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Université de Liège

Département M&S, Institut du Génie Civil

ELEMENTS DE
CONSTRUCTION MIXTE

Jean-Pierre JASPART
Agreg. Dr. Ir., Chargé de cours

René MAQUOI
Dr. Ir., Professeur ordinaire

Avec la collaboration de
Jean-François DEMONCEAU
Ir., Assistant

Notes de cours destinées à la 2ème épreuve Constructions

Octobre 2006
Chapitre 1 – Introduction 1-1

1. INTRODUCTION

D’une manière générale, un élément structural en construction est défini


comme mixte s’il associe deux matériaux de natures et de propriétés
différentes. L’objectif d’une construction mixte est de tirer, sur le plan
mécanique, le meilleur parti de cette association. Le cas le plus fréquent de
construction mixte est celui associant l’acier et le béton. C’est ce type de
construction mixte qui est étudié dans ce chapitre.

Le béton et l’acier, matériaux fondamentalement différents, sont parfaitement


compatibles et complémentaires. Ils ont des coefficients de dilatation thermique
sensiblement les mêmes et ils forment une combinaison idéale pour la
résistance : le béton résiste de manière efficace à la compression et l’acier se
substitue au béton pour transmettre notamment les efforts de traction. Le béton
assure également une protection contre la corrosion et une isolation thermique
de l’acier à température élevée. En plus, il peut raidir les sections élancées en
acier vis-à-vis des phénomènes d’instabilité qui peuvent survenir dans les
parois partiellement ou totalement comprimées.

La même idée de base est exploitée en béton armé. Les constructions mixtes
offrent toutefois un aspect spécifique : le rôle essentiel joué par la connexion,
illustré très simplement à la Figure 1-1, et qui doit assurer l’action composite de
la section. Soit une poutre fléchie simplement appuyée, constituée de deux
sections rectangulaires identiques superposées, respectivement sans liaison
dans le cas (a) et parfaitement solidarisées dans le cas (b).

Figure 1-1 Effet de solidarisation entre deux poutres en flexion

Si on admet un comportement élastique, il est facile de montrer que pour une


même valeur de la charge, la présence d'une liaison parfaite entre les deux
composants réduit les contraintes normales maximales de moitié et divise la
flèche par quatre.

En général, dans les constructions mixtes acier-béton, l'adhérence entre


l'élément en acier et celui en béton n'existe pas naturellement (ou est
considérée comme tout à fait négligeable), exception faite toutefois des
colonnes mixtes et de certaines dalles mixtes utilisant des formes particulières
de tôles profilées. La solidarisation des deux matériaux est obtenue au moyen
Chapitre 1 – Introduction 1-2

d'organes de liaison, appelés connecteurs, fixés sur l'élément métallique


(goujons soudés, cornières soudées ou clouées, butées...) dont le rôle est
d'empêcher, ou à tout le moins limiter, le glissement tendant à se produire à
l'interface acier-béton sous l'effet des actions extérieures et de transmettre les
efforts entre la partie acier et la partie béton de la section mixte. En fait, il existe
plusieurs possibilités pour caractériser la connexion :

− selon la densité de ces connecteurs : on est conduit, dans les applications


au domaine des bâtiments, à distinguer le cas dit de connexion complète et
celui dit de connexion partielle. Plus précisément, une connexion de poutre
mixte est dite complète lorsqu'une augmentation du nombre de connecteurs
ne permet plus d'augmenter la résistance en section de la poutre ; dans le
cas contraire, la connexion est dite partielle.

− Selon le glissement existant à l’interface acier – béton : soit le glissement


est très faible et son effet sur le comportement de l’élément est totalement
négligeable, on parle alors d’interaction complète, soit ce n’est pas le cas et
on parle alors d’interaction partielle.

La pratique actuelle en Europe montre clairement que la construction mixte


peut être compétitive, en terme de coût global, vis-à-vis tant des constructions
en acier que des constructions en béton. Pour les bâtiments à étages multiples,
ceci est vrai notamment en cas de grandes portées (12 à 15 m) entre colonnes,
de dalles de longues portées ou encore lorsqu’il s’agit de construire rapidement
et simplement.

Dans le domaine des bénéfices obtenus en terme de performances


structurales, il est préférable de s'assurer que la dalle en béton et l'élément en
acier agissent de manière mixte à tout moment. Aussi, il est nécessaire que
toutes les charges, y compris le poids propre soient supportées par la section
mixte. A cette fin, il est nécessaire de supporter la poutre en acier jusqu'à ce
que le béton ait durci. Ces supports sont les étais, ils sont laissés en place
jusqu'à ce que la dalle en béton ait développé une résistance suffisante. Il
faudra dans certaines circonstances tenir compte de ces étais dans l'analyse de
l'élément structural mixte. En effet, une fois ceux-ci enlevés, il faudra appliquer
au droit de leur ancienne position des charges égales et opposées aux
réactions sur ces étais due au béton frais.

Dans le domaine des bâtiments, la solution mixte peut présenter des avantages
mécaniques, économiques et architecturaux.

Pour les planchers mixtes, la collaboration de la dalle avec les poutres


métalliques permet :

• Une réduction du poids de la structure, à chargement égal ;


• Une augmentation de la rigidité flexionnelle du plancher ;
Chapitre 1 – Introduction 1-3

• Une augmentation de la résistance au feu des poutres et solives métalliques,


la protection devenant importante si l'âme de ces poutres ou solives est soit
enrobée de béton, soit incorporée dans la hauteur du plancher (slim floor);
• Une réduction de la hauteur des planchers, d'où la réduction de la hauteur
totale du bâtiment pour un nombre d'étages fixé.

De plus, l’utilisation de tôle nervurée pour planchers mixtes permet un gain de


temps lors de la construction du bâtiment. En effet, la tôle est utilisée comme
coffrage perdu pour la dalle en béton ce qui permet d’éviter le démontage des
coffrages.

L'utilisation de poutres dont l'âme est enrobée de béton garantit :

• Une augmentation importante de la résistance à l'incendie, ainsi que cela a


déjà été dit ;
• Une augmentation de la résistance au voilement local de l'âme;
• Une augmentation de la rigidité flexionnelle de la poutre.

Enfin, l'utilisation de colonnes mixtes permet de :

• Obtenir une plus grande résistance au feu ;


• Conserver un même encombrement de colonne sur toute la hauteur du
bâtiment tout en faisant varier l'épaisseur des parois des profilés métalliques
(avantage architectural) et donc la résistance.

Dans les paragraphes suivants, on trouve l'essentiel des principes et règles


d'application pour le calcul des poutres, dalles et colonnes mixtes intervenant
comme éléments structuraux dans les bâtiments. Ces principes et règles
d'application sont basés sur l'Eurocode 4 Partie 1.1 dans la version adoptée en
janvier 2005.
04/01/2006 Chapitre 2 – Caractéristiques des matériaux et 2-1
facteurs partiels de sécurité

2. CARACTERISTIQUES DES MATERIAUX ET


FACTEURS PARTIELS DE SECURITE

2.1. BETON

On utilise soit des bétons de masse volumique normale (ρ = 2400kg/m³), soit


des bétons légers (ρ compris entre 1600 et 1800kg/m³). Pour les premiers, le
Tableau 2-1 donne les valeurs de trois caractéristiques essentielles pour les
classes de résistance allant de C20 à C50 :

• fck : résistance caractéristique à la compression sur cylindre mesurée à 28


jours ;
• fctm : résistance moyenne à la traction mesurée à 28 jours ;
• Ecm : module d'élasticité sécant pour les actions de courte durée.

Classe de C20/25 C25/30 C30/37 C35/45 C40/50 C45/55 C50/60


résistance

fck (N/mm²) 20 25 30 35 40 45 50

fctm (N/mm²) 2.2 2.6 2.9 3.2 3.5 3.8 4.1

Ecm (kN/mm²) 30 31 32 34 35 36 37

Tableau 2-1 Principales caractéristiques des bétons de masse volumique


normale

En raison du comportement non linéaire du béton, il faut interpréter Ecm, même


à de faibles niveaux de contrainte, comme un module sécant moyen pour
évaluer les contraintes sous des actions de courte durée. Lors de la
détermination des caractéristiques élastiques de sections des poutres mixtes
homogénéisées par rapport à l'acier, on introduit le concept de coefficient
d'équivalence acier-béton :

n = Ea / Ecm (2-1)

où Ea est le module d'élasticité de l'acier de construction normalement pris égal


à 210 kN/mm2.
04/01/2006 Chapitre 2 – Caractéristiques des matériaux et 2-2
facteurs partiels de sécurité

Sous des actions de longue durée (par exemple, le poids propre de la structure
et des superstructures et les surcharges permanentes), le béton subit, sous
charge constante, une déformation différée de fluage d'autant plus importante
que le niveau de contrainte est élevé, que l'humidité relative de l'environnement
et l'épaisseur de la dalle sont faibles et que les teneurs en ciment et en eau
sont élevées. Dans les poutres mixtes, le fluage provoque, au cours du temps,
une redistribution des efforts intérieurs : ainsi la dalle se décharge d'une partie
de ses efforts et les reporte sur la poutre métallique. Une manière simplifiée de
prendre en compte les effets de fluage dus aux actions de longue durée
consiste à réduire forfaitairement la valeur du module sécant Ecm. En général,
on adopte la valeur Ecm/2 ou Ecm/3.

Un autre phénomène de nature physico-chimique affecte la déformation du


béton dans le temps : le retrait. Le retrait est souvent assimilé à une diminution
de température. Son évolution présente beaucoup de similitudes avec celle du
fluage. Dans une poutre mixte, le retrait provoque un état d'autocontrainte dont
la détermination peut être assez complexe suivant les cas : simple
détermination en section pour une poutre isostatique mais calcul
supplémentaire de réactions hyperstatiques dues au retrait dans le cas d'une
poutre continue. En général, dans le domaine du bâtiment, le retrait n’est que
rarement pris en compte dans les vérifications aux états limites ultimes. Le
retrait peut devoir être pris en compte dans le calcul des flèches aux états
limites de service, en particulier s'il s'agit de poutres isostatiques de grande
portée.

Rappelons que le coefficient de dilatation thermique du béton est pour ainsi dire
identique à celui de l'acier de construction, à savoir de l'ordre de 10-5 °C-1 ; pour
un béton léger, il serait plutôt de l'ordre de 0,7. 10-5 °C-1. Notons que l'effet
d'une différence de température entre la dalle et le profilé métallique dans une
poutre mixte peut s'apparenter à un effet de retrait de la dalle. Dans le domaine
du bâtiment, les effets thermiques ne sont habituellement pas pris en compte
dans les vérifications aux états limites ultimes.

Le facteur partiel de sécurité γc appliqué au béton est destiné à couvrir les


incertitudes sur la dispersion des caractéristiques du matériau, sur les
dimensions géométriques de l'élément et sur le modèle de calcul de sa
résistance. Il est normalement pris égal à 1,5.

Les règles de dimensionnement présentées dans ce document ne sont valables


que pour les bétons compris entre les classes C20/25 et C60/75 pour les
bétons « normaux » et entre les classes LC20/22 et LC60/66 pour les bétons
« légés ». Selon l’Eurocode 4, leur caractérisation doit être réalisée selon les
règles présentées dans l’Eurocode 2 dédicacé aux structures en béton.
04/01/2006 Chapitre 2 – Caractéristiques des matériaux et 2-3
facteurs partiels de sécurité

2.2. ARMATURES DU BETON

La norme européenne EN 10080-3 distingue trois nuances d'armature : S220,


S400 et S500. Le nombre désigne la valeur de la limite d'élasticité
caractéristique fsk (en N/mm²). La nuance S220 concerne les ronds lisses
laminés à chaud ; les nuances S400 et S500 concernent les barres et fils à
verrous (y compris les treillis soudés) qui offrent une haute adhérence. Dans la
suite, où l’on tire bénéfice autant que possible de la plasticité du métal, on
considère en particulier les nuances S400 et S500 pour autant qu’elles
satisfassent l'exigence de haute ductilité (ductilité de classe B ou C).
Conformément à l'Eurocode 2, si fs(u) désigne la valeur caractéristique de la
résistance ultime en traction de l'acier d'armature et εsk(u) l'allongement
correspondant à l'atteinte de cette résistance, l'exigence de haute ductilité
s'écrit :

εsk(u) > 5% et fs(u)/fsk > 1,08

Le module d'élasticité Es des armatures est de l'ordre de 190 à 200 kN/mm².


Pour simplifier les calculs en action mixte, il est toutefois permis d'adopter
Es = Ea = 210 kN/mm², valeur communément adoptée pour l'acier de
construction. L'erreur pouvant en résulter reste en effet négligeable.

Le coefficient partiel de sécurité γs, appliqué à la résistance de l'acier d'armature


est pris égal à 1,15 (selon les recommandations de l’Eurocode 2).

2.3. ACIERS DE CONSTRUCTION

L'Eurocode 4 couvre le calcul des éléments mixtes fabriqués à partir de


sections en acier de nuances S235, S275, S355, S420 et S460.

Les coefficients partiels de sécurité γ MO et γ M1 de l'Eurocode 3 sont également


d’application ici. Actuellement, ces deux valeurs sont prises identiques et
égales à 1. Dans la suite du document, ces coefficients de sécurité seront
désignés par la même notation γ a par souci de simplicité.

2.4. TOLES PROFILEES POUR DALLES MIXTES

On utilise des tôles en acier galvanisé dont la limite d'élasticité du matériau de


base fyp est comprise entre 220 et 350 N/mm². En général, l'épaisseur des tôles
est comprise entre 0,7 et 1,5 mm. Chaque face est protégée contre la corrosion
par une couche de zinc d'épaisseur 0,02 mm environ (galvanisation à chaud).
Le modèle de matériau à comportement élastique – parfaitement plastique qui
est utilisé pour les aciers de construction s'applique également au matériau de
base des tôles profilées.
04/01/2006 Chapitre 2 – Caractéristiques des matériaux et 2-4
facteurs partiels de sécurité

Le coefficient partiel de sécurité appliqué sur la résistance des tôles est le


même que celui adopté pour les aciers de construction, soit 1, et sera noté γ ap
par la suite.
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-1

3. LES DALLES MIXTES

3.1. Introduction
3.1.1. Définition

Une dalle mixte est constituée d’une tôle d’acier nervurée recouverte d’une
dalle en béton armé (Figure 3.1). Après durcissement du béton, elle se
comporte comme un élément structural mixte acier-béton collaborant.

Dalle de compression en béton


Poutre solive

Poutre solive

Figure 3.1 Dalle mixte à tôle profilée en acier

Dans ce mode de construction, la tôle nervurée a plusieurs fonctions :


• Servir de plate-forme de travail au moment du montage ;
• Offrir un coffrage lors de la coulée de la dalle en béton ;
• Constituer l’armature inférieure de la dalle.

3.1.2. Types de tôles nervurées

Il existe une grande variété de tôles nervurées utilisées dans la construction


des dalles mixtes (Figure 3.2). On distingue plusieurs types de tôles qui varient
par la forme, la hauteur et l’entre axe des nervures, par la largeur des tôles, par
leur mode de recouvrement latéral, par les moyens de raidissage des parois
planes constituant le profil et enfin par les dispositifs de connexion mécanique
assurant la liaison entre la tôle en acier et le béton. Ces tôles présentent
notamment les particularités suivantes :
• Leur épaisseur varie de 0,7 à 1,5 mm, mais se situe le plus souvent entre
0,75 et 1 mm ;
• La hauteur des nervures varie de 40 à 80 mm environ ;
• Les tôles sont généralement protégées contre la corrosion par une
galvanisation sur les deux faces.
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-2

Figure 3.2 Types de tôles nervurées

Ces tôles sont obtenues par profilage à froid. Celui-ci consiste en une
succession de mises à forme progressives par passage, dans une série de
galets, d’une bande d’acier laminée et généralement galvanisée. Le profilage
provoque un certain écrouissage de l’acier avec, pour résultat, un
accroissement des caractéristiques de résistance moyenne de la section. En
général, on obtient une limite d’élasticité d’environ 300 N/mm2 pour une bande
mère de nuance S235.

3.1.3. Connexion acier-béton

Pour assurer la liaison acier-béton dans la dalle mixte, la tôle nervurée doit
pouvoir transmettre le cisaillement longitudinal (effort rasant) à l’interface entre
l’acier et le béton.

La simple adhérence entre la tôle d’acier et le béton n'est pas considérée


comme suffisante pour créer un comportement de plancher mixte. Dès lors, une
liaison efficace doit être assurée par un ou plusieurs des moyens suivants
(Figure 3.3) :
a) Une liaison mécanique, obtenue par déformations locales des parois de
la tôle profilée sous forme d’indentations ou de bossages ;
b) Une forme de profilage appropriée (à nervures rentrantes), qui peut
assurer un transfert de cisaillement par frottement ;
c) Des ancrages disposés seulement dans les zones d'extrémité mais en
combinaison avec a ou b ;
d) Une déformation des nervures à leurs extrémités, destinée à jouer le
même rôle que des ancrages d'extrémité mais uniquement en
combinaison avec b.
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-3

bo bo

hc hc
h h
hp hp

b b
b b

profil à nervures rentrantes profil à nervures ouvertes

( a ) Liaison mécanique ( c ) Ancrage d'extrémité

( b ) Liaison par frottement ( d ) Déformation des extrémités


des nervures

Figure 3.3 Types de liaison acier-béton dans les dalles mixtes

3.1.4. Armatures de la dalle

Il est utile de prévoir des armatures passives dans la dalle de béton pour l’une
et/ou l’autre des raisons suivantes :
• Répartition des efforts dans les zones d’application de charges concentrées
ou au voisinage d’ouvertures dans le plancher ;
• Amélioration de la résistance à l’incendie ;
• Connexion au cisaillement renforçant l’action mixte (ces armatures sont
alors solidarisées à la tôle profilée d’acier) ;
• Armatures supérieures au droit des zones de moments négatifs.

La quantité d’armatures placées dans les deux directions principales de la dalle


ne devrait pas être inférieure à 80 mm²/m ; l’espacement de celles-ci ne devrait
pas excéder 2 fois l’épaisseur totale de la dalle (h à la Figure 3-3) ou 350 mm.

Toutes les armatures placées à la partie inférieure de la dalle doivent être


positionnées de manière à permettre un compactage correct du béton.

Des armatures de répartition peuvent être placées au sommet des nervures de


la tôle profilée. La longueur et le recouvrement des armatures satisfont les
prescriptions habituelles relatives au béton armé.
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-4

3.1.5. Prescriptions

Le dimensionnement des dalles mixtes est traité au chapitre 9 de l’Eurocode 4.


L’Eurocode 4 couvre le calcul des dalles utilisées dans les structures de
bâtiments, pour lesquelles les surcharges d’exploitation sont très généralement
à prédominance statique et dans les bâtiments industriels, dont les planchers
sont soumis à des charges mobiles. On peut préconiser l’usage de dalles
mixtes dans le cas de structures soumises à l’action de charges d’exploitation
largement répétitives ou appliquées brusquement de telle sorte qu’elles
produisent des effets dynamiques. Il reste néanmoins qu’un soin tout particulier
doit alors être apporté aux détails constructifs afin que l’action composite ne se
dégrade pas en cours d’exploitation.

L’épaisseur hors tout de la dalle mixte, h, sera au moins de 80 mm. L’épaisseur


de béton hc, par dessus la surface plane passant par le sommet des nervures
de la tôle ne sera pas inférieure à 40 mm afin d'assurer la non fragilité de la
dalle et un enrobage suffisant des armatures. Si la dalle assure une action
mixte avec la poutre sur laquelle elle repose ou si elle joue un effet diaphragme,
l’épaisseur totale h est au moins de 90 mm et hc ne sera pas inférieure à 50
mm.

La taille nominale des granulats utilisés dans le béton dépend de la plus petite
dimension de l’élément de construction dans lequel le béton est coulé. Elle ne
sera pas supérieure à la plus petite des valeurs ci-dessous :
• 0,40 hc ;
• bo/3, où bo représente la largeur moyenne des nervures (prise égale à la
largeur minimale si les nervures sont à forme rentrante – cf. Figure 3.3) ;
• 31,5 mm (tamis C 31,5).

Ces critères visent à garantir que le granulat puisse pénétrer aisément dans les
nervures.

Les conditions d’appui, sur les supports provisoires, des tôles d’acier profilées
utilisées comme coffrage doivent être vérifiées, par exemple conformément aux
dispositions reprises au paragraphe 9.2.3 de l’Eurocode 4. De plus, l’appui des
dalles mixtes doit avoir une largeur minimale de 75 mm pour des assises
régulières, telles que la semelle d’une poutre en acier ou en béton, de 100 mm
pour des assises moins régulières, telles que briques ou parpaings.

3.2. Comportement des dalles mixtes


Le comportement mixte apparaît lorsque les composantes de la dalle mixte, à
savoir la tôle profilée en acier, le béton durci et les armatures additionnelles
réagissent à la manière d’un élément de construction unique. A cet égard, la
tôle profilée doit être capable de transmettre le cisaillement horizontal existant
aux surfaces de contact entre la tôle et le béton.
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-5

Sous l’action des charges extérieures, la dalle prend une déformée de flexion et
des contraintes de cisaillement se développent à l’interface acier-béton.

Si la liaison entre la dalle en béton et la tôle profilée en acier est parfaite, c’est-
à-dire si les déformations longitudinales de la tôle et de la face adjacente du
béton sont égales, on parle d’interaction complète entre le béton et la tôle.
Lorsqu’il existe un déplacement longitudinal relatif entre la tôle et le béton
adjacent, il s’agit d’une interaction incomplète. La différence entre le
déplacement longitudinal de l’acier et celui du béton adjacent est caractérisée
par un déplacement relatif unitaire, appelé glissement.

Le comportement des dalles mixtes peut être décrit à partir d’un essai de
chargement standardisé : la dalle mixte disposée sur deux appuis d’extrémité
est chargée symétriquement par deux charges concentrées P appliquées aux ¼
et ¾ de la portée (Figure 3.4). En désignant par δ la flèche de la dalle à mi-
portée, le diagramme P-δ (charge-flèche) est une bonne représentation du
comportement de la dalle sous charge. Ce comportement dépend beaucoup du
type de la liaison entre le béton et la tôle (forme, bossage, connecteurs, …).
P P
hc
hp

Rouleau Tourillon Plaque d'appui porteuse


ht < 100 mm x b (min)
(classique pour toutes
Tourillon les plaques d'appui).
Coussin de néoprène ou Rouleau
L équivalent < 100 x b L
Ls = Ls =
4 4
L

Figure 3.4 Dispositif d’essai standardisé

On distingue deux types de glissement à l’interface acier-béton :


• Le micro-glissement local, non visible à l’œil nu parce que très faible, qui
permet la mobilisation des efforts de liaison ;
• Le macro-glissement global de l’interface, mesurable et visible, qui dépend
du type de connexion.

On distingue trois types de comportement (Figure 3.5) :


• L’interaction et la connexion complète entre le béton et l’acier : le glissement
global à l’interface acier-béton est nul, le transfert de l’effort de cisaillement
horizontal est complet et la charge ultime Pu est maximale. L’effet de l’action
composite est total. La rupture peut être fragile, si elle survient
brusquement, ou ductile, si elle se produit progressivement.
• L’interaction et la connexion nulle entre le béton et l’acier : le glissement
global à l’interface acier-béton n’est pas limité et le transfert de l’effort de
cisaillement horizontal est pour ainsi dire impossible. La charge ultime est
minimale et l’effet de l’action composite est pratiquement nulle ; la rupture
est progressive.
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-6

• L’interaction et la connexion partielle entre le béton et l’acier : le glissement


global à l’interface acier-béton n’est pas nul mais reste limité. Le transfert de
l’effort de cisaillement horizontal ne s'effectue qu'en partie et la charge
ultime est intermédiaire aux valeurs correspondant aux deux cas
précédents. La rupture survient de manière fragile ou ductile.

Charge P P P

δ
P P u : Interaction complète
u

P u : Interaction partielle

P u : Interaction nulle
P
f
Charge de première fissuration

0 Flèche δ

Figure 3.5 Comportement d’une dalle mixte

La rigidité de la dalle mixte, représentée par la pente de la première partie de la


courbe P-δ n’est pas la même pour les trois types de comportement. Elle est
maximale pour une interaction complète et minimale pour une interaction nulle.

Il existe trois types de liaison entre l’acier et le béton :


• La liaison physico-chimique, toujours faible mais présente quel que soit le
type de profil ;
• La liaison par frottement, qui se développe dès que les micro-glissements
apparaissent ;
• La liaison par accrochage mécanique, qui est mobilisée après les premiers
glissements et dépend de la forme de l’interface acier-béton.

Entre les charges O et Pf , les phénomènes physico-chimiques réalisent


l'essentiel de la liaison entre l’acier et le béton. Les rigidités initiales sont assez
semblables. Après la charge de première fissuration, les liaisons par frottement
et accrochage mécanique commencent à intervenir car les premiers micro-
glissements se sont déjà produits. Les rigidités évoluent alors de manières très
différentes selon le type de connexion.

La ruine d’une dalle mixte à tôle profilée collaborante peut se produire suivant
l’un des types de rupture présentés ci-après (Figure 3.6).
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-7

III I

II

Portée de cisaillement L s

Figure 3.6 Types de rupture pour une dalle mixte sur appuis d'extrémité

• Type de rupture I : La rupture se produit par excès de flexion en travée


(section I) ; elle survient notamment pour les grandes portées et pour un
degré de connexion élevé entre le béton et l’acier.

• Type de rupture Il : La rupture se produit par excès de cisaillement


longitudinal ; elle est déterminée par l’atteinte de la résistance limite à
l’adhérence entre la dalle en béton et la tôle en acier. Elle a lieu en section Il
sur une longueur de cisaillement Ls.

• Type de rupture III : La rupture se produit par excès de cisaillement vertical


au voisinage immédiat des appuis (section III) sous l’action de l’effort
tranchant qui y règne. Ce type de rupture se produit notamment dans les
cas de planchers épais de faible portée et fortement chargés.

La rupture de la dalle mixte prend l’une des manifestations suivantes (Figure


3.7) :
• Rupture fragile : la rupture intervient de manière brusque, en général sans
déformations importantes observables ;
• Rupture ductile : la rupture intervient de manière progressive avec apparition
de déformations importantes au moment de la ruine et est précédée par
l'apparition de signes précurseurs (sous forme de désordres dans la dalle).

Charge P
Comportement ductile

Comportement fragile

Flèche δ

Figure 3.7

La nature fragile ou ductile de la rupture dépend des propriétés de la liaison


entre l’acier et le béton. Alors que les dalles avec tôle à profil ouvert ont un
comportement plutôt fragile, celles avec tôle à profil rentrant révèlent un
comportement plutôt ductile. Cette remarque n’est pas générale. Les
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-8

producteurs de tôles profilées améliorent les caractéristiques de comportement


par différents moyens mécaniques tels la réalisation de bossages et creux dans
les faces des tôles et l’utilisation de formes en queue d’aronde. Les
connecteurs ponctuels, tels que goujons et cornières, ont également une
influence sur la nature de la rupture.

On considère généralement qu’un comportement de type fragile est moins


sécurisant qu’un comportement ductile. La tendance est donc d’adopter des
valeurs des coefficients partiels de sécurité plus importants pour le calcul des
dalles mixtes à comportement fragile que pour celui des dalles mixtes à
comportement ductile.

3.3. Situations de risque, actions et flèches


Deux situations de risque bien distinctes doivent être envisagées lorsqu’on
dimensionne une dalle mixte.

3.3.1. Tôle profilée en acier utilisée comme coffrage

La vérification correspond à la situation où la tôle seule reprend les charges de


poids propre (béton frais) et de chantier. On tient compte de la présence des
éventuels étais.

Les vérifications des tôles profilées en acier à l’état limite ultime et à l’état limite
de service sont effectuées conformément aux codes applicables aux éléments
minces, par exemple la partie 1.3 de l’Eurocode 3. On tient compte de manière
appropriée des effets des bossages et/ou des indentations sur la résistance et
les caractéristiques des sections droites.

Pour le calcul à l’état limite ultime, le projeteur considère l’ensemble des


charges agissant sur la tôle profilée :
• Le poids propre du béton frais et de la tôle d’acier ;
• Les charges de construction ;
• La charge de stockage éventuelle ;
• L’effet de « mare » (augmentation de l’épaisseur de béton en compensation
de la flèche prise par les tôles).

Les charges de construction représentent le poids des ouvriers ainsi que du


matériel de bétonnage et tiennent compte de tout impact ou toute vibration
pouvant survenir en cours de construction. L’Eurocode 1 indique de prendre
une charge de 1,5 kN/m2 à l’intérieur d’une zone quelconque de 3 m par 3 m
couvrant à la fois la charge caractéristique de construction et l’effet de mare. A
l’intérieur de la zone restante, la charge caractéristique de construction est de
0,75 kN/m2. Ces charges s’ajoutent au poids propre de la dalle. Les charges de
construction sont positionnées de manière à occasionner le moment fléchissant
et/ou l’effort tranchant maximal (Figure 3.8).
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-9

Ces valeurs sont des minima ; elles ne sont pas nécessairement suffisantes
pour représenter l'effet d'impact ou un amoncellement local de béton excessif
ou encore des charges dues au pompage ou à l’acheminement du béton par
canalisation. Le projeteur doit veiller à inclure l’ensemble des possibilités de
charges dans son projet. Par exemple, il faut démontrer par essais ou par
calculs que, sans le béton, la tôle est capable de résister à une charge
caractéristique de 1 kN répartie sur une surface carrée de 300 mm de côté, ou
bien à une charge caractéristique linéique disposée perpendiculairement aux
nervures de 2 kN/m, sur une largeur de 0,2 m; cette charge représente le poids
propre d’un ouvrier.
(b) (a) (c) (b) (b) (a) (c) (b)

3000 3000

moment à mi - travée moment au - dessus de l'appui

(a) Concentration des charges de construction 1,5 kN / m 2


2
(b) Charges de construction réparties 0,75 kN / m
(c) Poids propre

Figure 3.8

Lors des vérifications à l’état limite de service, la flèche de la tôle sous l’action
de son poids propre et du poids de béton frais, mais à l’exclusion des charges
de construction, est limitée à L/180 où L représente la portée utile entre les
appuis.

Si la flèche δ au centre de la tôle, produite par l’action conjointe de son poids


propre et de celui du béton frais, est supérieure à 1/10 de l’épaisseur totale de
la dalle, il convient d’inclure l’effet de mare dans le calcul de la tôle d’acier, par
exemple en supposant dans le calcul que l’épaisseur nominale du béton est
augmentée de 0,7 δ sur la totalité de la portée.

Les flèches peuvent êtres fortement réduites par l’utilisation d’étais provisoires,
les étais étant considérés alors comme des appuis.

3.3.2. Dalle mixte

La vérification en dalle mixte correspond à la situation de la dalle après


durcissement du béton et après enlèvement de tous les étais éventuels.

Les charges à prendre en compte sont les suivantes :


• Le poids propre (tôle, aciers d’armature, béton) ;
• Les autres charges permanentes de poids propre (éléments non porteurs) ;
• Les réactions dues à l’enlèvement des étais provisoires éventuels ;
• Les actions du fluage, du retrait, du tassement des appuis ;
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-10

• Les actions climatiques (température, vent...) ;


• Les actions dues aux surcharges d’exploitation.

En pratique, pour les bâtiments à usage courant, les variations de température


ne sont pas prises en compte.

A l’état limite de service, on contrôle :


• les flèches ;
• les glissements relatifs entre la tôle et le béton aux extrémités ;
• l’ouverture des fissures dans le béton.

3.3.2.1. Flèche

Les flèches limites recommandées par l’Eurocode 3 sont L/250 sous l’ensemble
des charges appliquées à la dalle mixte et L/300 sous l’effet combiné des
charges variables et de toutes les déformations différées. Pour les dalles
comportant des éléments de construction fragiles (pavages. cloisons...), cette
dernière limite est portée à L/350.

Il n’est normalement pas nécessaire d’inclure la flèche de la tôle, due à l’action


conjointe de son poids propre et du poids du béton frais, dans cette vérification
de la dalle mixte. En effet, cette flèche existe déjà lorsqu’on effectue les travaux
de complément de constructions (cloisons, pavages, châssis de portes et
fenêtres...) et n’ont pas d’influence néfaste directe sur le comportement de ces
éléments. De plus, la partie inférieure de la dalle est le plus souvent équipée
d’un faux plafond qui masque les flèches trop importantes. La seule
considération pouvant infirmer cette simplification est d’ordre esthétique.

En pratique, on distingue, d'une part, les travées intermédiaires des dalles


continues et, d'autre part, les travées de rive pour les dalles continues et les
travées des dalles sur appuis simples d'extrémité. Pour le calcul de la flèche
dans une travée intermédiaire, on fait normalement les approximations
suivantes :
• Le moment d’inertie flexionnelle est pris égal à la moyenne des valeurs
relatives respectivement à la section fissurée et à la section non fissurée ;
• Pour le béton de densité normale, on utilise une valeur du coefficient
d’équivalence n qui est la moyenne des valeurs respectives pour les effets à
long terme et à court terme (cf. § 3.5.4).

3.3.2.2. Glissement d’extrémité

Pour les travées de rive, le glissement d'extrémité entre la tôle d’acier et le


béton peut avoir un effet significatif sur la flèche. Dans le cas d’un
comportement non ductile, le glissement et la ruine peuvent presque coïncider,
ce qui impose de considérer le glissement comme un état limite ultime. Dans
celui d’un comportement semi-ductile ou ductile, le glissement induit
simplement une majoration de la flèche.
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-11

La jonction tôle – béton a un comportement dit ductile si la charge de ruine


dépasse de plus de 10% la charge provoquant un glissement d’extrémité
mesuré de 0,1 mm. Si la charge maximale pouvant être supportée par la dalle
est supérieur à la charge donnant une flèche égale à L/50, c’est cette dernière
qui sera considérée comme charge de ruine pour cette vérification.

Si le comportement relevé lors d’un essai de caractérisation indique un


glissement initial sous charge de service pour la dalle non ancrée, il importe de
disposer des ancrages d’extrémité (goujons cornières formées à froid...) dans
les travées de rive. Un tel glissement d’extrémité est considéré significatif
lorsqu’il atteint au moins 0.5 mm. S'il se produit pour une charge supérieure à
1,2 fois la charge de service souhaitée, on peut généralement négliger ce
glissement ; dans le cas contraire, il faut soit disposer des ancrages d’extrémité,
soit le prendre en compte pour le calcul des flèches.

3.3.2.3. Ouverture des fissures

L'ouverture des fissures dans les zones de moment fléchissant négatif des
dalles continues peut être vérifiée à partir des principes de l’Eurocode 2.
Pratiquement, pour les bâtiments à usage courant ne subissant pas
d’agressions particulières (humidité, atmosphère corrosive...), on admet une
ouverture de fissure de 0,3 mm. Si cette limite est dépassée, il faut prévoir des
armatures de répartition des fissures ; leur détermination se fonde sur les
méthodes habituelles de béton armé.

Lorsque les dalles continues sont calculées comme des dalles à travées
isostatiques, l’aire de la section transversale de l’armature antifissuration ne doit
pas être inférieure à 0,2 % de l’aire de section transversale du béton situé au-
dessus des nervures dans le cas d’une construction non étayée et à 0,4 % de
cette aire dans le cas d’une construction étayée.

3.4. Analyse des sollicitations


3.4.1. Tôle profilée en acier utilisée comme coffrage

Pour l’analyse globale de la tôle seule, l’Eurocode 4 fait référence à l’Eurocode


3 partie 1-3, traitant le dimensionnement des éléments en acier formés à froid.
Généralement, les fabricants de tôles fournissent des tableaux reprenant :

- les portées maximales admissibles des tôles en fonction de la charge


appliquée, de l’épaisseur de la tôle et des conditions d’appui de façon à
respecter les critères de résistance ;

- les caractéristiques géométriques principales.

3.4.2. Dalle mixte

On peut envisager diverses méthodes d’analyse globale :


09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-12

• L’analyse élastique sans redistribution forfaitaire des moments sur appuis


intermédiaires si l’on tient compte par ailleurs des effets de la fissuration du
béton ;
• L’analyse élastique avec redistribution forfaitaire des moments sur appuis
intermédiaires (limitée à 30 %) où l’on néglige la fissuration du béton et ses
effets ;
• L’analyse rigide-plastique, à condition qu’il soit démontré que les sections où
une rotation plastique est exigée présentent une capacité de rotation
suffisante ;
• L’analyse élastique-plastique tenant compte du comportement non linéaire
des matériaux (via programme aux éléments finis).

L’application de méthodes d’analyse élastique convient pour la vérification des


états limites de service et les états limites ultimes. Les méthodes d'analyse
plastiques ne doivent être envisagées que pour la vérification aux états limites
ultimes.

Il n’est pas nécessaire de vérifier la capacité de rotation des rotules plastiques


dans le cas d’une analyse plastique si les armatures utilisées sont de classe C
(c’est-à-dire, armatures à haute ductilité) et si la portée n’est pas supérieur à
3m.

Une dalle continue peut toujours être calculée comme une succession de dalles
indépendantes simplement appuyées. Si tel est le cas, une armature nominale
minimale doit cependant être prévue en face supérieure au droit des appuis
intermédiaires (cf. § 3.3.2.3).

Lorsque les charges sont réparties de manière uniforme, ce qui est


fréquemment le cas, ou de manière linéaire perpendiculairement à l’axe des
nervures, les largeurs collaborantes correspondent à la largeur totale de la
dalle. Lorsque les charges sont ponctuelles ou disposées de manière linéaire
parallèlement à l’axe des nervures, l’Eurocode 4 donne quelques indications
pour la détermination des largeurs collaborantes qui sont bien sûr plus faibles
que la largeur de la dalle. Afin d’assurer la répartition des charges ponctuelles
ou linéaires sur la largeur considérée comme utile, une armature transversale
doit être placée sur la tôle ou dans le béton par-dessus la tôle. Cette armature
transversale est calculée à partir des moments fléchissants transversaux, selon
les règles du béton armé. On peut utiliser une armature transversale forfaitaire
(sans calcul) si les charges d’exploitation caractéristiques n’excèdent pas 7,5
2
kN pour les charges concentrées et 5 kN/m pour les charges réparties. Cette
armature transversale doit présenter une aire de section d’au moins 0,2 % de
l’aire de béton situé au-dessus des nervures sur la largeur collaborante
considérée ; par ailleur, des longueurs d’ancrage minimales doivent être
prévues au-delà de cette largeur. L’armature prévue pour d’autres actions peut
respecter tout ou partie de la règle.
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-13

3.5. Vérification des sections


3.5.1. Vérification de la tôle profilée en phase de chantier aux
états limites ultimes (ELU)

Le cas de charge relatif à la situation de chantier est l’un des plus critiques. La
tôle, qui est un élément mince, doit résister seule aux charges de chantier et au
poids du béton frais.

La vérification des tôles profilées en phase de chantier ne fait pas l’objet de


règles particulières dans l’Eurocode 4. On se reportera utilement au cours de
Structures à parois minces et à la partie 1.3 de l’Eurocode 3 pour l’ensemble
des indications concernant ce sujet.

Bornons-nous à rappeler que pour chacune des parois totalement ou


partiellement comprimées, on détermine une largeur efficace que l'on répartit en
deux parties (généralement inégales), attachées respectivement aux fibres
extrêmes de la zone comprimée. Après avoir procédé de la sorte pour chacune
des parois, on obtient ainsi une section dite efficace dont on calcule le moment
d'inertie efficace Ieff et le module de flexion efficace Weff.

Le moment résistant de calcul de la tôle vaut alors :

Weff
M Rd = fyp (3-1)
γ ap

3.5.2. Vérification de la tôle profilée en phase de chantier aux


états limites de service (ELS)

Le calcul des flèches est effectué en prenant l’inertie efficace du profil de la tôle
précisée plus haut. La flèche d’une tôle sous charges réparties disposées en
damier (Figure 3.9) est obtenue par la formule :

5 1
δ =k pL4 (3-2)
384 EIeff

où L est la portée considérée.

L L L L

Figure 3.9 Chargement en damier

Le coefficient k vaut :

k = 1,00 pour une tôle simplement appuyée à ses extrémités ;

k = 0,70 pour une tôle à deux travées égales (3 appuis) ;


09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-14

k = 0,52 pour une tôle à trois travées égales ;

k = 0,49 pour une tôle à quatre travées égales.

3.5.3. Vérification des sections mixtes aux états limites


ultimes (ELU)

3.5.3.1. Vérification de la résistance en flexion positive de la dalle


mixte

On associe une ruine de type I à l’épuisement de la résistance en flexion


positive. Ce type de ruine se produit soit lorsque la tôle se plastifie en traction,
soit lorsque les fibres du béton atteignent leur résistance limite en compression.

Dans les zones de moment fléchissant positif, on tient compte de la présence


d’armatures supplémentaires tendues pour l’évaluation de la résistance de la
dalle mixte.

On idéalise habituellement le comportement des matériaux par des


diagrammes de type rigide-plastique. A l’ELU, l’acier est soumis à la contrainte
de calcul, à savoir la limite d’élasticité minorée fyp / γ ap , tandis que le béton est
soumis à la contrainte de calcul, à savoir 0 ,85 fck / γ c et l’acier d’armature, à la
contrainte de calcul fsk / γ s .

Dans l'épaisseur de la dalle (au-dessus des crêtes de la tôle), on peut trouver


des armatures anti-fissuration, dont la section minimale est prescrite par les
codes, ou des armatures destinées à transmettre la traction sous moment
négatif. Ces armatures, qui sont normalement comprimées sous moment
positif, sont habituellement négligées pour l'évaluation de la résistance en
section sous flexion positive.

On distingue différents cas selon la position de l'axe neutre plastique.

Cas 1 – Axe neutre plastique dans le béton

La résistance en traction du béton tendu est admise nulle. La résultante de


traction Np dans la tôle d’acier, déterminée à partir des caractéristiques de la
section efficace d’acier Ap, est équilibrée par la résultante de compression Ncf ,
dans le béton, déterminée sur base de l’épaisseur de béton comprimé x, de la
largeur b de la dalle et de la résistance de calcul du béton suivant les
caractéristiques du béton

On a :

fyp
N p = Ap (3-3)
γ ap

et
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-15

0,85 f ck
N cf = b x (3-4)
γc

On déduit dès lors, de la condition d’équilibre horizontal, l’épaisseur x selon :

Ap f yp
γ ap
x= (3-5)
0,85 b f ck
γc

En désignant par dp ,la position du centre de gravité de la tôle d'acier, mesurée


à partir de la face supérieure de la dalle (Figure 3.10), on établit aisément que
le bras de levier z est donné par :

z = d p − 0. 5 x (3-6)

Le moment résistant de calcul est alors égal à :

M pl+ .Rd = N p z (3-7)

c’est-à-dire :

fyp x
M pl+ .Rd = Ap (d p − ) (3-8)
γ ap 2

L'aire efficace Ap de la tôle d'acier est la section nette, obtenue à partir de


l'épaisseur nette (c'est-à-dire après déduction de l'épaisseur de la galvanisation,
normalement 2 x 0,020 = 0,04 mm), et déduction faite au besoin des largeurs
correspondant aux indentations et embossements.
0,85 f
ck
N cf γc
x

dp z
d

Np

f yp
Axe de gravité de la tôle profilée en acier γ
ap

Figure 3.10 Distribution plastique des contraintes – Cas de l’axe neutre


plastique dans le béton en flexion positive
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-16

Cas 2 : Axe neutre plastique dans la nervure

Si l’axe neutre plastique intercepte la tôle nervurée, une partie de la tôle en


acier doit être comprimée pour maintenir l’équilibre en translation de la section.

A titre de simplification, on néglige totalement la présence du béton – bien sûr


s'il est tendu mais aussi s'il est comprimé – compris à l’intérieur des nervures.

Tel que présenté à la Figure 3.11, le diagramme des contraintes peut être
divisé en deux sous-diagrammes représentant chacun une partie du moment
résistant de calcul Mpl,Rd :
• Le premier diagramme correspond à l’équilibrage de l’effort Ncf , qui
représente cette fois la résistance de calcul de la dalle de hauteur hc , par un
effort de traction partiel Na dans la tôle. Le bras de levier z est déterminé à
partir de la distribution des surfaces de tôle. Il dépend des caractéristiques
géométriques du profil. Il y correspond un moment Ncf . z. On verra plus loin
que l’on peut calculer z de manière approchée.
• Le second diagramme correspond à un auto-équilibrage dans la seule tôle
des efforts résultants sur les parties non encore mobilisées. Il y correspond
un moment Mpr , dit moment plastique réduit de la tôle qui vient en
complément du moment Ncf z.
0,85 f
ck
γc
N cf
hc
dp
z
d ht a.n.p.
f yp = + M pr

ep Na
e γ
ap
f yp
γ
Axe de gravité de la tôle profilée en acier ap

a.n.p. : axe neutre plastique c.g. : ligne des centres de gravité

Figure 3.11 Distribution plastique des contraintes avec axe neutre


dans le profilé en acier (moment positif)

Le moment total vaut donc :

M pl+ .Rd = Ncf z + M pr (3-9)

L’effort de compression dans le béton vaut :

0 ,85 fck
Ncf = bhc (3-10)
γc

Certains auteurs ont proposé une formule approchée liant Mpr, moment
plastique réduit (de calcul) de la tôle à Mpa , moment plastique (de calcul) de la
section efficace de la tôle seule. Cette formule, calibrée à partir d’essais sur huit
types de profils de tôle, s’écrit :
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-17

Ncf
M pr = 1,25M pa (1 − ) ≤ M pa (3-11)
Ap fyp
γ ap

M pr
M pa

1,25

1,00
Courbe enveloppe des essais
N cf
M pr = 1,25 M pa )
(1 -
Ap f yp

Na
0
Ap f yp

Figure 3.12 Relation expérimentale liant Mpa et Mpr

Le bras de levier z est déterminé selon la formule approchée :

Ncf
z = ht − 0 ,5 hc − ep + ( ep − e ) (3-12)
Apfyp
γ ap

avec :
ep : distance entre l’axe neutre plastique de la section efficace de la tôle et la
face inférieure de celle-ci ;
e : distance entre le centre de gravité de la section efficace de la tôle et la
face inférieure de celle-ci.

3.5.3.2. Vérification de la résistance en flexion négative de la dalle


mixte

On associe une ruine de type I à l’épuisement de la résistance en flexion


négative. L’axe neutre plastique se situe normalement dans la hauteur de la
nervure. Par souci de simplification, on néglige généralement la présence de la
tôle d’acier, d'une part, parce que cette tôle mince est en danger de voilement
dans sa partie comprimée et, d'autre part, parce que la contribution de cette
tôle à la reprise d’efforts de compression est suppléée par celle du béton
partiellement contenu dans les nervures.
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-18

Le béton de la dalle de hauteur hc est en traction et sa résistance à la traction


est négligée. Seules les barres d’armature, qui sont situées dans cette dalle,
contribuent à reprendre des efforts de traction. La résistance de calcul en
flexion négative est atteinte lorsque les armatures sont sollicitées (Figure 3.12)
à leur limite d’élasticité de calcul fys / γ s .

La résistance de calcul des barres d’armature est :

Ns = As fys / γ s

Figure 3.13 Distribution plastique des contraintes (moment négatif)

L’effort dans le béton est approximativement égal à :

fck
Nc = 0,85b0 x (3-13)
γc

où b0 est assimilé à la largeur moyenne du béton compris dans les nervures.

Par équilibre horizontal, on déduit la hauteur x de béton comprimé :

fys
As
γs
x= (3-14)
fck
0,85b0
γc

Si z est le bras de levier des résultantes Ns et Nc , le moment résistant de calcul


est alors :

As fys
M pl_ .Rd = z (3-15)
γs

Il est en outre nécessaire de vérifier que les armatures sont suffisamment


ductiles pour permettre des rotations suffisantes dans les sections plastifiées.
Les armatures de la classe 500 actuellement disponibles sur le marché sont en
général satisfaisantes à cet égard, pour autant toutefois que l'épaisseur de la
dalle de béton ne soit pas trop grande.
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-19

3.5.3.3. Vérification du cisaillement longitudinal de la dalle

On associe une ruine de type II à l’épuisement de la résistance au cisaillement


longitudinal. La méthode consiste à évaluer la résistance moyenne au
cisaillement τu qui subsiste le long des portées de cisaillement Ls. Cette
résistance τu dépend du type de tôle profilée et est déterminée pour un type de
profil déterminé (orientation des bossages, état de surface...).

Deux méthodes de vérification existent pour la vérification au cisaillement


longitudinal de la dalle :

• Une méthode semi-empirique normalisée, dite méthode m-k, présentée


ci-après. Celle-ci ne fait pas référence à la résistance moyenne τu mais
recourt à un artifice consistant à utiliser l’effort tranchant vertical Vt,Ed
pour contrôler la ruine par cisaillement horizontal le long de la longueur
de cisaillement Ls. La relation directe entre l’effort tranchant (vertical) et
l’effort de cisaillement (longitudinal) ne sait être établie que dans le cas
d'un comportement élastique ; si le comportement est élastoplastique ou
plastique, la relation n’est plus aussi évidente et on use alors de la
méthode m-k, qui est une approximation développée sur base de
considérations pratiques.

• Une méthode dite méthode de la connexion partielle constitue une


alternative à la méthode m-k. Si elle est plus satisfaisante du point de
vue du modèle de fonctionnement, son utilisation est toutefois limitée aux
tôles à comportement ductile et devient problématique dans le cas de
très faibles degrés de connexion.

La méthode m-k

La méthode semi-empirique m-k est basée sur les résultats d’une analyse
dimensionnelle. On recherche une formulation paramétrique linéaire dans
laquelle interviennent les paramètres déterminants du phénomène, soit:

VLR = F ( f ck , Ls , d p , b, Ap ,Vt )

avec les symboles additionnels suivants :

VLR : résistance en cisaillement longitudinal ;

Vt : effort tranchant vertical ;

dp : hauteur moyenne de la dalle de béton.


09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-20

B
Relation de calcul pour la résistance
Vt
b dp au cisaillement longitudinal
A
( N / mm2) P P
m
1

V V
t t

k Ls Ls

0 Ap
bLs

Figure 3.14 Méthode m-k pour le résistance au cisaillement longitudinal

La Figure 3.14 fournit la droite m-k, déterminée à partir de six essais de dalles
répartis en deux groupes, pour un type donné de tôle profilée. On remarque
que l’ordonnée verticale représente un terme ayant la dimension d’une
contrainte et qu’elle est déterminée à partir de l’effort tranchant vertical total Vt
incluant le poids propre de la dalle. L’abscisse est un nombre pur, rapport de la
section d’acier de la tôle à la surface de cisaillement longitudinal. En multipliant
ce terme par fy /τu on obtient, en liaison avec l’axe vertical, un rapport direct de
la capacité de la tôle à transmettre l’effort de cisaillement longitudinal.

Selon l’Eurocode 4, l’effort tranchant sollicitant maximum de calcul Vt.Ed pour


une dalle mixte de largeur b ne peut excéder la résistance de calcul au
cisaillement longitudinal VL.Rd obtenue selon :

Ap 1
VL.Rd = b.d p ( m +k) (3-16)
bLs γ VS

où m et k (en N/mm2) sont les valeurs de calcul de l’ordonnée à l’origine et de la


pente de la droite m-k obtenue expérimentalement tandis que γVS est un facteur
partiel de sécurité, pris égal à 1,25.

Cette formule nécessite donc la détermination des coefficients m et k par des


essais standardisés. Les valeurs m et k, qui dépendent du type de tôle profilée
et des dimensions de la section de la dalle, sont en principe fournies par les
fabricants de tôles profilées.

L’Eurocode 4 ignore l’influence de la résistance du béton et détermine la droite


caractéristique à partir de la valeur minimale de chaque groupe d’essais et
réduction forfaitaire de 10 %. On observe en effet que, pour les réalisations
courantes du bâtiment, la résistance du béton n’a guère d’influence si fck se
situe entre 25 et 35 MPa.

La longueur de cisaillement Ls (en mm) dépend du type de chargement.

Pour une charge uniformément répartie sur une dalle simplement appuyée de
portée L, Ls vaut L/4. Cette valeur s’obtient en égalant l’aire du diagramme de
l’effort tranchant, relatif à la charge uniformément répartie, à celui relatif à deux
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-21

forces concentrées (de résultante totale identique à celle de la charge répartie)


disposées symétriquement à la distance Ls des appuis. Si la dalle simplement
appuyée est soumise à deux charges égales et disposées symétriquement, LS
est égal à la distance entre la charge appliquée et l’appui le plus proche. Pour
tout autre type de chargement, LS s’obtient en divisant le moment maximum par
la valeur du plus grand effort tranchant adjacent aux supports de la travée
considérée.

Dans le cas d'une dalle mixte dimensionnée comme continue, le calcul de Ls


s’effectuera pour chacune des travées individuelles considérées comme
simplement appuyées avec une portée équivalente ; cette portée est prise
égale à :

- 0,8L pour des travées internes ;

- 0,9L pour des travées externes.

La droite relative au cisaillement longitudinal (Figure 3.15) n’est valable qu’entre


certaines limites. En effet, selon la portée de la poutre, il est possible d’observer
l'un des trois modes de ruine définis auparavant.
Vt
bdp Par cisaillement vertical

Par cisaillement longitudinal

Par flexion
k
Portée longue Ls Portée courte

Ap
b Ls

Figure 3.15 Droite relative au cisaillement longitudinal

Dans le cas où la résistance au cisaillement longitudinal d’une dalle est


insuffisante, il est possible de l’augmenter en disposant des ancrages aux
extrémités de la dalle, soit sous forme de connecteurs, soit simplement par
déformation locale des nervures. L’Eurocode 4 permet de prendre en compte
l’amélioration de comportement induit par de tels ancrages d’extrémité (chapitre
9.7.4 de l’Eurocode 4).

La méthode m-k est un outil adéquat pour de faibles portées et lorsque la


connexion a plutôt un comportement fragile. Pour pouvoir exploiter le
comportement ductile des connexions maintenant disponibles grâce à de
bonnes connexions mécaniques et des portées plus longues, il est nécessaire
d’utiliser la méthode de la connexion partielle expliquée ci-après. Aussi, lorsque
des ancrages d’extrémité seront utilisés, on préfèrera la méthode de la
connexion partielle qui permet d’intégrer, assez facilement, l’effet de ces
ancrages dans le comportement de la connexion.
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-22

La méthode de la connexion partielle

La vérification de la résistance au cisaillement longitudinal peut aussi être


conduite par la méthode de la connexion partielle ou méthode τu. Cette
méthode n’est applicable que pour les dalles se comportant de manière ductile.

Les développements sont semblables à ceux qui seront décrits plus en détails
dans le paragraphe traitant de la connexion des poutres. Cependant, les
dimensions géométriques de la tôle étant fixées, cela ne permet pas de
moduler la connexion partielle en choisissant le nombre de connecteurs comme
cela peut se faire pour les poutres mixtes. Les méthodes exposées dans la
partie relative aux poutres mixtes ne sont donc pas directement transposables ;
les développements spécifiques aux dalles mixtes sont présentés ci-après.

Cette méthode permet de déterminer l’effort Nc transmis de la tôle à la dalle en


béton dans une section transversale se situant à une distance x d’un appui.
Sans ancrage d’extrémité, la résistance en flexion de la dalle mixte au niveau
d’un appui d’extrémité est égale à la résistance de la tôle vu que, à cet endroit,
aucun effort n’a pu être transmis à la dalle en béton armé. Dans n’importe
quelle section à une distance x de l’appui d’extrémité, l’effort transmis à la dalle
en béton peut être déterminé en fonction de la valeur τu représentant l’effort de
cisaillement ultime transmissible à l’interface « tôle – béton » par unité de
surface (déterminé par essai).

Si la portée de la dalle le permet, l’effort résistant Ncf permettant d’atteindre le


moment résistant Mpl,Rd (cf. § 3.5.3.1) sera atteint à une distance Lcf de l’appui
d’extrémité ; à ce stade, nous aurons donc une connexion complète, c’est-à-
dire, une connexion permettant le développement du moment plastique Mpl,Rd
de la dalle mixte. Cette distance Lcf peut être facilement déterminée à partir de
l’équation suivante :

Ncf
Ncf = b.Lcf .τ u,Rd = Ncf ⇒ Lcf =
τ u,Rd .b

Pour x ≥ Lcf , la connexion est complète et la résistance à la flexion (rupture de


type I) est déterminante. Pour x < Lcf, la connexion est partielle; c’est alors la
résistance au cisaillement longitudinal (rupture de type II) qui est critique.

Il est facile de reporter l’évolution du moment résistance en fonction de l’effort


transmis dans la dalle de béton dans un diagramme « moment – distance x de
l’appui d’extrémité » comme illustré à la Figure 3.16. Le but est évidemment
d’avoir la courbe des moments résistants au-dessus de la courbe des moments
sollicitants.
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-23

Schéma statique de la dalle

Connexion partielle Connexion complète Connexion partielle

MRd

Evolution des moments


résistants

Evolution des moments


sollicitants
Lcf x
Figure 3.16 Evolution des moments résistants en fonction du degré de
connexion

Si ce n’est pas le cas, il est possible d’ajouter des ancrages d’extrémité ; dans
ce cas, l’effort dans la dalle de béton au niveau de l’appui d’extrémité n’est plus
nulle mais est égal à l’effort transmissible par les ancrages d’extrémité. Le
moment résistant au niveau de cet appui ne vaut donc plus le moment résistant
de la tôle mais un moment qui lui est supérieur.

Ancrages d’extrémité

Le seul cas complètement couvert par l’Eurocode 4 est le cas des goujons à
tête. Pour que ces derniers constituent un ancrage d’extrémité pour la dalle
mixte, il faut qu’ils soient soudés au travers de la plaque en acier. Il convient
alors que la résistance de calcul Ppb,Rd d’un goujon soit prise égale au minimum
de :

- La résistance au cisaillement d’un goujon conformément aux règles


décrites au § 4.4.2.1 ;

- La résistance en pression diamétrale de la plaque déterminée via la


formule suivante :

Ppb,Rd = kϕ .dd 0 .t .fyp,d

avec :

• kϕ = 1 + a
d d0
≤ 6,0 ;

• dd0, diamètre du bourrelet de soudage (  1,1 fois le diamètre


de la tige du goujon) ;

• a, la distance entre l’axe du goujon et l’extrémité de la plaque


en acier ( ≥ 1,5.dd 0 ) ;
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-24

• t, l’épaisseur de la plaque en acier.

3.5.3.4. Vérification de la résistance de la dalle mixte à l’effort


tranchant vertical

On associe une ruine de type III à l’épuisement de la résistance à l’effort


tranchant vertical. Ce type de ruine, qui se rencontre quand on utilise des tôles
profilées à système de bossages assez performant, se produit par cisaillement
du béton sous effort tranchant et fissuration oblique à la manière d’une poutre
en béton armé. La fissure se propage suivant des directions à 45° par rapport
au plan moyen de la dalle dans la zone soumise au cisaillement.

La résistance de calcul au cisaillement vertical VRd,c d’une dalle mixte sur une
largeur égale à la distance entre les axes des nervures peut être déterminée au
moyen de la relation suivante recommandée par l’Eurocode 2 :

VRd ,c = ⎡CRd ,c k (100 ρl fck ) + k1σ cp ⎤ b0 d ≥ (v min + k1σ cp )b0 d


1/ 3
(3-17)
⎣ ⎦

avec :

- CRd,c = 0,18/γc ;

200
- k = 1+ ≤ 2,0 avec d = dp (cf. § 3.5.3.1) exprimé en mm (cf. Figure
d
3-18) ;

Asl
- ρl = ≤ 0,02 avec b0 la largeur moyenne des nervures de béton
b0 d
(largeur minimale pour profile de tôle rentrant) et Asl, la section
d’armature de traction comprise dans la largeur b0 et ayant un ancrage
suffisant – dans notre cas, Asl incluera la section efficace de la tôle
comprise dans la largeur b0 ;

- fck est la résistance caractéristique du béton exprimée en N/mm² ;

- k1 = 0,15 ;

NEd
- σ cp = ≤ 0,2fcd avec NEd la force axiale dans la section due au
Ac
chargement (exprimée en Newtons) et Ac la section de béton comprise
dans la largeur b0 exprimée en mm² ;

- vmin = 0,035 k3/2 fck1/2.

La résistance Vv,Rd ainsi obtenue est exprimée en Newtons.


09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-25

hc
d pd

bo

Figure 3.17 Ruine par cisaillement vertical dans le béton

3.5.3.5. Vérification de la résistance au poinçonnement

Sous une charge concentrée de forte intensité, une rupture de la dalle peut se
produire par poinçonnement, c’est-à-dire par cisaillement vertical sur le pourtour
de la zone d’application de la charge. La Figure 3.18 représente une telle
éventualité.
hc hc

périmètre critique C p
dp

aire supportant la charge

dp hc

Figure 3.18 Ruine par pénétration

L’Eurocode 4 fait référence à l’Eurocode 2 qui suggère la formule suivante pour


la résistance de calcul au poinçonnement Vp.Rd.

Vp,Rd = ⎡CRd ,c k (100 ρ l fck ) + 0,10σ cp ⎤ Cp d ≥ (v min + k1σ cp )Cp d


1/ 3
(3-18)
⎣ ⎦

avec :

- Cp est le périmètre critique. Celui-ci est déterminé à partir du périmètre


de la surface d’application de la charge et d’une diffusion de la charge à
45° ;

- ρl vaut ici ρly ρlz , ρly et ρlz étant relatifs aux deux directions principales
du plan de la dalle et déterminés conformément au paragraphe
précédent ;

- σcp vaut ici (σcp,y + σcp,z )/2, σcp,y et σcp,z étant relatifs aux deux directions
principales du plan de la dalle et déterminés conformément au
paragraphe précédent.
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-26

3.5.4. Vérification des dalles mixtes à l’état limite de service


(ELS)

La flèche de la dalle mixte sous charge de service est calculée en utilisant une
méthode d’analyse élastique et en considérant une valeur moyenne des inerties
respectivement des sections fissurée et non fissurée. On tient compte, si
nécessaire, des éventuels glissements aux extrémités des dalles (cf. §3.3.2).

Dans une section dont la partie tendue du béton est supposée fissurée, telle
celle présentée à la Figure 3.19 sous moment positif, le moment d’inertie Icc de
la section fissurée s'obtient selon :

xc 2
3 bx c ( )
bx 2
I cc = +c
+ A p (d p − x c ) 2 + I p (3-19)
12n n

avec :

Ip : inertie de la section efficace de la tôle profilée ;

n: coefficient d’équivalence (voir plus loin) ;

xc : position du centre de gravité par rapport à la face supérieure de la dalle


obtenue par la formule :

nAp 2bd p
xc = ( 1+ − 1) (3-20)
b nAp

xc Partie comprimée Partie comprimée


hc xu
dp A.N.E.
A.N.E.

Partie tendue Axe du centre de gravité h p Partie tendue non Axe du centre de gravité
et fissurée. de la tôle fissurée de la tôle

Tôle, section A p Tôle, section A p

Figure 3.19 Calcul des inerties en section fissurée et non fissurée


(moment positif)

Dans une section sous moment positif dont la partie tendue du béton est
supposée non fissurée, le moment d’inertie lcu de la section s'obtient selon :

h
bhc ( xu − c )2 b .h3 b .h
bhc3 2 + 0 p + 0 p (h − x − hp )2
Icu = + t u (3-21)
12n n 12n n 2
+ Ap (d p − xu ) + I p
2
09/10/2006 Chapitre 3 – Les dalles mixtes 3-27

où xu = ∑ Ai zi / ∑ A est la position du centre de gravité par rapport à la face


i

supérieure de la dalle.

Selon l’Eurocode 4, il est recommandé d’utiliser, pour le coefficient


d’équivalence n, une valeur moyenne entre la valeur du coefficient
d’équivalence relative aux chargements à court terme (n0) et celle relative aux
effets à long terme ( n∞ ) avec influence des effets différés du béton.

n0 + n∞
n= (3.22)
2

La valeur de n0 est facilement obtenue en divisant le module élastique de l’acier


Ea par le module élastique du béton à cours terme Ecm. Cependant, pour le
calcul de n∞ , l’Eurocode 4 ne donne pas d’informations suffisamment claires.
Ce coefficient peut être estimé, de façon approchée, via la formule Ea/Ec avec
Ec égal à Ecm/2 ou Ecm/3.
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-1

4. LES POUTRES MIXTES


_______________________________________________________________

Il existe différentes configurations de poutres mixtes :


- Poutre mixte avec dalle collaborante constituée d'une poutre en acier,
faite d'une section laminée à chaud ou reconstituée par soudage, et
d'une dalle en béton armé (ou éventuellement précontraint) ou d’une
dalle mixte. Cette dalle est solidarisée à la semelle supérieure de la
poutre en acier par des organes de connexion qui assurent l'action
composite.
- Poutre mixte partiellement enrobée également constituée d’une poutre
en acier, faite d’une section laminée à chaud ou reconstituée par
soudage, et de béton armé placé entre les semelles de la poutre en
acier.

Une combinaison de ces deux configurations est également possible. La Figure


4-1 présente des sections transversales « typiques » de poutres mixtes.

Figure 4-1 Sections transversales « typiques » de poutres mixtes

Tout comme les poutres en acier, les poutres mixtes sont l'objet de vérifications
à un double titre :

• aux états limites ultimes (ELU);


• aux états limites de service (ELS).
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-2

4.1. VERIFICATIONS EN SECTION AUX ETATS LIMITES


ULTIMES (E.L.U.)

4.1.1. Types de vérification

Passons en revue les vérifications qu'il convient d'effectuer sous les


combinaisons d'actions aux états limites ultimes. Bien qu'elles soient, en
principe, les mêmes pour un bâtiment en construction mixte que pour un
bâtiment en acier, il importe de distinguer le stade de montage et le stade final
de la construction. Pour le stade de montage, il convient d'incorporer aux
actions les surcharges de chantier appropriées.

Pd

VI VI
II I III III
V IV

VI V V VI

II I III III
couvre - joint d'âme VII

Figure 4-2 Vérification aux ELU

Les vérifications aux E.L.U. portent sur :

• La résistance des sections transversales critiques, définies comme étant


celles où le moment fléchissant passe localement par des valeurs extrêmes
(coupe I-I sur la Figure 4-2, ou section au droit d'une charge concentrée
importante agissant en plus d'une charge répartie), celles où l'effort tranchant
est maximal (coupe II-II sur Figure 4-2) ou encore celles où la résistance
combinée vis-à-vis du moment fléchissant et de l'effort tranchant (interaction)
est susceptible d'être atteinte (coupes III-III sur la Figure 4-2). On doit
également considérer comme sections critiques les sections où l’on observe
un brusque changement des dimensions et/ou des propriétés mécaniques à
l'exception de la modification qui résulterait de la fissuration du béton
(rapport du moment résistant le plus fort au moment résistant le plus faible >
1,2) ;
• La résistance de la connexion au cisaillement longitudinal (coupe IV-IV) et la
résistance au cisaillement longitudinal de la dalle armée transversalement
(coupes V-V et VI-VI) ;
• La résistance au déversement en zone de moments négatifs, avec
déplacement latéral de la semelle inférieure de la section en acier (position
déformée VII) ;
• La résistance de l'âme au cisaillement, avec éventuellement prise en compte
des effets du voilement par cisaillement (dans les zones à effort tranchant
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-3

élevé, à proximité des sections critiques II-II et III-III) et éventuellement la


résistance de l'âme au défoncement local sous l'action d'une charge
concentrée ou d'une réaction (par exemple, au droit d'un appui lorsque l’âme
de la poutre métallique n’y est pas munie de raidisseurs transversaux).

4.1.2. Largeur de dalle collaborante

Dans une poutre mixte, la contrainte normale dans la dalle n'est pas distribuée
uniformément sur la largeur de cette dalle ; elle est plus élevée au droit de la
poutre métallique et diminue au fur et à mesure qu'on s'éloigne de la poutre et
que l'on n'entre pas encore dans la zone d'influence de la poutre voisine. Ce
phénomène est connu sous le nom de traînage de cisaillement (Figure 4-3 -
contraintes CDE).

Contraintes dans la dalle de béton


associées au moment de flexion

Figure 4-3 Traînage de cisaillement

Aussi, afin de pouvoir étudier un plancher mixte comme un ensemble de


poutres en té indépendantes, on introduit le concept de largeur collaborante beff
de la dalle. Cela revient à attribuer à chaque poutre métallique une largeur de
dalle qui contribue à la flexion générale du plancher et telle que la contrainte
normale de flexion calculée par la loi de Navier, appliquée à la section mixte
ainsi définie, fournirait la même contrainte maximale que celle naissant dans la
distribution non uniforme réelle (Figure 4-3 – contraintes GHJK).
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-4

b eff
b e1 b0 be2

b1 b1 b2

Figure 4-4 Largeur collaborante de dalle pour une poutre

La valeur de beff dépend, de manière assez complexe, du rapport de


l'espacement 2 bi à la portée L de la poutre, du type de chargement, du type
d'appuis de la poutre, du type de comportement (élastique ou plastique) et
d'autres facteurs encore. C'est pourquoi, dans le domaine du bâtiment, la
plupart des codes de dimensionnement se contentent de formules sécuritaires
simples. L'Eurocode 4 propose l'expression suivante (Figure 4-4):

beff = b0+be1+be2

où :
- b0 peut être pris égal à 0 pour l’analyse de structures de bâtiments et bi
est alors mesuré par rapport au centre de l’âme.
- bei = min (Le /8 ; bi ) avec Le, en principe, la distance mesurée entre points
d'inflexion consécutifs du diagramme des moments de flexion mais, en
pratique, pris égal à une fraction forfaitaire de la portée de la poutre
étudiée (cf. Figure 4-5).

Dans le cas d'une poutre sur deux appuis, la longueur Le est donc égale à la
porté L de la poutre. Pour des poutres continues, Le représentent la longueur
forfaitaire de la plage des moments positifs déterminée à partir de la Figure 4-5.
On y distingue une largeur collaborante de dalle sous moment de flexion positif,
fondée sur une longueur Le représentant forfaitairement la longueur de la plage
des moments positifs et une largeur collaborante sous moment de flexion
négatif (au voisinage des appuis intermédiaires), fondée sur une longueur Le
représentant forfaitairement la longueur de la plage des moments négatifs.
Notons que, dans ce dernier cas, la largeur collaborante n'est constituée que
des seules armatures longitudinales (comprises dans cette largeur) si l’on
admet que le béton ne résiste nullement à la traction. On notera que les
longueurs de référence Le de deux plages adjacentes se chevauchent
partiellement ; ceci s'explique par le fait que l'on a en pratique à considérer non
pas le diagramme des moments de flexion générés par une mise en charge
unique mais bien des diagrammes enveloppes qui présentent ce même type
d'interférence.
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-5

Figure 4-5 Longueurs Le pour la détermination des


largeurs collaborantes de dalle

Cette largeur collaborante sert à la fois pour la vérification de la résistance des


sections transversales et pour la détermination des propriétés élastiques de ces
sections.

4.1.3. Classification des sections transversales mixtes

Lors de l'analyse globale des poutres mixtes, il importe éventuellement de tenir


compte de la capacité de rotation limitée des sections mixtes. On est donc
amené à définir des classes de section, à l'instar de ce qui se fait en
construction métallique. Toutefois, les poutres mixtes traitées dans le cadre de
ce cours seront uniquement de classe 1, 2 ou 3 :

• Classe 1 : la section est capable de développer le moment de résistance


plastique ( M pl+ .Rd sous flexion positive ou M pl− .Rd sous flexion négative) et
possède une capacité de rotation telle que la formation complète d'un
mécanisme de ruine par rotules plastiques est possible ;
• Classe 2 : la section est capable de développer le moment de résistance
plastique comme en classe 1 mais sa capacité de rotation ne permet pas de
développer complètement le mécanisme de ruine plastique ;
• Classe 3 : en raison d'un phénomène de voilement local élastoplastique dans
une zone comprimée de la section métallique, la valeur du moment de
résistance de la section ne peut atteindre celle du moment de résistance
plastique mais excède celle correspondant à l'atteinte de la limite d'élasticité
dans l'une des fibres extrêmes de la section en acier.

Pour les sections de classe 1 ou 2, l’Eurocode 4 impose des conditions


concernant les barres d’armature :
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-6

• Pour ces classes de section, les barres situées dans la largeur efficace
doivent avoir une ductilité de classe B ou C (par exemple, armatures
S500C) ;
• Pour pouvoir développer le moment plastique, une aire minimale d’armature
AS est imposée dans la largeur efficace de la semelle de béton :

fy fctm
AS ≥ ρS .Ac avec ρS = δ . . . kc
235 fSk

avec :

- δ égal à 1,1 pour les sections de classe 1 et 1,0 pour les sections de
classe 2 ;
- AC l’aire efficace de la semelle en béton ;
- fy la valeur nominale de la limite d’élasticité de l’acier du profilé ;
- fSk la limite caractéristique des armatures ;
- fctm la résistance moyenne en traction du béton ;
1
- kC = + 0,3 ≤ 1 coefficient prenant en compte la distribution des
hC
1+
(2Z0 )
contraintes immédiatement avant la fissuration ;
- hC épaisseur de la semelle de béton (béton se trouvant au-dessus des
nervures dans le cas d’une dalle mixte) ;
- Z0 distance verticale entre le centre de gravité de la semelle de béton
non fissurée et le centre de gravité de la section mixte non fissurée en
utilisant le coefficiant d’équivalence n0 pour les chargements à court
terme.

La classe d’une section mixte sera déterminée par la plus élevée des classes
de ses éléments constitutifs (semelles et/ou âmes) comprimés. La classe de
ces éléments constitutifs sera éventuellement influencée par la présence du
béton dans la section. Dans l’Eurocode 4, des règles sont proposées afin de
tenir comte de cette influence ; ces règles sont décrites ci-après. Un
organigramme schématisant la méthode de classification des sections mixtes
est donné à la Figure 4-6 à la fin de ce paragraphe.

4.1.3.1. Classification des semelles comprimées

Deux situations sont envisagées dans ce paragraphe : soit la semelle


comprimée étudiée est connectée à une dalle en béton, soit elle ne l’est pas.

• Cas où la semelle est connectée à une dalle en béton :

La présence d’une dalle en béton connectée à la semelle comprimée peut


avoir un effet bénéfique sur le comportement de la semelle. En effet, la
présence de cette dalle peut prévenir tout risque de voilement de cette
semelle. Pour que ce soit le cas, les connecteurs doivent présenter un
espacement approprié dans la direction longitudinale de la poutre :
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-7

- espacement inférieur à 22 ε tf pour une dalle pleine ;


- espacement inférieur à 15 ε tf pour une dalle mixte avec nervures
perpendiculaires à la poutre.
Dans ces expressions, tf est l’épaisseur de la semelle considérée et
ε = 235 / fy .

De plus, il y a également une condition supplémentaire sur l’espacement


dans le sens transversal entre le bord de la semelle comprimée et la file de
connecteurs la plus proche : cet espacement ne peut dépasser la valeur de
9 ε t f.
Si les conditions sur les espacements sont respectées, la semelle peut être
considérée de Classe 1.

• Cas où la semelle n’est pas connectée à une dalle en béton :

- La poutre n’est pas partiellement enrobée : dans ce cas, il n’y a pas


d’influence du béton sur le comportement de la semelle et les limites
d’élancement données dans l’Eurocode 3 pour les semelles en acier sont
d’application (cf. cours de construction métallique).
- La poutre est partiellement enrobée : la présence de béton entre les
semelles a un effet favorable substantiel sur la stabilité de la semelle
comprimée, à condition que les recommandations suivantes soient
respectées :
- le béton se trouvant entre les semelles doit être armé par des
armatures longitudinales et des étriers et/ou un treillis ; le rapport
bc/b doit être compris entre 0,8 et 1(cf. Tableau 4-1) ;
- le béton est liaisonné à l’âme de la poutre en acier soit en
soudant les étriers à l’âme, soit au moyen d’armatures passant
par des trous au travers de l’âme (diamètre minimum : 6mm),
soit en soudant des goujons sur l’âme (diamètre ≥ 10mm) ;
- l’espacement selon l’axe de la poutre entre les goujons ou les
armatures traversantes doit être inférieur à 400 mm et la
distance entre la face intérieure des semelles et les rangées de
goujons ou d’armatures traversantes doit être inférieure à 200
mm. Si la section en acier à une hauteur supérieure à 400 mm et
que plusieurs rangées de goujons ou d’armatures traversantes
doivent être placées, un arrangement en quinconce peut être
utilisé.
Si ces conditions sont respectées, les limites de minceur données au
Tableau 4-1 sont alors d’application.
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-8

Distribution des contraintes


(positives en compression)

Classe Type Limite

1 c/t ≤ 9ε
2 Laminée ou soudée c/t ≤ 14ε
3 c/t ≤ 20ε

Tableau 4-1 Classification des semelles en compression pour une poutre


partiellement enrobée (t = tf)

Tableau 4-2 Classification des âmes selon l’Eurocode 3 (pour les poutres non
partiellement enrobées)
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-9

4.1.3.2. Classification des âmes

La classification des âmes peut être influencée par la présence éventuelle de


béton entre les semelles. Pour que cela soit le cas, il faut que les conditions
relatives à la liaison béton – âme et au rapport bc/b énumérées au § 4.1.3.1
soient respectées. Dans ce paragraphe, les deux situations suivantes vont être
envisagées : soit il n’y a pas de béton entre les semelles ou le béton entre les
semelles ne respecte pas les conditions énumérées au § 4.1.3.1 (Î poutre non
partiellement enrobée), soit il y du béton entre les semelles et ce béton
respecte ces conditions (Î poutre partiellement enrobée).

• La poutre n’est pas partiellement enrobée :

Les limites de minceur proposées dans l’Eurocode 3 sont d’application (cf.


Tableau 4-2). Cependant, selon l’Eurocode 4, une section transversale
présentant une âme de Classe 3 et des semelles de Classe 1 ou 2 peut être
traitée comme une section de Classe 2 en définissant une âme dite efficace
en accord avec les règles de l’Eurocode 3 (cf. Cours de construction
métallique).

• La poutre est partiellement enrobée :

Une âme en acier de classe 3 peut être représentée par une âme efficace de
classe 2 de même section.

Notons que la classe d'une section mixte peut se modifier lorsque le moment de
flexion sollicitant change de sens : ainsi, dans une poutre continue non enrobée
de bâtiment, une section de classe 1 en zone de moments positifs peut
couramment devenir de classe 2 ou 3 en zone de moments négatifs. En effet,
sous moment positif, l’âme peut être totalement tendue alors que, sous moment
négatif, elle peut être partiellement ou totalement comprimée selon la position
de l’axe neutre plastique.
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-10

Figure 4-6 Organigramme représentant la classification des sections mixtes

4.1.4. Moments de résistance de calcul des sections de classe


1 ou 2

La résistance au moment fléchissant d'une section de classe 1 ou 2 est


déterminée par le calcul plastique. Compte tenu du caractère dissymétrique
d'une section mixte en té, il importe de distinguer le moment positif de
résistance plastique M pl+ .Rd et le moment négatif de résistance plastique M pl− .Rd .

Pour le calcul des moments résistants, on adopte les hypothèses


simplificatrices suivantes :
• Dans la travée où se situe la section étudiée, on a une connexion et une
interaction complètes ; la connexion complète signifie que, selon le cas, le
profilé métallique, ou la dalle de béton, ou encore l'ensemble des armatures
peut atteindre sa résistance maximale et l’interaction complète, quant-à-elle,
signifie que le glissement entre la dalle en béton et la poutre métallique est
limité. Le cas d'un moment de résistance plastique réduit en raison d'une
connexion partielle est traité plus loin.
• Toutes les fibres de la poutre en acier, y compris celles situées au voisinage
immédiat de l'axe neutre, sont plastifiées en traction et/ou en compression.
Les contraintes sur ces fibres sont donc égales à ± fy / γa.
• La distribution des contraintes sur la hauteur de la zone de béton comprimé
est uniforme et égale à 0,85 fck / γc. Le facteur 0,85 intègre les effets des
charges à long terme sur la valeur de fck.
• La résistance du béton en traction est négligée et est donc prise égale à 0.
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-11

• Les armatures de la dalle et la tôle nervurée sont, lorsqu'elles sont sollicitées


en traction, plastifiées sous la contrainte de calcul fsk / γs et fyp / γap
respectivement.
• La contribution des armatures au moment de résistance de la section est
négligée dans toute partie comprimée de la dalle en béton. En présence
d'une dalle mixte, la tôle profilée de celle-ci est également négligée
lorsqu’elle est comprimée.

Le § 4.1.4.1 et le § 4.1.4.2 fournissent les méthodes de calcul pour la


détermination des moments de résistance plastique pour des sections mixtes
avec dalle collaborante. Les formules présentées ne sont valables que pour des
poutres en acier de nuance inférieure ou égale à S355. Le cas des nuances
supérieures sera le sujet du § 4.1.4.3 dans lequel les règles particulières
associées à l’utilisation de ces nuances seront présentées.

4.1.4.1. Moment positif de résistance plastique

Pour l'établissement des formules présentées ci-après, on considère le cas


général où la dalle est constituée d'une dalle mixte dont l’axe des ondes de la
tôle profilée est perpendiculaire à l'axe longitudinal de la poutre en acier. La
hauteur maximale possible de béton comprimé se réduit alors à l'épaisseur hc
de la partie de la dalle située au-dessus du sommet des ondes de la tôle, la
hauteur des ondes étant désignée par hp. Ces formules restent d’application
dans le cas d'une dalle pleine à condition d'y poser hp = 0. On admet
également, par souci de simplicité, que la section en acier est doublement
symétrique ; le principe des calculs reste le même si cette condition n’est pas
respectée mais les formules nécessitent bien sûr quelques adaptations non
reprises ici.

L'expression de la valeur de calcul du moment positif de résistance plastique


M pl+ .Rd dépend de la position de l'axe neutre plastique ; dès lors, on distingue
trois cas, examinés successivement ci-après.

Cas 1 - Axe neutre de flexion plastique situé dans la dalle en béton

Désignons respectivement par Fa et Fc les résistances axiales plastiques (dans


la direction de la poutre) de la poutre en acier (en traction) et de la dalle en
béton (en compression), à savoir :

Fa= Aa fy / γa (4-1)

Fc= hc b+eff (0,85 fck/γc) (4-2)


+
où Aa est l'aire de la section de la poutre en acier et beff la largeur efficace de la
dalle en flexion positive. L’axe neutre de flexion plastique se trouve localisé
dans l'épaisseur hc du béton de la dalle si Fc > Fa puisqu'il détermine l'équilibre
de translation de la section mixte.
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-12

(compression)
+ 0,85 f γ
b
eff ck / c

hc A.N.P. z F
c1
hp

ha / 2
ha Fa

ha / 2

f y / γa

(traction)

Figure 4-7 Distribution plastique des contraintes normales :


cas de l'axe neutre plastique dans la dalle (flexion positive)

La cote z de l'axe neutre plastique (A.N.P.) définie par rapport à la face


supérieure de la dalle (Figure 4-7), est donnée par :

z = Fa / ( b+eff.0,85 fck / γc ) ≤ hc (4-3)

Calculant le moment résistant par rapport au point d'application de la résultante


de compression, on obtient le moment résistant de calcul :

M pl+ .Rd = Fa (0,5 ha + hc+hp-0,5 z)

Cas 2 - Axe neutre de flexion plastique situé dans la semelle de la poutre


en acier

tf
bf

Figure 4-8 Distribution plastique des contraintes normales :


cas de l'axe neutre plastique dans la semelle (flexion positive)

L'axe neutre de flexion plastique se trouve localisé dans la section en acier si Fc


< Fa . La cote z de l'axe neutre plastique est donc supérieure à l'épaisseur
totale de la dalle (hc+hp). Pour que l'axe neutre plastique se situe dans la
semelle d'épaisseur tf et de largeur bf , il faut en plus que :
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-13

Fa1 ≤ bf t f f y / γ a (4-4)

ou encore :

Fa − Fc ≤ 2 bf t f f y / γ a (4-5)

En effet, on ne change rien, du point de vue statique, en ajoutant aux efforts de


la Figure 4-8 deux résultantes Fa1 égales mais opposées, appliquées au centre
de gravité de la partie comprimée de la semelle ; l'équilibre de translation
conduit alors à :

Fc + 2 Fa1 − ( Fa 2 + Fa1 ) = 0

Remarquant que Fa = Fa1 + Fa 2 , on en déduit :

Fa1 = 0 ,5( Fa − Fc )

La cote z se calcule aisément en remarquant que la hauteur de semelle


comprimée est [z – (hc + hp)], de sorte que Fa1 = bf ( z − hc − hp )fy / γ a , d'où :

Fa = Fc +2 bf (z-hc-hp).fy / γa (4-6)

Calculant le moment résistant par rapport au centre de gravité du béton, on


trouve le moment résistant de calcul :

M pl+ .Rd = Fa (0,5ha + 0,5hc + h p ) − 0,5(Fa − Fc )( z + h p ) (4-7)

Cas 3 - Axe neutre de flexion plastique situé dans l'âme de la poutre en


acier

L'axe neutre de flexion plastique se trouve localisé dans la hauteur de l'âme de


la poutre en acier si, simultanément :

Fc < Fa et Fa - Fc > 2 bf tf fy / γa (4-8)


04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-14

tw

Figure 4-9 Distribution plastique des contraintes normales :


cas de l'axe neutre plastique dans l'âme (flexion positive)

Supposons pour simplifier, que l'axe neutre plastique se situe en dehors du


congé âme-semelle si on est en présence d'un profilé laminé. L'effort de traction
Fa1 se trouve être équilibré par une contribution similaire de traction disposée
symétriquement par rapport au centre de gravité de la section en acier. Il
subsiste donc une zone d'âme de hauteur 2 zw , d'épaisseur tw et soumise à la
contrainte de calcul fy / γ a pour équilibrer l'effort Fc. On a dès lors:

zw = Fc / (2 tw fy / γa) (4-9)

Le moment résistant de calcul, calculé par rapport au centre de gravité de la


poutre en acier, s’écrit :

M pl+ .Rd = M apl .Rd + Fc (0,5ha + 0,5hc + h p ) − 0,5Fc zw (4-10)

L’intérêt de cette expression est de faire intervenir le moment de résistance


plastique du profilé Mapl.Rd , dont la valeur peut être tirée de tableaux des
produits sidérurgiques lorsqu'un profilé laminé est utilisé.

4.1.4.2. Moment négatif de résistance plastique

Une section mixte résiste principalement à un moment de flexion négatif via


l'intervention de la poutre en acier d'une part et des barres d'armature
_
comprises à l'intérieur de la largeur collaborante beff de dalle (sur appui
intermédiaire), d'autre part, sous réserve que ces barres soient correctement
ancrées ; rappelons par ailleurs que ces barres doivent être à ductilité élevée
sous peine d’hypothéquer la valeur du moment de résistance plastique (ductilité
de classe B ou C – cf. § 4.1.3). En effet, dans une configuration normale de
section mixte, la dalle en béton est fissurée sur toute son épaisseur et l'axe
neutre plastique traverse la section de la poutre en acier. Deux cas sont
envisagés selon que l'axe neutre plastique se situe dans la semelle ou dans
l'âme de la poutre. Introduisons les symboles suivants :

As : aire totale des armatures comprises dans la largeur b-eff ;


04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-15

hs : position de la nappe d'armatures par rapport à la face supérieure de la


semelle de la poutre en acier (dans le cas d'une double nappe
d'armatures, on adopte pour hs la cote du centre de gravité des deux
nappes).

Cas 1 - Axe neutre de flexion plastique situé dans la semelle de la poutre


en acier

La résistance plastique Fs des barres d'armature vaut :

Fs = As fsk / γs (4-11)

L’axe neutre de flexion plastique est situé dans la semelle en acier lorsque,
simultanément :

Fa > Fs et Fa - Fs ≤ 2 bf tf fy / γa (4-12)

hs
tf
f

bf

Figure 4-10 Distribution plastique des contraintes normales :


cas de l'axe neutre plastique dans la semelle (flexion négative)

En raisonnant comme au cas 2 de flexion positive, l'épaisseur zf de la partie


tendue de la semelle de la poutre en acier est donnée par la condition
d'équilibre (Figure 4-10) :

Fa = Fs + 2 bf zf fy / γa (4-13)

et le moment résistant de calcul, calculé par rapport au centre de gravité de la


nappe d'armatures, vaut :

M pl− .Rd = Fa ( 0 ,5 ha + hs ) − ( Fa − Fs )( 0 ,5 zf + hs ) (4-14)

Cas 2 - Axe neutre de flexion plastique situé dans l'âme de la poutre en


acier

L’axe neutre de flexion plastique de la section mixte est situé dans l’âme de la
poutre en acier lorsque, simultanément :
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-16

Fa > Fs et Fa - Fs > 2 bf tf fy / γa (4-15)


traction
b f / γs
eff sk

hc F
s
hp
Fa
A.N.P.
zw
ha
tw Fa
ha /2

f y / γa f y / γa

Figure 4-11 Distribution plastique des contraintes normales :


cas de l'axe neutre plastique dans l'âme (flexion négative)

En raisonnant comme au cas 3 de flexion positive, la hauteur d'âme en


compression zw située au-dessus du centre de gravité de la poutre en acier est
donnée par (Figure 4-11) :

zw = Fs / (2 tw fy / γa) (4-16)

et le moment résistant de calcul, déterminé par rapport au centre de gravité de


la poutre en acier, vaut :

M pl− .Rd = M apl .Rd + Fs ( 0 ,5 ha + hs ) − 0 ,5 Fs zw (4-17)

4.1.4.3. Poutre mixte avec poutre en acier de nuance S420 ou S460

Sous moment positif, lorsque le béton de la dalle est comprimé, l’utilisation de


nuance S420 et S460 impose une position de l’axe neutre plastique plus basse
par rapport à la position que ce dernier aurait si des nuances d’acier plus faibles
étaient utilisées. Cela a pour conséquence que, pour former une rotule
plastique, la demande de déformation dans les fibres supérieures du béton est
beaucoup plus grande. Ce phénomène peut conduire à une ruine du béton par
déformation excessive avant d’atteindre la valeur du moment plastique de la
section.

C’est pour cette raison que, suivant la position de l’axe neutre plastique par
rapport à la fibre comprimée extrême du béton, un coefficient de réduction β
(Figure 4-12) est imposé à la valeur de moment plastique déterminé
conformément aux règles de calcul présentées précédemment.

Ce coefficient réducteur n’est à appliquer que si la distance entre l’axe neutre


plastique et la fibre comprimée extrême du béton xpl est supérieur à 15 % de la
hauteur totale de la section mixte h. Si la distance xpl est supérieur à 40 % de h,
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-17

le moment résistant n’est plus calculé en fonction du moment plastique ; le


moment résistant sera alors égal au moment élastique de la section considérée.

Figure 4-12 Coefficient réducteur β à appliquer à Mpl,Rd

4.1.5. Moment de résistance des sections de classe 3

Pour cette classe de section, il n’est plus possible de développer le moment


plastique.

Cependant, pour les sections mixtes ayant les semelles de classe 1 ou 2 et


l’âme de classe 3 (la secton mixte est donc de classe 3), il est permit par
l’Eurocode 4 de considérer une section mixte de classe 2 équivalente en
remplaçant l’âme de classe 3 par une âme équivalente de classe 2. Il est donc
permit, dans ce cas, de considérer que le moment résistant est égal au moment
de résistance plastique de la section réduite.

Dans les autres cas, le moment résistant sera pris égal au moment de
résistance élastique. Dans cette hypothèse, l’histoire de chargement pour les
vérifications doit être prise en compte : les contraintes associées au
chargement appliqué en phase de construction doivent être ajoutées aux
contraintes associées au chargement appliqué en phase mixte. L’histoire de
chargement sera également influencée par le fait que la structure soit étayée en
phase de construction ou non.

Seules ces quelques généralités seront abordées dans le cadre de ce cours car
les sections mixtes de classe 3 sont peu utilisées dans le domaine des
bâtiments mixte. Très peu d’informations sont d’ailleurs données dans la partie
de l’Eurocode 4 dédicacée aux bâtiments.

Toutefois, cette classe (et même une classe 4) peut être rencontrée dans le
domaine des ponts mixtes. Il convient dans ce cas de se reporter à la partie de
l’Eurocode 4 réservée au domaine des ouvrages d’art.
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-18

4.1.6. Résistance des sections à l’effort tranchant - Interaction


avec le moment résistant

Pour les poutres mixtes, il n'existe actuellement pas de modèle mécanique


simple pour exprimer qu'une partie du cisaillement vertical est repris par la
dalle. Cette contribution est cependant sensible à certaines dispositions des
connecteurs et à la fissuration de la dalle au passage d'un appui intermédiaire
dans une poutre continue. C'est pourquoi, en pratique, on suppose que la dalle
en béton ne participe pas à la résistance à l’effort tranchant et que seule la
poutre en acier ou partiellement enrobée reprend cet effort.

4.1.6.1. Poutre non enrobée

Dans ce cas, seule l’âme de la poutre en acier contribue à la reprise de l’effort


tranchant. La condition à satisfaire pour reprendre l'effort tranchant VEd, dans
une section essentiellement sollicitée à l’effort tranchant, est donc :

VEd ≤ Vpl.Rd

La résistance plastique Vpl.Rd est donnée par Av ( fy / 3 )/γa où Av est l'aire de


cisaillement de la poutre métallique seule. Pour une poutre en I ou en H
reconstituée soudée, Av est strictement l'aire de l'âme ; pour un profilé en I ou
en H laminé, une partie des contraintes de cisaillement est transmise par les
semelles au voisinage immédiat des congés âme-semelle, si bien que l'on peut
adopter pour Av l'expression suivante : Av=Aa- 2 bf tf + (tw+2 r) tf où r est le rayon
des congés (cf. cours de construction métallique).

Cette vérification simple n'est toutefois valable que si l'âme reste stable vis-à-
vis du voilement par cisaillement du panneau d'âme adjacent à la section
vérifiée. Cela est le cas si :

ε
• hw / tw ≤ 72pour une âme non raidie et non enrobée, avec hw la distance
η
entre les deux faces intérieures des semelles, tw l’épaisseur de l’âme,
ε = 235 fy et η un coefficient pris égal à 1,2 ou 1,0 suivant que la nuance
d’acier est inférieure ou non à 460 N/mm² ;
31
• hw / tw ≤ ε kτ pour une âme raidie transversalement et non enrobée avec
η
kτ , le coefficient de voilement, égal à :
kτ = 5,34 + 4,00(hw / a )2 + kτ st si a / hw ≥ 1 (4-18)

kτ = 4,00 + 5,34(hw / a )2 + kτ st si a / hw < 1 (4-19)

hw 2 I 2,1 Isl
avec kτ st = 9( ) 4 ( 3sl )3 ≥ 3 (4-20)
a tw hw t hw
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-19

où a représente la distance entre les raidisseurs et Isl le moment d’inertie des


raidisseurs transversaux par rapport à l’axe vertical du raidisseur. Le rapport
a/hw est le rapport d’aspect du panneau. Le terme kτ st relatif aux raidisseurs
longitudinaux sera rarement d’application, ce type de raidisseurs étant
rarement utilisé dans le domaine des bâtiments.

Si ces conditions sur la minceur d’âme ne sont pas satisfaites, il faut substituer
la résistance ultime Vb.Rd au voilement par cisaillement à la résistance plastique
Vpl.Rd. Cette situation, assez fréquente dans les ponts mixtes, l'est moins dans
le domaine des bâtiments. La vérification consiste alors à contrôler que :

VEd ≤ Vb.Rd (4-21)

On se reportera à l'Eurocode 3 pour la détermination de Vb.Rd .

4.1.6.2. Poutre partiellement enrobée

Pour le cas des poutres partiellement enrobées, la contribution du béton peut


être prise en compte dans le calcul de l’effort tranchant résistant à condition que
les étriers soient correctement liaisonnés à l’âme de la poutre en acier. Cette
condition est nécessaire pour assurer une bonne collaboration et une bonne
répartition des efforts entre le béton et l’acier.

Si tel est le cas, la distribution de l’effort tranchant en deux parties Va,Ed et Vc,Ed,
agissant respectivement sur la section acier et sur la section béton, peut se
faire dans le même rapport que celui relatif à la contribution de la section acier
et de la section béton dans la détermination du moment résistant Mpl,Rd. Ces
efforts sollicitants devront ensuite être comparés respectivement à la résistance
du profilé acier Vpl,a,Rd et de la partie béton Vpl,c,Rd.

4.1.6.3. Interaction M – V

Dans le cas de poutres mixtes continues, les sections transversales sont


sollicitées à la fois par un effort tranchant VEd et un moment fléchissant MEd.
L'expérience montre qu'il n'y a pas de réduction sensible du moment résistant
MRd tant que l'effort tranchant sollicitant de calcul VEd ne dépasse pas 0,5 VRd.
Lorsque cette condition n'est plus satisfaite, il y a lieu de tenir compte d'un
critère d'interaction qui dépend du mode de résistance à l'effort tranchant. Soit
VRd la résistance de l'âme (résistance plastique avec éventuellement prise en
compte du phénomène de voilement par cisaillement), le critère est représenté
par la courbe de la Figure 4-13. Le segment de droite BC correspond à la
résistance VEd = VRd et la courbe AB est une parabole d'équation :

⎡ 2.V ⎤
MV .Rd = Mf .Rd + (M pl ,Rd − Mf .Rd ). ⎢1 − ( Ed − 1)² ⎥ (4-22)
⎣ VRd ⎦
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-20

VEd

VRd

VRd/2

Mpl Rd MEd
Mf Rd

Figure 4-13 Influence de l'effort tranchant sur la résistance en flexion

Dans cette équation, Mf .Rd est le moment résistant plastique de la section mixte
réduite à ses seules membrures (à savoir les semelles de la poutre en acier et
la dalle).

Remarque : Le critère donné dans l’Eurocode 4 pour les sections mixtes de


classe 1 ou 2 consiste à tenir compte de l’influence de l’effort
tranchant sur la valeur du moment résistant en calculant le
moment de résistance d’une poutre dont l'âme aurait une valeur
réduite de la limite d'élasticité fyréd (Figure 4-14) :

= (1 − ρ ).fy / γ a
réd
fy (4-23)

Avec
2.VEd
− ρ =( − 1)² (si la section est une section mixte partiellement
VRd
enrobée, le terme VEd/Vpl,Rd de cette expression doit être
remplacé par Va,Ed/Vpl,a,Rd) ;
− VRd = min(Vpl,Rd ; Vb,Rd).

Figure 4-14 Distribution plastique des contraintes avec prise en compte


de l’interaction M – V

Il peut être facilement démontré que ce critère est identique au


critère énoncé précédemment via la formule 4-22.
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-21

Dans le cas d’une section de classe 3, le critère d’interaction reste le même


mais l’entièreté de la courbe ne peut être exploitée. En effet, pour ce type de
section, le moment plastique ne peut être développé et le graphe sera par
conséquent limité aux valeurs de moment inférieures ou égales au moment
résistant MRd de la section (cf. Figure 4-15).

VEd

VRd

VRd/2

Mpl Rd MEd
MRd

Figure 4-15 Influence de l'effort tranchant sur la résistance en flexion

Dans le cas de poutres mixtes continues, le risque d’interaction effort tranchant


– moment apparaîtra principalement au niveau des appuis intermédiaires, c’est-
à-dire sous moment négatif. Dans ce cas, le calcul de Mf .Rd fera intervenir les
propriétés des semelles de la poutre en acier et des armatures de la dalle.

4.2. ANALYSE GLOBALE DES POUTRES MIXTES

Pour pouvoir effectuer les vérifications de la résistance en section d'une poutre


mixte, il faut disposer de la distribution des moments fléchissants de calcul MEd
et des efforts tranchants de calcul VEd pour les différentes combinaisons
d'actions à considérer aux états limites ultimes.

L'analyse élasto-plastique d'une poutre continue, qui permet de prendre en


compte les imperfections locales et globales, le caractère réparti des zones
fissurées et des zones plastiques, le glissement (et éventuellement le
soulèvement de la dalle) à l'interface dalle-poutre métallique et la rotation
apportée par le voilement local au voisinage des appuis intermédiaires, ne peut
raisonnablement être mise en œuvre que par voie numérique.

En pratique, seuls deux types d'analyse sont donc envisageables :

• L'analyse rigide-plastique, basée sur le concept de rotule plastique, permet


de déterminer le mécanisme de ruine de la poutre associé à un chargement
ultime ; celui-ci correspond à l'amplification des charges de calcul constituant
la combinaison de charges considérée par un multiplicateur, dit multiplicateur
plastique de ruine. Le théorème cinématique ou statique ou encore le
théorème combiné de l'analyse limite peuvent être appliqués.
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-22

• L'analyse élastique, basée sur la théorie élastique classique des poutres, est
utilisable sous réserve d'homogénéiser les sections par le biais des
coefficients d'équivalence acier-béton ncourt_terme et nlong_terme selon la durée
d'application des actions ou éventuellement d'un coefficient d’équivalence
unique nmoy. En fait, compte tenu de l'importance de la perte de rigidité due à
la fissuration du béton dans les zones de moments négatifs d’une poutre
mixte, on est amené à distinguer l’analyse élastique non fissurée et l’analyse
élastique fissurée.

4.2.1. Analyse rigide-plastique

Pour pouvoir effectuer une analyse rigide-plastique, les sections critiques (c’est-
à-dire celles où sont susceptibles d'apparaître des rotules plastiques) doivent
être capables non seulement de développer mais encore de maintenir leur
moment résistant plastique jusqu'à ce que, sous chargement monotone
croissant, un mécanisme de ruine plastique apparaisse. Ce mécanisme traduit
une redistribution, entre sections, des moments fléchissants qui s'effectue
progressivement au fur et à mesure de l'apparition des rotules plastiques
successives. Les sections critiques doivent donc avoir une capacité de rotation
suffisante.

Dans l'Eurocode 4, il n'existe pas encore de méthode simple permettant de


prévoir les rotations exigées dans les sections critiques. Dès lors, on y définit
des conditions d'application de l'analyse rigide-plastique en se basant sur les
résultats, d’une part, d'essais expérimentaux sur poutres et, d’autre part, de
simulations numériques. Ces conditions sont les suivantes :

• La nuance des éléments structuraux en acier ne dépasse pas S355 et l’acier


utilisé respecte certains critères de ductilité en accord avec l’Eurocode 3.
• Les assemblages poutre-colonne possèdent une capacité de rotation
suffisante, ou le moment résistant de ces derniers est au moins égal à 1,2
fois le moment plastique résistant de la poutre connectée.
• Les sections où se forment les rotules plastiques sont de classe 1 et toutes
les autres sections de la poutre sont au moins de classe 2.
• Deux travées adjacentes d’une poutre mixte continue ne diffèrent pas en
longueur de plus de 50% de la plus courte d'entre elles et la longueur d'une
travée de rive ne dépasse pas de plus de 15% celle de la travée adjacente
(Figure 4-16).
• Tout risque de déversement de la poutre est exclu par des dispositions
constructives appropriées.
• Si, dans une travée donnée, plus de la moitié de la charge totale de cette
travée est concentrée sur une longueur inférieure ou égale au cinquième de
la travée, la distance de l'axe neutre à la face supérieure de la dalle ne
dépasse pas 15% de la hauteur totale de la section mixte où une rotule
plastique est supposée se former sous moment positif (une ruine prématurée
par écrasement du béton est ainsi évitée en section).
• Un maintien latéral efficace est assuré à chaque emplacement de rotule
plastique.
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-23

L 2 - L 1 < 0,50 L 1 L 1 < 1,15 L 2

L 1< L 2 L2 L1 L2

Figure 4-16 Conditions sur les longueurs de travée


pour une analyse rigide-plastique

Enfin, pour pouvoir réaliser une analyse rigide-plastique, la section de l’élément


en acier de la section mixte doit être symétrique par rapport à un plan parallèle
au plan de l’âme ou des âmes.

4.2.2. Analyse élastique

L'analyse élastique présente l'avantage d'être applicable à toute poutre


continue quelle que soit la classe des sections. Le problème se pose cependant
de la prise en compte de la perte de rigidité due à la fissuration du béton dans
les zones de moments négatifs. L’effet de la fissuration sur la redistribution des
moments intervient avant l'atteinte de l'état limite de service et il est plus
important pour une poutre mixte que pour une poutre en béton armé (en effet,
dans cette dernière, il y a aussi fissuration dans les zones de moments positifs
de sorte que les rapports de raideurs sont moins affectés). Entre l'état limite de
service et l'état limite ultime de la poutre, la plastification plus ou moins
complète des sections transversales critiques, compliquée éventuellement du
phénomène de voilement local, contribue à la redistribution des moments.

Deux variantes d'analyse élastique sont autorisées par l'Eurocode 4 ; elles sont
illustrées à la Figure 4-17.

• L'analyse globale élastique non fissurée est effectuée avec une inertie
flexionnelle constante par travée ; cette inertie est calculée en supposant que
le béton tendu n'est pas fissuré, en homogénéisant la section par rapport à
l'acier et en adoptant pour la largeur efficace b+eff la valeur obtenue à mi-
travée.

• L'analyse globale élastique fissurée est effectuée en adoptant une inertie


flexionnelle de la section fissurée sur une distance égale à 15% de chacune
des travées situées de part et d'autre de tout appui intermédiaire (I3 dans la
Figure 4-17), et en conservant l’inertie flexionnelle de la section non fissurée
en dehors de ces zones (I1 ou I2 dans la Figure 4-17). Cette méthode
d’analyse n’est applicable que lorsque le rapport de longueur de deux
portées adjacentes de la poutre continue considérée (courte/longue) est au
moins égal à 0,6. L'inertie I3 est calculée en négligeant le béton tendu, mais
en considérant les armatures situées dans la largeur collaborante de la dalle
b_eff déterminée sur appui. L'hypothèse d'une proportion fixée a priori de la
longueur fissurée simplifie grandement l'analyse puisqu'elle permet d'éviter
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-24

un processus itératif de détermination de cette longueur ; elle procure une


précision suffisante des résultats.

Pd Pd

0,15 L 1 0,15 L 2
x
L1 L2 L1 L2

EaI1 E a I 1 EE
aaII11 EaI 2 EaaI2I 1
EaI2 Ea I3

a) Méthode " non fissurée " a) Méthode " fissurée "

Figure 4-17 Méthodes d'analyse globale élastique

Il est pour ainsi dire impossible de déterminer précisément par le calcul la


redistribution des moments à appliquer au terme d’une analyse élastique. Cette
redistribution consiste à réduire les moments de flexion sollicitants dans les
sections où le rapport entre moment sollicitant et moment résistant est le plus
élevé (en général, dans le domaine du bâtiment pour lequel on a des poutres
prismatiques, ces sections sont situées aux appuis intermédiaires) et à
augmenter par ailleurs les moments de flexion sollicitants de signe opposé. Elle
doit être opérée de manière à ce que l'équilibre reste respecté.

Pour autant que les conditions suivantes soient respectées, les valeurs de
redistribution du Tableau 4-3 peuvent être utilisées :
• la poutre continue considérée fait partie d’un portique qui résiste aux efforts
horizontaux à l’aide de contreventements ;
• la poutre est connectée aux colonnes via des assemblages rigides et
pleinement résistants ou via un tel assemblage d’un coté et via une rotule de
l’autre ;
• la poutre sur chaque portée a une hauteur uniforme ;
• si la poutre est partiellement enrobée, la contribution des armatures en
compressions dans le calcul des moments résistants est négligée et
• le risque de ruine par déversement est négligeable.

Classe de la section (flexion négative) 1 2 3 4

Analyse élastique non fissurée 40 % 30 % 20 % 10 %

Analyse élastique fissurée 25 % 15 % 10 % 0%

Tableau 4-3 Redistribution maximale (en %) du moment sur appui

La différence des valeurs de redistribution respectivement autorisées dans les


deux variantes d'analyse élastique pour une même classe de la section sur
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-25

appui est de 10 à 15%. Elle correspond à la part qui est due à la fissuration et
elle est évaluée de manière sécuritaire en regard de l'influence de paramètres
tels que le mode de coulage du béton, l'action de la température et du retrait, la
rigidité en traction de la dalle entre les fissures, la proportion de l'acier et du
béton en section, la proportion des charges permanentes et des charges
variables... Le pourcentage de réduction autorisé en analyse élastique fissurée
correspond à la possibilité d'atteindre le moment résistant avec une certaine
ductilité ; cette ductilité dépend de la classe de section et elle est évidemment
nulle pour une section de classe 4.

Le tableau présenté ci-dessus est uniquement valable pour des aciers de


nuance S355 ou inférieure. Si de l’acier avec une nuance supérieure est utilisé,
une redistribution des moments est uniquement possible pour les sections de
classe 1 ou 2. De plus, la redistribution ne peut dépasser 30% pour une analyse
non fissurée et 15% pour une analyse fissurée, sauf s’il est démontré que la
capacité de rotation des sections permet une plus grande valeur.

4.3. RESISTANCE AU DEVERSEMENT DES POUTRES


MIXTES CONTINUES

Dans une poutre mixte avec dalle collaborante, il est normalement admis que la
semelle supérieure du profilé métallique est maintenue vis-à-vis du risque de
déversement en raison de sa connexion avec la dalle. Ceci implique néanmoins
que cette connexion soit réalisée correctement et que notamment la distance
entre les deux rives de la dalle soit au moins supérieure à la hauteur du profilé.

Il en va différemment en phase de construction où, avant le durcissement du


béton, le déversement doit être contrôlé pour la poutre en acier seule.

Pour la vérification de la partie en acier de la section mixte d’une poutre,


l’Eurocode 4 permet d’utiliser les règles de vérification au déversement
proposée dans l’Eurocode 3 (cf. Cours de construction métallique) en utilisant
les efforts sollicitants déterminés sur la section mixte. Si la poutre est connectée
à une dalle mixte ou en béton, les restreintes latérales apportées par la
connexion « dalle – poutre » doivent être prises en compte dans le calcul.

L’Eurocode 4 propose également une méthode simplifiée pour la vérification au


déversement à condition que les sections soient de classe 1, 2 ou 3 et
possèdent une section en acier uniforme. Cette méthode ne sera pas détaillée
dans le cadre de ce cours ; nous renvoyons le calculateur à l’Eurocode 4 pour
plus de détails.
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-26

4.4. VERIFICATION DE LA CONNEXION ET


ARMATURES TRANSVERSALES

4.4.1. Généralités

Les organes de connexion, appelés connecteurs, et les armatures


transversales associées sont répartis le long de l'interface acier-béton d'une
poutre mixte. Ils doivent être capables de transmettre l’effort de cisaillement
longitudinal (effort rasant) entre la dalle et la poutre métallique, en l'absence de
toute contribution éventuelle de l'adhérence acier-béton.

Dans le domaine des bâtiments, leur vérification s'effectue exclusivement aux


états limites ultimes à l'exception toutefois du cas, très particulier, d'une
connexion par boulons HR à serrage contrôlé pour laquelle une vérification aux
états limites de service (ELS) peut s'avérer utile pour prévenir tout risque de
glissement en service.

Par ailleurs, on est dispensé d'effectuer une vérification du soulèvement de la


dalle lorsque des connecteurs de type « goujon » sont utilisés, que ceux-ci ne
sont pas soumis à une traction directe et qu'en outre, ils présentent une
résistance en traction (exercée perpendiculairement à l'interface acier-béton )
au moins égale à 10 % de leur résistance au cisaillement ; les goujons soudés
à tête sont réputés satisfaire pleinement cette seconde condition.

Parmi les connecteurs, on distingue les connecteurs ductiles et les connecteurs


non ductiles. Un connecteur est dit ductile lorsqu'il présente une capacité de
déformation suffisante en glissement pour justifier l'hypothèse simplificatrice
d'un comportement parfaitement plastique de la connexion en cisaillement. Si
l'on fait référence à la courbe effort de cisaillement-glissement (Figure 4-18)
d'un connecteur donné, relevé lors d'un essai sur éprouvette, dit essai "push-
out", la définition précédente implique que la courbe présente une allure de type
élastique-plastique avec un plateau de plasticité correspondant à la résistance
caractéristique PRk du connecteur et une capacité ultime de glissement su
importante. L'Eurocode 4 considère qu'une valeur de su supérieure ou égale à 6
mm permet de qualifier le connecteur de ductile, sous réserve d'avoir un degré
de connexion suffisant en fonction de la portée des travées de la poutre (voir
plus loin, à propos de la connexion partielle).
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-27

P
P ( cisaillement )
P
Rk

P
Rk

glissement

su s s

a) Connecteur ductile b) Connecteur non ductile

Figure 4-18 Classification des connecteurs

L'expérience montre que l'exigence su ≥ 6mm est remplie par les goujons
soudés à tête dont le diamètre est compris entre 16 et 25 mm si, une fois
soudés, ils présentent une hauteur totale au moins égale à quatre fois leur
diamètre. Ceci vaut pour une dalle pleine en béton. Une dalle mixte avec tôle
mince profilée présente normalement une capacité de glissement bien
supérieure de l'ordre de 10 à 15 mm, pour autant toutefois que les goujons
débordent suffisamment des crêtes d'ondes de la tôle profilée.

D'autres connecteurs sont considérés comme ductiles : les boulons HR, les
cornières soudées à aile élancée et les cornières formées à froid et clouées au
pistolet. Par contre, des connecteurs de type « butée » doivent être classés
comme non ductiles, leur seule capacité de déformation résultant de la
déformation du béton comprimé au contact immédiat de la butée.

4.4.2. Résistance de calcul des connecteurs courants

4.4.2.1. Goujons à têtes soudés en présence d'une dalle pleine en béton

Dans le cas d'une dalle pleine en béton, la résistance de calcul d'un goujon à
tête soudé présentant en pied un bourrelet de soudure normal est donnée par :

PRd = min(PRd
(1) (2)
, PRd ) (4-24)
(1)
PRd = 0,8.fu .(π .d ² / 4) / γ v (4-25)

(2)
PRd = 0,29.α .d ². fck Ecm / γ v (4-26)
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-28

Figure 4-19 Goujon soudé

(1) (2)
PRd et PRd caractérisent respectivement les charges de ruine par cisaillement
du goujon et par écrasement local du béton au contact du goujon, avec :

d : diamètre de la tige du goujon (16 mm ≤ d ≤ 25 mm) ;


hsc : hauteur hors-tout du goujon ;
fu : résistance ultime en traction de l'acier du goujon (fu ≤ 500N/mm²) ;
fck : résistance caractéristique du béton sur cylindre à l'âge considéré
(densité ≥ 1750 kg/m³) ;
Ecm : valeur du module d'élasticité sécant du béton (court terme);
α : facteur correctif pris égal à :
1 pour hsc/d > 4 ;
0,2 [(hsc/d)+1] pour 3 ≤ hsc/d ≤ 4 ;
γv = 1,25 : facteur partiel de sécurité pour les connecteurs.

Ces formules ne sont valables que si l’effort de traction dans les goujons reste
inférieur ou égal à 0,1 PRd.

4.4.2.2. Goujons à tête soudés en présence d'une dalle mixte

En présence d'une dalle mixte, dont les nervures de la tôle profilée de la dalle
sont disposées perpendiculairement à l'axe de la poutre en acier (Figure 4-20),
(1 ) (2 )
les formules précédentes donnant les résistances PRd et PRd restent
d'application à condition de ne pas prendre fu plus grand que 450 N/mm² et de
les multiplier par un coefficient de pénalisation kt donné empiriquement par :

0,7 b0 ⎛ hsc ⎞
kt = ⎜⎜ − 1⎟ ≤ kt ,max (4-27)
nr hp ⎟
⎝ hp ⎠

L'utilisation pratique de ce facteur appelle toutefois quelques remarques.


04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-29

Figure 4-20 Goujon soudé avec dalle mixte (tôle perpendiculaire à l’axe de la
poutre)
nr désigne le nombre de goujons dans une nervure au droit de l'intersection
avec la semelle supérieure de la poutre en acier ; la valeur de nr à introduire
dans la formule de kt est limitée à 2 même si on place plus de deux goujons par
nervure.

Comme indiqué dans la formule 4-27, le facteur kt ne peut pas être supérieur au
valeur kt,max proposée au Tableau 4.4.

Tableau 4.4 Limite supérieur kt,max pour le coefficient réducteur kt

La formule proposée pour le calcul de kt ainsi que les valeurs limites proposées
au tableau précédent ne sont valables que si les conditions suivantes sont
respéctées :
• Les goujons sont placés dans des ondes ayant une hauteur hp inférieure ou
égale à 85 mm et une largeur moyenne b0 plus grande ou égale à hp ;
• Si les goujon sont soudés au travers de la tôle, le diamètre de ceux-ci ne
peut pas être supérieur à 20 mm ;
• Si une tôle préforée est utilisée, le diamètre des goujons ne doit pas
dépasser 22 mm.

Dans le cas de nervures disposées parallèlement à l'axe de la poutre en acier


(cas d'une poutre de rive de plancher, par exemple), le coefficient de réduction
kl est donné par l'expression:
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-30

b0 ⎛h ⎞
kl = 0,6 ⎜⎜ sc − 1⎟⎟ ≤ 1 (4-28)
hp ⎝ hp ⎠

Figure 4-21 Goujon soudé avec dalle mixte (tôle parallèle à l’axe de la poutre)

Si les goujons sont supposés assurer la connexion entre tôle – béton pour la
dalle et poutre – dalle pour la poutre, l’interaction des forces agissant sur les
goujons doit être prise en compte. Pour vérifier des goujons soumis à une telle
sollicitation, la formule suivante est proposée :

Fl 2 Ft 2
+ ≤1 (4-29)
Pl ,2Rd Pt 2,Rd

avec :
- Fl la force sollicitante de dimensionnement associée à la connexion poutre –
dalle ( ≡ VlF – cf. § 4.4.3) ;
- Ft la force sollicitante de dimensionnement associée à la connexion tôle –
béton ( ≡ Vt,Ed – cf. § 3.5.3.3) ;
- Pl,Rd la résistance de la connexion poutre – dalle avec prise en compte
éventuelle des coefficients de réduction kt ou kl ;
- Pt,Rd la résistance de la connexion tôle – béton correspondant à la ruine des
goujons ou à une ruine par excès de pression diamétrale dans la tôle (cf. §
3.5.3.3, pg 3-23).

4.4.2.3. Autres connecteurs

L'Eurocode 4 permet d’utiliser d'autres types de connecteurs moins usuels, tels


que cornières, butées, crochets, arceaux, butées équipées de crochets ou
arceaux... (cf. Figure 4-22 et Figure 4-23).
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-31

>3

t h

Figure 4-22 Cornière soudée avec filant

Figure 4-23 Plat soudé sur poutre

Lorsque ces différents types de connecteurs sont utilisés, il convient également


de prévoir un système pour empêcher le soulèvement de la dalle par rapport à
la poutre en acier (par exemple armatures passées au travers de trou – cf.
Figure 4-22 et Figure 4-23).

4.4.3. Dimensionnement de la connexion de poutres


simplement appuyées de Classe 1 ou 2

La méthode de dimensionnement présentée dans ce paragraphe est destinée


aux connecteurs dits « ductiles ». Le cas des connecteurs non ductiles ne sera
pas considéré dans le cadre de ce cours, ce type de connecteurs étant
rarement utilisé dans la pratique. Le calculateur est donc renvoyé vers la
littérature spécialisée pour plus d’information.

Soit une poutre simplement appuyée (Figure 4-24) et soumise soit à une charge
répartie de calcul pd , soit à une charge concentrée de calcul Qq (le cas où les
deux types de charge agissent conjointement et les cas de charge plus
complexes sont abordés plus loin).
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-32

Q
d
A B C

L/2 L/2 L

Figure 4-24 Longueurs critiques des poutres simplement appuyées

On désigne par longueur critique Lcr de la poutre la longueur comprise entre


deux sections critiques successives, soit les longueurs AB et BC sur la Figure
4-24.

Le moment résistant plastique pouvant être atteint dans la section critique


intermédiaire B, il est facile de déterminer l'effort total de cisaillement
longitudinal VlF exercé sur chaque longueur critique. En effet, selon que le
profilé en acier présente une résistance plastique en traction plus faible ou plus
forte que la résistance plastique de la dalle en compression, VlF est donné par :

VlF = min (Aa fy / γa ; 0,85 beff hc fck /γc) (4-30)

Les connecteurs étant supposés ductiles, ils autorisent une redistribution


plastique de l’effort rasant jusqu’à reprendre pratiquement tous le même effort
PRd ; on en déduit le nombre de connecteurs par longueur critique, nécessaire
pour obtenir une connexion complète :

Nf(AB) = Nf(BC) = VlF / PRd (4-31)

Ces connecteurs peuvent être espacés uniformément sur chaque longueur


critique si Lcr reste en deçà d'une certaine limite précisée plus loin.

Lorsque sur une longueur critique, le nombre de connecteurs N est choisi


inférieur à Nf , cette longueur et, par suite, la poutre sont en connexion partielle.
Il en résulte que l'effort total de cisaillement longitudinal transféré par la
connexion sur la longueur critique concernée a, au stade de la résistance
ultime, une valeur réduite:

Vl(réd) = N PRd < VlF (4-32)

De même, le moment résistant de la section critique B se trouve réduit :

M+Rd(réd) < M+pl.Rd (4-33)

En effet, l'effort normal dans chaque partie, acier et béton, est limité à ± Vl(réd).
En ce qui concerne le moment résistant réduit M+Rd(réd), on le détermine à la
manière d’un moment de résistance plastique M+pl.Rd(réd), en adoptant les
distributions de contraintes par blocs rectangulaires dans les différents
matériaux. On distingue alors deux axes neutres plastiques, l'un dans la dalle et
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-33

l'autre dans le profilé en acier. La résultante de compression dans la dalle ainsi


que celle de traction dans le profilé doivent être identiques et égales à Vl(réd). On
peut calculer les expressions des moments plastiques résistants réduits
M+pl.Rd(réd) de manière semblable au calcul du plein moment plastique mais en
remplaçant Fc par Vl(réd).. On peut en déduire une relation analytique entre le
moment résistant réduit M+pl.Rd(réd) et le nombre de connecteurs N sur la
longueur critique. Dans un diagramme M+pl.Rd(réd) = f (N/Nf ), cette relation se
traduit par la courbe ABC de la Figure 4-25. Le rapport N/Nf est désigné comme
le degré de connexion de la longueur critique désignée. Il est évident que
lorsque N(AB) est différent de N(BC), c'est le degré de connexion le plus faible des
longueurs critiques AB et BC qui est déterminant pour la poutre.

axe neutre du profilé


(red)
M pl.Rd dans l'âme dans la semelle
C
M pl.Rd
B

CONNECTEURS DUCTILES
M apl.Rd
A

N 1.0 N
( ) min
Nf Nf

Figure 4-25 Moment résistant en fonction du degré de connexion


(connecteurs ductiles)

En particulier, pour N/Nf = 1 (connexion complète), le moment résistant n’est


plus réduit et est égal à M+pl.Rd ; pour N/Nf = 0 (absence de connecteurs), le
moment résistant réduit est le moment de résistance plastique de la poutre
métallique seule, Mapl.Rd. Le point B de la courbe repère le stade où l'axe neutre
du profilé métallique se trouve juste au niveau de la jonction âme-semelle ; on
peut démontrer la continuité de la pente de la courbe en ce point. Il est
également possible de démontrer que la courbe ABC est toujours convexe ; dès
lors, on peut utiliser une méthode simplifiée sécuritaire, consistant à remplacer
la courbe ABC par la droite AC. Cela revient à calculer le moment résistant
réduit à l'aide de la simple relation linéaire suivante :

M+pl.Rd(réd)= Mapl.Rd + N/Nf (M+pl.Rd - Mapl.Rd) (4-34)

Par ailleurs, si le degré de connexion est trop bas, la courbe ABC (ou sa
simplification AC) cesse d'être valable parce que la ruine se produit alors par
rupture des connecteurs (dont la méthode de calcul ci-dessus postule une
ductilité globale qu’ils ne peuvent offrir) et non plus par la formation d'une rotule
plastique en section critique. Cette limite dépend de la portée de la poutre, de la
géométrie de la section mixte et de la limite d'élasticité de l'acier. On dispose
des formules suivantes:
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-34

• Limite pour connexion avec goujons d’une hauteur hsc plus grande ou
égale à 4 fois le diamètre et d’un diamètre compris entre 16 et 25 mm :
− pour les profilés en acier à ailes égales :
pour Le ≤ 25m (N/Nf )min = 1-(355/fy ) (0,75-0,03 Le) ≥ 0,4
pour Le > 25m (N/Nf )min = 1 (4-35.a-b)

− pour les profilés en acier dont l'aire de l'aile inférieure est égale à trois
fois l'aire de l'aile supérieure :
pour Le ≤ 20m (N/Nf )min = 1-(355/fy ) (0,30-0,015 Le)
pour Le > 20m (N/Nf )min = 1 (4-36.a-b)

Le représente la longueur dans la zone de moment positif entre deux


points de moment nul. Cette valeur peut être estimée à partir de la Figure
4-5. Dans le cas d’une poutre simplement appuyée, Le = L.
Le cas de profilés en acier avec l’aile inférieure (Aai) plus grande que l’aile
supérieure (Aas) mais avec Aas < Aai < 3Aas peut également être étudié à
partir de ces formules en faisant simplement une interpolation linéaire.

• L’Eurocode 4 permet de considérer des limites moins sévères à condition


de respecter un certain nombre de conditions :
− pour les goujons, hsc ≥ 76 mm et d ≥ 19 mm ;
− pour la tôle, b0/hp ≥ 2 et hp ≤ 60 mm ;
− la section en acier est une double T laminé ou soudé avec des
semelles égales ;
− chaque nervure de la plaque comporte un goujon disposé, soit au
centre du creux d’onde de la nervure, soit alternativement du côté
d’une paroi de la nervure puis de celui de la paroi opposée de la
nervure suivante sur toute la longueur de la poutre ;
− la dalle en béton est une dalle mixte avec les nervures
perpendiculaires à l’axe de la poutre et continue sur celle-ci ;
− la force Nc est déterminée en accord avec la Figure 4-25.
Si toutes ces conditions sont respectées, les formules suivantes peuvent
alors être utilisées pour déterminer les rapports limites.
pour Le ≤ 25m (N/Nf )min = 1-(355/fy ) (1-0,04 Le) ≥ 0,4
pour Le > 25m (N/Nf )min = 1 (4-37.a-b)

Jusqu'ici, on a considéré des cas de chargement simples de poutres. Lorsque


des charges concentrées de valeurs relativement élevées se trouvent
appliquées à la poutre concomitamment à une charge répartie, on doit
introduire des sections intermédiaires de vérification sous ces charges
concentrées parce qu’elles correspondent à des discontinuités dans le
diagramme d’effort tranchant et s'assurer que le nombre de connecteurs est
suffisant dans chacun des intervalles ainsi définis à l'intérieur d'une longueur
critique.
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-35

4.4.4. Dimensionnement de la connexion de poutres continues


de classe 1 ou 2

Le dimensionnement de la connexion dans le cas d'une poutre continue est


plus complexe que dans celui d'une poutre simplement appuyée. Ceci est le
résultat des effets de la flexion négative au voisinage des appuis intermédiaires.
Les sections au droit de ces appuis sont des sections critiques supplémentaires
et doivent être contrôlées. Ce contrôle se heurte à la diminution de la rigidité de
flexion due à la fissuration de la dalle et à la tendance de l'axe neutre à
remonter dans l'âme en acier, par suite de la présence de l'armature de la dalle.
Ceci peut entraîner un changement de classe de la section en acier. Dans ces
conditions, le champ d'application de l'analyse plastique est beaucoup plus
limité. Pour les poutres continues, la nécessaire redistribution plastique des
moments impose de disposer de ductilité ; c’est pourquoi, on n’envisage ici que
des connexions ductiles.

Avant d'entrer plus dans les détails, il faut noter ce qui suit :

• Même quand une analyse élastique est utilisée pour une poutre continue
(éventuellement avec redistribution forfaitaire des moments sur appuis), le
calcul plastique de la connexion n'est pas exclu dans la mesure où les
sections aux extrémités d'une longueur critique sont au moins de classe 2,
ces sections étant capables de développer le moment de résistance
plastique sans risque de voilement local.
• Dans les zones sous moments de flexion négatifs, un dimensionnement en
connexion partielle est difficile à contrôler vis-à-vis des capacités de rotation
requises pour les sections au droit des appuis intermédiaires, même si ces
sections sont de classe 1. Aussi, en conformité avec l'Eurocode 4, il est
préférable de ne pas autoriser une interaction partielle dans les zones de
moments négatifs afin de limiter le risque de voilement local de l'acier.
• Dans les zones sous moments de flexion positifs, alors que les sections au
droit des appuis intermédiaires sont de classe 2, 3 ou 4, une connexion
partielle est généralement suffisante parce que le moment de flexion
maximal positif dû aux actions de calcul peut être relativement inférieur au
moment de résistance plastique Mpl,Rd. Cette situation impose qu'on utilise
une analyse globale élastique.
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-36

4.4.4.1. Poutres de classe 1

Considérons le cas simple de chargement d'une poutre continue, tel celui


représenté à la Figure 4-26. La méthode de dimensionnement peut aussi bien
s'appliquer en connexion complète qu'en connexion partielle. A la ruine, un
mécanisme plastique complet se produit puisque les sections sont de classe 1 ;
le moment fléchissant atteint la résistance ultime de la section dans chacune
des rotules plastiques formées. Si on désigne par M pl+,red et M pl− les moments de
résistance plastiques respectivement sous flexion positive et sous flexion
négative, la charge ultime est donnée par :

M pl+,red L + M pl− d
Q=
d (L − d )

L -
M pl
Q

A B C
d

+,red
M
pl

Figure 4-26 Poutre continue chargée d'une force concentrée -


Diagramme des moments à la ruine

La valeur de M pl+,red va dépendre de la disposition adoptée pour la connexion. Le


nombre N(BC) de connecteurs ductiles uniformément répartis sur cette longueur
critique peut être fixé au départ. La condition d'équilibre horizontal de la dalle
(Figure 4-27) se traduit par la relation: Vl(BC)= N(BC)PRd = Fc+,red+ Fs , où Vl(BC) est
l'effort de cisaillement longitudinal total dans la longueur critique considérée,
Fc+,red l'effort de compression dans la dalle au droit de la section critique interne
B et Fs= As.fsk /γs.

On peut donc déduire de cette relation la valeur de Fc+,red, soit Fc+,red = N(BC).PRd
- Fs, ainsi que la valeur du moment ultime positif réduit M pl+,red . Considérant alors
la longueur critique d'extrémité AB qui est seulement sous flexion positive, le
nombre requis N(AB) de connecteurs résulte de la relation : Vl(AB) = N(AB) PRd =
Fc+,red, soit N(AB) = Fc+,red/PRd = N(BC)- Fs / PRd . Finalement le nombre total de
connecteurs est donné par N = N(AB)+ N(BC)= 2 N(BC)- Fs / PRd. La charge ultime
de la poutre peut être calculée en fonction du nombre total N de connecteurs
pour la travée où se produit un mécanisme plastique.
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-37

diagramme du moment fléchissant

M
A B pl

+,red
M + C
pl

A B
-F +,red
(AB)
+- V
L F +,red

C
B Fs
-F +,red
(BC)
F +,red +- V
L -F
s

Figure 4-27 Equilibre horizontal de la dalle

Q
Qu Théorie avec rotule plastique A'
1,0

B'

C'

0 ( N/N f ) B' 1,0 N/N f

Figure 4-28 Charge ultime en fonction du degré de connexion


04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-38

Le nombre de connecteurs sur BC correspondant à la connexion complète


Nf( BC ) est donné par [min(Aa.fy/γa;0.85/beff.hc.fck / γc) + As.fsk/γs ]/PRd ; on peut dès
lors en déduire Qu. La relation entre Q et N (Figure 4-28) est similaire à la
variation du moment résistant en fonction du degré de connexion dans les
poutres isostatiques. Comme pour celles-ci, l'entièreté de la courbe ne peut être
utilisée. On doit fixer une limite au degré de connexion. Cette limite peut être
évaluée à partir des formules vues pour les poutres isostatiques en utilisant les
valeurs Le relative à la zone de moment positif (cf. Figure 4-5).

La courbe de Mpl+,réd en fonction de N est ici encore convexe. On peut


également adopter une méthode simplifiée pour exprimer la charge Q en
fonction du degré de connexion, de la charge ultime de la poutre en acier seule
et de la charge ultime Qu. On a ainsi : Q = Qapl+N/Nf (Qu-Qapl ). Comme on l'a
déjà fait, Q peut être calculé en fixant le nombre et la distribution des
connecteurs. On peut évidemment procéder de manière inverse ; Q étant fixé,
on détermine le nombre N de connecteurs.

Les développements ci-dessus ont été effectués à partir d'un cas simple ; les
mêmes principes peuvent être appliqués à des cas plus complexes. La relation
utilisée pour calculer la charge ultime sera différente et la définition des
longueurs critiques en relation avec le mécanisme plastique moins évidente.

4.4.4.2. Poutres de classe 2

Pour les poutres de classe 2, seule une analyse élastique avec redistribution
forfaitaire des moments de flexion peut être utilisée. Le moment plastique ne
pourra donc pas être atteint en travée et on travaillera donc nécessairement en
connexion partielle. La courbe de Q en fonction de N n'est pas identique à celle
que l'on a obtenue pour des sections de classe 1 et qui résultait de l'analyse
plastique ; cependant en pratique, on peut utiliser une droite semblable à A'C'
qui est du côté de la sécurité. Le degré de connexion est ainsi donnée par la
relation: N/Nf = (Qd-Qapl )/(Qu-Qapl ) où Qu et Qapl doivent être déterminés en
utilisant l'analyse globale élastique.

4.4.5. Dimensionnement de la connexion de poutres de classe


3

La vérification des sections de ces poutres se faisant élastiquement, il en est de


même de la vérification du cisaillement longitudinal. On calcule l'effort de
cisaillement longitudinal à l'aide de la formule V = T.Sn /I, utilisant les propriétés
élastiques de la section. On dispose les connecteurs de manière telle que la
résistance offerte au cisaillement longitudinal soit plus élevée que l'effort
sollicitant, c'est-à-dire qu'on aura une plus forte concentration de connecteurs à
proximité des appuis, c'est-à-dire là où l'effort tranchant, et donc l'effort de
cisaillement longitudinal, est maximal.
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-39

4.4.6. Dispositions constructives pour les connecteurs

L’Eurocode 4 fournit un certain nombre de dispositions constructives pour


assurer le bon fonctionnement des organes connecteurs. Ces dispositions
concernent notamment :
• l’enrobage éventuel des organes connecteurs ;
• le positionnement d’armatures pour un renforcement local éventuel de la
dalle ;
• l’espacement des organes connecteurs ;
• les dimensions de la semelle en acier supportant les organes connecteurs ;
• …

Les différentes règles ne seront pas énumérées dans le cadre ce cours car
elles sont nombreuses et dépendent du type de connecteur utilisé.

4.4.7. Armatures transversales

Une dalle doit présenter un pourcentage suffisant d'armatures transversales de


manière à reprendre les sollicitations tangentes apportées par les connecteurs
sans qu’il y ait risque de ruine prématurée du béton par cisaillement
longitudinal. On désigne par Asf/sf la section d'armatures transversales par unité
de longueur de poutre, définie par l'intersection de toute surface potentielle de
rupture par cisaillement dans la dalle : comme le montre la Figure 4-29, la
valeur de Asf va dépendre de la disposition des connecteurs et des armatures,
de la présence ou non d'un renformis et de la surface de rupture considérée.
Soit hf la longueur de cette surface de rupture ; pour la surface b-b de l'un des
cas de la Figure 4-29, on a, par exemple:

hf = 2 hsc + st + d' (4-38)

où hsc est la hauteur totale d'un goujon, d' le diamètre de sa tête et st l'entraxe
des deux goujons.
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-40

Figure 4-29 Définition de la section d'armatures transversales relative


à différents plans de cisaillement

La contrainte de calcul par unité de longueur, νEd, peut être déterminée en


prenant l’effort de cisaillement longitudinal de calcul par unité de longueur de la
poutre et en le divisant par la longueur de la surface de rupture considérée hf.

Pour la vérification de la résistance de la dalle en béton au cisaillement


longitudinal, l’Eurocode 4 fait référence à l’Eurocode 2 relatif au
dimensionnement des structures en béton. Dans ce dernier, la formule suivante
est proposée :

Asf fyd υEd hf


> (4-39)
sf cot θ

avec :
- Asf déterminé en accord avec la Figure 4-29 ;
- θ l’angle entre la bielle de compression dans le béton et l’axe longitudinal de
la poutre. Cet angle est généralement pris égal à 45°.

Cette formule n’est cependant applicable que dans le cas où la poutre mixte
collabore avec une dalle pleine en béton. Si la poutre collabore avec une dalle
mixte avec tôle nervurée, l’Eurocode 4 propose un certain nombre de règles
supplémentaires :
• si la surface de rupture considérée passe au travers de l’épaisseur de la
dalle mixte (section a-a à la Figure 4-29 par exemple), la longueur hf est alors
suppposée égale à l’épaisseur de la dalle de béton se trouvant au-dessus
des nervures (approche sécuritaire) ;
• si la tôle nervurée a ses ondes perpendiculaires à l’axe de la poutre et que le
coefficient kt (cf. § 4.4.2.2) est pris en compte dans le dimensionnement de la
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-41

connexion, il n’est pas nécessaire de considérer la surface de rupture b-b


pour la vérification des armatures transversales ;
• si une tôle nervurée avec une connexion de type mécanique ou une
connexion par frottement et avec ses ondes perpendiculaires à l’axe de la
poutre est utilisée et si cette tôle est continue au passage de la semelle
supérieure de la poutre en acier, alors, sa contribution à la résistance pour
une surface de rupture de type a-a peut être prise en compte de la façon
suivante :

Asf fyd υEd hf


+ Ap fyp,d > (4-40)
sf cot θ

où Ap représente la section transversale de la tôle par unité de longueur de


poutre.
• si la tôle nervurée est discontinue au passage de la semelle supérieure de la
poutre en acier mais que les goujons connecteurs sont soudés sur la semelle
au travers de la tôle, alors, la formule suivante peur être utilisée :
Asf fyd Ppb,Rd υEd hf Ppb,Rd
+ > avec ≤ Ap fyp,d (4-41)
sf s cot θ s

où Ppb,Rd est la résistance d’un goujon connecteur soudé au travers de la tôle


(cf. pg 3-23) supposé comme un appui et s est l’entraxe longitudinal entre
deux goujons connecteurs. Dans cette formule, il est supposé qu’il n’a qu’un
goujon sur la largeur de la semelle de la poutre ; s’il y en avait plusieurs,
Ppb,Rd serait à multiplier par le nombre de goujons présents.

Enfin, une section minimale d'armatures transversales est toujours nécessaire


de manière à reprendre tous les efforts secondaires de cisaillement non
évaluables par le calcul. L'Eurocode 4 recommande, pour les dalles pleines,
d'utiliser une aire minimale d'armatures uniformément réparties égale à
0,08 fck fyk de l'aire du béton dans le sens longitudinal ; la même proportion
vaut pour les dalles mixtes en ne considérant que le béton situé au-dessus des
nervures (lorsque celles-ci sont perpendiculaires à la poutre), mais en ayant la
possibilité d'inclure la contribution de la tôle profilée dans cette proportion.

4.5. VERIFICATION A L’ETAT LIMITE DE SERVICE


(ELS)

4.5.1. Généralités

Les exigences relatives aux poutres mixtes sous les combinaisons d'actions
aux états limites de service portent sur le contrôle des flèches, de la fissuration
du béton et éventuellement des vibrations. En bâtiment, des exigences précises
présentent souvent un caractère conventionnel, de sorte que l'on cherche,
chaque fois que cela est possible, à éviter de faire une analyse de structure ou
de sections. Par exemple, les effets du retrait du béton sur les flèches ne sont à
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-42

prendre en compte que pour des poutres simplement appuyées dont le rapport
de la portée à la hauteur totale de la section dépasse 20. Dans une optique
similaire, il est admis de simplifier les analyses élastiques en adoptant un
coefficient d'équivalence unique n= Ea/(Ec/2) pour le module sécant du béton
qui associe les déformations différées par fluage (sous les actions à long terme)
et les déformations élastiques instantanées. Par ailleurs, l'Eurocode 4 n'impose
pas de limitations du type "contraintes admissibles", autorisant en conséquence
aux états limites de service une plastification partielle de l'acier, soit à mi-travée
(mais elle est sans grande influence sur les flèches), soit sur appuis
intermédiaires dans le cas d'une poutre continue (l'effet sur les flèches est pris
en compte d'une manière forfaitaire). L'expérience montre également que le
risque de cumul des déformations plastiques est vraisemblablement exclu,
compte tenu de la nature des charges de bâtiment appliquées à une poutre et
de la forte proportion de charges permanentes.

4.5.2. Calcul des flèches


L'Eurocode 4 adopte pour valeurs admissibles des flèches les valeurs
proposées proposées dans l’Eurocode 0. Les flèches sont déterminées an
utilisant une analyse élastique conformément au § 4.2.2.

Le calcul de la flèche pour une poutre simplement appuyée s'effectue


classiquement. On utilise l'inertie de la section mixte homogénéisée I1. Il faut
toutefois noter que la largeur collaborante beff+ est ici un concept relativement
conservatif, l'influence du traînage de cisaillement étant plus faible sur les
flèches à l'ELS que sur les sollicitations à l'ELU.

Par contre, le calcul des flèches d'une poutre continue nécessite de tenir
compte de la fissuration du béton dans les zones de moments négatifs, des
plastifications partielles de l'acier sur appuis intermédiaires et éventuellement
de l’interaction partielle.

En ce qui concerne la fissuration, deux méthodes de calcul sont possibles:

• Réduire par un facteur multiplicatif f1 les moments négatifs sur appuis, ceux-
ci ayant été calculés en utilisant l'inertie de flexion "non fissurée" EaI1 sur
toute la longueur d'une travée. Cette méthode n’est valable que pour des
poutres avec sections critiques de Classe 1, 2 ou 3. Le facteur f1 peut être
pris égal à 0,6 de manière conservative, ou plus précisément suivant : f1 =
((EaI1) /(EaI2))-0,35 ≥ 0,6 lorsque la charge uniformément répartie par unité de
longueur est la même sur toutes les travées et que les longueurs de ces
travées ne diffèrent pas entre elles de plus de 25%.
• Une méthode plus précise consiste à utiliser une analyse globale élastique
"fissurée" comme celle déjà vue pour les vérifications aux ELU mais relative
cette fois aux combinaisons d'actions aux ELS ; aucune réduction des
moments sur appuis ne doit évidemment être effectuée dans ce cas.
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-43

Dans le cas de poutre non étayée, en ce qui concerne la plastification partielle


de l'acier des poutres mixtes continues sous combinaison d'actions aux ELS
(relativement fréquente au niveau de la semelle inférieure lorsque la
construction n'est pas étayée), il est possible d'en traduire l'effet sur les flèches
en utilisant un deuxième facteur de réduction f2 des moments sur appuis.
L'Eurocode 4 indique de prendre f2 = 0,7 lorsque la plastification est causée par
des combinaisons d'actions, une fois le béton durci (c'est le cas courant), et 0,5
lorsque la plastification se produit déjà sous le seul poids du béton déjà coulé.

On peut dès lors calculer la flèche à mi-portée d'une travée quelconque de


poutre continue à l'aide de la formule suivante:

δf = δ0 [1-C f1 f2 (MA_+MB_)/M0+] (4-42)

avec :

MA_ et MB_ moments aux appuis (considérés en valeur absolue) résultant de


l'analyse élastique "non fissurée" ;

C = 0,6 pour une charge uniformément répartie (C = 0,5 pour une charge
concentrée à mi-travée) ;

δ0 et M0+ respectivement la flèche et le moment fléchissant positif à mi-


travée en considérant la travée rendue indépendante et
simplement appuyée à ses extrémités.

A B
L

M
A f f M M
1 2 A B
f f M
1 2 B

Figure 4-30 Méthode simplifiée pour le contrôle des flèches

Par ailleurs, il faut tenir compte de l'influence éventuelle du glissement à


l'interface acier-béton sur les flèches. En interaction complète (ou plus que
complète), cette influence est totalement négligeable (flèche notée δf). En
interaction partielle, l'augmentation des flèches peut ne pas être négligeable et
dépend du mode de construction. Pour calculer la flèche amplifiée δ, on peut
utiliser la formule simple suivante :
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-44

δ = δf [ 1+k (1-N/Nf).(δa /δf-1)] (4-43)

avec :

N/Nf ≥ 0,4

et :

δf flèche de la poutre mixte en connexion complète;


δa flèche de la poutre en acier seule sous les mêmes charges;
δ flèche réelle;
k coefficient égal à 0,3 pour une construction non étayée et à 0,5 pour une
construction étayée. La différence vient du fait que les connecteurs sont
davantage sollicités en phase de service pour une construction étayée que
pour une construction non étayée.

Cependant, les effets d’interaction incomplète peuvent être négligés à


condition :

- que le calcul de la connexion soit effectué conformément aux dispositions


données précédemment ;
- qu’il soit utilisé un nombre de connecteurs au moins égal à la moitié du
nombre requis pour une connexion complète, ou que les efforts résultant
d’un comportement élastique et agissant sur les connecteurs à l’état limite
de service ne dépassent pas PRd et ;
- dans le cas de dalle nervurée dont les nervures sont perpendiculaires à a
poutre, que la hauteur des nervures ne dépasse pas 80mm.

4.5.3. Fissuration du béton

Pratiquement inévitable dans les zones de béton tendu, la fissuration est due
aussi bien aux déformations imposées contrariées (retrait du béton,
déplacements d'appui) qu'aux actions directes de service. Il n'est nécessaire de
contrôler cette fissuration que dans des situations où elle met en cause le bon
fonctionnement et la durabilité de la structure. Un critère d'aspect peut
également être pris en considération.

Lorsqu’aucune mesure n'est prise pour tenter de limiter l’ouverture des fissures
du béton sur la face supérieure de la dalle d'une poutre mixte, il convient de
prévoir à l'intérieur de la largeur collaborante de la dalle un pourcentage
d'armature longitudinale au moins égal à :

• 0,4% de l'aire de béton pour une construction étayée ;


• 0,2% de l'aire de béton pour une construction non étayée.

Il importe également de prolonger les barres d'armature sur une longueur égale
au quart de la portée de part et d'autre d'un appui intermédiaire ou de la demi-
portée pour un porte-à-faux. Par ailleurs, en présence d'une dalle mixte, on
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-45

n'intègre habituellement pas la contribution de la tôle profilée dans les


pourcentages précédents. Lorsqu'il est jugé nécessaire de limiter la largeur des
fissures dues aux seules déformations imposées contrariées, on peut adopter
comme aire minimale d'armature longitudinale l'aire donnée par la formule
suivante :

(As)min = ks kc k fct,eff Act/σs (4-44)

où :

k coefficient traduisant la diminution de la résistance du béton en traction,


en rapport avec le rééquilibrage des contraintes au voisinage des fissures
(on adopte normalement k1 = 0,8) ;
ks coefficient permettant de prendre en compte l’effet de la réduction de
l’effort normal dans la dalle de béton due à la fissuration initiale et aux
glissements locaux de la connexion au cisaillement (de manière
sécuritaire, il est pris égal à 0,9) ;
kc coefficient qui prend en compte la distribution des contraintes à l’intérieur
de la section juste avant la fissuration
1
kc = + 0,3 ≤ 1,0
1 + (hc /(2z0 ))
avec hc l’épaisseur de la semelle de béton (sans les éventuelles nervures)
et z0 le distance verticale entre les centres de gravité de la semelle de
béton non-fissurée et de la section mixte non-fissurée, calculée en utilisant
le rapport n0 pour les effets à cours terme;
Act aire de la partie de dalle qui est en traction (pour la largeur efficace beff_);
fct résistance moyenne du béton en traction au moment où la fissuration est
sensée se produire (au-delà de 28 jours, on peut prendre fct = 3N/mm²);
σs contrainte maximale autorisée dans l'armature immédiatement après la
fissuration. D'une part, il convient d'avoir σs < fsk/γs afin que l'armature
reste élastique lors de la première fissuration ; d'autre part, il est d'autant
plus facile de limiter la largeur des fissures que l'on utilise des barres
d'armature à haute adhérence et que le diamètre de ces barres est plus
petit. Le tableau relatif aux barres à haute adhérence (Tableau 4-5)
précise la valeur à adopter pour σs en fonction du diamètre des barres et
de la largeur wk admise pour les fissures (comprise entre 0,2 et 0,4 mm).

Selon l’Eurocode 4, au moins la moitié de la section d’armature minimale


requise doit être placée entre la mi-hauteur de la dalle et la face soumise à la
déformation de traction la plus forte.
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-46

Tableau 4-5 Contrainte maximale dans l'armature

Enfin, lorsque l'aire de l’armature longitudinale imposée par la résistance en


flexion de la poutre mixte aux ELU dépasse la valeur minimale (As)min donnée
précédemment et que l'on va jusqu'à exiger de limiter également l’ouverture des
fissures dues aux actions directes de service (combinaisons quasi
permanentes), il convient de déterminer un espacement maximal des barres
d'armature en fonction de wk et de σs (la contrainte σs doit alors être calculée en
tenant compte de la majoration de la contrainte au droit d'une fissure apportée
par la rigidité en traction de la dalle entre deux fissures).

4.5.4. Vibrations

Dans des conditions de service, il peut être important de limiter les vibrations
provoquées par des machines et des oscillations dues à la résonance
harmonique, en ayant des fréquences propres de la structure ou de parties de
la structure suffisamment différentes de celles de la source d'excitation.

Pour effectuer une analyse des fréquences et modes propres de vibration d'un
plancher mixte de bâtiment, il est admis d'utiliser les caractéristiques des
sections mixtes non fissurées, avec le module sécant d'élasticité Ecm pour un
chargement à court terme. Dans cette analyse, on peut négliger les effets du
glissement à l'interface acier-béton.

La fréquence propre fondamentale d'une poutre mixte simplement appuyée


peut être évaluée à l'aide de la formule simple suivante :

1 g
f =
2π δ

Compte tenu que g = 9810 mm/sec2, on a :

f = 15,8 / δ
04/01/2006 Chapitre 4 – Les poutres mixtes 4-47

où f est exprimé en Hz et δ en mm ; δ est la flèche instantanée de la poutre


produite par l'application de son poids propre et de la charge appliquée à la
dalle. Cette formule vaut aussi bien pour une poutre isolée que pour une dalle
isolée. Dans le cas d'un plancher classique, en présence de dalles chevauchant
en continuité plusieurs poutres mixtes parallèles, la formule peut encore être
appliquée avec une approximation satisfaisante, sous réserve de prendre pour
δ la somme de la flèche δs de la dalle (par rapport aux poutres qui la
supportent) et de la flèche δb des poutres.

En ce qui concerne les planchers, sur lesquels les personnes marchent


normalement (bureaux, habitations...), ainsi que les parkings, il convient de ne
pas avoir une fréquence propre fondamentale f inférieure à 3Hz. Dans le cas
des planchers de gymnase ou de salle de danse, il convient de ne pas avoir
une fréquence propre f inférieure à 5Hz.
09/10/2006 Chapitre 5 – Les colonnes mixtes 5-1

5. LES COLONNES MIXTES

5.1. INTRODUCTION

Les colonnes mixtes sont classées en deux types principaux : les colonnes
partiellement ou totalement enrobées de béton et les colonnes en profils creux
remplis de béton.

La Figure 5-1 présente différents exemples de colonnes mixtes ainsi que les
symboles utilisés dans ce chapitre.

a) Les colonnes totalement enrobées de béton sont constituées d’un profil


noyé dans du béton et recouvert d’une épaisseur minimale de béton (Figure
5-1.a).

b) Les colonnes partiellement enrobées de béton sont constituées de sections


en I ou en H dont l'espace compris entre les semelles est rempli de béton
(Figure 5-1, b-c).

c) Les sections creuses remplies de béton peuvent être circulaires ou


rectangulaires (Figure 5-1, d-f). Le béton est confiné à l'intérieur du profil
avec, pour résultat, une résistance accrue à la compression.

a b c

d e f

Figure 5-1 Exemples types de sections transversales de colonnes mixtes

Les colonnes mixtes présentent de nombreux avantages. Ainsi, par exemple,


une section transversale de faibles dimensions extérieures peut reprendre des
09/10/2006 Chapitre 5 – Les colonnes mixtes 5-2

charges très élevées, ou bien, comme cela a déjà été mentionné dans
l’introduction au cours, différentes sections transversales de mêmes dimensions
extérieures peuvent reprendre des charges fort différentes ; il suffit de modifier
les épaisseurs des sections en acier et/ou la résistance du béton et/ou la
quantité d’armatures. Ainsi on peut maintenir un même encombrement sur
plusieurs étages, ce qui constitue un avantage fonctionnel et architectural.

Dans le cas de sections creuses remplies de béton, l’acier sert aussi de


coffrage perdu ; cela permet, par exemple, de réaliser en premier lieu le
montage de la charpente métallique d’un bâtiment, puis, en second lieu, de
pomper du béton pour remplir les profils creux. Cela permet un gain de temps
et de coût appréciable lors du montage. De plus, cette section d’acier
enveloppe permet au béton d’atteindre des résistances plus élevées. Dans le
cas de tubes circulaires remplis de béton, l’acier, en confinant le béton, assure
un rôle de frettage qui provoque une augmentation de la charge portante
globale ; l’influence du frettage et de la relaxation du béton peut alors être
généralement négligée, ce qui n’est pas le cas pour les profils enrobés de
béton. A l’inverse, l’enrobage complet d’une section en acier permet
généralement de satisfaire aux exigences relatives à la plus haute classe de
protection contre l’incendie sans exiger de mesures complémentaires.

Pour les sections partiellement enrobées, aussi bien que pour les sections
creuses remplies de béton, les prescriptions en matière d’incendie nécessitent
un renforcement supplémentaire. Les sections partiellement enrobées
présentent l’avantage de servir de coffrage lorsqu’elles sont placées
horizontalement ; le remplissage par le béton se fait évidemment en deux
étapes, le profil étant retourné 24 heures après le premier bétonnage. Pour
éviter toute désolidarisation du béton, il est parfois nécessaire d’utiliser des
goujons connecteurs ou des armatures reliées directement ou indirectement au
profil métallique. Un autre avantage important des sections partiellement
enrobées est le fait qu’après bétonnage, des faces d’acier restent apparentes et
peuvent être utilisées pour réaliser l’assemblage de poutres.

5.2. METHODES DE CALCUL

L'Eurocode 4 propose deux méthodes de dimensionnement.

La première est une méthode générale qui impose de prendre explicitement en


compte les effets du second ordre et les imperfections. Cette méthode peut
notamment s'appliquer à des sections de colonnes qui ne sont pas symétriques
ainsi qu’à des colonnes de section variable sur leur hauteur. Elle nécessite
l'emploi d’outils de calcul numériques et ne peut être envisagée que si l’on
dispose des logiciels appropriés.

La seconde est une méthode simplifiée utilisant les courbes de flambement


européennes des colonnes en acier qui tiennent implicitement compte des
imperfections affectant ces colonnes. Cette méthode est en pratique limitée au
09/10/2006 Chapitre 5 – Les colonnes mixtes 5-3

calcul des colonnes mixtes présentant une section doublement symétrique et


uniforme sur leur hauteur.

Les deux méthodes sont fondées sur les hypothèses classiques suivantes :

• Il y a une interaction complète entre la section en acier et la section de


béton et ce, jusqu'à la ruine ;
• Les imperfections géométriques et structurales sont prises en compte dans
le calcul ;
• Les sections droites restent planes lors de la déformation de la colonne.

On ne développe ci-après que la méthode simplifiée, celle-ci étant en effet


applicable à la majorité des cas de figure.

5.3. VOILEMENT LOCAL DES PAROIS DES ELEMENTS


STRUCTURAUX EN ACIER

La présence de béton correctement tenu en place dans les sections totalement


enrobées prévient le voilement local des parois du profil en acier si l'épaisseur
d'enrobage de béton est suffisante. Celle-ci ne peut dès lors être inférieure au
maximum des deux valeurs suivantes :

• 40 mm ;
• 1/6 de la largeur b de la semelle du profil en acier.

Cet enrobage destiné à empêcher tout éclatement prématuré du béton doit être
armé transversalement.

Pour les autres types de colonnes mixtes, à savoir les sections partiellement
enrobées et les sections creuses remplies de béton, l’élancement des parois du
profil en acier doit satisfaire les conditions suivantes :

• d / t ≤ 90 ε 2 pour les profils creux ronds remplis de béton ;


• d / t ≤ 52 ε pour l’âme des profils creux rectangulaires remplis de béton ;
• b / t f ≤ 44 ε pour les semelles de largeur b et d’épaisseur tf des profils en H
partiellement enrobés ;

avec ε = 235 / f y où fy est la limite d’élasticité de l’acier constituant le profil.

5.4. CISAILLEMENT ENTRE LES COMPOSANTS ACIER


ET BETON (ASSEMBLAGE POUTRE-COLONNE)

Les sollicitations transmises par les assemblages des poutres doivent être
transférées aux parties acier et béton de la colonne mixte. Ce transfert dépend
09/10/2006 Chapitre 5 – Les colonnes mixtes 5-4

du type d'assemblage utilisé et s'effectue suivant un trajet qui doit être


clairement identifié. La longueur de transfert p est normalement prise inférieure
à deux fois la dimension transversale minimale (d) ou à L/3 (voir ci-après), L
étant la longueur de la colonne. Pour les calculs, il est recommandé que la
résistance au cisaillement à l'interface acier-béton ne soit pas prise supérieure
aux valeurs suivantes :
2
• 0,3 N/mm pour les sections complètement enrobées de béton ;
• 0,55 N/mm² pour les sections creuses circulaires remplies de béton ;
2
• 0,4 N/mm pour les sections creuses rectangulaires remplies de béton ;
• 0,2 N/mm2 pour les semelles de sections partiellement enrobées de
béton ;
• 0 N/mm2 pour les âmes des sections partiellement enrobées de béton.

Ces valeurs ne sont valables que si la surface d’acier au niveau de l’interface


acier – béton n’est pas peinte ni recouverte de graisse, d’huile, de calamine ou
de rouille non adhérentes. Dans le cas de sections complètement enrobées,
ces valeurs ne sont applicables que si l’enrobage Cz est supérieur ou égal à 40
mm.

Ces valeurs ne sont toutefois qu’indicatives. En effet, d’une part, le mode de


conception de l'assemblage poutre-colonne influe grandement sur la valeur de
la résistance au cisaillement et, d’autre part, les effets d'autofrettage, de
confinement et de frottement sont intimement liés au type d'assemblage utilisé.

P = min(2d ; L/3)

b avec d = min(a ; b)
Les goussets sont soudés sur le profilé
p=2b

Figure 5-2 Assemblage poutre-colonne mixte

La Figure 5-2 illustre un cas fréquent d'assemblage ; on y définit la longueur de


transfert p à prendre en compte. La sollicitation à transmettre le long de cette
longueur n'est pas l'ensemble de la sollicitation agissant sur l'assemblage mais
bien la part de cette sollicitation qui doit être transférée au béton. Un
assemblage qui permettrait de reporter, sans ruine, l'ensemble de la sollicitation
à l'acier seul doit tout de même transmettre une partie de cette sollicitation au
béton pour que la colonne mixte joue correctement son rôle.

Dans le cas particulier d'une colonne mixte avec profil en H enrobé de béton, et
lorsque la résistance naturelle au cisaillement n'est pas suffisante, il est
possible d'utiliser des connecteurs de type goujon, soudés sur l'âme, et de tenir
09/10/2006 Chapitre 5 – Les colonnes mixtes 5-5

compte, en supplément de la résistance PRd des goujons, d'un frottement entre


l'acier et le béton (le placement de goujons connecteurs sur les semelles est
interdit pour des raisons de résistance à l’incendie). Ce frottement
supplémentaire agissant uniquement sur les faces internes des semelles peut
être supposé égal à μPRd / 2 sur chacune d’elles, où μ, coefficient de frottement
entre l'acier et le béton, peut, en première approche, être pris égal à 0,50. Il
dépend également du degré de confinement du béton situé entre les semelles
du profil. Sa prise en compte n'est autorisée que si la largeur entre semelles est
inférieure aux valeurs (en mm) indiquées à la Figure 5-3.

Figure 5-3 Goujons dans les colonnes mixtes

5.5. CONDITIONS D’UTILISATION DE LA METHODE


SIMPLIFIEE DE CALCUL

L'application de la méthode simplifiée comporte les limitations suivantes :

• La section transversale de la colonne est constante et présente une double


symétrie sur toute la hauteur de la colonne;
• Le rapport entre la hauteur et la largeur de la section mixte doit être compris
entre 0,2 et 5,0
• La contribution relative de la section en acier à la résistance de calcul de la
section complète, à savoir δ = ( Aa f y / γ a ) / N pl .Rd , est compris entre 0,2 et
0,9 (Npl,Rd étant déterminé via la formule 5-1 ou 5-2 du § 5.6.1 suivant le
cas) ;
• L'élancement réduit λ de la colonne mixte, défini au § 5.6.2, ne dépasse
pas la valeur de 2,0 ;
• Pour les sections totalement enrobées, les épaisseurs d'enrobage de béton
satisfont les conditions suivantes :
- dans le sens y : cy < 0,4 b ;
- dans le sens z : cz < 0,3 h.
Il est permis d'utiliser une épaisseur d'enrobage plus importante (par
exemple pour assurer une résistance suffisante à l'incendie) mais il
09/10/2006 Chapitre 5 – Les colonnes mixtes 5-6

convient, aux fins de calcul, d'ignorer le supplément d'épaisseur d’enrobage


par rapport aux valeurs maximales ci-dessus.
• L’aire de la section transversale d’armatures introduite dans les calculs ne
peut dépasser 6 % de la section de béton. Pour des raisons de résistance à
l'incendie, il est quelquefois nécessaire de mettre en œuvre des sections
d'armature plus importantes que celles indiquées ci-dessus ; il n'est toutefois
tenu compte que de 6 % pour le calcul de la résistance de la section mixte.

5.6. COLONNE MIXTE SOUS COMPRESSION AXIALE

5.6.1. Résistance en section

La résistance en section vis-à-vis d’une charge axiale de compression est


obtenue en additionnant les résistances plastiques des éléments constitutifs de
cette section. Elle est déterminée par l’effort normal résistant plastique selon :

• Pour les sections enrobées ou partiellement enrobées de béton :

fy fck fsk
N pl .Rd = Aa + Ac .0 ,85 + As (5-1)
γ Ma γc γs

• Pour les sections creuses remplies de béton :

fy fck fsk
N pl .Rd = Aa + Ac + As (5-2)
γ Ma γc γs

Aa, Ac et As sont les aires respectives de la section transversale de la section en


acier, du béton et de l'armature.

Le confinement du béton remplissant un profil creux, quelle que soit la forme de


celui-ci, est source d’une augmentation de la résistance du béton ; celle-ci est
prise en compte en remplaçant la valeur 0,85 fck par fck..

Pour une section creuse à section circulaire remplie de béton, une autre
augmentation de résistance à la compression provient du frettage de la colonne
de béton. Elle n'est effective que si le profil creux en acier est circulaire et
suffisamment rigide pour s'opposer efficacement au gonflement du béton
comprimé sous l’effet de la compression axiale. Cette augmentation de
résistance n'est donc pas permise pour un tube rectangulaire parce que ses
faces planes se déforment sous l’effet du gonflement du béton.

Des calculs ont montré que les conditions de rigidité minimale sont réalisées
lorsque l'élancement réduit de la colonne mixte constituée d’un tube circulaire
rempli de béton ne dépasse pas 0,5 et que le plus grand moment fléchissant de
calcul admis, Mmax.Ed , calculé par la théorie du premier ordre, ne dépasse pas
09/10/2006 Chapitre 5 – Les colonnes mixtes 5-7

0,1 NEd d où d représente le diamètre extérieur de la colonne et NEd l'effort de


compression sollicitant de calcul.

On peut alors calculer la résistance plastique de calcul à la compression d’une


colonne mixte faite d’une section creuse circulaire remplie de béton par la
relation :

fy fck ⎡ t fy ⎤ fsk
N pl .Rd = Aaηa + Ac ⎢1 + ηc ⎥ + As (5-3)
γ Ma γc ⎣ d fck ⎦ γs

où t représente l'épaisseur de la paroi du tube en acier. Les coefficients ηc et


ηa sont définis ci-après pour 0 < e < d/10, où e désigne l'excentrement de
l’effort axial de compression, défini par le rapport Mmax.Ed /NEd :

e
ηc = ηc 0 (1 − 10 ) (5-4)
d

⎛ e⎞
ηa = ηa 0 + (1 − ηa 0 ) ⎜ 10 ⎟ (5-5)
d ⎝ ⎠

Pour e > d/10, on doit adopter ηc = 0 et ηa = 1,0. Dans les relations de ηc et ηa


ci-dessus, les facteurs ηc0 et ηa0 ne sont rien d’autre que les valeurs de ηc et ηa
pour une excentricité e nulle. Ils sont donnés en fonction de l’élancement réduit
λ (voir § 5.6.2) selon :
2
ηc 0 = 4,9 − 18,5λ + 17λ ≥ 0 (5-6)

ηa 0 = 0,25(3 + 2λ ) ≤ 1 (5-7)

La présence de moments sollicitants de calcul MEd a pour effet de réduire la


contrainte de compression moyenne à la ruine dans la colonne et donc l'effet
favorable du frettage sur la résistance de la colonne. Les bornes imposées à ηc
et ηa, d’une part, et sur ηc0 et ηa0 , d’autre part, traduisent les influences
respectives de l’excentricité et de l’élancement sur la capacité portante.

5.6.2. Elancement réduit

L'élancement réduit λ de la colonne mixte pour le plan de flexion considéré est


donné par :

N pl .Rk
λ= (5-8)
N cr

où Npl.Rk est la valeur de l’effort normal résistant plastique Npl.Rd calculé en


posant tous les facteurs partiels de sécurité γa, γc et γs égaux à 1,0.
09/10/2006 Chapitre 5 – Les colonnes mixtes 5-8

La charge élastique critique Ncr d’une colonne mixte est calculée selon :

π 2 (EI )eff
Ncr = (5-9)
L2fl

où (EI)eff est la rigidité flexionnelle de la colonne mixte relative au plan de


flambement considéré et Lfl, la longueur de flambement correspondante de
cette colonne. Si cette colonne appartient à une ossature rigide, cette longueur
de flambement peut, de manière sécuritaire, être prise égale à la longueur
d’épure L.

Pour les charges de courte durée, la rigidité élastique de flexion effective (El)eff
de la section transversale d'une colonne mixte vaut :

(EI )eff = EaIa + K e EcmIc + Es Is (5-10)

avec :

Ia, Ic et Is inerties flexionnelles respectives, pour le plan de flexion considéré,


du profil en acier, du béton (supposé non fissuré) et de l'armature ;
Ea et Es modules d'élasticité respectifs du matériau constituant le profil en
acier et de l'acier d'armature ;
Ecm module sécant du béton ;
Ke facteur de correction pouvant être pris égal à 0,6.

Dans le cas d’application de charges de longue durée, la rigidité flexionnelle du


béton est déterminée en remplaçant le module d'élasticité du béton Ecm par une
valeur minorée Ec,eff calculée comme suit :

1
Ec ,eff = Ecm (5-11)
1 + (NG,Ed / NEd )ϕt

où NG.Ed est la fraction de la charge axiale NEd qui agit de manière permanente.
Le coefficient ϕt est un coefficient de fluage déterminé à partir des
recommandations de l’Eurocode 2 ; pour un béton chargé pour la première fois
à 30 jours et soumis à une contrainte de compression inférieur à 0,45.fck (30
jours), ϕt = 1.

Remarque : L’expression 5-10 permettant de déterminer la rigidité flexionnelle


de la colonne ne peut être utilisée que pour le calcul de
l’élancement réduit ; pour la détermination des efforts sollicitants
(c’est-à-dire pour l’analyse de la structure), une autre expression
pour la détermination de la rigidité flexionnelle doit être utilisée (cf.
§ 5.7.2)
09/10/2006 Chapitre 5 – Les colonnes mixtes 5-9

5.6.3. Résistance au flambement

La colonne mixte présente une résistance au flambement suffisante si, pour


chacun des plans de flambement, l’effort axial de calcul NEd est tel que :

NEd ≤ χ N pl .Rd (5-12)

où la valeur de χ, coefficient de réduction relatif au plan de flambement


considéré, est donnée en fonction de l'élancement λ et de la courbe
européenne de flambement appropriée (cf. cours de construction métallique).

Les courbes de flambement applicables aux colonnes mixtes sont indiquées au


Tableau 5-1. Il est possible de calculer la valeur de χ par la formule suivante :

1
χ= 2
≤1 (5-13)
φ + [φ 2 − λ ]1/ 2

avec :
2
φ = 0 ,5 [1 + α ( λ − 0 ,2 ) + λ ] . (5-14)

où α est un paramètre d’imperfection généralisée, qui couvre les effets


défavorables du défaut de rectitude initial et des contraintes résiduelles (cf.
Tableau 5-1).
09/10/2006 Chapitre 5 – Les colonnes mixtes 5-10

Imperfection
Axe de Courbe de
Type de sections limites α initiale
flambement flambement
e0

Profilé complètement enrobé


y-y b 0,34 L/200

z-z c 0,49 L/150

Profilé partiellement enrobé

y-y b 0,34 L/200

z-z c 0,49 L/150

Section creuse circulaire ou


rectangulaire remplie de béton ρs≤3%
any a 0,21 L/300

3%<ρs≤6% any b 0,34 L/200

Section creuse circulaire remplie de


béton et avec profilé en I
y-y
b 0,34 L/200

z-z
b 0,34 L/200

Section partiellement enrobée avec


profilés en I croisés

any b 0,34 L/200

Tableau 5-1 Courbes de flambement applicables aux colonnes mixtes


09/10/2006 Chapitre 5 – Les colonnes mixtes 5-11

5.7. COLONNE MIXTE SOUS COMPRESSION


ACCOMPAGNEE DE FLEXION

5.7.1. Interaction moment résistant – effort normal résistant


d’une section mixte

La résistance en section de la colonne mixte sous combinaison de compression


et de flexion monoaxiale est définie par la courbe d'interaction M-N, telle celle
présentée à la Figure 5-4.

Figure 5-4 Courbe d’interaction M-N (flexion monoaxiale)

Le point D de cette courbe d'interaction correspond au maximum du moment


résistant Mmax,Rd , dont on observe qu’il est supérieur à Mpl.Rd. Cet effet est
simplement dû à la dissymétrie dans la répartition des contraintes sous Mpl,Rd
(point B). En effet, en partant de ce point et en appliquant progressivement un
effort de compression N, l’axe neutre plastique change de position jusqu’à
arriver au milieu de la section mixte, position pour laquelle le moment résistant
est maximum (point D).

La courbe d'interaction précitée a une forme non linéaire ; cependant, il est


permis, par l’Eurocode 4, de substituer cette courbe par une ligne polygonale
en considérant successivement diverses positions particulières de l'axe neutre
plastique dans la section droite et en calculant pour chacune de ces positions,
la résistance de la section droite à partir de l'hypothèse des blocs de contrainte,
ce qui, à partir des deux équations d’équilibre de translation et de rotation,
fournit le couple (M, N) des efforts résistants concomitants (point A, B, C et D) :
09/10/2006 Chapitre 5 – Les colonnes mixtes 5-12

• Point A : résistance en compression seule

N A = N pl .Rd

MA = 0

• Point B : résistance en flexion seule

NB = 0

M B = M pl .Rd

• Point C : résistance en flexion identique à celle associée à la situation du


point B mais avec une résultante non nulle en compression
fck
NC = N pm.Rd = AC .0,85 (section enrobée de béton)
γC
fck
= AC (section creuse remplie de béton)1
γC

M C = M pl .Rd

• Point D : moment résistant maximum


1 1 f
ND = N pm.Rd = Ac 0,85 ck (section enrobée de béton)
2 2 γc
1 f
= AC ck (section creuse remplie de béton)1
2 γc

fy fs 1 f
M D = W pa . + W ps + W pc 0 ,85 ck
γa γs 2 γc
Wpa, Wps, Wpc sont, pour la configuration étudiée, les modules de
résistance plastique respectivement du profil en acier, de l’armature et du
béton.

1 t fy
fck doit éventuellement être affecté d’un facteur ou [1 + ηc
] s’il s’agit d’une section creuse
d f
ck
circulaire avec un élancement λ ≤ 0,5 et un rapport e/d < 0,1 où e est l’excentricité du
chargement MEd/NEd et d le diamètre extérieur du tube.
09/10/2006 Chapitre 5 – Les colonnes mixtes 5-13

5.7.2. Analyse de la distribution des moments fléchissants


dans la structure

Dans le cadre de la méthode simplifiée, les efforts sollicitant la colonne peuvent


être déterminés via une analyse élastique linéaire. Dans l’analyse structurale, la
rigidité flexionnelle à considérer pour les colonnes est la suivante :

(EI )Eff ,II = K 0 (EaIa + Es Is + K e,II EcmIc )

où :
- Ke,II est un coefficient de correction égal à 0,5 ;
- K0 un coefficient de calibration égal à 0,9.
Les effets des charges à long terme sur la valeur du module de Young du béton
peuvent également être pris en compte via l’expression 5-11 comme décrit au §
5.6.2.

Supposons que les effets du second ordre globaux (dus à la déformation


latérale de la structure) peuvent être négligés ; c’est la cas lorsque le
multiplicateur critique du portique αcr est supérieur à 10, celui-ci ayant été
déterminé en considérant, pour les colonnes, la rigidité flexionnelle (EI)eff,II.

Dans ce cas, il convient tout de même de tenir compte de l’imperfection initiale


existant au niveau de la colonne et de l’influence locale du second ordre
géométrique au niveau de la colonne, à savoir l'amplification des moments de
premier ordre existant dans la colonne.

Concernant l’imperfection initiale, l’Eurocode 4 permet de négliger son effet si la


condition suivante est respectée :

λ ≤ 0, 5. N pl ,Rk / N Ed (5-15)

Si ce n’est pas le cas, l’Eurocode 4 propose de prendre des valeurs forfaitaires


pour l’imperfection initiale proposées au Tableau 5-1 (valeur e0).
09/10/2006 Chapitre 5 – Les colonnes mixtes 5-14

NEd

e0

NEd

Figure 5-5 Déformée initiale de la colonne

Le moment MEd,imp associé à l’imperfection initiale sera donc égal à :

M Ed ,imp = N Ed .e0 (5-16)

L’influence des effets du second ordre, quant-à-elle, peut être prise en compte
de manière approchée en appliquant au moment maximum de calcul de
premier ordre MEd le facteur multiplicateur k1 et au moment relatif à
l’imperfection MEd,imp le facteur multiplicateur k2 (si l’imperfection initiale doit être
prise en compte) donnés par la formule suivante :

β
k1 ou 2 = ≥ 1,0 (5-17)
1 − NEd / Ncr ,eff

avec :
β coefficient permettant de se ramener à un moment constant
équivalent et pouvant être déterminé via le Tableau 5-2 ;
r rapport entre les moments de flexion existant aux extrémités de la
colonne (moment le plus petite sur le moment le plus grand Î -1 ≤ r
≤ 1) ;
NEd effort normal sollicitant la colonne ;
Ncr,eff charge critique d’Euler pour le plan de flexion considéré et en
considérant la rigidité flexionnelle (EI)eff,II et en prenant comme
longueur de flambement, la longueur de la colonne.
09/10/2006 Chapitre 5 – Les colonnes mixtes 5-15

Tableau 5-2 Détermination du facteur β


Le moment maximum à considérer pour l’ensemble des vérifications avec prise
en compte de l’imperfection et des effets du second ordre locaux sera donc
égal à :
*
MEd = k1.MEd ( +k 2 .MEd ,imp si nécessaire) (5-18)

Si les effets du second ordre globaux ne peuvent être négligés, il conviendra


alors de réaliser une analyse élastique linéaire au second ordre ou une analyse
non linéaire complète demandant des outils numériques appropriés. L’Eurocode
4 autorise la réalisation d’analyses élastiques au second ordre mais ne donne
aucune information quant à la manière de les réaliser.

5.7.3. Influence de l'effort tranchant

Il est permis de retenir comme hypothèse simplificatrice que l'effort tranchant


transversal de calcul VEd est entièrement repris par la seule section en acier.
Alternativement, on peut le répartir entre la section en acier et le
béton (respectivement Va,Ed et Vc,Ed) ; dans ce cas, l’effort tranchant repris par le
béton est déterminé de la manière indiquée dans l’Eurocode 2.

La répartition de l’effort tranchant entre l’acier et le béton peut être déterminée


de la façon suivante, à défaut d’une méthode d’analyse plus précise :

− Va,Ed = VEd . (Mpl,a,Rd/Mpl,Rd)


− Vc,Ed = VEd – Va,Ed
09/10/2006 Chapitre 5 – Les colonnes mixtes 5-16

où Mpl,a,Rd et Mpl,Rd sont respectivement les moments résistants de la section en


acier seul et de la section mixte.

L’interaction entre l’effort tranchant et le moment ne doit être prise en


considération que si la part de l’effort tranchant reprise par la section en acier
Va.Ed est supérieure à 50 % de la résistance plastique au cisaillement de la
section en acier :

Vpl .a.Rd = Av fyd / 3

où Av est l’aire cisaillée du profil en acier (cf. § 4.1.7.1).

Si tel est le cas, il en sera tenu compte en opérant une réduction des
contraintes normales limites dans les zones soumises à un effort tranchant
significatif. Cette réduction des contraintes normales dans les zones cisaillées
peut être remplacée, pour la facilité des calculs, par une diminution de la limite
élastique de dimensionnement fyd de la(des) paroi(s) du profil en acier
reprenant l’effort tranchant.

La réduction de la limite d’élasticité est donnée par :

(1 – ρ) fyd (5-19)

La valeur de ρ est déterminée conformément au § 4.1.6.3. Sur base de cette


limite d’élasticité réduite, la méthode donnée précédemment pour déterminer la
courbe d’interaction de la section transversale peut être appliquée sans
restriction.

5.7.4. Résistance d’une colonne mixte sous compression


accompagnée de flexion monoaxiale

La méthode de calcul est illustrée schématiquement à la Figure 5-6 pour une


flexion selon un axe « y » de la section considérée. La résistance au
flambement de la colonne mixte comprimée axialement est χNpl.Rd. Le facteur χ
incorpore à la fois l’influence de l’élancement et celle des imperfections. La
colonne mixte ne peut bien sûr supporter une charge axiale de compression
supérieure à χNpl.Rd. A cette dernière, la courbe d’interaction permet d’associer
un moment de flexion μk M pl ,y ,Rd .
09/10/2006 Chapitre 5 – Les colonnes mixtes 5-17

μk

Figure 5-6 Méthode de calcul pour la compression et la flexion monoaxiale

Lorsque le moment de flexion et l’effort axial ne sont pas proportionnels, ce qui


signifie notamment que le moment de flexion My,Ed n’est pas uniquement le
résultat d’un excentrement de l’effort axial NEd, il semble prudent de borner la
valeur de μ à l’unité. Il paraît en effet contre-indiqué d’accepter un moment de
flexion supérieur au moment résistant et agissant concomitamment avec un
quelconque effort axial dont la condition d’occurrence est indépendante de celle
du moment de flexion. Cette borne de μ n’a pas de raison d’être s’il existe une
dépendance directe entre M et N ; c’est notamment le cas d’une colonne isolée
non soumise à des charges transversales entre ses extrémités.

Sous NEd , la colonne mixte a une résistance suffisante si :

M y* ,Ed ≤ α M μdy M pl .y .Rd (5-20)

Le moment sollicitant M*y,Ed est déterminé via l’expression 5-18. Le coefficient


αM vaut 0,9 pour les aciers S235 et S355 et 0,8 pour les aciers S420 et S560 ;
ce coefficient de réduction tient compte des simplifications qui sont sous-
jacentes à la méthode de calcul. Ainsi, la courbe d’interaction a été établie
indépendamment de toute limite sur les déformations du béton.

5.7.5. Résistance d’une colonne mixte sous compression


accompagnée de flexion biaxiale

Lorsqu’une colonne mixte est soumise à compression et à flexion biaxiale, il


faut en premier lieu vérifier la résistance sous compression accompagnée de
flexion monoaxiale, et ce, dans chacun des plans de flexion.
09/10/2006 Chapitre 5 – Les colonnes mixtes 5-18

Cette vérification ne suffit toutefois pas et il importe de lui adjoindre une autre
vérification, relative au comportement biaxial.

Selon l’Eurocode 4, il convient de prendre en compte les imperfections (si la


condition 5-15 n’est pas respectée) uniquement dans le plan où la ruine est
attendue. Cela dit, en principe, il faudra tenir compte des imperfections dans les
deux plans car il est difficile de prédire le plan de ruine (approche sécuritaire).

En résumé, la colonne mixte présente une résistance suffisante si l’on a


simultanément :

M y* .Ed ≤ α M μdy M pl .y .Rd (5-21)

M z*.Ed ≤ α M μdz M pl .z.Rd (5-22)

et :

M y* .Ed M z*.Ed
+ ≤ 1,0 (5-23)
μdy M pl .y .Rd μdz M pl .z.Rd

Avec M* déterminé via l’expression 5-19 du § 5.7.2.

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