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Conductivité thermique

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La conductivité thermique est une grandeur physique caractérisant le comportement des
matériaux lors du transfert thermique par conduction. Cette constante apparaît par exemple
dans la loi de Fourier (voir l’article Conduction thermique). Elle représente la quantité de
chaleur transférée par unité de surface et par une unité de temps sous un gradient de
température de 1 degré par mètre.
Sommaire
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 1 Généralités
 2 Ordres de grandeur des conductivités thermiques de quelques matériaux
 3 Évolution avec la température
 4 Évolution avec l'humidité
 5 Mesure
o 5.1 État stationnaire
o 5.2 Méthode dite « Laser Flash »
 6 Normes et règlements
 7 Notes et références
 8 Articles connexes

Généralités
Dans le système international d'unités, la conductivité thermique est exprimée en watts par
mètre par kelvin, (W·m-1·K-1) où :
 le watt est l’unité de puissance
 le mètre est l’unité de longueur (épaisseur/surface , m-1 = m/m2)
 le kelvin est l’unité de température
La conductivité dépend principalement de :
 La nature du matériau,
 la température.
 D’autres paramètres comme l’humidité, la pression interviennent également.
En général, la conductivité thermique va de pair avec la conductivité électrique. Par exemple,
les métaux, bons conducteurs d'électricité sont aussi de bons conducteurs thermiques. Il y a
des exceptions, la plus exceptionnelle étant celle du diamant, qui a une conductivité thermique
élevée (entre 1000 et 2 600 W·m-1·K-1) alors que sa conductivité électrique est basse.
D’un point de vue atomique, la conductivité thermique est liée à deux types de
comportements :
 le mouvement des porteurs de charges, électrons ou trous.
 l’oscillation des atomes autour de leur position d’équilibre.
Dans les métaux, le mouvement des électrons libres est prépondérant alors que dans le cas des
non-métaux, la vibration des ions est la plus importante.
La conductivité thermique est donc liée d’une part à la conductivité électrique (mouvement
des porteurs de charge) et d'autre part à la structure même du matériau (vibrations des
atomes). En effet dans un solide, les vibrations des atomes ne sont pas aléatoires et
indépendantes les unes des autres, mais correspondent à des modes propres de vibration, aussi
appelés « phonons » (on peut faire par exemple l’analogie avec un pendule ou une corde de
guitare, dont la fréquence de vibration est fixée. Ces modes propres de vibration
correspondent à des ondes qui peuvent se propager dans le matériau, si sa structure est
périodique (organisée). Cette contribution sera donc plus importante dans un cristal, ordonné,
que dans un verre, désordonné (d’où par exemple la différence de conductivité thermique
entre le diamant ci-dessus et le verre dans le tableau).
Mathématiquement, la conductivité thermique λ peut donc s'écrire comme la somme de deux
contributions :


 λe est la contribution des porteurs de charge (électrons ou trous)
 λp est la contribution des vibrations des atomes (phonons)
La contribution des porteurs de charge est liée à la conductivité électrique σ du matériau par la
relation de Wiedemann-Franz :

où L est appelé « Facteur de Lorentz ». Ce nombre L dépend des processus de diffusion des
porteurs de charge (ce qui correspond plus ou moins à la façon dont ils sont gênés par des
obstacles lors de leurs déplacements, voir aussi diffusion des ondes) ainsi que de la position
du niveau de Fermi. Dans les métaux, on le considèrera égal au nombre de Lorentz L0, avec :


 k est la constante de Boltzmann
 e est la charge de l'électron
En réalité, L varie selon la température et le métal considéré :
Facteur de Lorenz [1] Facteur de Lorenz [1]
Matériaux (x10-8 V2·K-2) (x10-8 V2·K-2)
à 0 °C à 100 °C
Aluminium 2,14 2,19
Argent 2,31 2,38
Bismuth 3,53 3,35
Cuivre 2,20 2,29
Fer 2,61 2,88
Or 2,32 2,36
Plomb 2,64 2,53
Sodium 2,12 -

Ordres de grandeur des conductivités thermiques de


quelques matériaux
Article détaillé : Liste des conductivités thermiques.
Matériaux Conductivité thermique
(W·m-1·K-1)
Valeurs pour une température de 20 °C
Acier doux 46
Acier inoxydable (18% Chrome, 8% Nickel) 26
Adobe (terre crue) 0,32
Air (100 kPa) 0,0262
Aluminium (pureté de 99,9%) 237
Al-SiC 150-200
Amiante 0,168
Ardoise (parallèle) 2,50 à 95°C[2]
Ardoise (perpendiculaire) 1,4 à 95°C[2]
Argent 418[3]
Asphalte (2,1 g/cm³) 0,06[2]
Bakélite (1,3 g/cm³) 1,4[2]
Basalte 2[2]
Béton 0,92[3]
Bois de chêne 0,16[2]
Bois de noyer (0,65 g/cm³) 0,14[2]
Bois de pin (parallèle aux fibres) 0,36
Bois de pin (perpendiculaire aux fibres) 0,15
Brique (terre cuite) 0,84[3]
Caoutchouc vulcanisé (EPDM) 0,36 à 0,40
Calcaire (2 g/cm³) 1[2]
Carbone 129
Carton
Charbon de bois (0,2 g/cm³) 0,055[2]
Contreplaqué 0,11[2]
Craie 0,92[2]
Cuivre 390[3]
Diamant 1000-2600
Dihydrogène (gaz) 0,18
Dioxygène (gaz) 0,027
Eau 0,6[3]
Epoxy 0,25
Étain 66,6
Fer 80[4]
Fonte 100
Granite (2,8 g/cm³) 2,2[2]
Grès (2,2 g/cm³) 1,3[2]
Hélium (gaz) 0,14[4]
Houille (1,35 g/cm³) 0,26[2]
Laine 0,05
Laine de roche (150 à 175 kg/m³) 0,045[5]
Laine de verre 0,04[3]
Liège 0,04[3]
Marbre 0,30[3]
Mortier de chaux 0,87
Mousse de Polyuréthane rigide 0,025
Or 317
Ouate de cellulose 0,041
Paille (perpendiculaire aux fibres) 0,04
perlite 0,038
Platine 71,6
Plomb 35[4]
Polystyrène expansé 0,036
Pouzzolane 0,15
Quartz 6,8-12
Roseau (en panneau) 0,056
Schiste
Silicium 149
Nitrure de silicium (Sialon) 20-65
Terre (sèche) 0,75
Titane 6,7
Verre 1,2[3]
Zinc 116
Si le diamant a une conductivité thermique très élevée, celle du diamant bleu naturel l’est
encore plus. On peut donc examiner des gemmes pour déterminer si elles sont de véritables
diamants en utilisant un appareil de contrôle de la conductivité thermique, un des instruments
standard utilisé en gemmologie. Les diamants de n'importe quelle taille paraissent toujours
très froids au toucher en raison de leur effusivité thermique élevée.
À densité et humidité égales, le bois résineux est plus conducteur que le bois feuillu. Plus un
bois est dense et plus il est humide, plus il est conducteur.
Conductivité thermique de quelques métaux

Conductivité thermique des éléments à 27°C en W·cm-1·K-1 [6] :

H He

Li
Be
0,84 B C N O F Ne
2
7
Na Mg Al Si
P S Cl Ar
1,41 1,56 2,37 1,48
K Sc Ti V Cr Mn Fe Ni Ga Ge
Ca Co Cu Zn
1,02 0,15 0,21 0,30 0,93 0,078 0,80 0,90 0,40 0,59 As Se Br Kr
2 1 4,01 1,16
4 8 9 7 7 2 2 7 6 9
Rb Sr Y Zr Nb Pd In Sn I
Mo Tc Ru Rh Ag Cd Sb
0,58 0,35 0,17 0,22 0,53 0,71 0,81 0,66 Te 0,4 Xe
1,38 0,506 1,17 1,5 4,29 0,968 0,243
2 3 2 7 7 8 6 6 5
Cs Ba Ta Os Pt Hg Tl Pb Bi
Hf W Re Ir Au Po
0,35 0,18 * 0,57 0,87 0,71 0,083 0,46 0,35 0,078 At Rn
0,23 1,74 0,479 1,47 3,17 0,2
9 4 5 6 6 4 1 3 7
Uu Uu
Fr Ra ** Rf Db Sg Bh Hs Mt Ds Rg Cn Uut Uuq Uup Uuh
s o
La Ce Pr Nd Eu Gd Tb Dy Er Tm Lu
Pm Sm Ho Yb
* 0,13 0,11 0,12 0,16 0,13 0,10 0,11 0,10 0,14 0,16 0,16
0,15 0,133 0,162 0,385
4 3 5 5 9 5 1 7 5 9 4
U Np Pu
Th
** Ac Pa 0,27 0,06 0,067 Am Cm Bk Cf Es Fm Md No Lr
0,54
6 3 4
Évolution avec la température
La conductivité thermique évolue avec la température.
Pour les solides, elle répond à la loi suivante :


 λ0 est la conductivité thermique du matériau à 0 K
 a est un coefficient caractéristique de chaque matériau
 θ est la température en Kelvin
a est positif pour les isolants thermiques et négatif pour les conducteurs thermiques.
Quand la température augmente, un isolant perd de sa capacité d'isolation et inversement un
conducteur perd de sa capacité de conduction.
Cette équation n'est pas valide pour les hautes températures.
Évolution avec l'humidité
Pour les matériaux de construction, il est courant d’utiliser la relation suivante :

 λ0 est la conductivité thermique du matériau sec
 H est l’humidité relative en pourcentage.
 e représente la fonction exponentielle
Mesure
État stationnaire
Le principe de la détermination de la conductivité thermique d’un matériau repose sur le lien
entre le flux de chaleur qui traverse ce matériau et le gradient de température qu’il génère. Il
est illustré sur la figure suivante :

L’une des extrémités de l’échantillon de section A est fixée à un doigt froid (bain thermique)
dont le rôle est d'évacuer le flux thermique traversant l'échantillon, et l’extrémité opposée à
une chaufferette dissipant dans l’échantillon une puissance électrique Q obtenue par effet
Joule, de manière à produire un gradient thermique suivant la longueur de l’échantillon. Des
thermocouples séparés par une distance L mesurent la différence de température dT le long de
l’échantillon. Un troisième thermocouple, calibré, est également fixé à l’échantillon pour
déterminer sa température moyenne (la température de mesure). La conductivité thermique est
alors donnée par :

Si dT n’est pas trop important (de l'ordre de 1 °C), la conductivité thermique mesurée est celle
correspondant à la température moyenne mesurée par le troisième thermocouple. Le principe
de la mesure repose alors sur l’hypothèse que la totalité du flux de chaleur passe par
l’échantillon. La précision de la mesure dépend donc de la capacité à éliminer les pertes
thermiques, que ce soit par conduction thermique par les fils, convection par le gaz résiduel,
radiation par les surfaces de l’échantillon ou pertes dans la chaufferette : la mesure s'effectue
donc dans des conditions adiabatiques. Pour assurer la meilleure précision possible,
l’échantillon dont on souhaite mesurer la conductivité thermique est donc placé dans une
chambre de mesure sous vide (pour minimiser la convection). Cette chambre est elle-même
enveloppée dans plusieurs boucliers thermiques dont la température est régulée (afin de
minimiser les effets radiatifs). Enfin, les fils des thermocouples sont choisis de manière à
conduire le moins possible la chaleur.
Etant donné qu’il est d'autant plus difficile de minimiser les pertes thermiques que la
température augmente, cette technique ne permet la mesure de la conductivité thermique qu’à
des températures inférieures à la température ambiante (de 2 kelvins à 200 kelvins sans
difficultés, et jusqu’à 300 kelvins (27 °C) pour les meilleurs appareils de mesure).
Méthode dite « Laser Flash »[modifier]
Pour les températures supérieures à la température ambiante, il devient de plus en plus
difficile d’éliminer ou de tenir compte des pertes thermiques par radiation (conditions
adiabatiques), et l’utilisation de la technique à l’état stationnaire présentée ci-dessus n’est pas
recommandée. Une solution est de mesurer la diffusivité thermique en lieu et place de la
conductivité thermique. Ces deux grandeurs sont en effet liées par la relation :


 λ(T) est la conductivité thermique en W.cm-1.K-1
 a(T) est la diffusivité thermique en cm2.s-1
 d(T) est la masse spécifique en g.cm-3
 Cp(T) est la chaleur spécifique en J.g-1.K-1
Si l’on suppose que la masse spécifique ne varie pas avec la température, il suffit de mesurer
la diffusivité thermique et la chaleur spécifique pour obtenir une mesure de la conductivité
thermique à haute température.
La figure suivante schématise l’appareillage utilisé pour la mesure de conductivité thermique
par la méthode dite « laser flash » :

Un échantillon cylindrique dont l’épaisseur d est nettement plus faible que son diamètre est
placé dans un porte-échantillon qui se trouve à l’intérieur d’un four maintenu à température
constante. Une de ses faces est illuminée par des pulses (de l’ordre de la milliseconde) émis
par un laser, ce qui assure un chauffage uniforme de la face avant. La température de la face
arrière est mesurée, en fonction du temps, à l’aide d’un capteur de mesure infrarouge. En
l’absence de pertes thermiques de l’échantillon, la température devrait augmenter de manière
monotone. Dans une situation réelle, l’enregistreur mesurera un pic de température suivi d’un
retour à la température du four. Le temps t nécessaire pour que la face arrière atteigne la
moitié de la température de pic (par rapport à la température du four), permet de déterminer la
diffusivité thermique suivant :
Il est alors possible de calculer la conductivité thermique grâce à la masse spécifique et la
chaleur spécifique.
La difficulté de cette technique réside dans le choix des paramètres de mesure optimums
(puissance du laser et épaisseur de l'échantillon).
Normes et règlements[modifier]
En France, ont été promulguées des normes successives pour inciter les bâtisseurs à une
isolation thermique maximale des bâtiments. Par exemple, la norme RT 2000 puis la norme
RT 2005.
Notes et références[modifier]
1. ↑ a et b G. W. C. Kaye et T. H. Laby. Table of Physical and Chemical Constants. Éditions Longmans
Green, Londres, 1966
2. ↑ a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m et n Handbook of Chemistry & Physics [archive]
3. ↑ a, b, c, d, e, f, g, h et i Thermodynamique, fondements et applications, J.Ph. Pérez, A.M. Romulus, p155 édition
Masson
4. ↑ a, b et c Harris Benson. Physique 1 : mécanique. 3e édition. Éditions du Renouveau Pédagogique, Saint-
Laurent, Québec, 2004, p. 519.
5. ↑ NBN B 62-002/A1"
6. ↑ (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, 2009, 90e éd.,
Relié, 2804 p. (ISBN 978-1-420-09084-0)

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