𝒑)

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Avec (p) représentant l’augmentation des prix durant la période.
Soit : 57 = 47 (1+p) et p = 21,3%.
Ce mode de calcul est celui qui est adopté dans la comptabilité Nationale
française.

1.2.2 La relation entre « v », « p » et « r » le taux de


croissance du PIB
 𝑷𝑰𝑩 𝒕𝟏 (𝑷𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟏) = 𝑷𝑰𝑩 𝒕𝟎 (𝑷𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟎)(𝟏 + 𝒗)
Indice de valeur du PIB t1 (Base100 = t0)
= ((𝑃𝐼𝐵 𝑡1 (𝑃𝑟𝑖𝑥 𝑡1)/𝑃𝐼𝐵 𝑡0 (𝑃𝑟𝑖𝑥 𝑡0)) 100 = (1 + 𝑣). 100
 𝑷𝑰𝑩 𝒕𝟏 (𝒑𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟎) = 𝑷𝑰𝑩 𝒕𝟎 (𝒑𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟎)(𝟏 + 𝒓)
Indice de volume du PIB t1 (Base100 = t0)
= ((𝑃𝐼𝐵 𝑡1 (𝑝𝑟𝑖𝑥 𝑡0)/𝑃𝐼𝐵 𝑡0(𝑝𝑟𝑖𝑥 𝑡0)) 100 = (1 + 𝑟). 100
 𝑷𝑰𝑩 𝒕𝟏 (𝒑𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟏) = 𝑷𝑰𝑩 𝒕𝟏 (𝒑𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟎)(𝟏 + 𝒑)
Indice de prix du PIB t1 (Base100 = t0)
= ((𝑃𝐼𝐵 𝑡1 (𝑝𝑟𝑖𝑥 𝑡1)/𝑃𝐼𝐵 𝑡1 (𝑝𝑟𝑖𝑥 𝑡0)) 100 = (1 + 𝑝). 100
 𝑷𝑰𝑩 𝒕𝟏 (𝑷𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟏) = 𝑷𝑰𝑩 𝒕𝟎 (𝑷𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟎)(𝟏 + 𝒓)(𝟏 + 𝒑)
 𝑷𝑰𝑩 𝒕𝟏 (𝑷𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟏) = 𝑷𝑰𝑩 𝒕𝟎 (𝑷𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟎) = (𝟏 + 𝒓)(𝟏 + 𝒑) = (𝟏 + 𝒗)
Et donc :
(𝟏 + 𝒗) = (𝟏 + 𝒓)(𝟏 + 𝒑)
Ou encore :

Indice de valeur du PIB t1 = (Indice de volume PIB t1) * (Indice de prix PIB t1)/100
(Base 100 = t0) (Base 100 = t0) (Base 100 = t0)

Si on vérifie cette relation sur l’exemple :


(1 + v) = (1 + 0,213). (1 + 0,119) = 1,357
Ou encore :
135,7 = 102,13.111,9/100
« p » le taux de croissance des prix des biens et services composant le PIB est
aussi appelé le « déflateur » du PIB.
« r » le taux de croissance de l’économie considérée.
*Exemple
Dans le document ci-dessous extrait de la comptabilité nationale française, on
connait le PIB 2015 aux prix 2015.

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PIB 2015 (prix 2015) = 2181,1.
On sait que le taux de croissance en valeur = 1,9%.
On connait le taux de croissance de l’économie = 1,3%.
Le taux de croissance des prix est égal à 0,6%.
On pourra écrire :
 PIB 2014 (Prix 2014)
= PIB 2015 (Prix 2015)/ 1,019 = 2 140,4 milliards.
 PIB 2015 (Prix 2014)
= PIB 2014 (Prix 2014). (1 + r) = 2 140,4. (1,013) = 2 168,2.
 PIB 2015 (Prix 2015)
= 2168,2 (1 + p) = 2 168,2 (1,006) = 2 181,1.

1.2.3 Le calcul de la « variation du pouvoir d’achat » d’un


revenu
Comme nous l’avons vu précédemment, la richesse peut prendre la forme de
PRODUITS (Biens et Services) mais également celle de REVENUS.
La croissance d’un revenu entre deux dates, pose des problèmes identiques à ceux
qui ont été examinés précédemment pour le PIB.
Définitions
On appelle « revenu nominal’ d’une année, le revenu exprimé en monnaie de la
période considérée. Exemple : Si mon salaire mensuel en 2016 est de 3000 £ en
Euros de l’année 2016, on dira que mon salaire nominal est de 3000 £.
La « variation du revenu nominal » est celle que l’on constate entre deux
périodes successives.
Derrière cette variation nominale se dissimulent deux phénomènes :
1. Un phénomène de variation du « pouvoir d’achat de la monnaie »qui sert à
exprimer le revenu.
Les revenus étant exprimés en monnaie, il est facile de comprendre que cette
monnaie verra son pouvoir d’achat se modifier au cours du temps sous l’effet
de la variation des prix des produits (inflation o déflation).
2. Un phénomène de « variation de pouvoir d’achat » du revenu qui sera révélé
en neutralisant l’effet de la variation du pouvoir d’achat de la monnaie. C’est
un effet identique à celui de la croissance du volume du PIB.
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La variation du « pouvoir d’achat du revenu » est aussi appelée « variation
réelle » du revenu.
 Exemple
 Supposons que l’on connaisse le montant du salaire perçu (Sal) à l’année
t0 et à l’année t1 en Euros.
Sal t0 en euros de l’année t0 = 3000 euros et Sal t1 en euros de l’année de
t1 = 3600 euros.
La variation « nominale » du salaire (ou variation en euros courants) est d
20%.
Supposons maintenant que de t0 à t1, les prix des produits augmentent de 30%.
On comprend facilement que la variation normale de 20% n’est pas
suffisante pour couvrir l’accroissement des prix qui s’est produit entre t0 et
t1 et, qu’en définitive, celui qui perçoit le salaire erra ses possibilités
d’achat (son pouvoir d’achat) se réduire.
Son revenu « réel » ou « le pouvoir d’achat » de son revenu va diminuer.
La question est de savoir comment mettre en évidence la variation du
« pouvoir d’achat » d’un revenu connaissant e pourcentage de variation des
prix.
1.2.3.2 Méthode de calcul de la variation du revenu réel
Entre t0 et t1, la variation en % du salaire « nominal » est donnée par « n ».
𝑆𝑎𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑡1 (𝑝𝑟𝑖𝑥 𝑡1) = 𝑆𝑎𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑡0 (𝑝𝑟𝑖𝑥 𝑡0)(1 + 𝑛)
Pour faire apparaitre le pourcentage de variation du Pouvoir d’Achat du salaire
(a), il faut d’abord neutraliser l’effet de variation des prix et fait apparaitre des
revenus exprimés en monnaie constante c’est-à-dire en monnaie ayant la même
valeur (ou le même pouvoir d’achat).Ce calcul s’opère à l’aide de l’indice des Prix
à la Consommation (IPC).
Pour cela, il faudra exprimer les salaires de t0 et t1, en monnaie constante, par
exemple aux Prix de t1.
 Si « p » est l’augmentation des prix entre t0 et t1 :
𝑺𝒂𝒍𝒂𝒊𝒓𝒆 𝒕𝟎 𝒂𝒖 𝒑𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟏 = 𝑺𝒂𝒍𝒂𝒊𝒓𝒆 𝒕𝟎 𝒂𝒖 𝒑𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟎. (𝟏 + 𝒑)
 Entre t0 et t1, la relation entre le alaire t1 et le salaire t0 à prix constants
(prix t1) est donnée par la relation :
𝑺𝒂𝒍𝒂𝒊𝒓𝒆 𝒕𝟏( 𝒑𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟏) = 𝑺𝒂𝒍𝒂𝒊𝒓𝒆 𝒕𝟎 ( 𝒑𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟏)(𝟏 + 𝒂)
Avec « a » correspondant à la variation à prix constants du salaire ou encore à la
variation du pouvoir d’achat du salaire.

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 Des relations précédentes, on obtiendra :
𝑺𝒂𝒍𝒂𝒊𝒓𝒆 𝒕𝟏( 𝒑𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟏) = 𝑺𝒂𝒍𝒂𝒊𝒓𝒆 𝒕𝟎 𝒆𝒏 𝒑𝒓𝒊𝒙 𝒕𝟎. (𝟏 + 𝒑)(𝟏 + 𝒂)
(𝟏 + 𝒏) = (𝟏 + 𝒑). (𝟏 + 𝒂)
Sous forme indiciaire :
Indice de PA d’un revenu t1 (00) = Indice de revenu nominal t1 (monnaie courante)/IPC t1
(Base 100 = t0) (Base 100 = t0) (Base 100 = t0)

 Exemple
Si l’indice des prix à la consommation (IPC) croit de 10% de t0 à t1 et que le
revenu nominal augmente de 20%, la variation du pouvoir d’achat du revenu
sera de :
(120/110).100 = 109,9. On aura donc un accroissement de9,09% du « pouvoir
d’achat du revenu ». On dira aussi un accroissement du revenu réel de
9,09%.
 Une autre méthode de calcul
Cette méthode part de la signification d’un indice de Prix à la Consommation.
Un indice des prix à la consommation (IPC) indique la quantité de monnaie
nécessaire pour se procurer un panier de biens et de services identique à deux
dates.
IPC t1 (100 = t0) =110
Cela veut dire que les prix ont augmenté de 10% entre t0 et t1.
On peut dire aussi que 110 unités de monnaie (UM) en t1, ont le même pouvoir
d’achat que 100 unités de monnaie de t0.
Si le revenu t0 est de 3000 UM de t0 e le revenu t1 et de 3600 UM de 1, on
peut écrire que 110 UM t1 = 100 UM t0.
1 UM t1 = 100/110 UM t0 = 0,90909 UM t0.
On aura en monnaie constante (ou en monnaie ayant le même pouvoir
d’achat) :
3600 UM t1 = 3600.0,90909 UM t0 = 3272,72 UM t0.
La variation de revenu réelle ou en monnaie constante est donc :
3272,72 = 3000 (1 + a) et « a » = 9,09%.

1.2.3.3 Les indices de prix


* l’indice de prix pour le calcul de la variation du pouvoir d’achat d’un
revenu
L’indice de prix (IPC) utilisé pour calculer la variation du pouvoir d’achat d’un
revenu est l’indice des prix à la consommation qui permet également de
mesurer le taux d’inflation dans l’économie.

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En France, cet indice suit l’évolution des prix d’un ensemble de produits (biens
et services) entrant dans la consommation d’un ménage urbain dont le chef est
ouvrier ou employé.
On eut se poser la question de ce choix.
La raison en est que les revenus distribués aux ménages servant pour l’essentiel
(85%) à la consommation de biens et services, il est compréhensible que l’on
tienne compte de l’évolution des prix des produits qui seront achetés avec ces
revenus, pour calculer l’évolution du pouvoir d’achat de ces derniers.
Cet indice a révélé un taux d’inflation tres faible dans la période récente.
Entre 2015 et janvier 2017, l’IPC n’a augmenté que de 0,41.

Remarque
Cet indice est calculé suivant une formule de LASPEYRES.
à la différence de l’indice de prix du PIB qui est calculé avec
une formule de PAASCHE (voir annexe).

*l’indice de prix du PIB


On le trouve enregistré dans les statistiques sous l’appellation « indice de prix
implicite du PIB ». Cet indice, à la différence de l’IPC, rend compte de
l’évolution des prix des produits de consommation mais aussi des biens
d’investissement, des produits exportés et importés.
Entre 2014 et 2015, l’indice de prix du PIB augmente de 0,58%.
Si on analyse les variations de prix de chaque composante du PIB.
On a :
 Si une baisse du prix des importations : -2,4% ;
 Une stabilité du prix des produits de consommation finale ;
 Une croissance de 0,1% pour la FBCF ;
 Une diminution du prix des produits exportés : -0,9%.

1.2.3.4 L’indice de prix à la consommation (IPC) et les phénomènes


économiques associés
 L’inflation : selon l’INSEE, l’inflation se traduit par la perte de pouvoir
d’achat de la monnaie. Elle se traduit par une hausse généralisée et durable
du niveau des prix. Pour mesurer le taux d’inflation, on utilise l’indice des
prix à la consommation qui est calculé chaque mois.
 La déflation : elle est associée à un gain de pouvoir d’achat de la monnaie.
Elle se traduit par une diminution durable et auto-entretenue des prix. C’est
une inflation « négative ».

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 La désinflation : elle est caractéristique d’une période au cours de laquelle
le taux d’inflation, bien que supérieur à zéro, est orienté à la basse.

1.3 Les comparaisons internationales des agrégats

1.3.1 Le PIB chinois est supérieur au PIB des Etats unis en


2014
Pour comparer les montants des PIB entre eux, il faut les exprimer avec une
monnaie commune.
En général, c’est le $ qui sert pour cette comparaison.
Le tableau 4 ci-dessous, donne la valeur des PIB de différents pays en monnaie
nationale (€, $, £ ou Yuan), en $ et en $ (PPA).
Tableau 4 – Comparaison entre les différents estimations du PIB.

Source : Banque Mondiale (2015)

De ce tableau nous tirons deux informations qui ont fait « la une » de la presse
économique mondiale en 2014.
 Le PIB du Royaume Uni dépasse celui de la France en 2014 avec un calcul en
$.
 Le PIB Chinois dépasse celui des Etas Unis lorsqu’on le calcul en $
Internationaux ou ù (PPA)

1.3.2 Le calcul du taux de change de Parité de Pouvoir


d’Achat
*L’estimation du PIB en $ Internationaux ou $ (PPA) : l’exemple du
Big Mac
Les comparaisons internationales des résultats économiques entre différents pays
vont se faire en utilisant une monnaie commune (le $ en général).
Les statistiques données par les organisations internationales (FMI, OCDE,
Banque Mondiale), sont données e USD. Lorsque les comparaisons se font être
les pays de l’Union Européenne (UE), la monnaie utilisée est l’Euro (€).

15
Si on utilise le taux de change annuel moyen qui s’est fixé sur le marché des
changes, on obtient des résultats qui fluctuent d’une année à l’autre, avec le cours
(taux de change) de marché des devises ;
 Exemple
En janvier 2014, on avait par exemple un taux de change de 1 € = 1,25 $.
En avril 2014, on avait un taux de 1€ = 1,35$.
Supposons que l’on ait eu un PIB de 12000 milliards de $ en janvier aux Etats
Unis et de 12120 milliards de $ en avril (+1%).
Le PIB de la zone Euro est de 15000 milliards d’£ en janvier et de 15150
milliards d’€ en avril (+1%).
Si on veut comparer les deux zones et que l’on utilise le $ pour cette
comparaison. On aura un PIB dans la zone Euro qui sera de 15000 (1,25$) =
18750 $ et de 15150 (1,35) = 20 452 $.
Le PIB de la Zone Euro, converti en $, aura donc augmenté de 9,08%. Ce qui
est totalement irréalise, pour ne pas dire absurde. La cause de cette
augmentation est à attribuer, pour l’essentiel, à l’augmentation du cours de
L’Euro qui passe de 1,25 $ à 1,35$.
Il convient donc d’utiliser des méthodes de conversions plus stables qui
consistent à retenir des taux de change dit de « Parité d Pouvoir
d’Achat ».
Pour illustrer ce que recouvre l’expression « Parités d Pouvoir d’Achat »
prenons un exemple.

 Exemple
Cet exemple est tout à fait connu. Il a été proposé dans le journal The
Economist en 1986.
Considérons ce que coute un « Big Mac » à New York, puis le même produit
à Paris et à Pékin.
6 $ à New York, 5 euros à Paris et 60 yuans à Pékin.
Cet exemple permet de calculer le taux de change de l’Euro en $ qui assure le
même pouvoir d’achat (Parité signifie « même »). On et aussi calculer le taux
de change de Yuan en $.
5 € = 6 $ et donc 1€ = 6/5 $.
De même 60 Yuans = 5 $ et donc 1 yuan = 0,10 $.
On aura aussi : 5 € = 60 Yuans et donc 1 € = 60/5 Yuans = 12 yuans.

*Définition
Le taux de change entre 2 monnaies, qui correspond à un pouvoir d’achat
identique est appelé « taux de change de parité de pouvoir d’achat » et c’est

16
ce taux qui va permettre de comparer les PIB (ou d’autres grandeurs
économiques), à l’aide d’un taux de change qui ne dépend pas de l’offre et de
la demande d’une devise c’est-à-dire du marché des échanges.
De nombreuses statistiques internationales sont aujourd’hui présentées
en $ (PPA). On doit aussi parfois en $ international.
Si maintenant, au lieu de calculer un taux de change sur un seul produit, on le
calcule sur un panier composé de 3000 produits, comme cela est le cas, on va
pouvoir de la même façon qu’avec le « Big Mac », calculer un taux de change
plus significatif.
En 2014, la Banque Mondiale a calculé que 1$ = 3,53 yuans.
1 Yuan = 1/3,53$ Le taux de change du Yuan en PPA pour 2014.
Le PIB chinois étant de 63 646 milliards de Yuans, on aura donc, un $ - PPA,
un PIB de 63 646/3,53 = 18 030 milliards de $ (PPA).
Ce calcul en PPA, faut qu’en 214, le PIB chinois est devenu le premier au
monde devant les Etats Unis (voir le tableau 4).

Conclusion
Au terme de ce chapitre, les étudiants disposent de l’ensemble des éléments
qui vont leur permettre de comprendre le vocabulaire utilisé journellement
dans la presse économiques ainsi que dans les rapports économiques traitant
de la richesse et de son utilisation au niveau d’un pays ou d’un groupe de pays.
Pour vérifier si cette connaissance est acquise, nous proposons une série
d’exercices avec leurs corrigés.
Préalablement, les annexes de ce chapitre vont compléter certains points
techniques soulignés dans le cours.

17
CHAPITRE 2. LA DEMANDE ET L’OFFRE GLOBALE
Une difficulté habituelle pour les étudiants est d’établir le lien entre les données
comptables comme celles qui viennent d’être évoquées dans le chapitre 1 et
concepts généraux de l’analyse macroéconomique.

A un niveau très élémentaire, pour montrer les relations entre les utilisations des
Biens et Services et PIB (la richesse créée dans une économie), il recourir aux
notions d’Offre et de Demande Globale et d’équilibre macroéconomique.

2.1 Les indicateurs macroéconomiques et les notions


d’offre et de demande globale

Nous avons montré dans le chapitre 1, les relations comptables entre la richesse
crée (PIB) et l’utilisation de cette richesse sous forme de consommation,
d’investissement et d’échanges extérieurs.

2.1.1 La demande et l’offre globale

 Le PIB potentiel et le PIB effectif


Dans une économie, le plein emploi du Travail (main d’œuvre) et du Capital
(usines, machines, etc.) va déterminer ce qu’il est possible de produire. C’est ce
que l’on va appeler l’Offre Potentielle de l’économie qui sera évalué par le PIB
Potentiel.
Le fonctionnement d’une économie fait que, bien souvent, tous les facteurs de
production existants ne sont pas utilisés intégralement. Il existe alors un sous-
emploi de ces facteurs. Le chômage traduit le sous-emploi du facteur travail.
Les facteurs de production effectivement utilisés permettent de définir une offre
effective ou une Offre Globale, qui correspond au PIB effectif (c’est-à-dire au
PIB observé).
Le sous-emploi des facteurs de production, fait qu’il existe donc un écart entre le
PIB effectif et le PIB potentiel.
18
 Les utilisations de la richesse produite (PIB effectif)
L’offre globale (PIB effectif) est utilisée de diverses façons et ces utilisations
correspondent à la Demande Globale dont deux expressions sont proposées sur
le graphique 1.

Graphique 2-1 : l’offre et la demande globale dans une économie.

L’une correspond à l’égalité entre les ressources et les emplois sur Biens et
Services. C’est cette relation qui est donnée dans le chapitre 1.
L’autre fait apparaitre ces utilisations, en distinguant la nature privée ou
publique de ces dernières.
La Consommation Finale et la Formation Brute de Capital réalisées par les
Administrations Publiques constituent les Dépenses Publiques.
19
On aura donc :
Demande Globale = CF + FBCF + Var des Stocks + (Export – Import)
DG = CF + FBC + (Export – Import)
Ou encore :
DG = CF Privées + FBC privée + Dépenses Publiques + (Export – Import)

Le « PIB potentiel » peut être défini comme le montant de la richesse qu’il


serait possible de produire au cours d’une période, si les facteurs de
production disponibles étaient utilisés au maximum de leur capacité, c’est-
à-dire si l’économie réalisait le « plein-emploi » des ressources existantes
(Travail et Capital). L’offre potentielle est déterminée par la combinaison
des facteurs de production et la relation entre le produit (PIB potentiel) et
les facteurs, et constitue ce que l’on appelle « la fonction de production »
de l’économie.

 L’écart de PIB
Au cours d’une période, les facteurs de production peuvent ne pas être
utilisés au maximum de leur capacité. Ce « sous-emploi » des facteurs
entraine « un écart de PIB », c’est-à-dire une différence entre ce que
l’économie pourrait produire (PIB potentiel) et ce qu’elle produit
« effectivement » (PIB effectif).

 Intérêt de la notion
La notion « d’écart de PIB » est intéressante car elle permet de relier les
indicateurs de richesse à d’autres phénomènes économiques important que
sont l’inflation, le chômages et le taux d’utilisation du capital technique.
Un PIB effectif égal (ou supérieur) au PIB potentiel, se traduira par des
tensions sur les prix, par des besoins de main d’œuvre accrus, stimulera
l’investissement, en particulier, pour répondre à la demande des marchés
de produits de consommation.
20
Un PIB effectif inférieur (ou ayant tendance à s’écarter) au PIB potentiel
révèlera un sous-emploi de la main d’œuvre, une utilisation partielle du
capital et pourra entrainer des effets dépressifs (diminution) sur les prix.

2.1.2 L’évaluation de l’écart de PIB


La notion de « plein-emploi des facteurs », en particulier du facteur travail,
présente certaines ambiguïtés.

Est-ce l’emploi de l’ensemble de la population active ?

Est-ce l’effectif de cette population obtenu en tenant compte des frictions sur le
marché du travail et qui font que, dans toutes les économies, il existera une main
d’œuvre inemployée et un chômage incompressible ?

Deux méthodes peuvent être signalées pour évaluer cet écart.

 La première consiste à estimer au moyen d’une « fonction de


production », ce que l’économie serait en mesure de produire en utilisant
au maximum les facteurs de production disponible. Ce produit
potentiellement réalisable peut ensuite être comparé à celui qui est
effectivement ouvert.
 La seconde consiste, à partir des PIB effectifs, à déterminer la tendance
(Trend) du PIB et à constater pour chaque année l’écart entre le PIB
tendanciel et le PIB effectif (cf. graphique 2.1).

Graphique 2-2 : PIB effectif et PIB potentiel : une mesure de l’écart de PIB du TOGO (1960-
2019)

21
Source : Auteur à partir de WDI, 2019

Graphique 2-3 : PIB réel du TOGO (1960-2019)

Source : Auteur à partir de WDI, 2019

Graphique 2-4 : PIB réel du TOGO (1960-2019)

22
Source : Auteur à partir de WDI, 2019

2.2 Les différents agrégats de l’offre et de la demande


globale

A plusieurs reprises, dans le chapitre 1 et en ce début du chapitre 2, nous avons


évoqué l’équilibre entre les ressources et les emplois de biens et de services dans
l’économie. Ce point 2.2 va approfondir la définition de ces différentes variables
macroéconomiques.

2.2.1 La production totale

Les comptabilités nationales font la distinction entre trois types de production : la


production de biens et de services marchands, la production non marchande et la
production de biens et de services destinés à un « usage final propre ».

 Dans la production marchande, on comptabilise la production destinée à être


vendue sur un marché et dont le prix est au moins égal à la moitié de son cout
de production.

23
 La production non marchande correspond pour l’essentiel à des services
individuels fournis par les administrations publiques (santé, éducation
nationale) ou à des services collectifs (armée, justice, etc.).
 La production pour « usage final propre » correspond à la production
réalisée par un agent et qui lui est destinée. J’habite par exemple un logement
dont je suis propriétaire. L’évaluation de ce service, dont je suis producteur et
destinataire, fait l’objet d’une évaluation qui correspondra à ce que j’aurais dû
payer si j’en avais été locataire. On classera également ici toutes les productions
des ménages autoconsommées (Fruits et légumes des jardins familiaux).

D’habitude il ressort que l’essentiel de la production marchande est le fait des


Sociétés financières et Non financières et que la plus grande part de la production
non marchande revient aux Administrations Publiques. Un problème se pose pour
les ménages. On a déjà évoqué ce problème antérieurement. Les ménages dans la
comptabilité nationale comprennent aussi les entreprises individuelles et leur
activité de production intègre donc une part « marchande » qui représente
habituellement plus de 50% de la production totale des ménages.

2.2.1 Les différents agrégats de consommation


 Les consommations intermédiaires sont des consommations qui, soustraites
de la production réalisée par un agent économique, vont donner la Valeur
Ajoutée Brute. Elles correspondent à l’utilisation des biens et services qui sont
nécessaires à la production mais qui disparaissent à l’occasion de leur
utilisation au cours du processus de production.
 La consommation de capital fixe correspond à la dépréciation subie par le
capital fixe (investissement) au cours d’une période.
Par exemple en 2015, le montant de la CCF s’est élevé à 389,9 milliards d’unité
monétaire.
24
Lorsque l’on soustrait ce montant des agrégats valorisés en « brut » (exemple
PIB ou RNB), on obtient des agrégats en « net ».

Produit Intérieur Net = PIB - CCF = 2181,1 - 389,9 = 1791,2


Revenu National = RNB – CCF = 2216,4 – 389,9 = 1826,5
 La consommation finale. Tout d’abord, il faut préciser que pour les Sociétés
financières et Non financières il n’existe pas de Consommation Finale. Les
seules consommations pour ces deux secteurs sont des Consommations
intermédiaires. Par contre, pour les Ménages et les Administrations publiques
il est nécessaire d’apporter quelques précisions.
Pour les Ménages, on a vu qu’il existait une production pour « emploi final
propre ». Cette production, on va la retrouver intégrée dans la consommation
finale individuelle de ces derniers. Les ménages produisent des biens ou
services et en même temps les consomment. C’est le cas des services de
logement « produit » par les propriétaires qui occupent leur propre logement.
Pour les Administrations Publiques (APU), le partage de la Consommation
Finale se fait en deux parties. Une partie de consommation individuelle et une
autre partie de consommation collective.
Dans les consommations individuelles des APU, on va retrouver des dépenses
de consommations dont « le consommateur effectif est identifiable et dont le
bénéfice ultime revient aux ménages ». Il s’agira notamment des dépenses
d’éducation, de santé et de culture.
Les dépenses de consommations collectives des APU, correspondent aux
fonctions régaliennes des administrations pour lesquelles il n’est pas possible
d’identifier un destinataire en particulier. Il s’agit entre autres, des dépenses de
justice, de défense.

2.2.2 La Formation Brute de Capital


La FBC se compose de trois sous agrégats.

25
 La formation brute de capital fixe, qui correspond à l’achat d’actifs
corporels (machines) ou incorpores (logiciels) qui sont produits et qui vont être
utilisés dans les processus de production. A la différence des Consommations
Intermédiaires, ces biens perdent de la valeur (amortissement) mais ne
disparaissent pas lors des processus de production.
 Les variations de stocks correspondent à la différence entre les biens
entrant et sortant des stocks entre le début et la fin de l’année.
 Les acquisitions moins les sessions d’objets de valeur correspondent à
des biens non produits servant de réserve de valeur (Meubles, tableaux, etc.).

2.2.3 Les opérations avec le Reste du Monde


 Les Exportations sont des transferts définitifs des biens et services de
l’économie nationale vers le Reste du Monde. Ces exportations sont
enregistrées FAB(ou FOB), c’est-à-dire Franco A Bord. Les exportations sont
comptabilisées au moment où elles passent à la frontière du pays exportateur.
 Les Importations sont quant à elles enregistrées CAF (ou CIF), c’est-à-dire
Cout, Assurance, Fret. La valeur est comptabilisée au moment où la
marchandise passe à la frontière du pays importateur. Elle inclue donc à la fois
le prix FOB de l’exportateur auquel s’ajouteront les frais de transport et
d’assurance jusqu’à la frontière de l’importateur.

Afin de mieux rendre compte des échanges entre l’économie nationale et le Reste
du Monde, les offices statistiques calculent aussi des échanges FAB – FAB pour
les biens, de façon à calculer le « taux de couverture ».

Le tableau présente les échanges de biens et de services pour l’économie française


en 2015.

Tableau 2-1 : Les échanges extérieurs du Togo entre 2013 et 2015.

26
Source : INSEED, 2016

2.3 L’équilibre macroéconomique


La relation entre la richesse créée et ses utilisations, est donnée par l’égalité entre
les ressources et les emplois sur les Biens et Services.

La question reste de savoir comment se réalise l’égalité entre ce qui est produit et
ce qui est utilisé ?

Ce problème est abordé dans la théorie de l’équilibre macroéconomique.

L’objet de ce paragraphe, est d’examiner brièvement comment se réalise


l’équilibre entre l’Offre Globale et la Demande Globale. Pour cela, nous allons
présenter les concepts de courbe de demande et d’offre globale.

2.3.1 La demande globale et la courbe de demande


globale
Au cours d’une période donnée, la demande de Biens et de Services destinée à la
consommation, à l’investissement, etc., résulte de multiples facteurs :

 Facteurs présents (attitudes des agents économiques à l’égard des prix, montant
des revenus, etc.) ;
 Facteur passés (habitudes de consommation, épargne disponible, etc.) ;
 Facteur futurs (prévisions sur l’évolution des prix, anticipations sur les revenus
disponibles dans le futur, etc.).

27
Dans ce faisceau de variables expliquant la demande globale, on peut en
privilégier une - les Prix des biens et services – et considérer qu’à court terme,
les autres variables explicatives restent inchangées.

Ce choix étant fait, imaginons que l’on puisse étudier la demande globale qui se
manifestera en fonction de chaque niveau de prix. Cette analyse des « projets de
demande »pour chaque niveau de prix, va permettre de définir un ensemble appelé
« courbe de demande globale » ou courbe de demande « agrégée ».

Définition La courbe de demande globale enregistre l’attitude de


consommation, d’investissement, etc. de l’ensemble des agents économiques
en fonction du niveau des prix (Niveau Général des Prix – NGP), les autres
facteurs explicatifs de la demande restant inchangés.

La demande globale est une fonction décroissante du NGP.

Lorsque le NGP évolue dans un sens, la DG variera dans l’autre sens.

On peut facilement justifier cette forme décroissante de la courbe.

Si les prix des biens de consommations augmentent, les ménages auront tendance
à réduire la qualité demandée des produits (toutes choses égales par ailleurs). De
la même façon, les entreprises pourront être conduites à réduire leurs dépenses
d’investissement.

2.3.2 L’offre globale et la courbe globale


La production de biens et de services (offre globale), résulte du comportement des
unités de productions et comme pour la DG, l’offre proposée dépendra de
multiples variables.

 Facteurs présents (Couts des facteurs de production utilisés et prix des produits
vendus).
 Facteurs passés (les techniques de production mises en œuvre).
 Facteurs futurs (développement attendu des techniques, des prix et des couts de
production).

28
Comme pour la demande globale, on peut à court terme, admettre que seuls les
prix des biens et services offerts vont varier et examiner les « projets d’offre » des
unités de production.

Définition
La courbe d’offre globale enregistre l’attitude des unités de
production (entreprises) en fonction du Niveau Général des Prix,
l’ensemble des autres variables (en particulier les prix des facteurs)
restant constants.

L’offre globale est une fonction croissante du NGP.

Lorsque le NGP varie dans un sens, l’Offre Globale variera dans le même sens.

On peut là encore apporter une illustration de cette attitude de l’ensemble des


agents produisant des biens et des services.

Lorsque sur un marché quelconque les prix augmentent, les entreprises verront
leurs possibilités de profits augmenter. Cela stimulera leur production, permettra
à d’autres entreprises d’entrer sur le marché. Si ces prix augmentent sur
l’ensemble des marchés, l’OG de l’économie aura tendance à augmenter.

Il y a naturellement à court terme des limites à l’accroissement de l’offre. A partir


d’un certain niveau de prix, la production susceptible d’être offerte rencontrera
des limites techniques (la main d’œuvre sera insuffisante, les techniques de
production devront être modifiées). Ces limites, rencontrées à court terme, sont
celles du « plein emploi » des facteurs de production et l’allure de la courbe
d’offre globale qui était croissante avec le niveau des prix deviendra insensible au
prix.

2.3.3 L’équilibre macroéconomique

 L’équilibre à court terme

29
A court terme, l’équilibre macroéconomique se réalise au point d’intersection
de la courbe d’offre et de la courbe de demande (cf. figure 2).
En ce point, le PIB effectif (PIB*) est égal à la demande globale (CF + FBC
+Export – Import) pour un niveau des prix donné par NGP*.
On peut évidemment se poser la question de savoir pourquoi l’intersection
des deux courbes est le point sur lequel l’économie va se stabiliser ?
Supposons que le NGP soit momentanément supérieur à NGP*.
Il existera alors des « projets d’offre » par des entreprises qui ne seront pas
compatibles avec les « projets de demande ». L’économie serait en situation
« d’offre excédentaire ». Cette position traduit le fait que les entreprises ne
trouveront pas à écouler leur production. Une telle situation ne peut
durablement pas être envisagée.
Certaines entreprises, pour couvrir leurs couts de production, accepterons de
vendre la même quantité à un prix inférieur, cela aura pour conséquence de
développer la demande des produits et d’éliminer les entreprises n’acceptant
pas de diminuer leur prix. Ce processus se stabilisera au moment où le NGP
rendra compatible les projets d’offre et de demande.
On peut constater que cet équilibre n’est pas un équilibre qui assure le
plein emploi des facteurs de production.
L’équilibre de plein emploi est celui qui correspond à PIB et à NGP. L’écart
entre PIB effectif et PIB potentiel est une mesure de « l’écart du PIB » évoqué
antérieurement. Il montre que dans l’économie, on pourrait, en acceptant une
légère hausse des prix, atteindre un PIB plus important et une meilleure
utilisation des ressources.
Un peu plus d’inflation serait compensé par un peu moins de chômage et
inversement.

30
Graphique 2-5 : L’équilibre entre l’offre et la demande globale et le niveau des prix

 L’équilibre de long terme


La situation envisagée eu dessus suppose que les projets d’offre et de demande
sont obtenus en fonction des seuls prix des biens et services. En longue
période, certaines des autres variables explicatives vont se modifier et entrainer
des déplacements de l’offre et de la demande globale.
Une politique de relance de la consommation, de l’investissement ou un
développement des exportations va entrainer un déplacement vers la droite de
la courbe de DG et si l’OG reste la même, l’économie s’orientera vers une
situation d’équilibre (PIB** - NGP**).
Une politique visant à faciliter la création d’entreprises ou une diminution des
couts de production, entrainera un déplacement vers la droite de la courbe
d’Offre Globale maintenant à la fois une baisse de niveau de prix et une
situation plus satisfaisante du point de vue du Plein Emploi de la main d’œuvre
et du capital.

31
2.4 L’équilibre macroéconomique et les cycles d’activité
Les déplacements de la courbe de demande globale (DG) ou de celle d’offre
globale (OG) vont entrainer une modification de l’équilibre macroéconomique.

Ces déplacement vont résulter, pour la demande agrégée, de tous les facteurs qui
vont affecter les diverses composantes de la demande :

 Taux d’intérêt ;
 Niveau anticipé des profits ;
 Evolution à la hausse ou à la baisse des dépenses publiques ;
 Evolution de la fiscalité ;
 Evolution de l’efficacité de la population ;
 Evolution de la quantité de monnaie.

Pour les déplacements de l’offre, il pourra s’agir des facteurs qui influent sur les
déterminants de la production :

 Effectif et qualification de la main d’œuvre ;


 Stock de capital ;
 Abondance ou pénurie de matières premières ;
 Modification à la baisse ou à la hausse du prix des facteurs de production.

Si, sur la figure 2.6, on a l’équilibre au point A, on peut partager le graphique en


quatre cadrans.

 Si l’équilibre macroéconomique se déplace dans le cadrant 1. L’économie


se trouvera en phase d’expansion avec une augmentation du PIB et donc de la
croissance économique, une baisse du niveau de chômage, et une augmentation
du taux d’inflation.
 Si l’équilibre macroéconomique se déplace dans le cadrant 2. L’économie
se trouvera en phase d’expansion avec une augmentation de la croissance
économique, une baisse du niveau de chômage, et une baisse du taux
d’inflation.

32
Graphique 2-6 : L’équilibre et les cycles d’activité.

 Si l’équilibre macroéconomique se déplace dans le cadrant 3. L’économie


se trouvera en phase de récession avec une baisse du taux de croissance de
l’économie, une hausse du niveau de chômage, et une baisse du taux d’inflation.
C’est une phase dite également de « déflation »semblable à celle qui affectera
le Japon au début du siècle et qui fait tant peur à l’économie française et à divers
autres pays européens.
 Si l’équilibre macroéconomique se déplace dans le cadrant 4. L’économie
se trouvera en phase de récession avec une baisse du taux de croissance de
l’économie, une hausse du niveau de chômage, et une hausse du taux
d’inflation. C’est une phase dite également de « stagflation ».

2.5 La relation chômage- inflation : le « carré magique » et


« la courbe de Phillips »
Pour caractériser la situation dans laquelle se trouve une économie, ou pour
comparer la situation de deux ou plusieurs économies, on a recours à quatre
indicateurs macroéconomiques principaux.

 Le taux de croissance du PIB.


 Le taux de chômage.
 Le taux d’inflation.

33
 L’équilibre des comptes extérieurs.

2.5.1 Le « carré magique »


Ces quatre indicateurs sont reliés entre eux.

Pour réduire le taux de chômage, une politique de relance de l’activité peut être
mise en œuvre. Elle peut porter sur une relance de la consommation finale ou de
l’investissement. Les mesures prises pour assurer la croissance des revenus
nécessaires à cette relance, peuvent conduire à une augmentation des importations
et contribuer à accentuer le déficit des comptes extérieurs. En effet, face à une
demande interne en augmentation, la production intérieure peut ne pas réagir à
temps et pour satisfaire l’accroissement de la demande interne liée à
l’accroissement des revenus, l’économie va devoir accroitre ses importations. La
détérioration des comptes extérieurs, associée à la politique de relance peut
s’accompagner d’une hausse du taux d’inflation, rendant ainsi les exportations
moins compétitives et accentuer le déficit extérieur.

Une relation graphique entre les quatre indicateurs, qui sont en même temps des
objectifs de politique économique, fut donnée par l’économiste britannique Nicolas
Kaldor. Elle est connue sous le nom de « carré magique ».

Pour quelles raisons ce carré est-il « magique » ? On admet comme étant préférable
à une autre, une situation dans laquelle la croissance est de plus en plus forte, le
taux e chômage est de plus en plus faible, le taux d’inflation tend vers zéro et le
solde des échanges/PIB tend également vers zéro ou devient positif.

2.5.2 La « courbe de Phillips »


Il existe une autre relation importante, assez souvent observée, entre deux des
indicateurs du « carré magique ». Il s’agit de la relation inverse entre le taux de
chômage et le taux d’inflation. Cette relation est connue sous le nom de « courbe
de Phillips » (1958).
34
Graphique 2-7 :– De l’équilibre macroéconomique (cadran 1) à la courbe de Phillips (cadran
4).

On peut justifier le lien chômage-inflation (figure 2.7) à partir de la relation qui


définit l’équilibre macroéconomique.

Pour définir cette relation, il faut d’abord établir le lien entre le PIB et le taux de
chômage. Cette relation est connue sous le nom de loi d’Okun. Quand le PIB
augmente, le taux de chômage diminue. Le lien entre ces deux indicateurs est donné
dans le cadran 2 de la graphique 2.7.

Dans le cadran 1 qui reprend l’équilibre entre la Demande et l’Offre globale, on a


la relation entre le PIB et le niveau des prix.

Il est alors facile de relier le taux de chômage et le taux d’inflation (cadran 4).

Prenons par exemple le point d’équilibre C sur le cadran 1. Pour ce point, on a un


niveau des prix P.C. Associé au niveau de PIB du point C (PIB – C), va

35
correspondre le point C’ qui donne le taux de chômage associé à ce PIB dans le
cadran 2(Tx – C). Pour l’intermédiaire du cadran 3, il est aisé de faire comprendre
P C et Tx sur le cadrant 4 au point C’’.

En établissant les correspondances entre chaque point des différentes courbes du


cadrant 1 et 2, on obtient la relation inverse entre le Taux de chômage et le Taux
d’inflation, c’est-à-dire la courbe de Phillips.

36
CHAPITRE 3. LES COMPTES D’ANALYSE

1 Objet
Les comptes sectoriels ont pour objet de décrire les différents éléments constitutifs de
chacune des fonctions économiques caractérisant les secteurs institutionnels

1 Les comptes des SI résidents


Le système togolais de comptabilité nationale retient, pour chaque secteur institutionnel
résidents, les comptes suivants, classés dans un ordre logique et articulés entre eux (le
solde de chaque compte alimente les ressources du compte suivant) :

 Compte de production-compte d’exploitation

 compte de revenu et dépense (compte d’utilisation de revenu]

 Compte de capital

 Compte de financement.

1.1 Le compte de production


Dans sa première partie, ce compte décrire la liaison existant entre la production et la
consommation intermédiaire nécessaire à sa réalisation. Son solde, obtenu par différence entre
les ressources et les emplois constitue la valeur ajoutée.

Dans sa deuxième partie, il enregistre, pour les unités productives, les opérations de
répartition liées à la production. Son solde, obtenu par différence entre les ressources et
emplois, constitue l’excédent d’exploitation

1.2 Le compte de revenu et dépense


Dans sa première parties, ce compte enregistre les opérations de répartition autres que
celles directement liées à la production. Son solde constitue le revenu brut disponible
qui représente le revenu dont les différents secteurs institutionnels ont disposé une fois
effectuées toutes les opérations de distribution.

Dans sa deuxième partie, ce compte vis à faire apparaître la manière dont le RDB des
différents secteurs institutionnels se décompose en consommation finale et épargne brut.

37
Pour les SQS et les IF qui, par convention, n’ont pas de consommation finale. Il en
résulte que leur RDB est égal à leur EB.

1.3 Le compte de capital

Le compte de capital décrire les opérations liées aux investissements en actifs non
financiers ainsi que les transferts de capital. Son solde représente la capacité ou le
besoin de financement.

1.4 Le compte financier


Il décrit les opérations financières, c’est à dire les opération sur créances et sur dettes
effectuées par les secteurs institutionnels. Il indique par quels moyens ceux-ci satisfont
leur BF ou comment ils placent leur CF.

Si on regroupe les deux comptes précédents en seul compte, on peut dire que la
préoccupation de ce compte est de :

- décrire les opérations en capital en partant de l’EB dégagée par le compte


revenu et dépenses. Ce qui permet de dégager soit une capacité de
financement, soit un besoin de financement
- décrie les opérations financières en variations de créances et variations de
dettes.
La première partie du compte dégage soit une capacité de financement,, soit un besoin
de financement. La seconde partie, par d’autres informations statistique, le même solde,
sauf qu’il est de signe contraire : un agent ayant par exemple une capacité de financement
et un agent qui peut prêter cet excédent Son compte de capital sera créditeur. S’il
procède au prêt, son compte financier va dégager une variation de créances supérieure
à la variation des dettes. Le solde sera débiteur.
Le compte financier permet de contrôler l’exactitude du compte capital.
Le compte ajustement permet de remédier aux erreurs statistiques et à la non
comptabilisation de certaines opérations sur biens et services (ventes sans facture,…).

38
2 Présentation des comptes des secteurs institutionnels
résidents et du reste du monde

2.1 Comptes des sociétés et quasi -sociétés non


financières

 Compte de production

E R

-Consommation intermédiaire (HTVA) -Production effective (HTVA)

VAB

-Rémunérations salariales -VAB

-Impôts liés à la production (sauf TVA) -Subventions d’exploitation reçus

-EBE

 Compte de revenu et dépense


E R
-Impôt sur le revenu et le patrimoine -EBE
-Revenu de la terre versée -Revenu de la terre reçus
-Intérêts versés -Intérêt reçus
-Dividende distribués -Dividendes reçus
-Revenu prélevés par les chefs de QS -Revenu prélevés par les chefs de QS
-Primes nettes d’assurance dommage -Indemnités d’assurances dommages
-Prestation sociales directes -Cotisations sociale fictives
-Transferts courants versés au RDM -Transferts courants reçus du RDM
-Autres transferts versés aux SIR -Autres transferts courants reçus des SIR
-RDB
EB RDB

 Compte de capital

E R
-F.B.C.F -Epargne brute
-Variation des stocks -Subvenions d’investissements reçus
-Achats nets de terrains -Transferts en capital reçus du RDM
-Achats nets d’actifs incorporels -Transferts en capital reçus des SIR
-Impôts en capital
-Autres transferts en capital versés
CF BF

39
 Compte financier

Variation des créances Variation des engagements

-Monnaie et quasi-monnaie -Titres à court terme négociables

-Titres à court terme négociables -Obligations et bons à M.L.T.

-Obligations et bons à M.L.T. -Actions et autres participation

-Actions et autres participations -Crédits à court terme

-Crédits à court terme -Crédits à longs et moyen terme

-Crédits à long et moyen terme -Autres engagements

-Autres créances

Solde des engagements Solde des créances

2.2 Les comptes des institutions de crédits


 Compte de production
E R
-Consommation intermédiaire -Production de services non financiers
-VAB -P.I.S.B.
-Rémunérations salariales -VAB
-Impôts liés à la production (sauf TVA) -Subventions d’exploitation reçus
-Ajustement des services bancaires imputés
(PISB)
-EBE

 Compte de revenu et dépenses


E R

40
-Impôts sur le revenu et le patrimoine -EBE

-Revenu de la terre versée -Revenu de terre reçue

-Intérêt versés -Intérêts reçus

-Dividendes distribués -Dividende reçus

-Revenu prélevés par les chefs de QS -Revenu prélevés par les chefs de QS

-Prime s nettes d’assurances dommage -Indemnités d’assurances dommage

-Prestations sociales directes -Cotisations sociales fictives

-Transferts courants versés au RDM -Transferts courants reçus du RDM

-Autres transferts courants versé aux SIR -Autre transferts reçus des SIR

RDB

EB RDB

 Compte de capital
E R

-F.B.C.F -Epargne brute

-Variation des stocks -Subventions d’investissements reçues

-Achats nets de terrains -Transferts en capital du RDM

-Achats nets d’actifs incorporels -Transferts en capital des SIR

-Impôt en capital

-Autres transferts en capital versés

CF BF

 Compte financier
Variation des créances Variation des engagements

-Or financier ; DTS

- Devises -Monnaie et quasi-monnaie

-Monnaie et quasi-monnaie -Titre à court terme négociables

-Titre à court terme négociables -Obligations et bons à M.L.T.

-Obligations et bons à M.L.T. -Actions et autres participations

-Actions et autres participations -Crédits à court terme

41
-Crédits à long et moyen terme -Crédits à long et moyen terme

-Autres créances -Autres engagements

Solde des engagements Solde des créances

2.3 Compte des sociétés d’assurances et des caisses


de retraite
 Compte de production
E R

-Consommation intermédiaire (y compris les commissions -Production de biens et services marchands (y compris la
versées aux intermédiaires d’assurances) production des mutuelles et des intermédiaires d’assurances)

-VAB

-Rémunérations salariales -VAB

-Impôts liés à la production (y compris le fonds de garantie -Subventions d’exploitation


automobile et le fonds d’accidents de travail

E.B.E

 Compte de revenu et dépense

E R

-Indemnités d’assurances dommage -E.B.E

-Intérêts versé -Prime d’assurance-dommage nette

-Intérêts imputés sur les contrats d’assurance-vie- -Intérêts effectifs


capitalisation
-Revenu de la terre et des actifs incorporels
-Revenu de la terre et des actifs incorporels
-Dividendes et autres revenus des S.Q.S
-Dividendes et autres revenus des S.Q.S
-Cotisations sociales effectives et fictives
-Impôts directs
-Transferts courants
-Prestations sociales

-Autres transferts courants

-R.D.B.

EB RDB

 Compte de capital

42
E R

-F.B.C.F -EB

-Variations des stocks -Transferts en capital reçus

-Achats nets de terrains et d’actifs


incorporels

-Transferts en capital versés

-CF
-BF

 Compte financier

Variation des stocks Variation des engagements

- Devises -Dépôts non monétaires et Titres à CT

-Monnaie et quasi-monnaie -Obligations et bons à MLT

-Titre à CT négociable -Actons et autres participations

-Obligations et bons à MLT -Crédits à CT

-Actions et autres participations -Crédits à MLT

-Crédits à CT -Réserves primes et réserves sinistres

-Crédits à MLT -Réserves mathématiques

-Autres créances -Droits des assurés sur les réserves


techniques d’assurance-vie

-Autres engagements
Solde des engagements
Solde des créances

2.4 Les comptes des administrations publiques

 Compte de production

E R

-Consommation intermédiaire (HTVA) -Ventes de services non marchands

-VAB -Productions de services marchands et non


marchands

-Rémunérations salariales -VAB

43
-Impôts liés à la production (sauf TVA) - Subventions d’exploitations reçues

EBE

 Compte de revenu et dépense

E R

-Subvention d’exploitation versée -EBE

-Revenus de la terre versés -Impôts liés à la production

-Intérêts versés -Impôts sir le revenu et le patrimoine

-Revenu prélevés par les chefs de QS -Revenus de la terre reçue

-Prestations de la sécurité sociales -Intérêts reçus

-Prestations sociales directes -Dividendes reçus

-Primes nettes d’assurance dommage -Revenu prélevés par les chefs de QS

-Transferts courants versé au RDM -Cotisations sociales et fictives

-Autres transferts courants versés aux SIR -Cotisations sociales effectives

RDB -Indemnités d’assurances dommage

-Transferts courants reçus du RDM

-Autres transferts courants reçus du RDM

EB RDB

 Compte de capital

E R
-F.B.C.F -Epargne brute

-Variation de stocks -Impôts en capital

-Achats nets de terrains -Transferts en capital reçus


du RDM
-Achats nets d’actifs
incorporels

44
-Subventions
d’investissements versés

-Autres transferts en capital


versés
BF

CF

 Compte financier

Variation des créances Variation des engagements


-Monnaie et quasi-monnaie -Monnaie

-Titres à CT négociables -Dépôts non monétaires et


titre à CT
-Obligations et bons à M.L.T.
-Obligations et bons à M.L.T.
-Actions et autres
participations -Crédits à court terme

-Crédits à court terme -Crédits à long et moyen


terme
-Crédits à long et moyen
terme -Autres engagements

-Autres créances

Solde des engagements Solde des créances

2.5 - Les comptes des I.P.S.B.L.

 Compte de production

45
E R
-Consommation intermédiaire - Production

-VAB

-Rémunération salariale - VAB

-E.B.E - Subventions d’exploitation

 Compte de revenu et dépense

E R
-Impôts directs -EBE

-Intérêts effectifs versés -Intérêts effectifs reçus

-Primes nettes d’assurance -Revenu de la terre et actifs


dommage incorporels

-Prestations sociales -Dividendes et autres revenu


s des sociétés et quasi-
-Transferts privés
sociétés
internationaux
-Indemnités d’assurances
-Transferts courants
dommage
-Transferts courants divers
-Cotisation sociale fictives
-R.D.B
-Transferts courants aux I.P
.S.B.L.

-Transferts privés
internationaux

-CF RDB

-EB

46
 Compte de capital

E R
-FBCF -EB

-CF -BF

2.6 Les comptes des ménages


 Compte de production

E R
-Consommation intermédiaire - Production marchande
(HTVA)
- Production non marchande
-VAB

-Rémunérations salariales - VAB

-Impôts liés à la production (sauf Subvention d’exploitation reçus


TVA)

E.B.E

 Compte de revenu et dépense

E R
-Impôts sur le revenu et le -EBE
patrimoine
-Rémunérations des salariés
-Revenus de la terre versés résidents

-Intérêts versés -Revenu de la terre reçu

-Cotisations sociales fictives -Intérêts reçus

47
-Cotisations sociales -Dividendes reçus
effectives
-Indemnités d’assurance
-Cotisations sociales des dommage
salariés
-Prestations de la sécurité
-Primes nettes d’assurance sociales
dommage
-Prestations sociales directes
-Transferts courants versés
-Transferts courants reçus du
au RDM
RDM
-Autres transferts courants
-Autres transferts courants
versés aux SIR
reçus des SIR
-RDB

EB RDB

 Compte de capital

E R
-F.B.C.F -Epargne brute

-Variation des stocks -Subventions d’investissement


reçues
-Achats nets de terrain
-Transferts en capital reçus
-Achats nets d’actifs
des SIR
incorporels
-Transferts en capital reçus
-Autres transferts en capital
du RDM
versé s
BF
CF

 Compte financier

48
E R
- Devises -Crédits à court terme

-Monnaie et quasi-monnaie -Crédits à long et moyen


terme
-Titres à court terme
négociable -Autres engagements

-Obligations et bons à MLT

-Actions et autres
participations

-Crédits à court terme

-Crédits à long et moyen


terme

-Droits des assurés sur les


réserves techniques
d’assurance-vie

-Autres créances

Solde des créances


Solde des engagements

2.7 Le compte du reste du monde


Le compte le du reste du monde diffère des comtes des autres unités puisqu’il ne décrit
pas l’ensemble de l’activité d’un groupe unités institutionnelles spécifiques, mais les
seules opérations ayant intéressé à la fois une unité résidente et une unité non résidente.
De ce fait, la suite habituelle des comptes n’aura pour ce secteur aucune signification.
Il est caractérisé par deux comptes :
-Le compte des opérations courantes
-Le compte de capital et financement

49
 Compte des opérations courantes avec le RDM

E R
-Exportations de biens et -Importations de biens et
services (FOB) services (CAF)

-Consommations finales des


non-résidents/TEN
-Consommation finale des
résidents/RDM

-Rémunérations des salariés


résidents par les employeurs
-Rémunération des salariés
non-résidents
non-résidents par les
-R.P.E. reçus du RDM employeurs résidents

-CF du RDM -R.P.E. versés au RDM

-BF de la Nation -Transferts courants versés


au RDM

 Compte de capital du RDM

E R
-Achats nets de terrain -Solde des opérations
courantes avec le RDM

50
-Achats nets d’actifs -Transferts en capital versés
incorporels au RDM

-CF du RDM -BF du RDM

-BF de la Nation -CF de la Nation

c- Compte financier du RDM

E R
-BF du RDM -CF du RDM

-Solde des engagements -Solde des créances

2.8 Compte d’équilibre de biens et services

Pour chaque produit (i) on a l’égalité physique offre-demande suivante :

Qi + MI+ DTII = Xi1 + xi2 +… + Xij +… + Xin + yI

QI = offre locale

MI………………= importations en produit

DTII = Droit de taxes sur importations

XIJ = Emplois intermédiaires de (i) par la branche (j)

YI = Emplois finals de (i) sous forme de CF, FBCF, VS, et X

La valeur des M est augmentée des DTI car le compte est établi au niveau de la
circulation des biens.

51
2.8.1 Equilibre ressources-emplois de la Nation

Au niveau de la Nation, l’agrégation des comptes de biens et services permet d’obtenir


l’équilibre physique suivant :

PT + M + DTI = CI + CF + FBCF + VS + X
Ce compte est articulé avec les comptes des SI résidents par le biais des CI, de la PT
et de la CF, d’une part, et, d’autre part, avec les comptes du RDM par l’intermédiaire
des M et des X.
L’évaluation de l’équilibre en valeur signifie que tous les emplois sont exprimés en prix
d’acquisition. Or du côté des ressources, la production et les importations sont exprimées
au prix départ-usine et franco de port, c’est à dire CAF augmenté des DTI. Il est donc
nécessaire d’ajouter, côté ressources, la TVA non déductible et la marge commerciale.

2.9 Le compte des branches

La comptabilité nationale décrit les flux des branches dans les comptes de productions
et d’exploitations.
Le comte de production enregistre la production effective augmentée des transferts éventuels
de produits similaires des autres branches. Par soustraction des CI, on déduit la VAB de
la branche.
Le VAB dégagée dans le compte de production et reportée en ressources du compte
facteurs des résidents. Alors que seules les branches marchandes ont une production à
court complet, les branches non marchands peuvent ne pas avoir certains éléments de
ce coût et sont caractérisée par l’absence d’excèdent net d’exploitation. Une partie
importante du TES (partie basse) est constituée par les comptes de production et
d’exploitation des branches.

52
CHAPITRE 4. : LE TABLEAU ECONOMIQUE D’ENSEMBLE
ET LE MODELE DE J.M. KEYNES
Les chapitres 1 et 2 ont présenté les données nécessaires pour l’analyse des
performances économiques globales d’un pays (PIB PNB RNB etc.). Le chapitre
3 a donné quelques bases pour comprendre ce qu’est la comptabilité nationale et
ses principes. A cette occasion ont été abordées les notions de secteurs
institutionnels, les Comptes de gestion et les Comptes d’opérations.
Ces éléments de connaissances vont, dans le chapitre 4, être utilisés pour analyser
le Tableau Economique d’Ensemble c’est-à-dire un document publié
annuellement par l’INSEE et qui donne un tableau de bord de l’économie
nationale.
L’objectif de ce chapitre est d montrer comment lire et interpréter les principales
informations économiques fournies chaque année dans la Comptabilité Nationale.
La lecture de ce TEE permettra de voir comment on peut effectuer un diagnostic
sur les différents secteurs (agents économiques) et sur l’Economie Nationale dans
son ensemble.
L’analyse de ce TEE nous amènera ensuite à introduire le modèle de J.M. Keynes.

4.1 L’architecture d’un TEE


Rappel
Le TEE est un des deux tableaux de synthèse fourni chaque année
dans le rapport sur les Comptes Nationaux. L’autre tableau de
synthèse est le Tableau Entrées- Sorties(le TES). Le TEE présente
de façon similaire les Comptes de gestion et de capital de chaque
Secteurs Institutionnels, qui retracent les diverses opérations
auxquelles se livrent un agent au cours de l’année et les Comptes
d’Opération qui montrent, pour une opération donnée, les
« agents économiques » qui sont concernés et les montants pour
lesquels ils interviennent.
Le TEE de l’année consultable en détail sur le site de l’INSEE, sert
d’exemple dans la suite de ce texte. Les exercices de ce chapitre 4,
prendront comme exemple le TEE 2015 (cf. Annexe)
Sur la présentation schématique d’un TEE simplifié (Schéma 1)
apparaissent des reperes-1à 7- qui vont permettre de présenter
l’architecture du tableau et les informations qu’il donne.

4.1.1 Présentation des différentes parties du TEE


Les flux qui sont analysés dans le TEE sont classés en trois grandes catégories :

53
 Flux de biens (marchandises) et services ;
 Flux de revenus ;
 Flux financiers.
Dans la version simplifiée du TEE que nous présentons ici sur le schéma 1, seuls
les comptes de capital des flux financiers sont reproduits.
Les colonnes de type (1) énumèrent les diverses opérations prises en compte dans
le TEE. Ces opérations correspondent aux différents flux (biens et services,
revenus, ou financiers).
La partie (2) analyse les flux venant en emplois pour ces différentes opérations
et les différents secteurs institutionnels et la partie (3) donne les flux venant en
ressources.
Certains des enregistrements sont faciles à interpréter. La Production totale des
Biens et Services correspondra à la livraison des produits sur les différents
marchés et, en contrepartie, à un flux de monnaie qui apparaitra en Ressource des
Secteurs Institutionnels Résidents (SIR) qui ont produit ces biens et services.
Pour d’autres enregistrements et en particulier les échanges de produits avec le
Reste du Monde, l’interprétation est plus délicate. Les flux de monnaies dont
enregistrés du point de vue de chaque secteur.
Par exemple, les exportations de l’économe française, conduiront à un flux de
monnaie en paiement qui viendra du Reste du Monde vers l’économie nationale
et ce flux sera enregistré en emplois du reste du monde. A l’inverse, les
importations de l’économie nationales conduiront à une sortie de monnaie de
l’Economie Nationale qui ira vers le reste du monde et qui sera enregistré en
ressource du Reste du Monde (voir le chapitre 3).
 les comptes des secteurs institutionnels
Les colonnes de type (4) ou (5) du schéma 1, présentent les comptes de gestion
des Secteurs Institutionnels (SI). Elles permettent l’analyse du« comportement »
économique du SI pendant la période.
Il convient de bien distinguer ici les comptes de flux des six Secteurs
Institutionnels Résidents (4), du compte du Reste du Monde (5)
Pour ce dernier compte, du côté Ressources (5) et du coté Emplois (5*), on a la
présentation des données qui permettront d’analyser, au cours de l’année, les
relations entre l’économie nationale (les Résidents) et le Reste du Monde (les
Non-Résidents).

54
C‘est la lecture de ce compte (5 et 5*) qui permet l’analyse des données entre une
économe et son environnement extérieur.
 les comptes d’opération
Rappel
Dans le TEE complet, trois catégories d’opérations sont analysées.
o Les opérations sur Biens et Services.
o Les opérations de Revenus.
o Les opérations Financières.
Les colonnes de type 6 (Ressources) et 6* (Emplois) donnent le compte des
opérations sur Biens et Services (compte « Miroir ». Une opération qui apparait
en Ressource dans un compte de gestion (Production Totale ou Importation se
reflétera dans le compte Ressource situé du côté Emploi du TEE. A l’inverse, les
opérations comme les Consommation Intermédiaires ou la Consommation Finale,
la Formation Brute de Capital ou les Exportations qui, dans un compte de gestion,
seront en Emplois, se reflétera dans le compte Emploi situé du côté Ressource du
TEE.
Les lignes de type 7 correspondent aux comptes d’une opération de revenu
particulier où 7 est la partie Ressources du compte et 7* la partie Emplois.
Les opérations financières, non prises en compte ici, correspondront également
à une ligne du TEE ;
Schéma 1 – l’architecture simplifiée d’un TEE

55
4.1.2 Les comptes de gestion et de capital des SIR (extrait
du TEE 2011) (comptes de type 4 et 4*)
Tableau 1 – les comptes des « SNF » 2011
COMPTE EMPLOIS OPERATIONS RESSOURCES
PRODUCTION
Production totale 2542
1538 Consommations intermédiaires
1004 VALEUR AJOUTEE BRUTE 004
EXPLOITATION 681 Rémunération des salariés
53 Impôts liés à la production
-17 Subvention d’exploitation
287 EXCEDENT BRUT D’EXPLOITATION
AFFECTATION DES REVENUS
EXCEDENT BRUT D’EXPLOITATION 287
PRIMAIRES
318 Revenus de la propriété 223
70 Dont : Intérêts 57
238 Dont : Revenus des sociétés 150
192 REVNU PRIMAIRE BRUT 192
DISTRIBUTION SECONDAIRE DU
33 Impôts sur le revenu et le patrimoine
REVENU
12 Prestation sociale
Cotisation sociale 12
36 Autres transferts courants 13
136 REVENU DISPONIBLE BRUT 136
UTILISATION DU REVENU 0 Consommation Finale
136 EPARGNE BRUTE 136
CAPITAL Transfert en Capital 13
202 Formation brute de capital fixe
10 Variations des stocks
1 Acquisition nette d’actifs et d’objets de valeur
-64 CAPACITE + OU BESOIN – FINANCEMENT
Commentaire les SNF produisent pour 1004 milliards de richesses : VAB = 1004.
Ce montant rémunère le travail : 681 milliards au titre de
la « rémunération des salariés » et le capital : EBE= 287 milliards.

Le compte d’affectation des revenus primaires analyse quels sont les revenus
primaires reçus d’autres secteurs : 223 milliards et quels sont les revenus
primaires versés à d’autres secteurs 318 milliards. Le solde RPB = 192 milliards,
comptabilise ce que les SNF ont à leur disposition avant les opérations de
redistribution (Redistribution Secondaire du Revenu) sous forme d’impôts, de
cotisation et de prestations sociales de divers revenus de transfert. Le solde qui
ressort est alors de Revenu Disponible Brut = 136 milliards, une somme qui va,
pour les SNF, être égale à l’épargne brute = 136 milliards, les SNF n’ayant pas de
consommation finale mais uniquement des Consommations Intermédiaires à
l’occasion de leur production.
Le Compte de capital montre comment est utilisée cette Epargne Brute. Dans le
cas des SNF, on constate que cette épargne sera insuffisante pour couvrir

56
l’investissement (FBCF + Variation des stocks) et donc que les SNF auront un
Besoin de Financement de 64 milliards en 2011.

4.1.3 Le compte du reste du monde (colonnes 5 et 5*)


Le compte du Reste du Monde analyse les relations entre les Secteurs
Institutionnels Résidents et les Unités Non-Résidents qui forment le Reste du
Monde.
A la différence des SIR, le Reste du Monde ne fait pas de distinctions entre les
différents comptes de gestion. Seuls les flux de Biens et de Services (Importations
et Exportation) et les flux de revenus sont enregistrés entre les Résidents et Non-
Résidents.
Le solde qui permet d’équilibrer le compte correspond à la somme des soldes des
comptes de Capital des Secteurs Résidents.
Si le solde est positif, ce qui est le cas en 2015, cela signifie que l’économie
française a un « besoin de financement » de 43 milliards d’£. L’économie
française verse plus aux Non-Résidents (863 milliards) qu’elle ne reçoit (819
milliards). Cette différence correspond à la somme des soldes des différents
comptes de capital, cette somme est de (43milliards).
Dans le TEE, on aura donc la présentation reprise sur le tableau 2.
Tableau 2 – le compte du reste du monde (TEE 2015).
EMPLOIS RESSOURCES
Opérations SNF SF AP M + RdM RdM SNF SF AP M +
ISBL ISBL

Export 654,9
Import 685
Somme des
diverses = 819 = 863
opérations
Solde du compte
-36,5 -4,1 -76,5 +75,1 43
de capital

4.1.4 Un compte d’opération


L’exemple est celui du compte « Rémunération des salariés »
(Colonnes 7 et 7*)

57
Tableau 3 – le compte « rémunération des salariés » de 2015.

EMPLOIS RESSOURCES
SNF SF AP M + RdM TOTAL RdM M TOTAL
ISBL

731,1 51,1 281,5 73,1 19,5 1156,3 1,2 1155,1 1156,3


Commentaire
Seuls les Ménages résidents (1155,1) et les Ménages non-résidents
(1,2) reçoivent des salaires. Pour les résidents, ils sont comptabilisés
en Ressource du compte d’affectation des revenus primaires.
Par contre, à partir du moment où un « agent économique » exerce
une activité de production marchande ou non marchande, elle sera
conduit à verser des salaires. Le montant des salaires versés apparait
en Emploi du compte d’exploitation de chaque secteur.

4.1.5 Le compte des opérations sur biens et services


(colonnes 6 et 6*)
Ce compte « Miroir » a été déjà analysé au chapitre 3 (tableau 7).
Les consommations intermédiaires qui sont enregistrées en emplois de SI 1 et SI
2 de chacun des secteurs (CI 1 et CI 2), vont apparaitre pour leur total CI = CI 1
+ CI 2, dans la colonne (miroir) EMPLOIS du compte de l’opération sur les biens
et services.
 Exemple
Les productions totales qui sont en Ressource de SI 1 et SI 2 dans le compte de
production vont, pour le total, PT = PT 1 + PT 2 dans la colonne RESSOURCES
(miroir) du compte de l’opération sur les Biens et Services.

4.2 Les équations dans un TEE simplifié


Le tableau 4 donne un exemple simplifié de TEE dans lequel :
 On a seulement trois Secteurs Institutionnels Résidents avec M qui
correspond aux Ménages et SNF qui correspond aux entreprises (Sociétés
Non Financières) et AP aux Administrations Publiques.
 A côté de ces SIR, il y a aussi le compte du Reste du Monde (R.d.M).
 Les comptes de gestion ne reprennent que les principales opérations.

58
 Ce tableau est incomplet mais il vous sera possible de reconstituer toutes
les valeurs qui manquent.
 Les valeurs à trouver sont signalées par une croix.
 Le corrigé est donné à la suite.

59
B et S
B et S
SNF AP M RdM Ressource TOTAL SNF AP M RdM Total
Emplois
s

600 600 Importations 600 600

550 550 Exportations 550 550

- - - - 3300 3300 Production totale 2500 400 400 - - 3300

Consommations
1550 110 130 - - 1790 intermédiaires
- - - 1790 1790

950 290 270 - - 1510 Valeur Ajoutée Brute 950 290 X - - 1510

Rémunération des
800 200 100 10 - 1110 salariés
- - 1100 10 1110
X correspond aux valeurs à rechercher.

Excédent Brut
150 90 170 - - 410 d’Exploitation
150 90 170 - - 410
Tableau 4 – Un TEE simplifié (à compléter).

200 100 50 150 - 500 Revenus de la propriété 200 80 X 130 - 500

Revenu Primaire
X X X - - X Brut
X X X - - X

60
Impôts sur le revenu et
60 20 180 10 - 270 le patrimoine - 270 - 270

- - 440 440 Cotisations sociales 34 400 - 6 - 440

20 420 - 2 - 442 Prestations sociales - - 435 7 - 442

Autres revenus de
120 410 60 10 600 transferts
100 400 50 50 600

Revenu Disponible
X X X X Brut
X X X X

0 200 800 - - 1000 Consommation Finale - - - 1000 1000

84 90 315 489 Epargne Brute 84 90 315 489

FBCF +
250 210 100 560 Variation des - - - X 560
stocks

Capacité ou
X X 215 X 0 Besoin de - - - - 0
Financement

X X TOTAL X X
EMPLOIS OPERATIONS RESSOURCES

SNF AP M RdM B et S TOTAL SNF AP M RdM B et S Total


Ressources Emplois

600 600 Importations 600 600

550 550 Exportations 550 550


Tableau 5- TEE complété

- - - - 3300 3300 Production totale 2500 400 400 - - 3300

1550 110 130 - - 1790 Consommations - - - 1790 1790


intermédiaires

950 290 270 - - 1510 Valeur Ajoutée 950 290 270 - - 1510
Brute

800 200 100 10 - 1110 Rémunération des - - 1100 10 1110


salariés

150 90 170 - - 410 Excédent Brut 150 90 170 - - 410


d’Exploitation

200 100 50 150 - 500 Revenus de la 200 80 90 130 - 500


propriété

150 70 1310 - - X Revenu Primaire 150 70 1310 - - 1530

61
Brut

60 20 180 10 - 270 Impôts sur le revenu - 270 - 270


et le patrimoine

- - 440 440 Cotisations sociales 34 400 - 6 - 440

20 420 - 2 - 442 Prestations sociales - - 435 7 - 442

120 410 60 10 600 Autres revenus de 100 400 50 50 600


transferts

84 290 1115 X Revenu Disponible 84 290 1115 1489


Brut

0 200 800 - - 1000 Consommation - - - 1000 1000


Finale

84 90 315 489 Epargne Brute 84 90 315 489

250 210 100 560 FBCF + Variation - - - 560 560


des stocks

-166 -120 215 71 0 Capacité ou Besoin - - - - 0


de Financement

803 3900 TOTAL 803 3900


A partir du tableau, une fois complété, calculer la VAB de l’économie présentée.
A partir du tableau 5, on peut faire apparaitre les différents soldes des comptes de
gestion (VAB/PIB, EBE, RPB, RDB, EB) et le solde du compte de capital.
On met également en évidence le compte « Miroir » qui donne l’égalité entre les
Ressources et les Emplois sur les Biens et Services. On constate enfin que ce pays
a un besoin de financement de 71.
Ce solde apparait comme somme des capacités et besoin de financement de
l’économie nationale. Il apparait en même temps, avec un signe positif dans le
compte du Reste du Monde, cela signifie que les sorties de l’économie nationale
excédent de 71 le montant venant du Reste du Monde vers l’économie nationale,

4.3 L’évaluation de la demande et de l’offre globale dans


un TEE

Dans la théorie macroéconomique élémentaire, il est fait référence à la notion


d’offre globale, de demande globale et d’équilibre macroéconomique (voir le
chapitre2). Comment évaluer ces deux agrégats dans un TEE ? Le tableau 6 va
permettre d’illustrer cette recherche.

62
EMPLOIS OPERATIONS RESSORCES

SNF AP M RdM B et S TOTAL SNF AP M RdM B et S Total


Ressource Emplois
s
600 600 Importations 600 600

550 550 Exportations 550 550

- - - - 3300 3300 Production totale 2500 400 400 - - 3300

1550 110 130 - - 1790 Consommations intermédiaires - - - 1790 1790


« public-privé »

950 290 270 - - 1510 Valeur Ajoutée Brute 950 290 270 - - 1510

800 200 100 10 - 1110 Rémunération des salariés - - 1100 10 1110

150 90 170 - - 410 Excédent Brut d’Exploitation 150 90 170 - - 410

63
200 100 50 150 - 500 Revenus de la propriété 200 80 90 130 - 500

150 70 1310 - - X Revenu Primaire Brut 150 70 1310 - - 1530

60 20 180 10 - 270 Impôts sur le revenu et le patrimoine - 270 - 270

L’offre globale est évaluée par le PIB (ici la VAB).


Tableau 6 – Un TEE avec une décomposition « public-privé »

- - 440 440 Cotisations sociales 34 400 - 6 - 440


20 420 - 2 - 442 Prestations sociales - - 435 7 - 442

120 410 60 10 600 Autres revenus de transferts 100 400 50 50 600

84 290 1115 X Revenu Disponible Brut 84 290 1115 1489


4.3.1 Demande et offre globale : la décomposition

de Capital et de la différence entre les Exportations et les Importations.


0 200 800 - - 1000 Consommation Finale - - - 1000 1000

84 90 315 489 Epargne Brute 84 90 315 489

250 210 100 560 FBCF + Variation des stocks - - - 560 560

La demande globale l’est à partir de la consommation Finale, la Formation Brute


-166 -120 +215 +71 0 Capacité ou Besoin de - - - - 0
Financement
803 3900 TOTAL 803 3900
L’analyse macroéconomique fait également souvent une distinction entre la
demande privée et la demande publique (voir le chapitre 2).
Le TEE simplifié repris dans le tableau 6, doit vous permettre de calculer le
montant, pour une année, de la dépense privée et de la dépense publique.
La théorie macroéconomique élémentaire met en jeu quatre agents économiques
exerçant chacun une fonction économique principale.
 Les Ménages (M) qui consomment des Biens et Services et qui perçoivent
des revenus du travail et du capital.
 Les Entreprises (E) qui produisent les Biens et Services et qui utilisent
pour cela les facteurs de productions et versent donc des revenus aux
Ménages.
 L’ETAT (AP) qui produit également des richesses et qui intervient dans la
répartition des revenus.
 L’Extérieur (Reste du Monde) avec lequel l’économie nationale échange
des biens et des services, ainsi que des revenus.
Les agents de la théorie économique correspondent aux Secteurs Institutionnels
du TEE et nous avons retenu pour l’exemple trois secteurs institutionnels résidents
et le Reste du Monde.
Il est aisé de retrouver dans ce tableau les deux expressions de la Demande
Globale évoquées au chapitre 2.
Une formulation assez courante de la demande globale dans les présentations
théorique est aussi :
DG =C + I + G +Export – Import
Dans cette formulation, G correspond aux dépenses publiques (Consommation
Finale et FBCF + Variations des stocks des Administrations Publiques.)
Cela correspondra dans le TEE :
DG= CF (Ménages) + FBC (Ménages + Entreprises) + (G) + Export – Import
= CF + FBC (privée) =CF Etat + FBC (Etat) + Export - Import
A partir du tableau 6 :
 L’offre Globale :
PIB = 1 510
 La demande globale :
DG CF +FBCF + Variation des stocks + Export + Import Total
DG 1000 560 550 -600 =1 510

64
 La demande globale avec la décomposition publique privée
< CF (privée) + FBC (privée) = 8 090 +350 = 1150
<Dépenses publiques : CF et FBC de l’Etat =200+210=410
<Export-Import=550-600=-50
 Offre globale : PIB=1510
 Demande globale :
1150(privée) +410(publique)-50 Solde extérieur =1510
4.3.2 L’analyse des comptes des administrations publiques
L’actualité met en avant régulièrement les déséquilibres des comptes des
administrations publiques. Le traité de Maastricht du 1er novembre 1993
fixe est critère devant être respectés pour intégrer la monnaie unique.
Deux de ces critères concernent les finances publiques.
 Le déficit public ne doit pas dépasser 3% du PIB.
 La dette publique doit au maximum être limitée à 60% du PIB.
Les données statistiques du TEE permettent de suivre la réalisation de ces deux
objectifs.
Le tableau 7 ci-dessous, donne les résultats publiés par l’INSEE sur ces deux
objectifs.
Tableau 7-la France ne respecte pas les critères de Maastricht.
INSEE mars 2017(données révisées par rapport au TEE donné en annexe 1 du chapitre 4).

Opérations Année 2015 Année 2016


Déficit public = Besoin de financement
-78,7 milliards -75,9 milliards
des administrations
% du PIB -3,6% -3,4 %
Dépenses des APU 1244,0 milliards 1257,2 milliards
Recettes des APU 1165,3 milliards 1181,3 milliards
2098,0 milliards (95,6 % 2147,2 milliards (96,3
Dette Publique
du PIB) % du PIB)

Comme on peut le constater, si le pourcentage du déficit par rapport au PIB


tend actuellement à rejoindre l’objectif des -3%, il faudra de plusieurs années
avant que l’objectif de la dette publique soit réalisé. Cela ne pourrait être
réalisé qu’en ayant des excédents de financement pendant de nombreuses
années.

4.4 Les ratios dans le TEE


A partir du TEE, il va être possible de calculer un certain nombre de
rapports (ratios)qui vont permettre de suivre l’évolution du comportement
des secteurs institutionnels et permettre de déterminer les paramètres qui
65
seront nécessaires pour construire les fonctions qui permettront d’alimenter
les modèles macroéconomiques et en particulier le modèle keynésien.
4.4.1 Les ratios de consommation et d’épargne du secteur « Ménage »
Le ratio le plus important est celui qui caractérise la relation entre la
consommation, l’épargne et le revenu des ménages.
 Ce rapport est « propension moyenne à consommer »(PMC)
PMC=CF/RDB. En 2015 : PMC=1156/1352=0,855.
 On obtiendra également « la propension moyenne à
épargner »(PME).
Ce rapport est connu également sous l’appellation de taux
d’épargne des ménages.
PME=EB/RDB. En 2015 : PME=196/1352=0,145.
PMC+PME=1.
Ces deux propensions restent très stables en Franc sur une longue période.
Entre 2005 et 2015, la propension à consommer oscille entre 0,84 et 0,85.
Cette stabilité s’observe de la même façon pour le taux d’épargne.
A partir des mêmes variables de consommations finales, d’épargne brute et de
revenu disponible but, il sera possible en prenant les valeurs sur deux années
successives de calculer :
 La « propension marginale à consommer » (PmC=∆ CF/∆ RDB)
PmC en 2015/2014=0,79
 Et « la propension marginale à épargner » (PmE=∆ EB/∆ RDB)
PmE en 2015/2014=0,21.
Tableau 8 donne les résultats pour les années de 2009 à 2015.
Tableau 8 -quelques ratios pour les ménages (France).
Années 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
PIB 1939 1998 2059 2087 2115 2140 2181
RDB Economie 1935 2001 2066 2071 2090 2114 2168
CF Economie 1553 1598 1636 1659 1683 1701 1723
FBCF +∆ Stocks
412 437 477 472 472 481 487
Economie
Exportations nettes 28 -38 -52 -45 -40 -43 -30
RDB des Ménages 1255 1285 1311 1318 1322 1333 1352
CF des Ménages 1051 1082 1107 1120 1132 1141 1156
PMC des Ménages 0,83 0,84 0,84 0,85 0,85 0,85 0,85
PmC des Ménages =
1,03 0,96 1,86 3,0 0,82 0,79
∆ CF/∆ RDB
66
Source : INSEE : Comptabilité Nationale TEE.
En milliards d’Euros courants. Les différents ratios sont arrondis.

4.4.1 Les ratios d’investissements (de la FBCF)


Un ratio est souvent calculé pour les Sociétés non Financières. Il s’agit du « taux
d’investissement » qui mesure la part de l’investissement (FBCF) dans la richesse
créée (VAB).
Taux d’investissement=FBCF/VAB.
En 2015, ce taux est de 0,24 pour les SNF .Ce taux comme pour les ratios de
consommation reste très stable. En France il oscille entre 0,22 et 0,25 entre 2010
et 2015.
Tableau 9-Taux d’investissement pour les sociétés non financières (France).
Années 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
PIB 1939 1998 2059 2087 2115 2140 2181
RDB Economie 1935 2001 2066 2071 2090 2114 2168
VAB des SNF 986 1012 1048 1061 1075 1084 1110
FBCF +∆ Stocks des SNF 197 219 254 243 247 262 273
Taux d’investissement
0,20 0,22 0,24 0,23 0,23 0,24 0,25
FBC./VAB

Source : INSEE : Comptabilité Nationale TEE.


En milliards d’Euros courants. Les différents ratios sont arrondis.

4.4.2 Les ratios de financement des secteurs institutionnels


D’autres ratios concernant les secteurs rationnels résidents et l’ensemble de
l’économie nationale peuvent être calculés dans un TEE.
A partir des comptes de production et d’exploitation des secteurs, il est possible
de calculer le « taux de marge » obtenu par le rapport Excédents Brut
d’Exploitation /VAB.
Ce taux de marge peut être calculé pour l’ensemble de l’économie nationale, ou
par secteur institutionnel.
Ce taux de marge donne la répartition de la richesse créée(VAB) entre le travail
et capital. En 2015, le taux de marge de l’économie française est de :
638/2181,1=32,7%.
Pour les Sociétés non Financières ce taux est de 32,9%.

67
A partir des comptes d’utilisations de revenu et du compte de capital, il est
possible de calculer le « taux d’autofinancement ».
Ce taux est obtenu par le rapport Epargne Brute/Formation Brute de Capital
fixe. Il indique pour l’économie dans son ensemble et pour chaque secteur en
particulier quelle est la part de l’investissement couvert par son épargne.
En 2015, le taux d’autofinancement des SNF était de 0,862 ou de 86,2%.
Ce pourcentage est la part de la Formation Brute de Capital couverte par l’Epargne
des SNF.

4.4.3 Les ratios du commerce extérieur


Pour caractériser la situation des échanges d’un pays, on calcule le« taux de
couverture du commerce extérieur ».
Ce taux est obtenu par le rapport des exportations sur les importations (voir le
chapitre 2.2) multiplié par 100.

68
CHAPITRE 5. LE TABLEAU ENTREES-SORTIES(TES) ET LE
MODELE DE LEONTIEF

Dans le TEE, les opérations sur biens et services ont été analysées par rapport aux
différents secteurs institutionnels. Quel secteur institutionnel produit, consomme,
investit, etc.
Dans le TES, l’analyse des opérations de production, de consommation, etc. va se
faire par rapport aux Branches et aux différents Produits. Le TES va par
conséquent permettre une analyse de la Production dans une économie.
Dans ce chapitre 5, nous montrerons d’abord comment interpréter les données
d’un TES (section 5.1 et 5.2) puis nous verrons dans un section 5.3, les utilisations
prévisionnelles qu’il est possible d’envisager (Modèle de W. Leontief).

5.1 Les unités de production homogènes et les branches


Pour analyser certaines fonctions économiques et en particulier la production, les
comptables nationaux utilisent des unités élémentaires que l’on nomme Unités de
Production Homogènes.
Une Unité est dite de Production Homogène, si elle exerce une activité exclusive
sur un produit ou un ensemble de produits.
Le regroupement des UPH qui fabriquent le même produit, donnera un
regroupement en Branche.
A la différence des Secteurs Institutionnels, qui regroupent les Unités
Institutionnels ayant la même fonction économique principale, les Branches
regroupent des processus de productions.
Chaque unité institutionnelle sera décomposée en autant d’UPH qu’y a de produits
différents composant sa production.
 Exemple (Cf. Schéma 1)
Supposons que l’on ait 3 entreprises UI 1, UI 2, UI 3 fabriquant 3 produits
différents : UPX, UPY, UPZ. On connait la production totale de chacune
des entreprises.
Le Secteur Institutionnel « Entreprise » regroupe ces trois entreprises et
produit au total de 240.

69
L’unité Institutionnelle UI 1se compose de deux UPH c’est-à-dire qu’elle
fabrique deux produits différents. Sa production totale est de 50, répartie
entre deux produits X et Z. L’UPH X produit 20 et l’UPH Z produit 30.
Au total, comme on peut le voir sur le schéma 1 :
 La Branche X produit 40. Elle regroupe toutes les UPH X.
 La Branche Y, produit 90 et regroupe toutes les UPH Y.
 La Branche Z, produit 110 avec le regroupement des UPH Z.
Schéma 1- La distinction entre les branches et les secteurs institutionnels.

5.2 L’architecture d’un TES

Ce tableau, publié chaque année avec le TEE, donne une présentation simplifiée
des Ressources et des Emplois de chaque catégorie de produit (Biens et Services).
Il analyse aussi le processus de Production des différentes Branches. Le TES
présenté dans la comptabilité française analyses les Produits et les Branches en 17
postes différents. Le TES se décompose en quatre tableaux comme indiqué dans
le schéma 2

Schéma 2 – Architecture simplifiée d’un TES

70
5.2.1 Le tableau des ressources en produits (TI)

Chaque ligne de ce tableau, analyse l’origine des Ressources pour chaque type de
produit (i).
Ces Ressources se partagent en deux grandes catégories. La Production de (i),
Importations de (i). La somme donne une évaluation au « prix de la base », prix
auquel on ajoute divers autres éléments : les marges (mi) les impôts (ti) diminués
des subventions (si) sur les produits. Cela permettra pour chaque produit de définir
une évaluation au « prix d’acquisition ».
Dans ce tableau, pour chaque produit (i) on aura l’égalité :
R i (Ressources en produit i) = X i + M i + m i + t i – s i
La somme des Ressources en produit (R i) = R (Ressource totales)
Pour chaque opération, le total est donné en colonne et on retrouve le total des
Ressources dans l’Economie (R) en faisant la somme des différentes opérations
de chaque Produit (i).

71
Tableau 1 – Les ressources en produits d’un TES.

au au prix
des

d’acquisitio
ressources

∑ Ri = R
Total

Ri
n

sur les produits


Subventions

∑ ti - si
Impôts

ti - si
Mar
ges

mi

mi

au
prix de base

∑ Xi + Mi
Xi + Mi
Total
Impo
rtati

Mi

Mi
on


uct
ion

Xi

Xi
Pr
od


Produit

Total
des
1

n
s

5.2.2 Le tableau des entrées intermédiaires (T2)

Ce tableau comptabilise pour chaque produit (i), l’emploi de ce dernier par les
différents Branches. Ce tableau des entrées intermédiaires ou des consommations
intermédiaires, permettra de déterminer les « coefficients techniques » de
production analysés plus loin.
Si on appelle (i) le Produit et (j) la Branche et X ij le montant des consommations
intermédiaires de Produit (i) par la Branche (j), on aura les relations suivantes
dans le tableau T2.
Relation 1 en ligne : X i 1 + X i 2 +X i 3 + …. + X i n = ∑ CI ij avec j = 1 à n.
J
Une ligne de T2 indique le montant d’un produit (i) utilisé par chaque Branche
(j).
72
Relation 2 en colonne : X 1 j + X 2 j + X 3 j + … + X n J = CI ij avec i = 1 à n.
i
Une colonne de T2 indique le montant de chaque Produit (i) utilisé par une
Branche (j) donnée.
Ou bien :
∑X ij = CI ij avec i = 1 à n.
i
En totalisant les lignes et les colonnes, on aura : ∑ CI i= ∑ CI j = ∑ CI.
j i
La somme des Consommation Intermédiaires des Produits est égale à la somme
des Consommation Intermédiaires des Branches.
Tableau 2 – Le tableau des entrées intermédiaires d’un TES.
Branche (j)
1 i j n TOTAL
Produit (i)

1 CI de produit 1
∑ CI ij
i Xi1 X ii X ij X in
J=1àn
j X ji X jj
n X ni X nn CI de produit n
CI de la ∑ CI ij CI de la CI de la
TOTAL ∑ CI
Branche 1 i = 1 à n Branche j Branche n

5.2.3 Le tableau des emplois finals (T3)

Les ressources en produit (i) ont reçu une première utilisation sous forme de
consommations intermédiaires par les différents Branches. Les autres utilisations
vont être analysées dans le tableau 3 des Emplois Finals. Ces utilisations par les

73
différents secteurs institutionnels sont la Consommation Finale, la Formation
Brute de Capital Fixe, Les Variations de Stocks et les Exportations.

Une ligne de ce tableau analyse pour chaque produit (i), quels sont les Secteurs
Institutionnels Résidents qui consomment ce produit (i), quels sont ceux qui
l’utilise pour la FBC et quelle est la part de ce produit qui est exportée.

La dernière colonne correspond au total des Emplois Finals et des Consommations


intermédiaires d’un produit données dans le tableau 2.
Le total E (Emplois des produit i) sera égal au total R (Ressources en produit i)
du tableau 1. On retrouve ainsi l’équilibre qui existe dans l’économie entre les
Ressources et les Emplois sur les Biens et Services.
Tableau 3 – les emplois finals de chaque produit dans un TES.

Consommation FBCF Var. des TOTAL des TOTAL des


Produits Exportation
Finale des SIR des SIR Stocks emplois finals emplois

1
i CF i FBCF i ∆ Stocks i Export i ∑ Emplois Total des
Finaux (I) Emplois de (i)

n
TOTAL par ∑ CF des SIR ∑ FBCF ∑ ∆ Stocks ∑ Export i ∑ Emplois ∑ Emplois = E
opération Finaux

5.2.4 Les comptes de Production et d’Exploitation des


Branches (T4)
Comme pour les Secteurs Institutionnels Résidents, il est possible d’établir des
comptes de Production et d’Exploitation pour chacune des Branches.
Le Compte de Production qui analyse le montant de la richesse créée par chaque
branche :
VAB = Production de la Branche – Les Consommations intermédiaires.
(Obtenues dans le tableau 2).

74
Le Compte d’Exploitation, montre comment se répartie la valeur ajoutée entre le
travail (rémunération des salariés), les Administrations Publiques (impôt –
subventions) et le solde (EBE et revenus mixtes) ;
Le tableau 5 donne un exemple qui correspond à la Branche « Fabrication des
produits alimentaires » en 2014.
 Le tableau des comptes de production et d’exploitation du TES
Le tableau 4 donne une présentation de ces deux comptes pour les différents
Branches.
TABLEAU 4 – les comptes de production
et d’exploitation des branches dans un TES.

Compte de Production des Branches (T41)


Consommations CI de la ∑ CI ji CI de la CI de la ∑ CI
intermédiaires Branche 1 i=1àn Branche j Branche n
des Branches
Valeur Ajoutée VAB VAB VAB de la VAB de la ∑ VAB
Brute des Branche 1 Branche i Branche J Branche n
Branches
Production PT de la PT de la PT de la PT de la ∑ PT = R
Totale des Branche 1 Branche i Branche j Branche n
Branches

Les consommations intermédiaires de chaque Branche sont extraites de la


dernière ligne du tableau 2.
Compte d’Exploitation des Branches (T42)
CI de la
VAB des Branches VAB Branche i ∑ VAB
Branche n
Rémunération des Rémunération de la
∑ Rémunération
salariés Branche i
∑ Impôts –
Impôts – Subventions Impôts – Subventions
Subventions sur
sur la production de la Branche i
la production
EBE et Revenus ∑ EBE + Rev.
EBE et Revenus mixtes
mixtes de la Branche i mixtes

 Analyse des comptes d’une Branche


La lecture d’une colonne du tableau T2 et d’une colonne du tableau T4 permet
d’analyser, de façon complète, le processus de production d’une Branche. Cette
lecture montre en particulier le montant de la richesse créée par chaque Branche

75
et montre comment cette dernière est répartie entre le travail (rémunération des
salariés) et le capital (EBE et revenus mixtes).

Une colonne de T2 donne le détail des différents produits utilisés par une Branche.
Une colonne de T4 montre comment est analysée la production et l’exploitation
de cette Branche.
Les comptes de production et d’exploitation d’une branche reprennent les mêmes
opérations que celles qui furent présentées au chapitre 3 pour les secteurs
institutionnels résidents.
Tableau 5 – Compte de production et d’exploitation de la branche C1
(Fabrication de produits alimentaires) Année 2014.
Unités : milliards d’£. Source : TES 2014.

Emplois Opérations Ressources


Compte de Production Production totale 158,9
114,4 Consommations
intermédiaires
44,5 VAB
Compte d’Exploitation VAB 44,5
22,8 Rémunération des salariés
2,4 – 0,5 Impôts – Subventions
19,8 EBE + Revenus mixtes

Présentation dans le TES de la Branche C1


Compte de Production
Consommations intermédiaires 114,4
VAB 44,5
Production de la Branche C1 158,9
Production des Produits C1 (*) 158,9 + transferts agricoles + 11,9 = 170,8
(*) Voir Note 1, page 151.
Compte d’Exploitation
VAB 44,5
Rémunération des salariés 22,8
Impôts – Subventions sur la production 1,9
EBE + Revenus mixtes 19,8
Les exercices de ce chapitre 5 vont présenter des exemples sur les articulations
entre ces différents tableaux.

76
5.3 L’enregistrement des résultats pour un produit et une
branche dans un TES
Les résultats sur un produit (i) sont donnés en lisant la ligne correspondant à ce
produit (i) sur les tableaux 1, 2 et 3.
Les exemples données ici sont tirés du TES de 2014.
Les résultats sur une Branche (j) sont obtenus, quant à eux en lisant une colonne
sur les tableaux 2 et 4.
On peut prendre un produit particulier et en analyser les Ressources et les
Emplois.

5.3.1 Analyse d’un produit


Ce produit est le produit (C4) « Fabrication de matériel de transport ».
Tableau 6 – Etude des résultats sur un produit

Tableau : Ressources en produits pour C4


Production Importation Ressource Marge + Total ressources
(prix de TVA, etc. (prix
base) d’acquisition)
111,2 72,3 183,5 51,8 235,3

Tableau : Entrées intermédiaires de C4


Conso par la Utilisation de C4 dans Total des consommations de
Branche C4 les autres Branches C4 par toutes les Branches
33,5 13,6 47,1

Tableau : Emplois finals de C4


CF FBC Exp. Total des Total des
Emplois Finals emplois
60,5 45,1 82,6 188,2 235,3
Source : INSEE, TES 2014.

77
5.3.2 Analyse d’une Branche
Si on prend la Branche C4 correspondant à la « fabrication de matériel de
transport » on aura les résultats suivants :
Tableau 7 – Etude des résultats pour une branche.

Tableau : Entrées intermédiaires de C4


Consommation par C4 Consommation par C4 Total des consommation
du produit C4 des autres produits de la Branche C4
33,5 57,6 91,1

Tableau : Compte de production de C4


CI de produits par C4 VAB Production totale C4
91,1 20,1 111,2

Tableau : Compte d’exploitation de C4


VAB Salaires Impôts – Subventions EBE et Rev Mixtes
20,1 13,8 1,1 5,2
Source : INSEE, TES 2014.

Dans le cas C4, de la production totale de la Branche est identique à celle du


produit correspondant (111,2).

Remarque
Pour certaines Branches, il existe une différence entre la
Production totale de la Branche et la Production totale du
même produit.

Cela résulte du transfert de Production d’une Branche à une autre (cf. note 1).
*Note1
Prenons pour 2014, la Branche de AZ (Agriculture, Sylviculture et Pèche) et la
Branche C1 (Fabrication de produits alimentaire).
Unités : milliards d’£
Branche AZ/produit AZ Branche C1/produit C1
CI des Branches 54,4 114,4
Production des Branches 87,6 158,9
Transfert d’une Branche
-11,9 +11,9
vers une autre

78
Production du produit 76,1 170,8
Production du produit
76,1 170,8
tableau 1

5.4 Le TES et le modèle « input-output de W. Leontief


Le TES est la présentation comptable d’un modèle d’analyse et de la production
dans une économie dont l’origine remonte aux travaux de Wassily Leontief
(1941).Ce modèle encore appelé modèle d’échanges inter- industriel ou modèle
« input-output » repose sur le calcul des « coefficients techniques » de production
,ces derniers étant estimés à partir des données du tableau 2 du TES. Ces
coefficients techniques étant considérés comme stables, pour un horizon donné,
on pourra alors savoir comment, quand la demande finale varie, cela affecte la
production. Inversement, ce modèle nous montrera comment, lorsqu’on fait varier
la production, cela pourra affecter la demande finale.

C’est ce modèle qui va être présenté ici.

5.4.1 Le calcul des « coefficients techniques »


Le tableau 2 du TES enregistre les consommations intermédiaires des différents
produits (i) par une Branche particulière(J).
On appellera Coefficient Technique « a ij », le rapport X ij / X j. Ce coefficient
indique le montant de la consommation d’un Produit (i) par la Branche (j) rapporté
à la Production totale de la Branche(j).La production X j se retrouve dans le
tableau 4 pour la Branche(j).
Les coefficients techniques vont permettre d’obtenir une image des méthodes de
production d’une Branche.
 Exemple
A partir des données fournies dans le paragraphe 5.3.2, l’utilisation du
produit C4 par la Branche C4 est de 33,5.
La production totale de la Branche C4 (tableau 4)=XC4=111,2.
Le coefficient technique (a C4, C4)=33,5/111,2=0,30.Cela signifie que
pour produire, la Branche C4 utilise le produit C4 (intra-branche) et que
cette utilisation représente 30% de la production totale de la Branche.

79
Pour chaque Branche, on pourra écrire à partir de la lecture d’une colonne
du tableau2 et de la colonne identique du tableau 4.
X1j+X2j= …+Xij+…+Xnj+VAB j=XJ
Et
A1j+a2j+…a ij+…an j+VAB j/Xj=1

5.4.2 L’invariabilité des coefficients techniques


Dans les utilisations prévisionnelles du modèle de Leontief, on admet que
les « coefficients techniques »sont invariants et donc que les méthodes de
production pour une branche resteront les mêmes.
Ceci est naturellement critiquable sur une longue période car cela équivaut à
négliger les effets du progrès technique sur les méthodes de production. Mais ceci
est indispensable pour pouvoir utiliser ce modèle dans la prévision de la
production de chaque Branche ou de la demande finale de chaque produit.

5.4.3 Ecriture matricielle du TES


Cette écriture va se faire en plusieurs temps.
 Ecriture simplifiée du TES
 Ecriture du TES sous forme d’équation
 Ecriture du TES avec les coefficients techniques
 Ecriture matricielle.

Tableau 8-Ecriture simplifié du TES.

T2 Des entrées intermédiaires T3 Des emplois finals


Branches (j)
CI (i) Emplois Total des
1 j n
Produits (i) Produits Finaux emplois
1 CI 1 Y1 X1
i X i1 X ij X in CI i Yi Xi
n CI n Yn Xn
CI (i) des Branches CI 1 CI j CI n ∑ CI Y X

T4 Compte de production des branches


CI (i) des Branches CI 1 CI j CI n ∑ CI
VAB des Branches VAB j ∑ VAB

80
Production totale des Branches
X1 Xj Xn X
Total des ressources

*Ecriture du TES sous forme d’équations


Ecriture en ligne pour chaque produit(i)
X11+X12+………..+X1j+……+X1n+Y1=X1
X21+X22+………..+X2j+……. +X2n+Y2=X2
Xi1+Xi2+…………+Xij+……..+Xin+Yi=Xi
Xn1+Xn2+………..+Xnj+……..+Xnn+Yn=Xn
*Ecriture en ligne avec les coefficients techniques
On sait que
Aij =Xij/Xj et donc Xij=aij.Xj
a11 X1+a12 X2+……………. +a1jXj+……+a1n Xn+Y1=X1
a21 X1+a22 X2+……………. +a2jXj+……+a2n Xn+Y2=X2
ai1 X1+ai2 X2+……………………………+a in Xn+Yi=Xi
an1 X1+an2 X2+……………. +anjXj+……+ann Xn+Yn=Xn
Pour chaque ligne, on fait passer les X du côté gauche du signe égal et Y du côté
droit.
Exemple pour la première ligne :
A11(X1) – X1+a12 X2+…………+a1jXj+……+a1nXn=-Y1
et
(1-a11)X1-a12 X2+………………-a1JX1j+…...-a1nXn=Y1

81
On aura donc pour l’ensemble des relations, une écriture sous forme
matricielle :
(1-a11)… (-a1i)… (-a1n) X1 Y1
(-ai1)… (-aii)… (-ain) x Xi = Yi
(-an1)… (-ani)… (1-ann) Xn Yn
Ou encore :
1-A x X = Y
Cette relation est connue sous l’appellation de relation de Leontief.

5.4.4 Utilisation prévisionnelle de la relation de Leontief


La matrice A (matrice des coefficients techniques) est donnée. Elle résulte de la
connaissance des processus techniques pour chaque Branche.
Partant de cette relation on pourra :
Si on connait les objectifs de production de l’économie pour chaque Branche
(Vecteur X), on pourra calculer les utilisations finales (Vecteur Y).
1-A x X = Y

Inversement, si on fixe un objectif d’utilisation finale (Vecteur Y), on pourra


déterminer ce que doit être la production de chaque Branche (Vecteur X).
-1
1-A x Y = X
-1
1-A est l’inverse de la matrice 1 - A
Un exemple est donné dans l’exercice 3.

82
5.5 Les relations entre le TEE et le TES
La question évoquée ici est celle des relations qui existent entre les informations
du TEE (chapitre 4) et celle du TES (chapitre 5).
On sait que dans un TEE, les coptes des Secteurs Institutionnels formalisent les
relations entre les différents revenus et leurs utilisations sous forme de
Consommation, d’Investissement et de relations d’échange avec le Reste du
Monde.
Dans un TES, nous venons de la vor, l’analyse porte sur l’étude des processus de
production et les utilisations finales.
Il existe donc un lien entre le TEE et le TES qui s’opère par l’intermédiaire de la
relation entre les Ressources et le Emplois sur les Biens et Services.
Schéma 3 – Les relations entre le TEE et le TES.

Si on se fixe, à partir du TES, des objectifs sur les Utilisations Finales, cela aura
un impact sur la Production totale et la Valeur Ajoutée et offrira tout un ensemble
de politiques sur les Revenus, pouvant être analysées à partir des relations qui
existent dans le TEE.
Inversement, une politique centrée sur les revenus pourra avoir un impact sur les
Utilisations Finales et conduira à une nouvelle organisation de la Production des
Biens et Services.
Les relations entre les deux tableaux (TES et TEE) sont examinées ci-dessous.
Pour étudier ces relations, on prendra l’exemple du TES et du TEE de l’année
2014.
La relation dans le TES est donnée dans la ligne de totalisation des tableaux 1, 2
et 3.
Tableau 9 – Analyse des résultats sur les produits (biens et service) dans le TES. Unités :
milliards d’£

Tableau 1 : Ressources en produits

83
Production Importation Ressource Impôts – Total ressources
(prix de Subventions sur (prix
base) les produits d’acquisition)
3781,4 662 4443,4 222,3 4665,7

Tableau 2 : Entrées intermédiaires


Entrées des différentes Total des consommations
Branches intermédiaires
C ij 1863,7

Tableau 3 : Emplois finaux


Consommations Formation brute Total des Total des
Exportations
finale des SIR de capital des SIR emplois finals emplois
1700,8 481,7 619,5 2802 4665,7

Les relations dans le TEE se retrouve dans le Compte « miroir » des Biens et
Services du TEE.
Tableau 10- Analyse des résultats sur les produits (Biens et Services) dans le TEE.
Compte (miroir) des Compte (miroir) des
Opérations
opérations en ressources opérations en emplois
Exportations 619,5
662 Importations
3781,4 Production totale
Consommations intermédiaires 1863,7
222,3 Impôts – Subventions sur les produits
Consommations Finales 1700,8
Formation Brute de Capital 481,7
4665,7 TOTAL 4665,7

A partir de ces deux tableaux, on pourra calculer le PIB.


PIB = VAB + Impôts sur les produits – Subventions sur les produits
PIB = Production totale – Consommations intermédiaire + (Impôts –
Subventions) sur les produits
PIB = 3781,4 – 1863,7 + 222, 3 = 2140 .

84
Table des matières
COURS DE COMPTABILITE NATIONALE ................................................................................................... 1
CHAPITRE 1. LES AGREGATS MACROECONOMIQUES ...................................................................... 2
1.1 Définition et relation entre les différents agrégats ................................................................. 2
1.1.1 Définition des principaux « agrégats » ............................................................................ 2
1.2 L’analyse des rythmes de l’activité économique : le taux de croissance d’une économie ..... 8
1.2.1 Les PIB à prix constants et le calcul du taux de croissance de l’économie ..................... 8
1.2.2 La relation entre « v », « p » et « r » le taux de croissance du PIB................................ 10
1.2.3 Le calcul de la « variation du pouvoir d’achat » d’un revenu ....................................... 11
1.3 Les comparaisons internationales des agrégats.................................................................... 15
1.3.1 Le PIB chinois est supérieur au PIB des Etats unis en 2014 ........................................... 15
1.3.2 Le calcul du taux de change de Parité de Pouvoir d’Achat ........................................... 15
CHAPITRE 2. LA DEMANDE ET L’OFFRE GLOBALE .......................................................................... 18
2.1 Les indicateurs macroéconomiques et les notions d’offre et de demande globale ............. 18
2.1.1 La demande et l’offre globale ....................................................................................... 18
2.1.2 L’évaluation de l’écart de PIB ........................................................................................ 21
2.2 Les différents agrégats de l’offre et de la demande globale ................................................. 23
2.2.1 Les différents agrégats de consommation .................................................................... 24
2.2.2 La Formation Brute de Capital ....................................................................................... 25
2.2.3 Les opérations avec le Reste du Monde ........................................................................ 26
2.3 L’équilibre macroéconomique .............................................................................................. 27
2.3.1 La demande globale et la courbe de demande globale ................................................ 27
2.3.2 L’offre globale et la courbe globale ............................................................................... 28
2.3.3 L’équilibre macroéconomique ...................................................................................... 29
2.4 L’équilibre macroéconomique et les cycles d’activité .......................................................... 32
2.5 La relation chômage- inflation : le « carré magique » et « la courbe de Phillips » ............... 33
2.5.1 Le « carré magique » ..................................................................................................... 34
2.5.2 La « courbe de Phillips » ................................................................................................ 34
CHAPITRE 3. LES COMPTES D’ANALYSE ........................................................................................ 37
1 Objet .............................................................................................................................................. 37
1 Les comptes des SI résidents ..................................................................................................... 37
1.1 Le compte de production ................................................................................................... 37
1.2 Le compte de revenu et dépense ..................................................................................... 37
1.3 Le compte de capital........................................................................................................... 38
1.4 Le compte financier ............................................................................................................. 38
2 Présentation des comptes des secteurs institutionnels résidents et du reste du monde 39

85
2.1 Comptes des sociétés et quasi -sociétés non financières ............................................... 39
2.2 Les comptes des institutions de crédits ............................................................................ 40
2.3 Compte des sociétés d’assurances et des caisses de retraite......................................... 42
2.4 Les comptes des administrations publiques ...................................................................... 43
2.5 - Les comptes des I.P.S.B.L. ................................................................................................ 45
2.6 Les comptes des ménages ................................................................................................... 47
2.7 Le compte du reste du monde .......................................................................................... 49
2.8 Compte d’équilibre de biens et services ........................................................................... 51
2.8.1 Equilibre ressources-emplois de la Nation ................................................................ 52
2.9 Le compte des branches ..................................................................................................... 52
CHAPITRE 4. : LE TABLEAU ECONOMIQUE D’ENSEMBLE ET LE MODELE DE J.M. KEYNES ............. 53
4.1 L’architecture d’un TEE.......................................................................................................... 53
4.1.1 Présentation des différentes parties du TEE ................................................................. 53
4.1.2 Les comptes de gestion et de capital des SIR (extrait du TEE 2011) (comptes de type 4
et 4*) 56
4.1.3 Le compte du reste du monde (colonnes 5 et 5*) ........................................................ 57
4.1.4 Un compte d’opération ................................................................................................. 57
4.1.5 Le compte des opérations sur biens et services (colonnes 6 et 6*) .............................. 58
4.2 Les équations dans un TEE simplifié ...................................................................................... 58
4.3 L’évaluation de la demande et de l’offre globale dans un TEE ............................................. 62
4.3.1 Demande et offre globale : la décomposition « public-privé » ..................................... 63
4.4 Les ratios dans le TEE ............................................................................................................ 65
4.4.1 Les ratios d’investissements (de la FBCF) ...................................................................... 67
4.4.2 Les ratios de financement des secteurs institutionnels ................................................ 67
4.4.3 Les ratios du commerce extérieur ................................................................................. 68
CHAPITRE 5. LE TABLEAU ENTREES-SORTIES(TES) ET LE MODELE DE LEONTIEF............................ 69
5.1 Les unités de production homogènes et les branches .......................................................... 69
5.2 L’architecture d’un TES.......................................................................................................... 70
5.2.1 Le tableau des ressources en produits (TI) .................................................................... 71
5.2.2 Le tableau des entrées intermédiaires (T2)................................................................... 72
5.2.3 Le tableau des emplois finals (T3) ................................................................................. 73
5.2.4 Les comptes de Production et d’Exploitation des Branches (T4) .................................. 74
5.3 L’enregistrement des résultats pour un produit et une branche dans un TES ..................... 77
5.3.1 Analyse d’un produit ..................................................................................................... 77
5.3.2 Analyse d’une Branche .................................................................................................. 78
5.4 Le TES et le modèle « input-output de W. Leontief ............................................................. 79

86
5.4.1 Le calcul des « coefficients techniques » ...................................................................... 79
5.4.2 L’invariabilité des coefficients techniques .................................................................... 80
5.4.3 Ecriture matricielle du TES ............................................................................................ 80
5.4.4 Utilisation prévisionnelle de la relation de Leontief ..................................................... 82
5.5 Les relations entre le TEE et le TES ........................................................................................ 83

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