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I. PROPERCE
III, 7
1 Pour ce qui est de Ps.- Moschos, cf. Lamentation funèbre en l'honneur de Virgile
dans Paideia , 48 (1993), p. 241-6; pour Horace et Ovide, La mort de Virgile d'après Hora
et Ovide , Paris, 1993; pour Properce, Jeux de masques dans l'élégie latine. Tibulle,
Properce, Ovide , Namur, 1997.
2 Mais il faut se garder de prendre à la lettre ce qui n'est souvent pour la poésie
augustéenne que convention : cf. W. A. Camps, Elegies Book III , Cambridge, 1966, a
loc., et surtout M. Hubbard, Propertius , London, 1974, p. 84, n. 1 : «we should not
suppose ourselves able to infer that P. was sailing to Alexandria by a route that took h
between Rhodes and Crete; Alexandria is mentioned as a typical rich market, the Carpath
as a typical dangerous sea, and that is all. ». Dans la suite de ces notes, l'ouvrage de
Hubbard sera cité par le simple nom de l'auteur; de même pour T. D. Papanghelis,
Propertius : a Hellenistic poet on love and death , Cambridge, 1987, P. Fedeli, Properzio
Libro Terzo delle Elegie , Bari, 1985, et J. Booth, Ovid. Amores II , texte, trad, et comm.
anglais, Warminster, Wiltshire, 1991. Le texte ici suivi, sauf indications contraires, ser
pour Properce, celui de P. Fedeli, Propertius , Bibi. Teubneriana, ed. corr. 1994, et pou
Ovide celui d'H. Bornecque, Paris, Les Belles Lettres, 1930.
3 Les rapports entre l'ode I, 28 et l'élégie à Paetus sont soigneusement étudiés par
Fedeli (p. 227-280), qui note aussi entre autres l'influence de Sat., II, 6, 65-70 sur
sollicitae ... uitae, 1 et uiueret ante suos dulcis conuiua ..., 45); cf. aussi l'écho de quodsi,
43 à Epod., II, 39.
4 L'étrangeté du v. 16 est bien signalée par Hubbard, p. 84, n. 2 : «an unwanted
eulogy of Paetus' crew».
5 Pour le Perroquet, Mystès et Tyndaris, cf. La mort de Virgile ... (supra, n. 1); pour
Pettius, cf. Petite stéréoscopie des Odes et Épodes d'Horace, I (Paris, 1995).
12 Là encore (cf. n. 7), le Non tulit du v. 47 est même tellement désobligeant pour
Paetus que F. A. Barber (Sexti Properti Carmina , Oxford Classical Texts, 1960 (lere éd.
1953) a proposé de le corriger en Nunc tulit. Quant à la construction du distique 49-50, elle
est pour le moins relâchée ... Relevons enfin la flagrante contradiction qui existe entre la
négation des dieux au v. 18 ( non habet unda deos) et la mention de Neptune, des Néréides et
autres divinités marines aux v. 15, 57, 62, 67 sqq. (cf. Hubbard, p. 84, n. 2).
13 Sponte tua. Voir sur ce distique la critique aiguë de Sh. Bailey, Propertiana,
Amsterdam (1967 : lere éd. 1956), p. 151. On l'approuvera de juger impardonnable
l'absence de vocatif avec Reddite , mais sa justification (contre Hartman qui préconisait le
mollis de Markland) de l'épithète uilis affectée à harena passerait mieux s'il en avait
reconnu la secrète nuance de délectation.
14 Comme réplique au timor du v. 13 (terreur inspirée par un violeur à sa victime), il
n'y a rien de plus sardónique que ce timor (terreur inspirée aux imprudents par le malheureux
Paetus). Le rapprochement avec III, 11, 71-2 {At tu ... nauita / Caesaris in toto sis memor
Ionio) n'est-il pas par ailleurs éloquent?
vrai que, sous sa bénigne surface, il peut signifier que le poète se sait
menacé ("moi, tu ne m'attireras pas en mer, tu devras me tuer là où je
suis")18 :
At tu, saeue Aquilo, numquam mea uela uidebis :
Ante fores dominae condar oportet iners.
Et l'anagramme de l'assassin, Caesar (SAEue AK ... CondAR),
répond symétriquement à celle de la victime, P. Vergilio Maroni, que
l'on décelait dans le premier distique19.
II, 26-27-28
1 8 Fedeli (p. 279) rapproche de façon éclairante II, 8, 25 ( sed non effugies : mecum
moriaris oportet). Le sens de ce distique final est en tout cas loin d'être évident. Comparer
Paganelli : «il faut que mon corps repose ...», P. Boyancé (traduction de Properce, Paris,
Les Belles Lettres, 1980) : «c'est sur le seuil de la maîtresse qu'il faut m'enterrer», Butler
(, supra , n. 10) : «mine rather before my mistress' doors to lay me down ...», Hubbard :
«it is before my mistress's door that I must lie unseen ...». Selon Fedeli {ibid.), Properce
exploite les diverses acceptions du verbe condere «per suggerire, oltre all'immagine del
"giacere" e dello "stare nascosto", anche l'idea della morte e della sepultura»; il peut aussi
continuer la métaphore nautique : cf. W. R. Smyth, dans Hermathena. 87 (1956). d. 76.
19 Ajoutons à cette argumentation le couplage de III, 7 avec III, 18 (épicède de
Marcellus) : cf. W. R. Nethercut, The ironie priest, dans A.J.P., 91 (1970), p. 398.
Plutôt qu'à un illustre inconnu, n'est-il pas bien plus satisfaisant pour l'esprit d'associer le
fameux jeune homme au poète qui l'avait immortalisé dans YÉnéide ?
Ce thème constitue au demeurant l'un des principaux leitmotive de l'œuvre
propertienne (cf. Jeux de masques ... : supra, n. 1), mais il n'est nulle part mis en œuvre
avec autant de force qu'à travers le présent dispositif.
21 Voir bibliographie in Papanghelis, p. 80-1 et Fedeli, ad loc.
Certains préconisent de la découper en deux, trois ou quatre poèmes indépendants.
Mais la thèse de l'unité a trouvé d'éloquents défenseurs, comme R. E. White, The Structure
of Propertius 2. 28 : Dramatic Unity , dans T.A.P.A., 89 (1958), p. 254-61 et F. Cairns,
Generic Composition in Greek and Roman Poetry (Edinburgh, 1972), p. 153-7; cf. aussi
Boucher (supra, n. 7), p. 364 : «reste le fait essentiel : unité en plusieurs moment
successifs»; Fedeli, ad loc.
introduction and commentary , Oxford, 1933; rééd. Hildesheim-New York, 1969) que la
jeune fille soit guérie, car alors le couplet suivant n'aurait guère de sens.
28 Paganelli (supra, n. 15) ne cache pas sa perplexité à propos des v. 15-16, qu'il
juge "non moins curieux" que le v. 6 ( Quam totiens sanctos non habuisse deos). Sans
vouloir étudier dans le détail la tirade ď anti-Ego, on relèvera en particulier la violence
jubilatoire du hoc ... hoc , 14, rappel, mais dans une tout autre tonalité, de Cat., 76, 15-6, et
sinistre écho du hoc habet des gladiateurs; voir aussi l'insolite caput du v. 17 impliquant
qu'Io n'était que partiellement métamorphosée (la vieille explication pars pro toto à
laquelle recourt encore Sh. Bailey ne satisfait guère), ou encore l'allusion à d'hypothétiques
errances d'Ino au v. 19.
graceful drowning have much to do with the couple of 21 ff ?»); pour la même raison,
Wiggers (supra, n. 32) croit pouvoir opposer Tégocentrisme" de 1-20 à "l'altruisme" de
29-58 (p. 123, 126).
Cf. Papanghelis, p. 87-90 (qui rapproche en particulier les v. 57-58 de I, 13, 17 :
animam deponere labris ), et déjà M. W. EDWARDS, Intensification of meaning in Propertius
and others , dans T. A. P. A., 92 (1961), p. 138 sur nudi. Cette mors in coitu couronne
également, on s'en souvient, l'élégie II, 10 des Amores d'Ovide, en liaison aussi avec une
image de naufrage, et dans la même tonalité qu'ici (le conueniens ovidien correspond au non
inhonestus propertien).
Récapitulons. Sur 136 vers, Ego s'en adjuge 67 (20 [= 26, 1-20] +
16 [=27] + 6 [=28, 1-6]+ 25 [=28, 32-56]) et anti-Ego 69 (38 + 25 +
6). Il s'en faut donc de fort peu que la parité ne soit atteinte, comme elle
l'est par exemple dans les élégies de Tibulle47, et il suffirait pour cela de
supprimer le distique 39-40 de 26 concernant Argo, qui, tant par sa
redondance que par son intrinsèque maladresse, s'y prêterait assez
bien48. Le centre numérique des trois élégies passerait alors à travers le
distique 1 1-12 de 27, ce superbe défi, avec le mot morte en relief49 :
Solus amans nouit quando periturus et a qua
Morte neque hic Boreae flabra neque arma timet .
II. Ovide
Amor ., II, 11
47 Cf. Jeux de Masques {supra, n. 1). Mais la chose vaut pour l'ensemble du liv
comme aussi, nous a-t-il semblé, pour les deux premiers (cf. ibid.).
48 L'expression ratis Argo est ici particulièrement gauche, dans la mesure où
compter qu'elle répète le ratis du vers précédent, elle s'analyse à première lecture com
nominatif sujet de dux erat avant de se révéler comme un génitif suivi d'un datif (d
Argus), en contradiction patente avec la légende, puisque Argus ne pilotait pas Argo
Argous , génitif d 'Argo, adopté par Fedeli; Argus, Sh. Bailey [supra, n. 131, p. 117).
49 R. J. Baker, Laus in amore mori : Love and Death in Propertius, dans Latom
(1970), p. 674 montre que le verbe perire n'est pas ici à prendre figurativement (
Quinn [supra, n. 35], p.186), mais bien au sens propre du terme. Seulement, s'il s'a
comme le pense ce critique, d'une mort "at the end of a lifetime devoted to the f
service of love" (telle qu'en I, 6), ni quando ni a qua morte ne s'expliqueraient vra
puisqu'on ne meurt pas de fidélité et que, de toute façon, il n'y a pas de date. Pou
relevons trois échos significatifs aux trois élégies qu'Ovide a consacrées à la dénon
du meurtre de Virgile : aurea ... tergore uexit ouis, II, 26, 6 - conspicuam fuluo uelle
ouem, Amor., II, 11, 4; rapta Orithyia, II, 26, 51 - nisi rapta fuisset, Amor. II,
lourd rejet de occidit, II, 28, 56 - Amor., II, 6, 2.
5 1 La nature du contraste entre Ovide et Properce divise encore la critique. Ainsi Booth
(p. 61) le définit en ces termes : «Properce all the time is serious, and Ovid is not», allant
jusqu'à qualifier I, 11 de "burlesque propempticon", ce qui n'est l'avis ni de K. Quinn
( Persistence of a theme : the Propempticon , dans Latin Explorations , London, 1963,
p. 269), ni de A. G. Lee (« Tenerorum lusor Amorum », dans Critical Essays on Roman
Literature : Elegy and Lyric , ed. J.P. Sullivan, London, 1962, p. 164-8).
52 II semblerait, selon R.P. Oliver, The First Edition of the Amores, dans T. A. P.A.,
76 (1945), p. 203, que l'on s'accorde de plus en plus sur le caractère fictif de Corinne :
«The overwhelming weight of scholarly opinion at the present time denies that she ever
existed ...»; et il fournit une abondante liste d'opinions, à laquelle pourrait s'ajouter ce mot
de B. Otis ( Ovid and the Augustans , dans T.A.P.A. , 69 (1938), p. 198) : «the discerning
reader can have no doubt but that Corinna is a comic fiction». J.-M. Frécaut ( L'esprit et
l'humour chez Ovide , Grenoble, 1972, p. 177-8, n. 17) est cependant moins catégorique,
tout comme J.C. McKeown ( Ovid : Amores in 4 vols , I : Text and Prolegomena
[A.R.C.A., 20, Liverpool, 1987], p. 19-24); J.P. Sullivan ( Two Problems in Roman Love
Elegy , dans T.A.P.A ., 92 [1961], p. 525) juge la question insoluble et d'ailleurs "of no
literary interest". L.P. Wilkinson ( Greek influence on the poetry of Ovid, dans Fond. Hardt
pour l'étude de V Ant. Class., Entretiens , II [1953 : pubi. 1956], p. 225) assimile Corinne
à l'Élégie elle-même; cf., de même, F. Della Corte, L'annunzio delle Heroides, dans
Giorn. ital. di fil. , N.S., 3 (1971), p. 314-22.
53 Booth catalogue classiquement ce quem comme "generalising masculine". Noter
toutefois que ce masculin a paru assez perturbant à certains lecteurs pour donner lieu à une
leçon quam.
54 F. Bertini ( Ovidio . Amori , texte, trad, et comm. en italien, Milano, 1983), ad loc.
rapproche Her., 3, 117-118, où il s'agit d'Achille et Briséis ( Tutius est iacuisse toro,
tenuis s e pue liam, / Threiciam digitis increpuisse lyram). Il nous semble que legisse libellos
fait toute la différence.
55 Cf. La mort de Virgile ..., p. 177-180.
II, 1 1 Virgile
56 Booth retient aussi aestus , sur la suggestion de E.J. Kenney, Notes on Ovid, d
C.ß., 8 (1958), p. 62.
Amor ., II, 12
58 Voir K. Jäger, Zweigliedrige Gedichte und Gedichtpaare bei Properz und in Ovids
Amores , Diss. Tübingen, 1967, p. 31-32; J.T. Davis, Dramatic Pairings in the Elegies of
Propertius and Ovid , Berne / Stuttgart, 1977, p. 23 («Ovid has chosen for some reason or
other not to pick up the strands of Amores II. 11 in II. 12»); C. Damon {Poem division ,
paired poems , and Amores 2. 9 and 3. 11 , dans T.A.P.A. , 120 [1990], p. 278 n. 37) admet
le couplage, tout en avouant qu'ici «the term "pair" is uncomfortably strained».
Selon R.P. Oliver {supra, n. 52), p. 214, «the poem contains too much ingenious
paradoxe and too little Corinna to have been acceptable as an expression of sincere
emotion»; cf. aussi J.-M. Frécaut {supra, n. 52), p. 87; A.-F. Sabot, Ovide poète de
l'amour dans ses œuvres de jeunesse , Paris, 1976, p. 476; A. Thill , Alter ab ilio.
Recherches sur l'imitation dans la poésie personnelle à l'époque augustéenne , Paris, 1979,
p. 303-4.
60 F. W. Lenz, Ovid. Die Liebeselegien , lat. u. dt. 3. neu bearb. Aufl. V, M.G. Lenz,
Berlin, 1976, p. 218; C. Rambaux, Trois analyses de l'amour , Paris, Les Belles Lettres,
1985, p. 125; L. Cahoon, The bed as battlefield : erotic conquest and military metaphor
in Ovid's Amores, dans T.A.P.A ., 118 (1988), p. 299.
65 Virgile n'est d'ailleurs pas plus dupe que Pollion en ce qui concerne la r
effective des pouvoirs consulaires sous le triumvirat : pour l'éventualité d'u
"catullien" sur l'expression te ... inibii , cf. Du Libellus ... {supra, n. 8), p. 572-6.
Cf. D. Fasciano (supra, n. 11). Pour iterum en relation avec la guerre du Latium
comme une réédition de la guerre de Troie (v. 21), cf. Aen.y I, 93-4; VII, 322; IX, 59
26-8; Impulit en rejet revient huit fois dans Virgile (+ un Imputerai et un Impulerit ).
70 En masquant Virgile sous Tyndaris, Ovide ne ferait sans doute que suivre l'exemple
d'HORACE, Od., I, 17 : cf. La mort de Virgile ... {supra, n. 1), p. 115-22.
71 Peut-être conviendrait-il d'ajouter "en douceur", puisque c'est le thème dominant de
la pièce, mais le locuteur veut probablement dire deux choses : il fallait supprimer Virgile à
cause de ses menées subversives, il fallait le supprimer en douceur pour éviter des réactions
indésirables.
72 Nous sommes face à un cas de "rythme oblique", tel que le définit E.M. Tilly
( Poetry direct and oblique, London, 1934, p. 151) : «Rhythm is oblique when
suggests something entirely alien or irrelevant.»
73 C'est le quatrième type d'ambiguïté classifié par W. Empson ( Seven types o
ambiguity, London, 1930) : «When two or more meanings do not agree among thems
or support one another, but combine to demonstrate a complicated and unsimplified sta
mind in the author »; cf. W.A. Stanford, Ambiguity in Greek Literature, Oxford, 1
p. 92-3.
74 Cf. A. Ernout-A. Meillet, Dictionnaire étymologique de la langue latine, 5e éd.,
Paris, 1985, s.v.
75 Cf. J.-Y. Maleuvre, L 'Enéide sous /'Enéide", dans Euphrosyne, 20 (1992);
R.B.Ph., 70 et 71 (1992, 1993), 72 (1994); L.E.C., 63 (1995); R.E.A., 98 (1996),
respectivement pour les livres VIII, X, IX, VII et VI.
qui, lorsque ses sujets se font massacrer par une armée étrangère
(exercitus, Aen., VII, 39), s'enferme dans son palais en proférant des
malédictions contre les siens au lieu de prendre les mesures qui
s'imposent ? Mais si Latinus est juste, Turnus est injuste et les
entreprises d'Énée sont pleinement légitimées. Or, la guerre du Latium
préfigure comme on le sait les guerres civiles romaines. Le bon droit du
Troyen garantit celui de ses "descendants", Jules César et Octave-
Auguste. Écoutons le distique 23-24 :
Femina Romanis, etiamnunc Vrbe recenti,
Immisit soceros armaque saeua dédit.
Il s'agit en principe de l'enlèvement des Sabines, mais, outre que
cet événement préfigure également les guerres civiles76, il se trouve que,
pour l'adjectif ("naissante", ou "récente") comme pour l'adverbe (qui, en
III, 8, 1 par exemple, signifie "aujourd'hui encore"; cf. aussi nunc
quoque, II, 9, 18), l'expression etiamnunc Vrbe recenti est
suffisamment ambiguë pour autoriser le saut chronologique, d'ailleurs
encouragé par le singulier Femina. Alors, on pense bien sûr à Cléopâtre,
et il s'agirait du conflit entre Octave et Marc- Antoine, qui, avant d'être le
beau-frère du premier, avait d'abord été son beau-père, socer (cf.
SUÉT., Aug., 72, l)77. La manière qu'a le locuteur de présenter cette
guerre s'inscrirait parfaitement en tout cas dans la ligne de la propagande
octavienne qui s'était efforcée de lui donner un caractère national en
concentrant ses attaques sur l'Égyptienne. Caché dans l'ombre de
Cléopâtre, devenu indigne du nom de Romain, Marc- Antoine tournait
ses armes félones contre la patrie ( Romanis . . . soceros).
Mais voici que d'agressé, Octave se transforme en agresseur (v.
27-8) :
Me quoque qui muitos, sed me sine caede, Cupido
Iussit militiae signa mouere suae.
Il n'est que trop facile ici encore de négliger l'ambiguïté syntaxique
qui superpose l'image du locuteur à celle du cruel Cupidon ( Cupido qui
muitos iussit / me qui muitos iussi / mouere) et laisse une fois de plus
entrevoir l'omnipotence du premier ( quoque souligne le jeu : "à mon
tour d'obéir"). Lui qui s'était trouvé à la tête de si puissantes armées, et
qui avait fait couler tant de sang, voici qu'il a accompli un exploit
d'amour, un crime parfait, exécuté par ses seuls soins, sans que rien
n'ait été laissé au hasard (le triomphal aveu trône en plein centre du
76 Cf. J. Hemker, Rape and the founding of Rome, dans Helios, 12 (1985), p. 41-7.
Suétone précise que, presque aussitôt après avoir épousé Clodia, belle-fille
d'Antoine, Octave la répudia encore vierge parce qu'il s'était brouillé avec Fulvie, la mère de
celle-ci. D'où regain de tension entre les triumvirs : avant Cléopâtre, il y a donc peut-être
Fulvie.
78 Faut-il attribuer au hasard l'écho pointé de meis ... actis, 15 à Caesaris acta, III, 12»
15. ou encore la séquence uer ... coesa ui au seuil de II, 11 ?