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Revue du Rhumatisme 86S (2019) A19-A24

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

Conférence d’actualité

L’origine de la polyarthrite rhumatoïde


Marie-Christophe Boissier a,b,c,*, Jérôme Biton a,b, Luca Semerano a,b,c, Patrice Decker a,b, Natacha Bessis a,b
a Inserm U1125, Bobigny, France,
b Université Paris 13, Li2P, Bobigny, France
c Service de Rhumatologie, Hôpital Avicenne, APHP, GHUPSSD, Bobigny, France

I N F O A R T I C L E R É S U M É

Mots-clés : On ne connaît pas la cause de la polyarthrite rhumatoïde, mais on en connaît bien de très nombreux
Polyarthrite rhumatoïde mécanismes. Confirmant le caractère auto-immun de la maladie, le terrain génétique est largement
Auto-immunité dominé par les gènes HLA de classe II, surtout avec le polymorphisme essentiel de l’épitope partagé. Les
Antigènes citrullinés caractères non génétiques comptent pour tout le reste. Les auto-antigènes les mieux définis aujourd’hui
Cytokines
sont citrullinés ou carbamylés, mais il en existe d’autres. Ils sont reconnus par un système immunitaire
Microbiote
en panne de régulation, avec des lymphocytes T régulateurs incapables d’empêcher la survenue d’une
inflammation et d’une destruction tissulaire, articulaire et vasculaire notamment. Les polynucléaires
neutrophiles, très présents sur les sites inflammatoires, perturbent les tentatives de régulation. Le
métabolisme énergétique, normalement engagé dans la lutte contre l’agression auto-antigénique, ne
répond pas correctement à la demande et aggrave le phénomène inflammatoire. C’est aussi le cas de
facteurs environnementaux comme la pollution atmosphérique, la poussière, l’alimentation en
particulier le sel, des infections. Les cytokines de l’inflammation, comme le TNF-α, l’IL-1, l’IL-17, sont bien
en cause, mais pas initialement, apparaissant comme une voie d’exécution commune d’une sentence
prononcée à la suite de la mauvaise rencontre du terrain génétique et d’un environnement néfaste.

1. Introduction d’une recherche translationnelle suggèrent que plusieurs événe-


ments sont nécessaires à l’apparition puis au développement d’une
La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie chronique com- PR. Il est encore difficile de les hiérarchiser, y compris dans le
plexe. Elle met en jeu le système immunitaire, à la fois maladie temps. On peut affirmer que la causalité de la PR dépend de l’appa-
inflammatoire et auto-immune, impliquant l’immunité innée et rition d’un ou plusieurs auto-antigènes dans un contexte génétique
l’immunité adaptative. Ses mécanismes connus rendent compte de (le terrain) et environnemental (terroir), que les cytokines tiennent
l’inflammation et de la destruction tissulaire pouvant toucher une place centrale, que plusieurs catégories de cellules de l’immu-
toutes les articulations ou structures comportant du tissu synovial. nité jouent un rôle déterminant avec une réactivité anormale aux
Sont également bien comprises les atteintes extra-articulaires, stimuli, que le métabolisme énergétique est profondément altéré
notamment vasculaires, qui expliquent en grande partie la surmor- dès les premiers signes d’inflammation. Nous traiterons de ces dif-
talité de cette maladie. D’énormes progrès ont été récemment férentes pistes, en prenant le parti de choisir les points saillants, et
accomplis dans le traitement de la PR, permis par une meilleure de laisser de côté la physiopathologie générale et les aspects locaux
définition de la PR et de ses différents stades, de son pronostic, une articulaires, notamment les altérations synoviales, dont le caractère
meilleure utilisation de traitements de fonds conventionnels, et initial est loin d’être définitivement démontré dans la PR.
surtout grâce à la découverte de cibles issues de la recherche trans-
lationnelle, qui sont les véritables verrous de la maladie.
De nombreuses données ont été accumulées grâce à l’utilisation 2. Séquences physiopathologiques, de l’ancien au nouveau monde
de ces traitements. La recherche se heurte à une résistance sur un
point : quelle est la cause de la PR ? Des hypothèses faites à partir Un schéma très classique reste d’actualité, mais il a été forgé
tandis que les traitements se développaient. On pourrait admettre
qu’il s’est imposé pendant plusieurs années parce qu’il permettait
*Auteur correspondant d’y placer les traitements approuvés, agissant sur les acteurs
Marie-Christophe Boissier, Service de Rhumatologie, Hôpital Avicenne, APHP, connus. Dans cet esprit une activation lymphocytaire (entraînée par
GHUPSSD, 125 rue de Stalingrad, 93000 Bobigny, France un antigène hypothétique) entraîne une prolifération et une diffé-
E-mail : marie-christophe.boissier@aphp.fr renciation lymphocytaires, et par le fait une production de cytokines

1169-8330/$ - see front matter © 2019 Société Française de Rhumatologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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de l’inflammation parmi lesquelles l’IL-6, le TNF-α, l’IL-1, l’IL-17. Ces avant. L’hyperactivation des lymphocytes B dans la PR se traduit par
cytokines sont en lien étroit aussi avec la stimulation d’acteurs de la présence d’autres auto-anticorps : FR, anticorps anti-protéine
l’immunité innée [1]. carbamylée [6], anticorps anti-PAD par exemple. Les complexes
La présentation de l’auto-antigène initial (ou d’autres antigènes) immuns formés par ces auto-anticorps pourraient voir leur effet
se fait par la molécule HLA au TCR (récepteur à l’antigène) du lym- amplifié par une infection, parmi lesquelles le virus d’Ebstein-Barr
phocyte T (LT) CD4, les molécules de costimulation (dont l’interac- est un excellent candidat [7]. Le tissu synovial possède tous les
tion CD28 – CD80/CD86) jouant un rôle nécessaire d’ancrage sans ingrédients pour favoriser la présence et la persistance de
lequel la stimulation n’a pas le temps ni la force de se faire. Les lymphocytes B auto-réactifs, avec des hautes concentrations en
lymphocytes B sont également stimulés, par une coopération avec BAFF, APRIL, IL-6, pouvant même permettre l’émergence de struc-
les lymphocytes T ou directement ; ils portent quasiment tous, tures lymphoïdes ectopiques [8]. On peut affirmer que les ACPA
lorsqu’ils sont matures, l’antigène-marqueur CD20. jouent un rôle déterminant dans la douleur articulaire (y compris
Ainsi, on explique les développements réussis des anti-TNF-α, avant l’apparition des arthrites), l’inflammation articulaire, la
des anti-IL-6R, des anti-CD20, et de l’abatacept. Finalement on migration des fibroblastes synoviaux, l’activation des ostéoclastes
explique aussi, par ce seul schéma, l’efficacité des inhibiteurs de la et donc la destruction osseuse. Une hypothèse est que l’effet des
voie Jak-STAT : celle-ci est nécessaire à l’action de plusieurs ACPA pourrait varier en fonction des épitopes citrullinés reconnus.
cytokines inflammatoires, au premier chef de l’IL-6 [2]. Le récepteur Fcγ joue aussi un rôle associé complémentaire [9-13].
Il reste beaucoup à connaître de la façon dont la production
d’ACPA joue un rôle pathogène. Une voie largement montrée par les
3. Le rôle ambigu des cytokines études scandinaves accorde un rôle central au poumon comme lieu
d’une citrullination majeure, amplifiée encore par des expositions
Aucun schéma physiopathologique ne résiste à une analyse toxiques comme la fumée de tabac [14].
rigoureuse très longtemps. Placer au cœur du dispositif patholo-
gique de la PR le seul TNF-α ou l’IL-6 est un très bon mémo pour le
thérapeute, mais il n’explique pas certaines données pourtant 5. Un défaut de régulation : Les Tregs responsables.
consensuelles. Comment expliquer, par exemple, que pratiquement
Les LT régulateurs (Tregs) sont des cellules très populaires dans
tous les traitements ciblés approuvés aient une matrice d’efficacité
l’étude de l’auto-immunité, notamment les Tregs exprimant FoxP3
superposable : ¼ de résistances primaires ; ¼ de rémissions com-
qui sont les seuls que nous évoquerons ici, bien qu’il existe d’autres
plètes obtenues ; le reste (1/2) en répondeurs hors rémission (d’où
cellules T régulatrices. La mutation avec perte de fonction de FoxP3
¾ de répondeurs) ? Comment expliquer, autrement que par les
est responsable d’un syndrome auto-immun majeur (IPEX ;
anticorps-anti-médicaments, les résistances secondaires ? Com-
Immuno-dysregulation Polyendocrinopathy auto-immune Enteropathy
ment expliquer le fait que les dosages de cytokines (TNF, IL-6) ne
X-linked) qui témoigne du rôle déterminant des Tregs dans la pré-
rendent pas compte de la maladie, de sa gravité, ou d’une indication
vention d’une autoréactivité pathogène. Dans la PR comme dans un
à une biothérapie donnée ? Comment expliquer que les souris
grand nombre de maladies auto-immunes, le nombre et /ou la fonc-
transgéniques pour le TNF-α détruisent leurs articulations mais ne
tion de ces cellules est modifié en périphérie et/ou dans les organes
font ni anticorps anti-antigène citrulliné (ACPA) ni facteur
cibles de l’auto-immunité. Il est cependant difficile de tirer des
rhumatoïde ? Comment expliquer un effet modeste (si effet) ou
conclusions claires des études visant à comparer la proportion de
transitoire du blocage dans la PR de certaines cytokines (IL-1, IL-17)
Tregs chez des patients atteints de PR ou dans ses modèles
pourtant considérées comme essentielles au processus d’inflamma-
expérimentaux : la définition phénotypique des Tregs, les traite-
tion aiguë ou chronique : une raison galénique, une conception
ments, la nature des témoins (autres pathologies ou sujets sains)
chimiopharmacologique incomplète ? Comment expliquer, dans ce
sont autant de facteurs qui varient d’une étude à l’autre, et qui
contexte d’immunosuppression, la relative rareté des infections
doivent être pris en compte. Des méta-analyses suggèrent néan-
sous bloqueurs de cytokines [3] ?
moins une fréquence diminuée de Tregs dans le sang périphérique
Les acteurs classiques sont encore considérés comme essentiels,
des patients atteints de PR, associée à une hausse dans le liquide
mais ne sont pas les causes ultimes de la PR. Ils ont parfois un rôle
synovial [15].
ambigu, comme le TNF-α qui peut stimuler certains LT-régulateurs,
L’activité suppressive des Tregs est en revanche clairement
et ainsi rendre compte en partie de certains phénomènes para-
altérée chez ces patients, et quelques équipes, dont la nôtre, ont
doxaux d’aggravation d’une inflammation dans un tissu lors de
montré que les thérapies ciblées comme les inhibiteurs du TNF ou
l’administration d’agents bloquant le TNF-α.
de l’IL-6 restauraient la fonction inhibitrice des Tregs sur les cellules
pathogènes comme les lymphocytes T effecteurs [16-21].
4. L’étincelle de l’auto-immunité La vision traditionnelle classique des Tregs comme cellules inca-
pables de sécréter des cytokines pro-inflammatoires et dont la
L’une des plus grandes découvertes dans la PR des 50 dernières seule fonction serait de supprimer les réponses des lymphocytes T
années a été la découverte des anticorps anti-protéine citrullinée est incorrecte. Les cellules Tregs possèdent un certain degré de
(ACPA) [4]. La citrullination des protéines est un phénomène habi- plasticité et d’instabilité, particulièrement dans un environnement
tuel observé chez les mammifères. Ce qui ne l’est pas c’est le déve- inflammatoire, et nous avons montré que les notions de plasticité et
loppement d’une auto-immunité vis-à-vis de ces antigènes de stabilité sont distinctes et intriquées à la fois [22]. L’instabilité
citrullinés, dont la production d’ACPA est le témoin. Ce qui signifie des Tregs désigne la possibilité pour ces cellules de ne plus
que dans un contexte génétique favorable, une réponse immuni- exprimer le gène foxp3, de manière plus ou moins réversible, et
taire spécifique apparaît : les antigènes citrullinés se fixent préfé- suite à des phénomènes de régulation principalement épigénétique.
rentiellement à une région de certains antigènes de classe II pour La plasticité, quant à elle, favorise l’acquisition de phénotype de
stimuler de façon adéquate cette réponse. La question ici est celle type Th1, Th2 ou Th17 par les Tregs, liée ou non à la perte d’expres-
de l’origine de cette citrullination permise grâce à une enzyme, la sion de foxp3. Plasticité et instabilité sont toutes deux dépendantes
peptidyl-arginase déiminase (PAD), présente dans l’organisme mais de l’environnement cellulaire en général, et inflammatoire en parti-
aussi dans les bactéries [5]. Les ACPA sont clairement pathogènes et culier. Finalement, ces deux caractéristiques conduisent les Tregs à
ne sont pas seulement des témoins innocents. Ils sont corrélés à des ne plus être en mesure d’assurer la fonction suppressive nécessaire
PR plus graves, plus destructrices, plus précoces, encore davantage au contrôle de l’inflammation chronique d’origine auto-immune.
lorsque des facteurs rhumatoïdes (FR) sont présents. Ils appa- Dans la PR, plasticité et stabilité des Tregs ont été peu étudiées
raissent avant les premiers signes cliniques, en moyenne 3 ou 4 ans jusqu’à présent. Le processus de conversion des Tregs en cellules
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Th17 joue un rôle crucial dans l’inflammation auto-immune [23] et, Notons que de la chromatine extracellulaire est présente dans le
dans ce contexte, des cellules Foxp3 « IL-17 » ont été détectées dans liquide articulaire de patients [37 ; 38]. On peut concevoir qu’une
la synoviale de patients présentant une PR active [24]. Une étude partie de cette chromatine provienne de NET. Or nous avons
récente a par ailleurs montré que la perte partielle de la fonction du démontré que la chromatine agit comme un DAMP (« danger-asso-
Ptpn2 par les Tregs favorise le développement d’arthrites expéri- ciated molecular pattern) et stimule les cellules dendritiques [39] et
mentales en déstabilisant l’expression de FoxP3 [25]. les neutrophiles [40 ; 41], induisant aussi la formation de NET [29]
Enfin, nous venons de démontrer que l’expression du récepteur et la libération de CEACAM8 soluble [42], aboutissant ainsi poten-
de type 2 du TNF (TNFR2) par les Tregs était liée à une hypométhy- tiellement à une boucle d’amplification.
lation de la région TSDR du promoteur de foxp3, elle-même confé- À l’inverse, il apparaît maintenant que les PNN représentent
rant une stabilité accrue aux Tregs, et que les traitements ciblés une population hétérogène et certains PNN exercent même des
inhibant le TNF induisaient justement une expansion de la popula- activités immunorégulatrices, puisqu’il existe des PNN
tion de Tregs exprimant ce TNFR2 chez les patients répondeurs [21] auxiliaires [43], régulateurs [44] immunosuppresseurs [45] voire
Ces résultats suggèrent que l’un des mécanismes d’action de cer- anti-inflammatoires [46] Ainsi, nous avons récemment montré
tains traitements ciblés est de rétablir la fonction suppressive des que les NET peuvent aussi être anti-inflammatoires dans des
Tregs en leur conférant une stabilité accrue. Les avancées récentes conditions particulières [35].
en épigénétique et l’accès à des technologies nouvelles (séquençage L’ensemble de ces données suggère que les PNN sont également
à haut débit, études de cellules uniques…) permettront sans doute impliqués dans la chronicité de la maladie, et pas seulement dans
prochainement de caractériser de manière précise les variations les phases aiguës, générant un nouveau regard sur ces cellules.
phénotypiques des Tregs en fonction de différents paramètres, tel
que le type de traitement ou la sévérité de la maladie, et, à terme,
7. Une maladie environnementale
de développer de nouveaux outils théranostiques dans la PR.
Il est établi que les maladies auto-immunes et inflammatoires
6. Les PNN : bien plus complexe qu’envisagé dépendent de l’environnement. Le rôle de la pollution est démontré
dans la PR [47] ; la cartographie de la prévalence de la PR se super-
Les polynucléaires neutrophiles (PNN) sont classiquement pose, sur une carte des États-Unis, à celle de la présence de parti-
décrits comme des cellules pro-inflammatoires et de ce fait jouent cules fines dans l’air. L’exposition à la poussière, et donc la présence
un rôle important dans la PR. Ils sont activés et recrutés dans les de particules de silice, apparaît comme un facteur certain de la
articulations enflammées de patients atteints de PR. De plus, les maladie. Il s’agit d’un facteur professionnel établi, mais une étude
PNN sécrètent plusieurs cytokines associées à la PR et recrutent les récente montre qu’il s’agit bien d’un facteur de la vie quotidienne,
lymphocytes pro-inflammatoires Th17 [26]. La déplétion des PNN indépendamment du métier [48]. Une association entre un habitat
in vivo inhibe le développement des arthrites dans plusieurs proche d’une route et la PR fait partie des arguments troublants.
modèles murins [27, 28]. Cependant, les PNN sont restés relative- Certains sont même allés jusqu’à faire le rapprochement entre la
ment peu étudiés dans la PR jusqu’à la mise en évidence récente de description tardive de la PR faite par Landré-Bauvais [49] au début
nouvelles fonctions. Nous avons par exemple démontré que les PNN du XIXe siècle et pas avant, et le début de l’ère industrielle. La stimu-
activés sécrètent de l’interféron-α [29]. Dans la PR, les PNN pré- lation de l’inflammasome ou de certains Toll-like récepteurs (TLR)
sentent une certaine plasticité (différenciation en cellules de type sont des explications possibles, mais aussi un accroissement de
cellules dendritiques) [30], et exercent des fonctions non classiques l’auto-immunité via l’épitope partagé [50].
(expression de RANKL (« receptor activator of nuclear factor kappa- Dans ce contexte, les facteurs alimentaires sont très étudiés,
B ligand »)), suggérant un rôle dans l’ostéoclastogenèse [31]. Nos avec des associations moins importantes à la PR que celles mises en
travaux ont de plus démontré que les PNN et les Tregs interagissent évidence par rapport à la pollution. Ceci tient probablement à la
et cette coopération favorise l’activité des Tregs [32]. Ce dialogue complexité de facteurs en jeux dans l’alimentation. Les acides gras
semble altéré dans la PR. oméga-3 semblent être des facteurs associés à une protection vis-à-
En particulier, les PNN activés produisent des NET (« neutrophil vis de la maladie [51]. De façon plus récente, la consommation de
extracellular traps »), des filaments d’ADN associés à des protéines sel, facteur de mortalité et morbidité toutes maladies confondues
des granules et libérés dans le milieu extracellulaire [33]. À l’origine est aussi une cause dans la survenue d’une auto-immunité [52] ; un
décrit comme un mécanisme de défense antibactérien associé à la régime riche en sel induit la serum glucocorticoid kinase-1 (SGK-1)
mort cellulaire (NETose), il pourrait être impliqué dans des qui entraîne une augmentation de la différenciation lymphocytaire
réponses inflammatoires et/ou auto-immunes. On sait maintenant Th17, et accroît l’auto-immunité [53]. Une forte interaction positive
qu’il existe différents mécanismes de libération de NET aboutissant a été retrouvée entre apport en sel et un autre facteur de risque
à différentes compositions (avec ou sans mort cellulaire, chroma- connu de PR : le tabac. Le risque d’incidence de PR associé à la
tine nucléaire vs. ADN mitochondrial), certains pouvant être asso- consommation de tabac augmente avec la consommation en sel. Les
ciés à une activation (limitée) de PAD4 et un niveau supérieur de fumeurs avec une basse consommation de sel ne semblent pas avoir
citrullination. Or, plusieurs travaux dont les nôtres, montrent que plus de risques que les non-fumeurs [54]. Le sel pourrait aussi être,
les IgG de patients atteints de PR et riches en ACPA reconnaissent chez des individus prédisposés à la maladie, un facteur de potentia-
les NET et que les PNN de patients forment plus de NET in vitro [34, lisation d’autres facteurs environnementaux.
35]. De plus, la formation de NET est associée à la libération de PAD Ces différents facteurs font partie de l’exposome, qui, non limité
actives, que l’on détecte dans le liquide synovial de patients [36]. au seul environnement, rassemble l’ensemble des phénomènes
Ces mécanismes pourraient générer des auto-antigènes citrullinés modifiables pouvant agir sur un individu. Simplement, l’exposome
localement qui pourraient être des cibles des ACPA, voire induire la correspond à l’ensemble des facteurs possibles sauf ceux dépendant
production d’ACPA, aboutissant à la formation de complexes du génome [55]. On peut aussi y inclure des facteurs socio-écono-
immuns pathogènes. miques (durée des études, revenus, conditions de travail, géogra-
Indépendamment de la citrullination, nous suggérons que les phie, par exemple) conduisant à parler de socialosome, qui est
NET sont impliqués dans la physiopathologie de la PR. Notamment l’ensemble des facteurs sociaux qui influent sur un système biolo-
en exposant à leur surface des molécules pro-inflammatoires, gique. Les microbes font partie de l’exposome, y compris le micro-
immuno-modulatrices et/ou des auto-antigènes. Nous avons biome. Le microbiome intestinal, flore digestive, est le stimulus
récemment démontré que les NET sont pro-inflammatoires et permanent le plus notable du système immunitaire, via les cellules
activent les PNN et les macrophages, avec une plus forte activité et organes lymphoïdes présents dans les muqueuses [56]. Il est fas-
des NET de patients, et sont donc potentiellement pathogènes [35]. cinant d’observer que dans certains modèles expérimentaux, les
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maladies auto-immunes peuvent se transmettre par greffe de Tableau 1 Agenda pour la recherche des causes de la polyarthrite rhumatoïde
microbiote.
• Identifier la cause de la stimulation précoce des B-auto-réactifs.
• Hiérarchiser les co-facteurs de la prolifération synoviale.
8. Le métabolisme, carburant de l’inflammation • Identifier les facteurs initiaux de la stimulation des PMN, puis les raisons
de  leur persistance.
• Identifier et hiérarchiser les métabolites clefs pour la persistance inflammatoire.
Dans la PR, le métabolisme énergétique joue un rôle crucial en • Développer un modèle animal qui comporte toutes les caractéristiques utiles,
fournissant le carburant nécessaire au système immunitaire pour permettant d’évaluer toutes les nouvelles thérapeutiques.
établir et entretenir une inflammation chronique. Une augmentation
de certains métabolites appartenant à la voie de la glycolyse (lactate,
glucose), au métabolisme des lipides et des acides gras a été mise en Dans différents modèles animaux de PR, de nombreux inhibi-
évidence dans le sérum et le liquide synovial des patients [57]. teurs métaboliques, notamment de la glycolyse (3-bromo-pyru-
Les signaux métaboliques jouent également un rôle crucial dans le vate), ont montré des effets thérapeutiques encourageants [62].
contrôle et l’orientation de la réponse immune. Les LT naïfs quies- Dans la PR, la situation est probablement beaucoup plus complexe.
cents possèdent des demandes énergétiques faibles et utilisent un En effet, la coexistence de cellules « droguées » au glucose (macro-
programme métabolique oxydatif et catabolique (β-oxydation des phages et FLS) et de LT CD4+ « ignorant » la glycolyse, aura d’impor-
acides gras (FAO) et phosphorylation oxydative (OXPHOS)). L’activa- tantes conséquences sur le développement des futures thérapies
tion du TCR active la voie PI3K-AKT-mTOR qui induit le recrutement régulatrices de l’immuno-métabolisme dans la PR. L’augmentation
du transporteur de glucose de type I (Glut-1) à la membrane et la ou la diminution de l’activité glycolytique n’atteindra pas les
transcription de nombreuses enzymes glycolytiques. Les LT activés mêmes types cellulaires et pourrait même aggraver certaines anor-
utilisent donc principalement la glycolyse pour produire de l’ATP. Les malités métaboliques. Dans la PR, une approche thérapeutique
différentes sous-populations de LT ne possèdent pas les mêmes complexe sera peut-être nécessaire pour restaurer le flux glycoly-
caractéristiques métaboliques. Les LT naïfs, les LT mémoires et les tique des LT CD4+ tout en privant les macrophages et les FLS de
Tregs utilisent préférentiellement la FAO et la OXPHO, alors que les glucose. Les résultats de deux essais cliniques en cours et non-spé-
LT effecteurs privilégient la glycolyse comme voie métabolique. Dans cifiques du métabolisme d’une sous-population cellulaire, nous
la PR, les LT CD4+ naïfs stimulés in vitro issus du sang périphérique de indiqueront rapidement si le type d’approche mentionnée ci-dessus
patients PR, en comparaison à ceux de sujets sains, consomment devra être envisagé. Le premier essai clinique évalue les effets d’un
moins de glucose, produisent moins d’ATP et de lactate. Ils ont égale- régime anti-inflammatoire dans la PR (NCT02941055), le second
ment une expression réduite de la phosphofructokinase-2 (PFKFB3) ceux de la metformine. Cette dernière a des effets pléiotropes et
et une expression augmentée de la glucose-6-phosphate déhydrogé- agit notamment en activant l’AMP-kinase (AMPK) (NCT03863405).
nase (G6PD) [58]. La PFKFB3 est une enzyme intervenant à la troi- L’AMPK réduit l’activité glycolytique cellulaire et inhibe la voie
sième étape de la glycolyse, alors que la G6PD permet de court- mTOR qui joue un rôle clé dans la différenciation des LT.
circuiter la voie de la glycolyse vers la voie des pentoses phosphates Nous sommes au début d’une nouvelle discipline, l’immuno-
(PPP). La PPP produit principalement du ribose 5-phosphate utilisé métabolisme, dont des champs entiers restent à explorer dans les
pour la biosynthèse des coenzymes et pour la biosynthèse des maladies inflammatoires rhumatismales. Les défis de demain seront
nucléotides. Cette voie possède également des propriétés anti-oxy- de caractériser les altérations métaboliques des différentes sous
dantes. En privilégiant la PPP, les LT CD4+ de patients PR n’active- populations de cellules immunitaires impliquées dans la PR (Tregs,
raient pas les points de contrôle du cycle cellulaire induit par des Th17, Lymphocytes B, PNN…) et de déterminer si elles participent
hauts niveaux de ROS (reactive oxygen species). La kinase « ataxia au déclenchement de la maladie ou sont plutôt induites par une
telangiectasia mutated » (ATM), activées par le stress oxydant ou les inflammation déjà installée. Ces résultats orienteront le développe-
cassures ADN double brin et capable d’arrêter le cycle cellulaire en ment des traitements ciblant les anormalités métaboliques spéci-
phase G2/M, ne serait pas activée chez les LT CD4+ de patients fiques à chaque sous-population cellulaire.
PR [59]. Ainsi, le métabolisme perturbé des LT CD4+ favoriserait leur
hyper-prolifération et leur différenciation en LT Th1 et Th17. Ces tra-
vaux ont été réalisés à partir de LT CD4+ naïfs stimulés in vitro, ils 9. La mauvaise rencontre
n’existent actuellement aucune étude sur le métabolisme cellulaire
des Th17 et des Tregs dans la PR. D’autres études sont donc néces- Il est certain que la PR résulte de la présence de quelques fac-
saires pour réellement comprendre le rôle du métabolisme des LT teurs (de l’exposome : auto-antigènes, immunité innée, environ-
CD4+ dans la physiopathologie de la PR. nement, microbiote, dérèglement métabolique précoce)
Comme pour les LT, l’activation des macrophages induit une survenant dans un contexte génétique largement identifié. Celui-
reprogrammation de leur métabolisme, caractérisée par une forte ci ne rend pas compte à lui seul de la maladie, mais il la rend
consommation de nutriments par la voie de la glycolyse et de la glu- possible ou probable. Le polymorphisme le plus impliqué est
taminolyse. Dans la PR, les macrophages produiraient plus d’ATP que celui de la 3° région hypervariable de la chaîne DR-4, la séquence
chez des sujets sains [60], leur niveau intracellulaire de ROS serait des acides aminés en position 70-74 (lieu d’interaction avec le
également plus élevé. Cet environnement pro-oxydant est suscep- futur auto-antigène, notamment peptide citrulliné) définissant
tible d’entraîner la dimérisation de la pyruvate kinase de type 2 l’épitope partagé (QKRAA) ; celui-ci est présent sur plusieurs
(PKM2), une enzyme normalement tétramérique qui permet d’aug- allèles de DR4 ou DR14, et 90 % des PR expriment l’un de ces
menter le flux glycolytique. Sous sa forme dimérique, PKM2 est variants [63]. D’autres gènes sont cruciaux, mais dans un second
moins active pour métaboliser le glucose, mais acquiert la capacité lieu. Leur identification est un domaine pour la recherche de
d’entrer dans le noyau cellulaire. PKM2 nucléaire est capable de stratégies thérapeutiques et diagnostiques [64, 65].
phosphoryler STAT3 qui peut potentiellement activer la transcription Les effets de cette mauvaise rencontre s’intègrent dans ce qu’on
des gènes codant l’IL-1? et l’IL-6. Même si cela reste à être formelle- appelle parfois pré-PR : les critères de l’ACR/EULAR ne sont pas pré-
ment montré, il est très probable que l’activité glycolytique exa- sents, mais il existe des arthralgies, et l’on découvre des ACPA, ou
cerbée des macrophages dans la PR participe à leur production de des clones B produisant des ACPA témoin de cet événement aux
cytokines pro-inflammatoires. À l’image des macrophages, les syno- conséquences potentielles néfastes. C’est ainsi que des attitudes
viocytes fibroblastiques (FLS) de patients PR ont une augmentation préventives sont étudiées chez ces patients très précoces, avec des
de leur activité glycolytique pour produire de l’ATP [61]. Cette forte traitements flashs par abatacept (bloquant l’activation immunitaire)
activité est probablement impliquée dans leur production de ou rituximab (prévenant la synthèse des auto-anticorps) [66, 67] ;
cytokines (IL-6) et de chimiokines (MMP-3) pro-inflammatoires. bien entendu, il faut attendre les résultats des études sur de larges
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