Pensez-vous que la flamme amoureuse puisse rester la même
face aux problèmes et difficultés de la vie ?
L’amour est le moteur de la vie car nous sommes le reflet de l’autre. On
existe à travers les autres, ce qui donne un sens à notre vie. Le contresens serait qu’on y apporte uniquement une connotation charnelle ou passionnelle. En vérité, l’amour touche l’être humain avant même sa naissance, c’est ce qui lui donne l’envie d’exister de lutter et de se relever après avoir trébuché. L’enfant a besoin de l’amour pour pousser et grandir, l’adolescent a besoin de partenaire qui le confirmera dans son statut d’indépendant et de personnalité ancrée dans la société. L’adulte aura besoin de beaucoup d’amour pour une associée de la vie et la fondation d’une nouvelle famille. Enfin la personne âgée trouvera dans l’amour des siens la tendresse et l’aide indispensable pour vaquer normalement à son quotidien. Ainsi l’amour, nous le voyons bien, est indispensable et présent à tous les stades de la vie. Peut-il résister et se maintenir face aux aléas de la vie ? peut-il être inébranlable ou s’estompe-t-il dès que les problèmes s’accumulent ? Il n’y a pas une réponse unique à ce questionnement ; car comme je le précisais précédemment, l’amour est le produit d’une alchimie complexe et pour cela on doit différencier l’amour choisi et l’amour « subi ». Je dis ici qu’on partage souvent l’amour avec des parents ou des personnes présentes dans notre vie depuis toujours. Les liens forts facilitent notre rapport ; car il y a des règles écrites, imposées par les coutumes, les traditions ou tout simplement les liens de sang. A ces personnes on a tendance à pardonner plus facilement leurs erreurs ou leurs différences car y renoncer c’est toucher à toute une vie basée sur l’équilibre et la force de ces liens. Dans une relation choisie, on est plus sincère et plus libre car la personne aimée répond à des critères et une esthétique ancrée dans notre subconscient…on aime ou on n’aime pas. À mon avis, il existe trois conditions essentielles à la pérennité de l'amour : l'admiration, le rêve et le désir sexuel. Et ces trois composantes doivent être canalisées vers la même personne, réciproques et stables. Mais pas nécessairement dans l'ordre : le désir peut naître de l'admiration ou vice-versa, on se noie, on devient supérieur, immortel car aimé, sublimé : « et moi je suis tombé en esclavage, de ce sourire de ce visage et je lui dis emmène-moi » Pierre Bachelet. Mais au-delà des métaphores, l’amour n’est pas une prison pour esclaves, Les coups de foudre ne peuvent survivre à la passion, car la fusion totale tue le désir. Je désire seulement ce que je n'ai pas, pas ce que je possède. Tu existes aussi en dehors de moi et j'existe en dehors de toi. La distance est nécessaire au désir et permet au rapprochement de se transformer en plaisir. Il est vrai que le cœur a des raisons que la raison ne connaît pas, mais la raison peut enseigner au cœur la direction à prendre et comment reconnaître les indices précurseurs de l'essoufflement de l'émotion. L'amour durable, on ne le répètera jamais assez, est fait de passion et de raison, de cœur et de tête. Mais l’amour nécessite aussi des efforts pour affronter la durée et la routine. Vivre à deux n'est pas un comportement instinctif. Nous devons apprendre à vivre à deux, tout comme nous avons appris à marcher, parler, écrire, faire de la bicyclette, conduire une voiture, faire notre métier : « et quoi que tu fasses l’amour est partout où tu regardes dans les moindres recoins de l’espace dans le moindre rêve ou tu t’attardes. » Francis Cabrel. Survivra, survivra pas…tout dépend de l’intensité et de la sincérité de l’amour qu’on porte puisque même la mort est douce quand elle est accompagnée par le regard amoureux de sa dulcinée : « il n’aurait fallu qu’un moment de plus pour que la mort vienne, mais une main nue alors est venue et a pris la mienne…moi qui frémissais toujours je ne sais de quelle colère, deux bras ont suffi de faire de ma vie un collier d’air. » Léo FERRE