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Afef Chebbi (ISSAT de Sousse)

Chapitre 3 : Dynamique des fluides parfaits


incompressibles

Introduction
Dans ce chapitre, nous allons étudier les fluides en mouvement. Contrairement
aux solides, les éléments d’un fluide en mouvement peuvent se déplacer à des
vitesses différentes. L’écoulement des fluides est un phénomène complexe. On
s’intéresse aux équations fondamentales qui régissent la dynamique des fluides
incompressibles, en particulier :
- L’équation de continuité (ou équation de conservation de la masse)
- Le théorème de Bernoulli (ou équation de conservation de l’énergie)

I- Définitions:
Le débit est le quotient de la quantité de fluide qui traverse une section droite de
la conduite par la durée de cet écoulement.
I-1 - Débit-masse
Si dm est la masse de fluide qui a traversé une section droite de la conduite
pendant le temps dt, par définition le débit-masse est:
𝑑𝑚
𝑄𝑚 = [kg/s]
𝑑𝑡
I-2 - Débit-volume
Si dV est le volume de fluide qui a traversé une section droite de la conduite
pendant le temps dt, par définition le débit-volume est :
𝑑𝑉
𝑄𝑉 = [m3/s]
𝑑𝑡
I-3 - Relation entre Qm et QV
𝑑𝑚
La masse volumique est donnée par la relation : 𝜌 = d'où :
𝑑𝑉
𝑄𝑚 = 𝜌 ∗ 𝑄𝑉
Remarque :
Les liquides sont incompressibles et peu dilatables (masse volumique
constante) ; on parle alors d'écoulement isovolume.
II - Équation de conservation de la masse ou équation de continuité
II-1 – Définitions
• Ligne de courant : En régime stationnaire, on appelle ligne de courant la
courbe suivant laquelle se déplace un élément de fluide. Une ligne de
courant est tangente en chacun de ses points au vecteur vitesse du fluide
en ce point.

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• Tube de courant : c’est l’ensemble de lignes de courant s'appuyant sur une


courbe fermée.
• Filet de courant : c’est le tube de courant s'appuyant sur un petit élément
de surface ΔS.
La section de base ΔS du tube ainsi définie est suffisamment petite pour
que la vitesse du fluide soit la même en tous ses points (répartition
uniforme de vitesse).

II-2 - Conservation du débit


Considérons un tube de courant entre deux sections S1 et S2. Pendant l'intervalle
de temps Δt, infiniment petit, la masse Δm1 de fluide ayant traversé la section
S1 est la même que la masse Δm2 ayant traversé la section S2 :

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S2
U2
S1 U1

𝑄𝑚1 = 𝑄𝑚2 : En régime stationnaire, le débit-masse est le même à travers


toutes les sections droites d'un même tube de courant.
Dans le cas d'un écoulement isovolume (ρ= Cte) : 𝑄𝑉1 = 𝑄𝑉2 : En régime
stationnaire, le débit-volume est le même à travers toutes les sections droites
d'un même tube de courant
II-3 - Expression du débit en fonction de la vitesse U
Le débit-volume est aussi la quantité de liquide occupant un volume cylindrique
de base S et de vitesse U, correspondant à la longueur du trajet effectué pendant
l'unité de temps, par une particule de fluide traversant S.
Il en résulte la relation suivante :

dh 𝑑ℎ
𝑈= dh=U*dt
𝑑𝑡
Le volume dV= dh*S= U*dt*S
𝑑𝑉 𝑑𝑡
Or 𝑄𝑉 = 𝑄𝑉 = 𝑈 ∗ 𝑆 ∗ 𝑑𝑡
𝑑𝑡
𝑄𝑉 = 𝑈 ∗ 𝑆

II-4 - Vitesse moyenne


En général la vitesse U n'est pas constante sur la section S d'un tube de courant.
On dit qu'il existe un profil de vitesse (à cause des forces de frottement). Dans
une section droite S de la canalisation, on appelle vitesse moyenne Um la vitesse
𝑄𝑉
telle que : 𝑈𝑚 = 𝑆
La vitesse moyenne Um apparaît comme la vitesse uniforme à travers la section S
qui assurerait le même débit que la répartition réelle des vitesses.

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Um

Profil de la vitesse réelle Profil de la vitesse moyenne Um

Si l'écoulement est isovolume, cette vitesse moyenne est inversement


proportionnelle à l'aire de la section droite :

𝑄𝑉 = 𝑈𝑚1 ∗ 𝑆1 = 𝑈𝑚2 ∗ 𝑆2 = 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡𝑒


𝑈𝑚1 𝑆2
Donc = C’est l’équation de continuité
𝑈𝑚2 𝑆1
Remarque :
La vitesse moyenne est d'autant plus grande que la section est faible.

III - Théorème de Bernoulli : Equation de conservation de l’énergie


III-1 - Théorème de Bernoulli pour écoulement permanent sans échange de
travail d’un liquide parfait incompressible
On considère un écoulement permanent isovolume d’un fluide parfait entre S1 et
S2 entre lesquelles il n’y a aucun machine hydraulique (pas de pompe (qui est un
dispositif permettant d'aspirer et de refouler un liquide), ni de turbine (qui
constitue le composant essentiel des centrales hydroélectriques destinées à
produire de l'électricité à partir d'un flux d'eau))

- l'indice i = 1 correspond aux paramètres à l'entrée


- l'indice i = 2 correspond aux paramètres à la sortie
- dVi : volume de fluide déplacé entre les instants t et t + dt de masse dmi,
- dli : hauteur du volume cylindrique de fluide admis ou expulsé (dVi = Si*dli),
- Ui : vitesses des particules fluides,
- Gi : centres de gravité des volumes dVi d'altitude zi,
- pi : pression

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𝑈2


𝑈1

• Expressions des différentes formes d’énergie mécanique :


A l’entrée A la sortie

- Energie cinétique : - Energie cinétique :


1 1
𝐸𝑐1 = 𝑑𝑚1 ∗ 𝑈12 𝐸𝑐2 = 𝑑𝑚2 ∗ 𝑈22
2 2
1 1
= 𝜌 ∗ 𝑆1 ∗ 𝑑𝑙1 ∗ 𝑈12 = 𝜌 ∗ 𝑆2 ∗ 𝑑𝑙2 ∗ 𝑈22
2 2
- Energie potentielle de pesanteur : - Energie potentielle de pesanteur :
𝑊𝑧1 = 𝑑𝑚1 ∗ 𝑔 ∗ 𝑧1 𝑊𝑧2 = 𝑑𝑚2 ∗ 𝑔 ∗ 𝑧2
= 𝜌 ∗ 𝑆1 ∗ 𝑑𝑙1 ∗ 𝑔 ∗ 𝑧1 = 𝜌 ∗ 𝑆2 ∗ 𝑑𝑙2 ∗ 𝑔 ∗ 𝑧2
- Energie potentielle de pression : - Energie potentielle de pression :
𝑊𝑝1 = 𝑝1 ∗ 𝑆1 ∗ 𝑑𝑙1 𝑊𝑝2 = 𝑝2 ∗ 𝑆2 ∗ 𝑑𝑙2

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• Expression du principe de conservation de l'énergie

𝐸𝑐1 + 𝑊𝑧1 + 𝑊𝑝1 = 𝐸𝑐2 + 𝑊𝑧2 + 𝑊𝑝2

𝑈12 𝑝1 𝑈2 𝑝2
Donc 𝜌 ∗ 𝑆1 ∗ 𝑑𝑙1 ∗ (
2
+ 𝑔 ∗ 𝑧1 +
𝜌
) = 𝜌 ∗ 𝑆2 ∗ 𝑑𝑙2 ∗ ( 22 + 𝑔 ∗ 𝑧2 + 𝜌
)
Or d’après l’équation de continuité, on a : dm1 = dm2
Donc 𝜌 ∗ 𝑆1 ∗ 𝑑𝑙1 = 𝜌 ∗ 𝑆2 ∗ 𝑑𝑙2
Donc on aura :
1 1
𝜌 ∗ 𝑈12 + 𝜌 ∗ 𝑔 ∗ 𝑧1 + 𝑝1 = 𝜌 ∗ 𝑈22 + 𝜌 ∗ 𝑔 ∗ 𝑧2 + 𝑝2 [Pa]
2 2

Avec p1, p2 : pressions statiques


ρ*g*z1, ρ*g*z2 : pressions de pesanteur
1 1
𝜌 ∗ 𝑈12 , 𝜌 ∗ 𝑈22 : pressions cinétiques
2 2

En divisant tous les termes de la relation précédente par ρ*g :


𝑈12 𝑝1 𝑈22 𝑝2
+ 𝑧1 + = + 𝑧2 + [m.c.f]
2∗𝑔 ρ∗g 2∗𝑔 ρ∗g

H1 = H2

m.c.f : mètre colonne de fluide. Si c’est de l’eau : m.c.e (mètre colonne d’eau)
Avec H1, H2 : charges hydrauliques
𝑈12 𝑈22
, : hauteurs cinétiques
2∗𝑔 2∗𝑔
z1, z2 : côtes
𝑝1 𝑝2
, : hauteurs de pression
𝜌∗𝑔 𝜌∗𝑔
𝑝1 𝑝2
z1 + , z2 + : hauteurs piézométriques
𝜌∗𝑔 𝜌∗𝑔
III-1 - Théorème de Bernoulli pour écoulement permanent avec échange de
travail d’un liquide parfait incompressible
Lorsque le fluide traverse une machine hydraulique (pompe ou turbine), il
échange de l’énergie avec cette machine sous forme de travail ΔW pendant une
durée Δt.

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Qv

La puissance P échangée est :


𝛥𝑊
P=
𝛥𝑡
avec P en Watt [W]
ΔW en Joules [J] et Δt en secondes [s]
- P > 0 si l’énergie st reçue par le fluide (exemple : pompe)
- P < 0 si l’énergie st fournie par le fluide (exemple : turbine)
Dans ce cas, la relation de Bernoulli peut s’écrire :
1
𝜌 ∗ (𝑈12 − 𝑈22 ) + 𝜌 ∗ 𝑔 ∗ (𝑧1 − 𝑧2 ) + (𝑝1 − 𝑝2 ) = P/Qv
2

Exercice d’application:
Une conduite subit un élargissement progressif entre la section (1) dont le
diamètre est D1= 480 mm et la section (2) située à 2m au dessus de la section
(1), dont l diamètre est D2= 945 mm. Le débit est de 180 l/s. La pression en (1)
est p1= 3 bar. Le fluide est de l’eau.
1- Calculer la vitesse en (1) et en (2)
2- Calculer la pression en (2) en admettant que les pertes de charge entre (1)
et (2) sont négligeables

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