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PSI- Angers

Bilans pour les fluides en écoulement

Etudier un écoulement en résolvant les équations locales du mouvement est souvent compliqué. Une
alternative possible est d’étudier une partie macroscopique de l’écoulement, et de lui appliquer les lois de la
mécanique et de la thermodynamique. Tout en occultant les zones de l’écoulement difficiles à modéliser, on
peut résoudre le problème plus simplement

I- Méthode des bilans macroscopiques


1.1. Principe : repérer un système fermé et un système ouvert
Les lois de la mécanique et de la thermodynamique ne sont valables que pour des systèmes fermés :
▪les lois de conservation (masse notamment)
▪le TRC (sorte de ‘RFD’ pour un système autre que ‘point matériel’)
▪le TMC, le TEC
▪1er et 2e principes de la thermodynamique

Il est parfois utile de s’intéresser à un système ouvert. Soit parce que c’est ce système qu’on étudie (cas d’une
fusée, qui éjecte des gaz brûlés pour avancer), soit parce que cela simplifie l’étude (cas des régimes
stationnaires).

Conclusion :
Lorsque l’on veut étudier un système ouvert, on est obligé de se ramener d’abord à un système fermé pour
appliquer les lois de la physique, nécessaires pour résoudre le problème.

1.2. Illustration sur un exemple : bilan de masse


Dire que « la masse se conserve » signifie en premier lieu que « la masse d’un système fermé est constante au
cours du temps ».
Mais on peut formuler cette loi de conservation pour un système ouvert. Cette formulation a déjà été donnée
au chapitre ‘Cinématique des fluides’, mais ‘introduite avec les mains’ avec l’idée simple que « l’augmentation
de masse dans le système ouvert est égale à ce qui entre moins ce qui sort ». Cela est intuitif car conforme à
notre expérience courante.

Nous allons démontrer cette seconde formulation, en utilisant la méthode qui vaudra pour tout le reste du
chapitre.
➢Dessiner une portion de conduite parcourue par un fluide (cas général non stationnaire).

➢Définir sur le schéma une portion de conduite, que l’on choisit comme système ouvert S

➢Définir le système fermé S* à l'instant t, incluant le système ouvert à t et la masse me qui va entrer
dans S pendant dt.

➢Faire un second schéma, à l’instant t+dt, et repérer le système fermé , constitué du système ouvert à t+dt
et de la masse ms qui est sortie de S pendant dt.

➢En utilisant la loi stipulant que la masse contenue dans est constante au cours du temps, formuler la loi de
conservation de la masse pour le système ouvert, en fonction de la masse m(t) du système ouvert , et des débits
massiques entrant Dme et sortant Dms (orientation conventionnelle dans le sens de l’écoulement)

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On en déduit :
𝑚∗ (𝑡) = 𝑚(𝑡) + 𝛿𝑚𝑒 = 𝑚(𝑡) + 𝐷𝑚𝑒 . 𝑑𝑡
𝑚∗ (𝑡 + 𝑑𝑡) = 𝑚(𝑡 + 𝑑𝑡) + 𝛿𝑚𝑠𝑒 = 𝑚(𝑡 + 𝑑𝑡) + 𝐷𝑚𝑠 . 𝑑𝑡

pour le système fermé S*, la masse se conserve au cours du mouvement , soit : 𝑚∗ (𝑡) = 𝑚∗ (𝑡 + 𝑑𝑡)

Dans le cas du régime stationnaire, toutes les grandeurs caractéristiques du système réel ouvert sont
indépendantes du temps soit :
m(t) = m(t+dt) => 𝐷𝑚𝑒 = 𝐷𝑚𝑠

En régime stationnaire le débit entrant est égal au débit sortant.

1.3 Généralisation de la méthode


Nous allons utiliser la même méthode pour les différents théorèmes de la mécanique et de la thermodynamique
:

• Faire deux schémas, l’un à t, l’autre à t+dt


• Sur chacun des schémas, repérer le système ouvert S et le système fermé S*
• Puis on applique une loi à S* pour en déduire un résultat sur S
𝑑𝐺 ∗
- Faire un bilan d’une grandeur G* pour déterminer 𝑑𝑡
- Appliquer à S* la loi concernant la grandeur G*:

- En déduire le résultat recherché sur S.

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1.4 Application : Fusée Ariane
Une fusée de masse initiale M0 (carburant et comburant compris) est propulsée à partir de t = 0 par l’´ejection des gaz
brûlés avec un débit massique D constant et une vitesse relative de module u constant.

1) A quelle condition la fusée décolle-t-elle ? (A.N. M0 = 200 tonnes, D = 1600 kg.s−1, g = 9, 8m.s−2 et u =
1500m.s−1.)

2) On suppose le mouvement de la fusée vertical. Calculer la vitesse à l’instant t puis l’altitude atteinte à cet
instant (On néglige les frottements dus à l’air). Le carburant du premier étage est épuisé au bout de 62,5 s ;
Duelle est la vitesse finale et l’altitude atteinte ? On donne ∫ 𝑙𝑛𝑥. 𝑑𝑥 = 𝑥. 𝑙𝑛𝑥 − 𝑥
.
3) Quel intérêt y a-t-il à concevoir des fusées à étages ?

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II- Relation de Bernoulli


2.1. Expression
On considère un fluide parfait, incompressible et en écoulement stationnaire dans un champ de pesanteur
uniforme (sans présence de dispositif actif type pompe).
On s’intéresse au déplacement du d'un tube de courant élémentaire s'appuyant sur une ligne de courant M1M2,
compris entre les surfaces S1 et S2 à l’instant t :

À l’instant t + Δt, le volume de fluide a avancé : il occupe maintenant le volume compris entre 𝑆1′ 𝑒𝑡 𝑆2′

On veut déterminer la variation d’énergie mécanique du système. Celui-ci est soumis à :


- son poids
- les forces de pression exercées sur la surface du tube de courant :
• P1.S1 en M1, dirigée dans le sens de 𝑣⃗1
• P2.S2 en M2, dirigée dans le sens opposé à 𝑣⃗2
- les forces exercées sur les parois latérales du tube, ces dernières étant perpendiculaires en chaque point
au vecteur vitesse, leur travail sera nul.
- le fluide étant parfait le travail des forces intérieures est nulle (pas de viscosité dissipant de l'énergie)

Remarques :
• Comme le fluide est incompressible, il y a conservation des débits massique et volumique.
• La masse dm et le volume dV considérés à l’instant initial sont les identiques à ceux de l’état final

En termes d’énergie mécanique, tout se passe comme si on avait déplacé la masse située dans le volume
compris entre S1 et S1 ' vers le volume compris entre S2 et S2 '

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Bilan énergétique :
• Variation d’énergie potentielle : ΔEp(i → f) = dm.g.(z2 – z1)
1
• Variation d’énergie cinétique : ΔEc(i → f) = . 𝑑𝑚. (𝑣22 − 𝑣12 )
2

Cette variation d’énergie mécanique est compensée par le travail des forces extérieures en l’occurrence les
forces de pression.

D'où finalement

ou encore pour la relation de Bernoulli

2.2. Applications
2.2.1. Vidange d'un réservoir. Formule de Torricelli
Soit l'écoulement d'un liquide incompressible, de masse volumique  contenu dans un récipient à travers un
orifice de petites dimensions. La viscosité du liquide est négligeable compte tenu des conditions de
l’écoulement.

L'expérience montre que tout le liquide participe à l'écoulement de sorte qu'on peut trouver, en particulier une
ligne de courant partant d'un point A0 de la surface libre. On cherche la vitesse vA du liquide en A.

Soit S la section du récipient au niveau de la surface libre et  la section de l'écoulement au niveau de l'orifice.

On note v0 la vitesse au point A0 et h = z0 - z la dénivellation entre A0 et A.

Si l'orifice est petit, l'écoulement est lent et on peut raisonnablement supposer qu'à chaque instant le régime
d'écoulement est pratiquement stationnaire.

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2.2.2 Effet Venturi : de multiples applications


On considère une conduite passant d’un diamètre à un autre, l’évolution du diamètre ne se faisant que sur une petite
portion de la conduite, que l’on appelle goulot d’étranglement.

Cet effet s’appelle l’effet Venturi : une vitesse plus élevée du fluide
provoque une chute de pression. Il peut être mis en évidence avec
une simple feuille de papier. Il est utilisé dans de nombreux
dispositifs :
▪comme débimètre dans une canalisation
▪comme pompe rudimentaire : trompe à eau en chimie
▪pour vaporiser des liquides (pistolet à peinture)
▪pour plaquer les voitures de courses au sol

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2.2.3 Le tube de Pitot


Le tube de Pitot est utilisé en aérodynamique pour mesurer la vitesse d’un écoulement d’air
uniforme et stationnaire (par exemple sur les avions).

C'est un double tube très fin (section extérieure s  5 mm2) que l'on place parallèlement aux
lignes de courant du fluide en écoulement.

Il permet de mesurer la vitesse v du fluide à partir de la différence de pression entre deux orifices très
2(𝑃𝐴 −𝑃𝐵 )
petits formant : 𝑣𝑜 = √ 𝜌

- une prise de pression axiale en A placé à l'extrémité du tube où la vitesse est nulle (A est dit point d'arrêt),
- une prise de pression latérale en B placé latéralement où la vitesse du fluide n'est pas modifiée.

La viscosité importante dans les prises de pression assure que l’air situé à l’intérieur du tube de Pitot
est au repos. De plus on néglige la dénivellation entre A et B.

Loin du tube, l’écoulement est unidimensionnel avec une vitesse 𝑣⃗𝑜 = 𝑣𝑜 ⃗⃗⃗⃗
. 𝑒𝑥 et une pression P0 uniforme.

Démonstration :

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2.2.4. Effet Magnus


L’effet Magnus est un effet de portance provoqué par rotation de l’objet sur lui-même. Il permet de comprendre l’effet
sur la trajectoire quand on « brosse » un coup franc au football, on « lift » une balle au tennis ou on la « coupe ».

2.3 Ecoulements réels : pertes de charge dans une conduite


La relation de Bernoulli traduit la conservation de l'énergie mécanique volumique dans un écoulement
parfait, incompressible, homogène et stationnaire entre deux points d'une même ligne de courant.

Si o prend en compte la viscosité du fluide, l'énergie mécanique volumique ne se conserve plus du fait des
pertes d'énergie par frottements.

Dans un écoulement stationnaire, homogène et incompressible, on appelle perte de charge entre deux points
d'une même ligne de courant, la diminution de la charge entre ces deux points donnée par la relation:
∆𝑃𝑡𝑜𝑡 ∆𝑃𝑡𝑜𝑡,𝑟𝑒𝑔 ∆𝑃𝑡𝑜𝑡,𝑠𝑖𝑛𝑔 𝑃1 𝑣12 𝑃2 𝑣22
= + = ( + 𝑧1 + ) − ( + 𝑧2 + )
𝜇𝑔 𝜇𝑔 𝜇𝑔 𝜇𝑔 𝜇𝑔 𝜇𝑔 𝜇𝑔

∆𝑃𝑡𝑜𝑡
La perte de charge est liée à la dissipation d'énergie mécanique par frottement visqueux. est donc
𝜇
l'énergie mécanique massique dissipée par viscosité.

III- Applications.
III-1. Etude d'une tuyère
Une tuyère est une canalisation de section variable, dans laquelle un gaz se détend en étant accéléré. Nous
pouvons supposer qu’en régime permanent, l’écoulement est unidimensionnel et adiabatique. Nous
supposons, en outre, que le fluide est un gaz parfait dont le rapport  = cp/cv est constant.

Le fluide est admis dans la tuyère en A , à la pression PA, à la température TA, et à une vitesse négligeable. Il
en ressort en B , à la pression PB (la pression extérieure par exemple), à la température TB et à la vitesse vB.
On recherche vB dans le cas d’un écoulement isentropique

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III.2. Jet sur une plaque

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III.3 Turbine
 Il existe trois grands types de turbines hydroélectriques, chacune étant appropriée à une certaine configuration de
barrage :
▪la turbine Pelton : constituée d’une roue à augets. C’est une turbine à action, elle nécessite un injecteur
transformant la pression en énergie cinétique d’un jet. Adaptée à de grandes hauteurs de chute
▪la turbine Francis : constituée d’une roue à aube (type moulin à eau, symbole de la ville de Mulhouse). C’est
une turbine à réaction, ne nécessitant pas d’injecteur : elle provoque une chute de pression entre l’amont et l’aval.
Adaptée à des hauteurs de chute moyenne et de forts débits
▪la turbine Kaplan : constituée d’un hélice (type celle des bateau). C’est une turbine à réaction comme la turbine
Francis. Adapté aux faible hauteur de chute et forts débits

Turbine Francis Turbine Kaplan Turbine Pelton

 On considère une turbine Pelton modélisée de façon simplifiée par


des augets solidaires d'une roue, d'axe ∆= (𝑂𝑧), fixe, de rayon a,
supposé très grand devant la taille des augets.
Du fait de la forme des augets, le jet d'eau est dévié. Il arrive
tangentiellement à la roue et repart aussi tangentiellement mais dans
une direction différente afin que l'eau puisse s'évacuer.
Les hypothèses sont les suivantes :
• la turbine est alimentée avec un débit massique Dm par apport
au référentiel terrestre constant; Le champ des vitesses y est
uniforme 𝑣⃗1 = 𝑣1 𝑢 ⃗⃗𝑥 ;
• le champ des vitesses dans le référentiel terrestre pour le fluide
sortant est 𝑣⃗2 = 𝑣2 𝑢 ⃗⃗𝜃 ;
• la vitesse angulaire de la turbine par apport à son axe est notée
;
• le moment d'inertie par apport à  de la turbine et de l'eau qui tourne avec elle est notée J;
• on néglige la pesanteur, la viscosité de l'eau, les frottements de l'air et de l'axe de rotation;
• la turbine est reliée à un alternateur, exerçant un couple résistant <0par rapport à l’axe de rotation
• on note µ la masse volumique de l'eau considérée comme constante;
• le référentiel terrestre RT est galiléen et on note Po la pression ambiante.

 Effectuer un bilan de moment cinétique sur le système fermé constitué de la roue + les augets + le fluide à proximité
de la roue. Le débit massique et la vitesse incident du jet dans le référentiel terrestre sont connus. L’objectif
est d’obtenir l’équation différentielle vérifiée par la vitesse angulaire de la turbine :

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Effectuer à présent un bilan d’énergie cinétique. On négligera encore la masse d’eau par rapport à la masse de
la turbine. En déduire :

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