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PSI- Angers

DESCRIPTION D'UN FLUIDE EN ECOULEMENT

I- Le modèle du fluide
I-1. Les 3 échelles spatiales
À l’échelle macroscopique, le fluide est un milieu continu. La longueur caractéristique L associée à cette
échelle dépend du problème étudié. Ce peut être la dimension d’un obstacle placé dans un écoulement, le
diamètre d’une canalisation ou la largeur d’un fleuve, la profondeur d’un océan, …

À l’échelle microscopique, un fluide, comme tout milieu matériel est un milieu discontinu, constitué de
molécules (éventuellement atomes) en perpétuelle agitation thermique, conduisant à des mouvements
individuels désordonnés.
Une longueur caractéristique de cette échelle est le libre parcours moyen des molécules, ℓ distance moyenne
parcourue par une molécule entre deux chocs successifs.

On définit une échelle intermédiaire entre le macroscopique et le microscopique, appelée échelle


mésoscopique, de telle sorte que l’on puisse toujours définir le fluide comme un milieu continu, tout en
étudiant le mouvement d’un « point » du fluide, encore appelé « particule de fluide ».

L’échelle mésoscopique est telle que le nombre de particules contenues dans un volume élémentaire est
suffisamment grand pour qu’on puisse négliger toute fluctuation de ce nombre. La masse d'une particule de
fluide est donc constante.

L’intérêt d’une description continue du fluide réside dans le fait qu’on peut alors associer à une particule de
fluide des grandeurs macroscopiques : ainsi la vitesse de la particule, centrée à l’instant t au point M de
l’espace, sera en fait une moyenne des vitesses des molécules qu’elle contient. On obtient ainsi une grandeur
macroscopique locale, c’est à dire définie au point M, à l’instant t. Cette vitesse ne sera d’ailleurs non nulle
que si le fluide est macroscopiquement en mouvement.

La validité de ce mode de description est liée à la valeur de a : la taille de la particule doit être petite au niveau
macroscopique, où les grandeurs sont continues, mais grande au niveau microscopique ( la particule de fluide
contenant alors un nombre très grand de molécules ) pour pouvoir négliger les fluctuations associées à
l’agitation thermique.
ℓ≪𝑎≪𝐿

Typiquement, la longueur caractéristique de l’échelle mésoscopique est le μm, la particule de fluide occupant
un volume de l’ordre du (μm)3.

I-2. Description d'un fluide en écoulement.


• Nous nous intéressons à présent à un fluide macroscopiquement en mouvement dans le référentiel d’étude,
mouvement souvent appelé écoulement. Décrire le mouvement de ce fluide, c’est par exemple décrire le
mouvement de chacune des particules qui le composent.

Plusieurs représentations du fluide peuvent alors être utilisées.

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• Ligne de courant :
Une ligne de courant est une ligne qui, à t fixé , est tangente en
chacun de ses points, à la vitesse des particules de fluide.

• Ligne d’émission :
Une ligne d’émission est l’ensemble des particules de
fluide qui sont passées ou qui passeront par un endroit
précis.
Expérimentalement, les lignes d’émission sont faciles à
observer, car il suffit d’injecter un marqueur dans le fluide
considéré. Ici, la fumée est un ensemble de lignes
d’émission.

• La trajectoire :
La trajectoire n’est autre que la trajectoire, en tant que point matériel,
d’une particule de fluide. Expérimentalement, la trajectoire est
difficile à obtenir, même si elle est globalement plus facile à
comprendre.
Ici, la lumière laissée par les phares des véhicules constitue leurs
trajectoires.

Dans le cas général, lignes de courant et trajectoires ne sont pas confondues.

Cas général Cas stationnaire

• Pour décrire le mouvement du fluide , nous allons utiliser la vision eulérienne. La vision eulérienne consiste
à voir le fluide comme un champ de vitesse 𝑣⃗(𝑀, 𝑡).

Cette approche a pour avantage majeur de considérer un phénomène dans sa globalité à un endroit précis, mais
pour inconvénient de décrire les caractéristiques d’un système ouvert, sur lequel on ne peut appliquer les lois
de la physique

La notion de trajectoire perd ainsi son sens en description eulérienne et est remplacée par le concept de ligne
de courant.

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I-3. Cas des régimes stationnaires
Nous appelons écoulement stationnaire (ou permanent), un écoulement dont les champ eulériens, notamment
le champ de vitesse ne dépendent pas du temps :
Dans ce type d’écoulement, la vitesse du fluide en un point donné est toujours la même.

Autrement dit, toutes les particules de fluide passant en un même point à divers instants y auront la même
vitesse, caractéristique de ce point. Les lignes de courant sont « figées » et le temps ne joue plus alors aucun
rôle (une photographie, prise à un instant quelconque, avec un temps de pause quelconque, donnerait une
même visualisation de l’écoulement)

Il y alors identité entre trajectoires et lignes de courant en régime stationnaire

II- Conservation de la masse.


II-1 Débits massique Dm et volumique Dv
• On définit le débit massique du fluide à travers la surface orientée S en calculant la
masse dm traversant la surface S pendant dt.

⃗⃗⃗⃗⃗ de cette surface, centré en


Les particules de fluide qui peuvent traverser un élément 𝑑𝑆
⃗⃗ =
M, pendant le temps dt, sont celles qui sont contenues dans un cylindre de base d𝑆⃗, de longueur 𝑑ℓ
𝑣⃗(𝑀, 𝑡). 𝑑𝑡
Elles représentent une masse :
𝛿 2 𝑚 = 𝜌(𝑀, 𝑡). 𝛿𝜏 = 𝜌(𝑀, 𝑡). d𝑆⃗. 𝑣⃗(𝑀, 𝑡). 𝑑𝑡

avec ρ(M,t) le champ eulérien de masse volumique du fluide.

Le débit massique Dm associé, exprimé en kg.s-1, est donné par :


𝛿𝑚
𝐷𝑚 = = ∬ 𝜌(𝑀, 𝑡). 𝑣⃗(𝑀, 𝑡). d𝑆⃗
𝑑𝑡 𝑆

Par analogie avec la définition de l’intensité électrique traversant une surface orientée définissant le vecteur
densité de courant électrique, on définit en mécanique des fluides
le vecteur densité de courant de masse 𝒋⃗(𝑴, 𝒕) par
𝛿𝑚
𝑗⃗(𝑀, 𝑡) = 𝜌(𝑀, 𝑡). 𝑣⃗(𝑀, 𝑡) soit 𝐷𝑚 = = ∬𝑆 𝑗⃗(𝑀, 𝑡). d𝑆⃗
𝑑𝑡

Il s'exprime en kg.m-2.s-1

• De la même façon, on définit le débit volumique Dv à travers la surface orientée S en calculant le volume
de fluide traversant la surface S pendant dt.

On a donc pour l’expression du débit volumique


𝛿𝑉
𝐷𝑣 = = ∬ 𝑣⃗(𝑀, 𝑡). d𝑆⃗
𝑑𝑡 𝑆

Dans une conduite de section on définit la vitesse débitante ou vitesse moyenne V par : 𝐷𝑣 = 𝑉. 𝑆
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II-2. Conditions aux limites
• La plupart des écoulements étudiés auront lieu dans une partie de l'espace limitée par des frontières (ex. :
écoulement d'un fluide à l'intérieur d'un tuyau...). Ces frontières vont imposées des conditions au fluide.

• Un obstacle ne perturbe l'écoulement que sur des distances du même ordre de grandeur que sa taille
caractéristique: loin d'un obstacle, celui-ci ne perturbe pas l'écoulement.

• L'obstacle étant solide, il est imperméable au fluide; celui-ci ne peut pénétrer dans l'obstacle. Le débit
volumique est donc nul à travers toute surface élémentaire de l'obstacle.
On en déduit que la vitesse du fluide est tangente à l'obstacle ou encore que la composante normale de la
vitesse du fluide par rapport à l'obstacle est nulle.

• De la même manière, on montrer qu'à l'interface entre deux fluides non miscibles , il y a continuité de la
composante normale de la vitesse.

II-3. Équation de conservation de la masse


Considérons un volume fixe (V) de l’espace occupé par le fluide, délimité par une surface fermée S. La masse
de fluide m(t) contenue à tout instant dans ce volume s’écrit

𝑚(𝑡) = ∭ 𝜌(𝑀, 𝑡). 𝑑𝜏


𝑉

Du fluide entre et sort continuellement du volume (V) en traversant la surface S : la masse totale m(t) du
volume (V) aura donc varié pendant la durée dt de :

Cette variation de la masse contenue dans (V) est due au débit de masse entrant à travers la surface fermée (S)
délimitant le volume (V) soit :

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On en déduit l'équation de conservation de la masse ou équation de continuité :

III- Quelques écoulements particuliers


III-1. Cas de l'écoulement stationnaire.
Un écoulement est dit stationnaire si tous les champs eulériens sont indépendants du temps.

La relation locale vérifiée par le vecteur densité de masse pour un écoulement stationnaire est : 𝑑𝑖𝑣𝑗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑚 =0

Cette relation montre que le champ vectoriel ⃗⃗⃗⃗⃗⃗est


𝑗𝑚 à flux conservatif . On en déduit qu’en régime
stationnaire, le débit massique se conserve à travers toute section d’un tube de champ.

III-2. Ecoulement incompressible et homogène.


• Un écoulement est dit incompressible si toute particule de fluide garde une masse volumique constant au
cours de son mouvement (volume constant au cours du mouvement). La masse volumique peut cependant
varier avec la position car cela concerne alors des particules de fluide différentes.

Dans un écoulement incompressible, le débit volumique est le même, à un instant donné , à travers toute
section d'un même tube de courant.
Un écoulement incompressible est donc caractérisé par : 𝑑𝑖𝑣𝑣⃗ = 0

• Un fluide est dit incompressible si sa masse volumique est constante.

Remarque : Un fluide incompressible est donc toujours en écoulement incompressible mais la réciproque est
fausse.
En générale, les liquides peuvent être considérés comme incompressible et les écoulements gazeux peuvent
être assimilés à des écoulements incompressible si la vitesse est inférieure à la vitesse du son.

• Dans ce cours, nous ne ferons pas la distinction et considéreront les écoulements incompressibles,
uniformes caractérisés par une masse volumique constate. L'équation de conservation de la masse devient
alors : 𝑑𝑖𝑣𝑣⃗ = 0

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− 𝜌 = 𝑐𝑠𝑡𝑒
Un écoulement incompressible, uniforme est donc caractérisé par { − 𝑑𝑖𝑣 𝑣⃗ = 0 .
− 𝐷𝑣 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡

La vitesse augmente donc lorsque les lignes de


courant d'un tube de courant se resserrent.

Application : lien entre la déformation d'une particule de fluide et l'incompressibilité/compressibilité


On suit une particule de fluide initialement dans le carré ABCD au cours de son déplacement

III-3. Ecoulement irrotationnel ou potentiel.


⃗⃗⃗ = 1 𝑟𝑜𝑡
• Par analogie avec la mécanique des solides, on introduit le vecteur tourbillon Ω ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝑣⃗ .
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Il renseigne sur la rotation instantanée au sein du fluide mais il ne faut pas nécessairement l'associer au
caractère courbe des lignes de courant.

𝑟𝑜𝑡𝑣⃗ = ⃗0⃗
• Un écoulement sera dit irrotationnel si le vecteur tourbillon est nul soit ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
On définit alors un potentiel scalaire des vitesses  par analogie avec l'électromagnétisme tel que
𝑣⃗ = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝜙) = ⃗0⃗.
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ (𝑔𝑟𝑎𝑑
𝑔𝑟𝑎𝑑 𝜙 car 𝑟𝑜𝑡

Un écoulement incompressible et irrotationnel sera donc caractérisé par :


⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝜙) = Δ𝜙 = 0
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑣⃗ = ⃗0⃗ et 𝑑𝑖𝑣𝑣⃗ = 𝑑𝑖𝑣(𝑔𝑟𝑎𝑑
𝑟𝑜𝑡

III-4. Ecoulement unidimensionnel


Les caractéristiques de l'écoulement, donc la vitesse ne dépendent que d'une unique coordonnée spatiale le
long de l'écoulement et éventuellement du temps.

III-5. Quelques autres écoulements


• Dans un écoulement laminaire, le champ des vitesses est régulier dans l'espace et au cours du temps ce qui
permet de définir les lignes de courant. Le fluide est décomposable en "couches" s'écoulant les unes des autres
sans s'interpénétrer.

• Dans un écoulement turbulent, le champ des vitesses subit de fortes fluctuations spatio-temporelles traduisant
le comportement chaotique des particules de fluides. On ne peut plus alors définir les lignes de courant. On
observe un fort brassage au sein du fluide.
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