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Présenté par M.MOKRANE A./ UMMTO/FSECSG/DSC/2 ème année /section B/2021-2022.

Chapitre III : La mesure de l’activité économique et les principaux agrégats de la


comptabilité nationale
Nombreux sont ceux qui considèrent le produit intérieur brut(PIB) comme la meilleure
mesure des comportements et performances d’une économie. Aux Etats-Unis, cette mesure
statistique est établie tous les trois mois par le Bureau d’Analyses Economiques.
Le produit intérieur brut(PIB) est « la valeur des biens et services produits dans une
économie au cours d’une période donnée(en général l’année) ».Il peut être mesuré selon trois
optiques différentes, mais complémentaires : celles de la production, du revenu et de la
dépense. Il comprend une composante marchande et une seconde qui ne l’est pas. Son
évaluation peut se faire à prix courants ou à prix constants.
Cinq sections seront successivement abordées dans ce chapitre :
Section 1 : Le PIB est une somme de valeurs ajoutées
Section 2 : Les différentes approches de calcul du PIB
Section 3 :L’évaluation du PIB à prix courants et à prix constants
Section 4 : Les autres mesures de l’activité économique
Section 5 : Eléments de Comptabilité Nationale

Section 1 : Le PIB est une somme de valeurs ajoutées


La plupart des biens sont produits en diverses étapes : les matières premières sont
transformées en biens intermédiaires par une entreprise qui vend ces derniers à une autre
entreprise, laquelle les transforme à son tour en produits finis. Comment devrons-nous traiter
ces diverses étapes de production dans le calcul du PIB ?
Exemple 1 : Un producteur de farine (meunier) vend 100 grammes de farine à un
boulanger pour 5 um et boulanger revend ensuite un pain à 15 um : le PIB doit-il inclure à
la fois le prix de la farine et celui du pain, soit 20 um ou ne compter que le pain, soit 15 um?
En fait, le PIB n’inclut que la valeur des biens finaux. Dans notre exemple, il recense le
pain, mais non la farine et il augmente donc de 15 um et non de 20 um. , La raison en est que
la valeur des biens intermédiaires est déjà comprise dans le prix de ces biens finaux. De plus,
la valeur des biens intermédiaires conduirait à des doubles comptages : La farine apparaîtrait
deux fois dans le PIB. Retenons donc que le « PIB est la valeur marchande de tous les
biens et services finaux produits par une économie pendant une période donnée du
temps ».
La valeur ajoutée d’une entreprise est égale à la valeur de sa production brute(PB)
diminuée de la valeur des biens intermédiaires(CI) qu’elle achète .Dans l’exemple, la valeur
ajoutée du producteur de farine s’élève à 5 um, si l’on suppose qu’il n’achète pas de biens
intermédiaires .La valeur ajoutée du boulanger est donc de 15 – 5 , soit 10 um. La valeur
ajoutée totale est égale à 5 + 10, soit 15 um.
Pour l’ensemble de l’économie, la somme de toutes les valeurs ajoutée doit être égale à
la valeur de tous les biens et services finaux .Dès lors, « le PIB est également égale à la
valeur ajoutée totale de toutes les entreprises présentes dans une économie ».

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Producteur Consommation Ventes = Valeur ajoutée = Production


intermédiaire = production brute - Consommation
Achats intermédiaire = revenu
Meunier 0 5 5
(farine)
Boulanger(Pain) 5 15 10
Total 5 20 15

PIB

Section 2 : Les différentes approches de calcul du PIB


La PIB peut être calculé selon trois approches : production, revenu et dépense.
Production = revenu = demande

1. Optique production
Le PIB = Valeur ajoutée brute des différents agents – Impôts sur les produits + Subventions
sur les produits

2. Optique du revenu
Le PIB = Rémunérations des salariés + Excédent brut d’exploitation + Impôts à la production
et à l’exportation - Subventions d’exploitation

3. Optique dépense ou demande


Le PIB = Consommation finale + FBCF + Variations des stocks + Exportations-Importations

Le PIB = Consommation(C) + Investissement(I) + Dépenses publiques(G) +Exportations(X)-


Importations (M)

Section 3 :L’évaluation du PIB à prix courants et à prix constants


Le PIB est un agrégat évalué aux prix du marché. Cette évaluation peut se faire à prix
courants ou à prix constants.

1. L’évaluation à prix courants


Le PIB d’une année donnée est évalué aux prix de la même année. Le PIB 2021 à prix
courants est égal à la quantité de biens et services produits en 2021 multiplié par leur prix en
2021(on parle de PIB en valeur ou de PIB nominal).

PIB nominal = Q 2021 * P2021

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2. L’évaluation à prix constants


Celle évaluation élimine la hausse des prix (inflation) entre deux périodes et mesure
l’enrichissement effectif ou réel du pays (on parle de PIB en volume ou de PIB réel).
En général, on calcule le PIB pour un ensemble d’années au prix d’une année fixe
appelée année de base.
L’évaluation aux prix d’une année de base. Par exemple, le PIB réel 2021 aux prix de
l’année 2015 s’écrit :

PIB réel 2021 prix 2015 = Q2021 * p2015 avec année de base 2015.

3. Le déflateur du PIB
A partir du PIB réel et du PIB nominal, il est possible de calculer le déflateur du PIB,
également appelé déflateur implicite des prix du PIB.

𝐏𝐈𝐁 𝐧𝐨𝐦𝐢𝐧𝐚𝐥 𝐐 ∗ 𝐏 𝐏
Déflateur du PIB = = =
𝐏𝐈𝐁 𝐫é𝐞𝐥 𝐐 ∗ 𝐏 𝐛𝐚𝐬𝐞 𝐏 𝐛𝐚𝐬𝐞

Le déflateur du PIB est le rapport du PIB nominal au PIB réel. Il reflète ce qui se passe
au niveau général des prix dans une économie donnée.

Notons enfin que l’évaluation au prix d’une année de base n’est pas entièrement
satisfaisante, car les prix relatifs varient parfois fortement(le cas des produits informatiques
qui ont beaucoup baissé ces dernières années). Le poids donné à ces produits est
artificiellement élevé. Dès lors, on privilégie aujourd’hui une évaluation aux prix de l’année
précédente( le « chaînage »).

Section 4 : Les autres mesures de l’activité économique


1. Le revenu national
Le revenu national est appréhendé de deux façons. La première l’assimile à une somme
de revenus primaires. La deuxième ajoute aux revenus primaires les revenus résultants des
opérations de redistribution.
Revenus primaires = Revenus issus de la répartition de la valeur ajoutée + Revenus de la
propriété

Revenu national disponible brut = Revenus primaires + Revenus résultant des opérations de
redistribution

Il existe deux catégories de revenus primaires :


-Les revenus qui sont la contrepartie d’une activité productive : ils correspondent aux
revenus issus de la répartition de la valeur ajoutée : salaires et traitements, impôts sur la
production (principalement la TVA) et les excédents bruts d’exploitation.
-Les revenus de la propriété : essentiellement les dividendes et les intérêts.

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Les opérations de redistribution des revenus et de la richesse concernent pour l’essentiel


les impôts sur les revenus, les cotisations sociales et les prestations sociales.
Le revenu national est qualifié de disponible, car il est à la disposition des agents
économiques pour la consommation et l’épargne.

Revenu disponible = l’épargne(S) + dépense de consommation (C)

2. Le produit national brut(PNB)


Le PNB est un agrégat employé à des fins de comparaison entre les pays. Il diffère du
PIB par la prise en compte des revenus reçus du ,ou versés au Reste du monde.

Le PNB = Le PIB + Revenus du travail, de la propriété et de l’entreprise reçus du Reste du


monde - Revenus de même nature versés au Reste du monde

Statistiquement, la différence entre PIB et le PNB est inférieure à 1 %, si bien qu’en


analyse économique, parler du produit (ou de la production) s’applique indifféremment au
PIB ou au PNB.
Aux USA, les revenus de facteurs provenant de l’étranger et les revenus de facteurs
payés à l’étranger sont tous deux proches de 3 % .Il ya donc peu de différence entre PIB et
PNB.

3. Le produit national net (PNN)


Un autre concept utilisé par la comptabilité nationale est le produit national net
(PNN).On l’obtient en déduisant du PNB l’amortissement, qui mesure la perte annuelle de
valeur du stock de capital existant (usines, équipements, infrastructures, immeubles
résidentiels, etc.) sous l’effet de l’usure ou de l’obsolescence.

Le PNN = Le PNB - amortissements

4. La production intérieure brute : elle correspond au produit intérieur brut limité à la


valeur ajoutée des entreprises, c’est-à-dire excluant notamment les services produits par les
administrations publiques et privées et les services domestiques rendus aux ménages.

Section 5 : Eléments de Comptabilité Nationale


1. Définition et caractéristiques de la Comptabilité Nationale

« La Comptabilité Nationale est une représentation synthétique suivant un cadre


comptable rigoureux de l’ensemble des informations chiffrées relatives à l’activité
économique de la nation, fournissant une description des phénomènes fondamentaux de la
production, de la distribution, de la répartition et de l’accumulation des richesses. La
Comptabilité Nationale est un instrument privilégié d’analyse macroéconomique quantitative
et statistique représentée dans des tableaux : Tableau Economique d’Ensemble(TEE) et

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Tableau des Opérations Financières(TOF).Ces informations chiffrées sont utilisées pour la


planification et l’analyse économique ».
Parmi les caractéristiques de la Comptabilité Nationale, on peut notamment retenir ce
qui suit :
-elle rassemble des données statistiques ;
-elle permet d’analyser les circuits économiques ;
-elle fournit des informations globales sur l’économie ;
-elle fournit le cadre indispensable à l’établissement des prévisions économiques à court et à
moyen terme ;
-elle est libellée en termes de flux, en termes monétaires et utilisant la technique de la partie
double ;
-elle permet de mesurer le taux de croissance économique d’une nation et la comparaison
internationale ;
-c’est un élément indispensable et fondamental du « tableau de bord » d’une économie
nationale ;
-l’évaluation de tous les actifs possédés par un pays représente un travail statistique plus
délicat que la mesure des flux économiques.

2. Les systèmes de Comptabilité Nationale


La délimitation du champ de la production varie d’un système comptable à un autre :
-Selon la conception retenue par le Système de la Comptabilité et du Produit
Matériel (SCPM), le travail productif est celui qui s’attache à la création, à la transformation
et au transport des produits matériels. Seul les biens et services matériels sont inclus dans le
champ de la production. Les services non productifs sont exclus du champ de la production.

Production : biens matériel + services matériels (transport, commerce,..)

-Pour le Système de Comptabilité Nationale recommandé par l’ONU (SCN), il


faut ajouter aux biens et services marchands, les services non marchands produits à l’aide de
facteurs de production marchands, c’est-à-dire les services produits par les administrations,
les institutions financières et les services rendus par les domestiques aux ménages.

Production = biens et services marchands + les services non marchands produits à l’aide de
facteurs de production marchands

-La définition du champ de la production au sens du Système des Comptes


Economiques Algériens(SCEA) ne repose sur aucune théorie économique et n’est le résultat
d’aucun travail conceptuel. La définition se base seulement sur une simple liste arbitraire de
services productifs matériels et non matériels qu’il faut adjoindre aux biens, pour constituer
ainsi le champ de la production. Les services non productifs sont exclus.

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Production = biens productifs matériels + services productifs matériels (transport,


commerce,..) + services productifs non matériels (services marchands fournis aux ménages :
coiffure, réparations, loisirs, conseils juridique,…)

3. L'équilibre comptable et l'équilibre économique


L’équilibre économique se traduit par une identité qui est nécessairement vraie ex-post ;
il s’exprime par une relation comptable qui permet de déterminer le niveau du revenu national
(ou le PIB) d’équilibre, noté Y ex-post.
Mais cette identité comptable est insuffisante pour répondre à la question de savoir si les
niveaux d’équilibre atteints par les agrégats d’offre et de demande au bout d’une année,
correspondent effectivement aux souhaits que l’ensemble des agents économiques avaient
anticipés ex-ante, c'est à dire avant qu’ils ne soient réalisés.
C’est ainsi que l’équilibre économique correspond à une situation dans laquelle les
agrégats économiques réalisés ex-post coïncident avec les agrégats économiques prévus ex-
ante.
Par exemple, si on considère une économie fermée sans État, avec les 2 seuls secteurs :
ménages et entreprises, la condition d’équilibre comptable de cette économie est que
l’épargne des ménages soit égale à l’investissement des entreprises (S = I) ; il s’agit d’un
équilibre ex-post qui s’écrit : :
S ex -post = I ex- post

Mais cet équilibre comptable ne garantit pas l’existence d’une comptabilité des
décisions des ménages et des entreprises en matière d’épargne et d’investissement.
Autrement dit, le montant d’épargne S ex-ante que les ménages ont l’intention de
constituer en début de période, sera certainement différent du montant d’investissement I ex-
ante que les entreprises souhaitent affecter en début de période, pour augmenter leurs
capacités de production par exemple.
S ex -ante ≠ I ex- ante

Cette incompatibilité entre les projets des uns et des autres s’explique aisément par la
présence d’une multitude d’agents dont les choix individuels dans les échanges, ne sont pas
concomitants.
Il est donc pratiquement impossible que l’équilibre soit réalisé ex-ante.
Lorsque l’équilibre économique ex-ante n’est pas réalisé, le problème qui se pose
concerne l’existence et l’efficacité des mécanismes d’ajustement qui permettent à une
économie nationale de retrouver l’équilibre en rendant cohérents entre eux, les projets ou
plans des différents agents économiques.

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