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LA NEGRITUDE

INTRODUCTION
Né à la fin des années 1930, la Négritude est un courant littéraire
et politique qui rassemble des écrivains noirs francophones pour
revendiquer l'identité noire et sa culture. Aimé Césaire, Léopold Sédar
Senghor, Léon-Gontran Damas, Guy Tirolien, Birago Diop et René
Depestre en font partie. Des intellectuels français l'accompagnent,
comme Jean-Paul Sartre (1905-1980) pour q ui la négritude est "la
négation de la négation de l'homme noir". Pour Léopold Sédar
Senghor, la négritude est "l'ensemble des valeurs culturelles de
l'Afrique noire", tandis que pour Aimé Césaire, elle constitue "en
premier lieu le rejet. Le rejet de l'assimilation culturelle ; le rejet d'une
certaine image du Noir paisible, incapable de construire une
civilisation. Le culturel prime sur le politique." Le concept de
négritude, à vocation universelle, dénonce le colonialisme et la
domination occidentale. Dans la suite de notre analyse, nous
essayerons de vous éclairer sur ce terme.

I-DEFINITION ET ORIGINE DE « NEGRITUDE »


De l'espagnol negro, noir, dérivé du latin niger, noir et du suffixe
-itude, indiquant un état, plus particulièrement dans ce mot, un état
d'oppression, d'aliénation, d'uniformisation ou de ghettoïsation subi
dans une communauté.
Le terme négritude désigne l'ensemble des caractéristiques et
valeurs culturelles des peuples de race noire, revendiquées comme
leur étant propres, ainsi que l'appartenance à cette race. Il a été
créé vers 1936 par le poète et homme politique français Aimé Césaire
(1913-2008) pour se placer du côté du ressenti des personnes de
couleur noire et pour s'approprier la meurtrissure infligée par
l'Histoire.
La Négritude est la simple reconnaissance du fait d'être noir, et
l'acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de
notre culture.

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LA NEGRITUDE

II-SIGNIFICATION SELON SES AUTEURS


La naissance de ce concept, et celle d'une revue, Présence
africaine, qui paraît en 1947 simultanément à Dakar et à Paris, va faire
l'effet d'une déflagration. Elle rassemble des Noirs de tous les horizons
du monde, ainsi que des intellectuels français, notamment Sartre.
Celui-ci définit alors la négritude comme : « la négation de la négation
de l'homme noir ».
Pour Senghor, la négritude est « l'ensemble des valeurs
culturelles de l'Afrique noire » ou encore : « La négritude est un fait,
une culture. C'est l'ensemble des valeurs économiques, politiques,
intellectuelles, morales, artistiques et sociales des peuples d'Afrique et
des minorités noires d'Amérique, d'Asie, d'Europe et d'Océanie. »
Pour Césaire, « ce mot désigne en premier lieu le rejet. Le rejet
de l'assimilation culturelle ; le rejet d'une certaine image du Noir
paisible, incapable de construire une civilisation.

III-CRITIQUES
Des écrivains noirs ou créoles ont critiqué ce concept, jugé trop
réducteur : « Le tigre ne proclame pas sa tigritude. Il bondit sur sa
proie et la dévore. » (Wole Soyinka), ce à quoi Léopold Sédar
Senghor répondra : « Le zèbre ne peut se défaire de ses zébrures sans
cesser d'être Zèbre, de même que le nègre ne peut se défaire de sa
Négritude sans cesser d'être Nègre. » Les propos de Soyinka ont fait
davantage de bruit que la réponse de Senghor.
Stanislas Spero Adotevi fait une analyse sévère dans son essai
Négritude et négrologues : « Souvenir dans la connivence nocturne, la
négritude est l'offrande lyrique du poète à sa propre obscurité
désespérément au passé. ».
En 1968, Yambo Ouologuem participe à ce débat avec son
ouvrage polémique Le Devoir de violence.

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Il sera ainsi globalement reproché à la négritude de véhiculer une


vision « négriste » de la poésie, et d'enfermer les Noirs dans un
schéma réducteur.
Mais les principaux auteurs de la négritude en ont également fait
un mouvement controversé de par leurs désaccords. En effet, ils n'en
avaient pas tous la même vision. Selon l'écrivain guadeloupéen Daniel
Maximin, la négritude ne se définit pas comme un mouvement, mais
comme une génération d'intellectuels rassemblés par une même prise
de conscience, tandis que Léopold Sédar Senghor la théorise comme
telle. Enfin, du fait d'origines différentes (Guyane, Martinique,
Sénégal), la négritude trouvant sa source dans les vécus de chacun
d'eux, il s'agit de points de vue personnels, de leur propre négritude, à
la fois singulière et plurielle (dépasser la révolte pour prôner la paix et
la fraternité, exhorter à la révolte ou bien exprimer sa rancœur).
Dans les années 1960, Aimé Césaire estime que le mot «
négritude » risque de devenir une « notion de divisions » lorsqu’il
n'est pas remis dans son contexte historique des années 1930 et 1940.

CONCLUSION
Au terme de notre analyse, nous ne retenons que le terme
négritude désigne l'ensemble des caractéristiques et valeurs culturelles
des peuples de race noire.

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