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MACROECONOMIE

CHAPITRE 1

LES AGREGATS
ECONOMIQUES
Introduction partielle
Pour comprendre comment fonctionne l’économie dans son ensemble, il est important de cerner
quelques grandeurs économiques. Il est aussi primordial de mettre en évidence les grands secteurs
de l’activité économique. Par secteur, il faut comprendre une partie de l’activité globale. C’est aussi
l’ensemble d’entreprises exerçant la même activité principale. A la fin du chapitre, l’auditeur doit
être à mesure d’établir une relation entre les différents secteurs et montrer leur importance dans le
développement économique d’un pays.

2.1. Présentation des grands secteurs de l’activité économique


L’économiste écossais Colin Clark a eu l'idée de définir trois principaux secteurs économiques en
tenant compte de la nature de l'industrie. Ce sont : le secteur primaire, le secteur secondaire et le
secteur tertiaire. Un autre secteur est de plus en plus mis en évidence : le secteur quaternaire.

2.1.1. Le secteur primaire


Le secteur primaire comprend l'agriculture, la pêche, l'exploitation forestière et l'exploitation
minière. On désigne parfois les trois dernières industries par « autres industries primaires ». Les
industries primaires sont liées à l'extraction des ressources de la terre et à l'agriculture.

2.1.2. Le secteur secondaire


Le secteur secondaire regroupe les activités liées à la transformation des matières premières issues
du secteur primaire. Il comprend des activités aussi variées que l’industrie du bois, l’aéronautique
et l’électronique. Ce secteur prend en compte plusieurs composantes : Aéronautique,
Agroalimentaire, Automobile, Astronautique, Bâtiments et travaux publics (BTP), Construction
électrotechnique, Construction ferroviaire, Construction mécanique, Construction navale, Industrie
chimique, Industrie pharmaceutique, Industrie spatiale, Électronique, Électroménager,
Énergétique, Industrie textile, Industrie papetière, Industrie du bois, Production d'énergie (EDF,
centrale, électrique, GDF etc.), Artisanat d'art, etc.

2.1.3. Le secteur tertiaire


Le secteur tertiaire regroupe toutes les activités économiques qui ne font pas partie des deux autres.
Par exemple, l’assurance, l'enseignement, la grande distribution, les associations, le tourisme. Il
s’agit du secteur qui produit des services. Dans les pays développés, c’est de loin le secteur le plus
important en nombre d'actifs occupés. On distingue le secteur tertiaire marchand du secteur tertiaire
non marchand, ce dernier comprenant la production de services non échangeables comme la justice,
la sécurité, etc. Les différentes branches sont : Assurance, Audit, Banque, Commerce,
Communication, Conseil, Électricité, Éducation , Formation, Entretien, Finance, Horeca
(Hôtellerie, Restauration, Café), Industrie des loisirs, Réparation, Recherche, Santé , Médecine,
Sécurité, Services à la personne, Services juridiques, Services publics, Tourisme, Transport ,
Logistique.

2.2. Analyse des principaux agrégats économiques


Les agrégats économiques sont des indicateurs synthétiques qui mesurent le résultat de l’activité
de l’ensemble de l’économie durant une année. Ce sont des grandeurs de référence essentielles
pour effectuer des analyses macro-économiques des comparaisons dans le temps et dans l’espace.
On distingue les agrégats de production nationale, les agrégats de revenu national, les agrégats
d’épargne nationale et les agrégats de dépense nationale.

2.2.1. Les agrégats de la production nationale : PIB et PNB

- Le Produit Intérieur Brut (PIB)

✓ Définition
Le produit intérieur brut (PIB) est un agrégat économique qui représente la somme des Valeurs
ajoutées créées par les agents économiques résidents sur le territoire national pendant une année.
Il mesure la richesse créée pendant une année et correspond à la valeur de la production disponible
pour les emplois finals, aux prix du marché. Le PIB est utilisé comme indicateur de la croissance
économique.
Le PIB d’un pays comprend :

• Le PIB marchand : ensemble des produits et services crées par des entreprises résidentes
(institutions financières et non financières) et destinés à la vente (déduction faite des
consommations intermédiaires) ;
• Le PIB non marchand : ensemble des services créent en dehors du marché (non destinés à
la vente) par les administrations publiques, les administrations privées et les ménages. Le
prix du service est évalué à son coût de production (l'enseignement public, la défense
nationale…).

✓ Calcul
Le PIB (au prix du marché) peut être calculé selon trois approches (Production, Revenu, Demande)
en additionnant :
• Soit tous les éléments de la production : somme des VA au prix du marché ;
• Soit tous les éléments du revenu : salaires, intérêts, bénéfices, loyers, dividende ;
• Soit tous les éléments de la dépense : consommation finale, investissement, achats publics,
exportations nettes (exportations moins importations).
Dans tous les cas, le résultat devrait être le même, car une production a toujours pour contrepartie
un revenu qui, lui-même, a toujours pour contrepartie une dépense, si bien que la somme de toutes
les productions (somme des VA) doit être égale à la somme de tous les revenus et égale à la somme
de toutes les dépenses.

- Le Produit National Brut (PNB)


✓ Définition
Le PNB mesure la richesse produite par les nationaux, pendant une année à l’intérieur ou à
l’extérieur du territoire.
✓ Calcul
Le PNB = PIB + les revenus du travail et du capital reçus du reste du monde par les nationaux - les
revenus du travail et du capital versé par les nationaux au reste du monde.
• Revenu du travail : salaires rapatriés
• Revenu du capital et de la propriété : brevets, marque, profit rapatriés et intérêts
Explication de la différence entre PIB et PNB : Le PIB mesure l'activité de production réalisée sur
le territoire d'un pays négligeant la nationalité Des agents économiques (critère de territorialité) Le
PNB mesure l'activité économique des agents nationaux résidents ou pas sur le territoire National
(critère de nationalité)
Comment calculer le PIB ?
Il y a trois méthodes pour calculer le PIB, qui devraient, théoriquement, toutes donner le même
résultat :
Par les dépenses
Cette méthode est la plus populaire. Voici Nous l’équation qui la définit :
PIB = C + G + I + (X – M)
C : Dépenses de consommation
G : Dépenses gouvernementales
I : Investissements privés et publics
X : Exportations
M : Importations

Par les revenus


Pour la méthode de calcul du PIB à partir des revenus, nous devons résoudre l’équation suivante :

PIB = Sal + RM + EBE + Tin


Sal : Total de la rémunération des travailleurs
RM : Revenu mixte net des entreprises non incorporées
EBE : Excédents bruts d’exploitation
Tin : Taxes indirectes nettes sur la production et les importations
Par la valeur ajoutée
La troisième méthode de calcul du PIB est basée sur la valeur ajoutée. Elle est surtout utilisée
lorsqu’on veut étudier le PIB par secteur ou par industrie. En bref, il suffit de prendre en compte la
valeur ajoutée à chacune des étapes de la transformation d’un produit.
La formule est la suivante :
PIB = Coût final– Prix des matières premières et des étapes intermédiaires + Taxes
On pourrait tenir compte du coût des produits finaux, enlever le coût de la production des produits
et ajouter les taxes que ces produits rapporteront. En faisant la somme de tous les secteurs et
industries, on pourrait arriver au même total que par les deux premières méthodes.
2.2.2. Les agrégats du revenu national : RNB et RNBD

- Revenu National Brut (RNB)


✓ Définition
Le RNB équivaut presque la même chose que le PNB
✓ Calcul
RNB = PIB + les revenus du travail et du capital reçus du reste du monde par les nationaux - les
revenus du travail et du capital versé par les nationaux au reste du monde + les Subventions reçus
du reste du monde – les impôts sur production et importations versés au reste du monde.

- Revenu National Brut Disponible (RNBD)

✓ Définition
Le Revenu National Brut Disponible (RNBD) est la valeur des revenus que les résidents d’un pays
peuvent consacrer à la consommation finale et à l’épargne.
RNBD = Consommation finale nationale + Épargne nationale
✓ Calcul
RNBD = RNB +Transferts reçus du reste du monde- Transferts versés au reste du monde = PIB +
les revenus du travail et du capital reçus du reste du monde par les nationaux - les revenus du travail
et du capital versé par les nationaux au reste du monde + les Subventions reçus du reste du monde
– les impôts sur production et importations versés au reste du monde + Transferts reçus du reste du
monde- Transferts versés au reste du monde.

- Revenu National (RN)


✓ Définition
Le RN est l’ensemble des revenus distribués aux différents agents aux cours d'une année. Il
correspond à la rémunération de tous les facteurs de production au niveau national. Le Revenu
National (RN) est le Produit National net au coût des facteurs (PNN).

✓ Calcul
RN=PNN = PIB + les revenus du travail et du capital reçus du reste du monde par les nationaux -
les revenus du travail et du capital versé par les nationaux au reste du monde+ les Subventions
reçus du reste du monde – les impôts sur production et importations versés au reste du monde-
Amortissement.
Remarque : le Revenu National par tête d'habitant permet de renseigner sur le niveau de richesse
de la population et de faire des comparaisons entre pays.

- L'agrégat Épargne nationale


L'épargne nationale représente la partie du revenu disponible(RNBD) non dépensée en
consommation finale. L’épargne nationale brute constitue un moyen de financement interne de
l’investissement national.
Pour une économie donnée, on peut calculer la part du PIB consacrée à l'épargne grâce à un
indicateur principal qui est le taux d’épargne.

✓ Taux de l’épargne = [épargne nationale / PIB] x 100


L’Épargne Nationale se "transforme" en FBCF (Formation Brute de Capital Fixe) au moyen du
processus de transformation de l'épargne par les institutions financières en crédits à l'économie.
L'épargne nationale nette est égale à l'épargne nationale brute dont on déduit la valeur des
amortissements.

- L'agrégat Dépense nationale


La dépense nationale est la somme de la consommation finale nationale et de l'investissement
national.
• La consommation finale est la somme de la consommation finale des ménages et de la
consommation finale des administrations publiques (Etat + collectivité)
• L'investissement national est la somme de la formation brute du capital fixe (FBCF) et de
la variation des stocks.

La FBCF représente la valeur des biens durables acquis par les unités productrices résidentes afin
d’être utilisés au moins un an dans le processus de productions ainsi que la valeur des services
incorporés à ces biens. Exemple : Matériel et outillage, Bâtiments, Travaux publics
(infrastructures), Aménagements et plantations (défrichage, restauration du sol, Canalisation...),
Bétail.

Pour une économie donnée, on peut calculer la part du PIB consacrée à l'investissement grâce à un
indicateur principal qui est le taux d’investissement.

CHAPITRE 2
LE ROLE DE L’ETAT DANS
L’ACTIVITE
ECONOMIQUE ET
SOCIALE

Introduction partielle

Le rôle de l’Etat dans l’économie d’un pays fait depuis longtemps l’objet de controverse entre
économistes selon qu’ils sont plutôt favorables à un Etat neutre (les libéraux) ou au contraire un
Etat interventionniste (les Keynésiens). Même s’il y a controverse, les deux courants se rejoignent
sur un point : l’Etat minimal.

1. Définition de l’Etat
L’Etat au sens de la comptabilité nationale est une unité institutionnelle au sein du secteur
institutionnel « administrations publiques » dont la fonction est de fournir à la collectivité des
services non marchands (gratuits ou dont le prix est inférieur à 50% du coût de production) et de
redistribuer des revenus. En d’autres termes produire de biens collectifs publics et ses ressources
principales proviennent de prélèvements obligatoires et éventuellement des revenus des domaines
et des entreprises dans lesquelles il est actionnaire. L'Etat comprend donc :
- L’Etat central : les ministères, la banque centrale
- Les collectivités territoriales : communes, départements, régions,
- La sécurité sociale : l’assurance sociale et la protection sociale.

ADMINISTRATIONS PUBLIQUES
Administrations centrales Sécurité sociale
Collectivités locales

NB : A ne pas confondre administrations publiques et « secteur public ». Ce dernier comprend les


« administrations publiques » et les « entreprises publiques ». Les premières sont financées par les
impôts et/ou des cotisations sociales. Les secondes tirent l'essentiel de leurs revenus du marché,
par la vente des biens et services qu'elles produisent. De même, les administrations publiques ne
sont pas les seuls agents à produire des services non marchands. Il existe des administrations
privées : ONG, syndicats, associations à but non lucratif. etc.

Secteur public

Entreprises publiques
Administration Publique

2. Poids de l’Etat dans l’économie


Pour connaitre le poids de l’Etat dans l’économie, l’on utilise en général deux indicateurs :
Le taux de prélèvement obligatoire = (impôt + cotisations sociales)/PIB *100

Le poids des dépenses publiques dans le PIB = Dépenses publiques/PIB*100

Dans la suite de ce cours, nous présenterons les fondements de l’intervention de l’Etat (section 1)
et les différentes politiques économiques et sociales (section 2).

2.1. Les fondements de l’intervention de l’Etat


Cette section peut se résumer à la question suivante : Pourquoi l’Etat intervient dans l’activité
économique ? Plusieurs réponses à cette question.
Nous mettons en évidence les défaillances du marché et les fonctions de l’Etat pour décrire
l’interventionnisme Etatique.

2.1.1. Les défaillances du marché


Rappelons que les agents économiques interagissent (ces interactions sont marchandes et non
marchandes) via des rencontres. De ces rencontres naissent des problèmes. Ces problèmes sont ce
que les économistes ont pris l’habitude de désigner par « défaillances de marchés ». Au sens large,
ces défaillances sont des situations qui prennent en défaut le fonctionnement optimal du marché.
- Les biens publics
Ce sont des biens dont les propriétés mettent en échec les cadres traditionnels du marché.

Rappel : Nous connaissons les biens privés. Ces biens ont pour caractéristiques :

- Le principe de rivalité
Ce principe dit que deux individus ne peuvent simultanément jouir d’un même bien. C’est le cas le
plus général que l’on rencontre dans la réalité. Si un bien est consommé par un agent, cela exclut
qu’un autre agent le consomme également.

- Le principe d’excludabilité
Ce principe rend possible l’exclusion de la consommation d’un bien par un agent lorsqu’un autre
le consomme, par l’instauration d’un prix à payer. L’accès à un bien passe par le consentement à
payer le prix de ce bien. Celui qui paie entre en possession, il en devient propriétaire. Sauf si à la
redistribution volontaire de ce bien, dans le cadre de la famille ou du ménage.
Les biens qui ont ces deux propriétés définissent la catégorie des biens privés. Ils constituent la
forme habituelle de l’objet de transactions sur les marchés. Si un bien ne respecte pas la propriété
de rivalité, alors on est en présence d’un bien collectif ; les biens non rivaux et non excludables
mettent en échec le principe de la régulation : ils empêchent le marché de procéder à une allocation
optimale de ces biens. Dès lors, l’intervention publique est justifiée.

Les biens publics sont donc des biens qui respectent le principe de non rivalité et de non exclusion.
En effet, les agents ne se font pas concurrence pour avoir de tels biens. Par exemple, l’éclairage
sur la voie publique. Il n’est pas aussi possible de réserver l’usage à certains individus par un
paiement.
Pourquoi défaillances de marché en présence de non excludabilité et non rivalité des bien ?

Quelques explications
- La main invisible est mise en échec
- La non excludabilité est fortement liée à un territoire. Personne ne peut se soustraire à la
jouissance de la sécurité procurée par la défense nationale.
- Les biens non excludables sont des biens dont l’incitation à produire manque car le
producteur n’a pas les moyens de contrôler l’accès par un prix, et ne pourra donc pas rentrer
dans ses frais.
- Conséquence : le marché ne conduira pas à la production optimale de ce type de biens.
Cause : les consommateurs vont adopter un comportement de passagers clandestins en
déclarant qu’ils ne sont pas désireux de la production de ce type de biens. Si ce
raisonnement est généralisé, personne ne souhaite l’introduction de ce bien, donc le marché
ne produira pas ce bien. échec de la main invisible.
- Il faut faire intervenir la puissance publique qui se substitue aux marchés pour réaliser
l’allocation optimale de ce type de biens. Pour y parvenir, le moyen préconisé c’est de
prélever les ressources financières sur la collectivité par l’impôt. Rien n’empêche ensuite
l’Etat de déléguer cette production à une entreprise privée.
- La question des biens non rivaux : un bien peut être consommé par un agent sans que cela
diminue la consommation de ce même bien par un autre agent. Samuelson faisait
remarquer qu’on peut se représenter la chose comme si le consommateur marginal ne
diminuait pas la satisfaction des autres consommateurs ; le coût marginal pour servir un
consommateur supplémentaire est nul. C’est là la source de la défaillance du marché. Cela
conduit à une production sous optimale de ce type de biens.
- La propriété de non rivalité conduit à une tarification qui entraîne une consommation sous
optimale. Les consommateurs sont rationnés. La recommandation normative est qu’il
revient à la puissance publique de financer les biens non rivaux à partir de l’impôt. Ou
alors à une entreprise privée à laquelle sera confiée la gestion du bien.

- Les externalités
Les échecs de marché sont regroupés dans une catégorie générale que l’on appelle les externalités.
Une externalité se constitue lorsqu’une personne s’engage dans une activité qui influence le bien-
être d’un tiers qui ne paie ou ne reçoit rien en contrepartie. Si l’impact sur le tiers est défavorable,
il s’agit d’une externalité négative, s’il est avantageux, il s’agit d’une externalité positive.

Les externalités constituent une source de défaillance des marchés. En présence d’externalités, le
marché n’est pas en mesure de trouver une solution optimale au problème de l’allocation des
ressources.

- Donc, il faut trouver là aussi une procédure qui nous ramène à une allocation optimale.
Traditionnellement, on faisait appel à l’Etat et à une régulation non marchande de ces
externalités, comme l’imposition de quotas, la réglementation…
- Ces solutions ont été critiquées dans les années 60, par un courant de l’économie néo-
classique issue des travaux de Coase. Ce mouvement considère que l’intervention publique
et la régulation non marchande des externalités n’est pas toujours légitime, ni toujours
efficace. Il existe des solutions marchandes possibles si on précise mieux les droits de
propriété.
Quelques solutions aux externalités

• Les solutions réglementaires :


Les normes, les quotas. C’est la solution classique aux problèmes des externalités, c’est la plus
facile mais pas forcément la plus optimale.
La taxation
La taxe pigouvienne. Pigou avait identifié le problème des externalités comme le résultant d’un
écart entre le coût privé et le coût social. Pour retourner à une situation optimale, il propose de
combler cet écart par le principe d’une taxe.

NB : Il y a des solutions privées mais ici il s’agit de mettre l’accent sur l’intervention de l’Etat à
cause des échecs du marché.

• Le monopole naturel
Monopole qui découle des caractéristiques techniques de certaines activités économiques dont les
couts fixes d’installation sont très élevés de sorte que la production est caractérisée par des couts
moyens décroissants qui constituent ainsi une barrière à l’entrée pour des concurrents potentiels.
Le monopole naturel est quelque fois présenté comme justification de la publicisation
(nationalisation, municipalisation) de l’activité économique.

2.1.2. Les fonctions de l’Etat


Musgrave a théorisé les fonctions qui sont encore utilisées pour décrire les interventions de l’Etat :
fonctions d’allocation, de répartition et de stabilisation.

- La fonction d’allocation ou d’affectation :


L’État affecte des moyens à la prise en charge de certaines productions non marchandes : éducation,
infrastructures publiques, services publics divers…que le marché ne peut pas fournir.
- La fonction de répartition ou de redistribution :
Pour des soucis de justice sociale ou d’équité, l’Etat intervient pour corriger la répartition primaire
des revenus, opérée spontanément par le marché ; cette répartition est inégalitaire. On appelle
répartition primaire la répartition de la richesse créée dans une économie entre les différents
acteurs ayant directement participé à la production. Les deux principaux sont : les ménages et les
entreprises. C’est la fonction distributive secondaire, qui vient après l’allocation par le marché. Il
s’agit de protéger les individus du risque et assurer une certaine justice sociale : prestations sociales.
Le but de la répartition secondaire est d’atténuer les inégalités de la répartition primaire de revenus.
La répartition secondaire est synonyme de redistribution.

- La fonction de régulation ou de stabilisation de l’activité :


L’État doit réguler l’économie afin de prévenir les déséquilibres macroéconomiques qui pourraient
dériver d’un « laissez-faire » excessif. Cela consiste à réaliser, dans la mesure du possible, le «
carré magique » de Nicolas Kaldor : absence de chômage, absence d'inflation, forte croissance
de la production et équilibre extérieur.
2.2. Les différentes politiques économiques et sociales
La politique économique et sociale est l’ensemble des actions mises en œuvre par les pouvoirs
publics à atteindre des objectifs relatifs à la situation économique et sociale d’un pays. Lorsque les
mécanismes de marché ont pour conséquences des déséquilibres économiques et sociaux, l’Etat
peut intervenir par une action de régulation à travers une politique économique et sociale visant
des objectifs économiques et sociaux.
Les objectifs économiques sont la croissance économique, le plein emploi, la stabilité des prix
et l’équilibre des échanges extérieurs. Ces quatre principaux objectifs permettent de tracer le
carré magique. Ce dernier permet une lecture immédiate de l’évolution des quatre principaux
indicateurs de l’économie. Plus la surface est large, meilleure est la santé de l’économie.
Les objectifs sociaux sont le maintien ou l’accroissement du niveau de vie des ménages et la
réduction des inégalités.

2.2.1. Les instruments de la politique économique et sociale


Les pouvoirs publics disposent d’une multitude d’instruments pour améliorer les performances de
l’économie nationale et atteindre les objectifs prédéterminés. L’efficacité de la politique
économique repose sur la complémentarité des moyens utilisés dont les principaux sont les
suivants :
- La politique monétaire
Elle est l’action menée par l’Etat et les établissements de crédits pour modifier la masse monétaire
en circulation en intervenant sur les taux d’intérêt, le crédit et le change ;

Il est évident que si l'on pouvait imprimer des billets à n'en plus finir, on pourrait distribuer mais
ça ne servirait à rien car cet argent n'aurait plus une valeur légale. En effet, les billets et pièces sont
imprimés ou frappés car ils correspondent à une réserve de valeur d'un pays.

Qu’est-ce que la monnaie ?


C’est un instrument de paiement reconnu par les Etats, les ménages et les entreprises. Pendant des
millénaires, on s’est contenté d’utiliser des matériaux précieux pour régler ses achats (pièces d’or
ou d’argent, sel et même coquillages). Mais à partir du milieu du XVIIe siècle, les orfèvres
londoniens, à qui les riches marchands confiaient leur or, ont commencé à émettre des certificats
de dépôt. Et leurs possesseurs se sont rendu compte qu’il était beaucoup plus facile de payer et de
se faire payer avec ces bouts de papier (en qui tout le monde avait confiance) qu’avec des pièces
métalliques. La monnaie fiduciaire était née.
Aujourd’hui les choses ont bien changé : 90% des échanges se font par de simples jeux d’écritures
(chèque) ou par des mouvements électroniques (carte bancaire, virements). Mais le principe – la
confiance – est toujours le même.

• Qui crée la monnaie ?


Contrairement à ce que l’on croit souvent, les instituts d’émission (BCE, Réserve fédérale
américaine et toutes les autres Banques centrales), seuls habilités à imprimer des billets et à frapper
des pièces, ne sont à l’origine que d’environ 10% des liquidités en circulation. Pour l’essentiel, ce
sont en effet les banques commerciales, comme la BNP ou le CIC, qui créent la monnaie.

• Comment font-elles ?
Elles accordent des crédits à leurs clients, voilà tout ! Certes, pour pouvoir le faire, elles doivent
posséder en réserve les sommes qu’elles prêtent — et même un peu plus, afin de faire face aux
retraits. Pour 100 euros déposés dans leurs caisses, elles ne peuvent ainsi offrir qu’un crédit
d’environ 80 euros à un particulier, une entreprise, ou à l’Etat. Mais ce faisant, elles créent bel et
bien de la monnaie. La preuve ? Les 100 euros de dépôt existent toujours, puisque leur possesseur
peut en jouir à sa guise. Et les 80 autres existent aussi, leur emprunteur les a peut-être déjà dépensés
le temps que nous écrivions ces lignes. La banque les a donc fabriqués de toutes pièces. Juste retour
des choses, lorsqu’on les lui remboursera, ils seront automatiquement détruits.
On le voit, la monnaie n’est pas une masse stable, un gros tas d’argent réparti entre les agents
économiques, comme on l’imagine intuitivement. C’est une somme de liquidités mouvante, qui
gonfle et se rétracte en permanence, en fonction des crédits offerts. Les choses vont d’ailleurs plus
vite qu’on ne le pense. Imaginons à nouveau qu’un client A dépose 100 euros sur son compte et
que l’établissement s’en serve pour accorder un prêt de 80 euros à un client B. Quelle que soit la
façon dont il sera dépensé, cet argent va atterrir lui aussi sur un compte bancaire. Il pourra donc
servir à son tour de réserve pour l’octroi d’un nouveau crédit, d’environ 60 euros cette fois, et ainsi
de suite. Au total, à partir d’un dépôt de 100 euros, les banques dans leur ensemble peuvent
fabriquer plus de 200 euros de nouvelles liquidités. Les spécialistes appellent cela le multiplicateur
de crédit.

Mais alors, pourquoi ne crée-t-on pas plus de monnaie pour s’enrichir ?


Au pays du Père Noël, cela marcherait sûrement. Mais pas dans la réalité. Car ce ne sont pas les
moyens de paiement qui font la richesse, mais bien le volume de produits et de services disponibles
sur le marché. A quoi sert d’avoir les poches pleines d’or si les étals sont vides ! Voilà pourquoi la
quantité de monnaie en circulation doit toujours être corrélée à la production. Si elle augmente plus
vite, ce sont… les prix qui s’emballent.

Les Allemands peuvent en témoigner. Dans les années 1920, leur Banque centrale avait imprimé
une telle masse de marks (pour rembourser à la France les dommages de guerre) que les étiquettes
doublaient tous les jours dans les magasins. Il fallait une brouette remplie de billets pour acheter
son pain ! Un siècle plus tard, nos voisins sont toujours traumatisés par le souvenir de cette
hyperinflation, et cela explique leur obsession de la rigueur.
On n’en est certes plus là aujourd’hui. Mais, selon les économistes, le monde souffre encore d’un
excès de liquidités, et ce n’est pas une bonne nouvelle. Placée sur les marchés financiers, cette
énorme quantité d’argent provoque en effet l’apparition de bulles spéculatives dont l’explosion
peut s’avérer ravageuse, à l’exemple des subprimes. C’est pour éviter ce genre de dérives que les
Etats et les Banques centrales tentent d’encadrer la création monétaire.
A ce sujet, l'interview de Frédéric Alexis, directeur du mastère spécialisé Finance Risque
Contrôle à Audencia Nantes : Pourquoi la BCE ne crée-t-elle pas davantage d'euros pour faciliter
la relance de la croissance ?

• Comment s’y prennent-ils ?


Ils mettent en place des mécanismes pour limiter les capacités de prêt des banques. En Europe, ces
dernières sont par exemple contraintes de respecter plusieurs ratios réglementaires : elles doivent
placer l’équivalent de 1% de leurs dépôts auprès de la BCE. Ce sont les réserves obligatoires. Elles
doivent aussi se soumettre au ratio de Bâle III, qui leur interdit de prêter plus de 8% de leurs fonds
propres – c’est-à-dire de leurs capitaux.
Les Banques centrales peuvent aussi faire varier à leur guise leur taux directeur, qui détermine les
taux d’intérêt auxquels les banques prêtent de l’argent. Plus il augmente, plus les emprunts seront
chers, moins les ménages et les entreprises leur en demanderont, et moins on leur en accordera.
Ainsi, le multiplicateur de crédit, à l’origine de la création monétaire, sera freiné.

- La politique budgétaire
Elle est l’action sur la vie économique par le budget de l’Etat (choix du volume des dépenses
publiques, du déficit budgétaire, structure des dépenses par fonction…). Par le biais des
subventions, du traitement des fonctionnaires, des achats de biens et services, l’Etat est en mesure
de peser sur la conjoncture économique et sociale ;
- La politique fiscale
Elle est l’action sur le niveau de pression fiscale, sur la répartition entre les différents types de
fiscalités. En diminuant la fiscalité des agents économiques, l’Etat peut stimuler la consommation
et donc la production.
- La politique des revenus
Elle définit les règles concernant la répartition et la redistribution du revenu ;
- La politique industrielle
Elle est l’action menée par les pouvoirs publics en vue d’orienter, de coordonner et de favoriser le
développement industriel (production des entreprises publiques, aides et subventions aux
entreprises privées…).
2.2.2. Les politiques de l’emploi et de lutte contre le chômage
Les politiques de l’emploi représentent l’ensemble des mesures prises par l’Etat pour agir sur le
fonctionnement du marché du travail afin de réduire le taux de chômage. Elles ont des effets qui
demeurent limités pour résoudre le problème du chômage. On distingue deux types de politiques
de l’emploi :
- Les politiques actives de l’emploi ou de lutte contre le chômage ont une logique d’action
destinée à favoriser la demande de travail (l’emploi).
- Les politiques passives de l’emploi ou de lutte contre le chômage ont une logique d’ordre
social notamment l’indemnisation du chômage.
• Les politiques actives :
Les politiques actives de l’emploi peuvent s’appliquer sur l’activité économique ou sur l’emploi.
Elles ont pour objectif de favoriser la création d’emplois et d’assurer un meilleur fonctionnement
du marché du travail.
Leur action porte sur la création d’emplois et les ajustements sur le marché du travail :
- La création d’emploi peut être favorisée par la diminution du coût du travail, en particulier
les exonérations fiscales, la diminution des charges salariales…
- L’amélioration de l’ajustement entre l’offre et la demande de travail peut se faire en
privilégiant la mobilité des actifs par des actions de formation et de qualification. Ces
mesures ciblées peuvent bénéficier surtout aux jeunes et aux chômeurs de longue durée.

• Les politiques passives :

Les politiques passives de lutte contre le chômage sont constituées de l’indemnisation du


chômage. Elles se sont développées d’abord dans une logique d’assurance (transfert de risque
entre les actifs), qui explique la pratique de cotisations. Leur but est l’accompagnement social
du chômage, donc elles ne visent pas à résoudre le fond du problème.
CHAPITRE 3 :

LA CROISSANCE ET LE
DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE
Tous les pays aspirent à un mieux-être. C’est pourquoi les gouvernants créent des richesses pour
satisfaire au mieux leur population. Cette amélioration des conditions de vie passe par la croissance
économique. Celle-ci toutes choses étant égale par ailleurs peut favoriser le développement socio-
économique.
Cette partie vise à apporter à l’énarque des outils d’analyse nécessaires pour comprendre au mieux
les notions de croissance et développement économique. Il tentera par ailleurs d’énoncer
successivement les notions de croissance économique (1.1) et la notion de développement
économique (1.2).

1.1. Notion de croissance économique


1.1.1. La croissance est un phénomène quantitatif.
C'est « l'augmentation soutenue pendant une période longue d'un indicateur de production en
volume » (F. Perroux). Elle représente l'augmentation de la richesse, exprimée sous forme
monétaire. La croissance est mesurée par l'augmentation du PIB. Cette augmentation peut être
exprimée en valeur (FCFA courants) ou en volume (en FCFA constant en prenant en compte le
taux d'inflation). L'évolution du PIB mesure le rythme de la croissance. Le PIB aux prix du marché
est un agrégat représentant le résultat final de l'activité de production des unités productives
résidentes.

1.1.1.1. Les effets de la croissance sur le niveau de vie


Par la mécanisation du travail et la standardisation des produits, la croissance accroit la productivité
du travail et génère des économies d'échelle. Le surplus dégagé permet d'accroitre les salaires, la
consommation et donc les profits. Dans ce modèle, la consommation de masse permet d'absorber
la production de masse. D'une manière plus générale, la croissance permet d'accroitre le revenu des
agents et de satisfaire d'avantage de besoins. La croissance est une condition nécessaire à
l'amélioration du niveau de vie.

La croissance économique produit une augmentation de la richesse collective et une augmentation


statistique de la richesse monétaire par tête. Cette augmentation est mesurée par le PIB/habitant.
Les comparaisons internationales doivent prendre en compte l'effet de la parité du pouvoir d'achat.

La croissance modifie le niveau de vie lié à la variété de l'offre proposée aux ménages et au pouvoir
d'achat des agents (compte tenu de l'augmentation des revenus réels). La croissance permet de
satisfaire de nouveaux besoins par la consommation de biens, comme le montre l'évolution du taux
d'équipement des ménages en biens durables (automobile et électroménager, puis informatique et
téléphones portables) et par la consommation de services (augmentation des dépenses de santé).
Pour les ménages, la croissance permet également la constitution d'un patrimoine (augmentation
du taux de propriétaires de leur résidence principale par exemple).

La croissance modifie partiellement des conditions de vie en modifiant l'environnement


économique. D'une part, les gains de productivité permettent, sur une longue période, de réduire la
durée du travail. D'autre part, l'augmentation du revenu réel des parents permet l'augmentation de
la durée des études des enfants.
1.2. Notion de développement économique

1.2.1. La nature et le rythme du développement


Alors que la croissance est un phénomène irrégulier, qui peut connaitre des récessions sur le court
terme, le développement est un mouvement qui s'inscrit sur le très long terme (plusieurs décennies,
voire plusieurs siècles dans le cas de l'Europe). Il produit de multiples effets :
- Effets démographiques : allongement de l'espérance de vie, baisse de la mortalité infantile
puis diminution du taux de natalité (phénomène de transition démographique).
- Effets sociaux-culturels : développement de la scolarité, allongement de la durée des
études et du niveau de formation de la population active, évolution des rôles liés au genre.
- Effets économiques : augmentation de la productivité des facteurs, amélioration des
conditions de vie (baisse de la malnutrition), développement de la variété de la
consommation et de l'épargne, et développement des infrastructures publiques (écoles,
hôpitaux, communication). Alors que la croissance économique produit l'augmentation de
la richesse collective, le développement permet l'augmentation générale du bien être
individuel et accompagne l'extension des libertés humaines (A. Sen).

1.2.2. La mesure du développement


Le PIB est le principal indicateur de la croissance mais il ne mesure pas les multiples effets
(démographiques et sociaux) produits par le développement. De plus le PIB ne tient pas compte
des « dégâts du progrès » sur l'environnement, dont la préservation est pourtant indispensable au
bien-être. On utilise deux indicateurs principaux pour apprécier le développement.
L'IDH (indicateur de développement humain) est un indice statistique composite créé par le
Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en 1990 (Amartya Sen). Depuis
2010, l'IDH est construit selon un nouveau mode de calcul à partir de quatre indicateurs :
l'espérance de vie à la naissance, la durée moyenne de scolarisation, la durée attendue de
scolarisation, et le PIB réel par habitant exprimé en PPA.
Le PNUD distingue ainsi trois groupes d'économies : les pays à développement humain élevé (IDH
supérieur ou égal à 0,800), les pays à développement humain moyen (IDH compris entre 0,800 et
0,500) et les pays à développement faible (IDH inférieur à 0,500).

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