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Fiche n°6 : Calcul du débit à partir de la hauteur d’eau

Domaine d'application : Mesurage de débit en réseau d’assainissement

1. Méthodes de calcul du debit à partir de la hauteur d’eau


4 méthodes (dont 3 « simples » notées ci-dessous M1, M2 et M3) permettent de calculer le débit à partir de
une ou deux mesures de hauteur d’eau, à savoir :
 Utilisation d’un seuil avec une courbe d’étalonnage et calage d’un coefficient – M1
 Une relation de Manning-Strickler – M2
 Mesure de la hauteur couplée à un capteur vitesse fixé de manière temporaire – M3
 Utilisation de la modélisation hydraulique et d’une ou deux mesures de hauteur d’eau – M4
2. Critères de choix
Méthodes Avantages Inconvénients
- Utilisation d’une seule mesure de - résultats erronés si présence de dépôt
hauteur (réduction des coûts) au pied du seuil
- coefficient de débit sensible
M1- Seuil et Courbe - courbe d’étalonnage difficile à réaliser
d’étalonnage - respect d’une distance minimale entre
le capteur de mesure de hauteur
d’eau et le seuil
- Nécessite la connaissance de la pente
- Modèle simple à mettre en du réseau sur un linéaire suffisant
oeuvre - résultats erronés si le régime
d’écoulement est trop variable et si
M2- Manning-Strickler influence aval
- Nécessité de vérifier le coef. Ks
Coefficient de rugosité variable en
fonction de la hauteur d’eau
- Réseau sans dépôt
- Besoin de mesures de vitesse - Plage restreinte de mesures de
temporaire vitesse
- Évaluation des effets liés à - Valeurs de vitesse erronées pour des
l’influence aval (hystérésis) hauteurs d’eau inférieures à 10 cm
M3- Couple (pour une mesure avec contact)
Hauteur/Vitesse - Relation variable du fait de l’influence
aval
- Nécessité de vérifier la vitesse
(traçage, mesure comparative…)
AUTOSURVEILLANCE DES RÉSEAUX D'ASSAINISSEMENT

*
- Outil de modélisation avec des
- Pas besoin de mesure de vitesse données de pluie ou 2 hauteurs
- Mesure sans contact distante d’au moins 80 m, en régime
fluvial
- Modèle à actualiser en fonction des
évolutions sur le réseau (exple :
M4 - couplage mesure travaux de mise en séparatif,
de une ou deux hauteurs nouveaux raccordements, présence
et d’une modélisation de dépôt…)
Réseau régional d'échanges

hydraulique - Nécessité de modéliser


(éventuellement appel à société
spécialisée) et coût lié à la
modélisation
- Ne fonctionne pas si ressaut
hydraulique

(*) Conseil : si utilisation d’un radar de surface : Necessité de verifier le coefficient qui permet d’obtenir la vitesse
moyenne à partir de la vitesse de surface pour une mesure sans contact (en utilisant par exemple une mesure
hauteur/vitesse indépendante).

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3. Mise en œuvre

a) Cas des modèles M1 : La figure 1 montre les différents types de seuil qu’on peut installer en
réseau d’assainissement.

Figure 1 : Géométries des différents seuils (Voir Norme A311)


Source : Bertrand-Krajewski et al., 2000
De façon générale, les modèles les plus utilisés permettant de calculer ou d’estimer le débit à partir de la
hauteur d’eau se mettent sous la forme :
3
Q  Cd L 2 g (h  w) 2
pour les seuil rectangulaires;

8  5
Q  Cd tg ( ) 2 g (h  w) 2 pour les seuils triangulaires.
15 2
Cd , L , h, w et  représentent respectivement le coefficient de débit à caler et vérifier, la largeur du seuil
rectangulaire, la hauteur d’eau, la hauteur de seuil et l’angle d’échancrure (en radian).
Sur le même principe, on peut calculer le débit en mesurant une hauteur dans un canal Venturi (ou tout autre
dispositif pré-fabriqué et pré-étalonné) ou à l’amont de l’orifice d’engouffrement au niveau des postes de
relèvement.

Conseil: les seuils à geométrie triangulaire et proportionnelle sont à proscrire en poste fixe sur eaux
brutes (statique) pour cause d’obstruction facile et donc d'entretien fréquent.
Pour la mesure en continu de débits « traversiers », l’ensemble de ces dispositifs est à proscrire compte tenu
de l’accumulation des dépôts à l’amont du seuil (piègeage des matères/dépôt).
Pour la mesure des débits de déversement, les dispositifs devront être implantés afin de limiter les dépôts en
« pied » de seuil. Le cheminement des eaux usées dans l’ouvrage doit permettre un auto-curage de ces dépôts
et de préférence en dehors des périodes de surverse

b) cas des modèles M2 :


Quant à la relation de Manning-Strickler, elle se met sous la forme suivante :
2
Q  K s A I Rh 3
où : K s représente le coefficient de rugosité à caler et vérifier, A la section mouillée, I la pente du
canal et Rh le rayon hydraulique.
La figure 2 (courbe avec de petites bulles) montre un exemple de relation hauteur/débit obtenue en appliquant
le modèle M2. Un coefficient de rugosité (qui vaut ici Ks = 60 m1/3/s) a pu être établi et ainsi le modèle M2
fournit une relation mathématique reliant la hauteur d’eau et le débit .

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M2

M4

Figure 2 : Représentation graphique de la fonction reliant la hauteur d’eau au débit pour le cas du site
industriel de Vénissieux (Métropole de Lyon). Relation hauteur débit selon Manning-Strikler- Méthode M2 (courbe avec
de petites bulles) et comparaison avec les résultats obtenus lors de l’utilisation de la méthode M4 (courbe noire). Les
incertitudes relatives sont estimées à 5 %. La relation proposée a été vérifiée grâce à quelques résultats issus de la
modélisation 3D (calcul CFD – Computational Fluid Dynamics ou Mécanique des fluides numérique - les 2 carrés rouges).

c) Cas des modèles M3


Une relation hauteur-débit peut être construite à partir des mesurages de vitesse et de hauteur. Les mesures
de hauteur et vitesse peuvent être acquises à l’aide d’un capteur unique (fournissant la hauteur et la vitesse)
ou en utilisant un capteur de vitesse et un autre de hauteur installés au niveau de deux sections voisines
distantes de 70 cm à 1 m (hauteur à l’amont et vitesse à l’aval en cas de mesure de vitesse avec contact).
Installés de façon temporaire, les débitmètres hauteur-vitesse peuvent fournir des valeurs de débit permettant
par exemple de vérifier les mesures de débit obtenues à partir d’autres dispositifs métrologiques (par exemple
à l’aide des modèles M1, M2, M4).
Cette méthode est largement répandue. Il est indispensable de bien s’assurer du bon emplacement du
débitmètre hauteur-vitesse (éviter de l’installer à proximité de singularités géométriques (telles que coude,
chute, jonction) du fait de la perturbation du champ de vitesse sur une longue distance à l’aval).
Par ailleurs, une telle relation ne peut être applicable que dans certaines conditions. En effet, les écoulements
en réseau d’assainissement ont lieu en régime instationnaire (surtout en temps de pluie) et peuvent être
soumis à l’influence aval.
Par conséquent, la même hauteur ne donne pas toujours la même vitesse à cause du phénomène d’hystérésis
(pour une même hauteur, la vitesse dépendra de la phase de crue ou de décrue).

Figure 3 : Illustration d’un équipement permettant d’appliquer la méthode M3. Les capteurs de vitesse avec contact et de hauteur
sans contact par exemple doivent être distants de 0.7 à 1 m.

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d) Cas du modèle M4
La méthodologie de mise en œuvre de la méthode M4 (estimation de débit fondée sur l’utilisation d’une ou
deux mesures de hauteur et un modèle hydraulique) est construite à partir des étapes suivantes :
 Modélisation hydraulique en prenant en compte différentes conditions limites et configuration
d’écoulement (la géométrie et la pente moyenne étant fixé)
 Exploitation des résultats de modélisation pour élaborer une relation hauteur-débit.
 Identification des sources d’incertitude et calcul des incertitudes sur le débit en propageant ces
sources d’incertitudes dans la fonction mathématique hauteur-débit élaborée.

La figure 2 montre les résultats obtenus en appliquant le modèle M4.

Une variante du modèle M4 est fondé sur la résolution de l’équation de la courbe de remous ou des équations
de Barré de Saint Venant (pour le cas d’un écoulement instationnaire) à partir d’un traitement spécifique des
conditions aux limites grâce à une (pour le cas d’un régime torrentiel) ou deux (en régime fluvial) mesures de
hauteur d’eau. L’avantage de la méthode M4 est de permettre de s’affranchir de la mesure de vitesse, mais
nécessite tout de même deux mesures de hauteurs en régime fluvial, avec au moins 80 m entre les deux
capteurs de hauteur.

4. Maintenance
Voir fiches techniques " mesurage de la hauteur " (FT1 et FT2) et "Mesurage de la vitesse " (FT4 et FT5).
Réglage du seuil en réalisant un curage local (au pied su seuil).

5. Vérification
Il faut vérifier les conditions hydrauliques (possible directement avec un modèle numérique) à l’endroit où est
installé le capteur de hauteur. Ainsi pour la méthode M2, il faut s’assurer de l’existence d’un écoulement en
régime permanent et uniforme. Concernant la méthode M3, l’absence d’hystérésis réduit la variabilité de la
relation hauteur-débit obtenue.
En outre, il faut obligatoirement cerner le fonctionnement hydrodynamique (champ de vitesse) du site de
mesure de vitesse si l’on souhaite utiliser le modèle M3. En effet, un capteur de vitesse mal placé (zone de
recirculation, zone de stagnation, dissymétrie du champ de vitesse, …) ne fournit pas de vitesses moyennes
fiables, par conséquent le calcul de débit sera erroné (même si le capteur de hauteur est bien positionné).
Ainsi, pour les méthodes M2, M3 et M4, l’emplacement des capteurs hauteur/vitesse doit être optimisé pour
s’affranchir de l’influence des singularités voisines. Plusieurs études ont été menées en France (par exemple
récemment dans le cadre du projet ANR Ecotech MENTOR – voir dossier « Mentor » dans TSM, (1-2), 2017 ou
le projet national COACHS :
https://www.researchgate.net/publication/283507563_Final_report_of_the_COACHS_project_in_French)
sur la méthodologie de conception et de qualification des sites de mesure de hauteur et de vitesse.
Concernant la méthode M1, dans le cas où les conditions hydrauliques lors de l’installation changent, la
vérification d’une loi d’étalonnage à partir de traçage par exemple ou d’un couple de valeurs hauteur/vitesse
est vivement conseillée.

6. REGLAGE
Voir fiches techniques " mesurage de la hauteur " (FT1 et FT2) et "Mesurage de la vitesse " (FT4 et FT5).

7. Bibliographie
Bertand-Krajewski J.-L., Laplace D., Joannis C., Chebbo G. (2000). Mesures en hydrologie urbaine et
assainissement. Edition Tec&Doc.
A. El Bahlouli, E. Mignot, F. Denis, N. Rivière, A. Dalmon, G. Lipeme Kouyi, C. Joannis et F. Larrarte
(2017). Fiabilité de la mesure de vitesse débitante à l’aval d’une singularité en réseau d’assainissement.
Techniques Sciences et Méthodes, (1-2), 17-65 : « Dossier : MENTOR : Méthodologie et outils
opérationnels de conception et de qualification de sites de mesures en réseau d’assainissement ».

8. Contact :
Gislain Lipeme Kouyi, Maître de conférences INSA de Lyon, DEEP.
Email : gislain.lipeme-kouyi[a]insa-lyon.fr – 04 72 43 82 77

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